7 Forêts - Chambre d`agriculture de Haute

Transcription

7 Forêts - Chambre d`agriculture de Haute
.CHAPITRE vi;
LES FORETS DE LA HAUTE-MARNE
PA
M.. NI. .NOISE."T"1"El
Irespeeteur des Eaux el Far !a.
I.
APERÇU HISTORIQUE
A l'époque gallo-romaine la grande syive d'Ardenne, qui c.ou..rait.
tout le nord-est de la Fiance, s'étendait au s-,d jusque dans la HauteMarne : les forêts actuelles ne sont que les restes de cet immense
massif, qui fut au cours des siècles peu à peu et de tous côtés réduit
par les lïiéfrichcrnentE successifs.
Hormis ceux rattachés au domaine royal, ces bois devinrent et restèrent longtemps la propriété des seigneurs et surtout des communautés religieuses, ordres réguliers et sélzuliers, qui bien souvent cn•
concédaient une partie à des usagers isolés ou groupés.
A ]a Révolution, l'Assemblée Nationale plaça les forêts publiques
sous la gestion des municipalités et confisqua au profit de la Nation
tous les biens ecclésiastiques, aus.quels vinrent s'ajouter ceux des émigrés: mais, de 1814 à 1870, les nécessités budgétaires obligèrent rEtat
à en aliéner ]a plus grosse part, qui fut alors acquise par des communes ou des particuliers.
Forêts domaniales. — Presque toutes les forêts domaniales. de la
Haute-Marne sont d'origine ecclésiastique ; les Cisterciens possédaient
la forêt de Morimond, l'abbaye de Clairvaux et les Bernardins une
partie de la forêt des Dhuits, les forêts de la Crête et de Blinfey,
1 - Ordre de Malte ]a forêt du Corgebin
- et un morceau de la forêt de
Bussières.
Les abbayes d'Auberive et de Vaux-la-Douce, l'évêché, k séminake et le chapitre de Lare parta!Y,caient le grand massir d'A.uberi.ve, les fo
rêts de la Garenne de Lirr.r.‘ , de B:,s'!iières
Voitcy., iVillar5-Saint-Mr-reell;n. d'Orrnancev et de
Saint-Geosmes. Le domaine royal ne comprenait que les forêts d'Ageville, des Dhuits (partie) et de la Haie Renaut, ainsi que la Garenne
de Perthes devenue propriété de la famille d'Orléans et cédée à
l'État par échange . en 1838. Enfin la forêt du Der, a.nciennc forêt
royale transmise au Duc de Nemours et au Comte de •Cha.mhord, fut
acquise par l'État en 1919 seulement.
Fores communales. — Leur histoire est plus imprécise : si •les unes
ont appartenu de tous temps ii des communautés laïques, transformées
en communes la Révolution, les autres proviennent de donations
faites par les .seigneurs ou les religieux, de cantonnements de droits
d' usage ou . d'usurpations de biens confisqués et plus récemment d'achats ou de plantations artificielles.
Foras po' rticulières. — A part quelques unes, comme les foras
d'Arc et de Joinville encore aux mains de la famille d'Orléans, les
forêts particulières sont des forets engagées sous 'l'ancien régime, des
foras seigneuriales ou des biens ecclésiastiques Usurpés autrefois, ou
des acquisitions faites lors des aliénations du domaine national au
siècle dernier. De nos jours, leur étendue a été augmentée par des
reboisements.
IL- REPARTITION DES
FORÊTS
SUIVANT
LE RELIEF ET LA IsT.A_TURE DU SOL
Le département de la Haute-Marne cst un plateau ondulé de 300
à 500 mètres d'altitude avec point culminant aux environs de Langres,
d'où part+ en direction sud-ouest et nord-est, une suite de colin'
formant !a ligne de partage des eaux entre les bassins rhodanien et
-séqua.nien. Le plateau s'abaisse, des deux côtés de ce chainon, assez
rapidement vers la plaine de la Saône et progressivement vers k nordouest et l'ouest, où il se raccorde, près de Saint-Dizier, à la plaine de
la Marne. De la région la.ngroise Jescendent en tous sens de nomhreu-ses .rivières, les affluents supérieurs de la Saône, la Meuse, la Marne
-et l'Aube, par des vallées creusées plus ou moins profondément et à
pentes souvent abruptes.
Au point de vue géologique, on . trouve à l'est dc. la M Buse les marnes du lias, puis les sables et les grès infraliasiques du riche pays du
Bassigny.
A l'ouest, en allant de Langres -vers h Côte-d'Or ou la Cha.mliagne,
on traverse successivement les calcaires secs du baiocien et du batho-
— 125 -mien, qui constituent le large plateau au milieu duquel s'élève Cbaumont, ensuite les étages calcaires de l'000lithe moyen et supérieur,
pour rencontrer entre Doulevant, Saint-Dizier et la pointc du départemtnt, dans le Bas-Pays, les argiles profondes du gault.
