Thomas Paine (1737-1809)

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Thomas Paine (1737-1809)
Thomas Paine (1737-1809)
Thomas Paine est né à Thetford en Grande Bretagne. Son père est quaker et fabricant de
cordage. Sa mère est anglicane. Il grandit dans un milieu rural et quitte l'école à 12 ans.
Il devient apprenti auprès de son père. Il ouvre une boutique de corsets dans le Kent qui fait
faillite rapidement. Il épouse Mary Lambert en 1759 qui meurt peu de temps plus tard alors
qu'elle est enceinte. En 1767, il est maître d'école à Londres. Il suit des conférences pour
parfaire ses connaissances. Il épouse en 1771, Elizabeth Olive de laquelle il se sépare
moins de trois ans plus tard. Il rencontre en 1774 Benjamin Franklin, représentant de la
Pennsylvanie, qui lui recommande de traverser l'Atlantique.
Il émigre aux Etats-Unis à 37 ans et attrape le typhus pendant la traversée. Il est
embauché par un libraire pour lancer le Pennsylvania Magazine dont il devient le rédacteur
en chef. Il publie un article pour condamner la traite des noirs. Il s'engage dans la Révolution
américaine en faveur de l'indépendance des 13 colonies britanniques. Il expose ses
positions dans « Le sens commun » publié anonymement quelques mois avant la signature
de la déclaration d'indépendance en 1776. Il exhorte les colons à se révolter et à instaurer
une République. Il est vendu à 500 000 exemplaires. Il plaide pour la rupture avec la
Grande-Bretagne et l'établissement d'une République. Il est considéré comme l'un des
déclencheurs de la Révolution américaine. Son style simple concis et clair en ont fait une
arme efficace.
Il quitte le magazine en 1776. Il défend l'indépendance qui leur procurera le bonheur comme
« une feuille blanche à remplir ». Le commandant de l’Armée continentale, George
Washington, ordonne la lecture de ces pamphlets aux soldats pour leur donner du
courage. Thomas Paine assure quelque temps la charge de Secrétaire de la Commission
des Affaires étrangères aux États-Unis. Il est démis de cette fonction parce qu’il avait évoqué
les négociations secrètes avec la France dans l’un de ses pamphlets. Cependant, il
accompagne John Laurens pendant sa mission en France en 1781. En récompense de ses
services, l'Etat de New York lui donne un domaine à New Rochelle. Il est également rétribué
par la Pennsylvanie et le Congrès américain. Il revient en Grande-Bretagne en 1787. Il salue
la Révolution Française.
En 1791, il publie « Les droits de l'homme » pour répondre au contre-révolutionnaire
Edmund Burke. 250 000 exemplaires se vendent en un an. Il souhaite remplacer la loi sur
les pauvres (qu’il évalue à deux millions de livres par an) par un système d’assurance
universelle financée par une réorientation de l’impôt1. Il critique la monarchie des Hanovre
et souhaite la remplacer progressivement par une république qui arrête de développer
l’impôt par la guerre pour viser plus d’égalité. Pour lui, c’est le système de gouvernement qui
1Jean Jaurès a considéré que « Paine parle avec admiration de l'œuvre d'Adam Smith et il adopte les principes
du libéralisme économique : il est contre la corporation, contre le monopole et le privilège; mais il corrige la
doctrine de la concurrence par une rigoureuse intervention sociale au profit des faibles, au profit de tout le peuple
travailleur et pauvre. » (Histoire socialiste de la Révolution française, Paris, Jules Rouff, 1901, t.4, p.759)
est responsable de la pauvreté. La misère des pauvres est le résultat des impôts exigés
dans le but de faire la guerre. Il propose d’accorder une bourse de quelques livres par an à
chaque enfant de moins de 14 ans (pour aller à l’école) et pour les plus de 50 ans. Des
aides plus limitées pourraient être accordées lors de la naissance d’un enfant, à la prise en
charge des frais d’obsèques (pour les personnes qui mourraient loin des siens à cause des
contraintes du travail), aux soldats démobilisés par la paix. Un abri et un emploi devrait être
attribué au casual poors (jeunes gens qui montent à Londres). Suite à ce pamphlet, il est
condamné en 1792 et s'exile en France.
Il est proclamé citoyen français le 24 août 1792. Il est élu député du Pas de Calais à
l'Assemblée Nationale Française en septembre 1792. Il ne vote pas la mort du roi mais
propose un exil aux Etats-Unis car il a aidé les Insurgents et parce qu'il est contre la peine
de mort. Considéré comme un Girondin, il est mis à l'écart par Robespierre puis emprisonné
en décembre 1793. Il reste dix mois en prison. L'ambassadeur américain ne fait rien au
début pour le libérer mais fini par écrire au Comité de Salut Public. Il est relâché après la
Terreur. Il publie « Le siècle de la raison » qu'il a fini d'écrire en prison. Il y analyse le
christianisme et milite en faveur du déisme.
