opéra - Scènes Magazine

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opéra - Scènes Magazine
scènes
magazine
serena malfi
à l’opéra de lausanne
© Francesco Squeglia
ISSN 1016-9415
276 / octobre 2015
CHF. 12.-- 12 €
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cine die / raymond scholer
les cinémas du grütli / christian bernard
lausanne : underground film festival / anthony bekirov
lyon : festival lumière / anthony bekirov
ciné-club universitaire / émilien gür
sous la loupe : l’inquiet de miguel gomes / é. gür, s. lachat
les films du mois / serge lachat, paola mori
cinémathèque suisse / raymond scholer
théâtre
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entretien : mathieu bertholet / jérôme zanetta
la comédie : voyage au bout de la nuit / anthony bekirov
le galpon : d’octobre à décembre / frank fredenrich
le crève-cœur : la saison d’après / rosine schautz
théâtre du grütli : saison de créations / kathereen abhervé
théâtre de carouge : marivaux par lui-même / frank fredenrich
vidy : olivia pedroli / nancy bruchez
entretien : guillaume béguin / jérôme zanetta
lausanne : entente théâtrale / anthony bekirov
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agenda genevois / martina diaz
portrait : esa-pekka salonen / éric pousaz
portrait : jean-guihen queyras / yves allaz
orchestre de chambre de lausanne : saison / beata zakes
rosey concert hall : saison / beata zakes
entretien : paul meyer / pierre jaquet
bfm : les 15 ans des jeudis du piano / christian bernard
agenda romand / yves allaz
entretien : eve-maud hubeaux / martine duruz
jazz classics : saison / julie bauer
jazz onze+ / frank dayen
saisons à vevey et martigny / yves allaz
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grand théâtre : la belle hélène / martine duruz
grand théâtre : charles dutoit & berlioz / pierre-rené serna
entretien : éric vigié / kathereen abhervé
entretien : serena malfi & la cenerentola / gabriele bucchi
entretien : françois le roux & my fair lady / pierre-rené serna
entretien : daniel kawka & les mamelles de tirésias / k. abhervé
portrait : julie fuchs & la fille du régiment / christian wasselin
entretien : diego fasolis & ariodante / gabriele bucchi
entretien : jean-yves ossonce & faust / pierre-rené serna
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grand théâtre de genève / éric pousaz
opernhaus, zurich / éric pousaz
stadttheater bern / éric pousaz
theater basel / éric pousaz
opéra du rhin, strasbourg / éric pousaz
berlin : saisons lyriques / éric pousaz
vienne : saisons lyriques / éric pousaz
la scala, milan / éric pousaz
londres : saisons lyriques / éric pousaz
musique
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opéra
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opéra - saisons
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metropolitan opera, new york / régine kopp
opéra grand avignon / françois jestin
opéra de marseille / françois jestin
opéra de montpellier / françois jestin
opéra de saint-étienne / françois jestin
opéra de monte-carlo / françois jestin
opéra de nice / françois jestin
opéra de lyon / christine ramel
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entretien : anne bruschweiler / laurence tièche
théâtre de beausobre, morges / nancy bruchez
nuithonie : un anniversaire pluriel / valérie vuille
bonlieu annecy : les spectacles du mois
spectacles
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livres
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festivals
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entretien : jean starobinski / émilien gür
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lucerne : festival en été / emmanuèle rüegger
festival de colmar / pierre jaquet
festival berlioz / pierre-rené serna
pesaro : rossini festival / françois jestin
vérone : festival / françois jestin
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musée d’ethnographie : le bouddhisme / nadia el beblawi
mémento beaux-arts : france
château de compiègne : marcello
mémento beaux-arts : ailleurs
royal academy, londres : jean-étienne liotard
mémento beaux-arts : suisse romande
ferme de la chapelle : mémoire du vivant
mémento beaux-arts : suisse alémanique
musée des beaux-arts de berne : toulouse-lautrec
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saisons lyriques / pierre-rené serna
saisons théâtrales / régine kopp
sélection musicale d’octobre / françois lesueur
mémento théâtre
théâtre la bruyère : les vœux du cœur
odéon - théâtre de l’europe : ivanov
mémento expositions
musée de montmartre : utrillo, valadon et utter
expositions
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paris
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les mémentos
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encarts : concerts temps & musique et les grands interprètes
au conservatoire / alexander gavrylyuk au victoria hall / cyrano au théâtre am stram gram
encarts - estelle revaz à l’abri / hommage à pierre wissmer /
encarts - capella genevensis au musée ariana / d’acier à
genève et neuchâtel
encarts - mikhailovsky ballet à l’opéra de lausanne
encarts - sils-kaboul au tpr
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EDITO
direction
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comité de rédaction
Christian Bernard, Serge Bimpage,
Françoise-Hélène Brou, Laurent
Darbellay, Frank Dayen, Martine
Duruz, Frank Fredenrich,
Jérôme Zanetta
éditeur responsable
Frank Fredenrich
publicité
bimpage-communication
Kathereen Abhervé
Viviane Vuilleumier
secrétaire de rédaction
Julie Bauer
collaborateurs
Kathereen Abhervé, Yves Allaz,
Julie Bauer, Eléonore Beck, Anthony
Bekirov, Nancy Bruchez, Gabriele
Bucchi, Sarah Clar-Boson, Gilles
Costaz, Martina Diaz, Nadia ElBeblawi, Catherine Graf, Emilien Gür,
Bernard Halter, Christophe Imperiali,
Pierre Jaquet, François Jestin,
Régine Kopp, Serge Lachat,
Frank Langlois, François Lesueur,
Anouk Molendijk, Paola Mori,
Lou Perret, Michel Perret, Eric Pousaz,
Stéphanie Nègre, Christine Pictet,
Brigitte Prost, Christine Ramel,
Serene Regard, Christophe Rime,
Julien Roche, Emmanuèle Rüegger,
Maya Schautz, Rosine Schautz,
Raymond Scholer, Pierre-René Serna,
Bertrand Tappolet, Laurence Tièche
Chavier, David Verdier, Valérie Vuille,
Christian Wasselin, René Zahnd, Beata
Zakes
maquette : Viviane Vuilleumier
imprimé sur les presses de
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Helvetia : Péril en la demeure historique
L
’histoire suisse vit ces derniers mois des heures chahutées. Au moment de la
célébration du 500e anniversaire de la bataille de Marignan, les vieilles antiennes et autres démons périmés des mythes patriotiques refont surface. On parle
à nouveau la langue légendaire du pathos, du sensible et de l’affect, d’autant plus dès que
le politique se mêle au débat social et historique. La fièvre des mémoires politisées, des
politiques de la mémoire, s’empare une nouvelle fois des thèmes nationaux tels que la neutralité suisse, et plus loin, du rôle effectif de cette neutralité helvétique lors de la Seconde
Guerre mondiale. Et l’éculée querelle du rôle de l’école dans l’enseignement de l’histoire
et de la culture suisse de resurgir à son tour dans le débat public. On se souvient encore des
mots de l’ancien Président français François Mitterrand qui pensait lui aussi qu’un « peuple qui n’enseigne pas son histoire est un peuple qui perd son identité ». L’histoire, veine
de l’identité nationale ? Vraiment ?
Au-delà de la fumée épaisse de ce faux débat, c’est en fait un autre péril qui doit plutôt être identifié et faire l’objet de toute notre attention. Derrière la scène publique, dans la
pénombre, se trame le surgissement de la mémoire, laquelle semble basculer l’histoire
scientifique dans le magma mythique des commémorations festives. Cette écume mémorielle qui semble actuellement toucher l’Helvétie, nous pouvons déjà l’observer dans la
commémorationnite aiguë qui frappe nos voisins européens depuis maintenant plus d’une
dizaine d’années. Il suffira de se souvenir de l’année dernière en France, centenaire de la
Grande Guerre oblige, pour confirmer que la fièvre mémorielle s’empare des esprits et crée
des commotions identitaires collectives.
Or, cette tension entre histoire, politique et mémoire devient dangereuse lorsqu’on se
souvient des mots prophétiques de Tzvetan Todorov, lequel nous avertissait déjà que « les
enjeux de la mémoire sont trop grands pour être laissés à l’enthousiasme ou à la colère ».
Nul doute en effet que dans leur tentative de récupérer les faits glorieux d’un passé national légendaire, quelques politiques, Sirènes des temps modernes, écarteront immédiatement toute analyse historique rationnelle des récits du passé pour n’en garder que les éléments sensibles, sur lesquels tout bon discours politique moderne pourra venir se greffer.
La grand-messe de la commémoration de Marignan, fêtée cette année, nous ramène alors
étrangement à ce que nous avions déjà pu entendre dans les arènes politiques lors de la célébration du 700e de la naissance de la Confédération helvétique. Est-ce cette histoire bâillonnée et aveuglée que nous souhaitons pour notre société ? Est-ce une vision récupérée et
instrumentalisée de la mémoire par le politique dont nous voulons que nos écoles héritent
pour enseigner les futures générations ?
Pourtant, n’en déplaise à ceux qui voudraient en détourner le sens, l’histoire scientifique et académique a encore de beaux jours devant elle. On s’étonnera donc que, trop
concentrés sur les énièmes réformes à imposer à l’école comme à la culture en général,
transformées pour l’occasion en urgences de la société, quelques pompiers pyromanes trop
inspirés aient oublié la pléthore de livres historiques intelligents récemment publiés sur le
passé suisse. De François Walter à Georg Kreis, en passant par Georges Andrey, sans
oublier le travail sérieux de Dominique Dirlewanger ou Olivier Meuwly, nombre d’historiens qualifiés, sans attendre les polémiques mémorielles récentes, ont écrits des ouvrages
– dans la grande tradition des Favez, Bergier et Jost – qui n’attendent plus qu’on les lise et
les enseigne véritablement, ce qui pourrait suffire à éteindre rapidement les feux de la discorde et réduire les velléités politiques à s’emparer du passé des Suisses pour parler d’identité au présent. D’ailleurs, la commémoration, récupération du passé par le politique, n’estelle pas devenue seulement « une manière de faire de la politique quand on ne peut pas faire
grand chose d’autre » comme le rappelait l’historien François Hartog ? Dont acte..
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le cinéma au jour le jour
Cine Die
15e NIFFF (suite)
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Sphère Anglo-saxonne
Commençons tout en bas de l’échelle avec Bridgend, le très démagogique film du Danois Jeppe Ronde, qui s’est déplacé dans cette vallée du
Pays de Galles pour nous composer sa complainte sur la malédiction qui
frappe les jeunes du coin : ils affichent le plus haut taux de suicides du
Royaume Uni. Le réalisateur veut ramener tout à une démission des parents.
Mais à voir les comportements tribaux crétins de ces ados, on regrette tout
simplement qu’ils n’en finissent pas plus vite. Au lieu de s’apitoyer sur des
ados, le cinéma ferait mieux de leur confier des rôles de héros où ils peuvent
changer le cours des choses et améliorer le sort de leurs semblables. Deux
films de science-fiction s’y attellent avec succès. Dans son troisième long
métrage, Robot Overlords, le Britannique Jon Wright imagine les Îles
Britanniques occupées par des robots envahisseurs, dont les astronefs parqués dans les hautes couches de l’atmosphère surveillent la planète comme
les drones de la NSA. La population ne peut pas s’aventurer dehors et reçoit
la nourriture à la maison par le truchement d’humains collabos comme Ben
Kingsley. Pourtant des rumeurs persistantes parlent d’une armée de résistan-
Arnold Schwarzenegger et Abigail Breslin dans «Maggie»
Gemma Arterton et Ryan Reynolds dans «The Voices»
père (Schwarzenegger en mode non violent, d’une sobriété étonnante) à une
quarantaine ante mortem obligatoire, elle vit ses derniers jours avec sa
famille à la ferme et, le moment venu, se suicide plutôt que d’obliger son
père à la tuer. Dans We Are Still Here de Ted Geoghegan, Anne Sacchetti
(Barbara Crampton, l’héroïne méga hot de Re-Animator (1985, Stuart
Gordon)) et son mari se mettent au vert à la campagne pour refaire leur vie
après la mort de Bobby, leur fils adulte. D’emblée, Anne a l’impression que
l’esprit de Bobby les a accompagnés dans la maison qu’ils viennent de louer.
Et le comportement des voisins laisse songeur : ils savent quelque chose,
mais restent sibyllins. Après vingt minutes de film, nous savons que Bobby
n’est que la portion congrue de ce qui hante la demeure. Contrairement aux
films d’horreur qui accumulent les effets de surprise gratuits avec une régularité de chronomètre, celui-ci construit la tension méthodiquement et dévoile un nid de guêpes d’outre-tombe d’une rare complexité. The Voices constitue la première incursion de la Franco-Iranienne Marjane Satrapi dans le
cinéma de genre. Sujet : la vie intérieure d’un tueur en série schizophrène.
Mode : comédie. Tant qu’il n’est pas sous médication, Jerry (Ryan
Reynolds) voit littéralement la vie en rose, partageant son appartement ordré
avec un chien et un chat dotés de parole. Le chien a une vision hautement
morale de son maître, le chat ne pense qu’à lui conseiller le summum d’égoïsme en toute chose. Le chien parle comme un intellectuel anglais, le chat
comme un poivrot irlandais. Puisque ce sont les voix intérieures de Jerry, il
s’imposait que Reynolds les parlât. Il le fait à merveille. Lorsque Jerry subit
des contrariétés, si bénignes fussent-elles, il lui arrive de décapiter des
dames comme Gemma Arterton et Anna Kendrick, avec les têtes desquelles, réunies dans son réfrigérateur, il converse.
ce tapie au fond d’une mine abandonnée et un groupe de jeunes, déjouant
facilement le réseau de surveillance, grâce à leurs connaissances de physique, se met en quête de la rejoindre. Turbo Kid des Canadiens François
Simard et Anouk Whissell se déroule dans un monde post apocalyptique où
un jeune motard débrouillard revêt les atours de son héros de BD favori pour
sauver sa copine pétulante (qui se révèle androïde sans que cela modifie leur
affection mutuelle) et contrecarrer les plans de Michael Ironside, borgne saigneur de guerre. C’est potache, gore et touchant tout à la fois. Dans Emelie,
premier long métrage de l’Américain Michael Thelin, trois enfants réussissent à se débarrasser d’une babysitter démoniaque en mal de bébé qui veut
emmener le plus jeune. Dans Maggie de l’Américain Henry Hobson,
Abigail Breslin, la petite Miss Sunshine, qui a bien grandi, affirme la maturité de son talent en jouant avec une intériorisation accomplie une ado infectée condamnée à se transformer en zombie à l’occasion d’une pandémie
virale qui a transformé les Etats-Unis en camp retranché. Arrachée par son
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Patrick Stewart dans «Green Room»
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Public et jurys étaient à Neuchâtel sur la même longueur d’onde, car les
meilleurs films de la compétition ont été primés : The Invitation de Karyn
Kusama (prix du jury de la critique internationale) et Green Room de
Jeremy Saulnier (« Narcisse » du meilleur film, Prix de la jeunesse, Prix
RTS du public). Green Room est un survival qui (dans la lignée du précédent film du réalisateur américain, Blue Ruin (2013)) ne fait aucune concession au confort moral du public. Un groupe de punk rock se produit dans un
établissement louche en pleine forêt, devient inopinément témoin d’un
assassinat crapuleux et signe de ce fait son arrêt de mort. Il s’avère que le
bouge est géré par une meute de trafiquants néonazis dirigés par Patrick
Stewart. La peur stimule l’inventivité et les musiciens apprennent à lutter
vite et mourir bien. The Invitation commence par un dîner entre amis et se
termine en jeu de massacre. Will et son amie Kira ont en effet étés invités
par l’ex de Will, dont il s’était séparé après la mort de leur fils deux ans plus
tôt. Elle est remariée maintenant et semble ravie de retrou-ver Will et ses
amis. Au fil des bavardages, Will sent que quelque chose ne tourne pas rond
et que leurs hôtes ont de sinistres intentions. Si vous pensez à l’Ordre du
Temple Solaire, vous êtes sur la bonne piste. A part les dernières vingt minutes, toute la tension du film est distillée par les dialogues et les regards dans
une mise en scène tirée au cordeau. Kusama a fait du chemin depuis Aeon
Flux (2005).
Kodi Smit-McPhee et Michael Fassbender dans «Slow West»
Mon coup de cœur du festival, Slow West, n’avait rien à voir avec le
fantastique. Il s’agit du premier film de l’Anglais John Maclean. Ce n’est
rien de moins qu’une véritable réinvention du western. Jay, un jeune aristocrate écossais traverse l’Ouest américain au lendemain de la guerre de
Sécession à la recherche de sa bien-aimée : une altercation entre son père et
celui, roturier, de la jeune fille avait abouti à la malencontreuse mort du
laird, et père et fille avaient préféré émigrer illico. La candeur du jeune pèlerin ne manque pas de séduire un repris de justice cynique (Michael
Fassbender) qui, contre pièces sonnantes et trébuchantes, offre de le protéger dans son périple. Le jeune homme ne se rend pas compte que le temps
presse, car la justice écossaise fait rechercher les fuyards et les chasseurs de
primes sont sur leurs traces. Ils espèrent que Jay les conduira innocemment
vers leur fortune. Intelligence rusée, humour sec et violence abrupte résument l’esprit du film qui fait penser aux Frères Coen. Le réalisateur s’intéresse manifestement moins à l’histoire d’amour juvénile qu’au prix exorbitant que doivent payer les immigrants pour se faire une place au soleil dans
le Nouveau Monde. La « destinée manifeste » exige manifestement des
sacrifices énormes. La fusillade ultime fait fi des sensibilités trop délicates
du public, mais la fin du film est parfaite : non sentimentale, mais pas non
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romantique, suggérant que même dans la mort peut se cacher la possibilité
d’un nouveau recommencement.
68e Festival del Film, Locarno
Compétition Internationale
Les 3 films (sur 19) que j’ai vus de la compétition ont remporté deux
prix et une mention spéciale. Tikkun de l’Israélien Avishai Sivan est le plus
innovateur. Il décrit l’éveil à la sensualité d’un érudit juif ultra-orthodoxe à
la suite d’un jeûne prolongé qu’il s’est imposé. Lorsqu’il perd conscience et
que les secouristes le déclarent mort, son père tente à son tour de le ranimer
et, miracle !, Haim-Aron revient à la vie. Il s’émerveille de la nature, sort la
nuit sur la plage pour jouir de la sensation du vent sur sa peau, se baigne
dans la mer, dort le jour au-dessus des saintes écritures, se laisse prendre en
stop par des conductrices, va dans un bordel, bref, viole à tout instant les
strictes lois de sa communauté. Les rabbins sont outrés de ces transgressions. Son père est tourmenté par la peur d’avoir contrarié Dieu en le réanimant. Sachant son fils en exploration nocturne, il libère le bétail qui attend
son heure dans l’antichambre des abattoirs où il officie comme boucher,
livrant à Dieu un instrument pour reprendre Haim-Aron auprès de lui, car les
vaches s’égarent dans le brouillard épais sur les routes et un accident est
alors si vite arrivé. Filmé dans scope noir blanc époustouflant (qui a à juste
titre remporté une mention spéciale), Tikkun a aussi reçu le Prix Spécial du
Jury. Schneider vs. Bax du Néerlandais Alex van Warmerdam est une
jouissive escapade de l’auteur de De Noorderlingen (1992) dans le cinéma
de genre. Il n’a malheureusement pas eu de prix. Il relate une journée de travail dans la vie d’un bon père de famille, Schneider, tueur à gages de son
état. Le jour de son anniversaire, il reçoit un contrat que le mandataire lui
assure simple. Il s’agit de liquider Raymond Bax, un écrivain qui vit seul sur
un ilôt du marais, pas loin. Sauf que ce jour-là celui-ci est avec sa maîtresse et il attend sa fille à déjeuner. En plus, il sait qu’un tueur va venir lui rendre visite. Et Schneider apprend à l’occasion de sms qui se croisent que c’est
le mandataire même qui a mis Bax au courant. Les dés sont donc grandement pipés et l’histoire se corse avec d’autres arrivées à l’improviste. Le
cinéaste dénoue tout ça avec brio et montre comment une innocente jeune
femme peut amadouer un tueur sans piper mot. Il aurait dû avoir le Pardo de
la meilleure réalisation. Celui-là est allé, hélas, à Cosmos, où Andrzej
«Tikkun»
Zulawski se vautre dans l’absurdité énigmatique, excentrique et excitée de
Gombrowicz avec force logorrhées à la fois dans la langue de Molière et un
idiome plus idiot proféré par le seul Jean-François Balmer. Tout cela relève
du goût acquis.
Au mois prochain
Raymond Scholer
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les cinémas du grütli
El botón de nacár,
Une Jeunesse allemande
En attendant les rétrospectives Naruse et Bellochio annoncées pour
novembre, deux sorties ce mois méritent le détour, sans oublier, dès le 21
octobre, le 2e volet des Mille et une nuits de Miguel Gomes : L’Enchanté.
El botón de nacár
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(Chili, 2015)
A la fois documentaire politique et essai
poétique, El botón de nacár est un tombeau
dressé par le Chilien Patricio Guzmán à ceux
qui en ont été privés : les Indiens de Patagonie
colonisés dès 1883, les disparus du coup d’état
de 1973 dont les corps attachés à des rails de
chemin de fer étaient jetés dans l’océan depuis
des hélicoptères.
Le bouton de nacre du titre, c’est le prix
payé à un Indien de Patagonie pour qu’il accep-
ception du drame vécu par les Indiens
d’Amérique, du plus ancien (la quasi disparition
des Caraïbes) au plus actuel (la conquête de
l’Amazonie) en passant par les Incas, Aztèques
et les tribus d’Amérique du Nord. Il faut désormais leur adjoindre dans notre mémoire celui
des nomades de la mer habitant les nombreuses
îles de la Patagonie. Donnant la parole aux derniers locuteurs (ils ne sont plus que deux dizaines) d’une langue parlée depuis des milliers
d’années, Guzmán leur permet d’évoquer la
rudesse dans ces eaux glacées d’une vie où
l’indifférence générale, sauf, brièvement, sous
la présidence d’Allende qui a procédé à
quelques restitutions de terres…
Dans une deuxième volet, Guzmán s’attache à la mémoire d’autres disparus ou survivants, ceux de la répression qui s’est abattue sur
les partisans d’Allende. L’île de Dawson où des
centaines d’Indiens étaient morts dans les
Missions a été transformée en camp de concentration pour les ministres d’Allende et 700 de
ses partisans vivant à Punta Arenas, capitale de
la Patagonie. Guzmán en réunit quelques dizaines qu’il filme comme des survivants. Mais
l’hommage le plus fort est celui rendu aux
quelques 1200 à 1400 jetés à la mer. A travers
les témoignages d’un médecin légiste ou d’un
pilote d’hélicoptère, mais aussi à travers des
reconstitutions, le spectateur peut se faire une
image terriblement précise des tortures subies et
des mises à mort.
Politique, le film est en même temps un
essai poétique sur l’eau comme source de vie
composant les ¾ de la matière. Thème omniprésent, il l’est dans les superbes images de la
Patagonie où tout est mer, nuages, pluie, glaces
et vent (grande sensibilité aux éléments aussi
dans la bande-son). Il l’est également dans une
méditation “cosmique” à partir de la grande
conversation des éléments, de la Terre et du cosmos. Semblant partager la conviction des
Indiens que l’eau, donc la vie, vient du cosmos,
apportée par une comète, et que les âmes survivent sous forme d’étoiles, Guzmán en vient à
s’interroger en voix-off sur la possibilité de
trouver refuge sur des étoiles où l’eau serait présente. Et là, libre à chacun d’adhérer ou non.
Une Jeunesse allemande
«Le Bouton de nacre» © Trigon film
te de s’embarquer sur un bateau anglais venu
faire des repérages au XIXe siècle. Devenu un
gentleman anglais sous le nom de Jeremy
Button (!) il a pourtant voulu revenir en
Patagonie où il a enlevé ses vêtements anglais,
s’est laissé pousser les cheveux, mais, parlant
moitié anglais moitié dans sa langue, n’est
jamais redevenu ce qu’il avait été. Mais c’est
aussi le bouton de nacre incrusté dans les sédiments marins enveloppant un rail de chemin de
fer retrouvé par des plongeurs partis sur les traces des disparus. On le voit, Guzmán a le sens
de la forme.
Première vertu du film : élargir notre per-
a
ramer et plonger était jusqu’à tout récemment
une question de survie. Alternant les photographies d’époque et son propre commentaire, il
décrit le sort d’un peuple - ils étaient encore
8000 au 18e siècle – qui a connu depuis 150 ans
une colonisation accélérée. Selon le même processus et avec les mêmes conséquences
qu’ailleurs : privés de leur langue, de leur religion, de leurs canoës, victimes à la fois du choc
microbien (les vêtements distribués étaient
infectés) et de la chasse encouragée par les éleveurs (une livre pour un sein ou un testicule;
une demi-livre pour une oreille d’enfant), ils
survivent dans l’alcoolisme et la misère dans
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(F, CH, D, 2015)
Sorti en première internationale à Visions
du Réel cette année, le film du cinéaste français
Jean-Gabriel Périot est un film de montage d’archives retraçant le parcours d’Ulrike Meinhof,
Holger Meins, Andreas Baader et Gudrun
Enslin, soit le noyau dur de la “Rote Armee
Fraktion” (RFA), groupuscule radical ayant
connu une notoriété internationale dans les
années 70. Il permet de suivre la radicalisation
progressive d’enfants de la bourgeoisie, étudiants en Beaux-Arts et en cinéma (Baader,
Meins), en linguistique et philosophie (Enslin),
en pédagogie (Meinhof) de plus en plus
convaincus de l’impuissance de leurs mots et de
leurs images à changer la société et de la nécessité d’une révolution violente.
Suivant la chronologie, le montage fait d’a-
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bord, pour les années 65-70, assez naturellement, la part belle aux films militants, qu’ils
soient signés Meins ou Baader ou d’autres
cinéastes comme Kluge ou Farocki, ainsi
qu’aux interventions médiatiques d’Ulrike
Meinhof, fréquemment invitée par les télévisions en tant qu’éditorialiste principale du
magazine Konkret (la vigueur et l’intelligence
de ses dénonciations n’excluant pas la fixité
dogmatique). Pour les années 70 et le passage à
l’action directe qui leur vaut des arrestations
jusqu’aux “suicides” en prison en 1977, c’est le
recours aux reportages des journaux télévisés
qui domine.
Si le film prouve que la construction d’un
récit historiographique par le seul montage d’archives sans commentaire (mais avec l’ajout de
musiques) s’avère possible, si nombre d’archives sont fascinantes (les discours d’Helmut
Schmidt ou de Franz Josef Strauß en septembre
1977 après l’assassinat du patron des patrons
allemand, entre autres), le montage pêche par
l’insuffisance de l’identification de ces archi-
«Une jeunesse allemande» de Jean-Gabriel Périot
ves. Surtout dans la première partie, le spectateur doit constamment faire un effort pour comprendre qui s’exprime et selon quel point-devue (a-t-on à faire à un extrait de film militant,
de film sur les militants, de téléjournal?). Cet
effort est d’une certaine manière stimulant, mais
rapidement l’absence de hiérarchie entre les
14ème édition, du 14 au 18 octobre 2015
Lausanne Underground Film
Festival
La programmation cinématographique la plus désaxée de Suisse
Romande (les intéressés osent même avancer « du monde ») revient ce 14 octobre avec le LUFF, festival-spéléologue qui se dévoue à ramener les obscures
pépites souterraines à nos yeux souvent mal préparés pour ces éclats des profondeurs. Et c’est d’abord en Suisse que ces globe-trotteurs autoproclamés
dénichent le cinéaste qu’ils mettront à l’honneur : Erwin C. Dietrich. Magnat
du cinéma d’exploitation graveleux des années ’70, ce dernier produisit pas
moins de 70 galettes érotiques durant cette seule décade, et cela sans compter
ses propres réalisations, employant les grands noms du genre (Jesús Franco,
Antonio Margheriti, …) afin de profiter de la révolution sexuelle dont était
lourde l’époque. Egalement attendue, une rétrospective du peu prolifique
cinéastekazakh Rashid Nugmanov (5 films à son compteur), qui a marqué
l’histoire du cinéma par l’initiation du mouvement de la Nouvelle Vague
Kazakh, grâce à son “Igla“ de 1988. Mais aussi les documentaires à limite du
“mondo movie“ du sudafricain
Ben
Jay
Crossman, et un tour
d’horizon des cinéastes de
Winnipeg, ville canadienne
connue pour être le foyer
du réa-lisateur Guy
Madin, fameux pasticheur
du cinéma muet. Enfin, le
LUFF proposera une
sélection dans l’œuvre de
«Igla / L'Aiguille» (R. Nougmanov, 1988)
l’autrichien
Peter
Tscherkassky, artisan de la
pellicule, auteur d’une vingtaine de “found footage“ fabriqués à l’ancienne, à
même l’argentique dans sa chambre noire. Ce qui sera l’occasion d’une carte
blanche accordée au Filmmuseum de Vienne.
Anthony Bekirov
Rens. : www.luff.ch
a
c
extraits manifeste le manque d’un regard sur
eux, celui de l’auteur, qui n’est jamais assumé.
Le grand défaut du film est de ne pas consacrer
une seule seconde à expliciter sa méthode, ce
que tout historien aurait fait.
Christian Bernard
7ème édition, du 12 au 18 octobre 2015
Festival Lumière de Lyon
Cette année, le Prix Lumière récompensant l’entier de l’œuvre d’un
cinéaste sera décerné à Martin Scorsese, qui concoctera pour l’occasion
une programmation pour laquelle le festival lui donne carte blanche. La
rétrospective dédiée au grand maître du 7ème art nippon Akira Kurosawa
est alors d’autant plus pertinente si l’on se rappelle l’admiration que lui vouait Scorsese.
Le festival, plutôt qu’un panorama complet de la filmographie
fort imposante du Japonais, propose ses réalisations produites
sous son contrat exclusif avec la
compagnie Toho (qui continua
malgré tout à distribuer
plusieurs de ses films par la
suite). Cela couvre ses réalisaMartin Scorsese
tions de 1943, avec “Judo
Saga“, à 1966 et “Akahige“.
Deux autres rétrospectives sont également prévues. Tout d’abord, une
sélection qui vient fêter les 30 ans d’existence du studio d’animation Pixar.
Et dans un second temps, sept films en copies restaurées du grand naturaliste français Julien Duvivier, auteur notamment de “Poil de carotte“, “Au
bonheur des dames“, ou encore “La fin du jour“ avec Michel Simon. Et
pour rester dans le naturalisme, le réalisateur de la trilogie “Pusher“, de
“Drive“ et “Only God Forgives“, le Danois Nicolas Winding Refn, sera
l’invité du festival, aux côtés de Sophia Loren. Cette édition verra également
la continuation des rendez-vous réguliers de l’événement : « Histoire permanente des femmes cinéastes » qui honorera Larissa Chepitko, et « Cinéma
français », présenté par le réalisateur Bertrand Tavernier, qui couvrira les
années 1930 à 1950.
Anthony Bekirov
Rens. : www.festival-lumiere.org/
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ciné-club universitaire
Antibourgeois
Du 28 septembre au 14 décembre, le Ciné-club universitaire de Genève
programme un cycle « antibourgeois ». La rétrospective fait la part belle
au cinéma contestataire européen des années 1960-1970, dont les figures
de proue s’appelaient Jean-Luc Godard, Pier Paolo Pasolini ou encore
Rainer Werner Fassbinder.
Le moment antibourgeois
10
« Antibourgeois » : assurément, le titre du
cycle d’automne du Ciné-club universitaire provoque et intrigue. En effet, qu’entend-on exactement par cinéma « antibourgeois » ? La revue
qui accompagne le cycle se révèle éclairante sur
ce point : c’est une conception assez large de la
notion qui a présidé à la sélection des films du
cycle, consacré à un cinéma critiquant l’idéologie, les valeurs et le mode de vie bourgeois. Si
les films des années 1960 prédominent au sein
de la programmation, il ne
s’agit pas de ceux que défendaient la ligne la plus dure des
Cahiers du cinéma après leur
virage à gauche dès 1969,
considérant que seuls les films
mettant en question leur statut
d’artefacts étaient réellement
critiques vis-à-vis de l’idéologie bourgeoise. Certes, La
Chinoise (Jean-Luc Godard,
1967) et Tout va bien (JeanLuc Godard et Jean-Pierre
Gorin, 1972) relèvent en partie de cette tendance, mais le
spectre parcouru par le cycle
est plus large. La programmation permet de mesurer l’importance qu’occupa
la thématique antibourgeoise au sein du cinéma
d’auteur européen des années 1960-1970,
notamment en Italie, en France, en Allemagne
et en Suisse.
La Grande bouffe (Marco Ferreri, 1973)
est emblématique de cette veine du cinéma
d’auteur critique envers la bourgeoisie. Satire
féroce de la société de consommation, le film
relate l’expérience radicale menée par quatre
amis appartenant à différents secteurs de la
bourgeoisie, qui, par ennui et lassitude, s’enferment dans une villa pour se livrer à un suicide
collectif en mangeant jusqu’à ce que mort s’en-
a
suive. La logique de répétition caractéristique
de la vie bourgeoise est poussée à l’extrême
dans ce film troublant et provocateur. Dans le
champ de la production italienne, le chef-d’œuvre de Pasolini Teorema (1968) s’impose également comme un jalon essentiel de l’histoire du
cinéma antibourgeois. Ce film magnifique et
troublant, qui raconte la désagrégation d’une
riche famille bourgeoise suite à la visite d’un
mystérieux jeune homme, se veut une démonstration cinématographique de l’incapacité de
«Theorema» de Pier Paolo Pasolini
l’homme bourgeois à vivre l’expérience du
sacré. Une phrase du roman du même titre,
publié par Pasolini l’année même de la sortie du
film, donne bien le ton de ce dernier : « si c’est
l’antique monde paysan qui a légué à la bourgeoisie naissante (…) la volonté de posséder et
de conserver, mais non le sentiment religieux
qui lui était attaché, n’était-ce pas justice que de
s’en indigner et de la maudire ? »
la logique de domination et de pouvoir inhérente à cette dernière à travers une réflexion qui
met en évidence l’analogie entre les rapports de
force à l’œuvre au sein des relations sentimentales et ceux structurant la société capitaliste et
bourgeoise. Chinesisches Roulette (1976), huis
clos mettant en scène deux couples illégitimes
pris dans l’engrenage d’un jeu de questions pervers, constitue une condamnation philosophique de la bourgeoisie.
Buñuel, surréaliste
et antibourgeois
S’il ne s’inscrit pas dans la mouvance
contestataire du cinéma d’auteur qui prit son
essor à la fin des années 1960, Luis Buñuel ne
s’impose pas moins comme une figure majeure
du cinéma antibourgeois. Une grande partie de
son œuvre, de L’Âge d’or au Fantôme de la
liberté, démystifie non sans humour cette classe
sociale, dont il met en lumière les contradictions, la mesquinerie et la vacuité dans un style
qui emprunte beaucoup au surréalisme.
Dans L’Ange exterminateur (1962), des représentants
de la haute bourgeoisie mexicaine se voient empêchés par
une force mystérieuse de sortir de la salle dans laquelle ils
se sont réunis, tandis que dans
Le Charme discret de la
bourgeoisie (1972), deux
familles bourgeoises tentent
vainement d’organiser un
repas, sans qu’aucune de leur
tentative ne porte ses fruits.
Ces deux films révèlent l’impuissance foncière de l’homme bourgeois, dont les tentatives désespérées de domestiquer la nature humaine se révèlent vaines. Cette
vacuité éclate dans le dernier plan du Charme,
où l’on voit les personnages du film marcher le
long d’une route sans but, sans se demander
même où ils vont. Devant la caméra de Buñuel,
le mode de vie bourgeois apparaît placée sous le
signe du refoulement et semble inéluctablement
provoquer des troubles psychosexuels.
Emilien Gür
En Allemagne, durant ces mêmes années,
c’est Rainer Werner Fassbinder qui s’impose
parmi les réalisateurs de sa génération comme
l’un des plus ouvertement critiques envers la
bourgeoisie. Nombre de ses films mettent à nu
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Plus d’informations sur :
http://a-c.ch/ccu
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sous la loupe
Les Mille et une nuits :
L’Inquiet
Evénement cinéphilique très attendu de l’automne, la sortie des Mille et
une nuits du cinéaste portugais Miguel Gomes divise la critique. Regards
croisés de deux chroniqueurs de Scènes Magazine.
Pas l’émerveillement attendu
À l’heure où affluent sur les écrans nombre
de fictions témoignant des difficultés que rencontrent les classes populaires européennes touchées
par l’austérité, sans qu’aucune ne parvienne à
atteindre l’atemporalité propre aux chefs-d’œuvre, le dernier opus de Miguel Gomes, encensé
lors de sa présentation à la Quinzaine des
Réalisateurs, suscitait de grandes attentes : que
pouvait donc donner l’hybridation entre le film
militant et la structure narrative des Mille et une
Nuits, sachant que le réalisateur de Ce Cher mois
d’août (2008) et de Tabou (2012) s’est révélé
capable des alliages les plus étonnants ? Alors
que dans son court-métrage Rédemption (2013)
le cinéaste portugais dressait un brillant portrait
de quatre dirigeants européens, sa rencontre avec
le peuple portugais dans L’Inquiet, le premier
volet de sa trilogie Les Mille et une Nuits, peine
à susciter l’enchantement que délivraient ses précédentes réalisations.
Le projet s’annonçait pourtant prometteur.
Au cours d’un long prologue, Miguel Gomes s’adresse au spectateur en voix over, exposant son
projet et relatant les difficultés rencontrées :
comment, au sein d’un même film, à la fois
« dire » la difficile condition du peuple portugais
et raconter de belles histoires ? En attendant de
trouver une solution à ce problème, le cinéaste et
son équipe filment une grève d’ouvriers sur un
chantier naval menacé de fermeture ainsi que la
lutte d’un apiculteur contre une guêpe asiatique
menaçant de décimer les abeilles de la région.
Deux combats que rien ne lie au premier abord,
mais dont l’enjeu est pourtant identique : il s’agit
dans les deux cas de préserver les ressources qui
permettent à chacun de « gagner sa vie ».
Soudain le film bifurque, le projet de Gomes
prend forme : fiction et politique se rejoignent au
sein d’une série de contes ayant pour cadre le
Portugal marqué par l’austérité. On peine pourtant à se satisfaire de cette solution : là où Ce
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renoncer) à tenir les rênes ! Il se contente de trier
et de brasser des faits divers glanés partout dans
le pays pour les transformer en une succession de
(petites) histoires enfilées comme des perles sur
un bâton par une Shéhérazade de pure fiction. On
le voit, la liberté gagnée par le cinéaste
« inquiet » est d’abord de ne plus choisir entre
fiction et documentaire. Peuvent ainsi se superposer et se mêler des registres de narration et des
tons fort divers (et ici, c’est à Pasolini et à La
Ricotta qu’on peut penser). Ainsi, on peut passer
de la fable sociale « des hommes qui bandent »
(où l’on découvre que les économistes tout puissants de la « troïka » qui veulent imposer une
austérité ignoble au Portugal ont en fait des troubles de l’érection que seul un magicien africain
peut soigner grâce à un mystérieux spray dont
l’effet dure douloureusement longtemps !) au
conte populaire quasi médiéval de procès d’un
coq qui chante la nuit et empêche les voisins de
dormir, de l’histoire d’un triangle amoureux
adolescent à un mini-roman par lettres, pardon,
par SMS, de l’image d’une baleine échouée qui
finit par exploser à un geste qui finalement « repoétise » le monde lorsqu’à l’instigation d’un
syndicaliste les chômeurs vus à l’ouverture du
Cher mois surprenait en glissant progressivement
du documentaire vers la fiction, là où Tabou
étonnait en basculant du Lisbonne contemporain
vers un passé colonial fantasmé, L’Inquiet n’émerveille guère en s’aventurant soudainement
sur le terrain du conte politique. La magie du
récit fait défaut aux trois histoires qui forment le
premier volet de la trilogie des Mille et une Nuits.
Les contes se succèdent les uns aux autres, sans
aucune transition, ce qui confère à L’Inquiet un
air de « film à sketches » dénué de véritable
cohésion. Il manque le rythme et l’énergie des
récits à tiroir labyrinthiques, tels Le Manuscrit
trouvé à Saragosse,
brillamment adapté au
cinéma par Wojiech Has en
1965. Si Miguel Gomes
emprunte aux Mille et une
Nuits sa structure, il n’en
restitue malheureusement
pas le pouvoir de séduction.
«Les Mille et une Nuits - L’Inquiet» © Outside the Box
Emilien Gür
Proposition résolument nouvelle
A l’ouverture de L’Inquiet, premier volet du
triptyque de Miguel Gomes, le cinéaste, en même
temps qu’il énonce son projet, en mesure soudain
le caractère « impossible » : comment faire un
film sur le Portugal en crise, soumis à une politique d’austérité catastrophique, comment faire
un film politique qui mêle réalisme social et cinéma de poésie. Rien qu’à essayer de parler en
même temps d’une grève sur un chantier naval et
de la lutte d’un apiculteur contre une guêpe asiatique qui menace ses essaims, le cinéaste prend
tellement peur qu’il s’enfuit. Pas de doute, l’inquiet du titre, c’est bien lui !
Ce début, qui n’est pas sans rappeler celui
de 8 et demi, permet à Gomes de se lancer dans
un film dont il renonce (ou fait semblant de
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film acceptent de prendre un bain de Nouvel-An
dans la mer glaciale pour se laver de la noirceur
de l’année écoulée !
Alors bien sûr certains diront que le film ne
prend pas le spectateur dans un récit haletant, que
ces histoires, par rapport à celles des Mille et une
Nuits d’origine, manquent singulièrement de
merveilleux. Il n’en reste pas moins que la proposition de Gomes est résolument nouvelle dans sa
façon de proposer un cinéma politique qui parle
du Portugal (et du monde) d’aujourd’hui en
dépassant à la fois le document journalistique, le
discours « économiste » et la « fiction de gauche » traditionnelle. On ne peut pas, c’est sûr,
dire cela de beaucoup de films !!!
Serge Lachat
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Les films du mois
«Mustang» © Agora films
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MUSTANG
un film de Deniz Gamze Ergüven, avec Güneş
Nezihe Şensoy, Doğa Zeynep Doğuşlu, Elit
İşcan…(France-Turquie, 2015)
A l’ouverture du film, l’année scolaire se
termine. Filles et garçons en uniformes regagnent
leur domicile. Le beau temps et la chaleur encouragent un retour à pied par le bord de mer. Tout le
monde se baigne, habillé bien entendu, mais les
jeux dans l’eau, bien que jeux d’enfants, sont
chargés d’érotisme, surtout lorsque les filles
montent sur les épaules des garçons pour des joutes aquatiques. Nous suivons cinq filles, cinq
soeurs jusqu’à leur domicile où elles sont reçues
avec des gifles par leur grand-mère qui a été
avertie par une voisine de leur comportement
« coupable ». L’arrivée de leur oncle ne fait que
renforcer la violence des punitions, et les reproches qu’il adresse à sa mère nous font comprendre que les 5 filles ont perdu leurs parents et ont
donc été élevées par cette grand-mère accusée de
laxisme ! En voix off, la plus jeune et de la plus
rebelle des filles, dresse un constat terrible : « En
un battement de cil, notre vie tranquille a basculé dans une vie de merde ». Nous spectateurs
comprenons que nous nous trouvons à 1000 kilomètres d’Istamboul et que le mode de vie traditionnel turc a repris ses droits. Les filles n’iront
plus à l’école et, à la maison, seront formées pour
être de parfaites épouses et ménagères (cuisine,
couture, nettoyage). Dorénavant, leurs rares sorties au village se feront dans un vêtement tradi-
a
tionnel. Et comme elles cherchent encore des
moyens de s’évader, la maison se transforme en
prison, les murs sont surélevés, la propriété est
fermée par des grillages et des barreaux sont
fixés aux fenêtres.
L’objectif est clairement de les marier le
plus rapidement possible, mais leur réputation
étant entachée, il faut d’abord les amener à l’hôpital pour un test de virginité ! La cinéaste réussit néanmoins à nous montrer l’incroyable capacité de résistance des ces filles, comme en témoigne l’épisode de la fugue collective pour assister
à un match de foot (au public exclusivement
féminin par représailles pour le comportement
hyper-violent du public masculin au match précédent !) où elles sont filmées par la télévision,
ce qui pousse une tante à faire sauter la centrale
électrique du village pour que les hommes de la
famille ne s’aperçoivent de rien.