La, où les conditions étaient favorables à la culture, la fora a
paru ; elle n'a subsisté que sur les terrains de fertilité méclico:fr.., trop
éloignés des agglomérations ou d'accès difficile et s'arrête d'autre part
à la limite des sols stériles ou de profondeur pour ainsi dire nulle,
Dans le Bassigny, dont les vallées sont occupées par les prairies
d'élevage, les forêts couvrent, sur de grandes étendues, les croupes
et les fonds trop mouilleux. Dans la région qui s'étend de Langres à
Doulevant, la culture s'est emparée des vallées et des zones les meilleures des plateaux en laissant aux bois les versants parfois raides et les
mauvaises parties des collines et des plaines, et aux friches les régions
.dépourvues de terre végétale. Enfin, dans le Pays-Bas, à côté des
champs de blé et de Lette:aves, se sont maintenus de vastts massifs
:situés dans les endroits marécageux ou trop argileux.
III. LES ESSENCES
roe.EsnER.rs
ET LEUR DISTRIBUTION'
Sans parler As résineux introduits artificiellement". les ezï,sences principales des forêts de la Haute-Marne sont le chêne, le ini:te Ci lt
charme. La proportion de ces espèces varie avec la nature et la quaqté
du sol, avec l'exposition du terrain et aussi avec le traitement.
Dans le Bassigny, on trouve sur les marnes le chêne pédonculé, un
peu de chêne rouvre, du charme et des bois blancs ; sur ks grès infraliasiques, le 'chêne et le charme occupent les versants sud et le hêtre
les versants nord ces diverses essences s'associent sur les plateaux
sableux. Aux endroits humides, dans les fonds et sur le lias, le frêne
vient se mêler au chêne. Les arbres acquièrent là, de fortes dimensi ons
a fournissent des bois très recherchés.
ll n'en est plus de même lôrsqu'on payse sur les plateaux calcaires,
où la répartition dépend surtout de l'épaisseur du sol et de l'exposi
tion. Le chêne existe un peu partout et domine dans les terrains assez
profonds, en plaine et sur les coteaux au sud-ouest ; mars ailleurs il
ne peut lutter avec la hêtre el. le charme, ce dernier tc.ncla.n1 avec le'
morts bois à accaparer seuls les terrains pauvres. Le hêtre se plais sut
les pentes au nord et à l'ouest, ainsi que sur lei basses collines de
l'ouest du département.
126 —
A ces éléments fondamentaux de la futaie s'ajoutent les essences
disséminées le frêne dans les stations fraîches et meubles, quelques
i trrmrharnpêtres
, et svc-mcIres, d'assez nombreux alisiers. de
bles, bouleaux, fr
uiti ers et quelques ormes et tilleuls.
Le charnu. est: prédominant clans les taillis, où l'on rencontre é galement toute la gamme des espèces accessoires et des morts bois.
•
Sur ces sols superficiels et secs, la croissance est lente les arbres
arrivent à des 'hauteurs et des diamètres moindres que dans le Bassigny et prennent, même, sur les coteaux arides, cies formes rabougnes ;
eet de quaiàs:
as-scz bourie heure et lcur bpi:5 o r rei e,
moyenne.
Il faut aller jusque dans le Bas-Pays pour revoir des chênes vigoureux, formant à eux seuls ou en mélange avec quelques hêtres, des
peuplements de belle venue au-dessus de taillis de charme.
■
Proportion des essences. — On peut estimer ainsi les proportions
cil dixièmes des Fincipalc-. essences
Pour la futaie.
Bassigny : chêne, 6 ; frêne, 0,5 ; hêtre, 2 ; charme et divers, 1,5.
Plateaux : Chêne, 4 (3 à 5); hêtre, 4 (3 à 5); charme et divers, 2.
Bas Pays Chêne, 8 ; hêtre, 1 ; charme et divers, 1.
Pour le taillis:
Bassigny : Chêne, 3 ; frêne, 0,5 ;11:ètre, 0,5 ; charme, 3,5 divers,
2,5e
Plateaux Chêne, 1,5 ; hêtre, 1 ; charme. 5 ; divers, 2.
soit dans l'ensemble
Chêne, 3.5 hêtre, 1,5 ; charme, 2,5 divers, 2 et 0.5 de résineux,
IV. MODE DE TRAITEMENT DES
rortÉrrs
Dans tout le nord-est de . la France, le chêne, malgré sa .sensibilité
dans le jeune âge aux gelées et à l' oïdium, prospère en «trains proD:rcrlui!er:: ri uc
gilardée r f.
un peu fiai ; mais comme
zcit,
obterin ; en revanci-le 1 reietie bien, billtip ►it 5 I
a.sszz r&is.tant, supLe-htre vient sur les coteaux et les plateaux
portant le couvert et donnant des semences chaque 5 ou 6 ans, il se
régénère facilement, mais ses souches perdent vite la faculté de repousser .