En 1795, il est réadmis député de la convention, participe aux débats sur la nouvelle
Constitution qui fonde le Directoire. Il espère que Napoléon va diffuser la Révolution en
Europe notamment en Angleterre.
Il publie la même année « La justice agraire » dans lequel il propose un revenu minimum.
Il propose que les sommes versées soient issues d’un fonds constitué des droits de
succession (pour combattre l’héritage et le droit d’aînesse) et d’un impôt progressif sur les
fortunes dépassant un certain niveau. Ceux-ci devaient permettre de démanteler les
grandes concentrations de pouvoirs et de richesses et provoquer l’effondrement des
grands domaines. Il défend son projet comme une alternative à la charité – les secours
d’une seule personne ne pouvant réaliser l’ampleur de la tâche. Pour les réformes, il
préconise la méthode la plus efficace : « celle qui consiste à améliorer la condition de
l’homme en partant de son intérêt ». « Une propriété trop vaste est un luxe et constitue
comme telle une cible idéale pour l’impôt ». Il souhaite développer une république car c’est
la seule forme en capacité de rendre compte de la complexité de la division du travail, qu’il
faut donc puiser du savoir dans les différentes parties de la société.
Il critique l’ascension de Napoléon Bonaparte et s'exile en 1802 après la paix d'Amiens
signée avec l'Angleterre. Il revient aux Etats-Unis à l'invitation de Thomas Jefferson. Les
Etats-Unis sont agités par des conflits politiques entre fédéralistes et républicains et dans un
Grand Réveil religieux. Les fédéralistes lui reprochent sa participation à la révolution
française et son amitié avec Jefferson. Les religieux condamnent les thèses déistes. Il a
également correspondu avec George Washington. Il meurt pauvre et paralysé à New-York à
72 ans. Six personnes assistèrent aux funérailles dont deux noirs affranchis.
Thomas Paine était républicain, pour le suffrage universel, pour un revenu minimum,
un système d'éducation gratuit, contre la traite et l'esclavage.
Ecrits de Thomas Paine
– Writings. Library of America. Authoritative and scholarly edition containin (Common Sense, the
essays comprising the American Crisisseries, Rights of Man, The Age of Reason, Agrarian
Justice, and selected briefer writings, with authoritative texts and careful annotation).1993
– The Complete Writings of Thomas Paine, 2 volumes. Citadel Press, 1944
– Le Sens commun, Paris, Aubier Montaigne, coll. bilingue, 1992, 220 pages
– The American Crisis. Suite de pamphlets publiés après « Le sens commun »
– Les droits de l'homme
– Le siècle de la raison
– African Slavery in America, publié dans le Postscript to the Pennsylvania Journal and Weekly
Advertiser, 8 mars 1775
Bibliographie
– Article sur Wikipedia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_Paine
– Bernard Vincent, Thomas Paine ou la religion de la liberté, Paris, Aubier Montaigne, coll.
Biographie, 1992, 404p
– Collectif, Thomas Paine, citoyen du monde, Créaphis, 1990, 87 pages
– Bosc Yannick, Paine, l’allocation universelle et le principe de révolution, Marx XXIe siècle, 2007,
http://semimarx.free.fr/IMG/pdf/BOSC_Thomas_Paine_l_allocation_universelle_principe_de_revol
ution.pdf
– Nathalie Caron, « Thomas Paine et l’éloge des révolutions », Transatlantica, 2006:2, Révolution, Mis
en ligne le 7 juillet 2006, référence du 17 février 2008.
http://transatlantica.revues.org/document1145.html
Autour de la question de la pauvreté et du lien avec Condorcet
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Stedman Jones Gareth, La fin de la pauvreté ? Un débat historique, éditions è®e, Paris, 2007.
Initialement publié en 2004, Stedman Jones cherche à placer le fondement de la social-démocratie
(politiques éducatives, fiscales et assurantielles) dans les positions de Paine et de Condorcet sur la
visée d'un monde sans pauvreté.
Bosc Yannick, Paine et Condorcet pour refonder la solidarité ?, Mouvements, Juillet 2008,
http://www.mouvements.info/spip.php?article294
Trentmann Franck, Make poverty history: debate, http://www.historyandpolicy.org/papers/policypaper-31.html, mai 2005, consulté le 24 juillet 2011.
Alfred Owen Aldridge, Condorcet et Paine. Leurs rapports intellectuels, Revue de Littérature
Comparée, 1958, 32.

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