Mais l’ordre patriarcal règne et les deux plus
grandes sont assez rapidement mariées, la première à l’homme qu’elle aime, la seconde à un
homme pour lequel elle n’éprouve rien, ce qui la
pousse à s’enivrer pendant la noce, avant de friser le déshonneur faute d’avoir pu montrer un
drap ensanglanté après sa nuit de noces. Le film
bascule même dans la tragédie lorsque la troisième sœur, humiliée par son oncle, se suicide avec
le revolver qui servait à tirer des balles de bonheur lors des mariages. Dans une dernière partie
épique, les deux plus jeunes sœurs réussissent à
prendre la fuite lors d’une nouvelle cérémonie de
demande en mariage et à gagner la capitale où la
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plus jeune retrouve sa professeur…
Emporté par la fougue et la vitalité de ses
cinq protagonistes, le film de la cinéaste turque
(qui a étudié en France et est diplômée de la
Fémis) se donne à la fois comme un pamphlet
contre l’immobilisme
d’une société turque
figée dans ses traditions patriarcales et
comme un conte. En
effet, même si le film
joue la carte du réalisme, la réalisatrice n'a
pas peur des invraisemblances, des coups
de force scénaristiques:
non seulement la fin
paraît trop belle, mais
la capacité des filles à
forcer toutes les barrières et à franchir tous les
murs emporte le spectateur au-delà de la
vérité documentaire, et le film, avec sa focalisation sur la plus jeune des protagonistes, oscille en
permanence entre jeux de l'enfance et vraie
révolte. Il n'en reste pas moins que la cinéaste
nous montre une jeunesse féminine turque éduquée qui aspire au progrès et se bat de toutes ses
forces contre l'immobilisme d'un régime patriarcal souvent soutenu par celles-là même qui en
sont les premières victimes.
Serge Lachat
AU PLUS PRES DU SOLEIL
un film d’Yves Angelo, avec Sylvie Testud,
Grégory Gadebois, Mathilde Bisson (France,
2015)
Le film s’ouvre sur une conversation téléphonique entre une maîtresse et son amant. Elle
(Mathilde Bisson) l’enjoint de quitter sa femme
et se propose de parler elle à sa femme s’il n’ose
pas le faire. Harcelante, elle a suivi le couple
dans un luxueux restaurant près d’une plage baignée de soleil et c’est de la table d’à côté qu’elle
passe son coup de fil menaçant. Changement de
registre complet lors de la séquence suivante. On
se retrouve dans le cabinet d’une juge d’instruction (magistrale Sylvie Testud). La maîtresse,
prénommée Juliette, est auditionnée pour des
faits d’abus de faiblesse sur son amant dont on
apprend qu’il vient de se suicider. Au cours de
l’instruction, la magistrate va se rendre compte
que la prévenue, qui a abandonné son enfant
alors qu’elle n’avait que 13 ans et qui s’est ensui-
l
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te adonnée à la prostitution, n’est autre que la
mère biologique du fils qu’elle a adopté. Olivier
(Grégory Gadebois), le mari de Sophie, qui est
avocat de profession, lui conseille de se dessaisir
immédiatement de l’affaire, mais elle s’obstine et
va instruire uniquement à charge contre Juliette.
La situation se corse encore plus quand Olivier, à
l’insu de sa femme, entre en relation avec Juliette
sans lui révéler sa véritable identité. Sa mauvaise
conscience le pousse à lui donner de l’argent sans
rien demander en retour. Elle ne comprend pas le
sens de ce geste jusqu’au jour où elle découvre
qu’il est le mari de la juge !
Construite comme une tragédie en cinq
actes, l’histoire est ancrée dans le milieu judiciaire. Yves Angelo a fait précisément le choix de
confronter un personnage représentant de la
magistrature à une problématique de vérité. Tout
au long du film, les mensonges, les non dits, les
omissions, la non transparence sont de mise. Tout
le monde cache quelque chose à une ou plusieurs
personnes. La raison est aussi mise à mal. Sophie
ne se récuse pas, et Olivier, mari fidèle et intègre, se rapproche dangereusement de la vénéneuse Juliette. Les deux époux vivent chacun un
conflit moral où ils sont partagés entre leurs pulsions et leur fonction sociale. Tous deux sont
ancrés dans des valeurs professionnelles de
morale et de déontologie. Pourtant les instincts
primitifs vont prendre le pouvoir sur la raison. Et
c’est bien de la dialectique instinct/raison qu’il
est question tout au fil du récit. Contrairement à
La tête haute d’Emmanuelle Bercot où les scènes
situées dans le cabinet du juge jalonnent tout le
film, dans Au plus près du soleil, on s’éloigne
progressivement du palais de justice pour chan-
«Au plus près du soleil» © Agora films
ger complètement d’univers dans la dernière partie. Sophie et Olivier embarquent avec leur fils
pour une croisière. Juliette, irrésistible sirène, est
aussi du voyage. Echo à la scène initiale, la jeune
femme est là où elle ne devrait pas être, semant
la panique autour d’elle. Une fois en mer, plus
moyen de s’enfuir du paquebot, d’échapper à son
destin. La vérité va s’imposer avec violence.
L’acte ultime de la tragédie pourra se jouer.
Interrogeant la justice, la famille, la parentalité, l’adoption, le couple, la fidélité, l’embourgeoisement, le 6ème long-métrage d’Yves
Angelo (Le colonnel Chabert, Les âmes grises)
est servi par un brillant casting. Sylvie Testud,
toujours impeccable, est parfaite dans son rôle de
juge d’instruction à la fois sèche, sensible et efficace. Grégory Gadebois, dont la ressemblance
avec le célèbre avocat Eric Dupond-Moretti est
frappante, interprète avec justesse son rôle d’avocat impassible et à la force tranquille. Enfin
mention spéciale à Mathilde Bisson, envoûtante
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Paola Mori
MARGUERITE
un film de Xavier Giannoli, avec Catherine
Frot, André Marcon,Christa Théret, Sylvain
Dieuaide,… (2015)
Vaguement inspiré par l’histoire de Florence
Foster Jenkins, cette milliardaire chanteuse d’opéra à la voix fausse, mais qui enregistrait des
albums et qui même s’exposait sur scène, Xavier
Giannoli nous peint en Marguerite Dumont une
baronne richissime qui à la fin des années 20
chante devant un cercle « d’initiés » qui feignent
l’émerveillement. Mais, pour le plus grand désespoir de son époux, elle aspire à plus : à monter
sur une « vraie » scène, devant un « vrai »
public !
Contrairement à Hergé, lui aussi paraît-il
inspiré par Florence Foster Jenkins pour la
Castafiore, Giannoli ne cherche jamais à se
moquer de Marguerite ou à en accentuer le ridicule. Au contraire, aidé par une Catherine Frot
absolument phénoménale, il met en avant l’abso-
«Marguerite» © Praesens films
a
et sexy, sublime et vulgaire, charnelle et enjôleuse. A la fois lumineuse et solaire comme
Emmanuelle Béart, instinctive et animale comme
Béatrice Dalle ou Emmanuelle Seignier, la jeune
comédienne s’impose dans ce qui est son premier
grand rôle au cinéma.
Servie par une caméra à l’épaule et de sobres plans séquences, dépourvue de musique, la
mise en scène nous place au plus près de nos sensations. En filmant très souvent en gros plan les
visages, Yves Angelo nous permet d’être au plus
près de ses personnages, créant ainsi une relation
intime entre le spectateur et eux.
Brillant et captivant, éblouissant et perturbant, Au plus près du soleil est un film coup de
poing. On en sort complètement sonné mais indéniablement conquis.
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lue sincérité et l’ingénuité de ce personnage. La
volonté et l’obstination de Marguerite forcent
l’admiration au point qu’on finit par se demander
si le véritable artiste n’est pas moins dans la perfection polie de sa production que dans l’audace
et les risques encourus.
C’est d’ailleurs peut-être ce qui séduit les
deux jeunes « admirateurs », venus pour s’amuser, et qui proposent à Marguerite de l’intégrer
dans les recherches de nouveaux artistes iconoclastes (on pense à Dada) pour qui le « chanter
faux » est une manière de mettre en question la
culture établie. Mais là encore Giannoli suit son
personnage incapable du moindre « second
degré », mettant l’accent sur le vertige d’être en
scène, sur la fascination d’être déguisé.
Et là, Marguerite est aidée par son intendant
noir qui lui est entièrement dévoué et qui lui sert
de portier, de garde du corps, de chauffeur et surtout de photographe. En multipliant les magnifiques photographies (les prises et la chimie des
différents bains donnent l’impression que la
photographie relève moins de la chimie que de la
magie d’une Marguerite portant le costume et le
maquillage de tous les grands rôles du répertoire,
il lui donne le plaisir incomparable d’avoir de
nombreuses vies.
De même, lorsque pour passer vraiment à la
scène, Marguerite veut « apprendre », elle s’offre les services d’un chanteur vieillissant, accompagné d’une petite équipe, et que tous ne semblent en vouloir qu’à son argent, sa sincérité et
son engagement finissent par troubler tout le
monde. Et lorsqu’après un accident de corde
vocale pour avoir voulu atteindre une note suraigüe le médecin est appelé à utiliser un appareil
d’enregistrement pour faire entendre à
Marguerite à quel point elle chante faux, le spectateur ne peut manquer de frémir devant la cruauté de cette « opération » !
Courageux, Giannoli l’est presqu’autant que
son héroïne lorsqu’il prend le risque de soumettre son spectateur au spectacle et à l’audition pendant de longues séquences d’une cantatrice qui
chante horriblement faux. Le film devient alors
aussi « malaisant » que fascinant. C’est pourquoi
je dois avouer ma déception lorsqu’à la fin du
film on retombe dans le banal mélodrame, lorsqu’on nous explique que c’est pour reconquérir
l’amour de son mari volage que Marguerite
prend de tels risques, et surtout lorsque, dans son
dernier chant, dans son chant du cygne, elle
« sonne juste » et atteint soudain la perfection…
Serge Lachat
a
LA PASSION D’AUGUSTINE
un film de Léa Pool, avec Cécile Bonnier,
Lysandre Ménard, Diane Lavallée,… (CAN.,
2015)
Léa Pool, cinéaste québécoise, suisse d’origine (et elle a toujours entretenu des liens avec la
Suisse, par ses films (La Demoiselle sauvage,
1991, est une adaptation tournée en Valais du
livre de Corinna Bille) et par sa présence au
Festival de Locarno), nous propose, dans son
dernier film, La Passion d’Augustine, un regard
sur le Québec catholique des années 60 marquées
par les secousses de Vatican II et le passage de
fiés par l’arrivée de sa nièce Alice, musicienne
incroyablement douée, mais aussi adolescente
rebelle qui a beaucoup de peine à respecter la discipline du lieu. On le voit, Léa Pool recourt à différents ressorts classiques du mélodrame et du
film d’éducation à l’américaine. C’est ainsi que
la première histoire d’amour d’Alice fait remonter le souvenir du passé de Mère Augustine (on
comprend qu’elle est entrée dans les ordres par
désespoir amoureux), mais le film n’abuse pas
trop de cette corde sensible et aborde souvent
avec finesse les problèmes que posent l’arrivée
des bouleversements imposés par Vatican II et
l’obligation de quitter le voile. Léa Pool n’a pas
oublié son passé féministe et dénonce le fait que
Céline Bonnier et Lysandre Ménard dans «La Passion d’Augustine» © Filmcoopi
l’école publique en mains laïques.
C’est dans ce contexte que nous suivons le
combat que doit mener Mère Augustine pour
essayer de « sauver » son petit couvent des bords
du Richelieu. Un pensionnat où les familles placent leurs filles surtout pour l’enseignement de la
musique qui y est dispensé et qui permet aux élèves de rafler les prix de piano des plus prestigieux concours québécois.
Dans ce moment délicat, les hauts responsables de la congrégation propriétaire du lieu, sous
la pression de la laïcisation, cherchent à vendre
l’établissement qui, par ailleurs, leur coûte particulièrement cher et leur semble accorder plus de
place au travail musical qu’à l’étude religieuse
proprement dite. Ce qui, soit dit en passant, nous
vaut de longues plages musicales classiques
(Bach, Mozart, Chopin, Lizst pour le piano fort
bien interprétées, tout comme les chœurs qui
ponctuent les différents moments de la journée.
Les soucis de Mère Augustine sont ampli-
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les écoles religieuses prestigieuses sont maintenues pour les garçons qui constitueront la future
élite québécoise et, à de très rares exceptions,
supprimées pour les filles. S’attachant aux personnages secondaires, elle montre également ce
qu’a pu représenter le choix de la voie religieuse
pour des filles de la campagne…
Sans innover sur le plan formel, sans être
non plus un film de combat et malgré quelques
longueurs qui le ralentissent excessivement, La
Passion d’Augustine nous permet pourtant, derrière son histoire de famille et de pensionnat, de
découvrir un moment important de l’histoire culturelle et religieuse du Québec.
Serge Lachat
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Graphisme : theworkshop.ch | Les encombrants font leur cirque © Eric Legrand
Cirque – Danse
Théâtre
Musique
Collectif 4ème souffle
14 octobre
Pierre Guillois
27 et 28 octobre
4 novembre
Le 4ème Souffle
Bigre
Musique
Danse
15 octobre
Cie Gilles Jobin
30 et 31 octobre
Maurane
Quantum
forum-meyrin.ch
Place des Cinq-Continents 1 / 1217 Meyrin
Billetterie + 41 22 989 34 34
Maria de la Paz
canta Piazzolla
Théâtre d’objets
Les encombrants
font leur cirque
Théâtre La Licorne
11 novembre
c i n é m a
est l’ultime avertissement d’un cinéaste qui en
avait gros sur le cœur à cause de la turpitude du
genre humain.
octobre à la
Cinémathèque suisse
Francesco Rosi
16
Aucun des 16 longs métrages (souvent de
véritables films-dossiers) de ce cinéaste napolitain engagé, figure de proue de Positif, ne
manque à l’appel. Le réalisme critique se manifeste dès son premier film : La Sfida/Le Défi
(1958), sur une vengeance terrible dans la pègre
napolitaine, permet au cinéaste de
reconstituer les raisons des problèmes de
la camorra, qui, initialement société
secrète agraire dans le domaine des intermédiaires du commerce des légumes et
fruits, est maintenant soumise à la pression du crime organisé en pleine expansion. Son deuxième film, I Magliari
(1959), qui est aussi son premier chefd’œuvre, montre la pénétration de la
camorra dans la vie des ouvriers napolitains exilés dans le Hambourg de l’aprèsguerre : Alberto Sordi y campe un escroc
Alberto Sordi dans « I Magliari »
inimitable. Avec son troisième film, Salvatore
Giuliano (1961), les ambitions stylistiques et
idéologiques du cinéaste s’affirment pleinement. Rosi abandonne la narration linéaire de
ses premiers films. Le mythe du légendaire brigand sicilien est passé au crible de l’analyse
politique. Giuliano n’est jamais le sujet de l’action, mais plutôt l’emblème d’une société résultant de l’enchevêtrement du pouvoir politicoéconomique et de la mafia. Le Mani Sulla Città
(1963) démasque les politiciens corrompus,
impliqués dans les spéculations foncières qui
ont défiguré la ville de Naples. Reconnu comme
le spécialiste en matière d’analyse du Pouvoir,
Rosi rencontre peu d’échos favorables avec ses
deux films suivants, Il Momento della Verita
a
Capucine
(1964, sur la tauromachie) et C’era una Volta
(1966, où Sophia Loren campe une Cendrillon
altière pour le prétendant au trône de Naples,
Omar Sharif). Uomini contro (1970) est un cri
de colère con-tre l’idiotie de la guerre où les
hommes se font massacrer dans des actions
absurdes sur le front des Alpes durant la
Charles Vanel dans «Tre Fratelli »
Première Guerre mondiale. Avec Il Caso
Mattei (1971) et Lucky Luciano (1973),
Rosi retourne à la dramaturgie et aux
spécificités stylistiques et thématiques
de Salvatore Giuliano, essayant de
mieux comprendre la texture de la vie
politique italienne. Cadaveri Eccelenti
(1975), sur une série d’assassinats de
juges, fut tourné en pleines années de
plomb : les marionnettistes resteront à
jamais inconnus. La dénonciation sociale est la préoccupation principale des
films qui suivirent : Cristo si e fermato a Eboli
(1979, sur le fascisme), Tre Fratelli (1981, sur
la déliquescence sociale
ambiante),
Dimenticare
Palermo (1990, sur l’omniprésence de l’hydre mafieuse). Seuls l’opéra filmé
Carmen (1984) et l’adaptation du roman de G. G.
Marquez, Cronaca di una
morte annunciata (1987),
relèvent plus du monde des
émotions que de la méthode
matérialiste. La Tregua
(1996), où Primo Levi raconte son retour d’Auschwitz,
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Le destin tragique de cette Lausannoise
d’adoption jette un voile de tristesse sur l’hommage que la Cinémathèque lui a concocté, en
relation avec l’exposition au Musée Alexis
Forel à Morges et le roman biographique que
Blaise Hoffmann lui a consacré aux éditions
Zoé. À l’exception de Bluff – Storia di truffe e
di imbroglioni (1976) de Sergio Corbucci, où
Capucine campe une propriétaire de casino qui
se laisse berner par des escrocs à propos
du trésor des Nibelungen, les titres choisis
sont bien connus. Blaise Hoffmann sera
présent le 2 octobre pour présenter North
to Alaska (Henry Hathaway, 1960), où on
retrouve l’actrice dans les bras de John
Wayne, et le 14 octobre pour What’s new
Pussycat (Clive Donner, 1965), où elle
doit se décider entre Peter O’Toole et
Woody Allen. Un des meilleurs films de
Joseph L. Mankiewicz, The Honey Pot
(1967), une variation sur Volpone de Ben
Johnson, réunit Capucine, Edie Adams et
Maggie Smith autour du playboy mourant
Rex Harrison. Et pour ceux qui n’auraient toujours pas vu Fellini Satyricon (1969), cette
mini-rétro donne l’occasion de le rattraper.
Napoléon
Le 8 octobre, Hervé Dumont dévoile son
pavé (724 pp., env. 900 ill.) Napoléon –
L’Epopée en 1000 films. Oui, vous avez bien
lu. Comme le signale Jean Tulard dans sa préface
au magnifique ouvrage : « Ni Jésus, ni Lincoln, ni
Lénine, ni Jeanne d’Arc, ni les Borgia, ni
Cléopâtre […] ne peuvent prétendre rivaliser avec
l’Empereur quant au nombre d’apparitions filmées ». Cette somme prodigieuse se vend au
prix incroyable de 39
CHF !! Projection à l’appui : Monsieur N.
(2003) d’Antoine de
Caunes avec Philippe
Torreton dans le rôle de
l’Empereur.
Raymond Scholer
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SAISON1516
AU GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE
CASSENOISETTE
PIOTR ILITCH
TCHAÏKOVSKI
DIRECTION MUSICALE
PHILIPPE BÉRAN
MISE EN SCÈNE
JEROEN VERBRUGGEN
BALLET DU GRAND THÉÂTRE
DE GENÈVE
BASEL SINFONIETTA
21 > 29.11.2015
WWW.GENEVEOPERA.CH
+41 22 3
322
22 5050
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le poche / gve
Mathieu Bertholet,
dans le texte !
C’est parti, le rideau s’est levé sur la saison nouvelle du Poche et sur la
vision ambitieuse et dynamique d’un théâtre des écritures contemporaines,
avec à la manœuvre un skipper toutes voiles dehors, Mathieu Bertholet,
qui cultive l’amour des mots et des voix littéraires de notre temps.
Larguer les amarres ! Entretien.
Mathieu Bertholet vous êtes auteur,
metteur en scène, comédien, et, maintenant,
directeur de théâtre. Allez-vous devoir
renoncer à une part créative de vous-même
et quel équilibre allez-vous trouver entre
tous ces rôles ?
18
Mathieu Bertholet : Cette question a effectivement fait partie de ma réflexion quand j’ai proposé ma candidature à la FAD. J’ai immédiatement précisé que je ne créerai pas de textes dont
je sois l’auteur dans ce théâtre. Par conséquent,
si je souhaite monter mes textes, je devrai chercher d’autres moyens et d’autres scènes pour le
faire, ce qui ralentira de fait mon processus de
création. Par ailleurs, mon rythme créatif est
assez lent, je ne crée guère qu’un texte par an,
et, par conséquent, mon rapport à un nouveau
rythme, à une temporalité différente ne m’effraie pas plus que cela. Ceci dit, je devrai laisser
de côté d’autres activités, comme celles qui touchent à l’enseignement et à la formation, afin de
me consacrer pleinement à mon rôle de directeur. Pour autant, ma fibre artistique demeurera
et je ne compte pas être un simple programmateur.
Pour mieux comprendre qui est le
nouveau directeur du Poche, parlez-nous des
influences, des rencontres et des convictions
qui ont constitué votre parcours artistique.
M.B. : La manière dont je pense cette institution
et la façon dont je souhaite faire du théâtre à l’avenir, dans ces lieux, sont clairement inspirées
de mes années d’études à Berlin. Aujourd’hui,
je tente de trouver comment, dans le système de
production romand, on peut s’inspirer du modèle germanique. La saison prochaine est déjà
engagée dans ce sens, mais il faudra sans doute
plus de temps pour adapter et structurer ce nouveau modèle. Je sais devoir aller au-devant de
certaines difficultés, étant donné que l’horizon
e
d’attente de tout le monde va changer et les
habitudes de travail également. Je pense à l’équipe qui prend en charge le Poche, plus qu’aux
spectateurs qui sont souvent prêts à découvrir
autre chose et à se laisser dérouter. Par exemple,
le fait de démarrer la saison avec un diptyque de
comédies dramatiques qui peuvent être vues
séparément ou l’une à la suite de l’autre, ce
principe du « sloop » va produire un objet théâtral sans doute inhabituel, mais qui fera sens et
stimulera la réflexion du spectateur.
Dans ce sens, comment allez-vous suivre le public durant cette phase de transition
toujours délicate ?
M.B. : Notre stratégie de communication va, en
effet, guider le spectateur afin qu’il comprenne
comment les spectacles peuvent fonctionner
entre eux et s’enrichir l’un l’autre pour former
un troisième objet scénique, plus complet et
plus éloquent. Mais la curiosité du public sera
aussi favorisée par une politique tarifaire digne
de ce nom qui doit l’inciter à voyager facilement d’une pièce à l’autre. Et puis, le public du
Poche est traditionnellement un public assidu,
passionné et ouvert ; on peut lui faire confiance.
Lorsqu’on lit la presse vous concernant, les qualificatifs « excentrique » et
« radical » reviennent souvent. Pour quelle
raison selon vous ?
M.B. : « Excentrique », je ne sais pas…, je crois
que ma façon entière et passionnée de dire les
choses doit y être pour quelque chose. Qu’on
me qualifie de « radical » me surprend moins,
car j’ai une ambition et un projet bien déterminés qui est trouver et de donner une place aux
auteurs contemporains dans le théâtre, et cela
me tient véritablement à cœur. Je pense clairement que ce qui fait la qualité d’un auteur est lié
à sa radicalité. L’auteur doit se positionner de
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façon décisive tant au niveau de la forme d’écriture qu’il adopte qu’au niveau du sujet traité. De
même, il faut que l’auteur parvienne à maintenir
cette tension, cette radicalité du début à la fin de
sa pièce, sans perdre de vue le projet artistique
et dramaturgique qu’il s’est fixé. C’est toute
l’exigence de l’écriture et de la langue théâtrales. Or, cette idée est au cœur du projet de notre
saison. Il concorde d’ailleurs avec le projet de la
FAD, même si mon parti pris est effectivement
plus radical !
Dans la nouvelle structure du théâtre,
vous avez souhaité mettre en place un double
comité de lecture et de spectateurs. En quoi
consistent-ils ?
M.B. : Ces deux comités fonctionnent dans
deux temps différents. Le comité de lecture a un
rôle prospectif, celui de choisir les textes de
notre programmation et le comité de spectateurs, un rôle rétroactif qui réagira à nos choix
et à nos partis pris. Par conséquent, cette double
collaboration nous efforcera d’être plus exigeants, plus vigilants et plus réactifs, afin de
nous adapter et de tenir compte des remarques
et des propositions de chacun des comités. En
ce qui concerne le comité de spectateurs, il
devra être présent à la fois à l’intérieur et à l’extérieur du théâtre, comme un ambassadeur et un
relais indispensable avec tous les publics. Le
comité devra donc être composé de spectateurs
de tout poil et représentatif de tous les publics et
même peut-être de spectateurs peu habitués à
fréquenter un théâtre.
Quant au comité de lecture, il sera composé de
personnes externes au Poche, mais aussi de certains membres de notre équipe, afin que l’on
puisse compter sur un petit nombre de membres
permanents, présents dans la durée, comme le
directeur… Mais le dramaturge attaché à la saison ne demeurera qu’une année au sein du
comité. Et puis, le contingent sera probablement
amené à changer fréquemment, dans la mesure
où lire plusieurs dizaines de textes par année
n’est pas chose aisée !
Le principe même du comité de lecture est extrêmement démocratique et salutaire, mais ne risque-t-il pas de masquer en
partie votre identité en tant que directeur ?
M.B. : Ce n’est pas un risque réel dans la mesure où je ne souhaite pas une exposition totale en
tant que directeur. Je ne cautionne pas la manière à la française de mettre précisément en avant
et en grandes lettres dans la ligne graphique le
nom et le portrait du directeur dont on vénère la
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Mathieu Bertholet © Louka Petit-Taborelli
figure emblématique. La raison pour laquelle on
doit venir au Poche est la volonté de rencontrer
les écritures de théâtre contemporaines ; c’est là
la seule identité de ce lieu.
Expliquez-nous maintenant les
concepts nouveaux de « sloop » et de
« cargo » qui désignent les deux types de productions théatrales qui rythmeront la programmation 2015-2016.
M.B. : J’ai cherché des noms tirés du lexique
maritime ou lacustre, mais j’ai constaté que des
termes nautiques anglo-saxons évoquaient ces
concepts plus directement auprès du public. Le
« cargo » désigne un pièce, un texte dont l’élaboration s’inscrit dans une temporalité plus longue et plus traditionnelle, sur un plateau, à la
table, avec des propositions, des tentatives, un
véritable travail de troupe et de recherche
autour du texte et de la mise en scène. Dans le
cadre du « sloop », ce travail est parfaitement
impossible ; le metteur en scène doit arriver le
premier jour avec une idée bien définie de ce
qu’il veut faire et de ce qu’il propose aux comédiens. Le travail de recherche aura déjà été
effectué en amont, à la table, avec le dramaturge et le scénographe, par exemple. Par conséquent, le « sloop » ne permet pas un temps d’essai, il faut réaliser le plus immédiatement possible la mise en place du spectacle, sans tergiverser. C’est un sacré défi pour un metteur en scène
et cette façon de travailler n’est pas encore très
répandue ici, en Suisse romande ! Ensuite, indépendamment du format sloop ou cargo, les différentes pièces de la production scénique pourront être vues chacune pour elle-même ou alors
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sous forme d’une intégrale, à la suite l’une de
l’autre. Une opportunité que l’on peut souvent
rencontrer lors de festivals, mais peu exploitée
dans la région lémanique. Et puis, c’est une
façon de s’immerger dans la théâtre des auteurs
de manière cohérente et très stimulante, afin que
leurs textes résonnent entre eux.
On comprend donc bien à quel point
le texte est l’élément fondateur de votre politique de la scène au Poche, mais les mots laisseront-ils aussi leur place à d’autres formes
d’expression scénique, telles que la danse, la
performance ou la musique ?
M.B. : La question ne se pose pas exactement
dans ces termes. Etant donné que le texte sera
en effet à l’origine de chaque projet, c’est lui
qui déterminera la forme qui lui incombe. Les
textes sont choisis par le comité de lecture et,
parmi eux, certains textes inciteront plus à la
performance, à la représentation classique ou à
une autre forme artistique complémentaire ; rien
n’est interdit, bien évidemment,… à part l’écriture de plateau qui ne concorde pas avec notre
volonté de sélectionner un texte et un metteur
en scène dont la rencontre sera la plus riche et la
plus enthousiasmante.
Mais, encore une fois, il ne semble pas
sans risque de vouloir déterminer au préalable un metteur en scène qui corresponde au
texte choisi !?
M.B. : Certainement, le risque est présent, mais
il l’est aussi lorsqu’un metteur en scène choisit
lui-même un texte ! On n’est jamais sûr du
résultat. La seule chose c’est que quand un
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directeur peut choisir une mise en scène déjà
réalisée et tournée, il connaît le résultat et peut
en juger. Mais dans le domaine de la création,
on prend toujours ce risque qui fait partie du
jeu. Je tiens aussi à dire que la démarche qui
consiste à confier un texte à un metteur en scène
n’est pas aussi radicale dans la réalité que vous
le laissez entendre. J’ai souvent envie de travailler avec un metteur en scène, à qui je vais
proposer deux ou trois textes qui me semble
convenir à son travail, ou alors, je suis séduit
par texte que je soumets à deux ou trois metteurs en scène et je me laisse le temps de choisir la proposition la plus intéressante. Donc, il y
a forcément une certaine souplesse dans la
manœuvre et les projets que je souhaite concrétiser ne se feront pas tous cette saison ; je sais
aussi être patient. Et pour aller plus loin dans
cette manière de faire, il est même arrivé pour
cette saison de choisir d’abord les acteurs, avant
le metteur en scène et le texte ! Les acteurs
seront ainsi mis en valeur par le choix même des
textes de la saison et par un format comme le
sloop qui verra le même comédien incarner plusieurs personnages, dans différentes pièces. Ce
qui demandera aussi au comédien de jouer le
soir et de répéter autre chose la journée, dans la
tradition du théâtre à l’allemande.
Vous avez aussi décidé, je crois, d’apporter votre touche quant à l’espace même
du Poche, au foyer, à ses accès. Quelle est
votre idée du Poche « nouvelle génération » ?
M.B. : Beaucoup de choses ont changé en ce qui
concerne l’approche visuelle du théâtre. Les
espaces et la couleur générale ont été renouvelés. Il fallait rafraîchir l’ensemble, en particulier
les bureaux administratifs et les accès à la salle.
La salle elle-même n’a pas été touchée, hormis
la numérotation des sièges. Les spectateurs
découvriront le nouveau décorum au fur et à
mesure. Pour ce qui est de la vie du théâtre,
nous programmons des ateliers d’écritures et
des rencontres avec les auteurs, en particulier
cette saison des rencontres d’auteures qui poseront la question de la féminité au théâtre.
Comment l’écriture féminine existe-t-elle ?
Peut-on lire la féminité à travers l’écriture ?
Nous profiterons d’êtres en compagnie de femmes engagées dans leur démarche artistique
pour se poser les bonnes questions !
Propos recueillis par Jérôme Zanetta
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la comédie de genève
la pertinence de ce réquisitoire radical. La guerre a un statut ontologique chez Céline. Elle est
au sein de chaque homme, et traverse toutes les
époques.
Voyage au bout
de la nuit
Est-ce pour cette raison que vous avez
demandé à une femme de jouer Bardamu ?
Dès ce 29 septembre, la Comédie de Genève accueille Voyage au bout de
la nuit, adaptation du célèbre ouvrage de Louis-Ferdinand Céline par
le metteur en scène belge Philippe Sireuil. Nous l’avons rencontré pour en
apprendre davantage sur la genèse de cette création, sur les difficultés que
peut poser le transposition du roman au théâtre, et l’apport de l’actrice
Hélène Firla, qui incarne Bardamu femme.
Philippe Sireuil, ce n’est pas la première fois que vous adaptez des classiques,
Marivaux, Sartre, etc. D’où est venue l’idée
d’adapter Louis-Ferdinand Céline aujourd’hui ?
20
Le projet est né en juin 2014 dans les mains de
Hélène Firla et Simone Audemars. Suite
à la défection d’un premier metteur en
scène, ils prirent contact avec moi, invitation à laquelle je répondis par la positive.
Céline, je le connaissais comme ce que
l’on peut en connaître par la culture générale et les lectures scolaires, et par les
polémiques autour de ses engagements
antisémites, avec lesquelles je ne me sens
pas en phase, cela va de soi. Cette proposition fut dès lors l’occasion pour moi de
me replonger plus sérieusement dans l’âpre beauté de ce livre-fleuve.
soyez malgré cela concentré sur son premier
roman ?
Il y a tout premièrement un besoin de faire
résonner cette invention langagière, sa poésie,
sa violence dans un contexte théâtral dans
lequel il est bon ton de dire que la place de l’é-
Demander à Hélène de jouer n’était pas anodin,
nous ne faisons pas abstraction du fait qu’elle
est une femme et que Ferdinand Bardamu est un
homme. Ce n’est pas un rôle de travesti. Mais
justement, Bardamu se fait souvent taxer de
« féminin », il est un être pétri de doutes, de fragilités qui résonnent mal avec ce monde prétendument viril de la guerre, un monde qui n’accepte pas la lâcheté proclamée du protagoniste.
Je connais Hélène depuis longtemps, comme
spectateur, et sa puissance scénique contribue
largement à réaliser le dessein de cette création.
Par sa corporalité physique, elle permet de créer
un petit homme, ce que je dis sans injure, dans
un sens tout à fait positif, qui, comme
d’autres petits hommes tels qui s’en
est vu encore récemment en Syrie, se
font prendre dans un engrenage dont
ils perdent complètement la maîtrise.
Polémiste, Céline l’était, et
pas toujours pour les bonnes raisons…
Voilà, les pamphlets antisémites qu’il
a écrits sont inexcusables. Mais l’erreur serait de réduire l’œuvre à
l’homme, et réciproquement. Étrange
anathème qui pèse en particulier sur
lui (j’ai dû me battre pour proposer ce
titre au théâtre bruxellois dans lequel
je collabore), lorsque l’on sait que
Georges Simenon ou Paul Claudel
eux aussi eurent à leur époque des
phrases immondes sur les juifs.
Céline est un inclassable, que l’on ne
cessera pas de redécouvrir.
Voyage au bout de la nuit est un
livre imposant ne serait-ce que par la
quantité, comment en délimiter une
matière à un spectacle ?
Je savais dès le départ que le projet de
base s’inscrivait dans celui du dictionnaire de Ferney-Voltaire qui s’était arrêté
cette fois-là à l’entrée « guerre ». Je ne
prendrais alors que comme cadre la première partie de l’œuvre : les années de
« dépucelage » militaire de Ferdinand
Bardamu au conflit de 14-18. Mais déjà
là il s’agissait de découper parmi le texte
touffu, tracer son chemin au travers de
cette langue. Une adaptation préexistant à la
mienne et couvrant une partie moins large du
texte, je la repris et la modifiai de concert avec
Hélène.
Pourtant, Céline a écrit une pièce,
L’Eglise. Qu’est-ce qui a fait que vous vous
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Propos recueillis par
Anthony Bekirov
Hélène Firla dans «Voyage au bout de la nuit»
criture textuelle est négligeable, voire obsolète.
La verve célinienne démontre à mon sens un
autre point de vue sur la question. Et dans un
deuxième temps, à côté de la révolte esthétique
de Céline, sa révolte humaine contre la boucherie organisée qu’est la guerre. Les temps troublés que nous vivons ne viennent que renforcer
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Jusqu’au 18 octobre : Voyage au bout de la
nuit de Louis-Ferdinand Céline, m.e.s. Philippe Sireuil.
Studio André Steiger, mar-mer-jeu-sam à 19h, ven à 20h,
dim à 17h, relâche lun + dim 4.10. (loc. 022/320.50.01 /
[email protected])
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au galpon, d’octobre à décembre
Galpon : on y danse,
on y joue ...
Le Galpon est décidément un lieu bien singulier. De par sa situation
d'abord, puisque le cadre est inhabituellement bucolique, Genève ayant
ainsi à l'instar des Vaudois, son « théâtre au bord de l'eau ». Mais le
Galpon se singularise également puisqu'au lieu d'imposer comme tant
d'autres un douloureux pensum à l'occasion des présentations de saison –
la norme semblant être 90 minutes, sans mi-temps ! - les responsables
de la programmation font dans la concision, avant d'inviter à danser la
salsa... Un exemple à suivre !
L'invitation à la danse ne dure pas qu'un été
et c'est une saison 2015-2016 très consistante
que les deux co-responsables du Galpon ont pu
présenter : Gabriel Alvarez côté théâtre et
Nathalie Tacchella, côté danse. La première
partie de la saison théâtrale verra le metteur en
Caroline Gasser jouera dans les «Blessures au visage»
© Marc Vanappelghem
présenté : Gertrude (Le Cri) & Le Cas
Blanche-Neige (mise en scène Gabriel Alvarez,
du 27 octobre au 15 novembre).
Le deuxième opus présenté, Blessures au
visage, proposera « dix-huit tableaux sur les
relations que nous entretenons avec notre visa-
perché qui écrivait : Les villes sont un ensemble
de beaucoup de choses : de mémoire, de désirs,
de signes du langage ; les villes sont des lieux
d'échange, comme l'expliquent tous les livres
d'histoire économique, mais ce ne sont pas seulement des échanges de marchandises, ce sont
ge » (mise en scène Pascal Gravat, du 24
novembre au 6 décembre). A noter qu'Howard
Berker sera présent au Galpon les 12 et 13
novembre pour une lecture et une table ronde.
Différentes manifestations incluant des
débats, tables rondes, expositions et formations
sur la thématique « carrefours, imaginaires et
catastrophes » seront proposées en collaboration avec diverses institutions locales. Ainsi, en
partant des « villes invisibles » d'Italo Calvino,
sera abordé « la problématique de l'imaginaire,
la manière dont ces deux éléments interagissent
produisant des catastrophes, mais aussi des
magnifiques créations artistiques ». Cette promenade dans « la ville et son imaginaire » sera
donc placée sous le signe de l'auteur du Baron
des échanges de mots, de désirs, de souvenirs».
Dans cadre de cette thématique, deux
moments à noter : Les Villes invisibles 2 et 3,
d'après Italo Calvino, chorégraphie de Nathalie
Tacchella avec le danseur Fabio Bergamaschi
(le 11 novembre) et une table ronde et exposition photographique du 7 au 9 novembre autour
de « l'empreinte culturelle sur l'urbanisme à
Genève. »
Gabriel Alvarez
scène d'origine colombienne se pencher sur
l'œuvre d'Howard Barker avec un intitulé sans
concession : Théâtre de la catastrophe.
C'est à Anne Bisang que le public du bout
du lac doit d'avoir découvert le dramaturge
anglais né en 1946, avec Tableau d'une exécution joué au Théâtre Saint-Gervais en 1995, puis
La Griffe donné en création française à la
Comédie en 2002. « Dramaturgie radicalement
différente qui interroge le sens de l'humain »,
l'œuvre de Barker se veut engagée et percutante
dans un langage « tragique adapté au monde
d'aujourd'hui ». Donnant une place prépondérante aux personnages féminins, on ne s'étonnera pas de trouver Gertrude, Blanche-Neige et sa
marâtre au centre du premier spectacle qui sera
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Frank Fredenrich
Du 27 octobre au 15 novembre : Gertrude - Le Cri & Le
cas Blanche-Neige de Howard Barker, m.e.s. Gabriel
Alvarez, création. Réservation au 022/321.21.76 au plus
tard 2 heures avant le début du spectacle, ou mail :
[email protected]
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théâtre du crève-cœur
La saison d’après
La nouvelle saison du Crève-Cœur, concoctée par
Aline Gampert pour sa deuxième année se composera
de quatre créations et un accueil, mêlant textes et
spectacles musicaux.
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En ouverture, justement, un spectacle musical Malgré les apparences,
imaginé par Maria Mettral et mis en espace par Christian Gregori. Il ne s’agit pas d’un tour de chant autour d’un disque éponyme, mais bien d’un spectacle mis en scène, qui mêle gestes et mélodies, et qui recrée une ambiance
désordonnée, genre ‘malle de grenier’, métaphore aussi de ces moments où
enfant l’on jouait en toute fantaisie en piochant dans de vieux sacs pour s’amuser des heures avec trois fois rien, sous les toits empoussiérés des maisons familiales. Spectacle éclaté et fantasque créé avec le duo nyonnais
Aliose retraçant de manière décousue les divers moments d’une femme
d’aujourd’hui sous toutes ses apparences trompeuses. La voix douce et fraîche de Maria Mettral que l’on connaissait surtout comme comédienne
depuis bientôt sept lustres se love délicatement dans des mélodies à la fois
tendres et musclées. Joli moment en perspective à déguster pendant quelque
quatre semaines, du 22 septembre au 18 octobre.
Projeté sur un fond orange lors de la conférence de presse de juin dernier, on pouvait lire ou redécouvrir la formule de ralliement qui avait
conduit en 1990 à la constitution d’une «charte des objectifs fondamentaux
du Crève-Cœur», établie par Bénédict Gampert : « Ne pas se scléroser et se
répéter, maintenir un esprit de perpétuelle création comme une donnée de
base vitale et indispensable. » C’est ce principe-là qui a porté Aline
Gampert dans sa programmation 2015-2016.
Revue rapide :
10.11-6.12 Mambo miam miam!, sorte de labyrinthe
musical, verra le Genevois Pascal Chenu chanter
Serge Gainsbourg avant sa période Gainsbarre.
19.1-14.2 C’était hier, pièce de Harold Pinter mise
en scène par Philippe Lüscher, mettra en lumière
‘postmoderne’ ce théâtre des rivalités si typique de
l’auteur britannique.
1.3-27.3 Tchékhov Comédies (deux comédies en un
acte, L’Ours et La demande en mariage), montées
par Benjamin Knobil qui, dit-il, a été séduit par l’écriture du maître russe sachant si bien retranscrire
Maria Mettral © DR
les aléas de l’humanité entière.
19.4-15.5 Figaroh! entrelacera et mixera Mozart et
Beaumarchais dans une création ébouriffée et décapante, marque de
fabrique des deux comédiens Davide Autieri et Leana Durney, accompagnés ici de deux chanteurs et pianistes.
Enfin, du 16 au 18.6, Serge Martin et son école de théâtre, dont le 30e
anniversaire se fêtera aux quatre coins de la Suisse romande sous l'enseigne Plein tube, seront en stopover au Crève-Cœur.
Et au fil de la saison les désormais très courus Apéritifs Crève-Cœur,
moments dialogués conçus cette année par Anne Vaucher et sur lesquels
nous reviendrons en temps utile.
Rosine Schautz
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théâtre du grütli
Une saison
de créations
Imaginez une jeune fille au corps peint de rayures vertes et blanches,
parée de bijoux tribaux et trouée de piercings, fixant le monde de son
regard bleu, en tenant dans ses bras un gros lézard noir. Telle est l'affiche
de la nouvelle saison du Théâtre du Grütli, élaborée par le graphiste
et dessinateur Cédric Marendaz, dans le style « BD héroic fantasy ».
Étonnante, intrigante, de quoi susciter la curiosité !
Pour sa 4e saison à la tête du Théâtre du
Grütli, Frédéric Polier a fait fort avec 14 spectacles pour la plupart des créations dont 6 « maison » et de nombreuses coproductions, sans
compter les accueils dans le cadre de La BâtieFestival, les incontournables « Midi Théâtre » et
un concert.
Viennent ensuite les créations maison aux
problématiques bien contemporaines dont
Palavie, entendre « Pas-la-vie » de Valérie
Poirier, un texte sur l'exil et la maternité, retraçant le parcours de « Pas-Jean-Paul » à travers
un espace temps tout à fait subjectif.
Dans La Route du Levant, Dominique
Ziegler se fera auteur et metteur en scène pour
«Le voyage d’Alice en Suisse»
Dès septembre, la saison théâtrale a commencé paradoxalement en musique avec Le
Ruisseau noir, un opéra en trois actes inspiré de
l'œuvre et la vie fulgurante de la voyageuse
Annemarie Schwarzenbach. Suivront, en octobre deux spectacles coproduits : Le Voyage
d'Alice en Suisse de Lucas Bärfuss, qui est une
invitation au voyage entre la vie et la mort, le
rêve et la réalité tandis que Janine Rhapsodie
de Julien Mages, est une variation libre et fantaisiste du Misanthrope de Molière, le combat
perdu d'avance de la pensée Vraie contre la
simulation.
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ensuite son compère Valentin Rossier avec
lequel il fonda l'Helvetic Shakespeare Cie, qui
s'installera avec deux pièces en un acte de
Nathalie Sarraute, Le Mensonge et Le Silence.
Puis la chorégraphe Zoé Reverdin mettra
en scène Les Reines du Canadien Normand
Chaurette, lequel imagine six épouses royales
rêvant de puissance et de pouvoir mais qui finiront par se brûler les ailes. La saison se clôturera avec Présentation de saison que mettront en
scène le maître des lieux et son « adjoint »
Lionel Chiuch, l'auteur du texte, un titre énigmatique pour une comédie absurde sur notre
impuissance à changer le monde.