Le charme est peu exigeant et ne craint pas le froid élément principal du taillis, il fruticfie abondamment, rejette vigoureusement et a
des tendances à devenir envahissant, même dans la futaie.
Ces 'caractéristiques expliquent que le mode de traitement suivi dans
les forêts communales, particulières et une partie des férêts domaniales
soit le taillis sous futaie. C'est en effet le se& moyen de maintenir le
cfrène, de beaucoup Je plus précieux., en remplaçant les arbres aban•donnés par des baliveaux choisis parmi les brins de taillis, quoique les
révolutions un peu longues rendent ce recrutement de plus en plus difficile. Le nombre de cépées de hêtre susceptibles de fournir des réserves
est faible et la continuité de cette espèce est amurée par des brins de
semence.
La rudesse du climat met obstacle, sauf de rares exceptions, au
traitement du chêne en ftfaie régulière
nest po,ible
par places. cr bouquets plus ou moins étendu:4, là où les co'ncliliop.,-;
sont. les plus favorables. Le régime de la futaie rie peut être tenté avec
succès que sur les sols de bonne qualité, s'il existe en nombre suffisant
des hêtres d'âge moyen et bien conformés. L'opération de conversion
'des taillis sous futaie, qui entraîne toutefois qudques sacrifice d'explcitabilité, est en cours . depuis un demi siècle dans les meilleures forets
-domaniales.
V, TAUX DE BOISEMENT
Alors que la superficie du département est de 621.9;6 hectares,
soit 622.000 hectares en chiffre rond, la surface boisée peut être évaluée à 200.000 hectares environ, dont approximativement 20.000 hectares de forêts domaniales, 90.500 hectares de forêts communales,
89.500 hectares de forêts particulières.
Ii en résulte un taux de boisement générai de 32,2 %, dans lequel
les forêts domaniales entrent pour 3,2 %, les forêts comrnunales pour
14,8 % et les forêts particulières pour /4
Si l'on compare à l'ensemble de la France, dont le taux est
de 19
la faute-Marne se Masse parmi tr.s départerner
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boisé- -?.Pr::':; !c't Landes (55 n
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(;,„:;, la Hautc-Saime (32,5'.„), el avant la IVIeu5z. .:
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•
— 128 —
dcs forêts met ainsi la région haut-marnaise dans une situation très - voisine de l'état considéré comme optimum pour la régularisation du climat
et du régime des eaux.
V.I. REPA.RTITION DES FORÊTS SUIVANT
LA NATURE DES PROPRIETAIRES
Les forets 'sont réparties actuellement entre trois sortes de propriétaires: Etat, communes, établissements publics et partiucliers. On compte:
19.755 hec ares de forèts domaniales, soit 10 % de la surface
boisée totale ;
90.862 hectares de forêts communales, soit 45,5 % ;
Le surplus que l'on peut estimer à 89.500 hectares environ, y compris les plantations entreprises depuis une soixantaine d'années, appartient aux particuliers et représentent -44,5
Toutes les forets domaniales et les 90.862 hectares de bois communaux soumis au régime forestier sont seuls géiés par l'Administration
des Eaux et Forets.
Forêts domaniales. — Elles sont au nombre de 2 dont
2 de moins de 10 hectares englobent 11 hectares ;
I de 10 à 50 hectare représente 16 hectares ;
I de 50 à 100 hectares représente 76 hectares
5 de 100 à 500 hectares englobent 1.438 hectare.
7 de. 500 à 1.000 hectares englobent 4.980 hectares ;
5 de plus de 1.000 hectares englobent 13.234 hectares.
Elles étaient toutes, il y a un siècle, en taillis sous futaie, mais tes
meilleures sont maintenant converties en futaie de hêtre sur 10.523
hectares, alors que 9.232 hectares sont restés traités en taillis 5ous futaie à des révolutions variant de 30 à 40 ans.
for.L4 , !es moins importantes, Braucourt (3 hec0,1es Gouttes
(8 hoc.t.), Chevillon (16 hect.), Soulaucourt (76 hect.), les Six-Arpents (130 hcct.), Saint-Geosrnes (192 hect.), Villars Saint? arcellin.