Il y aura aussi la reprise du Baiser et la
morsure et la création du Théâtre sauvage,
conçus par Guillaume Béguin. Tandis que
Ludovic Chazaud présentera Imaginer les
lézards heureux d'après l'œuvre de Stig
Dagerman. Kylie Walters et Christian Ubl interprèteront quant à eux, AU, un spectacle poétique et inédit.
Suivra l'accueil de Douze hommes en colère de R. Rose dans une mise en scène de Julien
Schmutz.
«Janine Rhapsodie» © Sylvain Chabloz
aborder le sujet très actuel d'un jeune homme
prêt à partir pour le djihad. Face à lui un vieux
flic aguerri... Naîtra de cette rencontre un duel
rhétorique jusqu'au rebondissement ultime.
Enfin six créations romandes seront à croquer à l'heure du déjeuner accompagnées d'un
plat du jour concocté pour l'occasion, dans le
cadre des « Midi, Théâtre »
Après cette intrigue haletante, changement
radical d'ambiance avec Le Conte d'hiver de
Shakespeare, tragédie complexe sur la jalousie
qui s'achève en comédie déjantée. Rien de tel
pour que Frédéric Polier, familier de cet auteur,
lâche les rênes de la maison pour s'emparer de
cette fable féerique qui marquera de sa fantaisie
le mitan de la programmation. Lui succèdera
Kathereen Abhervé
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Renseignements : Théâtre du Grütli – www.grutli.ch –
Tél +41 22 888 44 84
Du 6 au 18 octobre : Le Voyage d’Alice en Suisse de Lukas
Bärfuss, m.e.s. Gian Manuel Rau.
Du 27 octobre au 8 novembre : Janine Rhapsodie de et
m.e.s. Julien Mages.
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théâtre de carouge
ne fait d'abord sur eux qu'une impression
imperceptible; ils se plaisent froidement à le
voir, ne le sentent presque pas absent, et peutêtre point du tout, quand il l'est; ils se passeraient de le retrouver, le retrouvent pourtant
avec plaisir; mais avec un plaisir tranquille.
Ensuite ils pourront le chercher mais sans
savoir qu'ils le cherchent : le désir qu'ils ont de
la revoir est si caché, si loin d'eux, si reculé de
leur propre connaissance, qu'il les mène sans se
montrer à eux, sans qu'ils s'en doutent. A la fin
pourtant, ce désir se montre, il parle en eux, il
Marivaux
par lui-même
L'homme de théâtre se considérait volontiers comme un philosophe.
Voici quelques-unes de ses réflexions sur l'amour, l'inconstance, les
femmes et l'effronterie du cœur.
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Auteur dramatique dont les pièces sont
généralement jouées avec grand succès, Pierre
Carlet, dit Marivaux, est également romancier
et, ce que l'on sait moins, journaliste. Sa plume
intarissable s'attache aux sujets les plus divers.
Il divertit les lecteurs par ses propos souvent
déconcertants dans le Mercure ou dans des
feuilles périodiques telles que le Spectateur
français, l'Indigent philosophe (sic) ou le
Cabinet du philosophe.
Ces titres indiquent bien que Marivaux se
considère avant tout comme un philosophe.
„Philosophe pour qui il n'y a ni petit ni grand
homme. Il y a seulement des hommes qui ont de
grandes qualités mêlées de défauts; d'autres qui
ont de grands défauts mêlés de quelques qualités“.
Cet observateur du genre humain a néanmoins un sujet de prédilection : l'étude de „l'autre“ sexe :
- Il y a l'espèce des femmes tendres; ce sont celles dont le cœur embrasse la profession du bel
amour; leur esprit fourmille d'idées délicates;
elles aiment en un mot plus par métier que par
passion. Un amant infidèle met leur talent au
jour; sans lui on nesaurait pas qu'elles ont mille
Marivaux
a
grâces attendrissantes dans une affliction de tendresse. Il y a l'espèce des
femmes coquettes, celles-là font l'amour indistinctement; ce sont des femmes à promenades, à rendez-vous
imprudents; ce sont des furieuses d'éclat; elles ne languissent point, elles
aiment hardiment, se plaignent de
même. Il y a les femmes prudes, ce sont
celles qui s'entêtent, non de l'amour de
l'ordre, mais de l'estime qu'on fait de
ceux qui sont dans l'ordre. Elles sont
ordinairement âgées; cabale d'autant
plus dangereuse qu'elle est, du côté des
plaisirs, dans une oisiveté dont elles
enragent. La femme de qualité a tous
les défauts de la bourgeoise; mais, pour
ainsi dire, tirés au clair par l'éducation
et l'usage. Elle possède un goût de hardiesse si heureux qu'elle jouit du bénéfice de l'effronterie sans être effrontée.
Peut-être ne doit-elle cet avantage qu'à
la nature de l'esprit fes hommes, faciles
à donner des droits plus amples à qui
les étonne par de plus fortes impressions.
Nicolas Rossier
Bien entendu, plus que tout autre sujet,
c'est l'amour qui retient son attention :
- Je me suis toujours défié en amour des passions qui commencent par être extrêmes; c'est
mauvais signe pour leur durée. Les cœurs
ardents et sensibles ne cessent bientôt d'aimer
que parce qu'ils se hâtent trop et d'aimer et de
sentir qu'ils aiment. Ils ne se donnent pas le
temps de faire un fonds, ils dissipent presque
tout leur amour à mesure qu'il vient; et comme
il ne leur en vient pas toujours, non plus qu'à
personne, il s'ensuit que bientôt, ils n'en trouvent plus.
Les gens faits pour être constants, destinés à
cela par leur caractère, sont difficiles à émouvoir. Vient-il un objet qu'ils aimeront ? Ils le distingueront longuement avant que de l'aimer : il
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le sentent, et n'en vont guère plus vite; mais ils
vont et savent qu'ils vont et c'est beaucoup. Ce
sont des cœurs bons ménagers, pour ainsi dire,
qui ne dépensent leur amour qu'avaec économie, qui en amassent de jour en jour, et qui en
ont toujours beaucoup au-delà de ce qu'ils en
montrent.
Inconstance ou constance ? L'art du marivaudage n'est sans doute rien d'autre que cette
question, sans cesse posée dans les comédies :
- En fait d'amour, ce sont des âmes d'enfants
que les âmes inconstantes. Aussi n'y a-t-il rien
de plus amusant, de plus aimable, de plus
agréablement vif et étourdi que leur tendresse.
Et ce sont des âmes trop sérieuses à cet égardlà, que les âmes constantes: elles n'entendent
pas assez raillerie là-dessus. J'aimerais mieux
l'enfance des autres; elle sied encore mieux à
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Création
Geneviève Pasquier et Nicolas Rossier, à la
tête du Théâtre des Osses, se lancent dans la
création des Acteurs de bonne foi de Marivaux,
une petite pièce en un acte, écrite sur le tard, qui
résume à elle seule tous les thèmes chers à l’auteur : l’amour, les jeux de pouvoir, les classes
sociales, la réalité et la fiction. Et comme le
voulait déjà la tradition au XVIIIe siècle, le
spectacle sera agrémenté de divertissements,
entre musique originale et numéros de cirque.
L’histoire
Genevieve Pasquier © Secrest photography LA
l'amour. Aussi les amants constants ne sont-ils
pas les plus aimés. Leur constance leur donne
quelque chose de grave et d'arrangé, qui glace
l'amour, qui n'est plus dans son esprit, et qui ne
s'ajuste point à son humeur folâtre.
Mais que faut-il alors entendre par amour ?
- Allez dire à une femme que vous trouvez aimable et pour qui vous sentez de l'amour
„Madame, je vous désire beaucoup, vous me
feriez grand plaisir de m'accorder vos faveurs“,
vous l'insulteriez : elle vous appellera brutal.
Maius dites-lui tendrement: “Je vous aime
madame, vous avez mille charmes à mes yeux“.
Elle vous écoute, vous la réjouissez, vous tenez
le discours d'un homme galant. C'est pourtant
la même chose; c'est précisément lui faire le
même compliment : il n'y a que le tour de changé; et elle le sait bien; qui pis est. Non, me
répondrez-vous, elle ne le sait pas , elle ne l'entend pas ainsi. Et moi je vous dit qu'elle ne saurait l'entendre autrement et que je défie de s'y
tromper. Je le répète encore : toute femme
entend qu'on la désire, quand on lui dit : “Je
vous aime“ et ne vous sait bon gré du Je vous
aime qu'à cause qu'il signifie : Je vous désire. Il
le signifie poliment, j'en conviens. Toutes ces
traductions-là n'épargnent que les oreilles
d'une femme, son âme n'en est pas la dupe.
Juste ciel ! Quels sont donc les desseins de la
Providence dans le partage mystérieux qu'elle
fait des richesses ? Pourquoi les prodigue-t-elle
à des hommes sans sentiments, nés durs et impitoyables, pendant qu'elle en est avare pour les
hommes généreux et compatissants et qu'à
peine leur a-t-elle accordé le nécessaire ? Que
peuvent, après cela, devenir les malheureux qui
par là, n'ont de ressource ni dans la'bondance
des uns ni dans la compassion des autres ?
Depuis lâge de vingt-cinq ans, l'auteur „n'a
pas passé un jour sans écrire quelque réflexion“
- Cependant pourquoi les ai-je écrites ? Est-ce
pour moi seul ? Mais écrit-on pour soi ? J'ai de
la peine à la croire. Je vous la'i dit, je me moque
des règles, et il n'y a pas grand mal. Pour moi,
ma plume obéit aux fantaisies de mon esprit, et
je serai bien fâché que ce fût autrement : car je
veux qu'on trouve de tout dans mon livre, je
veux que les gens sérieux, les gais, les tristes,
quelquefois les fous, enfin que tout le monde me
cite, et vous verrez qu'on me citera, Aussi je ne
vous promets rien, je ne jure de rien; et si je
vous ennuie, je ne vous ai pas dit que cela n'arriverait pas; si je vous amuse, je n'y suis pas
obligé, je ne vous dois rien; ainsi le plaisir que
je vous donne est un présent que je vous fais; et
si par hasard je vous instruis, je suis un homme
magnifique, et vous voilà comblé de mes grâces.
Les préoccupations de l'auteur sont nombreuses et il est loin d'être indifférent aux problèmes de son temps
- Qu'il est triste de voir souffrir quelqu'un
quand on n'est point en état de le secourir, et
que l'on a reçu de la nature une âme sensible
qui pénètre toute l'affliction des malheureux.
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Sous la baguette du valet Merlin, deux couples d’amoureux préparent une pièce de théâtre
commandée par la richissime Madame Hamelin
pour le mariage de son neveu. Les acteurs se
préparent, la fête promet d’être belle. Mais le
spectacle qui devait parler d’amour tourne court
car le canevas imaginé par Merlin se plaît à
intervertir les couples officiels. Finalement, qui
est sincère et qui joue ? Et pour bien jouer l’amour, doit-on vraiment être amoureux ?
Il s’agit ici d’une coproduction entre le
Centre dramatique fribourgeois - Théâtre des
Osses et le Théâtre de Carouge - Atelier de
Genève.
Jusqu’au 1er novembre : Les acteurs de bonne foi de
Marivaux, m.e.s. Geneviève Pasquier et Nicolas Rossier.
Théâtre de Carouge, salle Gérard-Carrat, mar-mer-jeu
et sam à 19h, ven à 20h, dim à 17
Billetterie : 022/343.43.43 - [email protected]
En tournée
- Du 22 septembre au 1er novembre au Théâtre
de Carouge – Atelier de Genève
- Du 5 au 8 novembre au Théâtre de La Grange
de Dorigny, Lausanne
- Le 11 novembre au Kurtheater, Baden
- Les 14, 15, 21, 22, 27, 28, 29 novembre, 4, 6
et 8 décembre au Théâtre des Osses
- Le 18 novembre au StadtTheater, Schaffhouse
- Le 24 novembre au Théâtre de Winterthur
- Le 12 décembre au BICUBIC, Romont
Propos ‘recueillis’ par
Frank Fredenrich
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théâtre de vidy-lausnne
folk avec des arrangements classiques et des
textures plus expérimentales. J’ai eu envie d’explorer des pistes qui me semblaient plus personnelles et cela m’a paru naturel d’utiliser mon
propre nom.
Olivia Pedroli
Le 5 novembre à Vidy, Olivia Pedroli projette d’opérer un croisement
entre son quatrième album, A Thin Line et un montage muséal intitulé
Préludes pour un loup. Une manière de pousser jusqu’au bout les
recherches musicales entreprises récemment autour du rapport
à l’animalité et de certaines dualités.
« L’univers de dualité est un endroit où rien
n’est clair, mais tout est sûr. » Olivia Pedroli
Vous proposez en création unique à
Vidy un spectacle intitulé Uncertain clarity.
Quel est ce projet ?
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L’origine de ce projet remonte à ma rencontre
avec Vincent Baudriller, directeur du théâtre de
Vidy, lors d’une performance avec Antoinette
Rychner. De mon côté, j’avais envie de réunir
deux travaux frères : A Thin Line, mon dernier
album et Préludes pour un
loup, une installation audiovisuelle utilisant des vidéos
d’archives scientifiques et
mise en place au Musée
d’Histoire Naturelle de
Neuchâtel. Ce travail de
Préludes pour un loup est, à
mon sens, la suite du travail
réalisé sur Thin Line.
La forme du projet qui sera
présenté à Vidy n’est pas
complètement définie, j’y
travaille encore. Et je n’ai
pas forcément envie d’en
dire plus afin de permettre
aux spectateurs d’entrer
dans l’univers du spectacle
au moment de la représentation.
Le titre Uncertain clarity renvoie à l’idée de dualité qui résume assez joliment
votre travail.
L’idée d’oppositions, de dualité à explorer en
musique m’intéresse. L’image du loup par
exemple est révélatrice d’ombre et de lumière,
de tension, de fracture dans la société. L’univers
de dualité est un endroit où rien n’est clair, mais
tout est sûr. On est balancé d’un côté à l’autre
mais avec une forme de confiance qui nous
évite de nous perdre. Cette « clarté incertaine »
est une évocation qui reflète l’esprit dans lequel
j’ai travaillé pour A Thin Line et Préludes pour
un loup.
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Vous jouez à Vidy avec quatre autres
musiciens. Peut-on parler d’un groupe ?
Jouer un seul soir, est-ce un défi ?
L’idée du « one shot » me plaît bien. Nous
avons trois jours pour répéter, trouver nos
marques, tester des choses et on joue. La prise
de risque d’une telle représentation est stimulante. Les gens sont là pour une expérience
unique. C’est une occasion que l’on vit pleinement. Il n’y pas d’habitude prise.
C’est aussi une manière de marquer la fin de ces
quatre dernières années de travail autour des
deux albums enregistrés en Islande. J’aimerais
J’écris les musiques et les arrangements. Nous
ne sommes donc pas un groupe à part entière.
En revanche, je tiens énormément au fait que
chacun puisse apporter sa contribution au projet, mettre son univers au service de la musique.
Je choisis les musiciens avec lesquels je collabore. J’ai besoin de travailler avec des gens qui
ont une identité particulière et souvent une carrière solo. Dans ce sens là, il y a effectivement
une volonté d’être dans une forme de collectif.
On sent que votre voix est très travaillée. Est-elle plus importante que les
instruments ?
Je ne place pas la voix devant,
au contraire j’aime qu’elle soit
mixée comme quelque chose
d’englobant où elle fait partie de
l’orchestre. J’étais violoniste.
Au moment où j’ai posé le violon, j’ai opéré un transfert entre
le violon et la voix. Si on me
demande aujourd’hui quel est
mon instrument principal, je
réponds la voix. Pour moi il est
important qu’elle soit un vecteur d’émotions. Pour le dernier
album, sur chaque morceau, j’ai
noté l’émotion sur laquelle j’avais envie de travailler et de
quel endroit du corps elle partait.
Olivia Pedroli
approfondir à l’avenir une forme de collaborations interdisciplinaires entre le monde du cinéma, du théâtre et de la vidéo. Cette création est
en quelque sorte une forme de rite de passage
pour la suite.
Jusqu’en 2010 vous vous produisiez
sous le nom de Lole. Pourquoi ce changement ?
Je ne pouvais pas lutter contre. Je me sentais un
peu à l’étroit avec le style de musique que j’avais établi avec le projet Lole et que, par
ailleurs, je ne regrette absolument pas. J’ai
appris énormément de cette expérience. Mais au
bout d’un moment, il y a eu un changement de
cap assez radical, une idée de garder une forme
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De toute évidence, le rapport au
corps, à l’animalité vous intéresse.
Je m’intéresse à ce qui est de l’ordre de l’organique, de la nature. Je me pose des questions sur
notre humanité et notre animalité. Je ne me définis pas comme une artiste militante, mais je ne
suis pas aveugle à ce qui se passe autour de moi.
J’essaie plutôt d’être poétiquement engagée.
Propos recueillis par
Nancy Bruchez
Uncertain clarity, Théâtre de Vidy, 5 novembre 2015
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le poche / gve
dent obliger leur fils à se construire une identité
forte, alors que lui, Janne, finira par se dissoudre
et se perdre. Ce qui est donc passionnant avec
Rebekka Kricheldorf est qu’elle arrive après
Beckett, après la fin des utopies et les illusions
perdues d’une génération, après le théâtre du désespoir et qu’elle veut briser cette continuité nihiliste, en affirmant que l’on sait tout cela, mais
que l’on est encore vivant, que l’on doit vivre
avec ça et aller de l’avant. C’est une proposition
qui me séduit et m’intéresse, étant donné que
nous sommes sans doute juste une génération
transitionnelle, comme l’était celle des Trois
sœurs de Tchékhov auxquelles la pièce fait clairement référence. Les personnages de Tchékhov
pressentent qu’ils vivent la fin d’un monde et
qu’un monde nouveau arrive, mais ils ne savent
pas encore lequel ! Kricheldorf pense donc que
nous sommes aujourd’hui au même endroit, mais
que nous n’avons pas le droit de de nous complaire dans une forme de pessimisme, que nous
devons rester debout et en mouvement. Et tout
cela est dit avec beaucoup d’humour, un humour
très conscient et salutaire.
Sloop 1 by Béguin
Jusqu’au 18 octobre prochain, le Poche ouvre sa nouvelle saison avec la
découverte d’une auteure allemande méconnue, Rebekka Kricheldorf et
deux pièces décisives de son théâtre qui revisite la comédie dramatique
avec une pertinence et une verve réjouissantes.
Vous êtes metteur en scène, comédien
et enseignant. Ces différentes activités sontelles toujours à l’équilibre ?
Guillaume Béguin : Aujourd’hui, je suis d’abord
metteur en scène, comédien à l’occasion, mais
aussi très impliqué au niveau de la formation et de
l’enseignement. J’ai monté beaucoup d’auteurs
contemporains et j’ai donc immédiatement adhéré
au projet de Mathieu Bertholet. Pour autant, c’est
la première fois que je monte une comédie.
Dites-nous en quoi vous êtes séduit
par la démarche du nouveau directeur du
Poche qui aura pour vocation de révéler des
textes et des auteurs contemporains au
public genevois.
Ce qui me plaît dans le projet de Mathieu
Bertholet c’est à la fois la contrainte de concepts
dramaturgiques nommés « sloop » et « cargo », et
la très stimulante inventivité dont il faut faire
preuve pour le metteur en scène. Avec ce premier
sloop composé de deux pièces, je dois donc
inventer une nouvelle façon de travailler sur les
textes d’une même auteure avec une même troupe de comédiens. Chaque pièce durera environ
deux heures et demie et nous avons un temps de
répétitions limité qui met les acteurs dans un état
à la fois fébrile et très stimulant. Le format du
sloop nous demande faire des choix rapides, d’être beaucoup plus intuitif que d’habitude. On n’a
pas le temps de revenir à la table pour relire le
texte ; on est véritablement dans l’immédiateté,
ce qui rend le travail passionnant. Lorsqu’on a
commencé à répéter ces deux textes en parallèle,
on s’est très vite rendu compte que la langage
n’avait pas la même fonction dans l’un et l’autre.
Dans Villa Dolorosa, la langue sert à construire
une identité, une personnalité, mais en vain, alors
que dans Extase et quotidien, la langue est constitutive de chacun des personnages en devenir, de
façon plus concrète. Par conséquent, cette contradiction entre les deux pièces m’a demandé deux
approches distinctes pour la mise en scène et la
direction d’acteurs. Même si les deux textes se
nourrissent également l’un l’autre et créent entre
eux des décalages, à distance, que le spectateur
ressentira forcément.
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Guillaume Béguin © Anthony Anciaux
On imagine donc que ce type de travail requiert des qualités particulières chez
les comédiens. Quelles sont-elles ?
Les comédiens perçoivent très vite la dimension
passionnante et à la fois un peu schizophrénique
de ce travail sur plusieurs personnages distribués
dans deux pièces différentes. Ils peuvent en être
un peu effrayés dans un premier temps, mais l’urgence et l’effervescence dans lesquelles ce dispositif nous oblige à travailler créent une excitation
et un intérêt supplémentaire inattendus. Sachant
qu’un comédien répète habituellement deux mois
pour une pièce d’une heure et demie, alors que
dans notre cas, nous avions cinq semaines à
disposition pour un durée totale de cinq heures de
théâtre ! Par ailleurs, le théâtre de Kricheldorf
exige que le comédien reste léger et conscient de
l’endroit où il doit être. Il doit avoir digérer tous
les éléments constitutifs du monde de l’auteure et
éviter d’être trop superficiel ou trop pesant dans
son jeu, afin de se maintenir à la bonne altitude.
Revenons-en à la thématique commune de ces deux pièces de Kricheldorf qui
montrent en quoi la langue peut être constitutive de l’identité d’un personnage. C’est
une question qui vous préocupe depuis un
certain temps déjà ?
En effet, c’est aussi la raison pour laquelle mon
choix s’est tourné vers ces deux textes, et en particulier vers Extase et quotidien où chacun des
personnages est à la recherche de la construction
de son moi. Une histoire de parents qui préten-
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Précisément, de quel comique s’agit-il
dans le théâtre de Rebekka Kricheldorf ?
Il n’est pas exactement du même ordre dans les
deux pièces. Dans Villa Dolorosa, on est en présence d’un rire du dérisoire, avec des figures féminines conscientes de leurs ridicules, mais qui
jouent leur rôle jusqu’au bout. Avec ce décalage
comique créé par des mondes qui ne se comprennent pas et par ce jeu de la répétition des anniversaires ratés qui fait mouche à chaque fois, l’auteure nous renvoie à nos habitudes bourgeoises de
certaines fêtes ritualisées. Pour Extase et quotidien, elle joue avec la tradition du théâtre de boulevard de façon très différente, toujours avec un art
savant du décalage et du ridicule assumé, et au
cœur d’un conflit de générations très stimulant.
Quels ont été vos partis pris scénographiques pour ce premier sloop ?
Ce sont des pièces de salon que je ne souhaite
pas entraîner dans une autre époque ou un autre
paysage. Je les prends comme telles, avec un
décor qui va à l’essentiel et qui permette la
meilleure circulation possible des acteurs. Car il
s’agit aussi évidemment d’un théâtre d’acteurs
qui doivent évoluer dans un espace qui les révèle, en cherchant la situation la plus juste. Mon
travail consiste à montrer dans la première pièce
un monde clôt qui se regarde encore, alors que
dans la seconde il s’agit d’un monde déjà éclaté
d’individus qui acceptent de s’y perdre pour
tenter de se retrouver eux-mêmes.
Propos recueillis par Jérôme Zanetta
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scènes lausannoises
Entente cordiale
Blandel fera se croiser dans Touch Down (du 10
au 16 décembre) le rite païen de la vierge sacrifiée aux dieux par la danse et celui, populaire,
de la cheerleader, condamnée à entretenir les
foules.
L'union fait la force ! Tel semble être le message transmis par quatre
scènes lausannoises, lesquelles ont présenté conjointement leur
programmation pour la saison 2015-2016. Mais cette démarche n'a pas
uniquement pour but de faire connaître les nombreuses productions à
l'affiche de l'Arsenic, du Théâtre 2.21, de la Grange de Dorigny et du CPO
d'Ouchy puisque l'intention des organisateurs est également de proposer
des offres intéressantes sur le plan de la tarification au public désireux
de passer d'une scène à l'autre.
À La Grange de Dorigny enfin, une grille
en hommage aux grands classiques. Marivaux,
dont la comédie méta-théâtrale en un acte Les
acteurs de bonne foi sera adaptée par
Geneviève Pasquier et Nicolas Rossier du 5 au
8 novembre. Racine et sa Thébaïde au thème
hautement antique des « frères ennemis » que
Adoubé aussi bien par les autorités de la
Ville de Lausanne que par celles du Canton de
Vaud, ce projet original démontre un dynamisme certain de la part de structures ouvertes à la
création locale, tant pour le théâtre que la danse
avec un souci évident de complémentarité qui
ne peut que bénéficier aux nombreux acteurs de
la scène romande.
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C’est une programmation pour le moins
musicale qui attend les habitués du 2.21 ces prochains mois. Du vaudevillesque d’abord en
octobre, puisque Benjamin Knobil et Lee
Maddeford présenteront du 13 au 18 Love on
the (Mega) Byte, Opérette numérique, œuvre
lyrico-digitale contant (ou codant) les combi-
naisons amoureuses possibles entre deux
hommes, deux femmes et un super-ordinateur, sur fond de complot apocalyptique financier. Moins bariolé, Julien
Mages récitera sur accompagnement
musical son poème auto-référentiel pertinemment nommé Narcisse 21ème siècle et Monica Budde & Delphine Horst
liront deux textes de l’auteure lausannoise Joëlle Stagoll, L’huître et Slams, lors
des soirées du 20 au 21 novembre. Du
26 au 28, le compostieur Christophe
Fellay, qui dirigera l’ensemble londonien Notes Inégales, viendra quant à lui,
présenter en hommage au contrebassiste
Popol Lavanchy une nouvelle série de
pièces oscillant entre
les courants du 20ème
siècle et les expérimentations texturales de
l’art sonore contemporain.
A l’Arsenic : «Morphoses» © Jean-Sébastien Monzani
Au Théâtre 2.21 : «Love on the (Mega) Byte, Opérette numérique»
© Julie Casolo & Atelier Obscur
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Des cordes qui
vibrent du 2.21, l’on passe aux
muscles bandés de l’Arsenic.
Le choc des corps trouvera un
bel écho par Bataille (du 4 au 8
novembre) des chorégraphes
suisses Delgado Fuchs et des
plasticiens français Clédat &
Petitpierre qui adapteront
librement le chef-d’œuvre
d’Ucello La bataille de San
Romano. Du 19 au 22 novembre, Corinne Rochet et Nicholas
Pettit proposent eux une phénoménologie dansée entre
interactions mondaines et
réflexions sociales avec
Morphoses, alors que Maud
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présentera du 12 au 15 du même mois Cédric
Dorier. Et Virgile, dont Sandra Amodio fera
Une énéide réappropriée pour mieux saisir le
drame humain des migrants échoués sur les
côtes de Lampedusa : à découvrir du 3 au 5
décembre.
Anthony Bekirov
Théâtre 2.21 (billetterie en ligne :
www.theatre221.ch/abos-billets/reservations)
L’Arsenic (réservation en ligne)
La Grange de Dorigny (rés. 021/692.21.24 + en ligne
sur la page du spectacle)
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Agenda genevois
L’automne sera résolument français au Grand Théâtre de Genève grâce,
d’une part, à une nouvelle production de La Belle Hélène d’Offenbach.
Frank Peter Zimmermann © Franz Hamm
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Power et le pianiste Simon Crawford-Phillips
avec un programme Mozart, Borisovsky,
Maratka, Schumann et Bruch.
L’Orchestre de Chambre de Genève ouvre
sa saison le 6 octobre au Bâtiment des Forces
Motrices avec une soirée « Romance lyrique »
grâce à la baguette d’Arie van Beek, à la présence de l’Ensemble vocal de Lausanne, de la
mezzo-soprano Eve-Maud Hubeaux, et à un programme promettant des partitions de J. Strauss,
Wagner, Ubaldini et Schubert. Après avoir présenté le Roi Arthur lors de concerts en famille les
24 et 25, et avoir accompli son Grand Marathon
le 27 octobre, le Geneva Camerata donnera pour
sa part carte blanche à Jean-Guihen Queyras le
31 octobre au BFM également ; dirigé par David
Greilsammer, des œuvres de Haydn à Berg en
passant par Gerschwin sont au programme.
Le Philharmonia Orchestra London sera de
passage au Victoria Hall le 29 octobre, dirigé par
Esa-Pekka Salonen. Il accompagnera la violoniste Arabella Steinbacher dans le Concerto pour
en octobre
Marc Barrard (Agamemnon), Raúl Giménez
(Ménélas), Florian Caferio (Pâris) et Véronique
Gens (Hélène) seront accompagnés par
l’Orchestre de Chambre de Genève, dirigé par
Gérard Daguerre ; Robert Sandoz se chargera de
la mise en scène. D’autre part, on pourra découvrir Les Troyens à Carthage, opéra en cinq actes
et deux parties de Berlioz, en version concert : La
Prise de Troie sera exécutée les 15 et 19, tandis
que Les Troyens à Cartage seront chantés les 17
et 22 octobre, toujours à la Place Neuve. Charles
Dutoit dirigera alors le Royal Philharmonic
Orchestra et Sergey Semishkur (Enée) ainsi que
Clémentine Margaine (Didon). Enfin, les 31
octobre et 1er novembre, le Jingju Theater
Company of Beijing Ensemble fera découvrir
l’Opéra de Pékin dans la cité de Calvin, genre
théâtro-musical né au 18e siècle dans la cité
impériale et combinant le chant, la musique, le
théâtre et les arts martiaux.
L’Orchestre de la Suisse Romande retrouvera son chef Kazuki Yamada au Victoria Hall le 2
octobre : il accompagnera le violoniste Frank
Peter Zimmermann. Au programme : la 2e
valse de concert de Glazounov, le Concerto pour
violon et orchestre No 2 de Chostakovitch et la
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Symphonie No 5 de Tchaïkovski. Le 7 octobre,
Cornelius Meister dirigera Alexander
Gavrylyuk au piano qui interprétera le Concerto
pour piano de Schumann ; la Symphonie No 7 de
Bruckner sera jouée en deuxième partie. Le 23,
ce sera au tour de Jakub Hrusa de prendre la
direction de l’OSR pour exéctuer Ma Patrie de
Svetlana, Les Paraboles de Martinu et le
Concerto pour hautbois de Mozart, avec Alexei
Ogrintchouk comme soliste. Enfin, le 28 octobre,
Charles Dutoit se rendra également au Victoria
Hall pour une soirée
Ravel. Grâce à la collaboration du Chœur
du Grand Théâtre, des
ténors
François
Piolino et Julien Behr
et du baryton David
Wilson-Johnson, l’on
pourra
entendre
L’Heure espagnole,
comédie musicale en
un acte, 1907 et
L’Enfant et les sortilèges, fantaisie lyrique,
Arabella Steinbacher © Peter Rigaud
1919-1925.
A noter également, le 4 violon de Brahms. Des œuvres du compositeur
octobre au Victoria Hall, la suisse Richard Dubugnon ouvriront la soirée, qui
venue du Sinfonietta Hong s’achèvera par la Symphonie No 5 de Sibelius.
Kong dirigé par Yip Wing-sie,
Enfin, les amateurs de musique de chambre
avec le clarinettiste Paul Meyer; ne manqueront la venue au Conservatoire de
invités par les Concerts du Genève ni du Quatuor Fauré le 15 octobre (œudimanche de la Ville, ils inter- vres de Mozart, Fauré et Brahms) ni celle du
préteront Clear Light de Joyce Quatuor Prazák le 30 (œuvres de Mozart,
Tan Wai-chung, le Concerto Chostakovitch et Dvořák).
pour clarinette en la majeur K.
Signalons encore que sera célébré, le 15
622 de Mozart, pour terminer octobre au BFM, le 15e anniversaire des Jeudis
par la Symphonie n° 3 en la du Piano, enprésence de la Camerata du Léman
mineur op. 56 «Ecossaise» de et de nombreux pianistes lauréats de ces 15
Mendelssohn.
années d’existence. En présence également de la
Dans la série Temps & pianiste Anne Queffélec, marraine de la manifesMusique, le Conservatoire de la tation.
Martina Díaz
place Neuve accueille, le 5
octobre,le clarinettiste Chen
Halevi, l’altiste Lawrence
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sage humaniste de Beethoven dans Fidelio tout
en trouvant parfaitement absurde l'intrigue de son
opéra...
au victoria hall
Esa-Pekka Salonen
La nécessité de créer du neuf
Esa Pekka Salonen est à la fois compositeur et chef d'orchestre; bien que
la carrière du musicien finlandais sur le podium l'ait rendu beaucoup plus
célèbre que l'interprétation de ses partitions, celui-ci n'en reste pas moins
fermement décidé à consacrer au maximum cinquante pour cent de son
temps à la direction d'orchestre, le reste étant dédié à la composition
et à sa vie de famille.
30
Ce dernier aspect de sa vie n'est toutefois
pas censé intéresser les journalistes. Lorsqu'il
accorde une interview, c'est d'abord pour parler
de la musique, de son rôle dans la société actuelle ou de son évolution dans un monde en constante mutation...
Bien qu'il n'ait jamais achevé ses études de
composition, Esa Pekka Salonen n'a jamais douté
de la nécessité, pour lui, de construire sa vie pour
et autour de la musique. Sa première apparition à
la tête du Philharmonia de Londres, où il remplaçait au pied levé Michael Tilson Thomas dans
l'interprétation d'une symphonie de Mahler, l'a
immédiatement propulsé vers les sommets de la
hiérarchie tacite sur laquelle se construisent les
réputations des artistes internationaux. Après
dix-sept ans passés à la tête du Los Angeles
Philharmonic Orchestra, un ensemble dont il a
élargi le répertoire tout en augmentant sensiblement son impact auprès du public au point d'augmenter le taux de fréquentation des auditeurs
fidèles à ses concerts, il a cédé à l'offre que lui
Esa-Pekka Salonen © Karen Robinson
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faisait l'Orchestre Philharmonia de Londres en
prenant en 2007 la direction musicale de l'orchestre après avoir été pendant quelques années principal chef invité.
Interrogé sur la place qu'occupe la direction
d'orchestre dans sa vie de compositeur, M.
Salonen insiste sur son rôle de “passeur“. La
musique ne s'impose pas de soi aux autres, il faut
leur faciliter la tâche. Il se souvient d'une expérience qui l'a marqué lorsqu'il a eu la chance d'assister à Munich à une représentation du
Chevalier à la Rose dirigé par Carlos Kleiber, dans la mise en scène d'Otto Schenk que le public
genevois a pu admirer il y a quelques années sur
la scène du Grand Théâtre. Juste avant le tomber
du rideau final, alors que l'on croit l'ouvrage
achevé parce que tout le monde a quitté la scène,
un petit serviteur maure revient subrepticement
chercher le mouchoir de la jeune promise au
mariage et quitte ensuite la scène à toute allure en
brandissant son trophée alors que le plateau s'obscurcit. C'est un peu là, aux yeux de M. Salonen,
le rôle de la musique : faire un signe au public
avant de le laisser seul face à lui-même lorsque la
dernière note a retenti. Car même si, dans l'instant, l'impression produite par la pièce interprétée
ne semble pas impérissable, elle se grave dans
l'esprit et continue à y faire un chemin qui ouvrira peut-être un jour des horizons insoupçonnés
où aucun de nous n'aurait pu imaginer accéder
par le seul effet de sa volonté.
A un critique qui lui demandait de préciser
sa pensée, le chef répondait simplement que la
musique a le pouvoir unique d'entraîner celui qui
l'écoute dans un monde autre, où les contingences physiques habituelles n'ont plus cours. Elle
supprime notamment la notion du temps et rend
possible les utopies les plus folles. Pourtant, les
émotions qu’elle suscite sont, elles, bien réelles
et ce que le langage des sons fait vivre à l'auditeur a une réalité dont il est impossible de refuser
l'emprise sur son cerveau ou sa sensibilité. On
peut par exemple être ému aux larmes par le mes-
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Trouver le contact avec le public, c'est aussi
le confronter le plus souvent possible à des expériences nouvelles. Le répertoire doit donc être
constamment élargi. Aussi est-il impératif de
faire entendre souvent des partitions rares ou des
pages symphoniques spécialement écrites pour
les ensembles que ce chef dirige. Car mettre à
l'affiche de la musique de son temps devrait être
pour tous une évidence. Et même si la confrontation avec un univers sonore nouveau n'est pas
toujours 'agréable' ou 'apaisant', il ne fait aucun
doute que toute partition, même chahutée, fait
entendre quelque chose d'essentiel sur notre
temps : se confronter régulièrement à des partitions inconnues, n'est-ce pas prendre le risque de
s'aventurer sur un terrain mouvant et affronter le
monde tel qu'il est vu par d'autres, au lieu de se
contenter d'en colporter une image rassurante,
harmonieuse, qui correspondant à ce qu'on souhaiterait qu'il fût?...
Le concert de Genève ne faillira bien sûr pas
à cette “tradition“ : le chef a mis à son programme la première audition d'une œuvre d'un compositeur suisse, le Caprice pour Orchestre No 1 op
72 de Richard Dubugnon, fruit d'une commande
du pour-cent culturel classique de la Migros. Ce
compositeur lausannois, à qui on prête les
transparences du langage ravélien alliées aux
structures solidement charpentées d'un Prokofiev
ou d'un Stravinsky, a récemment eu les honneurs
d'une création qui a fait grande impression au
cours de l'édition 2013 du Festival de Verbier
lorsque Kent Nagano y dirigeait Helvetia, Alpine
flight for Large Orchestra. Critiques et public ont
alors salué une composition originale qui ne
rompt pas brutalement avec le passé mais qui sait
y trouver les sources d'un renouveau langagier
capable de donner un vrai impact à la musique
contemporaine sans sombrer dans les techniques
compositionnelles trop absconses.
La création de cette courte pièce sera suivie
à Genève du Concerto de violon de Brahms
qu'interprétera Arabella Steinbacher alors qu'après la pause, l'ensemble londonien interprétera
la grandiose Symphonie no 5 de Sibelius.
Eric Pousaz
Victoria Hall, jeudi 29 octobre à 20 h
Billetterie : Service culturel Migros
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portrait
Jean-Guihen Queyras
Carte blanche est donnée au violoncelliste Jean-Guihen Queyras qui, le
samedi 31 octobre à Genève, se produira au BFM en compagnie du
Geneva Camerata conduit par David Greilsammer. Au programme
figureront des œuvres pour violoncelle et orchestre du Norvégien Rolf
Wallin, de Haydn, de Gershwin (une Suite de Porgy & Bess pour
4 violoncelles), complétées par des extraits de Rinaldo de Haendel
et par la Suite lyrique d’Alban Berg.
Né à Montréal de parents français, JeanGuihen Queyras a grandi au Québec, puis en
Algérie et en Provence, où sa famille, établie à
Forcalquier, a fondé un festival très convivial, les
Rencontres musicales de Haute-Provence. De
Claire Rabier, son premier professeur, Queyras
Sa discographie
Paul Tortelier pour son lyrisme et sa générosité,
Rostropovitch pour son énergie débordante.
Talent précoce
Devenu à 23 ans violoncelliste solo
l’Ensemble intercontemporain de Pierre Boulez,
Jean-Guihen Queyras © Benjamin Grieg
aime à dire qu’elle lui demandait de jouer
« comme s’il avait un oiseau niché au creux de
chaque main et qu’il voulait le protéger ». Elève
de Reine Flachot au Conservatoire de Lyon, il se
perfectionne ensuite auprès de Christoph Henkel
à la Hochschule für Musik de Fribourg-enBrisgau, puis à New York, à la Juilliard School et
au Mannes College. Timothy Eddy, son dernier
professeur, qui a connu Casals - l’exemple pour
lui d’un « violoncelle qui parle » - lui apprend à
mieux sculpter le son, à développer sa technique
de l’archet, tout ce qui rend une interprétation
vivante. Il admire aussi particulièrement
Harnoncourt et Bylsma, pionniers du baroque,
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Queyras y crée durant une dizaine d’années un
grand nombre d’œuvres nouvelles et ne cesse,
aujourd’hui encore, d’étoffer son répertoire, du
baroque au XXIe siècle. En juin 2014, il donnait
en création suisse avec l’OSR, sous la direction
de Thierry Fischer, le concerto de Michaël Jarrell
Emergences et lors de la semaine inaugurale de
nouvel auditorium de Radio France, en création
française, le Concerto pour violoncelle de Peter
Eötvös. En janvier 2015, c’est à lui que le musée
du Beethovenhaus de Bonn confiait le concert
inaugural de renaissance d’un violoncelle ayant
appartenu à Beethoven, retrouvé en Israël.
En musique de chambre, Queyras joue au
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sein du Quatuor à cordes Arcanto, qu’il a fondé
avec Antje Weithaas, Tabea Zimmermann et
Daniel Sepec. Il se produit aussi souvent en duo,
notamment avec les pianistes Alexander
Melnikov et Alexandre Tharaud. Menant à la fois
une carrière de soliste, de chambriste et de pédagogue – à la Hochschule für Musik de Freiburg ,
il est aussi invité comme chef à conduire
l’Ensemble Resonanz de Hambourg.
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Jean-Guihen Queyras a enregistré pour
Harmonia Mundi toute une série de disques
remarquables. Celui des Concertos de Bruno
Mantovani, Philippe Schoeller et Gilbert Amy
constitue une sorte de triptyque d’œuvres du
XXIe siècle contrastées et complémentaires. Le
Concerto d’Elgar, complété par les Variations
rococo de Tchaïkovski, a été considéré comme
la plus belle des versions récentes confrontées à
la Tribune des critiques de France-Musiques. La
gravure du Quintette à cordes de Schubert, en
compagnie du Quatuor Arcanto et du violoncelliste Olivier Marron, est une pure merveille. Une
trilogie en cours de parution consacrée à l’intégrale des Concertos pour piano, pour violon et
pour violoncelle, et des Trios avec piano de
Robert Schumann, visera à montrer le lien organique existant entre ces trois Trios et les trois
Concertos, enregistrés sur instruments d’époque
avec le Freiburger Barockorchester.
Les techniques d’interprétations baroques lui
étant aussi familières que la musique contemporaine, Queyras tire parti de cette double expérience pour renouveler la manière d’aborder les classiques. C’est le cas pour les deux Concertos de
Haydn et celui de Matthias Georg Monn, pour
l’intégrale des Sonates pour violoncelle et piano
de Beethoven avec Melnikov ou des Trios avec
Andreas Staier et Daniel Sepec. Les Suites pour
violoncelle seul de Britten, la Sonate de Kodaly,
des œuvres de Debussy, de Poulenc, de Schubert
avec Alexandre Tharaud, les gravures de Bartok,
de Mozart, de Brahms avec le Quatuor Arcanto
ont toutes été saluées par la critique. Mais le fleuron de la discographie de Jean-Guihen Queyras
demeure sa version, réalisée en 2007, des Six
Suites pour violoncelle seul de Bach, sur son précieux Gioffredo Cappa de 1696.
Yves Allaz
31 octobre : Concert Prestige n°2 "Carte Blanche à JeanGuihen Queyras", violoncelle (Haendel, Wallin,
Gershwin, Berg, Haydn). Bâtiment des Forces Motrices
à 20h (billetterie sur le site du GeCa)
Infos sur : www.genevacamerata.com
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OCL saison 2015-2016
Un Américain
au Métropole
Une année avant sa véritable entrée en fonction, Joshua Weilerstein prend
ses marques à la tête de l’Orchestre de Chambre de Lausanne. Un vent
nouveau sur tous les plans.
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Après l’ère Zacharias, une nouvelle page
s’ouvre. C’est un jeune Américain qui mènera du
bout de sa baguette la phalange des chambristes
lausannois. Si Joshua Weilerstein se surprend luimême de sa rapide progression, il est aussi conscient de sa marge de progrès et se montre désireux de se former d’avantage, de “prendre de la
bouteille“, de rester à l’écoute de quelques
“anciens“, comme Valery Gergiev, dont il suit
encore l'enseignement en Master-Class.
A Lausanne, il souhaite avant tout “bien
faire les choses“, non seulement sur le plan professionnel, mais aussi en s’intégrant à la communauté; il juge nécessaire d’apprendre le français.
La communication avec ses musiciens sera pluridimensionnelle : par la musique, les gestes et un
langage commun.
Hasards et spontanéité
A quoi ressemble le parcours du jeune maestro américain ? Nous n’avons pas affaire à un
enfant prodigue qui se serait destiné à la baguette dès le berceau. Il avoue avoir fait du violon
sans trop de conviction, jusqu’à ce qu’une tour-
Joshua Weilerstein © Felix Broede
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née avec l’orchestre des jeunes l’amène à
Panama et au Guatemala. Il vit alors une illumination en voyant l’émotion que la musique peut
donner aux jeunes de son âge, qui la découvrent
pour la première fois !