(286 hc.ct.), Crmaneey (377 hect..), La Garenne de Perthes (453 hec.)
sont soumises à cc régime, ainsi que la Garenne de Luzy (632 hect.),
Blinfcy (834 hect.). les Dhuits (1,312 'bec.) ; la forêt du Der acquise
er. 1919 (3.656 heut.) comprend plusieurs séries des révolutions de
28 à 30 ans, Les martelages aussi serrés que possible tendent à accroi-
— 129 —
ire la vale-ur des cc.upes en iestreigna.nt le taillis, pror2,-....;r de mcnu
bois, à la portion strictement nécessaire au re.. -:.-2rutemcnt
balivcaux.
Deux forets de plus de 500 hectares ont été scindées en plusieurs
sections : tandis que les mauvaises parties étaient laissées en taillis
sous futaie, la transformation en futaie a été clé ...cidée là où le sut €.t les
peuplements étaient plus riches. Au Corgebin (900 her.t.'L ;92 hectares forment une série de taillis sous futaie 'à 40 ans et 108 une petite
série de futaie à l'état de beaux perchis de hêtre éclaircis' tous les dix
ans. Il en est de même à la Crête (1674 hect.), où la bordure de la forêt est en taillis sous futaie à 35 ans et le reste divisé en deux séries de
futaie à la révolution de 144 ans.
Les autres grands massifs sont entièrement conduits en futaie par la
méthode c:iu réensemencement naturel 'et des eclaiiices, avec des ré; olutions de 144 ou 150'ans : nous citerons ainsi la forêt d'Ageville (51 t
hect.), la foret de la Haie Renaut (591 hect.), la forêt de MarcillyVoisey (648 hect.) en deux massifs, la forêt de Morimond (864 hect.).,
la forêt de Bussières (1.175 hect.), enfin la forêt d'Auberive, de beaucoup la plus vaste, puisqu'elle couvre 5.417 hectares et comprend
plusieurs séries en voie de révision d'aménagement. Ces dernières fo-.
rets comportent de belles hêtraies } des emplacements régénéré.'s e.7: des
gaulis ou perchis complets avec une proportion de hêtre très satisfaisante.
' Forêts cemmundes. — Sur les 550 communes de la Hante-Marne,
465 possèdent des forêts, d'importance inégale, il est vrai, mais réparties uniformément sur tout le département.
12 communes possèdent moins de 10 hectares, soit en tout 68 hect. ;
86 communes possèdent de 10 à 50 hectares, soit 2.627 hect.
92 communes possèdent de 50 à 100 hectares, soit 6.822 hect. ;
246 communes possèdent de 100 à 500 hectares, soit 56.308 hect. ;
22 communes possèdent de 500 à 1.000 hectares. soit 14.842 h.
7 communes possèdent plus de 1.000 hect., soit 10.195 hect,
Les principales sont celles de Bettaincourt et Roches (2.257 hect),
Doulaincourt (2.166 hect.), Aubepierre (1 A30 &urbonne
(1..158 hect.), Rouvres-sur-Aube (1.112 hect.), Laferté-sur-Aube
(1.054 hect.), la forèt indivise de Coublanc, Maatz et Saint-Broin gt
(1.018 hect.). Viennent ensuite celles de_ Chaumont (910 hect.), FavlBillot (831 hect.), Giey-sur-Aujon (819 lect.) et Reynel (812 hect.).
Trois établissements publics sont propriétaires de bois
ce soni les
Hospices de Langres (544 hect.). ceux de Chaumont (25 hect.) et de
Joinville (24 hect,), en tout 593 hectares.
Au point de vue traitement,
89.084 hectares, c'est-à-dire la presque totalité, sont traités en
taillis sous futaie ;
455 hectares de la forêt de Boulonne sont en futaie jardinée, avec
coupes à la rotation de 15 ans ;
1.309 hectares si:Diu Bics reboisements réineux ou des terrain;: soumis
au régime forestier en vue de leur plantation prochaine.
convicndait d'y ajouter 650 hectares environ de bois non soumis
au régime forestier en raison de leur surface insignifiante ou de leur
nature broussailleuse.
' méToutes ces forêts communales feuillues sont depuis un temps lm
morial aménagées en taillis sous futaie. fiscs révolutiont. ,. adoptées sont
de 25 à 30 ans ; rares sont maintenant celles de 20 ans depuis que,
pour obtenir de gros bois et améliorer te rendement des coupes, les
révolutions ont été allongées jusqu'à 35 et exceptionnellement, comme
à Aubepierre, à 40 ans.
Sauf dans les petits bois, où les exploitations n'ont lieu qu'à intervalles plus ou moins espacés, les coupes bien délimitées sur le terrain
sont parcourues successivement à raison d'une par année. Au gré des
sur
coniaiunes propri&air:;s, les produits sont vendus en
ou bien distribue aux habitants ; souvent aussi le taillis et .les. petits
modernes sont délivrés en affouages et k futaie chêne et hêtre acliugée au profit de la caisse municipale,
Rapp ions que le quart de chaque foret est mis en réserve ; les coupes n'y sont aEsises que sur autorisation spéciale et c'est 1 une sage
mefurc de prudence. qui permet d'apporter, quand le besoin s'en fait
der reb<m,rces eX cep tionrAbE. au7: budgets conimunaw.:.
Forêts particulières. — Nous ne pouvons donner 'à leur sujet que
des chiffres approchés, car dans cette catégorie rentrent tolites les petites parcelles boisées qu`il5ti à peu prés impossible de dénombrer
exactement.
Les forêts particulières couvrent une surface d'environ 89.500 hectares, dont
4.500 hectares sont à l'état de taillis simple ;
80.000 hectares à l'état de taillis sous futaie ;
5.000 hectares à l'état de futaie.
Le nombre des propriétaires s'élève à 11.040, dont k majorité ne
possèdent que de petits boqueteaux. D'après la statistique de 1912,
ils se répartissent comme suit :
10.100 propriétaires ont moins de 10 hectares, représentant
'.t0.800 hectares
propriétaire, .›nt
'il,.
i d° propriétaires ont de 50 à iCi3 ilectares, représentant 12.7v,,J h.
—131—
500 hectares, représcn'a.nt 27.230 h.
140 propriétaires ont de 100
20 propriétaires ont plus.- de 500 hectares, représentant 24. 200 h.
Les principaux massifs, souvent morcelés entre divers propriétaires,
sont
Dans l'arrondissement de Chaumont, les bois d'Écot (2300 hect.),
les bais du Puits-des-Mèzes et de Mareilles (900 heet.), le bois de
Clefmont (750 hect), les bois du Moutot, du jarney et de la Bou, !ore (1.800 hect.) près de Liffol-le-Petit, les massifs de. l'Eto ► t:.e ur,
du Marchal. (3.400 hect.) entre juzennecourt et Vignory,- l c r mass.ifs
ck Beaumont et de Clairvaux (1.300 hect. p:è5 de Siiv&r::avrt:s,
la forêt du Ma.rsois, près de Nogent, enfin lez ioréts crArc et de Châteauvillain (11.000 hezt.) appartenant au Duc de Guise ;
Dans l'arrondissement de Langres, la forêt de Dancrice (520 bec.)
près, de Bourbonne, les - bois Gravier-Rougemont (550 hect.) près
pris de Coiffy-ie-Bas, le bois des Loges et de la Marquise (4i liect.),
dgAnroey, le bois de Rouelles (358 hect.) et l'Fierbus (300
sur Saint-Loup-sur-Aujon ;
Dans l'arrondissement. de Wa:..:sy, la forèt, du Val 3.51..)0 ned.)
près de Saint-Dizier, la forêt du Der, reste du massif non acquis par
l'État, soit 1300 hectares, les bof' de Joinville (S50 hect.), lis
bois de Cirev et de la Commanderie (2.500 hect..), la forêt de Mathons (850 hect.) près de Doulevant-le-Château, et près de Doulaincourt lus bois du Pavillon, Mont,Chaurnont etBenoît-ev?, ,,1N (! .500
hect.).
Ces forêts sont parfois régulièrement aménagées avec coupes annue:les, mais en général les exploitations sont exécutées, sans ordre et suivant les besoins, aux endroits jugés les plus opportuns.
Les révolutions varient de 20 à 30 ans, et les balivacY,..résérven,.:
des arbres moins gros c:t moins nombreux que dans les forêts soumises .
faut cpendant citer comme faisant exception la fora d. 1 .A;.c. et, de
Châteauvillain, en taillis sous futaie à 30 ans, gérée par un personnel
forestier spécial..
Beatz.•c.ap de ces forêts particulières ont été depuis 1900, sur une
étendue que l'on peut sans excès estimer.àprès du tiers de la surface
totale, exploitée d'une façon intensive et même abusive après la
guerre. Cédées pour des motifs divers à des marchands de bois, des.
marchands de biens ou des sociétés immobilières, elles ont été pa. courues par des coupes, qui ont tout au plus laissé sur pied quelques
arbres de moins de 60 centimètres de tour en enlevant tout ce qui
avait une valeur ma.rchancie. quand dir_u
Ce.5
.3 nt rendu
rrannée5.
. !si
- 32Quoique les forêts haut-marnasses n'aient pas pendant les hostilités
souffert directement de la bataille, leur situation en arrière et à proxinté du front leur a valu d'être mises à contribution pour fournir aux
armées le bois qui leur était nécessaire. Bien des forêts communales
ont cédé dus coupons de réserve ou des coupes par anticipation et les
Services forestiers ont puisé largement dans les forêts particulières et
domaniales pour alimenter les troupes en bois de chauffage
. et de cons truetion de toutes natures. Ces prélèvements extraordinaires ont certainement diminué temporairement le rendement de ces forêts.