Son aventure avec la baguette débute par un
moment fort aussi : en visionnant un enregistrement de Carlos Kleiber dirigeant la 2e de
Brahms, le jeune musicien a une révélation. Il se
rend ensuite en pèlerinage en Slovénie, sur la
tombe du chef qui l’avait tant impressionné… Ce
moment spirituel l’a certainement nourri sur le
podium d’un concours pour jeunes chefs à
Copenhague, remporté à l’âge d’à peine 21 ans.
Un concours auquel il s’était inscrit “comme blague“ et qui s’avère déterminant. Il se voit accorder le poste de chef assistant au New York
Philharmonic, aux côtés d'Alan Gilbert, pour
trois ans. En quelques années, il décroche des
engagements auprès de phalanges de renommée
en Europe : London Philharmonic, Royal
Liverpool, Danish National Symphony, Oslo
Philharmonic, Deutsche Kammerphilharmonie
Bremen… cette liste est loin d’être exhaustive.
Aujourd’hui, son répertoire s’étend de
Gesualdo à Christopher Rousse; on lui doit
notamment la création britannique de
Prospero’s Rooms. Sa collaboration avec
l’OCL débute d’une façon aussi audacieuse
qu’originale : par un enregistrement ! Le projet comprend La Suite de Pulcinella et Apollon
Musagète de Stravinsky, un des compositeurs
fétiches du maestro. Le premier grand concert
est agendé pour novembre. Une tournée en
Allemagne - pays d’origine de Christian
Zacharias - suivra, avec une forte présence de
Beethoven et Mozart à l’affiche - autre
concours de circonstances ? - deux classiques
très chers à son prédécesseur.
Il va sans dire que le jeune Américain
avait un mot à dire sur la programmation de la
saison 2015-2016, dans laquelle on verra se
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Sarah Chang © Colin Bell
produire - chapeau aux grandes dames - Sarah
Chang, Simone Young, Tabea Zimmermann,
mais aussi Cédric Pescia, Kazuki Yamada, Piotr
Anderszewski, Jean-Guihen Queyras, ou encore
Truls Mørk. Des habitués auront le plaisir de
retrouver Heinz Holliger, Ton Koopman et bien
évidemment, Bertrand de Billy, principal chef
invité.
En avant la jeunesse
Vu son âge et sa fougue, on attend du maestro américain qu’il s’adresse particulièrement
aux jeunes : comme violoniste à Boston, il jouait
dans un ensemble dont le rôle était la promotion
de la musique classique auprès des écoles.
Fort de son expérience latino-américaine,
Joshua Weilerstein avait également noué de liens
forts avec le fameux Orquesta Sinfónica Simon
Bolívar, comme violoniste soliste et chef. A
Lausanne, il est aussi désireux de satisfaire les
habitués que de rajeunir le public. Dans ce but, il
envisage déjà une réflexion sur les lieux alternatifs et des horaires de concerts plus appropriés.
Egalement présent sur les réseaux sociaux, il
échange volontiers avec ses musiciens et son
public.
On se souvient du style sobrement germanique de Christian Zacharias. Le jeune Yankee
osera-t-il diriger en T-shirt et baskets ?
Trinquera-t-on désormais au Coca-Cola lors des
entractes ? Good luck, Maestro, le Métropole
vous appartient !
Beata Zakes
Programme détaillé: www.ocl.ch
Renseignements et abonnements: +41 21 345 00 20
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deuxième saison au rosey concert hall
Diversité
Le Rosey Concert Hall vient de fêter sa première année
d’existence. Conçu par l’architecte lausannois Bernard
Tschumi, ce dôme en verre et en métal, aux apparences de
vaisseau spatial, est venu se poser discrètement dans la
verdure du campus rollois de la prestigieuse école
internationale.
Son père spirituel, Philippe Gudin, directeur
sortant de l’Institut le Rosey, lui-même devenu
mélomane sur le tard, a misé sur la promotion des
arts à l’ère où l’univers entier adule la technologie. Tel un “temple moderne consacré aux arts“,
le bâtiment abrite une magnifique salle de
concert pour 900 places, toute de bois aggloméré
et à l’acoustique irréprochable, divers ateliers
artistiques et un Learning Center, en clin d’oeil à
l’EPFL. Alors que la bibliothèque offre aux lecteurs un mur de livres anciens en trompe-l’oeil, la
splendide cuisine-laboratoire, digne de “Top
Chef“, concocte des assiettes champêtres pour un
public de tous horizons… Grandiose et discret à
la fois, ce projet est un hommage à Paul Carnal,
instituteur jurassien qui, en 1880, s’installait dans
le vieux château du Rosey afin d’y ouvrir une
école où l’allemand ne serait pas imposé aux
francophones… Aujourd’hui, l’institut accueille
400 élèves de 60 pays, qui peuvent désormais s’initier aux sciences, lettres, arts et sports en tout
équilibre. Pour sa deuxième saison culturelle, le
“Dôme“ s’ouvre à un large public, révélant ainsi
“une toute autre face“ de l’institution.
Nous faisons le bilan avec Marie-Noëlle
Gudin, directrice de la Fondation Le Rosey.
Pour la première programmation,
vous avez eu recours à l’agence Caecilia de
Genève…
Nous avons plutôt travaillé avec Steve Roger, qui
reste un membre important de notre comité artistique. Lors de la première saison, nous avons eu
la chance d’accueillir deux grandes phalanges, le
Royal Philharmonic de Londres et de l'Orchestre
Philharmonique de St-Pétersbourg. Alors que
l’automne a permis d’explorer le potentiel symphonique du Carnal Hall, le printemps a révélé
que les conditions étaient tout aussi optimales
pour la pratique de la musique de chambre et le
récital. Des solistes tels qu’Emmanuel Pahud,
Paul Meyer et Hélène Grimaud se sont produits
dans notre salle, et ont apprécié tant l’accueil
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Carnal Hall
familial que l’ambiance de l’endroit. Cette année,
l’Orchestre de Chambre de Lausanne - qui avait
testé l’acoustique avant l’inauguration - enregistre chez nous son premier CD avec le nouveau
chef, Joshua Weilerstein. Ensuite, nous aurons un
orchestre en résidence, l’Académie Menuhin.
Lors de leur passage au Rosey, nos élèves pourront bénéficier non seulement des concerts (le
premier avec Maxime Vengerov) mais également
des master classes données par des musiciens.
Que représente, en termes de logistique, le fait de recevoir une grande phalange sur le site du Rosey ?
Le Carnal Hall n’est pas une salle de concert
comme les autres. Nous sommes une école qui
offre une salle de concert. Alors que les musiciens prennent leurs quartiers pour une soirée,
l’école fonctionne normalement. Le backstage
est très développé, avec des loges pour musiciens
et solistes. Le quai de débarquement pour les
camions est très discret, et une équipe technique
veille à ce que leur installation passe presque
inaperçue. Nous tenons à ce que les artistes
soient bien accueillis; cela fait partie de notre
image.
A part la musique classique, votre
programmation propose également du théâtre ou du cinéma.
Cela fait la particularité de notre offre. Nous
veillons à garder un équilibre entre divers genres:
Grâce à sa conception et une excellente équipe
technique, la salle de concert se prête à diverses
formes d’expression. Les Coquelicots des
Tranchées, spectacle théâtral que nous avons
programmé en avril passé, a été un franc succès.
D’ailleurs trois jours plus tard, la troupe s’est vu
accorder un “Molière“. En octobre, Pierre
Amoyal viendra raconter, en musique, l’histoire
de son Stradivarius volé, avec un dessinateur sur
sable et un mime présents sur scène. Le théâtre
classique sera représenté par Le Malade
Imaginaire de Molière. Une projection du Kid de
Chaplin aura lieu en avril, accompagnée live par
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l’Orchestre de Chambre de Genève sous la
baguette de Philippe Béran. Chacune de ces soirées est un coup de coeur, et particulièrement, la
clôture de la saison avec l’Orchestre de Suisse
Romande, placé sous la direction d’Alexander
Joel, un ancien Roséen.
La promotion du Carnal Hall a
démarré également de façon très discrète. Le
bouche à l’oreille est-il suffisant ?
Nous avons un budget publicité et travaillons
avant tout avec la presse locale; la promotion
est demeurée en effet assez discrète car nous
n’avons pas beaucoup de places et privilégions
les habitants de la Côte, les amis du Rosey
(anciens, parents…), les sponsors et naturellement les Roséens et leurs enseignants. Pour le
moment, les billets sont vendus chez
Ticketcorner, mais nous prévoyons également la
vente d’abonnements.
A l’instar des autres salles de concert, nous proposons à notre public une série de spectacles de
différents genres, en veillant toujours à la qualité de l’offre. Cette année, le Royal Philharmonic
de Londres sera notre invité pour la deuxième
fois; c’est une preuve de confiance et une garantie d’excellence à la fois.
N’avez-vous pas peur de devenir victimes de votre succès ?
Nous pouvons toujours ajouter des spectacles et
élargir l’offre, en proposant, par exemple, des
concerts pop ou rock. D’ailleurs l’offre culturelle sur l’arc lémanique est suffisamment large
pour satisfaire les besoins de publics très variés.
La création de cette salle a ajouté une nouvelle
dimension au concept et à la tradition du Rosey.
Les élèves sont fiers de pouvoir profiter de ce
nouveau rayonnement; et le regard extérieur sur
l’école change certainement aussi.
Propos recueillis par Beata Zakes
Programme détaillé: www.roseyconcerthall.ch
Billets: Ticketcorner
n
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m u s i q u e
paul meyer de passage à genève
Un aristocrate
de la clarinette
Le public et les discophiles apprécient son jeu velouté, élégant, qui prend
le temps de la respiration !
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Né en 1965 à Mulhouse, Paul Meyer étudie
la clarinette au Conservatoire National Supérieur
de Musique de Paris et à Bâle. Il obtient, à dixsept ans, le Premier prix du concours de jeunes
musiciens ainsi qu'un 2e prix au Concours international de l'Eurovision. Il a ensuite l'occasion
d'associer son nom à celui de grands musiciens:
Yo-Yo Ma, Barbara Hendricks, Mstislav
Rostropovitch,
François-René
Duchâble, Gidon Kremer, Kent Nagano
ou Esa-Pekka Salonen. Le soliste est
également chef d'orchestre. Un concours
de circonstances avait débouché sur une
invitation lancée par l'Orchestre
Philharmonique de Séoul ; une rencontre avec le maestro Myung Whun-Chung,
venu écouter la répétition par hasard, a
donné une impulsion supplémentaire à
ce qui aurait dû être une expérience
unique : ce dernier a proposé à l'artiste
français de devenir... son chef associé !
De 2006 à 2010, le musicien s'est vu
confier une trentaine de programmes !
Lors de cette aventure il a pu réorganiser toute
l’équipe des instruments à vent, sa spécialité.
Paul Meyer s'est aussi imprégné, dans son jeu et
dans ses choix de programme, d'une esthétique
chinoise qui se lit comme le complément d'un
raffinement français. Le parcours outre-mer ne
s'est pas arrêté là, puisque le musicien a aussi
conduit une phalange japonaise, l'Orchestre
Kosei de Tokyo, mais aussi des ensembles au
Brésil... tout en établissant des liens en France et
en Allemagne. Récemment, il conduisait de
l'Orchestre Philharmonique de Bruxelles.
Pendant toutes ces années, il n'a jamais perdu le
contact avec l'Europe.
Ce n'est pas la première fois que l'artiste rencontré au Festival de Colmar - juxtapose tradition (Mozart, Mendelssohn) et modernité (la
chinoise de Hong Kong, Joyce Wai-chung Tang,
une spécialiste de l'électro-acoustique, dont l'esthétique se rapproche de celle de Philip Glass). Il
e
explique ainsi ce genre de choix : Les œuvres
vivent l'une par rapport à l'autre. La musique
contemporaine peut éclairer les œuvres classiques et vice-versa. La confrontation est toujours stimulante.
Paul Meyer sera sur le podium et en soliste.
Voici ce qu'il nous dit sur les interprètes qui s'improvisent chefs :
Paul Meyer
«Tout dépend de l'orchestre ET du soliste.
Dans le concerto pour clarinette de Mozart, j'aime les deux formules. Les deux posent des problèmes différents et intéressants. Chaque répétition nous fait découvrir quelque chose; un interprète est toujours en quête. L'orchestre est
comme une famille; à la baguette, il faut collaborer et non crier. Les choses ont changé depuis le
début du vingtième siècle, il faut proposer et non
démolir. Comme chef, je ne suis pas le même que
comme instrumentiste. Un chef qui discute trop
ne sert à rien ! Avec la clarinette, c'est différent,
il faut collaborer. Cela me sert de manière très
importante dans mon métier à la tête d'un ensemble. A la baguette, les pianistes ont souvent un
problème ; ce sont des artistes très généreux qui
jouent très souvent seuls; devenus chefs, ils veulent imposer leur conception de manière parfois
trop brusque.»
Il définit ainsi plus précisément son travail
n
t
r
e
lors des répétitions et des concerts :
«En musique, j'attache de l'importance à la
place occupée par chacun. Sans être autoritaire,
je suis porté vers l'autorité, douce, paternaliste.
Un chef doit être moteur. On m'a dit que c'était de
l'arrogance, mais cela n'en est pas ! Comme chef,
j'ai appris à cerner ce dont j'ai besoin. La direction me permet de m'exprimer complètement,
tandis qu'à la clarinette je suis un partenaire qui
tient beaucoup plus compte des autres. Pour bien
jouer, il faut faire en sorte que les autres puissent
bien jouer.»
Bon connaisseur de la Suisse, il a un avis
bien tranché sur notre pays :
«Aujourd'hui, les Suisses me paraissent être
des “suiveurs”. Auparavant, ils étaient plus
créatifs, ils avaient moins peur de prendre des
risques...
Votre pays, pour ce qui est de la vie musicale, souffre des mauvais côtés du fédéralisme:
d'une région à l'autre, d'un canton à l'autre, les
musiciens sont des étrangers les
uns par rapport aux autres. Ils ne se
mélangent pas assez. Les choses
doivent bouger. Je le dis pour la
Suisse, mais c'est un constat en fait
plus général: il ne faut pas se figer
dans le passé. Il est essentiel d'être
créatif, d'essayer, toujours et encore, de faire progresser tout le
monde. On aime trop se retrouver
dans ses habitudes, on veut la sécurité, mais c'est l'ennui qui fragilise
tout le monde. En musique, la tiédeur, ce n'est pas bien. Un concert
ne doit pas forcément aboutir à un
consensus, chez les musiciens comme auprès du
public. Un débat contradictoire, c'est plus intéressant ! Regardez ce qu'ont fait les partisans des
instruments anciens: au-delà de questions musicologiques, ils ont donné une liberté nouvelle aux
interprètes !
Pour ce qui est des subsides, chez vous
comme ailleurs, on a tendance à saupoudrer et
l'on recherche des “stars” à l'étranger; on ne fait
pas assez confiance aux gens qui sont chez soi !»
Propos recueillis par Pierre Jaquet
Dimanche 4 octobre 2015 à 20 h, Victoria Hall.
Paul Meyer & Hong Kong Sinfonietta.
Joyce Wai-chung Tang: Clear Light
Wolfgang Amadeus Mozart: Concerto pour clarinette
Felix Mendelssohn: Symphonie n° 3 en la mineur, « Écossaise»
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Queffélec qui sera présente avec tous ces jeunes solistes autant sur la scène qu'au clavier.
entretien: claire haugrel
Les 15 ans
des Jeudis du Piano
Au BFM de Genève le 15 octobre prochain, grand concert de gala pour
fêter les 15 ans des Jeudis du Piano. Fondatrice et directrice artistique des
Jeudis du Piano, Claire Haugrel retrace cette belle aventure.
Comment cela a-t-il commencé il y a
maintenant 15 ans ?
Le Secrétaire général de la Société des Arts s’était cassé le coude. On a lancé un SOS à Claire
pour qu’elle le remplace ! J’étais donc venue
pour deux ou trois mois et cela dure maintenant
depuis 15 ans. J’avais été frappée du fait que la
grande absente au sein de la Classe des BeauxArts de la Société des Arts était la musique.
Alors qu’il y avait cette merveilleuse Salles des
Abeilles au cœur du Palais de l’Athénée avec un
Steinway ! Conformément aux engagements de
la Société des Arts qui s’est toujours voulue un
tremplin pour de jeunes artistes, j’ai mis sur
pied une première saison pour des pianistes en
début de carrière. Il a fallu pour cela approcher
les Conservatoires de Genève et Lausanne et
d’autres Académies en Europe. Puis est rapidement venue l’idée d’un concours avec Prix du
jury et Prix du public.
Que signifie pour ces jeunes pianistes
le fait d’avoir remporté l’un ou l’autre prix ?
Plus que la somme attribuée, c’est je crois de
n
t
Le concert du 15 octobre permettra
d’entendre une large brochette des lauréats
des 15 ans passés.
Oui, ils seront au nombre de dix. Pour symboliser notre vocation profonde qui est la transmission, le concert débutera par un quatre mains de
Katchaturian qui réunira Nicolas Stavy qui fut
le 1er lauréat et Charlotte Coulaud qui fut la
15ème lauréate cette année : un passage de
témoin en quelque sorte. On entendra trois des
quatre lauréats suisses, Louis SchwizgebelWang, Christian Chamorel et François-Xavier
Poizat qui joueront chacun un mouvement d’un
concerto de Bach. La quatrième lauréate suisse,
Béatrice Berrut, ne pourra être de la fête puisqu’elle jouera au même moment à Washington.
Autre concerto, le KV 414 de Mozart réunira
Nima Sarkechik et Nicolas Stavy qui chacun
ont reçu un double prix. Tous les concertos permettront d’entendre mon bébé chéri, La
Camerata du Léman, qui ne cesse de m’émerveiller. Le côté festif se retrouvera dans les 5
Danses hongroises de Brahms qui verront se
relayer deux par deux tous les pianistes. Et aussi
des airs du Barbier de Séville pour 4 mains.
Sans oublier des 8 mains avec la Danse macabre de Saint-Saëns et un Grand Galop de
Lavignac.
Propos recueillis par Christian Bernard
SOCIETE DES ARTS DE GENEVE
LES JEUDIS DU PIANO - 15 ans
Bâtiment des Forces Motrices - Jeudi 15 octobre 2015
PROGRAMME
1 - A. Khachaturian : Valse (extrait de Masquarade)
Nicolas Stavy et Charlotte Coulaud : 1er lauréat et
15ème lauréate
2 - P.I. TchaÏkowski : Casse noisette op 71a (arrang.pour
2 pianos), avec Charlotte Coulaud et Guillaume Bellom les 2 lauréats 2014-2015
3 - W.A. Mozart : Sonate en ré maj. pour 2 pianos, avec
Anne Queffelec et Gaspard Dehaenne
4 - J.S. Bach : Concerto en fa mineur N°5, BWV 1056
- 1er mouvement : Louis Schwizgebel-Wang
- 2ème mouvement : Christian Chamorel
- 3ème mouvement : François-Xavier Poizat
5 - W.A. Mozart : Concerto n° 12 en la maj. KV 414
- 1er mouvement : Nima Sarkechik
- 2ème mouvement : Nicolas Stavy
- 3ème mouvement : Sélim Mazari
entracte
6 - J.S. Bach : Concerto pour 2 pianos en do mineur,
BWV 1060
- 1er mouv. : Ismaël Margain et Guillaume Bellom
- 2ème mouv. : Gaspard Dehaenne et Charlotte Coulaud
- 3ème mouvement : Nima Sarkechik et Sélim Mazari
7 - J. Brahms : Danses Hongroises
n° 1 : Louis et François-Xavier
n° 2 : Christian et Charlotte
n° 3 : Gaspard et Sélim
n° 4 : Nima et Nicolas
n° 5 : Guillaume et Ismaël
8 - C. Saint Saëns : Danse macabre (8 mains), avec Nima
Sarkechik, Sélim Mazari, Charlotte Coulaud, Guillaume
Bellom
9 - G. Rossini : Barbier de Séville (4 mains), avec
François-Xavier Poizat, Nicolas Stavy
10 - Lavignac : Galop Marche (8 mains), avec Gaspard
Dehaenne, Louis Schwizgebel-Wang, Christian
Chamorel, Ismaël Margain
Pour l'occasion, vous avez une marraine de choix en la personne d'Anne
Anne Queffélec © Caroline Doutre
e
pouvoir bénéficier de mon carnet d’adresses.
Un Prix des Jeudis du Piano entraîne des
concerts dans d’autres festivals et une carrière
se trouve ainsi lancée. Ainsi Selim Mazari, lauréat en 2014, a depuis donné 7 concerts. Et puis
ces prix sont un encouragement à participer à
d’autres concours. Ainsi Guillaume Bellom,
lauréat 2015, est arrivé en finale au Concours
Clara Haskil et Gaspard Dehaenne a remporté le
Prix du public du même Concours Haskil cette
année.
Effectivement, on pourra l’entendre avec son
fils, Gaspard Dehaenne, dans la sonate en ré
majeur pour deux pianos de Mozart. C’est un
cadeau énorme que nous fait Anne, une vraie
amie avec laquelle je me suis toujours sentie
une complicité de cœur, musicale et humaine.
Nous avons en partage le même état d’esprit:
tendre la main aux jeunes.
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octobre
Agenda romand
La Salle Métropole rouvrant ses portes après des mois de transformations,
l’OCL, doté enfin d’un seul lieu pour répéter et se produire, s’y installe
désormais comme orchestre en résidence. C’est tout bénéfice pour
les musiciens et le public de la formation lausannoise.
36
A Lausanne, à l’Opéra, une nouvelle production de La Cenerentola de Rossini sera donnée sous la direction musicale de Stefano
Ranzani, dans une mise en scène et scénographie
d’Adriano Sinivia, avec l’OCL, la mezzo-soprano Serena Malfi dans le rôle d’Angelina et le
ténor Edgardo Rocha dans celui de Don Ramiro.
(du ve 2 au di 11)
Ouvertures, Chaconne & Cantates de Bach,
Fischer et Muffat figurent au programme de
l’Orfeo Barockorchester, un concert coproduit
par l’Opéra et le Festival Bach de Lausanne.
(di 25)
Serena Malfi. Photo by Francesco Squeglia
A la Salle Métropole, pour inaugurer sa
série des Grands Concerts, l’Orchestre de
Chambre de Lausanne sera conduit par Simone
Young et la soliste sera la violoniste Sarah
Chang, avec des œuvres de Bach-Webern, de
Bruch et de Schubert à l’affiche. (lu 19 et ma 20)
Pour son premier concert dominical, l’OCL
présentera, sous la direction de Cristian
a
Macelaru, des œuvres de Pierre Jalbert, de
Haydn, et de Mozart, avec Beat Anderwert soliste du Concerto pour hautbois K. 314. (di 25)
Pour le concert Découvertes, l’OCL,
conduit par Piero Lombardi, et des comédien-nes de la Manufacture animeront La chèvre de
Monsieur Seguin d’Alphonse Daudet, sur une
musique d’Olivier Penard, compositeur français
né en 1974. (sa 31)
A la Cathédrale, un quatuor de solistes, le
Chœur Calliope et l’OCL seront dirigés par
Florence Grivat-Favre pour la redécouverte
d’une œuvre de Fanny Mendelssohn,
l’Oratorium auf Worte aus der Bibel, qui précédera le Requiem K. 626 de Mozart. (me 28)
Au Théâtre de Beaulieu, le Mikhailovsky
Ballet de Saint-Pétersbourg donnera sa deuxième
soirée, sur des musiques de Schubert, Debussy et
Arvo Pärt. (je 1)
L’Orchestre de la Suisse Romande donnera
les deux premiers concerts de sa série Lausanne.
Conduit par Cornelius Meister, il interprétera la
Symphonie No 7 d’Anton Bruckner, et accompagnera le pianiste Alexander Gavrylyuk dans le
Concerto en la mineur de Schumann. (je 8)
Quant à Charles Dutoit, il sera à la tête de l’OSR,
du Chœur du Grand Théâtre, de la Maîtrise du
Conservatoire populaire de Genève et d’une
pléiade de solistes pour deux chefs-d’œuvre de
Maurice Ravel, L’Heure espagnole et L’Enfant et
les sortilèges. (je 29)
A la Salle Paderewski, l’Orchestre du
Grand Eustache donnera libre cours à sa fantaisie. Voir sous Rolle. (di 4)
A la HEMU, la Missa Nova (2009-2010) de
Lukas Langlotz sera interprétée par la
Vokalensemble Zürich, conduit par Peter
Siegwart. (lu 26)
A Pully, à l’Octogone, le Quatuor Artemis,
de Berlin, ouvrira la saison de Pour l’Art avec
trois quatuors à cordes : les Op. 18/5 et Op. 59/1
de Beethoven, ainsi que le Quatuor No 1
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u
a
« Sonate à Kreutzer » de Janacek. (ma 6)
A Morges, à l’Eglise de la Longeraie,
l’Ensemble à cordes de Lausanne, fondé en 2012,
jouera le Concerto pour 2 violons de Bach, le
Divertimento K.136 de Mozart, le Terzetto de
Dvorak et Crisantemi de Puccini. (di 4)
A Rolle, au Casino Théâtre, l’Orchestre du
Grand Eustache, dirigé par Philippe Krüttli, se
prêtera au jeu des « Cadavres Exquis « pour donner naissance à un imprévisible et fantaisiste
Concerto pour Eustache, avec la complicité des
compositeurs Lee Maddeford, Jean-Samuel
Racine et Alexis Gfeller. (je 1 et ve 2)
Au Rosey, Pierre Amoyal au violon et la
Camerata de Lausanne donneront un concertspectacle autour du fameux Kochanski de
Stradivarius, volé et retrouvé, avec le mime
Karim Slama et le dessinateur sur sable Cédric
Cassimo. (ma 13)
Pierre Amoyal © Cedric Widmer
Le Royal Philharmonic Orchestra de
Londres, conduit par Charles Dutoit, avec la pianiste Khatia Buniatishvili en soliste, jouera le
Concerto No 2 de Chopin, puis la Symphonie No
9 « Du Nouveau Monde» de Dvorak. (me 21)
A Gland, au Grand-Champ, trois concerts
seront donnés par des musiciens d’Amérique du
Sud, du Japon, d’Europe et de Suisse, à l’enseigne d’«Intermezzo-La Côte Flûte Festival ».
(sa 3)
Le Quatuor Sine Nomine interprétera le
Quatuor No 2 de Brahms, Elégie et Polka de
Chostakovitch, et le Quintette avec clarinette
K.581 de Mozart, avec le concours de Michel
Westphal. (di 11)
L’Ensemble Variantes, constitué d’un duo
de pianistes à 4 mains (Julie Fortier et Olta
Tashko) et d’un comédien (Vincent Aubert),
l
i
t
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m u s i q u e
raconteront et joueront la « 1ère ascension du
Mont-Blanc » sur des musiques de divers compositeurs. (di 18)
A Romainmôtier, à l’Abbatiale, le
Madrigal du Landeron et le Chœur Sobalte se
produiront dans un programme d’œuvres religieuses. ( di 25)
A Mézières, au Théâtre du Jorat, un spectacle polyvalent intitulé « Le tourbillon JaquesDalcroze » sera donné pour les 150 ans de sa
naissance. (sa 3)
A Moudon, à l’Eglise St-Etienne, le
Kammerorchester 65 de Wettingen, conduit par
Alexandre Clerc, jouera l’Ouverture de Coriolan
et la Symphonie No 5 de Beethoven, ainsi qu’en
création, Pentaptychon-Fünf
alpine
Bilder
für
Streichorchester de Fabian
Müller. (di 4)
A Vevey, à la Salle del
Castillo, Lawrence Power à
l’alto, Simon Crawford
Phillips au piano et Chen
Halevy à la clarinette ouvriront la saison musicale
d’ «Arts et Lettres » avec un
programme allant de Mozart
à Krystof Maratka, né à
Prague en 1972. (ma 6)
Le 2e concert verra le
Trio Jean Paul interpréter des
œuvres de Brahms et de
Dvorak. (ma 20)
A St-Légier, à La Goulue, la violoncelliste
Astrig Siranossian et le pianiste Andriy Dragan
ont composé un programme autour du thème du
folklore dans la musique romantique. (di 4)
A Montreux, à l’Auditorium Stravinski,
l’Orchestre de la Suisse Romande interprétera les
mêmes œuvres de Schumann et Bruckner que la
veille à Lausanne. (ve 9)
A Veytaux, au Château de Chillon, danseurs
et musiciens feront revivre Don Quichotte sur la
musique de Telemann. (di 4)
A Villeneuve, au Temple St-Paul, le Trio de
clarinettes Rebaudo présentera des arrangements
de pages célèbres de Mozart et de Tchaïkovski.
(di 18)
A St-Maurice, au Théâtre de Martolet,
« Cinphonie 2015 », avec l’Orchestre symphonique du Valais, dirigé par Etienne Mounir, alliera une musique créée par Jonas Imhof à des jeux
d’images et de lumières dus à Christoph Heinen.
(sa 24)
a
c
t
u
A Martigny, à la Fondation Gianadda,
Murray Perahia jouera les Concertos No 3 et 5 de
Beethoven, accompagné par l’OCL conduit par
Jamie Phillips. (me 14)
A Sion, à la Fondation de Wolff, la violoncelliste Estelle Revaz donnera un récital consacré
à Bach, Zimmermann, Berio, Gubaidulina,
Kurtag et Ligeti. (ve 2)
Au Théâtre de Valère, les StraDivariaS,
quatre musiciennes, comédiennes et chanteuses
madrilènes, mêleront avec humour baroque, classique, flamenco et pop, de Schubert à Stevie
Wonder, de Beethoven aux Platters et Queen.
(ma 6)
A la Ferme-Asile, Olivia Pedroli interprétera ses propres compositions. (sa10)
Astrig Siranossian. Photo by Tashko Tasheff
A Neuchâtel, à la Collégiale, la soprano
Céline Steudler et l’Ensemble vocal et instrumental de la Collégiale donneront en création Les
Songes, cantate biblique de Simon Peguiron, qui
sera complétée par des œuvres de Mozart,
Schönberg, Saint-Saëns et Schubert. (di 4)
A l’enseigne de « Rome sur Tamise », l’orchestre Le Moment Baroque, avec Jonathan
Nubel 1er violon, présentera des œuvres de
Corelli, Avison, Haendel, Vivaldi et Geminiani.
(ve 16)
Au Théâtre du Passage, Olivia Pedroli,
auteure-compositrice-interprète, fera entendre
une musique personnelle et originale qui se situe
au carrefour du folk, du classique, du jazz et de
l’expérimental. (je 22 et ve 23)
Au Temple du Bas, le Quatuor Talich proposera le Quatuor No 1 « La Sonate à Kreutzer »
de Janacek, l’Opus 51 de Dvorak et le Quatuor
« La Jeune Fille et la Mort » de Schubert.
(ve 30)
a
l
i
t
A La Chaux-de-Fonds, à la Salle de
Musique, Bach, Beethoven et Chopin sont à l’affiche du récital du pianiste Nelson Freire. (ma
27)
A Bienne, au Stadttheater, suite des représentations du Comte Ory de Rossini, sous la
direction de Marco Zambelli, avec une mise en
scène, des décors et costumes de PierreEmmanuel Rousseau. (di 11 et ve 16)
Au Palais des Congrès, le pianiste
Giovanni Belluci, l’Orchestre Symphonique
Bienne Soleure et son chef Kaspar Zehner donneront en deux soirées l’intégrale des cinq
Concertos de Beethoven. (ma 20 et me 21)
A Porrentruy, à l’Eglise des Jésuites, le
violoniste Stefano Molardi
emmènera son Ensemble
Accademia Barocca Italiana
dans des Concertos de Bach
et de Vivaldi et accompagnera la soprano Francesca
Lombardi dans des Airs de
Haendel. (di 25)
A
Fribourg,
à
l’Equilibre,
Laurent
Gendre
conduira
l’Orchestre de Chambre
Fribourgeois pour la création d’une œuvre de René
Oberson Le Grand Cercle et
accompagnera
Alexei
Volodin dans le Concerto
pour piano No 2 de
Beethoven, avant de restituer sa juvénile fraîcheur à la Symphonie No 3 de
Schubert. (ma 6)
L’Histoire du Soldat de Stravinsky et
Ramuz revivra dans la mise en scène réalisée en
2003 par Omar Porras au Théâtre Malandro, avec
les solistes de l’Ensemble Contrechamps, sous la
direction de Benoît Willmann. (ve 30 et sa 31)
A l’Aula Magna de l’Université, Oliver
Schnyder (piano), Andreas Janke (violon) et
Benjamin Nyffenegger (violoncelle) interpéteront des Trios de Brahms et de Schubert. (di 4)
L’Orchestre Philharmonique de Strasbourg
jouera Berlioz, Moussorgski (Tableaux d’une
exposition) et Schumann (Concerto en la mineur,
soliste Jonathan Gilad) sous la conduite de son
chef Marko Letonja. (ve 30)
A Bulle, au CO de la Gruyère, Vittorio Forte
consacrera son récital de piano à Couperin et
Chopin. (di 4)
Yves Allaz
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entretien
Eve-Maud Hubeaux
Enfin une cantatrice dont on peut dévoiler la date de naissance !
Eve-Maud Hubeaux a vu le jour à Genève en 1988, mais, comme on sait,
aux âmes bien nées…. Son parcours jusqu’ici force l’admiration.
Invitée par L’Orchestre de Chambre de Genève, elle interprétera les
Wesendonck Lieder lors du premier ‘Concert de soirée’ de la saison.
Formation
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Dès l’âge de deux ans elle a été plongée
dans l’univers musical de l’Institut JaquesDalcroze. Sa mère, ingénieur et son père, consultant spécialiste en technologies de la communication, pensaient devoir donner à leurs enfants une
éducation complète. Avec eux elle allait régulièrement au concert, à l’opéra, et ils considéraient
d’un œil favorable son goût pour le piano, que lui
enseignèrent Daniel Spiegelberg, en privé, puis
Georgi Popov au Conservatoire de Lausanne.
Elle obtint son certificat, sans envisager une carrière de soliste. A douze ans, Eve-Maud se rendit
seule sans rien dire à personne au Conservatoire
Eve-Maud Hubeaux
de Lausanne, comptant s’inscrire à un cours de
chant. Une audition avait lieu l’après-midi
même. Sans hésitation elle se lance dans O
Happy Days, puis dans un chant yiddish dont elle
remplaça le texte par le nom des notes ! Bien sûr
elle tint à s’accompagner elle-même. On imagine
la stupéfaction du jury ! Hiroko Kawamichi se
déclara prête à l’accepter comme élève malgré
son jeune âge. La collaboration a duré huit ans.
Sans Hiroko Kawamichi, dit Eve-Maud, elle
n’aurait peut-être pas insisté.
Les études universitaires
Eve-Maud a quitté l’école pour des raisons
qu’elle n’explique pas ici, étudia à la maison, et
lorsqu’elle voulut réintégrer le gymnase, elle
s’aperçut qu’elle perdrait deux années ; elle
décida alors, à 16 ans, de passer le bac français
par correspondance. A l’université de Lausanne
e
elle obtint un Bachelor en droit suisse, puis une
Maîtrise en droit privé français et un Master de
droit, recherche, contrats et responsabilités à
l’université de Savoie-Chambéry. Elle a abandonné en cours sa thèse de doctorat pour rejoindre l’Opérastudio du Rhin. Aujourd’hui, elle se
sent encore aussi juriste que cantatrice ; le
concours de la magistrature est toujours possible, dit-elle en riant.
Les concours
Paradoxalement, c’est sa mère qui l’a poussée à se présenter aux concours internationaux.
Elle connaît le trac, le stress et l’angoisse, qui
disparaissent cependant dès son arrivée sur la
scène, dès son premier contact avec le public,
qu’elle adore. En revanche elle déteste la longue
attente des résultats, qui la surprennent en bien
parfois et parfois la déçoivent. Par exemple elle
a été désagréablement surprise de ne pas participer à la finale du Concours de Genève en
2011, et stupéfaite de se voir attribuer le Prix du
Cercle romand Richard Wagner ! Heureusement
d’autres concours lui ont été favorables : 3ème
prix au Concours international de chant de
Toulouse, 2ème prix au Concours international
Hans Gabor Belvédère à Amsterdam, 1er prix
au Concours de chant international Renata
Tebaldi, parmi d’autres.
Répertoire et projets
La mezzo-soprano a déjà tenu de nombreux
rôles, dont Waltraute (Die Walküre) et Pauline
(La Dame de Pique) à l’Opéra National du Rhin
et Frau Reich à Lausanne (Die lustigen Weiber
von Windsor, Nicolai). Le point fort de la nouvelle saison : Carmen, de décembre à février à
Klagenfurt, sous la baguette du Suisse Lorenzo
Viotti. La salle n’est pas trop grande, il y aura
seize représentations et la production est digne
d’intérêt. Klagenfurt sert souvent de tremplin
avant Munich, c’est l’endroit idéal où l’on peut
se tester. Eve-Maud explique que sa Carmen sera
dépendante de certaines données. « Je suis très
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grande, donc pas du tout la petite brune de
Mérimée. On me regarde pour ça dans la rue » :
Elle va donc jouer de sa taille, de la fascination
actuelle pour les grandes femmes. Pas question
de minauder, elle soulignera le côté féministe du
personnage qui s’arroge le droit de choisir. Elle
n’est pas une putain, mais une femme qui place
sa liberté avant tout. Elle a aussi un côté sombre,
égoïste, puisqu’elle quitte brutalement l’homme
qui a tout abandonné pour elle. Il ne sera pas
naturel pour Eve-Maud de faire ressortir cette
facette, puisque elle-même n’est absolument pas
comme ça. Brangäne (Tristan und Isolde) se profile également à l’horizon, mais il est encore trop
tôt pour dévoiler les détails de la production.
L’Erda du Rheingold, qui lui a déjà été proposée et qu’elle a refusée, sera bientôt envisa
geable. Et Vénus (Tannhäuser), dans la version
parisienne, la tente. Le problème, c’est que les
fosses d’orchestre ne sont pas couvertes comme
à Bayreuth. Il faut donc, avant d’accepter un rôle
wagnérien, faire attention à la taille et à l’acoustique des théâtres. Eve-Maud aimerait incarner
davantage de personnages rossiniens, mais on
l’engage plus souvent pour Wagner, tout simplement parce que les wagnériennes ne sont pas
légion et que les Italiennes capables de chanter
Rossini ne sont pas rares. Elle aimerait aussi
aborder plus de musique baroque. Un comble
pour quelqu’un qui possède un instrument lui
permettant de faire ce que les autres n’ont pas les
moyens de réaliser. Elle a une prédilection pour
Bach, Vivaldi, Haendel. Sa voix évoluant de plus
en plus vers l’alto, elle pense qu’il y a là une
carte à jouer.
Wesendonck Lieder
Eve-Maud les a chantés à Paris en 2013, à
Mulhouse en 2014 et les interprétera à nouveau
en 2016 pour le gala d’ouverture des Cercles
Wagner à Strasbourg. Le 6 octobre au BFM elle
sera accompagnée par l’Orchestre de chambre de
Genève sous la direction de Arie van Beek. C’est
la version de chambre de 1976 réalisée par Hans
Werner Henze que nous entendrons. Elle se situe
une tierce au-dessous de l’originale, ce qui change bien des choses pour l’interprète habituée à
l’autre version. Cela change également les couleurs ou l’atmosphère de certains Lieder. Une
brève intervention dans Rosamunde de Schubert
complètera la prestation d’Eve-Maud Hubeaux.
D’après de propos recueillis par
Martine Duruz
Le 6 octobre au Bâtiment des Forces motrices à 20h
loc. 022/807.17.90 / [email protected] ou www.ticketportal.com)
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jazz classics
Une saison
résolument féminine
La nouvelle saison de Jazz Classics se déclinera en six rendez-vous qui
feront la part belle aux femmes. D’octobre à mai, les amateurs de ce genre
musical auront ainsi le plaisir d’assister aux concerts d’artistes tels que
Cassandra Wilson, Ibrahim Maalouf, Stanley Clarke et Hiromi,
Stacey Kent, Jan Gabarek, ainsi que le duo formé de Charles Lloyd
et Jason Moran.
d’impressionner l’auditoire qui, en apéritif, aura
dégusté un autre duo composé, cette fois-ci,
d’une chanteuse lyrique et d’un pianiste, Lisette
Spinnler et Christophe Stiefel.
Un mois plus tard, le 8 avril, c’est au tour
de Stacey Kent de venir démontrer l’étendue de
ses talents vocaux et musicaux. La native du
New Jersey proposera un répertoire varié allant
des grands classiques de Broadway à la bossa
nova en passant par des compositions originales
et aussi des grandes chansons du répertoire
français.
Après la voix et le piano, le saxophone sera
à l’honneur avec Jan Gabarek le 29 avril. La
magie qui s’opère entre le musicien et son
instrument ne manqueront pas d’émerveiller le
public qui aura aussi l’occasion de voir à l’œuvre les musiciens du groupe du Norvégien qui
comprend Rainer Brüninghaus au piano, Juri
Daniel à la basse et Trilok Gurtu aux percussions.
La saison se terminera enfin le 9 mai en
compagnie de Charles Lloyd et Jason Moran.
Ce duo américain rivalisera de créativité au
piano et au saxophone, pour le plus grand bonheur des amateurs de blues et de grands standards emblématiques du jazz.
Julie Bauer
Information et billetterie :
http://www.prestigeartists.ch/billeterie/
Cassandra Wilson
Tout en douceur, la saison s’ouvrira le 31
octobre sur la voix de velours de l’Américaine
Cassandra Wilson, qui viendra régaler le
public avec son jazz teinté de blues, de country,
et de folk. Accompagnée de ses musiciens, elle
envoûtera à n’en pas douter le Victoria Hall.
Après cette voix légendaire, place à
Ibrahim Maalouf qui célèbrera une autre diva,
la grande chanteuse arabe Oum Kalthoum,
disparue il y a de cela 40 ans. Avec son Acoustic
Band, le trompettiste franco-libanais offrira, le
13 novembre prochain, un voyage au pays des
Mille et une Nuits mâtiné de musique classique
arabe et américaine.
Le 1er mars, c’est un duo qui entamera la
saison 2016. Hiromi et Stanley Clarke dialogueront au moyen du piano pour elle, et de la
guitare basse, pour lui. Une énergie à toute
épreuve, des improvisations flamboyantes et
une virtuosité décoiffante ne manqueront pas
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Stanley Clarke
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festival jazz onze+ à lausanne
Passage de témoins
Le couple Wintsch, l'aigle à deux têtes du Jazz Onze+, signe ici sa dernière
programmation, avant de transmettre le témoin à Vincent Favrat. Ce qui
donne à cette 23e édition un air testamentaire, avec le maintien d'artistes qui
ont fait l'histoire du festival (Joe Lovano, Marcus Miller, Han Bennink…),
mais aussi une volonté de couvrir les nouvelles tendances du jazz contemporain
(Grand Pianoramax, Gabriel Zufferey et Christoph Stiefel).
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“Nous aurons un peu la larme à l'œil mais
sommes contents de prendre notre retraite musicale après 23 ans passés au timon“, capitaine
Wintsch dixit. Et de regarder à la poupe l'évolution du jazz. Ce genre a bien sûr gardé quelques
constantes car il faut dire que, lorsque nous [ma
femme et moi] avons pris la tête du festival, le
jazz contemporain était déjà bien engagé, avec
Steve Coleman et consorts. Nous avons été attentifs à l'évolution de sa musique et n'avons pas eu
l'impression de redite quand le Jazz Onze+ l'a
réinvité. Prenons un autre artiste, Christian
Scott. Ce jeune trompettiste apparu il n'y a pas si
longtemps apporte beaucoup de fraîcheur au
genre parce que sa conception du jazz est ouverte à différents genres (be bop, soul, hip hop);
cependant, Scott reste fortement marqué par le
jazz des origines. D'autres artistes invités au festival ne se reposent pas sur leurs lauriers bien
qu'affichant quelques kilomètres au compteur.
C'est le cas de The Instant Composers Pool
Orchestra (composition de neuf musiciens formée par le percussionniste Han Bennink, venu
au Jazz Onze+ en 1988, et le pianiste Misha
Mengelberg). Eh bien, en 25 ans, l'ICP est resté
fidèle à ses idées libertaires du début, tout en
gardant une authenticité certaine par rapport à
la forme jazz. N'oublions pas que Bennink était le
batteur de Dexter Gordon et Sonny Rollins. On
peut donc en conclure que le jazz se porte bien.
Cependant il faudrait le programmer d'une
façon d'un plus serrée. En tous cas plus exclusive que ne le font d'autres festivals. Voyez le
Montreux Jazz, devenu désormais plus orienté
vers la pop musique que vers le jazz, alors qu'il
s'est pourtant fondé sur l'audition de groupes de
jazz (Charles Lloyd, Oliver Nelson, l'Art
Ensemble de Chicago, Michel Petrucciani…).
Bien sûr, Claude Nobs a toujours été sensible au
rock et au blues, mais le jazz y est devenu une
programmation désormais marginale, ou alors
relégué au Jazz Club [espèce de tunnel où les
spectateurs sont écrasés par le plafond, tellement
a
allongé que ce qui se passe sur scène doit être
relayé par des écrans à gauche et à droite tout le
long; ndlr]. Ainsi, des gens accueillis en grande
pompe à l'époque sont aujourd'hui programmés
dans cette petite salle. Imaginez que, l'an dernier,
Jack de Johnette, batteur de Bill Evans, a joué
dans cette espèce de club; cela donnait l'impression qu'il faisait un vulgaire set.
Fidèle au jazz, notre programmation du Jazz
Onze+ a donc toute sa place parmi les festivals.
C'est une vocation qu'il faut maintenir. Et nous
faisons confiance à Vincent Favrat pour la suite.
Le festival commence officiellement mardi,
avec la projection de Tokyo Solo à la
Cinémathèque Suisse. Ce documentaire de
Kaname Kawachi est en fait une captation du
150e concert du pianiste Keith Jarrett au
Metropolitan Festival Hall de Tokyo en 2002.
MERCREDI : Le festival a eu l'idée d'associer
le saxe américain Ricky Ford au Big Band de
Suisse Romande, pour une création inédite. Les
compositions de Ford, qui a joué avec Mingus et
Abdullah Ibrahim, sont pour l'occasion réarrangées par Jérôme Thomas et Christian Gavillet.
China Moses assure la seconde partie de la soirée. Animatrice de télévision, cette chanteuse de
soul et de R&B n'est pas trop connue dans le
monde du jazz strict, mais sa réorientation dans
ce genre promet une belle carrière. Etre la fille de
Dee Dee Bridgewater, ça aide.
JEUDI : Christoph Grab Raw Vision promet un son “brut de décoffrage“, en langage
wintschien. Le saxophoniste suisse allemand a
composé un sextet formé d'instruments rarement
associés : la rencontre inédite d'une guitare et
d'un accordéon, d'un saxophone et d'une basse; le
tromboniste joue du tuba et Maxime Parratte joue
du tambour. On ne loue plus John Scofield et
Joe Lovano, des musiciens indissociables de
l'histoire du Jazz Onze+.
VENDREDI : Tandis que le bassiste de Miles
Davis, Marcus Miller, revient pour faire plaisir
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China Moses © Sylvain Norget
à Francine Wintsch (Afrodeezia Tour), Serge
convoque le trio du Zurichois Christoph Stiefel:
“Sa musique est musclée et a du caractère. Ses
figures rythmiques sont volontairement répétitives pour asseoir le groove, tendus par des lignes
mélodiques dynamiques. Son jazz parvient néanmoins à rester pulpeux et sensuel dans sa simple
expression de trio jazz. Il a un style à lui, qui ressemblerait peut-être un peu à Abdullah Ibrahim
quand il jouait African Piano en 1969.“ Parole
d'expert donc !
SAMEDI : Hans Bennink emmène The
Instant Composers Orchestra (cf. supra) - cette
fois sans son pianiste et co-fondateur Misha
Mengelberg (pour des raisons de santé). Plus
tard, le pianiste prodige Gabriel Zufferey s'offre
la grande salle à l'occasion d'un concert en solo.
Enfin, le trompettiste Christian Scott (idem)
s'entoure de six musiciens, “un mélange de Louis
Armstrong pour l'intensité dans le registre aigu et
de Miles Davis pour la finesse“, de l'avis de l'artiste.
DIMANCHE : Wadada Leo Smith, trompettiste afro-américain de Chicago, et Günter Baby
Sommer, batteur né à Dresde, ont souvent joué
en duo ensemble. Leur spécialité : la musique
improvisée contemporaine du style Art Ensemble
de Chicago à la sauce Ornette Coleman. Glurps !
A l'Espace Jazz : La seconde salle du festival, ouverte aux musiques actuelles de tendance
jazz, reçoit sur trois soirées : le Grand
Pianoramax de Leo Tardin, le tromboniste italien Gianluca Petrella (avec Sidony Box),
Professor Wouassa, Guillaume Perret et son
quinte, et le quintet de Léon Phal de l'HEMU.
Cette 23e édition du Jazz Onze+ vérifie
donc la définition qu'en donne Serge Wintsch :
“une panoplie d'artistes et de musiques qui
témoignent de la diversité, de la richesse expressive, de l'énergie créative et de la capacité de
faire naître l'émotion du jazz tel qu'il est pratiqué
aujourd'hui sans exclusive d'école ou de style“.
Frank Dayen
Festival Jazz Onze+, du 27 octobre au 1er novembre au
Casino de Montbenon de Lausanne.
www.jazzonzeplus.ch
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vevey et martigny
Saisons musicales
Coup d’œil sur la programmation proposée par les concerts Arts & Lettres
à Vevey, ainsi que sur les concerts de la Fondation Gianadda à Martigny.
Les concerts d’Arts & Lettres
à Vevey
C’est un trio alto-clarinette-piano qui ouvrira la saison veveysanne 15/16 d’Arts et Lettres, à
la Salle del Castillo, où ont lieu tous les concerts.
Lawrence Power, Simon Crawford Phillips et
Chen Halevy joueront des œuvres de Mozart,
Chostakovitch, Maratka, Schumann et Bruch.
(ma 6 oct.) Les trois artistes du Trio Jean Paul
ont mis Brahms et Dvorak à l’affiche du deuxième des douze concerts de la saison. (ma 20 oct.)
Le Quatuor Belcea se produira à trois reprises
lors du dernier week-end de novembre : d’abord
avec le concours du violoncelliste Valentin
Erben pour le sublime Quintette à cordes de
Schubert, avec des œuvres de Mozart et Webern
en complément ; puis dans des Quatuors de
Haydn, Beethoven et Bartok ; et enfin en compa-
En janvier 2016, le pianiste Cédric Pescia
se joindra à un ensemble féminin, le Cecilia
String Quartet, qui présentera des œuvres de
Webern, de Mendelssohn et de Chostakovitch.
(ma 19 janv) La clarinette de Julien Hervé sera
particulièrement sollicitée lors du concert suivant, qui prévoit, au sein d’un programme très
varié, un hommage à Benny Goodman, avec
Maud Lovett au violon, Ying Lai Green à la
contrebasse, et Jean-Hisanori Sugitani au
piano. (me 3 fév.) Le Quatuor Fauré (avec
piano) a inscrit des œuvres de Kirchner, de
Mendelssohn et de Schumann à son programme.
(ve 19 fév.) Le récital du pianiste Nelson
Goerner comportera des œuvres de Debussy et
de Beethoven. (je 3 mars) La Compagnia del
Madrigale mettra son talent au service de
Madrigaux de Gesualdo. (lu 21 mars) Bach,
Messiaen et Schubert sont à l’affiche du récital de
piano que donnera Martin Helmchen. (lu 11
avril) Enfin, avec des instruments montés avec
des cordes en boyau et une clarinette de facture
ancienne, les violonistes Isabelle Faust et AnneKatharina Schreiber, l’altiste Yoshiko Morita, le
violoncelliste Emmanuel Balssa et le clarinettiste Lorenzo Coppola mettront en beauté un terme
à cette très prometteuse saison musicale d’Arts et
Lettres en interprétant les Quintettes pour clarinette et cordes Op.115 de Brahms et K.581 de
Mozart. (me 27 mai 2016)
Les concerts de la Fondation
Gianadda à Martigny
Francesco Piemontesi
gnie de Francesco Piemontesi pour le Quintette
avec piano de Brahms, complété par des
Quatuors de Beethoven et Britten. (ve 27, sa 28
et di 29 nov.)
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Commencée déjà en juillet avec notamment
des concerts décentralisés des festivals d’Ernen et
de Zermatt, ainsi qu’une soirée hors abonnement
donnée par Cecilia Bartoli, Diego Fasolis et I
Barocchisti, la saison du 80e anniversaire de son
fondateur Pierre Gianadda se poursuivra jusqu’en
juin 2016 avec huit concerts.
Murray Perahia au piano et Jamie
Phillips à la direction interpréteront une
Ouverture et les Concertos No 3 et 5
« L’Empereur » de Beethoven en compagnie de
l’Orchestre de Chambre de Lausanne. (me 14
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Harriet Krijgh © Marco Borggreve
oct.) Le pianiste Radu Lupu a inscrit des œuvres
de Mozart, de Beethoven, de Schubert et de
Brahms à son récital du « Concert anniversaire ».
(je 19 nov.) Michel Corboz conduira son
Ensemble Vocal et Instrumental de Lausanne
dans la Messe en ut mineur K.427 et le Requiem
K.626 de Mozart pour le « Concert du souvenir »
(ma 8 déc.) Lors d’une soirée consacrée à
Beethoven, le Trio Nota Bene jouera le Triple
Concerto pour violon, violoncelle et piano
Op.56, en compagnie de l’OCL conduit par
Hannu Lintu. (me 3 fév. 2016) Jordi Savall, à
la viole de gambe et à la direction de son ensemble Le Concert des Nations présentera « Les
goûts réunis,1600-1800 », un superbe programme d’oeuvres de Lully, Rosenmüller, Purcell,
Rameau, Rodriguez de Hita et Boccherini. (je 10
mars) Haydn, Schubert, Debussy, Schœnberg et
Bartok sont à l’affiche du récital de piano que
donnera Alain Planès. (ve 8 avril) Renaud
Capuçon et Francesco Piemontesi ont mis trois
Sonates pour violon et piano de Mozart,
Beethoven et Schumann à l’affiche de leur
concert. (sa 21 mai) Enfin, avec Harriet Krijgh
en soliste, l’Orchestre de la Suisse Romande,
conduit par Alexander Joël, interprétera le
magnifique Concerto pour violoncelle No 1
Op.107 de Chostakovitch, plus une Ouverture de
Beethoven et la Symphonie No 4 « Italienne » de
Mendelssohn, pour le concert de clôture de cette
très brillante saison des concerts de la Fondation
Pierre Gianadda. (je 2 juin 2016)
Yves Allaz
Rens : pour Vevey : www.artsetlettres.ch
pour Martigny : [email protected]
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grand théâtre de genève
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Opérettes, comédies musicales
Gérard
Daguerre
Le chef d’orchestre français Gérard Daguerre sera à la
tête de l’Orchestre de chambre de Genève pour huit
représentations de La Belle Hélène d’Offenbach,
du 14 au 25 octobre au Grand Théâtre. Bref entretien.
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Il n’a pas seulement une grande expérience de la direction d’orchestre ; il est aussi et surtout expert dans le domaine de l’arrangement musical, et pianiste de formation classique.
En ce moment il travaille sur de vieilles chansons françaises, dont il
réalise l’orchestration ; un hommage, dit-il, à tous les artistes qu’il a
accompagnés. En effet, les plus grands chanteurs de variétés ont collaboré avec lui : Sylvie Vartan pendant dix-huit ans, Barbara pendant dix-sept
ans, Charles Aznavour, dont il a dirigé le grand orchestre jusqu’en
Arménie, Michel Sardou, Joe Dassin, Anna Prucnal, Diane Dufresne… Il
a d’ailleurs commencé par l’Orchestre de Bobino, puis tenu la baguette
lors de grands spectacles, comme celui de Sylvie Vartan au Palais des
sports. Le piano occupe une place importante dans son emploi du temps.
Il ne passe pas un jour sans les Suites françaises de Bach ! Il se déclare
également grand amateur de musique russe, - de Rachmaninov en particulier -, et de jazz, même s’il en joue assez rarement en public.
Gérard Daguerre a commencé par Peter Pan au Casino de Paris, sur
l’invitation d’Alain Marcel. Puis il a eu l’occasion de monter avec son
complice Jérôme Savary à l’Opéra comique plusieurs opérettes et comédies musicales : La Périchole, La Vie parisienne, dont le succès a conduit
à une tournée mondiale, La Veuve Joyeuse, et Irma la douce, à l’Opéra
comique. Cette dernière est à l’affiche jusqu’au 10 octobre au Théâtre
Saint-Martin à Paris ; le texte est d’Alexandre Breffort et la musique de
Marguerite Monnot ; ce fut la première comédie musicale française jamais
montée, en 1956. Gérard Daguerre a fait tous les arrangements pour cette
nouvelle production où Laurent Deutsch, Marie-Julie Baup et Nicole
Croisille se partagent les rôles principaux.
Même dans les opérettes classiques, il prend parfois la liberté de
modifier l’orchestration : dans la Vie parisienne, il a par exemple donné
des couleurs plus « sud-américaines » à l’arrivée du Brésilien !
La Belle Hélène
La production genevoise sera mise en scène par Robert Sandoz, que
Gérard Daguerre trouve formidable. Ils sont sur la même longueur d’ondes et sont d’accord sur les petits changements opérés dans la musique. La
mise en scène ne sera pas aussi « déjantée » que celles de Savary, mais,
paraît-il, dans le même esprit. Gérard Daguerre se dit friand de la musique
d’Offenbach, et ravi de travailler avec des chanteurs lyriques, dont il
apprécie la qualité des voix. Dans la variété aussi il y a d’incroyables
talents : il a beaucoup appris en accompagnant Barbara, qui ne chantait
jamais deux fois de la même façon ! Il sait donc se mettre au service des
chanteurs, les suivre attentivement, avec souplesse, respecter leur interprétation et, pour les chanteurs lyriques, respirer avec eux. Il préfère d’une
façon générale, entendre les voix en direct et déteste le « retour de son »
lorsqu’il accompagne au
piano. Il refuse d’être
noyé dans l’électronique !
Après l’opéra-bouffe,
l’opéra ? Oui, Gérard
Daguerre y pense, mais il
n’a pas encore d’idée sur
l’œuvre qu’il aimerait
diriger d’abord. Après un
moment de réflexion
pourtant il se décide : un
Mozart par exemple !
D’après de propos
recueillis par
Martine Duruz
me 14 oct 15 - 19:30
ve 16 oct 15 - 19:30
di 18 oct 15 - 15:00
ma 20 oct 15 - 19:30
me 21 oct 15 - 19:30
ve 23 oct 15 - 19:30
sa 24 oct 15 - 19:30
di 25 oct 15 - 15:00
Billetterie en ligne
Répétition de «La Belle Hélène» avec Robert Sandoz, Véronique Gens (Hélène) et Gérard Daguerre
© GTG - Carole Parodi
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grand théâtre de genève
Dutoit et Berlioz
Charles Dutoit et Berlioz, c’est un long parcours. Ce chef d’orchestre
suisse de dimension internationale n’a cessé de diriger les œuvres
du compositeur.
En octobre, au Grand Théâtre, Charles Dutoit dirigera ce grand opéra
en 5 actes et 2 parties de Hector Berlioz qu’est Les Troyens - La Prise
de Troie, donné en version de concert ; il sera pour l’occasion à la tête
du Royal Philharmonic Orchestra.
Depuis ses premiers pas à la tête d’orchestres helvétiques, jusqu’à nos jours où il est
depuis 2009 directeur artistique et chef principal du prestigieux Royal Philharmonic
Orchestra de Londres. Entre-temps, il aura
jalonné sa carrière avec les meilleures phalanges des États-Unis, l’Orchestre symphonique de
Montréal dont il fut directeur de 1977 à 2002,
l’Orchestre national de France en tant que chef
principal de 1991 à 2001, l’Orchestre de
Philadelphie comme chef principal de 2008 à
2012. Avec toujours le répertoire de Berlioz à la
clef.
Comme le prouverait encore la Damnation
de Faust donnée l’an passé au festival de
Verbier qu’il anime. C’est ainsi qu’il a dirigé et
enregistré les grandes œuvres du compositeur,
mais aussi des pages inusitées qu’il a su ressor-
tir (comme les Huit Scènes de Faust, ou des
cantates). Seuls manquent à l’appel Benvenuto
Cellini et Béatrice et Bénédict, qu’il avait pourtant un temps envisagés.
Discographie
Un coffret discographique témoigne cette
belle aventure, à travers dix-sept (!) disques
compacts. Réunissant les Troyens, le Requiem,
la Damnation de Faust, Huit Scènes de Faust,
l’Enfance du Christ, la Symphonie fantastique,
Lélio, Roméo et Juliette, Tristia, la Symphonie
funèbre et triomphale, Harold en Italie ; mais
aussi des mélodies avec orchestre, des ouvertures, des cantates, des pages pour chœur et d’autres pièces rares. Un coffret « Berlioz
Masterworks » Decca, que l’on ne saurait trop
conseiller. Pour un vaste panorama de l’œuvre
de Berlioz, servi de façon magistrale. Car
Sergey Semishkur sera Enée © Anna Primki
Charles Dutoit demeure, juste après Colin
Davis, celui qui a fait le plus et le mieux pour la
cause de Berlioz.
Laissons-lui la parole : « Berlioz appartient
à ce que j’appellerais la ligne honnête, celle qui
a de la tenue, de l’élégance dans le son, qui fait
preuve de panache et de virtuosité, qui aime les
angles et les articulation nettement définies. La
musique de Berlioz est essentiellement aristocratique. Cette musique n’est pas
victime du cholestérol, elle refuse le
jus, on ne s’y vautre pas. » (entretien
pour le Cahier de l’Herne Berlioz).
Pierre-René Serna
La Prise de Troie
15 octobre 2015 à 19h30
19 octobre 2015 à 19h30
Les Troyens à Carthage
17 octobre 2015 à 19h30
22 octobre 2015 à 19h30
Grand Théâtre à 19h30.
Billetterie en ligne
Charles Dutoit © Nicolas Brodard
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opéra de lausanne
On remarque que la saison 2015-2016, avec cinq nouvelles
productions, propose quelques chefs-d'œuvre du répertoire lyrique
comme La Cenerentola, la Fille du Régiment ou Faust, et une saison
de ballet très originale. Quels seront les temps forts de cette saison ?
Éric Vigié
Pour sa dixième saison à la tête de l'Opéra de Lausanne,
Éric Vigié invite son public à un long voyage à travers
trois siècles d'histoire de l'art lyrique. Cinq nouvelles
productions d'opéras, une comédie musicale, la reprise
d'une fantaisie lyrique réservée en priorité aux enfants,
trois ballets et trois concerts, dont deux seront coproduits
avec le Festival Bach de Lausanne, composeront le menu
de cette appétissante saison.
Et c'est un directeur heureux et débordant de projets qui
a accepté de répondre à nos quelques questions.
Vous dirigez l'Opéra de Lausanne depuis 10 ans au cours desquels vous avez offert à votre public des programmations « percutantes, conviviales et enflammées » comme vous aimez à la dire. Bien que
vous ne soyez pas au bout de votre mandat, quel bilan pouvez-vous
déjà tirer de ces 10 premières années à Lausanne ?
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Il m'est difficile de tirer un bilan objectif à propos de ces dix dernières
années. Je dirais que tout va pour le mieux, et que la nouvelle scène tant
désirée donne toute satisfaction. L'Opéra de Lausanne a aujourd'hui une
image forte dans le paysage culturel, musicale et lyrique, aussi bien sur le
plan national qu'international. Nous travaillons dans ce sens.
La qualité des spectacles est notre priorité, et c'est le public, qui nous suit
depuis longtemps, qui est habilité à juger. Je reste très prudent. L'Art
Lyrique est un art complexe, aux multiples paramètres très différents.
Monter une saison où des dizaines d'artistes doivent cohabiter et réussir
reste le pari à relever chaque saison.
Vous êtes un directeur qui avez
un certain goût du risque en n'hésitant
pas à programmer des titres peu ou
jamais joués à Lausanne. Lors de la saison dernière vous avez même osé deux
créations, dont une création mondiale.
Le public lyrique habituellement frileux
vous a-t-il suivi ?
Je ne pense pas être à la pointe de la prise
de risque. Je connais bien aujourd'hui le
public de l'Opéra de Lausanne et je fais en
sorte d'équilibrer les saisons pour satisfaire
un maximum de curieux et d'afficionados.
Les deux créations mondiales était une première, tout comme trouver quatre contresténors de qualité pour Rinaldo, ou encore
pour Ariodante, cette saison, qui n'a jamais
été chanté par un homme en scène depuis
sa création en 1735. Oui, le public nous
suit, et reste curieux bon gré mal gré, de
nouveautés ou d'excentricités lyriques. Il
faut savoir équilibrer offre et demande.
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Il m'est difficile de mettre en lumière un spectacle par rapport à un autre.
Nous y avons mis toute notre énergie pour réussir vocalement et scéniquement chaque titre, pour que notre public découvre ou redécouvre des
ouvrages qui sont fait pour notre scène. C'est une saison éclectique, variée
et pour tous les gouts... Notre raison d'être.
La nouvelle saison va couvrir trois cents ans d'art lyrique avec
des titres qui évoquent pour la plupart des femmes, princesse de
conte de fée, fille à soldat, déesse, femme du peuple ou jeune fille perdue. De La Cenerentola aux Mamelles de Tirésias, de My Fair Lady à
Carmen. En seront-elles l'un des fils conducteurs ?
Certes, mais c'est totalement involontaire. Vous connaissez certainement
le fameux livre de Catherine Clément paru en 1979 : L'Opéra ou la défaite des femmes qui mettait justement sous une lumière assez nouvelle le fait
que les femmes étaient les grandes protagonistes (et perdantes !) de l'Art
lyrique au vu du traitement qu'elles recevaient souvent en scène (mort violente, décapitation, empoisonnement, répudiation...) Je ne programme pas
selon un stéréotype dramaturgique qui voudrait par exemple mettre en
relief ce genre de déséquilibre relationnel entre les femmes et les hommes.
Programmer une saison, à notre niveau, est très difficile car les choix à
faire sont plus d'ordre du répertoire et des finances que de l'idée dramaturgique. N'oublions pas qu'il y a toujours des hommes au côté de ces femmes, et que souvent... les histoires se terminent heureusement bien !
Ariodante, dramma per musica de Haendel au centre d'une
programmation dédiée aux femmes, sera-t-il la perle rare dont vous
aimez orner vos programmations ?
Si je n'ai rien artistiquement d'intéressant à proposer au public, je considère que ce n'est pas la peine de programmer.
Ici, le pari était de trouver et proposer
pour la première fois un contre-ténor
dans le rôle d'Ariodante, ce qui rend le
livret un peu plus crédible pour le spectateur. De plus nous n'allons pas nous
priver de la voix de Yuriy Mynenko qui
est un des grands spécialistes de ce
répertoire, dirigé de surcroit par Diego
Fasolis que le public lausannois apprécie
grandement.
Nous avions déjà relevé le pari pour
Gulio Cesare chanté pour la première
fois avec quatre contre-ténors ainsi que
Rinaldo. Cela fait partie d'une tradition
qui fait depuis longtemps de l'Opéra de
Lausanne une référence pour la réalisation de ce répertoire du XVIIIe aux spécificités bien particulières.
Une saison de danse en trois
temps dont le dernier sera marqué
Éric Vigié © Marc Vanappelghem
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par La gaîté parisienne de Manuel Rosenthal, d'après Offenbach. Le
Béjart Ballet Lausanne sera sur la scène de l'Opéra de Lausanne et
l'Orchestre de Chambre de Lausanne dans la fosse. Sans doute un des
grands moments de la saison ?
Je l'espère ! Ce sera un événement de toutes les façons. Le BBL n'a jamais
dansé l'entier de la chorégraphie de Maurice Béjart, et le public lausannois
ne connaît pas ce travail. Ce sera aussi une première pour l'OCL de jouer
en fosse pour une compagnie de danse. Et le couplage avec Les mamelles
de Tirésias (première lausannoise) est aussi une façon de rassembler des
publics différents autour d'une offre particulière et jamais proposée.
Peu de grandes « stars », si l'on excepte Serena Mafi, Julie
Fuchs ou Paolo Fanale, au sein de vos distributions, mais de jeunes
talents, chanteurs issus des hautes écoles de musique de Suisse romande,
recrues de l'Ensemble vocal de l'Opéra
de Lausanne qui a révélé des chanteurs talentueux comme Carine
Sechaye, Isabelle Henriquez ou Benoît
Capt. Pouvez-vous préciser vos choix
artistiques ?
Depuis quelques décennies, les théâtres et les maisons d'opéra
voient leur public vieillir et peiner à se renouveler. L'Opéra de
Lausanne ne fait certainement pas exception et depuis des années
vous vous impliquez beaucoup pour le jeune public qui, ne l'oublions
pas, sera le public de demain, en lui offrant spectacles et activités.
Quels sont vos projets pour cette saison ?
L'Opéra de Lausanne fait exception. Nous avons un public assez rajeuni et
nous en sommes très heureux. 9% de notre public a moins de 24 ans. Cela
vient tout d'abord d'un phénomène typiquement locale (Lausanne et le
Canton de Vaud représente 90 % de notre public) avec une population
jeune, active et demandeuse de produit culturel. Il suffit de venir assister
à une représentation pour se rend compte qu'il y a une grande mixité tant
de nationalités que d'âges ! Et l'Opéra en profite bien évidemment.
Il y a également le fait que l'Opéra de
Lausanne s'est attaché depuis plusieurs
années à développer la médiation culturelle
avec les écoles de la Ville et du Canton. Et ce
sont plus de 2000 enfants que nous
accueillons par an. Nous avons un spectacle
musical qui leur est réservé chaque saison,
ainsi que des activités le mercredi aprèsmidi, sans oublier un abonnement « opéra en
famille ». Il faut leur ouvrir les portes, et les
habituer à ne pas passer devant le théâtre,
plus tard, sans leur avoir donné un jour l'opportunité d'y entrer et de savoir ce qu'il s'y
passe à l'intérieur.
Ce bâtiment doit leur appartenir.
Dans les « stars », vous pouvez rajouter
Diego Fasolis et Marina Rebeka qui
chantera dorénavant le rôle de Ginevra, et
qui est une des Traviata de l'Opéra de
Vienne, une superbe soprano. Ceci précisé, nous avons des chanteurs assez expérimentés sans être des stars, et en plein
développement de carrière. N'oubliez pas
La saison dernière a vu la création
qu'Olga Peretyatko était inconnue ou
du Petit Prince, une œuvre assez difficile
presque quand elle vint pour la première
de Michael Levinas. S'agissait-il vraiment
fois à Lausanne en 2009. Voyez le ched'un spectacle pour enfants ? Avez-vous
min parcouru en six ans.
des projets pédagogiques futurs plus
En ce qui concerne les chanteurs suisses
appropriés ?
que vous citez, je les ai engagés il y a
Ce n'est pas parce que l'on s'adresse au jeune
maintenant longtemps (sept-huit ans), et
public qu'il faut leur servir un musique
je considère qu'ils sont en carrière, mais
Le contre-ténor Yuriy Mynenko chantera Ariodante
« enfantine » voir simpliste. Le principe de la
nous continuons d'aider à développer des
création
lyrique
pour
le
jeune
public est d'offrir aux regards un spectacle
carrières de jeunes chanteurs issus de l'HEMU Lausanne ou parfois de la
intelligible
et
de
qualité.
La
musique
de Lévinas avait un grand sens de
HEM de Genève. C'est un choix assumé depuis dix ans maintenant. Cela
l'accompagnement
du
texte
de
Saint
Exupéry,
et le mixage entre les deux
doit être une de nos missions. Mais l'essentiel est d'entourer ces jeunes
était
parfait,
même
si
cela
s'est
révélé
difficile
pour
certaines oreilles, mais
chanteurs avec des chefs d'orchestre et des metteurs en scène très expéripas
pour
toutes.
Et
c'est
notre
mission
de
faire
en
sorte que création,
mentés, qui leur apportent une finition de formation professionnelle pour
découverte
et
éducation
aillent
de
paire.
les aider à affronter ce métier périlleux et complexe.
Nous avons présenté dans le passé des œuvres comme Le Petit Ramoneur
En 2010, vous avez mis sur pied un formidable projet de de Britten ou Le Chat Botté de Xavier Montsalvatge dont les compositions
décentralisation de l'opéra en créant ‘La Route lyrique’ permettant à ne sont pas des plus simples pour un jeune public. J'ai vu ici et là chez mes
une opérette ou un opéra de partir avec armes et bagages, sur les rou- collègues des créations autrement plus complexes musicalement que celtes de Suisse romande, à la rencontre de nouveaux publics. les de M. Levinas, et j'ai remarqué que les adultes et les parents étaient
Retenterez-vous cette folle aventure l'été prochain ?
bien plus enclins à la critique que leurs enfants qui semblaient recevoir
Oui, bien sûr. C'est un des « must » de l'Opéra de Lausanne. Nous parti- plus aisément musique et spectacle, tout comme à Lausanne.
rons dès le début juin 2016 avec La Belle de Cadix de Francis Lopez mis
Propos recueillis par Kathereen Abhervé
en scène par Patrick Lapp qui tiendra d'ailleurs un rôle assez croustillant.
Plus de 20 représentations sont prévues dans le Canton, à Lausanne, dans
le Canton du Jura, en Franche Comté et au Festival d'été Vichy.
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saison de l’opéra de lausanne : la cenerentola
Serena Malfi
Le jeune mezzo Serena Malfi sera Angelina dans la nouvelle production de
La Cenerentola à l’Opéra de Lausanne du 2 au 11 octobre. Nous lui avons posé
quelques questions sur sa carrière.
Serena Malfi, ces prochaines semaines le public de Lausanne vous entendra
pour la première fois dans La Cenerentola.
Comment avez-vous abordé la partition de Rossini pour cette production ?
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Si l’on regarde les rôles que vous avez interprété le plus souvent (Cherubino, Annio,
Angelina, Rosina, Zerlina) on pense spontané-
Le monde de l’opéra aujourd’hui
demande à un chanteur d’être aussi très bon
acteur, surtout dans le répertoire comique.
Comment vous avez développé cet aspect de
votre formation, et comment vous l’entretenez aujourd’hui ?
A mes débuts j’étais assez timide sur scène,
mais j’ai toujours cherché de m’amuser et cela
m’ai grandement aidé. Ensuite l’expérience, les
longues périodes de répétition, le partage de la
scène avec de collègues plus expérimentés et le
fait de travailler avec des bons metteurs en
scène a fait le reste.
Quel type de musique écoutez-vous quand vous ne chantez
pas ?
C’est une œuvre qui m’accompagne
depuis les débuts de ma carrière. J’ai eu
la chance de chanter Angelina pour la
première fois au Festival Rossini de Bad
Wildbad et de la reprendre ensuite à
Mouscou, Valence, Paris, Vienne et
Naples. Chaque fois que je chante à nouveau ce rôle je découvre des passages à
améliorer, même si je les ai chantés des
centaines de fois.
A part la musique classique, que
naturellement j’aime beaucoup, j’écoute pas mal de musique rock et du
jazz. Dans la playlist de mon portable
j’ai surtout des chansons de
“Radiohead“ et de “Muse“.
Y a-t-il un rôle que vous
rêvez de chanter un jour ?
Un surtout : Carmen ! Mais aussi
Sesto de la Clémence de Titus et
Charlotte de Werther. Le temps viendra, je ne suis pas pressée.
Vous êtes une des voix émergentes de nos jours et votre formation est
en grande partie italienne. Dans le
monde globalisé d’aujourd’hui vous
croyez que les écoles de chant dites
autrefois “nationales” (italienne, française, allemande) existent encore ?
Les écoles nationales ont eu toujours une
relation étroite avec le répertoire d’un
pays. Or, la nécessité d’aborder un répertoire le plus vaste et complet possible
s’impose de plus en plus aux chanteurs.
Je pense que, grâce aussi à la vulgarisation des recherches internationales dans
le champ de la respiration et de la phoniatrie, il existe de nos jours en effet une technique
qu’on peut dire “globalisée“. Cela n’empêche
pas, évidemment, que chaque chanteur doit
trouver sa technique à lui, à travers beaucoup
d’expériences d’enseignement différentes.
Vous avez une prédilection pour
Mozart et Rossini. Comment avez-vous construit votre répertoire jusqu’à maintenant ?
J’ai simplement suivi les caractéristiques de ma
voix et jusqu’à maintenant la musique de ces
compositeurs s’y adaptait parfaitement. Mais la
voix est en train de changer et je me prépare à
aborder de nouveaux rôles…
e
Quel conseil donneriezvous à un jeune chanteur ?
Etudier beaucoup et être toujours bien
préparé, même si l’on chante des petites choses. Ce sont les petites choses
parfois qui font la différence !
Propos recueillis par
Gabriele Bucchi
Serena Malfi © Francesco Squeglia
ment à Teresa Berganza. Vous avez chanté en
2013 dans un concert qui célébrait ses quatrevingt ans.* Reconnaissez-vous dans la cantatrice espagnole un modèle de vocalité?
Teresa Berganza est sans doute une des voix de
mezzo que j’ai le plus écoutées et suivies, parce
que je sentais dans sa voix quelque chose qui
était très proche de la mienne. Le concert pour
ses 80 ans a été très émouvant. J’ai chanté l’air
de Chérubin et à la fin du concert elle est venue
me remercier avec un grand sourire et un
«Brava Cherubino !» que je n’oublierai jamais.
Un autre modèle absolu de vocalité pour moi est
celui de Mariella Devia, mon enseignante.
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à écouter sur Youtube (Serena Malfi, «Voi che sapete »,
Madrid, Teatro Real, 2013)
www.youtube.com/watch?v=hnJEoex5hsc
La Cenerentola de Rossini à l’Opéra de Lausanne:
Vendredi 2 octobre 2015, 20h
Dimanche 4 octobre 2015, 17h
Mercredi 7 octobre 2015, 19h
Vendredi 9 octobre 2015, 20h
Dimanche 11 octobre 2015, 15h
Billetterie : www.opera-lausanne.ch/
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Mardi 29 décembre 2015, 19h
Mercredi 30 décembre 2015, 19h
Jeudi 31 décembre 2015, 19h
Dimanche 3 janvier 2016, 15h
Billetterie : www.opera-lausanne.ch/
saison de l’opéra de lausanne : my fair lady
François Le Roux
À la tête d’une belle carrière lyrique, touchant à tous les genres, de l’opéra
français à l’opéra contemporain, le baryton François Le Roux s’attaque à la
comédie musicale. Avec celle qui est certainement la plus célèbre de toutes :
My Fair Lady, pour la fin d’année à l’Opéra de Lausanne, où il tient le rôle
principal de Higgins. Il évoque pour Scènes Magazine cette incursion,
nouvelle pour lui, dans un autre répertoire.
Est-ce la première fois que vous chantez dans une comédie musicale ?
Oui. J’avais toutefois déjà fait Magdalena de
Villa-Lobos au Châtelet, qui s’apparente au
genre. Un ouvrage créé aux États-Unis, à Los
Angeles puis repris à Broadway. Mais c’est le
premier gros titre du genre auquel je participe.
Avec le rôle de Higgins, le plus « gros » chez les
hommes !
Les parties chantées sont en anglais,
et les passages parlés en français. Est-ce que
cela pose des difficultés de passer d’un registre à l’autre, du chanté au parlé, qui plus est
avec le saut d’une langue à l’autre ?
Certainement. Et les questions de phonétique et
de langue inhérentes au livret sont, en quelque
sorte, doublées !
Défense et illustration
du chant français
Formé à l'Opéra-studio de Paris, François
Le Roux a été lauréat de plusieurs concours de
chant avant d'être engagé comme membre de la
troupe de l'Opéra de Lyon de 1980 à 1985.
Comment concevez-vous le rôle de
Higgins ? Serait-ce un lointain cousin de
Pelléas, qui a fait votre gloire ?
Non, pas exactement. Ce serait plutôt un parent
de mon côté professeur de répertoire français
pour les chanteurs. Ce qui me donne… une
responsabilité !
D’une manière générale, pensez-vous
apporter votre touche personnelle à votre
interprétation, aussi bien vis-à-vis du metteur en scène que du chef d’orchestre ?
Je l’espère. Mais je me sens toujours humble. Je
crois pouvoir le dire d’expérience, quand j’aborde un répertoire nouveau, et un rôle de cette
taille.
Question annexe : avez-vous déjà travaillé avec l’un comme l’autre ?
J’ai déjà travaillé avec ma partenaire, Marie-Ève Munger, dans
Magdalena, justement. Mais ni
avec le chef d’orchestre, ni avec le
metteur en scène.
Vos prochains rendezvous, si vous en avez, en Suisse
romande ?
Un concert en hommage au compositeur Pierre Wissmer, pour son
centenaire, à Genève le 1er novembre prochain !
Propos recueillis par
Pierre-René Serna
My Fair Lady de Frederock Loewe à
l’Opéra de Lausanne, avec entre autres
François Le Roux (Higgins) et Marie-Ève
Munger (Eliza)
Mercredi 23 décembre 2015, 19h
Dimanche 27 décembre 2015, 17h
François Le Roux © Philippe Delacroix
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Sa carrière internationale l'a ensuite mené
sur toutes les grandes scènes internationales,
notamment pour interpréter des rôles du répertoire français (Pélléas, puis Golaud, Ramiro de
l'Heure espagnole de Ravel, le Marquis du
Dialogue des Carmélites de Poulenc, Lescaut
dans Manon de Massenet) mais on a pu l'entendre également dans le rôle titre de Don
Giovanni, ou dans le rôle d'Almaviva. Ses
incursions dans le domaine baroque ont été fort
nombreuses : Oreste dans l'Iphigénie en Tauride
de Gluck, Pollux dans Castor et Pollux de
Rameau et les rôles-titres de l'Orfeo et Le
Retour d'Ulysse de Monteverdi, ce qui ne l'a pas
empêché de participer également à la création
d'œuvres contemporaines, ainsi Gawain
d'Harrison Birtwistle ou Prinz von Homburg de
Hans Peter Henze.
Mais depuis le début de sa carrière,
François Le Roux s'est fait connaître en tant que
défenseur de la mélodie française puisque son
catalogue discographique comporte des enregistrements d'œuvres connues de Duparc, Debussy,
Fauré, Saint-Saëns, Massenet, Roussel, Déodat
de Séverac ou Reynaldo Hahn mais également
des raretés signées Durey, Halphen, DanielLesur ou encore de Pierre Wissmer dont il sera
l'interprète le 1er novembre au Conservatoire de
Genève en compagnie de Cécile Bonnet et
Daniel Spiegelberg, à l'occasion de la célébration du centenaire du compositeur genevois.
Quant à sa prestation dans la peau du « professeur Henry Higgins », il ne fait pas de doute
qu'elle sera inspirée en partie par son expérience en tant qu'enseignant et expert en masterclass
depuis qu'il a fondé l'Académie Francis Poulenc
en 1997 dont il en est toujours le responsable et
qu'il enseigne au Conservatoire de Paris depuis
2014.
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saison de l’opéra de lausanne : les mamelles de tirésias
Daniel Kawka
Le chef d'orchestre français Daniel Kawka salué comme l'un des grands
interprètes de la musique des XXe et XXIe siècles, revient à l'Opéra de
Lausanne après 10 années d'absence, pour diriger l'Orchestre de Chambre
de Lausanne à l'occasion d'un spectacle original qui réunira, en janvier
prochain, le public d'opéra et de danse.
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La soirée commencera avec Les Mamelles
de Tirésias, un opéra bouffe que Francis Poulenc
créa à Paris en 1947 et se poursuivra avec La
Gaîté parisienne, un pot-pourri plein de fantaisie
imaginé par le compositeur et chef d'orchestre
français Manuel Rosenthal d'après des opérettes
et opéras-bouffes d'Offenbach. Créé en 1938 par
les ballets Russes de Monte-Carlo sur une chorégraphie de Léonide Massine, ce ballet fut recréé
à Bruxelles 40 ans plus tard par Maurice Béjart
pour le Ballet du XXe siècle et sera repris sur la
scène de l'Opéra de Lausanne par le Béjart Ballet
Lausanne.
Daniel Kawka
Daniel Kawka, vous avez dirigé les
plus grands orchestres symphoniques européens, mais aussi l'Ensemble Orchestral
Contemporain et l'Orchestre Symphonique
Européen (OSE) que vous avez fondés, vous
allez retrouver en janvier prochain
l'Orchestre de Chambre de Lausanne pour
ce double programme. Comment s'annoncent ces retrouvailles ?
Premier contact en réalité. C'est une grande joie
d'aborder cette première collaboration avec l'orchestre dans un programme haut en couleurs,
caustique, dramatique et chorégraphique. Une
musique transparente et expressive qui convient
magnifiquement au style et à l'esprit de l'orches-
e
tre, à la flamboyance chambriste et symphonique qui le caractérise. C'est un orchestre au
champ « panoramique » en terme de répertoire,
d’expériences riches et fructueuses, de flexibilité, d'un grand raffinement dans la couleur et la
personnalité, souple dans sa palette stylistique
et de fait dans sa personnalité.
Diriger des musiciens et des chanteurs, c'est votre quotidien. Mais diriger un
orchestre avec des danseurs sur le plateau!
Comment envisagez-vous votre collaboration avec le Béjart Ballet Lausanne ?
Comme un véritable travail d'équipe et une
démultiplication de l'écoute et du regard. S'il
faut chercher l'alchimie avec les chanteurs sur
un plateau d'opéra, il faut être plus alerte encore avec un ballet quand la production existe
déjà. Cela veut dire que tout a été préalablement réglé en fonction d'un tempo donné. Il
faut donc que le chef prenne préalablement
connaissance de la production, du spectacle
« fini », dans son écrin spatial et temporel. Se
calquer musicalement au plus prêt du mouvement, de l’énergie et de la ronde des corps. La
collaboration eu égard à mes expériences antérieures avec des danseurs s'établit sur le rapport dialogue et fine complicité. Le corps
respire, le mouvement est rythme et le rythme
de la musique doit à son tour générer le mouvement des corps avec naturel dans une fusion totale. Enthousiasmant et exaltant.
Pour vous la musique « est partage
collectif autant que discipline individuelle ».
Pouvez-vous expliquer votre démarche ?
Belle et grande question. Oui bien sûr la musique
est avant tout partage. Elle relève de la discipline
individuelle dans le travail préalable : seul au
piano et à la table dans cette alchimie du travail
d'approfondissement, cette intimité avec l'œuvre,
cette interrogation du sens profond, de l'esprit de
l'œuvre, dans cette quête de l'ultime étape avant
le travail collectif, celui où l'œuvre se révèle
enfin, où la dramaturgie s'éclaire, où la concep-
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tion se fait jour. Ensuite tout n'est qu'échange,
échange d’énergie, d'imaginaire, partage consenti de la vision poétique de l'œuvre avec l'orchestre, les solistes, les chœurs, les chanteurs.
Aventure commune de l'interprétation, de la
connaissance et du miroitement de l'œuvre, du
style, du message, pour la plus grande satisfaction esthétique et sensible du public. Et puis il y
a cette « appropriation » nécessaire et exaltante
du talent de l'autre, que l'on doit accueillir à bras
ouverts. En effet comment jouer un concerto sans
entrer en empathie avec la vison et la sensibilité
du soliste ? Comment aborder un opéra sans y
fédérer la sensibilité et les qualités vocales de
chacun ? De plus on le sait l'orchestre écoute,
mime, se fond, dialogue. Il dialogue aussi avec
les danseurs qu'il n'entend pas, certes mais dont il
sent l’énergie et le mouvement, et bien sûr avec
tous, la respiration.
Quels sont vos projets à la tête de vos
deux orchestres et avec d'autres formations ?
Après Lausanne, aurons-nous le plaisir de
vous voir diriger à nouveau en Suisse
Romande ?
Avec l'EOC : nous poursuivons l'aventure de la
création. La première de Maria Republica en
constitue l'épicentre et l’événement.
principal. Nous nous retrouverons au printemps
prochain à Genève à l'invitation du Festival
Archipel. Un CD Ravel consacré aux deux
concertos pour piano enregistré à la tête de Ose
avec le magnifique pianiste Vincent Larderet
pour Ars Produktion, paraîtra en octobre. Un
grand événement lyrique franco suisse à l'initiative de Ose suivra l'an prochain. Au mois de
novembre c'est un programme bouleversant
autour des musiques dites « dégénérées » qui
nous conduira au Corum à la tête de l'orchestre
de Montpellier. Enfin après le succès du Ring du
bicentenaire mis en scène par Laurent Joyeux,
c'est ce même ouvrage qui occupe aujourd'hui
encore mon temps d'investigation. Avec Le
Chevalier à la rose je laisse, cette énergie tressée
avec les œuvres, ainsi qu'au heureux hasard, la
liberté de choisir les grandes maisons d’opéra qui
nous accueilleront !