VII. PRODUCTION ANNUELLE
La production annuelle des forêts du département peut être évaluée
à 545.000 mètres cubes, dont 110.000 mètres cubes (20 °,,,/ ) en bois
d'oeuvre et 435.000 mètres cubes (80 %). en bois de mine et de
,;:llauffage, se répartissant ainsi :
Forêts domaniales : 60.000 mc., dont 15:000 mc. en bois d'oeuvre et 45.000 mc. en menu bois
Forêts communales : 275.000 mc., dont 55.000 mc. en bois d'oeuvre et 220.000 mc. en menu bois
Forêts particulières ; 210.000 mc., dont 40.000 mc. en bois
d'oeuvre et 170.000 mc. en menu bois.
Il en résulte une production annuelle à l'hectare de :
3 me., dont 0, nie. 8 (26 %) en bois d'ceuvre et 2, mc. 2 (74 %)
en bois de feu, pour les forêts domaniales
3 mc., dont 0, mc. 6 (20 Q/0 ) en bois d'oeuvre et 2, mc. 4 (80 )
en bois de feu, pour les forêts communales ;
2. mc. 5, dont 0, me. 5 (20 %) en bois dlceui,.'re et 2, me. (80 c)/
en bois cle fcu, pour les forêts particulières.
),
On peut constater d'une part k moindre rendement, par rapport
aux forêts soumises, des forêtsa.rticulières, qui de nos jours n'atteignent certainement pas les chiffrés ci-dessus donnés comme des
maxima, et d'autre part la faible proportion des bois eTceuvre, consé
quence du traitement en taillis sous futaie. Cette relation es1 sensiblement plus élevée clans les forêts domaniales et elle le sera encore
davantage quand sera terminée la période de conversion des principales forêts en futaie..
Utilisation des produits. — Autrefois les produits ch. la forêt étaient
titiiiss S'a place par les populations riveraines pour leurs constructions
- 133 .et leur chauffage. Plus tard les établissements industriels s'installèrent
i. proximité des grands massifs, Où . ils trouvaient facilement dans les
taillis les petits bois dont ils avaient besoin pour chauffer leurs fours,.
_Depuis remploi des combustibles minéraux, les grandes• découvertes
.et le développement des voies de communication, les produits du taillis
.ont perdu de leur valeur et leur surproduction manque de débouchés.
Il y a dans la Haute-Marne pléthore de menu bois et insuffIsance de
bois ellœuvre, que le commerce s'arrache à prix d'or afin de satisfaire
ses commandes.
En dehors de la consommation locale, les bois de cha.uffa.ge sont
exportés sur les grandes villes, quaild l'élévation cies tarifs de transport ne limite pas les expéditions ; aussi cherche-t-on à débiter en bois
de mine les plus beaux brins dû taillis et transforme-t-on une partie
de la charbonnette en charbon. Alors que les chéneaux e les suibilies
sont façonnés en traverses, piquets ou bois de petite industrie, les
chênes et hêtres de plus de 120 cm. de tour sont vendus en grume,
nota.mment pour l'ébénisterie et la carrosserie automobile, ou sciés
en plateaux, bois de charpente, de menuiserie et de charronnage clans
les 130 scieries, qui existent un peu partout sur le territoire du &portement et dont quelques-unes sont spécialisées dans la fabrication de4
brosses, galoches, roues, lames de parquet ou meubles.
VIII.
AMÉLIORATION DES FORÊTS
Depuis une vingtaine d'années, on procède, pour accroître la pioduetion en gros bois dans les forêts .communales, à l'allongement des révolutiongs inférieures à 25 ans, pour les porter à 30-35 ans et marne à 40
ans dans les forêts les plus pauvres. Il a été remarqué que, sur les
mauvais sois, on ne trouvait à 23 ans que de maigres taillis à charbonnette et des baliveaux trop faibles, tandis qu'en attendant cinq ou
dix ans de plus, les cépées fournissaient une proportion appréciable de
rondin, les baliveaux plus robustes se maintenaient mieux et le couvert plus dense faisait disparaître les mores bois qui. accaparaient le
terrain.
130 forêts communales ont eu ainsi leur révolution trop courte fixée
dorénavant à une trentaine d'années en moyenne et les résultats de ce
changement sont jusqu'à présent satisfaisants.
-
-
En nos régions, où le charme a des tendances envahissantes, il
importe d'aider les essences précieuses à futur contre sa eoncurrew:
les semis de chêlie iéclarnent de la" hirnière ci sent vite (.1.::m.iffés
tic sont pas dégagés. Ces travaux, qui exigent une certaine compétence.
sont, dans les forêts soumises, cx.écutés par lei préposés forestiers sur
environ 2.000 hectares chaque année.