Propos recueillis par Kathereen Abhervé
Les mamelles de Tirésias de Poulenc
Dimanche 17 janvier 2016, 17h
Mercredi 20 janvier 2016, 19h
Vendredi 22 janvier 2016, 20h
Dimanche 24 janvier 2016, 15h
Billetterie : www.opera-lausanne.ch/
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saison de l’opéra de lausanne : la fille du régiment
Julie Fuchs,
celle qui promet
La soprano Julie Fuchs chantera La Fille du régiment à l’Opéra de Lausanne
en mars prochain. Un timbre et un tempérament sur lesquels nous comptons
beaucoup.
Julie Fuchs est cette jeune chanteuse qui a
récemment prêté sa voix et son sens de la scène à
Ciboulette, l’héroïne de Reynaldo Hahn, à
l’Opéra Comique de Paris. Mais sa carrière déjà
foisonnante lui a permis d’aborder bien des rôles,
comiques ou tragiques, avec une grâce toujours
renouvelée.
Tout a commencé pour elle par le violon ;
élève du conservatoire d’Avignon, elle assistait à
toutes les générales des opéras et des opérettes
qui étaient montés sur la scène de l’opéra voisin.
Membre d’un groupe et d’un chœur, elle eut un
jour la bonne idée de fonder un quintette vocal a
capella dont l’une des vocations était de chanter
dans les rues. Vers l’âge de dix-huit ans, la jeune
violoniste projetait de devenir chef de chœur,
mais elle commença de prendre sérieusement des
cours de chant et fut encouragée par le nouveau
directeur du conservatoire d’Avignon à devenir
soliste.
Depuis lors, sa carrière a pris un essor rapide, au point que Julie Fuchs fait partie depuis la
saison 2013-2014 de la troupe de l’Opéra de
Zurich : « Pour y faire mon métier, et apprendre
à ne pas faire trop de choses trop vite ».
De Paris à Vienne via Lausanne
Cette saison, après avoir fait ses débuts à
l’Opéra de Paris dans le rôle de la Folie de
Platée, elle sera, outre Marie dans La Fille du
régiment, la Comtesse Folleville dans Le Voyage
à Reims et Angelica dans Orlando à Zurich,
avant de chanter le rôle-titre de Lucia di
Lammermoor à l’Opéra d’Avignon. Elle fera également ses débuts à l’Opéra de Munich, cette fois
dans Musetta de La Bohème. La saison suivante,
c’est à l’Opéra de Vienne qu’elle chantera pour la
première fois. Et on notera sur nos calepins, sans
attendre, un triple Acis et Galatée (Mozart,
Haendel, Mendelssohn) avec le Mozarteum
Orchester de Salzbourg, le 29 janvier prochain,
sous la direction de Marc Minkowski.
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« La langue définit la musique », dit volontiers Julie Fuchs. Qui ajoute : « Chanter en français, c’est trouver un style. Je fais peu attention
à la facilité technique : j’adore chanter en français, donc chanter en français, pour moi, c’est
facile ». Les rôles qu’elle aimerait aborder ?
« Les grands classiques : Manon, Juliette, et
dans un avenir plus proche Ophélie, Mélisande
et Blanche dans Dialogues des carmélites ». Elle
se sent un peu moins proche des personnages des
Contes d’Hoffmann. Est-ce à cause de la virtuosité qu’exige Olympia ? « J’ai chanté Zerbinetta
dans Ariane à Naxos, mais c’est un vrai rôle, qui
entre dans le propos entier de l’opéra, ce qui m’a
nourri pour atteindre les con-tre-mi. La poupée
des Contes d’Hoffmann aide moins ! » Quant au
répertoire italien, « le graal c’est Violetta, un rôle
complet vocalement, musicalement, dramatiquement ».
Mélodie et comédie
Côté mélodie, Julie Fuchs affectionne
Poulenc, dont elle a enregistré avec cinq autres
chanteurs francophones l’intégrale des mélodies.
Elle interprète ce compositeur davantage que
Ravel ou Fauré, mais il lui arrive d’aller voir du
côté de Debussy, auquel elle a consacré un enregistrement.* « Je trouve que Poulenc se
démarque des autres, qu’il est plus proche du
théâtre que de la mélodie pure et dure. Les indications telles que “comme Tosca”, qu’il porte
sur les partitions de certaines petites mélodies,
vont dans ce sens. Poulenc pourrait aussi, par
certains côtés, faire penser à Offenbach. » A
ceux qui lui disent que Poulenc est un compositeur futile, elle répond : « Qu’ils écoutent
Dialogues des carmélites ! Mais il est vrai qu’il y
a aussi chez lui une dimension légère, frivole ».
On n’oubliera pas non plus que Julie Fuchs
éprouve un grand intérêt pour la comédie musicale, intérêt qui, dit-elle, « résulte d’une succession d’heureux hasards. J’ai commencé à chan-
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Julie Fuchs Julie Fuchs
ter en faisant de la chanson et du jazz, et j’ai
l’impression de retourner à l’essentiel en pratiquant la comédie musicale. Le premier grand
rôle qu’on m’a confié dans une salle parisienne
a été Maria dans The Sound of Music au
Châtelet, et je n’oublie pas My Fair Lady à Metz
en 2012. Il y a une insouciance, une spontanéité
dans cette musique. Ici aussi, la langue, c’est le
style. »
Chanter avec un micro ? « J’adore ! La tessiture de la comédie musicale devrait m’obliger,
dans les graves, à arrondir le son, à le nourrir, à
vibrer plus, mais alors je ne serais plus dans le
style. Chanter sans micro serait aller contre ma
voix. L’alternance avec les dialogues, dans les
grandes salles, rend aussi le micro presque obligatoire. »
Pour l’heure, on l’écoutera dans La Fille du
régiment, une partition faussement naïve d’un
Italien de Paris qui s’appelait Donizetti.
Christian Wasselin
* Il s’agit d’un disque de mélodies de jeunesse de
Debussy et Mahler, avec au piano Alphonse Cemin (1 CD
Aparte).
La Fille du régiment de Donizetti.
Vendredis 11 et 18 mars 2016, 20h
Dimanche 13 mars 2016, 17h
Mercredi 16 mars 2016, 19h
Dimanche 20 mars 2016, 15h
Billetterie : www.opera-lausanne.ch/
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Portrait
saison de l’opéra de lausanne : ariodante
Ariodante
Le chef d'orchestre tessinois Diego Fasolis sera de retour à l'Opéra de
Lausanne en avril 2016 pour diriger Ariodante de Haendel. Il a accepté
de répondre à quelques questions sur sa carrière.
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Vous avouez une longue collaboration
avec l'ensemble des “Barocchisti“. Comment
envisagez-vous le travail de chef à la tête
d'orchestres plus traditionnels ?
Vous êtes président de la Fondation
Adriana Fasolis-Brambilla, pro Musica et
Natura. Vous pourriez nous dire quelque
chose de ce projet?
J'ai fondé les “Barocchisti“ il y a presque vingt
ans avec mon épouse regrettée. Cet ensemble
m'a donné de grandes satisfactions artistiques et
depuis une année il est sous le patronage de la
Radiotélévision de la Suisse Italienne. Mon
expérience avec des orchestres modernes
remonte à il y a longtemps. Dans ce cas j'essaie
d'apporter tout l'enthousiasme et toute l'expérience que j'ai accumulés avec mes ensembles.
Les résultats sont bons. Avec l'excellent OCL,
en particulier, nous avons développé une
connaissance et une estime réciproques, ce qui
me fait présager un très bon résultat.
Après la longue maladie et la mort de mon
épouse, en 2013, en suivant
ses dernières volontés, nous
avons crée avec la famille
une fondation pour venir en
aide des musiciens professionnels sans ressources
financières. Plusieurs jeunes
musiciens en ont déjà bénéficié (un clarinettiste argentin, un ténor brésilien, un
violoniste chinois...) et ont
pu terminer leurs études au
Conservatoires grâce aussi à
ce soutien. Adriana, mon
épouse, aimait beaucoup les
animaux et la nature. Aussi,
la fondation qui porte son
nom s'occupe également de protection des animaux et a mis sur pied un projet de compensation de l'émission de CO2 générée par l'activité
artistique et les tournée des "Barocchisti".
Les grand spécialistes du Baroque
abordent de plus en plus souvent des œuvres
plus tardives, romantiques ou même du XXe
siècle. Un titre en dehors du Baroque que
vous aimeriez diriger ?
A vrai dire ma formation n'est pas liée à la
musique ancienne, si ce n'est ma passion pour
Bach. Toute la musique m'enthousiasme et je
tire profit de chaque nouvelle opportunité que la
vie et la carrière m'offrent.
J'ai eu la chance de diriger
tous les chefs-d'œuvre (en
dehors du Baroque) que je
souhaitais interpréter : le
Requiem de Verdi, le
Stabat Mater de Rossini,
les Noces de Strawinsky,
le Requiem de Brahms….
Un titre en dehors du
Baroque ? J'aimerais bien
apporter un nouveau souffle au répertoire du
Belcanto et j'ai déjà fait
quelques
expériences
positives dans le cadre du
Marina Rebeka (Ginevra) © Amati Bacciardi
Festival de Salzbourg.
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Propos recueillis par
Gabriele Bucchi
Ariodante de Haendel à
l’Opéra de Lausanne, avec
Yuriy Mynenko (Ariodante)
et Marina Rebeka (Ginevra)
Vendredi 15 avril 2016, 20h
Dimanche 17 avril 2016, 17h
Mercredi 20 avril 2016, 19h
Vendredi 22 avril 2016, 20h
Dimanche 24 avril 2016, 15h
Billetterie :
www.opera-lausanne.ch/
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Originaire de Lugano où il est né en 1958,
Diego Fasolis s'est formé au Conservatoire de
Zurich avant de débuter une carrière d'organiste. Dès 1986 il s'est consacré principalement à la
direction d'orchestre et de chœur, d'abord avec
les ensembles de la Radio Télévision Suisse italienne, puis avec ses propres formations,
l'Ensemble Vanitas (fondé en 1995) et I
Barocchisti (fondé en 1998). Depuis plus d'une
vingtaine d'années, il poursuit en outre une carrière internationale puisqu'il a dirigé aussi bien
à la Scala qu'aux Arènes de Vérone et à l'Opéra
de Rome, ainsi qu'à l'occasion de festivals
consacrés à la musique baroque. Tout en poursuivant une carrière d'organiste, il a entamé en
Diego Fasolis
tant que chef d'orchestre une collaboration avec
Cecilia Bartoli et avec le flûtiste Maurice
Steger. Diego Fasolis a enregistré plus de 80
disques, principalement pour les labels Naïve et
Arts. Parmi ses principaux enregistrements
effectués soit avec les ensembles qu'il a fondés,
soit avec I Sonatori de la Gioiosa Marca ou
encore les Chœurs de la Radio Svizzera
Italiana, on compte une Passion selon St Jean
de Bach, les Vespro della Beata Vergine de
Monteverdi, ou encore des œuvres de Purcell,
Händel, Paisiello, Vivaldi, Palestrina ou
Pergolese.
Après avoir dirigé les représentations de la
Flûte enchantée lausannoise au mois de juin
(après Faramondo, Rinaldo, Farnace,
l'Artaserse, Dorilla in Tempe également à
l'Opéra de Lausanne), le chef tessinois a participé au Festival de Salzbourg pour l'un des temps
forts de la manifestation estivale : Iphigénie en
Tauride de Gluck dans une mise en scène du
duo Caurier/Leiser et avec Cecilia Bartoli et
Rolando Villazon.
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saison de l’opéra de lausanne : faust
Jean-Yves Ossonce
Directeur de l’Opéra de Tours, le chef d’orchestre Jean-Yves Ossonce n’en
poursuit pas moins une trépidante carrière internationale. C’est depuis Pékin,
où il mène une production lyrique dans le récent et moderne Opéra de la
capitale chinoise, qu’il répond à nos questions à propos du Faust de Gounod
prévu sous sa direction en fin de saison à l’Opéra de Lausanne. Entretien.
Vous qui êtes un grand spécialiste de
la musique française, quelle place tient Faust
dans votre répertoire et dans votre cœur ?
Je ne pense pas être spécialiste en quoi que ce
soit ! Bien sûr, j’ai travaillé avec Jean Fournet,
qui fut l’un des hérauts de la compréhension profonde de cette musique, mais lui-même disait
qu’au fond, il n’y avait pas d’école de « direction
française ». Songez aux différences entre Munch
et Monteux, ou Plasson et Boulez ! Faust tient
une grande place parce que c’est un opéra plein
de vraie musique, qui joue sur tous les codes et
aspects du genre grand opéra français, voire de
l’opéra-comique. L’œuvre est ainsi très variée,
toujours finement harmonisée, presque toujours
magnifiquement orchestrée, et il est passionnant
de chercher à retrouver cette souplesse dans la
rigueur si caractéristique de Gounod.
Comment définiriez-vous cet opéra ?
Peut-on parler d’un chef-d’œuvre ?
Mon maître Jean Fournet m’a raconté qu’il avait
une fois passé tout un voyage aérien
USA/Europe à tenter de convaincre un couple de
stars mondiales, dont Faust était un cheval de
bataille, que cette musique devait se chanter avec
la même élégance, la même classe, la même
noblesse, que la grande mélodie française
accompagnée. « Et, mon cher ami, je ne suis pas
sûr que le voyage ait été suffisant », avait-il
conclu dans un petit sourire plein de cet humour
très « vieille France » que je connaissais bien ! Je
pense que c’est une des clés qui permettent de
faire éclore le plus naturellement ces très belles
coulées vocales et ce son d’orchestre si particulier. C’est cela qui fait naître la vérité de l’œuvre,
et pas une sorte de pré-vérisme mondialisé, parsemé d’émotion facile type soap opera ! Ernest
Ansermet a écrit que le sentiment vrai et juste est
déjà noté dans la grande musique, que notre tâche
est de le retrouver dans son authenticité, et non
de vouloir jouer en plus avec sentiment ! Le
magnifique Mariss Jansons dit aujourd’hui – et
d’ailleurs le fait mieux que quiconque –, qu’il
faut se garder « d’ajouter du sucre sur de la
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crème ». Sans cette vérité et cette pureté, sans
cette rigueur qui n’est pas une sécheresse, la
musique française se dilue, et, en ce sens, elle est
peut-être plus fragile que d’autres. Je dois dire
qu’avec l’OCL, je n’ai aucune appréhension.
Faust est un chef-d’œuvre, très connu mais en
surface. Comme dans le cas de toutes les grandes
œuvres souvent jouées, s’est constituée en parallèle à la partition de Gounod une sorte de métapartition, caractérisée par une épaisse couche de
tradition, voire de traditions. Elles ne sont pas
toutes authentiques ni du meilleur goût, et
demandent à être évaluées et examinées, calmement, une par une, et avec nos yeux d’aujourd’hui. « La tradition est le souvenir déformé de la
dernière mauvaise interprétation » : j’avais un
jour rapporté ce mot de Furtwängler à Fournet, il
avait trouvé cela très bon !
amicale et empathique, que se fabriquent les bons
spectacles. Jamais dans des affrontements stériles
où les chanteurs sont sommés de choisir leur
camp ! Pour Faust, la question des tessitures se
pose rarement : il est recommandé par exemple
que le ténor puisse donner l’ut de sa cavatine, qui
n’est pas une tradition mais bien ce qui a été écrit
par Gounod ! En conséquence, il est de bonne
politique d’engager un ténor qui sait le faire, entre
autres nombreuses qualités…
Connaissez-vous déjà les axes de cette
mise en scène ?
Oui, j’ai vu des maquettes et des documents dramaturgiques ou techniques, qu’Éric Vigié m’a transmis plusieurs mois avant la création à Turin, et de
très magnifiques photos depuis. Je suis très impatient de travailler avec cette équipe de production,
et avec ce metteur en scène qui est un artiste complet passionnant. L’univers proposé est d’une grande beauté, très étrange et très cohérent, et je crois
que vos confrères turinois ne s’y sont pas trompés.
Êtes-vous intervenu dans la distribution des chanteurs ?
Éric m’a informé, mais il n’a besoin d’aucune
intervention de qui que ce soit pour assembler
Faust pose quelques questions de
choix à faire dans la partition, en raison des
différentes variantes possibles. Quels seront
vos choix pour l’Opéra de Lausanne ?
C’est une édition assez courante, pas tout à fait
intégrale, qui est le choix initial partagé du
maestro Noseda et du metteur en scène quand
cette production a été créée à Turin au mois de
juin dernier. Généralement, quand une production voyage ainsi, on se conforme à la version
de la création de la production. Nous verrons si
quelques modifications doivent être envisagées.
Tenez-vous compte des désidératas
des chanteurs, pour cause de tessiture par
exemple, et du metteur en scène ?
Quand il s’agit d’une nouvelle production, le dialogue avec le metteur en scène doit de toute
manière avoir lieu, et ce peut être très enrichissant.
C’est sans aucun doute ce qui a été fait pour les
représentations de Turin. Je pense que les joutes
entre metteur en scène et responsable musical sont
démodées : si tant est que l’opéra soit aussi du
théâtre (selon le titre des notes de Patrice Chéreau
pendant son expérience à Bayreuth), ce n’est pas
seulement du théâtre ; c’est dans cet équilibre et
cette écoute mutuelle, respectueuse, si possible
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Jean-Yves Ossonce © Gérard Proust
une belle distribution ! À Lausanne, j’ai toujours bénéficié de très bonnes équipes, avec des
chanteurs que je ne connaissais pas tous au préalable, et j’ai pu ainsi découvrir de nouveaux
collègues. Il n’est d’ailleurs pas recommandé
que les chefs invités se mêlent de dicter leurs
choix à la direction artistique, ou arrivent avec
leurs chanteurs, sauf bien sûr dans des répertoires très particuliers. Il y a à Lausanne un vrai
détecteur de talents, qui adore les belles voix et
les belles présences scéniques, et a constitué un
carnet d’adresses impressionnant.
Propos recueillis par Pierre-René Serna
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Ville de Lancy
République et canton de Genève
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saison lyrique
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La fin de l'année se terminera avec une
nouvelle Flûte enchantée de Mozart programmée douze fois sous la direction de Gergely
Madaras et avec une poignée de chanteurs sur le
point d'entrer dans une grande carrière.
Grand Théâtre
de Genève
La saison genevoise se déroulera en deux temps à cause des indispensables
travaux de réfection programmés à la Place Neuve.
Les quatre premiers titres de la saison
seront joués au Grand Théâtre. Il s'agit d'abord
du Guillaume Tell de Rossini, donné en français en septembre dans une réalisation de David
Pountney déjà présentée au Welsh National
Opera et au Théâtre Wielki de Varsovie. JeanFrançois Lapointe était Tell, John Osborn
Arnold et Nadine Koutcher Mathilde sous la
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concert une brochette de solistes internationaux
et le Royal Philharmonic Orchestra de Londres
sous la direction de Charles Dutoit. La mise en
scène de l'ouvrage d'Offenbach est due à Robert
Sandoz, alors que la belle infidèle sera incarnée
par la grande Véronique Gens.
Le Songe d'une nuit d'été de Britten suivra
en novembre, bien sûr dans sa version anglaise;
Après une Forza del destino donnée en
version de concert au Victoria Hall, la saison se
poursuivra au Théâtre des Nations (près du bâtiment de l'ONU), où seront données les trois dernières productions de la saison. Il s'agira d'abord d'Alcina de Haendel que dirigera
Leonardo Garcia Alarcon et que mettra en scène
David Bösch (dont on attend également le nouveau Trovatore en juillet prochain à Covent
Garden). La troupe sera constituée, pour les
rôles principaux, de Nicole Cabell en Alcina,
Malena Ernman en Ruggiero, Siobhan Stagg en
Morgana et Kristina Hammarström en
Bradamante.
Puis ce sera au tour du
Médecin malgré lui de
Gounod sur un livret tiré de
la comédie de Molière.
Cette partition peu connue,
mais que le directeur de l'opéra genevois affectionne
tout particulièrement, sera
confié à Laurent Pelly alors
que la distribution est toujours en cours d'élaboration.
L'ultime volet lyrique
de la saison genevoise sera
réservé au Falstaff de Verdi
que dirigera John Fiore (il a
dirigé Nabucco au Grand
Théâtre en février 2014)
avec Lukas Hartleb à la
régie (il fut l'auteur de la
«Guillaume Tell» avec Doris Lamprecht (Hedwige), Jean-François Lapointe (Guillaume Tell) et Amelia Scicolone (Jemmy)
© GTG / Magali Dougados
dernière Iphigénie en
Tauride sur ce même plateau en février 2015).
baguette de Jésus Lopez-Cobos. C’était là une le spectacle sera réglé par Katharina Thalbach Falstaff aura les traits et la panse (artificielle ?)
occasion à ne pas manquer de (re)voir sur scène dans les décors d'Ezio Toffolutti. L'approche de Franco Vassallo, alors que le quatuor féminin
un opéra dont on parle beaucoup dans les ouvra- promet d'être théâtrale autant que musicale car sera composé de Maija Kovalevska en Alice
ges spécialisés mais que les théâtres hésitent à la metteuse en scène déclare elle-même qu'il lui Ford, Amelia Scicolone en Nanetta, Mariemonter à cause de la difficulté des rôles, de la semble impossible de faire l'impasse sur le Ange Todorovitch en Mistress Quickly et
longueur de l'œuvre et de l'imposant dispositif génie dramatique de Shakespeare dont Britten a Ahlima Mhamdi en Meg Page.
tant scénique que personnel à engager.
d'ailleurs repris le texte tel quel, avec bien sûr
Eric Pousaz
quelques coupures. Au sein de la distribution,
http://www.geneveopera.com/
Suivra une Belle Hélène d'Offenbach, pro- on découvre le nom de la fille de Mme Thalbach
grammée comme une sorte de pendant comique dans le rôle de Puck, habituellement confié à un
aux Troyens de Berlioz, qu'interpréteront en mime ou un danseur.
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s a i s o n s
saison lyrique
Zurich
Avec ses 204 représentations de 31 ouvrages lyriques différents (un nombre
auquel il faut ajouter les 76 représentations de ballets!), l'Opéra de Zurich reste
bien la plus active des scènes lyriques de Suisse, et se mesure sans peine aux
plus importantes d'Europe.
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La ronde des premières commence doublement le jour de réouverture de la saison avec
Wozzeck d'Alban Berg, dirigé par le directeur
général de la musique Fabio Luisi et mis en scène
par l'intendant du théâtre, Andres Homoki et Der
Schauspieldirektor de Mozart offert gratuitement par les jeunes chanteurs de l'Opéra Studio
au public venu assister aux journées portes
ouvertes du théâtre organisées pour l'occasion.
Dans l'ouvrage de Berg, le rôle titre sera l'occasion pour le baryton Christian Gerhaher de faire
une de ses rares apparitions scéniques, cet artiste
fréquentant plus assidûment les soirées de lieder
que les plateaux d'opéra. Le reste de la troupe est
à peine moins brillant avec le ténor wagnérien
Brandon Jovanovich en Tambour-Major, le
mozartien Mauro Peter en Andres, Lars Woldt en
Docteur et Wolfgang Ablinger-Sperrhacke en
Capitaine. Marie sera, elle, interprétée par l'impressionnante Gudrun-Brit Barkmin qui s'est surtout rendu célèbre par ses Salomé sur bon nombre de scènes européennes (dès le 13 septembre).
Ensuite, Cecilia Bartoli fera un court séjour
à la Bellevueplatz pour quatre représentations de
Norma dans la mise en scène réalisée pour le
Festival de Salzbourg par Patrice Caurier et
Moshe Leiser. Elle sera entourée des mêmes collègues qu'en Autriche sous la direction de
Giovanni Antonini dirigeant l'Orchestre zurichois de La Scintilla spécialisé dans le répertoire
baroque et préclassique (quatre représentations
depuis le 10 octobre)
Après une nouvelle Bohème (dès le 1er
novembre) dirigée par Mikko Franck et chantée
par Michael Fabiano, Andrei Bondarenko,
Guankun Yu et Shelley Jackson, et la création
d'un opéra pour enfants de Jonathan Dove intitulé : Le cochon enchanté, un nouveau Viaggio a
Reims verra le retour à l'Opernhaus du très discuté Christoph Marthaler. La distribution est essentiellement composée de chanteurs rattachés à
l'Opéra de Zurich mais déjà sur le point d'entamer une impressionnante carrière internationale:
Rosa Feola sera Corinna, Anna Goryachova la
a
Marquise Melibea, Julie Fuchs la Comtesse de
Folleville alors que l'on retrouvera Serena
Farnocchia en Madame Cortese, Edgardo Rocha
en Chevalier Belfiore, Javier Camarena en
Comte de Libenskof, Nahuel Di Pierro en Lord
Sidney, Yuriy Tsiple en Baron de Trombonok et
Scott Conner en Don Profundo. La direction de
ce délirant divertissement sera assurée par
Daniele Rustoni.
Gun-Brit Barkmin © Florian Kalotay
Janvier sera l'occasion d'une création locale
d'importance majeure avec Die Hamletmaschine
de Wolfgang Rihm, un opéra rarement représenté vu les difficultés d'exécution qu'il présente.
Ecrit d'après une pièce de l'auteur allemand
Heiner Müller datant de 1977, cet ouvrage d'une
complexité inouïe évoque le langage des Soldats
de Zimmermann, présentés sur cette même scène
il y a quelques mois. Le chef d'orchestre Gabriel
Feltz et le metteur en scène Sebastian
Baumgarten dirigeront une équipe de chanteurs
aguerris où l'on retrouve la dernière Salomé
genevoise, Nicola Beller Carbone, et, en charge
des trois Hamlet, Götz Schubert, Anne Ratte
Polle et Scott Hendricks (du 24 janvier au 14
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février).
Les choses sérieuses continuent avec une
version en allemand pour les dialogues et en
anglais pour les intermèdes musicaux du King
Arthur de Purcell confié à Lawrence Cummings
pour la direction et à Herbert Fritsch pour une
mise en scène qui promet d'être décapante si l'on
se réfère aux récentes réalisation de cet artiste
dont le nouveau Don Giovanni berlinois vient de
subjuguer le public. La distribution, groupée
autour de l'Arthur de Wolfram Koch, est trop
importante pour être détaillée ici, car elle comporte près de vingt rôles... (dès le 27 février)
Après un Orlando paladino de Haydn
confié dès le 7 mai aux jeunes solistes de
l'Opernstudio de Zurich sur la scène du théâtre de
Winterthur, Dmitri Tcherniakov présentera sa
version de Pelléas et Mélisande de Debussy dès
le 8 mai à l'Opernhaus même. La direction en a
été confiée à Alain Altinoglu tandis que la distribution aligne les noms de Jacques Imbraïlo et de
Corinne Winters en Mélisande face aux accès de
jalousie de Kyle Ketelsen également présent à
Zurich dans le rôle de Rigoletto!... Yvonne Naef
sera Geneviève et Brindley Sheratt Arkel.
La fin de saison sera plus consensuelle avec
une nouvelle production des Puritains de Bellini
confiés aux gosiers de Lawrence Brownlee, remplaçant Juan Diego Florez initialement prévu,
George Petean, Michele Pertusi et Pretty Yende
en Elvira. Aux commandes pour cette ultime première mise à l'agenda pour le 19 juin : Fabio
Luisi et Andreas Homoki.
Les reprises, trop nombreuses pour être toutes mentionnées, ménagent quelques superbes
surprises, comme cette Elektra de Strauss qui
verra triompher Evelyn Herlizius, l'inoubliable
interprète de la dernière mise en scène de Patrice
Chéreau au Festival d'Aix-en-Provence de 2014.
Les Pêcheurs de Perles de Bizet seront l'occasion, en octobre et novembre, de faire la connaissance d'un ténor français dont on loue la technique sans faille, Frédéric Antoun, entouré
d'Etienne Dupuis et Oleska Galovneva en Leïla,
alors que Turandot de Puccini verra le retour
attendu de Nina Stemme qui n'a encore jamais
présenté son portrait de la Princesse de glace sur
les bords de la Limmat (en décembre).
Michael Volle sera le Hollandais volant de
Wagner en février, et Cecilia Bartoli reviendra en
mai pour la Comtesse Adèle du Comte Ory de
Rossini.
Eric Pousaz
Plus d’infos : http://www.opernhaus.ch/spielplan/kalendarium/
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Berne
Le Théâtre de Berne est en réfection pendant
le début et la fin de la saison 2015/2016. Pour la
réouverture principale de la grande salle en octobre, le chef suisse Mario Venzago dirigera une
version orchestrale réduite du Lohengrin de
Wagner, absent de l'affiche bernoise depuis plus
de cinquante ans. La distribution réunit les noms
de Mary Mills en Elsa, Ursula Hesse von den
Steinen en Ortrud, Daniel Frank en Lohengrin et
Daniel Frank en Telramund sous la direction scénique de Stephan Märki, le directeur de la maison
depuis quelques saisons et qui se présentera pour
la première fois dans son rôle de metteur en
scène à cette occasion. (11 représentations entre
le 24 octobre et le 31 janvier)
Mary Mills
Rusalka d'Antonin Dvorak s'ébattra entre
terre et eaux sur le plateau bernois dans un spectacle réglé par Markus Bothe et dirigé par Adrian
Prabava, actif dans le domaine lyrique notamment au Théâtre de Bratislava... (10 représentations entre le 22 novembre et le 21 février).
Un ballo in maschera de Verdi permettra à
Kevin John Edusei, le chef d'orchestre nouvellement engagé comme chef de la musique au
Théâtre de Berne, de se présenter dans sa nouvelle fonction. La mise en scène d'Adriana Altaras
réunira Miriam Clark, Yun-Jeong Lee, Sanja
Anastasia, Alessandro Liberatore et Juan Orozco
dans les rôles principaux.
Lorsque le théâtre fermera au printemps
pour la dernière phase des transformations prévues, trois ouvrages seront donnés au Kubus de
Berne : I pagliacci de Leoncavallo du 14 au 19
avril, L'occasione fa il ladro de Rossini du 16 au
18 juin et, en création locale, Hanjo du compositeur japonais Toshio Hosokawa du 22 mai au 5
juin. http://www.konzerttheaterbern.ch/
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Bâle
Le Théâtre de Bâle change de direction cette
année, et l'ouverture de la saison lyrique se fera
le 22 octobre avec la Khovantchina de
Moussorgski dirigée par Kirill Karabits et mise
en scène par un jeune artiste russe, Vasily
Barkhatov. La troupe, presque entièrement slave,
comprend les noms de chanteurs encore peu
connus ici : Vladimir Matorin sera Ivan
Khovansky, Rolf Romei (Andrei), Dmitry
Golovnin (Golitzine), Pavel Yankovsky
(Chaklovitsky), Dmitri Ulyanov (Dosifeï),
Jordanka Milkova (Marfa) et Bryony Dwyer
(Susanna). (13 représentations jusqu'au 12
décembre) Après une version de concert de
Samson et Dalila de Saint-Saëns qui permettra à
Erik Nielsen, le nouveau chef de la musique de la
maison bâloise, de se présenter au public, ce sera
au tour de la Flûte enchantée de faire son apparition à l'affiche dans une nouvelle mise en scène
due à Julia Hölscher. La soirée sera placée sous
la direction de Christoph Alstaedt alors que la
distribution sera presque intégralement composée d'artistes attachés à la troupe de Bâle pour les
22 (!) représentations proposées entre les 19
décembre et 28 mars... Après le musical de Lloyd
Weber Jésus Christ Superstar, nouvelle production signée par Tom Ryser, ce sera au tour du
Macbeth de Verdi de faire un tour de piste dans
le nouveau costume que lui taillera Olivier Py
pour l'occasion. La distribution, comprenant les
noms de Vladislav Sulimsky en Macbeth, Katia
Pellegrino en Lady, Callum Thorpe en Banquo et
Dimitrios Flemotomos en Macduff sera placée
sous la direction d'Erik Nielsen. La saison s'achèvera sur l'énorme opus de Stockhausen
Donnerstag aus Licht, qui sera interprété deux
fois à la fin du mois de juin sous la direction de
Titus Engel pour la musique et de Lydia Steier
pour la scène. L'opéra baroque, par contre, une
constante jusqu'ici des saisons bâloises, semble
avoir raté le train de cette nouvelle saison...
http://www.theater-basel.ch/spielplan/nach_stueck.cfm
Strasbourg
L'Opéra du Rhin s'offre le luxe cette année
de ne proposer quasiment que des nouvelles productions... En octobre et novembre, nouvelle production de Pénélope de Fauré confiée à Olivier
Py. La flamboyante Anna Caterina Antonacci
incarnera l'héroïne face à l'Ulysse de Marc Laho
et elle sera accompagnée de l'Euryclée d'Elodie
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Stephen Milling © Rune Evensen and Scanpix
Méchain. Patrick Davin assurera par ailleurs la
direction musicale de cette partition fort rare sur
les scènes actuelles... (octobre et novembre)
Retour ensuite vers des territoires plus
connus avec une nouvelle Traviata confiée à
Patricia Ciofi. On retrouve Etienne Dupuis en
Giorgio Germont et Roberto de Biasio en
Alfredo sous la direction de Pier Giorgio
Morandi pour la musique et de Vincent
Broussard pour la scène (décembre, janvier). La
rare Cendrillon du compositeur italien Ermanno
Wolf-Ferari sera présentée aux enfants dans le
courant de janvier par les artistes des Jeunes Voix
du Rhin avant le retour à l'affiche de la grandiose production que Robert Carsen a déjà réglée
pour ce théâtre de L'Affaire Makropoulos de
Janacek. Angeles Blancas sera Emilia Marty face
à l'Albert Gregor de Raymond Very, l'orchestre
étant confié à Marko Letonja. En mars, Hervé
Niquet dirigera une nouvelle version d'Idomeneo
de Mozart confiée pour la régie à Christophe
Gayral. On y retrouvera Agneta Eichenholz en
Elettra, Maximilian Schmitt en Idomeneo, Juan
Francisco Gatell en Idamante privé de son costume travesti habituel et Judith van Wanroij en Ilia
(mars, avril)
Après une Cambiale de matrimonio de
Rossini de nouveau confiée aux Jeunes Voix du
Rhin apparaîtra une autre rareté à l'affiche : l'opéra de jeunesse La défense d'aimer (ou Das
Liebesverbot) de Wagner d'après Mesure pour
Mesure de Shakespeare. Mariame Clement dirigera une équipe composée de Robert Bork,
Benjamin Hulett, Thomas Blondelle, Marion
Ammann, Agnieszka Slawinska et Wolfgang
Bankl et placée sous la direction musicale de
Constantin Trinks. La saison s'achèvera en beauté avec un nouveau Don Carlo en italien confié à
Robert Carsen pour la mise en scène et placé
sous la baguette Daniele Callegari. Stephen
Milling sera Philippe II, Andrea Carè ou Gaston
Rivero se chargeront du rôle titre, Tassis
Christoyannis de celui du Marquis de Posa, Elza
van den Heever d'Elisabeth de Valois, Elena
Zhidkova de la Princesse Eboli alors qu'Ante
Jerkunica sera le Grand Inquisiteur.
http://www.operanationaldurhin.eu/
Eric Pousaz
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saisons lyriques
Berlin
Sonya Yoncheva © Gregor Hohenberg / SonyClassical
Comme chaque année, les trois théâtres lyriques berlinois rivalisent
d'originalité pour fidéliser leur public, grâce à des metteurs en scène
‘controversés’, ou par l'originalité du choix du titre.
Deutsche Oper
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La Deutsche Oper ouvre les feux avec un
nouveau Vasco de Gama de Meyerbeer, confié
aux gosiers prestigieux de Roberto Alagna,
Sophie Koch et Nino Machaidze (direction
Enrique Mazzola et m.e.s. Vera Nemirova).
L'œuvre est un des plus impressionnants exemples de grand opéra à la française avec force ballets, intermèdes choraux et changements de
décors spectaculaires (à partir du 4 octobre).
Aida de Verdi sera confié au metteur en scène
Benedikt von Peter qui entend débarrasser l'ouvrage de sa grandiloquence habituelle. La distribution comprend les noms de Tatiana Serjan,
Anna Smirnova, Markus Brück et Alfred Kim en
Radamès, la direction musicale étant confiée à
Andrea Battistoni. (à partir du 22 novembre).
Suivra une nouvelle Salome réalisée par
Claus Guth. Catherine Naglestadt sera la jeune
princesse perverse, sa mère étant confiée au
soprano wagnérien Jeanne Michèle Charbonnet
alors que Michael Volle en Jochanaan sera décapité en fin de soirée. La direction sera assurée par
le chef français Alain Altinoglu. (à partir du 24
janvier). David Hermann se chargera ensuite
d'une nouvelle version de L'Affaire
Makropoulos de Janacek dont l'héroïne sera
incarnée par Evelyn Herlizius sous la direction
de Donald Runnicles (à partir du 9 février).
Suivra la première allemande de Morgen und
Abend de Georg Friedrich Haas dont la nouvelle
création aura déjà été présentée en première
mondiale au Covent Garden de Londres en
novembre. Au sein de la distribution, on retient le
nom du prestigieux acteur Klaus Maria
Brandauer dans un rôle parlé (à partir du 29
avril). Pour terminer, Mozart sera à l'honneur
avec une nouvelle présentation de son
Enlèvement au Sérail (dès le 17 juin) confiée à
Donald Runnicles pour la direction et Rodrigo
Garcia pour la mise en scène et les décors. La
distribution fait la part belle aux jeunes espoirs
de demain... Trois opéras apparaîtront en version
de concert seulement : La favorite de Donizetti
sera chantée en français par Elina Garança et
Joseph Calleja sous la direction d'Ivan Repusic, I
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Capuleti e i Montecchi de Bellini verront s'affronter Verena Gimadieva et Joyce DiDonato
sous la direction de Paolo Arrivabeni tandis que
Norma sera confiée une nouvelle fois au gosier
agile d'Edita Gruberova sous la direction de Peter
Valentovic face à l'Adalgisa de Sonia Ganassi et
au Pollione de Fabio Sartori. Notons en outre la
présence au répertoire du rare Rienzi de Wagner
et de plusieurs titres de Richard Strauss presque
inconnus (Die ägyptische Helena ou Die Liebe
der Danae), ainsi qu’une trentaine de reprises.
Infos : www.deutscheoperberlin.de/de_DE/calendar
Staatsoper
Après une reprise du glorieux Freischütz de
Weber, de nouveaux Meistersinger von
Nürnberg de Wagner ouvriront les feux en octobre sous la direction du maître des lieux et avec
Klaus Florian Vogt, Julia Kleiter et Wolfgang
Koch en tête de distribution (m.e.s. Andrea
Moses). Après de splendides Tosca, Bal Masqué
et Elixir d'amour (Vittorio Grigolo accompagné
de Pretty Yende), la Staatsoper affichera de nouvelles Noces de Figaro confiées à Jürgen Flimm
pour la mise en scène (dir. Gustavo Dudamnel,
avec Ildebrando d'Arcangelo, Dorothea
Röschmann, Lauri Vasar et Anna Prohaska).
György Ligeti (avec Aventures et Nouvelles
aventures) et Maurizio Kagel (avec Sur scène)
forment un duo de choc dans le domaine contemporain sur la scène expérimentale du théâtre, sis
juste à côté de la salle principale. Après de prestigieux Fliegende Holländer (Camilla Nylund,
Andreas Schager et Michael Volle), Faust de
Gounod (Pavol Breslik, René Pape, Krassimira
Stoyanova), Don Giovanni (Christopher
Maltman, Anna Samuil, Petr Sonn, Lujcva
Pisaroni...), Daniel Barenboim dirigera une nouvelle Traviata avec Sonia Yoncheva en vedette
dans une autre réalisation de Jürgen Flimm en
décembre. Suivront des reprises attendues
d'Ariadne auf Naxos de Strauss, Le vin herbé de
Frank Martin, La bohème (avec Yoncheva et
Calleja) et The Turn of the Screw de Britten
avant que le rideau ne se lève sur un nouvel
Orfeo ed Euridice de Gluck chanté par Bejun
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Mehta, Anna Prohaska et Nadine Sierra et dirigé
par Barenboim dans le cadre du traditionnel festival pascal (Parsifal mis en images par Dmitri
Tcherniakov en sera l'autre volet lyrique). En fin
de saison, reprise de l'étonnante Fiancée du Tsar
de Rimsky Korsakov ; l'opéra baroque sera à
l'honneur en avril avec René Jacobs dirigeant
l'Akademie für alte Musik de Berlin dans un titre
inconnu d'Agostino Stefani : Amor vien dal destino ; à fin mai, nouvelle version de Juliette de
Martinu, dirigée par Barenboim (m.e.s. Claus
Guth avec Magdalena Kozena et Rolando
Villazon). Infos : www.staatsoper-berlin.de/de
Komische Oper
Le répertoire, riche de plus de vingt titres
chantés de préférence en allemand s'étend de la
période baroque à l'époque contemporaine sans
oublier ces sombres années où les compositeurs
juifs étaient condamnés au silence par un pouvoir
absolu d'une totale inculture. Il faut absolument
voir, notamment, le Bal au Savoy, une opérette
'jazzy' de Paul Abraham, donné en début de saison en alternance avec Giulio Cesare de Haendel
et West Side Story de Bernstein... Le cycle des
premières s'ouvre en octobre avec une nouvelle
version des Contes d'Hoffmann d'Offenbach,
interprétée en français et allemand; le rôle titre
sera chanté par trois interprètes, alors que les
trois amoureuses seront, elles incarnées par la
seule Nicole Chevalier! La mise en scène assurée
par Barrie Kosky, promet quelques belles surprises... Après La Belle Hélène, Kiss Me Kathe, My
Fair Lady, et le plus rare Ange de feu de
Prokofiev, la seconde première de la saison est
consacrée à Eugène Onéguine de Tchaïkovski
en version russe (m.e.s. Barrie Kosky). Après les
frissons d'un nouveau Vampire de Marschner,
retour au répertoire français avec la Cendrillon
de Massenet confiée à Damiano Michieletto,
Nadja Mchantaf et Mari Eriksmoen sous la direction de Henrik Nanasi. D'autres titres rares de
Dostal (Clivia), Oscar Straus (Eine Frau, die
weiss, was sie will), Offenbach (Fantasio),
Gruber (Geschichten aus dem Wienerwald) ou
Rameau (Castor et Pollux, en français) entourent
les plus traditionnels Hänsel und Gretel,
Figaros Hochzeit, Zauberflöte ...
Infos : www.komische-oper-berlin.de/spielplan/2015-10/
Eric Pousaz
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saisons lyriques
Vienne
Coup d’œil sur la programmation du Staatsoper, du Theater an der Wien et du
Volksoper.
Staatsoper
L'Opéra d'Etat de Vienne reprend cette saison plus de quarante-cinq productions tirées de
son répertoire. Si les mises en scène sentent ici
souvent la naphtaline, les distributions, elles,
valent largement le détour et elles sont souvent
tellement prestigieuses qu'il est impossible de les
nommer toutes car, de septembre à juin, le rideau
se lève tout de même 236 fois sur un spectacle
lyrique choisi parmi 52 productions différentes...
A quoi il faudrait, par souci d'équilibre, ajouter
les soirées de ballet ainsi que les récitals divers et
variés qui jalonnent le programme de l'année.
Cinq nouvelles productions seulement sont
annoncées au cours du prochain hiver. Verdi et
son Macbeth seront à l'honneur en octobre dans
une réalisation scénique signée de Christian Rath
avec Alain Altinoglu à la direction, George
Petean alternant avec Ludovic Tézier dans le rôle
titre et Tatiana Serjan jouant les Lady carnivores
dont une des premières victimes sera le Banquo
de Ferruccio Furlanetto. Plus inattendue, la
seconde nouvelle production est réservée le 19
novembre à Hänsel und Gretel de Humperdinck
qui fera, pour l'occasion, son entrée au répertoire! Les choses seront faites en grand avec
Christian Thielemann à la baguette, Daniela
Sindram et Chen Reiss dans le rôle des enfants
abandonnés par leurs parents indignes Adrian
Eröd et Janine Baechle alors que la Sorcière aura
la voix de Michaela Schuster, le tout dans une
régie signée du metteur anglais Adrian Noble.
Troisième nouveauté et deuxième entrée au
répertoire maison le 13 décembre avec L'Affaire
Makropoulos de Janacek dont la direction musicale sera confiée à Jakub Hrusa alors que Peter
Stein signera la mise en scène, avec Laura Aikin
et Rainer Trost dans les rôles principaux.
La quatrième première et troisième nouveauté dans le répertoire de la maison apparaîtra
à l'affiche le 6 mars : il s'agit de Tri Sestri de
Peter Eötvös dans la version remaniée pour trois
interprètes féminines, confiées à Olga
Bezsmertna, Margarita Gritskova et Ilseyar
Khayrullova. La direction est assurée par le compositeur en personne alors que le spectacle sera
mis en scène par Yuval Sharon.