Ces dégagements indispensables dans les coupes nouvelicment régénérées des futnies dornanin•r sont fort utiles- dians les
5 à i 0 ans après la coupe, afin de protéger les jeunc.b. semis d c. chêne
et de hêtre, appelés à devenir plus tard des baliveaux, contre l'envahissement des rejets, qui pousscnt plus vite et 1(..s écrasent. ll est
à souhaiter que les municipalités consacrent annuellement quelques
centiiines de francs à ces travaux d'amélioration, dont. l'effet se fera
sentir lors du passe des coupes_
L'Administration f ore.stière se préoccupe également de réc 2 ;lif.:
vicies improductifs à l'intérieur des coupes en y plantant des essences
prédéuses, frêne clans les endroits frais, chêne ou résineux sur les sol s
est ainsi mis en` terre chaque année 75.000 à 100.000 plusec.
plants extraits des ?épinières domaniales ou de celles créées par les.
communes SOUS la direction du Service forestier.
IX. REBOISEMENTS
RECONSTITUTION DES rO'RÊTS RUINÉES
MISE EN VALEUR DES TERRES INCULTES
t-nHautu - Mank, non seule.nunt bon nombrt-
pcu
près ruinées par des exploitations trop intensives mais aussi des terres
incultes dont on ne pourra tirer parti qu'en les reboisant.
âL
Recoristiiulion cies foras ruinées. — Dans ces massifs, qui ne renferment plus que de maigres ba.liveaux très espacés et des taillis en
mauvais état, on a pensé rendre en une cinquantaine d'années quelque
valeur à la forêt cri y introduisant des résineux grâce à leur croissance
rapide, es derniers couvriront vite le• sol, donneront bic ratât des produits d'éclaircie,. permettront dans certains cas le rétablissement des
feuillus et lors de leur exploitation produiront un volume intéressant
de bois d':DiJustrie.
-
Planialion des terrains en frkhc. — Ces terrains SOU elt deux sri.es:
Sur les plateaux. à 50] presque stérile. de vastes étendues appartenant zénétalement aux .corrtmune. smt toujours restées incultes et la
;.;1 fLuilke. i14tzt . "7, 4.:Nicre-antc n'a
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Outre ces friches communales, des terres autrefois cultivées sont
actuellement abandonnées. jadis le défrichement a été . poussé très
Lin et tout ce qui était jugé arable a été pris à la foret. De nos
iniensIvc.
;1;_.,i-loories
r urf;-. la pf:_-'inurit de mk..in-croeuvre et
font délais-ser les champs trop maigres ou d'accès difficile, ainsi que
les vignes à peu prés toutes arrachées sur les coteaux. Ces terrains particuliers seraient avantageusement plantés, ma.is si cette opération est
facile pour les grandes pièces, elle est moins à conseiller sur les petites
parcelles isolées et insuffisantes pour établir une plantation de rapport.
11 y a donc, avant de reboiser. un• choix ..,"udicieux
exercer dŸ la pav,
des communes et des particuliers, dont les efforts doivent tendre., à
-planter toutes les terres médiocres en ne laissant de côté que les emplacements trop petits et les friches superficielles à 'excès.
Î
L'essence qui réussit le mieux en sols ca l
,cafres peu profonds, sur l es versants sud et ouest, est le pin 'micro
d'Autriche. ou pin noire très frugal ; si l'endroit n'est pas trop aride,
les te.le pin s ylvestre petit donner de bons résultati.,.
rains mcnbles et siliceux.. Ces deux espèces sont suItout
pour L:
reboiscmcnt des friches ou cle.i vides en forcis pauvres.
On a parfois introduit le mélèze et l'épicéa en mélange avec des
pins ; ces arbres des montagnes sont un peu dépaysés et sujets à un
dépérissement prématuré, s'ils ne disposent de quelque humidité ou
d'une terre assez riche en humus.
sz.pir
Dans les stations fraîches et fertiles. k: saoin pectirr:.
Vosges a -éié essayé avec succès: il semble bien s'acclimater dans le
Bassigny, la vallée de la Meuse et le Bas-Pays, mais demande un
léger abri dans sa jeunesse. Aussi ne peut-il être employé que pour amé]iorer certaines forêts ruinées, et on le plante alors sous les taillis éclaircis, que l'on enlève progressivement pour lui donner de l'air et de k
lumière. B est, par contre, à exclure des friches en plein découvert et
-des versants au midi.
Des essences exotiques comme le sapin de Nordmann, voisin du précèdent mais plus tardif et dès lors moins touché par les- gelées, le
pseudotsuga de Dou g las, l'épicéa de Sitka et le pin I‘X/eymouth servent
.également à enrésiner les taillis.