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Retour vers des eaux plus connues avec, le
28 avril, le nouvel habillage de Turandot confié
à Marco Arturo Marelli sous la direction de
Gustavo Dudamel. La distribution comprend
Lise Lindstrom, Johan Botha et Anita Hartig.
Infos : www.wiener-staatsoper.at/
Theater an der Wien
Le directeur de cette autre maison d’opéra
séduit chaque année le public avec une programmation d'une originalité confondante; les séries
Ludovic Tézier. Crédit Elie Ruderman
de productions, presque toutes nouvelles, sont
jouées cinq à six fois. Chaque mois, de septembre à juin, paraît un nouveau titre à l'affiche. Le
début est réservé au superbe mais rare Hans
Heiling de Marschner dirigé par Constantin
Trinks et mis en scène par Roland Geyer avec
Angela Denoke, Michael Nagy et Peter Sonn.
Suivront ensuite à environ trois semaines d'intervalle L'incoronazione di Poppea (m.e.s. Claus
Guth) avec Jean-Christophe Spinosi dirigeant
l'Ensemble Matheus (Christophe Dumaux en
Ottone, Alex Penda en Poppea, Valer Sabadus en
Nerone et Jennifer Larmore en Ottavia). Der
fliegende Holländer de Wagner, donné ici dans
sa version primitive, sera dirigée par Marc
Minkowski à la tête de ses Musiciens du Louvre
de Grenoble (m.e.s. Olivier Py). Samuel Youn
sera le Hollandais, Ingela Brimberg : Senta et
Lars Woldt : Daland.
Dernière nouveauté de l'année 2015 : Peter
Grimes dans la version concoctée scéniquement
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par Christoph Loy sous la direction de
Constantin Trinks. Kurt Streit sera Grimes,
Agneta Eichenholz : Ellen, alors qu’Hanna
Schwarz prendra le costume de Auntie, la patronne du bordel local... En janvier, Die
Dreigroschenoper (ou L'Opéra de Quat'sous) de
Weill sera présenté dans l'habillage taillé spécialement pour l'occasion par Keith Warner sous la
responsabilité musicale de Johannes Kalitzke
avec Nina Bernsteiner en Polly Peachum et
Angelika Kirschschlager en Mère Peachum. Un
nouvel Otello de Rossini, confié à Damiano
Michieletto et à la baguette d'Antonello
Manacorda verra s'affronter en mars le Maure de
John Osborn et la Desdemona de Nino
Machaidze sous les regards envieux du Iago
d'Alek Shrader et du Rodrigo de Martin
Mitterrutzner. Une nouvelle Agrippina de
Haendel sera dévoilée en avril. Thomas
Hengelbrock la dirigera du pupitre avec la complicité de Robert Carsen pour la scène. La distribution aligne les noms de Patricia Petibon,
Danielle De Niese, Jake Arditi et Filippo
Mineccia. Le feu d'artifice final sera réservé en
avril au Capriccio de Strauss que dirigera
Bertrand de Billy avec Tajana Gürbaca aux commandes scéniques. En mai et juin, le théâtre
ouvre ensuite ses portes au Festival de Vienne
(Wiener Festwochen). En outre, tout au long de
la saison, une petite douzaine d'opéras baroques
sont interprétés en version de concert alors que
divers concerts et récitals complètent la programmation lyrique. Infos : www.theater-wien.at/
Volksoper
Beaucoup plus local mais non moins passionnant par sa programmation d'ouvrages légers
qu'on ne voit plus ailleurs, l'Opéra populaire affiche quasiment chaque soir de la semaine une
bonne vingtaine d'opérettes et de titres plus
sérieux (Turandot, Carmen, Le Prince Igor de
Borodine ou encore La Traviata ...) tout au long
de l'année (cela représente tout de même à l'année près de 220 représentations de 22 productions différentes...) ! Quatre premières l'hiver
prochain : Don Giovanni de Mozart, L'Etudiant
pauvre (Der Bettelstudent) de Millöcker,
L'Auberge du Cheval Blanc (Im weissen Rössl)
de Benatzky et la Princesse Csardas (Die
Czardasprinzessin) de Kalman viennent ainsi
rejoindre le superbe bouquet d'opérettes viennoises alternant sur cette scène très aimée du vrai
public viennois. Infos : www.volksoper.at/
Eric Pousaz
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saison lyrique
Teatro alla Scala, Milan
Alexander Pereira est officiellement directeur du célèbre théâtre milanais
depuis le début de la saison passée, fixée comme le veut la tradition au
7 décembre, jour de la Saint-Ambroise qui est le patron officiel de la ville.
Après des débuts chaotiques (le conseil d'administration du théâtre a en effet
menacé de destituer son nouveau directeur fraîchement nommé après une seule
année au prétexte qu'il avait signé des contrats de coproduction sans en référer
aux instances officielles!), les difficultés se sont aplanies et, depuis quelques
mois, M. Pereira a été confirmé pour cinq ans dans ses nouvelles fonctions.
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La saison s'annonce essentiellement italienne et fera la part belle aux titres qui, même dans
la Péninsule, sont souvent délaissés par les directeurs peu curieux ou en manque d'argent. La
somptueuse soirée inaugurale, qui est autant un
événement culturel que politique, est réservée
cette année à Giovanna d'Arco, d'après le drame
Die Jungfrau von Orléans de Friedrich Schiller.
Il s'agit là d'un opéra de jeunesse peu joué de
Verdi qui sera remis en selle pour l'occasion avec
la complicité du nouveau directeur général de la
musique, Riccardo Chailly. La mise en scène en
sera assurée par le duo bien connu des spectateurs romands que forment Patrice Caurier et
Moshe Leiser alors que la distribution somptueuse aligne les noms d'Anna Netrebko, Francesco
Meli et Carlos Alvarez entre autres. Signalons au
passage que ce titre n'a pas paru à l'affiche milanaise depuis le 23 septembre 1865, bien qu'il ait
été créé sur cette même scène vingt ans auparavant seulement (jusqu'au 2 janvier).
Suivra une reprise du Rigoletto qu'a réglé ici
Gilbert Deflo il y a de nombreuses années déjà
dans le décor d'une richesse inouïe d'Ezio
Frigerio (du 13 janvier au 6 février); ce spectacle
verra le retour à Milan de Leo Nucci dans un de
ses rôles fétiches, accompagné de Nadine Sierra
en Gilda et de Vittorio Grigolo en Duc de
Mantoue sous la direction de Mikko Franck;
Händel sera ensuite à l'honneur avec un spectacle
en provenance de Zurich, Il trionfo del tempo e
del disinganno dont la mise en images a été
réalisée par Jürgen Flimm. Au cœur de la distribution, on retrouve une des chanteuses favorites
du public milanais, Sara Mingardo (en janvier et
février). Retour à Verdi en février avec une autre
rareté : I due Foscari, sorte d'esquisse préparatoire au glorieux Simon Boccanegra créé beaucoup plus tard et repris ici en fin de saison ;
donné dans une distribution assez peu 'glamour',
a
cet ouvrage sera mis en scène par Alvis
Hermanis (février - mars). Italie encore en avril
et mai avec un autre titre rare, de Giordano cette
fois, - un compositeur dont on connaît surtout
l'Andrea Chénier. Il s'agit en l'occurrence de La
cena delle beffe, créé en 1924 à Milan sous la
direction d'un certain Arturo Toscanini d'après
une pièce plutôt sombre qui vit triompher Sarah
Bernard sur diverses scènes européennes. La
mise en scène sera signée de Mario Martone et la
distribution comprend les noms de Nicola
Alaimo, Marco Bertin et Kristin Lewis sous la
direction de Carlo Rizzi (avril et mai). Italie toujours en mai avec une nouvelle Fanciulla del
West de Puccini dirigée par Riccardo Chailly
dans une mise en scène de Graham Vick. EvaMarie Westbroek, Claudio Sgura et Marcello
Alvarez figurent en première ligne de la distribution de cette troisième nouvelle production de la
saison. En mai et en juin, le diptyque ravélien
constitué de L'Enfant et les Sortilèges et de
L'Heure espagnole arrivera directement de
Glyndebourne où il a été mis en scène par
Laurent Pelly. Sous la direction de Marc
Minkowski, une brochette de chanteurs français
ou du moins francophones devraient faire la part
belle aux textes spirituels de ces deux miniatures
magiques (mai-juin).
Premier spectacle en langue allemande, le
Chevalier à la Rose arrivera en direct de
Salzbourg où il a été créé avec un immense succès en 2014 et a déjà fait l'objet d'une publication
en DVD. Sous la direction de Zubin Mehta, on
retrouvera Sophie Koch, Adrian Eröd, Christiane
Karg et Günther Groissböck, le rôle de la
Maréchale n'étant pour l'heure pas encore distribué!!! (juin et juillet). Avant la pause estivale, il
y aura encore une n-ième reprise du Simon
Boccanegra de Verdi (juin, juillet), puis en septembre, une nouvelle production due à Peter
Stein de La Flûte enchantée confiée aux jeunes
solistes de l'Accademia del Teatro alla Scala que
dirigera Adam Ficher. The Turn of the Screw de
Britten sera sept fois à l'affiche en septembre et
octobre sous la direction de Christoph
Eschenbach et dans une mise en scène de Kasper
Holten. Ian Bostridge et Miah Persson figurent
en tête de distribution. En octobre, retour de la
mise en scène que Bob Wilson a réalisée pour
Paris du Couronnement de Poppée de
Monteverdi et qui a déjà été présentée ici même
au printemps 2014 dans une distribution presque
identique avant de nouvelles Noces de Figaro
qui remplaceront la légendaire réalisation de
Strehler encore récemment reprise. La mise en
scène sera signée de Frederic Wake-Walker, qui
s'est fait un nom avec ses productions d'opéras de
Britten. La distribution réunie pour cette occasion est prestigieuse et aligne les noms de Carlos
Alvarez en alternance avec Simon Keenlyside,
de Diana Damrau qui sera la Comtesse, de
Markus Werba en Figaro et de Golda Schulz en
Susanna. La direction a été confiée à Franz
Welser-Möst (octobre, novembre).
Pour terminer la saison : d'abord en création
italienne le nouvel opéra de Gyorgy Kurtag Fin
de partie d'après la pièce de Beckett qui sera mis
en scène par Luc Bondy sous la direction d'Ingo
Metzmacher (novembre). Nikolaus Harnoncourt
proposera ensuite une version semi-scénique
construite par son fils Philipp de Porgy and Bess
de Gershwin, un spectacle-concert déjà donné
dans le cadre du festival Styriarte de Graz dont le
chef autrichien est également le directeur artistique.
Eric Pousaz
Vittorio Grigolo
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saisons lyriques
Londres
A Londres comme ailleurs, les problèmes financiers sont de plus en plus aigus
et la manne publique tombe avec beaucoup de parcimonie dans l'escarcelle des
directeurs de théâtre. On a même pu craindre un instant que l'existence de
l'English National Opera était menacée...
Il ne faut donc pas s'étonner si les Carmen
et autres Traviata figurent très souvent au programme (ces deux titres seront joués treize fois
sur la scène de Covent Garden!...), dans des distributions multiples pour satisfaire à la demande
des touristes étranges qui rêvent de voir leur
titre favori joué sur une des plus grandes scènes
lyriques du monde. Pourtant, d'agréables surprises jalonnent la programmation tout au long de
l'année et justifient amplement un détour sur les
bords de la Tamise même pour les amateurs les
plus blasés.
Piolino, Christophe Mortagne, Hélène
Guilmette et Kate Lindsay (dès le 1er février).
Le directeur général de la musique s'attaquera ensuite en personne à un nouveau Boris
Godounov donné dans sa version courte (sans le
tableau polonais) dès le 14 mars. Ce sera l'occasion d'une prise de rôle pour Bryn Terfel en
Boris, entouré de John Graham-Hill en
Chouisky, John Tomlinson en Varlaam et Ain
Anger en Pimène.
Une mise en musique par Gerald Barry de
L'Importance d'être Aimé d'Oscar Wilde verra
Covent Garden
Infos : www.roh.org.uk/events/calendar
La première nouveauté de la saison
éblouira tous les fans du ténor péruvien
Juan Diego Florez qui interprétera en
effet pour la première fois la version
française, très difficile techniquement,
du rôle d'Orphée dans l'opéra éponyme
de Gluck Orphée et Eurydice.
L'ouvrage sera dirigé pour l'occasion par
John Eliot Gardiner et la mise en scène
signée de deux inconnus sous nos cieux
: Hofesh Shechter et John Fulljames, qui
sont en fait directeurs d'une troupe de
danseurs spécialisés dans le répertoire
contemporain. Surprises garanties dès le
14 septembre.
En parallèle, la troupe londonienne
s'attaquera avec de jeunes chanteurs à
l'Orpheus du compositeur baroque italien Lauro Rossi au Sam Wanamacker
Playhouse dès le 23 octobre dans une réalisation
éclairée aux chandelles de Keith Warner.
En novembre, ce sera la création mondiale
de l'opéra de Georg Friedrich Haas Morgen und
Abend que dirigera Michael Boder avec Klaus
Maria Brandauer, Sarah Wegener, Christoph
Pohl et Will Hartmann sur scène. La mise en
scène sera signée de Graham Vick. Mariame
Clément mettra en suite en scène la souvent
oubliée Etoile de Charpentier avec la complicité de Mark Elder au pupitre et de François
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Autre nouveauté dès le 23 mai : Oedipe
d'Enescu, donné en langue française, sera confié
aux artistes espagnols de la Furia del Baus avec
Johan Reuter en Oedipe, John Tomlinson en
Tirésias, Marie-Nicole Lemieux en Sphinx et
Sarah Connolly en Jocaste.
Enfin, dès le 2 juillet, Il trovatore de Verdi
se verra rhabillé par David Bösch avec
Gianadrea Noseda à la baguette. Deux distributions s'affronteront où on retrouve les noms de
Lianna Haroutounian / Carmen Giannattasio en
Leonora, Francesco Meli / Gregory Kunde en
Manrico, Zeljko Lucic / Christopher Maltman
en Comte de Luna et Ekaterina Semenchuk /
Marina Prudenskaya en Azucena. (Onze représentations)
Dans les reprises, signalons tout de même
dès le 25 février l'assez rare Triptyque en version intégrale de Puccini (Il tabarro, Suor
Angelica, Gianni Schicchi) ainsi que le
Werther où s'affronteront Vittorio Grigolo et
Joyce DiDonato dès le mois de juin dans la mise
en scène très traditionnelle conçue par Benoît
Jacquot et reprise à Paris pour Jonas Kaufmann
il y a quelques années.
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English National Opera
Kate Lindsay © Dario Acosta
ensuite le jour au Barbican Center le 29 mars
avant une nouvelle Lucia di Lammermoor où
triompheront sans doute les Lucia du moment,
Diana Damrau, en alternance avec la nouvelle
compagne de Roberto Alagna Alexandra
Kurzak. Charles Castrobovo et Stephen
Costello seront Edgardo, tandis que Ludovic
Tézier et Artur Rucinski se chargeront du mauvais rôle face au Raimondo de Samuel Youn ou
Matthew Rose (onze représentations dès le 7
avril).
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Comme on l'a dit, cette troupe est de
loin l'institution lyrique anglaise la plus
touchée par les réductions de subventions, suite aux choix esthétiques et artistiques discutés, pour ne pas dire discutables, de son ancien directeur qui a
d'ailleurs jeté l'éponge il y a quelques
semaines. L'offre a été réduite d'un bon
tiers et le théâtre n'offrira en mars qu'une
seule vraie nouvelle production avec
l'Akhenaton de Philip Glass, confiée à la
baguette de Karen Kamensek et à Phelim
McDermott pour la scène. Les sept productions précédentes, toutes reprises de
saisons antérieures et données entre fin
septembre et mi-mars, verront défiler
Chostakovich (Lady Macbeth), Verdi
(Forza), Bellini (Norma), Rossini (Barbiere),
Puccini (Bohème), Sullivan (Mikado) et
Mozart (Flûte), - et tout cela sera bien évidemment chanté en langue anglaise. Une année à
oublier donc au plus vite, car cette programmation ultraconservatrice fait vraiment tache à la
suite des saisons presque visionnaires de ces
dernières années!
Infos : www.eno.org/
Eric Pousaz
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mars au 19 avril) et dont David Mc Vicar, le
génial enfant terrible de la scène anglaise signera
la mise en scène. Une distribution où l’on retrouvera la soprano Sondra Radvanovsky mais aussi
Elena Garança et le ténor Matthew Polenzani.
C’est dans une série de reprises que l’on
pourra retrouver quelques autres voix prestigieuses, tant recherchées par les mélomanes : Roberto
Alagna dans Cavalleria Rusticana et Pagliacci,
Les mélomanes qui feront le voyage Outre-Atlantique disposeront de six
(chef d’orchestre : Fabio Luisi, metteur en scène :
nouvelles productions pour satisfaire leurs émotions musicales. Et, pour ceux
Sir David Mc Vicar) du 21 janvier au 26 février,
qui ne profiteront pas du spectacle vivant de toutes ces nouvelles productions,
Aleksandra Kurzak (la nouvelle madame
la retransmission au cinéma dans le cadre du programme live HD du Met
Alagna) dans le rôle d’Adina de L’Elisir
peut être une compensation.
d’Amore de Donizetti du 10 mars au 7 avril,
Angela Gheorghiu dans Tosca, du 16 octobre au
Ce sera la fête de la voix car le directeur place l’action dans la France occupée. Le rôle de 1er décembre, opéra dirigé par Placido Domingo
Peter Gelb s’inscrit dans l’excellence de la tradi- la nouvelle Madame Butterfly (19 février au 12 dans une mise en scène de Luc Bondy, qui avait
tion vocale, à laquelle tient son public souvent avril) sera également confiée à la soprano letto- été peu appréciée par le public lors de la créaplus conservateur que sous nos latitudes, et qui se ne, qui est aussi la femme du chef Andris Nelson. tion. Anna Netrebko retrouvera le rôle de
montre assez réfractaire à des mises en scène Le buzz lyrique de la
Leonora dans Il
audacieuses. Mais ne boudons pas notre plaisir et saison se fera certaiTrovatore de Verdi (25
autour
les nouvelles productions ont de quoi nous sédui- nement
sept. au 13 février).
d’Elektra
de
Richard
re ! La saison s’ouvre avec Othello (21 septembSignalons encore
re au 6 mai) de Verdi, un casting de choix (le Strauss (14 avril au 7
les reprises du Barbier
ténor Aleksandrs Antonenko pour Othello, et la mai), dernière mise en
de Séville (16 décembre
révélation vocale, la soprano bulgare Sonya scène de Patrice
au 2 janvier), La
Yoncheva en Desdémone. Le jeune chef Yannick Chéreau. On retrouveBohème (23 novembre
Nézet-Séguin tiendra la baguette et Bartlett Sher ra l’équipe aixoise
au 5mai),
Don
en donnera sa vision scénique. La programma- avec le chef Esa
Pasquale (4 au 18
tion se poursuivra du 5 novembre au 3 décembre Pekka-Salonen, le
mars), de la Donna del
par Lulu d’Alban Berg, dirigé par le chef fétiche « set designer »
lago (11 au 26 décembdu Met, James Levine, et une mise en scène Richard Peduzzi, le
re), L’Enlèvement au
confiée à l’artiste sud-africain William « stage director »
sérail (22 avril au
Kentridge, qui se référera au cinéma de Weimar, Vincent Huguet et
7mai), La Chauveintégrant un film muet spécialement tourné pour surtout une distribuSouris (4 décembre au 7
l’occasion.
Du 31
janvier), les Noces de
Roberto Alagna © Alix Laveau/DG
décembre au 4 février,
Figaro (25 février au 26
pour la première fois
mars), Rigoletto (20
tion vocale de haut octobre au 17 décembre), Simon Boccanegra
depuis cent ans Les
vol : Nina Stemme, (1er au 16 avril), Tannhäuser (8 au 31 octobre),
Pêcheurs de perle de
Waltraut
Meier, Turandot (23 sept. au 30 janvier).
Georges Bizet revient
Burkard Ulrich, Eric
sur la scène du Met : la
Une somptueuse programmation qui a touOwens.
baguette revient à
tefois son coût. Le directeur Peter Gelb dispose
Après avoir pro- d’un budget annuel de 327 millions de dollars. Si
Gianandrea Noseda, la
grammé les deux opé- confortable que semble cette somme, Peter Gelb
mise en scène à Penny
ras de l’Angleterre a dû affronter plusieurs polémiques. Celle
Woolcock et le rôle-titre
élisabéthaine
de concernant la cherté des productions, une revende Leila sera interprété
Donizetti,
Maria dication formulée par le syndicat des chanteurs
par Diana Damrau.
Stuarda (reprise du mais aussi les coûts de personnel trop élevés. Du
Les aficionados
29
janvier au 20 coup, il s’est engagé à réduire les coûts liés à la
de Jonas Kaufmann
Kristine Opolais
février) et Anna masse salariale. A la tête de ce vaisseau depuis
pourront retrouver leur
star du 12 février au 11 mars dans le drame Bolena (reprise du 26 septembre au 9 janvier) 2006, Peter Gelb doit se montrer bon gestionnailyrique de Giacomo Puccini, Manon Lescaut, où avec en alternance Sondra Radvanovsky et Anna re sans lésiner sur la qualité artistique.
il sera le chevalier Des Grieux face à Manon, Netrebko dans le rôle-titre, Peter Gelb nous livre
Régine Kopp
chantée par la soprano lettone Kristine Opolais, le dernier volet de ce triptyque Robert
http://www.metopera.org/
et une mise en scène de Sir Richard Eyre, qui Deveureux que dirigera Maurizio Bennini (24
saison lyrique du metropolitan opera
Des valeurs sûres,
vocales et scéniques
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une représentation de The Fairy Queen de
Purcell – orchestre des Nouveaux Caractères
dirigé par Sébastien d’Hérin, et Caroline Mutel
à la mise en scène –, le spectacle réglé par
Nadine Duffaut de La Vie Parisienne sera de
retour à Avignon, avec un habitué d’Offenbach
placé au pupitre, le chef Dominique Trottein.
saison lyrique
Avignon
La nouvelle saison de l’Opéra Grand Avignon est riche et équilibrée entre
grands titres du répertoire comme Lakmé, Lucia di Lammermoor ou Carmen,
et œuvres plus rares, en particulier Senza Sangue, création mondiale du
compositeur Péter Eötvös.
La saison lyrique démarre avec Acis and
Galatea de Haendel avec Cyril Auvity et
Katherine Crompton dans les rôles titres et la
formation du Banquet Céleste dirigée par le
contre-ténor Damien Guillon.
La soprano Patrizia Ciofi et le baryton
Leo Nucci avaient enflammé le Théâtre
Antique d’Orange en 2011 dans Rigoletto (en
trissant le duo de la vengeance !), l’ambiance
devrait de nouveau être chaude pour leur retour
début novembre à Avignon dans un programme
Rigoletto / Traviata. Suivra la comédie musicale L’Homme de la Mancha dans la production
de Jean-Louis Grinda et Nicolas Cavallier en
Don Quichotte, puis La Chauve-Souris de
Strauss en version française, nouvelle mise en
scène de Jacques Duparc avec entre autres
Florian Laconi et Gabrielle Philiponet.
La nouvelle année s’ouvrira avec une fête
du belcanto fin janvier, une Maria Stuarda de
Donizetti certes en version de concert, mais en
présence de cinq des meilleurs chanteurs actuels
Après notamment Montpellier, Paris,
Toulon, Sabine Devieilhe reprendra le rôle de
Lakmé dans la production de Lilo Baur, sous la
baguette de Laurent Campellone, puis fin avril
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Péter Eötvös © Marco Borggreve
de ce répertoire : Patrizia Ciofi, la mezzo Karine
Deshayes, le ténor Ismaël Jordi, la basse
Michele Pertusi, le baryton Etienne Dupuis,
sous la baguette de Luciano Acocella. Après
c’est une autre jeune et valeureuse chanteuse
française, Julie Fuchs, qui se produira à
Avignon mais cette fois en prise de rôle dans
Lucia di Lammermoor. Elle sera entourée de
Jean-François Borras (Edgardo) et Florian
Sempey (Enrico), dirigés par Roberto RizziBrignoli, dans la production de l’Opéra de
Marseille signée par Frédéric Bélier-Garcia.
C’est donc au mois de mai que sera créé le
nouvel opéra de Péter Eötvös, Senza Sangue
sous la direction du compositeur et mis en scène
par Robert Alföldi, cet opus étant jumelé au
Château de Barbe-Bleue dans une réalisation
visuelle de Nadine Duffaut.
Carmen viendra clore la saison, avec
Karine Deshayes et Florian Laconi dans les
rôles principaux et le chef Alain Guingal, Louis
Désiré adaptant son spectacle proposé aux
Chorégies d’Orange en juillet 2015.
François Jestin
Leo Nucci
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Karine Deshayes © Vincent Jacques
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www.operagrandavignon.fr
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Marseille
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Une seule nouvelle production sur la scène phocéenne cette saison et
plusieurs opéras en version de concert, mais pas des moindres : la première Semiramide de Jessica Pratt et I due Foscari avec Leo Nucci !
Patrizia Ciofi reprend à partir de fin septembre le rôle de Manon de
Massenet, déjà abordé entre autres à Avignon, dans la production créée ici
en 2008 par Renée Auphan et Yves Coudray, avec Sébastien Guèze et
Etienne Dupuis, dirigés par Alexandre Joël. Le beaucoup plus rare
Portrait de Manon du même compositeur, où le vieux Chevalier Des
Grieux évoque ses lointains souvenirs, sera proposé lors d’une soirée, avec
Jennifer Michel (Aurore) et Antoinette Dennefeld (Jean) pour interpréter
les amoureux de la génération suivante. Les débuts de la soprano australienne Jessica Pratt dans la Semiramide de Rossini sont attendus en octobre, aux côtés de la mezzo Varduhi Abrahamyan (Arsace) et de la basse
Mirco Palazzi (Assur), sous la baguette du chef belcantiste Giuliano
Carella. Puis, autre événement, le célèbre baryton Leo Nucci est à l’affiche dans I due Foscari, entouré de Virginia Tola, Giuseppe Gipali, direction Paolo Arrivabeni, avant La Vie Parisienne pour les fêtes de fin d’année, production de Nadine Duffaut et Dominique Trottein au pupitre. Un
autre spectacle marseillais est programmé courant février, L’Aiglon de
Jacques Ibert et Arthur Honegger, dans la production de Caurier et Leiser
remontée cette fois par Renée Auphan, où Stéphanie d’Oustrac enfilera les
habits du fils de Napoléon. Svetla Vassileva et Teodor Ilincai seront ensuite Cio-Cio San et Pinkerton dans Madama Butterfly réalisée par Numa
Sadoul, sous la battue du directeur
musical de la maison Lawrence
Foster. Après les papillons voici les
fleurs, une autre madame qu’on a
beaucoup moins l’occasion de voir
sur les scènes lyriques, Madame
Chrysanthème de Messager défendue par la soprano Annick Massis
lors d’une soirée en version concerJessica Pratt
tante. Deux titres plus habituels
© Luis Condrò
viendront terminer la saison, Cosi
fan Tutte dans la mise en scène de Pierre Constant, en présence entre autres de Marianne Crebassa (Dorabella) et Frédéric Antoun (Ferrando), puis
Macbeth de Verdi confié à une solide distribution : Seng-Hyoun Ko dans
le rôle-titre et Csilla Boross en Lady, direction Pinchas Steinberg et nouvelle réalisation de Frédéric Bélier-Garcia.
A noter encore un opéra de Cavalli, L’Oristeo, donné en version scénique au théâtre de la Criée, ainsi que la riche saison d’opérette (7 spectacles, dont Un de la Canebière de Scotto, Pas sur la Bouche de Maurice
Yvain et La Périchole d’Offenbach) au théâtre de l’Odéon, jumelé désormais avec l’Opéra de Marseille. http://opera.marseille.fr/.
Montpellier
Une petite programmation lyrique à Montpellier, avec cinq soirées
d’opéra mais des titres réellement originaux et de valeur.
Deuxième année de Valérie Chevalier au poste de Directrice générale, et première saison véritablement établie à sa main, beaucoup de spectacles ayant été prévus de longue date par Jean-Paul Scarpitta sur 2014-
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2015. Chérubin de Massenet est une œuvre
plus rarement donnée que les incontournables
Werther et Manon, du moins en France,
d’ailleurs à quand remonte la dernière représentation dans l’hexagone ? Le rôle-titre sera
défendu par Marie-Adeline Henry, la direction
confiée à Jean-Marie Zeitouni, dans une nouvelle production de Juliette Deschamps. Une
double affiche suivra pour les fêtes de fin d’année, l’Enfant et les sortilèges précédé de
L’Hirondelle inattendue du compositeur
Simon Laks – direction musicale de David
Niemann et mise en scène de Sandra
Pocceschi –, puis Montpellier accueillera la
Jean-Marie Zeitouni
Turandot donnée il y a deux saison à Nancy :
production de Yannis Kokkos, direction de Michael Schonwandt, avec
Katrin Kapplusch (Turandot), Mariangela Sicilia (Liù), Rudy Park (Calaf).
Offenbach enchaînera avec la rarissime et déjantée Geneviève de
Brabant – direction Claude Schnitzler et nouvelle mise en scène de Carlos
Wagner –, puis la saison s’achèvera avec un seul élément du triptyque puccinien, Il Tabarro jumelé pour l’occasion à Royal Palace de Kurt Weill,
sous la baguette de Rani Calderon et Marie-Eve Signeyrole pour la mise
en scène des deux opus. www.opera-montpellier.com
Saint-Etienne
Juxtaposant certains titres du grand répertoire à des ouvrages plus rares,
l’affiche stéphanoise est également équilibrée entre opéras italiens et français.
La plus grande rareté est programmée en début de saison, au mois d’octobre : Le Médecin malgré lui de Charles Gounod, opéra-comique d’après
la pièce de Molière défendu par une distribution
francophone, sous la direction musicale de
Laurent Touche et mis en scène par Alain Terrat.
Le chef-d’œuvre de Puccini, Tosca suivra avec
Vanessa Le Charlès dans le rôle-titre et dans la
production de Louis Désiré vue à Marseille la
saison dernière, avant L’Italiana in Algeri de
Rossini, spectacle réglé par Nicola Berloffa,
direction de Giuseppe Grazioli et Aude Extremo
en Isabella. On repasse au répertoire français à
partir de mars 2016, avec une reprise de la réalisation visuelle de Jean-Louis Pichon pour Le
Roi d’Ys, avec Nicolas Courjal, Marie Kalinine,
Aurélie Ligerot, Sébastien Guèze dirigés par
José-Luis Dominguez, avant Les caprices de
Aude Extremo
photo Lucie Mdb
Marianne de Sauguet, spectacle en tournée
française depuis la saison dernière. La saison
s’achèvera par un Nabucco en nouvelle production confiée à JeanChristophe Mast, sous la baguette de David Reiland avec André Heyboer
(Nabucco), Cécile Perrin (Abigaille), Nicolas Cavallier (Zaccaria).
www.operatheatredesaintetienne.fr
François Jestin
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saison lyrique
saison lyrique
Fidèle à sa tradition d’accueil des plus grands artistes
lyriques, l’Opéra de Monte-Carlo a conclu un partenariat au
long cours avec Cecilia Bartoli, dont la première des six
années verra la mezzo romaine interpréter Norma.
A la surprise générale, la Ville de Nice ne renouvelle
pas le mandat du directeur artistique Marc Adam,
qui a eu tout de même la possibilité de programmer
la prochaine saison avant son départ de l’Opéra
en octobre 2015.
Monte-Carlo
Nice
Après un concert de Nathalie Stutzmann, à la fois contralto et chef de son
orchestre Orfeo 55, la saison monégasque démarrera avec Tosca dans une distribution absolument princière : Martina Serafin dans le rôle-titre, Marcelo
Alvarez (Mario) et Bryn Terfel (Scarpia) sous la direction de Daniel Oren, dans
une nouvelle réalisation visuelle de Jean-Louis Grinda en coproduction avec
Valence, Turin et le festival Puccini de Torre del Lago. Viendra ensuite un
concert de gala réunissant les trois étoiles Ramon Vargas, Angela Gheorghiu
et Ludovic Tézier, puis c’est une rareté qui est à l’affiche du mois de janvier,
La Wally d’Alfredo Catalani, défendue par la soprano Eva-Maria Westbroek,
dans la production de Cesare Lievi déjà présentée au Grand Théâtre de Genève.
On a bien dans l’oreille l’air de l’héroïne immortalisé par le film Diva de JeanJacques Beneix, mais beaucoup moins le reste de l’opéra. Alcina donnée en
version de concert sous la baguette d’Ottavio Dantone proposera ensuite un trio
de choc et de charme, Sonya Yoncheva (Alcina), Philippe Jaroussky
(Ruggiero) entendu dans cet emploi en juillet à Aix-en-Provence et Emöke
Barath (Morgana), puis Cecilia Bartoli se produira en Norma dans la production de Caurier et Leiser proposée cet été au festival de Salzbourg, entourée de
Rebeca Olvera (Adalgisa), Christoph Strehl (Pollione), Péter Kalman
(Oroveso), avec Giovanni Antonini aux commandes de l’orchestre de La
Scintilla. Titre passionnant, Le Joueur de Prokofiev en mars semble mettre
tous les atouts de son côté pour faire flamber la Salle Garnier, implantée rappelons-le à l’intérieur du bâtiment du casino. La distribution vocale est particulièrement relevée avec Dmitri Oulianov, Oksana Dyka, Micha Didyk, Ewa
Podles, Aleksandr Kravets, …, direction de Mikhaïl Tatarnikov et mise en
scène de Jean-Louis Grinda. Le ténor péruvien Juan Diego Florez puis la
soprano américaine au
timbre « double crème »
Renée Fleming se produiront en récital, avant la clôture de la saison avec Attila
de Verdi, confié pour la
réalisation visuelle à un
ancien grand titulaire du
rôle, Ruggero Raimondi,
défendu par une distribution
extrêmement prometteuse :
Ildar Abdrazakov en Roi
des
Huns,
Carmen
Giannattasio (Odabella),
George Petean (Ezio), dirigés par Daniele Callegari.
La quantité reste modeste puisque cinq opéras sont à l’affiche
niçoise mais il s’agit de cinq chefs-d’œuvre absolus, en commençant
par La Traviata avec Cristina Pasaroiu en Violetta, Philippe Auguin
au pupitre et Pascale Chevroton chargée de la mise en scène.
Faisant suite à Peter Grimes la saison dernière, une autre pièce
magistrale de Britten est proposée au mois de janvier, Death in
Venice dans une nouvelle production de Hermann Schneider, sous la
direction musicale de Roland Böer et Hans Schöpflin distribué en
Gustav von Aschenbach.
Après un Barbiere di Siviglia dans la production du Circuito
Lirico Lombardo AS.LI.CO. et Ketevan Kemoklidze dans le rôle de
Rosina, un autre temps fort sera la mise à l’affiche d’un des titres les
plus fameux du répertoire du grand opéra français, Les Huguenots,
en coproduction avec le Staatstheater Nüremberg : Silvia Dalla
Benetta (Marguerite), Cristina Pasaroiu (Valentine), Uwe Stickert
(Raoul), sous la baguette de Yannis Pouspourikas.
Nicola Beller-Carbone © Carole Laberge
Enfin c’est la Medea de Cherubini – en version italienne donc –
qui fermera le ban, confiée à la splendide Nicola Beller-Carbone pour
le rôle-titre et à George Petrou pour la direction musicale, le spectacle étant donné en nouvelle production réalisée par Guy Montavon.
François Jestin
Juan Diego Florez
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François Jestin
www.opera-nice.org
www.opera.mc
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saison lyrique
Lyon
Pour sa 13ème saison à l'Opéra de Lyon, Serge Dorny reste fidèle à une
approche contemporaine du répertoire, dans une affiche reflétant la vitalité de
la création d'aujourd'hui avec de nouvelles têtes (Wajdi Mouawad Dominique
Pitoiset, Jeanne Candel…) et des habitués (Olivier Py, David Marton, Laurent
Pelly…). Une saison dont les nouvelles productions représentent plus de la
moitié de la programmation, sans compter une création mondiale. Entretien.
Les Voix de la liberté, c'est le fil rouge
de cette nouvelle saison, en quoi l'opéra
peut-il être politique ?
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C’est un thème qui résonne par rapport à notre
histoire, mais aussi à notre actualité - je pense
aux attentats de cette année, à la guerre, au
drame des réfugiés… Nous vivons des temps
très tendus. On a pu penser, après la chute du
mur de Berlin et la fin de l’Union soviétique que
c’était la fin de l’Histoire… Mais l’Histoire n’a
pas de fin, et elle est tragique. Alors, dans ce
contexte, l'art a un rôle à jouer, comme témoin
et comme acteur des évolutions du monde. Plus
que jamais, pas d'art sans liberté, pas de liberté
sans art. C'est tout cela que j'ai eu envie d'exprimer dans cette saison.
L'art ne fait pas que divertir, il est là aussi pour
questionner, pour créer du lien. En témoignent
les œuvres et les artistes réunis pour cette nouvelle saison. Berlioz et son Faust, assoiffé de
liberté jusqu'à en brûler ; Offenbach et Le Roi
Carotte, féroce et joyeuse satire sur la lutte pour
le pouvoir et son arbitraire ; Chostakovitch et
Lady Macbeth de Mzensk, parlant de la liberté
du désir, bannie du répertoire par Staline ;
L'Enlèvement au Sérail, qui nous parle de la
différence de cultures. Que nous apporte un
grand classique dans le monde d'aujourd'hui,
que peut-il nous dire face aux enlèvements sauvages du Mexique ou de Boko Haram en
Afrique ? C'est ce type de questions qui a guidé
les choix, notamment de notre festival annuel
qui rassemble des pièces parlant de stigmatisation et de haine, de cette difficulté qu'on a à
accepter la différence de l'autre, de l'intolérance
dans l'histoire. Ce festival verra la création d’un
nouvel opéra de Michel Tabachnik et Régis
Debray sur Walter Benjamin, ce grand penseur, écrivain et philosophe, personnage hors
norme, émigré politique en détresse. Puis il y
aura La Juive de Halévy, qui restitue la place
des Juifs dans l'ancien monde catholique, une
grande œuvre sur la violence de tous les intégrismes et la liberté de la foi. Enfin des œuvres
conçues ou créées au camp de concentration de
Terezín, Brundibár et L'Empereur d'Atlantis.
On retrouve de nouveau une grande
ouverture à des cinéastes, hommes et femmes
de théâtre, plasticiens… Comment avez-vous
imaginé ces rencontres ?
Serge Dorny, directeur général de l'Opéra de Lyon
© Philippe Pierangeli
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C'est un peu la signature de l'Opéra de Lyon,
depuis plusieurs années… Avec La Damnation
de Faust, David Marton, après Capriccio et
Orphée et Eurydice, signera sa troisième mise
en scène chez nous ; c’est à Lyon que Wajdi
Mouawad et Jeanne Candel signent cette saison
leur première mise en scène d’opéra. Il faut
aussi parler de Dominique Pitoiset, Richard
Brunel (actuel directeur de la Comédie de
Valence) dont nous reprenons L'Empereur
d'Atlantis, mais aussi, ces dernières années, de
Christophe Honoré, William Kentridge,
François Girard…
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L'opéra parce qu'il est un art total permet ces
rencontres, parce qu'il est pluridisciplinaire. J'ai
voulu à chaque fois créer de nouveaux croisements en tentant d'imaginer à quelle œuvre pouvait correspondre l'imaginaire d'un artiste. L'art
basé sur des certitudes est un art conformiste.
C'est important pour moi de permettre ces nouvelles confrontations, pour montrer qu'il y a une
manière enrichissante de lire les choses du
passé, que l'opéra est un art d'aujourd'hui et de
demain : c'est pourquoi je veux qu'il parle d'actualité, qu'il soit politique, au sens premier du
terme, un art pour la cité.
Quelques temps forts de la saison ?
En octobre, La Damnation de Faust ouvre la
saison dans la vision radicale et poétique de
David Marton, sous la direction de Kazushi
Ono, notre chef permanent. L'obsession de
Faust est la suspension du temps. N’est-ce pas
un désir, ou un fantasme, que nous avons tous ?
Puis ce sera L'Homme qui prenait sa femme
pour un chapeau, un cas clinique, la maladie
d'Alzheimer mis en musique, d’après le récit du
neurologue Oliver Sacks, sur une partition de
Michael Nyman (qui a composé la musique de
La Leçon de piano de Jane Campion, Palme
d’Or à Cannes 1993). Ces opéras sont en résonance avec nos obsessions, et avec nos maux.
En décembre et pour les fêtes, Le Roi Carotte,
feu d'artifice burlesque qui est aussi une salve
critique sur la lutte pour le pouvoir. Après la
guerre de 1870 et la défaite française, Paris a
plus que jamais besoin du rire et de la magie du
théâtre pour oublier et fera un triomphe à cet
opéra-comique d'Offenbach, avec plus de 40
personnages, une scénographie éblouissante,
des costumes magiques et des décors extraordinaires. Succès immédiat mais pas durable…
Après Londres, New York et Vienne, la pièce va
disparaître de l'affiche à cause de l'extravagance
de sa scénographie et de son coût de production.
A charge pour Laurent Pelly, après les
Offenbach mémorables qu'il a signés, de relever
le défi et de faire renaître cette opérette féerique, sous la baguette du jeune chef Victor
Aviat qui fera ses débuts à Lyon. En parallèle le
Studio reprendra Mesdames de la Halle, opérabouffe d'Offenbach en un acte au Théâtre de la
Croix-Rousse.
En janvier, on redécouvrira à Lyon, après Le
Nez en 2011, l'autre chef-d'œuvre lyrique de
Chostakovitch, Lady Macbeth de Mzensk.
Grand succès en 1934, la pièce, avec ses pieds
de nez au système moral, social et politique
russe, sera peu du goût de Staline et retirée de
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Il n'y a pas que les voix de la liberté,
elles chantent aussi…
«Iolanta / Perséphone» © Javier del Real - Teatro Real
l'affiche. Nous jouerons l'œuvre originale, qui
avait été interdite, dans une mise en scène de
Dmitri Tcherniakov, un des grands phares de la
scène russe qui fera ses débuts à Lyon, en compagnie de Kazushi Ono au pupitre, dans un de
ses répertoires favoris.
Nous proposons en mai la reprise de Iolanta /
Perséphone, mis en scène par Peter Sellars, une
production que nous avons présentée au dernier
Festival d'Aix. Et enfin, en juin et juillet, le
grand Wajdi Mouawad
s'attelle pour la première
fois à l'opéra avec
L'Enlèvement au sérail.
En mars et avril, notre festival Pour l'humanité
verra donc la création
mondiale de Benjamin,
dernière nuit. Le livret de
l'écrivain Régis Debray
raconte la solitude d'un
réfugié pourchassé par les
nazis, ses rencontres avec
Adorno, Brecht, Hannah
Arendt… Il fallait l'écriture éclectique du compositeur Michel Tabachnik
pour peindre la rencontre de ces univers opposés à Berlin, en Union soviétique, en France ;
avec une écriture à plusieurs facettes, dans une
gamme extrêmement riche, sa musique est à la
fois militaire, de cabaret, électroacoustique. La
deuxième œuvre dans ce festival, La Juive de
Halévy, est un opéra impressionnant. Créée en
1835, c'est un des plus gros succès du XIXe,
célébré à Paris, Londres et Vienne, et qui cent
ans plus tard, après 600 représentations, disparaît de l’affiche en 1934. Un drame de la reli-
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gion, plaidoyer pour la tolérance et contre les
fanatismes religieux, dont j'ai confié la mise en
scène à Olivier Py, avec Daniele Rustioni, le
jeune chef qui deviendra chef permanent de
l’Opéra de Lyon en septembre 2017, et une
belle palette de chanteurs : Nikolaï Schukoff,
Rachel Harnisch…
Les deux autres œuvres, dernières lueurs de la
musique “dégénérée“, ont été composées à
Terezín, ce camp où furent déportés nombre
«L’Empereur d’Atlantis» © Jean-Louis Fernandez
d'artistes, d’écrivains, de peintres, de musiciens,
issus cette communauté juive d’Europe centrale. On reverra avec émotion L'Empereur
d'Atlantis de Viktor Ullmann dans la mise en
scène de Richard Brunel, qui s'est inspiré
notamment du Dictateur de Charlie Chaplin
pour son travail. Brundibár de Hans Krása,
opéra pour enfants très joué au sein du camp
sera mis en scène par Jeanne Candel, qui fera
ses premiers pas à l’Opéra.