Parmi les feuillus, nous citerons les peupliers très répandus dans les
-vallées en dehors des fores et l'acacia p!anté dans les vignes et terres
abandonnées.
Essences introduit e.5.
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Résultab: obtenz:is.
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conirnonec.. et its
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plant.,
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ciesirani. reliwscr
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leur allouent des- subventions destinées à rachat de plants fournis la
plupart du temps par le commerce ; s'il s'agit d'effectuer des semis,
l'Administration forestière délivre des graines.
Dans ces conditions, le mouvement du reboisement se développe
favorablement en Haute-Marne et les résultats en sont déjà visible, .
97 communes ont procédé à des reboisements sur une surface ritale
de 1,128 hectares, dont 454 depuis 1921. La dépense qui résulte de
la mise en terre de près de 5 millions de plants s'est .:e ,levc'e à
218.455 francs, dont 93.145 francs, soit moins de moltié, payés par
les communes, 18.826 francs couverts par des subventions départemen tales, 27.978 francs par des subventions de l'Etat ck 78.506 francs
prélevés sur le produit des jeux.
Les communes qui viennent en tête sont : Cirfontaines (3 hect.),
Latrecey (54 hect.), Bettaincourt et Roches (44
(42 hect.), Chaumont (40 hect.), Créancey (36 hect.), jonchery
(35 hect.), Œevillon (32 hect.), Neuilly-sur-Suite (32 hect.), Œ5teaevillain (27 hect..), Verbiesles (25 hect.), Bufrnières (24 hect.),
Sarcey (24 hect.), Orges (23 hect.), Richebourg (20 hect.).
Au bout d'une quarantaine d'années, ces forêts résineuses apportent des revenus appréciables aux caisses municipales, qui dans l'intervalle bénéficient de la vente des produits d'éclaircie.
Les particuliers ne sont pas restés en arrière et ont compris dès le
début tout l'intérêt, qu'ils pouvaient à peu de frais retirer des repeuplements artificiels nombreux sont maintenant ceux qui reboisent
leurs terres incultes.
Au 31 décembre 1927, 377 hectares avaient été plantés pour une
dézense totale de 150.069 francs, dont 84.596 fr. à la charge des
propriétaires et 65.473 fr. de subventions de l'Etat.
Dans le cours de l'année 1928, 245 nouveaux hectares ont été
reboisés par 210 propriétaires ; les frais ressortent à. 130.099 francs ;
80.465 fr. ont été supportés par les particuliers et 50.534 k consacrés par ITitat à l'achat et à la fourniture des plants par le Service
Forestier.
Cet effo,rt, qui mérite d'être signalé, se chiffre certainement par
des nombres supérieurs à ceux que nous venons de cionner car il n'a
été fait état ci-dessus que des travaux subventionnés.
Parmi les tentatives de restauration par enrésinement des forêts
dévastées ou trop pauvres nous citerons les plantations faites clans les
forêts de ClefmonL du jarney, de la Bouloire, de Mailles. du Chénois près de Da.rmannes, de Mucines, une partie de l'Etoilt --, les
&i de la Lucir.e et de la 71-_,.rita!rine... ceux de Brn..7.itevam c! de
- ;37 -
-
Mont-Chaumont, tous exploités abusivement, ainsi que dans les mauvaises parties de la foret d'Arc. Il a été ainsi introduit plus de 800.000
plants, dont 400.000 sapins et 300.000 épicéas disposés à l'abri
des feuillus, que l'on ex.trait au fur et•à mesure que les résineux grandissent, ou mis en terre après exploitation du taillis avec recépage périodique des rejets qui deviendraient gênants.
X. CONCLUSIONS
De tout ce qui précède ii résulte. que 'la Haute-Marne peut être
-considérée comme un département très boisé, dont les peuplements
ne sont pas des plus productifs, mais représentent cependant une riches
se pour k pays dans l'ensemble assez p auvre.
La r•F•..citiction de l'étendue boisée n'est guère à craindre c.ar les
défrichements ne portent plus que sur des surfaces restreintes pour permettre l'exécution de travaux déclarés d'utilité publique ; les incen
dies sont rares et leurs dégâts insignifiants. Mais s'il est clifîj?e, .fevtc
la législation actuelle d'éviter les coupes abusives, il faut en revanche compenser leurs effets néfastes en cherchant à accroître le rendement de nos forêts par l'extension des travaux d'amélioration, la renafse
en valeur. rapide des bois ruinés et le boisement des terres incultes.
C'est dans cette voie qu'il faut s'engager, si Von veut conserver
notre patrimoine national et intensifier là production des bois diceuvre, dont nous avons de plus en plus besoin.