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S’il faut évoquer quelques chanteurs que nous
avons l'honneur d'accueillir, on peut citer, dans
la Damnation de Faust, Charles Workman,
l'Alviano extraordinaire des Stigmatisés, qui
chantera Faust ; ou, en Marguerite, Kate Aldrich
qui avait incarné Carmen ; et Laurent Naouri
qu’on retrouvera en Méphisto. Le Roi Carotte
réunira tous les chanteurs amis de l'Opéra de
Lyon, mais aussi complices de Laurent Pelly :
Yann Beuron, Jean-Sébastien Bou, Antoinette
Dennefeld… Et depuis ces deux dernières
années l'Opéra met à l'affiche les solistes du
Studio : on les retrouve dans L'Homme qui prenait sa femme pour un chapeau, dans les deux
œuvres d'Offenbach, dans L'Empereur
d'Atlantis, Brundibár… Et puis il y aura des
découvertes, par exemple Austine Stundyne
dans le rôle de Lady Macbeth : c’est la première fois que nous l’accueillons à Lyon, c'est une
des grandes stars de demain ! Comme il est
important, dans la programmation, de mêler
œuvres rares et grand répertoire, je pense qu’il
est indispensable de faire entendre sur scène des
artistes confirmés et de jeunes talents à découvrir.
Côté danse, le Ballet proposera des classiques de la
danse du XXe siècle dont - et
c'est une première - Roland
Petit, et aussi Lucinda
Childs, Merce Cunningham,
Jirí Kylián ; et de jeunes
talents contemporains :
Emanuel Gat, Rachid
Ouramdane, Tânia Carvalho.
Sans oublier la saison des
concerts en résonance avec la
programmation, où nous
mettons justement la voix en
lumière : Anna Caterina
Antonacci, Ann Petersen,
Sabine Devieilhe, Natalie
Dessay, Ian Bostridge.
Propos recueillis par Christine Ramel
Opéra de Lyon
+ 33 469 85 54 54
www.opera-lyon.com
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théâtre forum meyrin
Saison
Le TFM fête ses vingt ans, comme en atteste l’affiche de saison sur laquelle
des pieds féminins élégamment chaussés piétinent un gâteau d’anniversaire.
C’est jouissif et iconoclaste ! C’est surtout à l’image de la directrice Anne
Bruschweiler dont c’est la sixième saison à la tête de l’institution meyrinoise.
Ses audaces artistiques, son sens aigu du spectacle, son opiniâtreté lui ont
permis non seulement de vaincre toutes les réticences des débuts, mais de faire
du Forum Meyrin un lieu incontournable où circulent tous les arts vivants,
tous les publics, toutes les formes théâtrales.
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A l’heure où paraît cet article, l’événement
phare de la rentrée ne sera déjà qu’un très beau
souvenir. Sound of music, projet audacieux et
ambitieux de la Cie Yan Duyvendak, est une
comédie musicale tissée sur d’anciennes comédies des années vingt à cinquante sur laquelle travaille une cinquantaine de personnes. Le théâtre
et sa directrice ne sont pas peu fiers d’avoir
accueilli cette création de dimension internationale, en coproduction avec Vidy, Nanterre et La
Bâtie.
Rencontre avec une directrice enthousiaste,
joyeuse, explosive.
Voulez-vous détailler les grands axes et
les points forts de votre saison ?
Anne Bruschweiler : J’ai envie d’évoquer en préambule l’accent mis sur les spectacles tous
publics, que ce soit pour les non francophones,
pour les ados avec un spectacle quasi muet,
comme Bigre de Pierre Guillois, ou l’effort particulier fait à la rencontre du jeune public avec le
Geneva Camerata dans Voyage avec les oiseaux
Histoire d’amour de Régis Jauffret fait partie de
cet entre-deux inclassable : littérature, bande dessinée, projection de dessins, jeu d’acteurs, le
spectacle réunit tout cela.
La quintessence de la pluralité des formes s’exprime avec le collectif Les Chiens de Navarre,
qui devrait ravir les ados dès seize ans et les adultes qui ne craignent pas d’être bousculés.
Multiples, inventifs, culottés, impudiques voire
vulgaires, les Chiens ont inventé il y a dix ans un
théâtre qui leur est propre, fait de rire aigu et profond. Le Forum Meyrin leur consacre Une
semaine qui décoiffe, soit trois soirées de janvier
afin qu’ils puissent déployer leur inclassable
théâtre. J’attendais depuis plusieurs années qu’ils
qui propose aux tout petits
un métissage de musique
classique et d’autres genres
musicaux, ou avec le théâtre dessiné en direct des
Contes chinois.
Mais
attention
!
L’appellation « Famille »
ne veut pas dire planplan… Les spectacles
accessibles aux enfants
exigent au contraire une
grande rigueur.
Ensuite je mettrai l’accent
sur l’importance de la pluridisciplinarité qui peut
prendre des formes très
originales, comme la choAnne Bruschweiler © Francis Traunig
régraphie associée à la projection des mouvements
sur fond musical dans Joseph_kids d’Alessandro soient programmés en Suisse romande et comme
Sciarroni. Il s’agit d’une initiation artistique : les personne ne l’a fait, je me suis lancée, conscienenfants voient le spectacle puis le reproduisent.
te du choc que cela peut provoquer car les Chiens
travaillent avec l’inconscient, le malaise et cela
peut faire mal…
Vous êtes également fidèle à toutes les
formes de cirques, avec cette année des danseurs… différents.
Oui, j’aime le cirque et je regrette que le plateau
du Forum ne puisse accueillir les toutes grandes
troupes circassiennes qui ont besoin d’un espace
que nous ne pouvons leur offrir. Mais je suis fière
de la programmation de Nous sommes pareils à
ces crapauds qui… (le titre est tiré d’un poème
de René Char) où un artiste unijambiste invente
un langage chorégraphique inédit, sublime de
virtuosité, et de la venue dans le cadre du Festival
de Danse Steps de Notturnino & Set and
Reset/Reset par la Candoco Dance Company
«Histoire d’amour» © Montserrat Quezada
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fondée par une danseuse en chaise roulante.
Autre spectacle entre danse et cirque : Sans objet
d’Aurélien Bory, métaphore puissante de la
ensemble baroque Les Arts Florissants. Ce ne
seront pas moins de onze comédiens chanteurs
qui enchanteront le plateau.
Nous aurons aussi un Platonov en flamand (surtitré) auquel le metteur en scène Luk Perceval
donne une intensité émotionnelle nouvelle :
vibrations garanties !
Je terminerai ce tour d’horizon théâtral non
exhaustif par Le Vivier des noms, une création de
Valère Novarina à Avignon. Inventeur de langage pour retourner le monde et libérer l’être
humain de son emprise tantôt néfaste tantôt bénéfique, l’auteur bien connu des Genevois revient
au TFM après des pièces marquantes comme Le
Vrai sang et L’Atelier volant. Des comédiens
hors pair, une scène extraordinaire, des dessins
peints par l’auteur lui-même : Avignon a adoré,
Meyrin sera enchanté par le festival de mots et de
personnages inventés par Novarina.
Venir au Forum Meyrin n’est pas seulement venir voir un spectacle. Vous avez su créer
un pôle d’attraction qui donne envie d’y séjourner avant et après le spectacle.
«Sans objet» © Aglae Bory
domination du robot sur l’homme, qui peu à peu
va s’humaniser et s’incarner.
Plus classique – quoi que !, le Théâtre Dromesko
jouera Le Jour du grand jour dans une maisonchapiteau sur le parking, avec quelques animaux
insolites tels qu’une truie, un marabout, etc.
La danse est au cœur de la pluridisciplinarité au
Forum Meyrin, qui accueillera pour la seconde
fois la Cie Gilles Jobin et son Quantum de
retour d’une tournée internationale. Un débat
fera dialoguer les arts et les sciences avec le
nouveau directeur du CERN – où Gilles Jobin a
été trois mois en résidence - et des scientifiques
venus à la culture, comme Sami Kanaan, physicien de formation, et le directeur de la
Manufacture, astrophysicien : qu’ont-ils importé de leurs fonds scientifique dans leur nouvelle
fonction culturelle ?
Un autre moment de théâtre qui me tient à cœur
car j’ai rencontré Anna Politkovskaïa lors de sa
venue à Genève après avoir reçu le prix
Le succès du TFM est en effet croissant. Nous
attirons des publics très variés, qui viennent du
quartier ou de l’autre bout du canton, en groupes
d’amis ou en familles, qui mangent sur place
parce que le bar est fort sympathique, qui décou-
Parlons théâtre maintenant : sur quels
spectacles dirigez-vous le projecteur ?
Sur tous ! mais puisqu’il faut effectuer un choix,
le voici.
Birdy, de William Wharton, dont on connaît l’adaptation cinématographique par Alan Parker,
traite de la rédemption et du retour à la vie.
Emmanuel Meirieu y travaille sur l’émotion.
J’aurai également le bonheur de voir Gilles
Privat – que je connais depuis l’enfance – dans le
rôle-titre Monsieur de Pourceaugnac, divertissement offert au Roi par Molière, mis en scène
par un ancien assistant de Chéreau, avec à la
baguette William Christie et son merveilleux
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«Femme non rééducable © Jean Louis Fernandez
Sakharov : Femme non-rééducable, avec la
grande Anne Alvaro à la voix chaude et grave,
inoubliable.
Christophe Rauck, directeur du Théâtre du Nord
de Lille et ancien comédien chez Ariane
Mnouchkine, interroge le couple, sa durée, l’exil
dans Figaro divorce de Horvath. Chez l’auteur
hongrois, Figaro n’est plus l’insolent révolutionnaire de Beaumarchais mais un opportuniste seulement préoccupé de son intérêt privé.
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vrent les expositions temporaires sur la galerie et
restent après le spectacle pour le commenter. Et
l’accès est facile depuis que le tram vient jusqu’à
nous !
Propos recueillis par Laurence Tièche
Tout le détail de la très riche programmation
et des activités sur forum-meyrin.ch
Billetterie +41 22 989 34 34
[email protected]
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théâtre de beausobre, morges
A voir cette saison
Le Théâtre de Beausobre, sous la houlette dynamique de sa directrice Roxane
Aybek, propose, cette année encore, un programme théâtral de haut vol. De
octobre à février, on y trouve des pièces parisiennes à succès, des grands noms
du théâtre de renommée internationale, ainsi que des plateaux romands.
Cette saison marque également le rapprochement du Théâtre de Beausobre avec des institutions culturelles telles que le TKM à Renens et
Le Livre sur les Quais à Morges.
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Pour débuter la programmation théâtrale, du
théâtre acrobatique avec La Verità de la
Compagnia Finzi Pasca qui ouvrira la danse le 8
octobre.« La vérité est tout ce qu’on a rêvé,
qu’on a vécu, qu’on a inventé, tout ce qui fait
partie de notre mémoire ». C’est au son de ces
mots que les acrobates prennent leur envol.
Haute voltige et danse, mélés à l’univers de Dalì
laissent présager un moment de fantastique poésie.
Le 27 octobre, La colère du Tigre où
Georges Clémenceau, 82 ans, que l’on surnomme le Tigre, magnifiquement interprété par
Claude Brasseur, tente de convaincre son ami
Claude Monet d’achever Les Nymphéas pour lesquelles il a fait aménager le Musée de
l’Orangerie.
Suivi par Des gens intelligents, le 29 octobre, jolie immersion passionnante dans la vie à
deux et ses usures, ses besoins de liberté, ses
non-dits. Les difficultés de la vie de couple, ses
drames et ses plaisirs servent de trame à cette
comédie conjugale insolente et hilarante.
Le 3 novembre Michel Boujenah, dans un
spectacle éponyme, préfère rêver à la vie qu’il
n’a pas eue que raconter la sienne. Le spectateur
reconnaîtra, au fil de sa rêverie, les personnages
fétiches de son univers : Albert et Guigui ou
encore le décor de la Tunisie de son enfance.
Entre émotions délicates et traits d’humour.
Le 2 décembre, Pièces d’identité avec Jean
Piat, 90 ans, qui plonge au cœur des ses souvenirs de théâtre à travers des textes de Guitry,
Musset, Rostand. Une carrière de 70 années toute
dédiée au plaisir d’être comédien pour le plus
grand bonheur de son public.
17 décembre et 18 décembre, André le
magnifique revient grâce aux Amis du
Boulevard Romand qui font revivre cette
comédie aux 7 Molières, à la fois attachante et pleine de rebondissements loufoques. Afin de sauver le théâtre municipal, un couple campagnard du Gers décide de monter un spectacle et confient le
rôle principal à un acteur parisien. Rien
ne se passe évidemment comme prévu
entre le Parisien et les provinciaux !
Le 12 janvier 2016, Love Letters
permettra au public de découvrir ou redécouvrir ce texte tendre et bouleversant
qu’ont déjà interprété Jean-Pierre
Marielle, Bruno Cremer, Jean-Louis
Trintignant, Philippe Noiret, Jacques
Weber, Alain Delon et Gérard Depardieu.
A Beausobre, c’est Cristiana Reali et
Francis Huster, ancien couple à la ville,
qui se prêteront merveilleusement à
l’exercice et apporteront à ce texte une
nouvelle sincérité émouvante.
Miou Miou dans «Des gens bien». Photo Lot
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Le 2 février 2016, Des gens bien avec
Miou-Miou en tête d’affiche. Créée à Broadway,
cette comédie sociale marque le retour de MiouMiou au théâtre, après douze ans d’absence.
Dans un quartier pauvre de Boston, Margaret est
renvoyée de son travail et doit trouver de quoi
subvenir à ses besoins et ceux de sa fille. Ses
amis lui conseillent de demander de l’aide à son
amour de jeunesse. L’actrice est stupéfiante dans
le rôle de Margaret, mère d’une fille handicapée
qu’elle élève seule et qui se bat pour sa dignité.
Une réflexion douce-amère sur la condition
humaine.
Suivra Le Système, le 9 février, avec notamment : Lorànt Deutsch, Dominique Pinon, Eric
Metayer, Marie Bunel et Sophie Barjac, des
comédiens brillants au service d’un auteur qui ne
l’est pas moins. Antoine Rault, nommé plusieurs
fois aux Molières, revient avec une comédie mordante sur les coulisses du pouvoir au XVIIIe siècle. Spéculations, cabales et accusations perfides
qui semblent étonnamment actuelles.
George Dandin suivi de La Jalousie du
Barbouillé, petit bijou proposé le 19 février par
la Troupe de la Comédie Française. Le succès
d’Oblomov la saison passée a encouragé le
Théâtre de Beausobre a réitéré sa collaboration
avec la prestigieuse institution de la Comédie
Française. Le théâtre morgien accueille donc
cette saison ce deux pièces de Molière.
Riche paysan, George Dandin a épousé
Angélique de Sotenville, fille d’un gentilhomme
ruiné, et obtenu le titre de « Monsieur de la
Dandinière ». Mais il ne tarde pas à s’apercevoir
que son mariage, véritable marché de dupe, en
fait un mari confondu... Et c’est ridiculisé et
humilié qu’il devra présenter lui-même des excuses à ceux qui l’ont trompé.
Après l’entracte, les comédiens du Français
proposeront La Jalousie du Barbouillé, brève
farce en un acte créée spécialement pour leur
tournée. Le Barbouillé est marié avec Angélique.
Mais il n'est pas satisfait de sa femme qui, dit-il,
le fait enrager. Il demande au docteur son avis sur
la façon de la punir…
Pour écrire cette farce, Molière s'est inspiré
d'une nouvelle du Décaméron de Boccace. Il
réutilisera plus tard ces éléments dans d'autres
pièces, notamment pour la trame de George
Dandin.
Nancy Bruchez
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nuithonie
Un anniversaire
pluriel
Le théâtre Nuithonie fête ses 10 ans. L’occasion de se
réunir, de remercier le public, mais aussi de réfléchir
à son avenir.
Il y a 10 ans déjà, le bâtiment de Nuithonie s’érigeait à Villars-surGlâne. Depuis, ce centre de création théâtrale a su se faire sa place en
Suisse romande. Après 72 créations en résidence et 489 spectacles, la salle
fête son anniversaire du 7 au 11 octobre avec un programme pluriel.
« Nous voulions que cette fête soit à la fois festive et accessible à tous,
mais qu’elle propose également une réflexion », explique Thierry Loup,
directeur de Equilibre-Nuithonie. Durant le week-end, les spectateurs
petits et grands pourront ainsi profiter d’un bal, le 9 octobre, et également
de surprises le 11 octobre.
Mais ce n’est pas tout, à travers sa programmation théâtrale, la fête
invite à découvrir les coulisses du théâtre, mais aussi à réfléchir sur la
création et son avenir. « Nous souhaitions profiter de l’occasion pour sensibiliser sur une problématique actuelle, confie Thierry Loup. C’est à l’État de soutenir de la création, pourtant les subventions n’ont pas évolué
depuis 10 ans, alors que des lieux se sont construits. Nous sommes ainsi
face à un équilibre très fragile. »
En accueillant le spectacle NoShow, du collectif Nous Sommes Ici et
du Théâtre DuBunker, le directeur lance alors un cri d’alerte. Participative,
performative et explosive, la production québécoise prend racine dans une
prise de conscience du metteur en scène, Alexandre Fecteau : en pratiquant le théâtre, même en ayant du succès, il est impossible de joindre les
deux bouts. Partant de cette constatation, l’artiste décide de créer avec les
acteurs un spectacle interrogeant cette réalité. Guidé par 4 thématiques principales : argent, reconnaissance, perspective d’avenir et désillusion, le spectateur entre dans la réalité de la production théâtrale. Il sera ainsi amené à choisir le prix de son
billet, à sélectionner les acteurs ayant le droit de jouer et à s’expliquer sur ses choix. De l’autre côté du mur, des comédiens en
grève, brisent la frontière entre réalité et fiction théâtrale.
« Ce spectacle très original et inattendu permet de s’interroger
sur la valeur du travail des artistes », ajoute le directeur de
Equilibre-Nuithonie.
Mais si la fête invite à s’interroger, elle est également l’occasion de remercier le public et de l’inviter à découvrir les coulisses du théâtre. Ainsi avec la production originale, Voyage en
coulisses, le public pourra se balader dans le théâtre au gré des
anecdotes. Rédigé par Domenico Carli et mis en scène par
Julien Schmutz, Voyage en coulisses présente 10 saynètes
jouées par 15 comédien(nes) fribourgeois(e)s. « Avec cette
création, nous souhaitions rendre hommage aux gens de l’ombre, sans qui le spectacle ne pourrait pas avoir lieu, raconte
Thierry Loup. Nous avons ainsi récolté des anecdotes, afin de
créer ces petites saynètes. » Une manière originale de visiter le
théâtre tout en profitant d’une création fribourgeoise.
C’est ainsi un anniversaire plein de surprises que propose
le théâtre. Le programme complet de la manifestation est
disponible sur le site internet de Equilibre-Nuithonie.
Valérie Vuille
NoShow, idée originale et mis en scène par Alexandre Fecteau, du 7 au 10
octobre à 20h.
Voyage en coulisses, écrit par Domenico Carli et mis en scène par Julien
Schmutz, le 11 octobre.
«NoShow» © Renaud Philiippe
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Bonlieu Scène nationale, Annecy
Réservations au 04.50.33.44.11 / [email protected]
photo © Elabbe
« 887 » de et dans la mise en scène de Robert Lepage
du 3 au 7 octobre 2015
photo © Sandra Bariller
« C’est la vie » dans la mise en scène de
Claude Brozzoni, le 6 octobre 2015
photo © Jérome Prébois
Tedi Papavrami avec l’Orchestre des Pays
de Savoie le 16 octobre
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jean starobinski
Interrogatoire
du masque
La thématique du masque occupe une place centrale dans
l’œuvre critique de Jean Starobinski. Son ouvrage
Interrogatoire du masque atteste une nouvelle fois de la
richesse de la réflexion menée sur ce fascinant objet
« qui cache un visage et affronte un monde différent de la
réalité première ». Le chapitre qui donne son titre au livre
est une exploration virtuose des différentes facettes du
masque à travers ses diverses manifestations : masque de
carnaval, masque tragique, masque de l’hypocrisie, etc.
Vous avez rédigé l’article « Interrogatoire du masque » en
1946, à l’âge de 25 ans. Cet essai au ton très libre n’est pas la première manifestation de votre intérêt pour le masque. En 1942, vous projetiez d’écrire une thèse consacrée au jeu de l’apparence et du
masque chez Stendhal. D’où vous vient cet intérêt prononcé pour le
masque ?
La question du masque m’a intéressé pour les aspects psychologiques et
politiques qu’elle mettait en jeu, notamment dans la littérature des moralistes de l’âge classique. La tâche de ces derniers consistait à désigner ce
qui est essentiel et juste, et à faire tomber ce qui fait obstacle à l’avènement de la vérité. Or, La Rochefoucauld compare ces obstacles à des
masques, lesquels regroupent l’ensemble des conventions sociales, des
coutumes et des comportements stratégiques. Cependant, le masque peut
se voir doter d’une valeur positive. Dans un régime autoritaire, il permet
de faire circuler la vérité. L’exemple des Lettres persanes l’illustre bien :
dans cette œuvre, Montesquieu démasque les travers de son temps en faisant circuler des masques.
La première partie de l’article, consacrée au masque de carnaval et à sa fonction au sein de la fête, évoque un
texte de Roger Caillois, « Le sacré de transgression : théorie de la fête », publié en 1939 dans son
essai L’Homme et le sacré. Quelles affinités aviezvous alors avec les écrivains du Collège de
Sociologie et plus particulièrement avec Roger
Caillois ? L’aviez-vous rencontré ?
J’étais un lecteur attentif de Caillois. Je l’avais rencontré à Ferney, lors d’une visite amicale qu’il avait
rendue à Denis de Rougemont, mais c’est surtout à
travers la lecture de ses articles que j’ai été sensibilisé à sa théorie du sacré. Dans les années 1930, mon
père s’était abonné à différentes revues, dont la
Nouvelle Revue Française, Mesures et Minotaure,
pour lesquelles Roger Caillois écrivait aux côtés
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Jean Starobinski en 2010
d’autres anthropologues comme Michel Leiris ou Marcel Griaule. Caillois
avait parfois un ton provocateur : c’était un homme à la parole aiguë et
ingénieuse. Mon intérêt pour le sacré a également été éveillé par mon ami
l’écrivain Pierre Emmanuel, que j’avais rencontré par l’intermédiaire de
Pierre Jean Jouve durant la guerre. C’était un poète croyant, dont la
réflexion était orientée vers des problématiques religieuses.
Il y a dans votre essai un très beau renversement. Vous partez
d’un interrogatoire du masque pour interroger en dernier lieu l’homme et son besoin de masque. Un questionnement éthique traverse
votre texte : vous mettez en garde contre la tentation de s’identifier
totalement à des masques, tentation qui, selon vous, a été au cœur du
nazisme et du fascisme. Vous avez cette très belle phrase, qui sonne
comme un avertissement : « Jamais le masque ne nous sauvera de
nous-mêmes ». On sent la volonté de redécouvrir le visage humain
plutôt que de le réinventer. De quel courant de pensée vous sentiezvous alors proche ?
J’ai écrit cet article à un moment d’effervescence intellectuelle marqué par
l’émergence de l’existentialisme. Ce courant philosophique était d’ailleurs
lui aussi empreint d’une volonté de démystification. Je n’y ai pourtant participé que modestement, en lisant les textes de Sartre.
Un de vos autres champs de réflexion est la mélancolie. Quel
rapprochement peut-on faire entre le masque et la mélancolie ?
Le mélancolique a une relation difficile avec le réel, avec le monde extérieur, avec autrui. Un des aspects de ce rapport difficile est la défiance à
l’égard de l’authenticité de ce qui se manifeste. On
peut formuler ainsi la question qui habite le mélancolique : n’y a-t-il pas un élément trompeur dans la
réalité première, un masque à arracher pour atteindre un réel plus profond ? Bref, la défiance à l’égard du donné est une composante de la relation
mélancolique avec le monde. Les moralistes ont
d’ailleurs souvent déclaré leur condition mélancolique.
Propos recueillis par Emilien Gür
Interrogatoire du masque, Galilée, 86 p.
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lucerne
festival de colmar
Déjà, cet été, les plus beaux concertos pour piano ont
été servis par de prestigieux musiciens, avant même
que ne s’ouvre, en novembre, le Lucerne Festival
« au Piano »
Du 3 au 14 juillet s'est tenu un festival de musique
classique que le New York Times cite comme l'un des
dix meilleurs du monde. Le maître mot pour cette
édition ? La générosité.
Le Chamber Orchestra of Europe, dirigé par Bernard Haitink, a proposé trois « tubes » de la musique classique et romantique : deux symphonies,
L’inachevée de Schubert et celle qui a été composée en do-majeur par
Mozart, la symphonie Jupiter, et un chef-d’œuvre absolu, du même compositeur, le Concerto pour piano en la majeur Köchel 488 interprété par Maria
Joᾶo Pires. Le grand chef néerlandais a su insuffler toute les nuances de la
composition de Schubert à une phalange qui s’est montrée très docile. Quant
à la symphonie Jupiter, rutilante, elle a été exécutée avec maestria. Mais le
sommet de la soirée a été atteint par la charismatique pianiste portugaise.
Son jeu est caractérisé par une simplicité toute mozartienne. Sous ses doigts,
le premier mouvement fût allant, le merveilleux mouvement lent, recueilli,
alliait douceur et clarté et au troisième mouvement, ses doigts parcoururent
le clavier avec agilité, faisant couler la musique comme un torrent de printemps. Ovations de la salle comble pour cette jeune interprète de 71 ans.
Le grand Orchestre Philharmonique de Saint-Pétersbourg, grand par sa
taille et sa réputation, a
proposé une soirée entièrement russe, agencée
par ordre chronologique.
Francesca da Rimini de
Tchaïkovski a ouvert le
concert avec pathos.
Sous la baguette de Yuri
Temirkanov, l’orchestre
a brassé des sentiments
profonds à grand renfort
de cordes et de cuivres et
Nikolaï Lugansky
© Patrick Huerlimann/Lucerne Festival
distillé des émotions subtiles avec les harpes et
les bois. Suivait une œuvre phare du répertoire pianistique, le 2e concerto de
Rachmaninov. Au piano, Nikolaï Lugansky. On ne peut pas jouer ce concerto trop lentement, on tomberait dans le kitsch, mais le pianiste russe a joué
avec trop de célérité. Le dialogue avec la clarinette en a souffert, celle-ci
n’ayant pas le temps de s’épanouir. On ne peut pas jouer ce concerto avec
un toucher trop léger, le piano serait couvert par l’orchestre, mais Lugansky
a carrément martelé son morceau. Le pianiste, peut-être encore un peu
jeune, il est âgé de quarante-trois ans, a joué avec suffisance et sans émotion. Composée en 1945, la 9e symphonie de Chostakovitch aurait dû être un
hymne à la gloire de l’armée victorieuse. Au lieu de cela c’est une œuvre
plutôt légère, et quand elle évoque la musique militaire, c’est avec ironie.
L’Orchestre Philharmonique de Saint-Pétersbourg est bien placé pour l’exécuter, cette phalange a créé huit symphonies du compositeur. Ce fût un
enchantement, suscité par Yuri Temirkanov à la tête d’un orchestre dont
chaque pupitre s’est montré au plus haut de sa forme.
Pour cette rencontre désormais incontournable du début de l'été, les
responsables de la manifestation ont placé, comme à chaque fois, leur programme sous le sceau d'une personnalité musicale, celle de Maurice André,
un trompettiste célébré pour son altruisme.
La prédisposition à prodiguer de sa personne transparaissait pareillement dans le talent des musiciens. Le 7 juillet. Aurélien Pascal au violoncelle et Haochen Uhang au piano ont dialogué sur des pages de Beethoven,
Debussy et Fauré avec passion, énergie et engagement. Le lendemain, le
Quatuor Zaïde dépeignait un quatuor n° 47 de Haydn, et davantage encore
le n° 13 ce Beethoven (avec la Grande fugue !), avec munificence, enthousiasme et imagination. Le 9 juillet, les seize cordes du Quatuor Voce, associé à Céline Moinet, hautboïste, ont transcrit les mesures en couleurs vives,
que ce soit pour Bach, Mozart ou Britten.
Les rendez-vous symphoniques à l'Eglise Saint Mathieu sont des événements. Depuis des années l'Orchestre National Philharmonique de Russie,
avec à sa tête Vladimir Spivakov - par ailleurs directeur artistique du
Festival - offre aux mélomanes des sessions de qualité qui se distinguent par
une vitalité, une palette de sentiments et de climats, parfois une versatilité,
que l'on associe volontiers aux rives de la Moskova. A l'aise tout aussi bien
dans Mozart, Haydn, Mozart, Tchaïkovky ou Chostakovitch, les instrumentistes savent attiser l'exaltation. Pour les partitions les plus anciennes, le chef
laisse se répandre les teintes de la phalange avec un volume, sinon un flegme, affilié par certains à l'archéologie de
l’interprétation. Mais, en tant que tel le son
ne paraît ni chargé ni rebutant; les musiciens
ne versent pas non plus dans le star system
ou un sens démagogue de l'esbroufe. Les
solistes, David Kadouch (piano), Kiril
Soldatov et Alexandre Bakharev (trompette), Romain Guyot (clarinette) ou Stanislav
Davydov (cor) ont chacun pu prendre leur
place et énoncer leurs ressorts narratifs éminents. Cette diversité des coopérations était
également un indice de l'esprit de générosité, de profusion, des planificateurs de ce qui
a été un festival au sens originel du mot.
Cette libéralité n'a pas été que musicale. Les dévoués organisateurs ont oeuvré à
Aurélien Pascal
ce que l'agencement de la manifestation soit
© Shumpei Ohsugi
impeccable et que les mélomanes soient
reçus de manière chaleureuse. Ce souffle de largesse déteignait sur l'esprit
de la cité elle-même: tout paraissait pensé, par exemple dans les restaurants,
pour que le mélomane, alsacien ou de passage, vive des moments festifs.
Voilà qui aurait certainement réjoui Maurice André !
Emmanuèle Rüegger
Pierre Jaquet
Festival en été
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Le don de soi !
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festival berlioz, la côte-saint-andré
Ouverture
en apothéose
Le Festival Berlioz se diversifie. Au sein d’une programmation
toujours foisonnante, les œuvres de Berlioz restent cependant
parcimonieuses, mais avec une place de choix : pour le Te Deum
et Épisode de la vie d’un artiste, en quasi-ouverture de festival.
Diversité également pour ses lieux de concerts, qui essaiment
au-delà de la Côte-Saint-André, le bourg natal du compositeur.
Et le succès auprès du public, parfois venu de loin, se confirme.
C’est ainsi que le 21 août, deuxième jour
mais véritable ouverture musicale, le festival
investit un nouveau lieu : le théâtre antique de
Vienne, à une quarantaine de kilomètres de la
Côte-Saint-André. Avec ses aléas : le plein-air
(malgré la conque enserrant les interprètes) ; la
vastitude, pour un auditoire de 6 000 personnes,
parfois peu attentives ; une sonorisation consécutive, parfois préjudiciable ; et la météorologie, ici
fort heureusement favorable. La soirée commence par le concert offert par les trois orchestres
Démos-Isère, constitués de jeunes enfants, s’essayant à la musique après un travail d’une année.
Belle action, à la fois sociale et culturelle. Le
résultat musical, au long de courtes pages de
divers compositeurs, en est surtout sympathique.
Succède donc le moment fort et phare : le Te
Deum de Berlioz, pour lequel sont rassemblés
quelque neuf cents exécutants, entre 120 instrumentistes et 800 choristes dont 600 enfants.
François-Xavier Roth réédite avec succès son
expérience, déjà concluante, du Te Deum en juin
à la Philharmonie de Paris. Mais avec des ingrédients quelque peu modifiés : le seul Jeune
Orchestre européen Hector-Berlioz, orchestre
atelier et émanation du festival (toutefois secondé des musiciens aguerris de l’orchestre les
Siècles), sur instruments d’époque ; le chœur
Spirito, nouvellement créé à partir des Solistes de
Lyon de Bernard Tétu et du Chœur Britten, de
Lyon également ; des chorales d’enfants plus
fournies, cette fois venues de l’Isère et de la
région, et formées tout spécialement. Roth semble avoir encore sondé plus profond sa vision du
Te Deum. Une forme d’aboutissement. En apothéose d’une exaltation et d’une intériorité qui
n’auront jamais cessé, le « Judex crederis » final
se déploie dans toute sa jubilation et ses terreurs.
On regrettera seulement que le ténor du « Te ergo
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John Eliot Gardiner et Denis Podalydès © Festival Berlioz
quæsumus », Pascal Bourgeois par ailleurs excellent, chante dans son micro ce qui devrait figurer
une voix céleste.
La seconde partie du concert, sans la participation d’enfants devenus simples auditeurs, se
donne à d’autres pages cérémonielles de Berlioz.
Avec une égale ferveur pour les deux cantates
d’inspiration napoléonienne (thème de cette édition du festival), que l’on n’entend pour ainsi dire
jamais. L’Impériale, pour double chœur et
orchestre, est soulevée d’un magnifique emportement. Alors que le Cinq-Mai, « chant sur la mort
de l’empereur Napoléon », pour basse, chœur et
orchestre, atteint des sommets d’effusion. Avec
un Nicolas Courjal bouleversant, dans le phrasé,
les nuances comme l’expression.
Œuvres chorales et guitare
Le lendemain, autre voyage, cette fois pour
Saint-Antoine l’Abbaye. Magnifique site médiéval surplombé d’une fastueuse église gothique.
Elle accueille Hervé Niquet, son chœur et orchestre du Concert Spirituel, pour des pages chorales
d’Auber, Charles-Henri Plantade, Cherubini,
musiciens contemporains de Berlioz. Et aussi
une page brève de Berlioz lui-même, Méditation
religieuse. Dans une interprétation moins
convaincante que celle des autres œuvres, et
notamment la Messe de Plantade, rareté s’il en
est, étonnamment soutenue.
Parmi les concerts d’après-midi, s’insère le
récital du guitariste Luigi Attademo, donné le 23
août dans la petite église de Saint-Hugues de
Chartreuse, au cœur de l’impressionnant décor
des Préalpes. Église désormais convertie en
musée d’art sacré contemporain, par les accrochages des toiles expressives du peintre Arcabas.
Un réceptacle propice à ce concert intimiste,
égrenant des pièces de Fernando Sor, de
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Napoléon Coste (le Tournoi, dédié à Berlioz !),
de Paganini, et attribuées douteusement à…
Berlioz. De fait, puisées au Cahier d’études d’un
Berlioz apprenti guitariste de quinze ans, et qui
ne sauraient être des compositions propres. Bien
que, à l’instar des autres pages du récital, servies
avec virtuosité.
Épisode de la vie d’un artiste
Le soir du même jour, l’auditorium en structures tubulaires installé dans la cour du château
de la Côte-Saint-André accueille John Eliot
Gardiner. À la tête de son Orchestre révolutionnaire et romantique, et dans un programme tout
Berlioz : Épisode de la vie d’un artiste, diptyque
qui réunit la Symphonie fantastique et sa suite du
monodrame lyrique de Lélio ou le Retour à la
vie. La Fantastique vibre, tellurique, comme surgie des profondeurs. Et comme neuve. Les
instruments d’époque, leur disposition sur le plateau voire hors du plateau, le jeu des attaques et
des tempos, livrent un rendu sonore acerbe, un
relief inédit dans une clarté lumineuse des différents plans polyphoniques.
Ces mêmes vertus se poursuivent et se
confirment côté orchestre lors de la seconde partie et suite de la symphonie. Mais surgit le chœur,
celui du National Youth Choir of Scotland, d’une
vigueur et d’une subtilité, d’une malléabilité
pour tout dire, d’exception. Michael Spyres distille pour sa part, dans ses deux mélodies, une
technique di grazia que peu savent comme lui
dispenser, tout en maintenant une projection
ardente. Laurent Naouri plante un Capitaine de
Brigands, pétulant et pétaradant comme il se doit.
Et à Denis Podalydès revient d’incarner Lélio,
personnage dont il s’empare avec le doigté et le
ton de juste diseur que l’on sait de cet homme de
théâtre éprouvé.
Pierre-René Serna
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fes tivals
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Rossini Opera Festival
La 36ème édition du ROF ne restera pas parmi les meilleures cuvées de la
manifestation, essentiellement en raison de l’absence d’un titre du répertoire
serio du compositeur, mais les spectateurs ont tout de même pu goûter
à la qualité des spectacles.
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En tête d’affiche, la reprise de La Gazza
ladra dans la production de Damiano Michieletto
créée ici en 2007 n’aura pas créé l’événement. La
poésie de certaines images, comme l’actrice
acrobate qui joue la pie voleuse, sont à mettre en
balance avec quelques incongruités, par exemple
la pataugeoire présente sur le plateau pendant
tout le second acte qui provoque des éclaboussures jusqu’à la saturation. La baguette du chef
Donato Renzetti est assez sereine voire tranquille, et la distribution vocale se révèle plutôt
équilibrée, à défaut de flamboyance. Nino
Machaidze possède un joli grain de voix, plus
large que d’ordinaire pour le rôle de Ninetta,
René Barbera (Giannetto) fait entendre de glorieux aigus, Simone Alberghini (Fabrizio) sonne
un peu fatigué, et c’est Alex Esposito
(Fernando), déjà présent il y a 8 ans, qui remporte tous les suffrages avec un chant très vigoureusement projeté.
Seule nouvelle production cette année, la
réalisation de Marco Carniti pour La Gazzetta est
suffisamment efficace en regard de l’économie
des moyens déployés. Dans des tons gris le plus
souvent, l’action est située à Paris et démarre par
un défilé de mode sur un catwalk, dont les éléments peuvent se détacher et figurer d’autres
objets. La couleur sort de manière exceptionnel-
le, comme le rouge à l’entrée de Don Pomponio,
un marchand napolitain plus vrai que nature joué
par Nicola Alaimo qui domine très largement la
distribution avec son timbre royal. Hasmik
Torosyan (Lisetta) est une soprano colorature
agile, piquante mais de sonorité acide, et presque
cocotte par moments. La Mezzo Raffaella
Lupinacci (Doralice) est plus constante, alors que
Josè Maria Lo Monaco (Madame La Rose) semble bien effacée. Le baryton Vito Priante
(Filippo) est joliment timbré et le ténor Maxim
Mironov (Alberto) toujours aussi élégant, a nettement gagné en puissance ces dernières années.
Comme pour la Gazza ladra, l’orchestre du
Comunale de Bologne est placé en fosse, sous la
direction cette fois d’Enrique Mazzola qui impulse une bonne dynamique à la formation.
La production de Graham Vick pour
L’Inganno felice montée en 1994 à Pesaro ne
nous avait pas laissé un souvenir impérissable.
Sa remise sur le métier 21 ans plus tard nous fait
curieusement bien meilleure impression, et pourtant celle-ci n’a pas changé d'un cheveu, très
naturaliste dans ses décors rocailleux, plutôt statique mais proposant de beaux tableaux dans l'imagerie des conquêtes napoléoniennes. A une
exception près, l’équipe vocale est de très belle
qualité : la soprano expressive Mariangela Sicila
Nicola Alaimo et Hasmik Torosyan © Amati Bacciardi
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(Isabella), la basse impressionnante Carlo Lepore
(Tarabotto), et les deux barytons Giulio
Mastrototaro (Ormondo) et Davide Luciano
(Batone) avec une nette préférence pour la saine
et vive émission de ce dernier. L'évident maillon
faible est Vassilis Kavayas (Bertrando) au timbre
ingrat et pincé, vite à la dérive dans les aigus...
handicap majeur pour un ténor ! L'Orchestra
Sinfonica G. Rossini se montre appliqué sous la
baguette précise de Denis Vlasenko.
Fidèle des lieux, Juan Diego Florez révélé
par le ROF il y a 20 ans était également au programme dans la Messa di Gloria dirigée par
Donato Renzetti, et le ténor, paraissant en très
légère indisposition, a tout de même fait grosse
impression dans la virtuosité rossinienne. La
soprano Jessica Pratt, défendant aussi individuellement la cantate La morte di Didone, a également trouvé l’occasion de déployer ses aigus
généreux. Le public n’a toutefois pas manifesté
son enthousiasme à la hauteur de la qualité artistique proposée, ceci vraisemblablement en raison
des conditions de représentation. Le concert
initialement programmé au Teatro Rossini avait
été déplacé au Palais des sports de l’Adriatic
Arena, permettant évidemment à un public plus
nombreux d’y assister, mais supprimant du coup
dans ce vaste espace toute proximité entre le
spectateur et le chanteur.
François Jestin
Rossini – LA GAZZA LADRA : le 16 août 2015 à
l’Adriatic Arena
Rossini – LA GAZZETTA : le 17 août 2015 au Teatro
Rossini
Rossini – L’INGANNO FELICE : le 18 août 2015 au
Teatro Rossini
Rossini – MESSA DI GLORIA : le 18 août 2015 à
l’Adriatic Arena
«L’Inganno felice» © Amati Bacciardi
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f e s t i v a l s
vérone
Festival
Arena di Verona
C’est une fois de plus un sentiment mitigé qu’on ressent à l’issue des
représentations véronaises, à mi-chemin entre le plaisir de goûter à la magie
du lieu et la frustration due aux très difficiles conditions d’écoute.
Difficile de demander le silence à Vérone,
même avec une affluence modeste comme lors
de ces deux représentations ! Même le chef
Daniel Oren, après un précipité lors de la
deuxième soirée, menace de ne pas reprendre si
les spectateurs ne se taisent pas, et les avertit
qu’il serait bien dommage de ne pas écouter
attentivement les plus belles pages de la partition du Roméo et Juliette de Gounod !
La production du Barbiere di Siviglia
réalisée en 2007 par Hugo de Ana pour Vérone
est toujours aussi agréable et fleure bon le
kitsch. Avec ses roses géantes et ses haies parfaitement taillées, le décor fait prendre l’air à
l’action qui se déroule plutôt dans les jardins du
bon Docteur Bartolo. Et la soirée ne manque pas
d’air puisque le vent souffle violemment, fait
osciller avec une amplitude de plus en plus
menaçante les fameuses roses, et oblige les
organisateurs à annuler le feu d’artifice final.
Pas vraiment de feu d’artifice non plus pour les
oreilles, non pas que le chef Giacomo
Sagripanti – entendu l’année dernière dans la
même œuvre à Pesaro – démérite, loin de là,
mais l’acoustique est trop souvent misérablement rétrécie. La soprano Jessica Pratt, étoile
encore montante du chant belcantiste, fait un
double début ce soir : première venue à Vérone
et prise de rôle en Rosina. L’Australienne produit un très impressionnant numéro vocal, ajoutant suraigus, cadences, interprétant pendant la
leçon du II un air d’une extrême virtuosité composé par Heinrich Proch, quitte à s’éloigner nettement de la couleur vocale originale de contralto de Rosina et de l’espièglerie du personnage.
Mario Cassi est un bon Figaro à la voix saine,
mais ne brûle pas les planches. Juan José de
Leon (Almaviva) est un ténor modeste en volume et de timbre assez nasal, tandis que Bruno de
Simone est un Bartolo exceptionnel, et n’a pas
besoin de surjouer pour montrer sa vis comica
naturelle. Enfin, Roberto Tagliavini (Basilio)
complète la distribution somme toute de belle
qualité, basse sonore et autoritaire.
Avec une jauge à moitié pleine, l’opéra
Roméo et Juliette est visiblement moins couru
que le balcon de Juliette à deux pas de l’Arène.
Il faut dire que derrière la n°1 Aida et la n°2
Carmen, l’œuvre de Gounod apparaît à la
24ème place au hit-parade des opéras les plus
représentées à Vérone… alors que le Roméo et
Juliette de Prokofiev est tout de même n°1 au
classement des ballets ! En place ici depuis
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François Jestin
Rossini – IL BARBIERE DI SIVIGLIA : le 20 août 2015
à l’Arena di Verona
Gounod – ROMEO ET JULIETTE : le 21 août 2015 à
l’Arena di Verona
La Batmobile de Mab © Ennevi
Mario Cassi et Jessica Pratt © Ennevi
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2011, la réalisation visuelle de Francesco
Micheli ne se cantonne pas dans le figuratif,
mais propose aussi quelques images originales
et symboliques. Les choristes évoluent souvent
sur de grandes structures métalliques rouges
semi-circulaires, déplacées à vue (… comme
tous les changements de décors à Vérone !).
Capulet avance juché sur un trône géant, réutilisé plus tard sur sa face arrière pour figurer le
balcon de Juliette. Pendant l’air de la reine Mab,
une véritable batmobile avance sur le plateau,
déploie ses ailes de chauve-souris, et finit par
cracher du feu. Autre proposition, les combats
se déroulent à l’intérieur d’une sphère métallique ajourée, répétition de l’idée d’enfermement, mais ce confinement se révèle bien trop
étroit visuellement pour en faire profiter la
majorité des spectateurs. Quant à la distribution
vocale, elle est dans son ensemble handicapée
par un français au mieux correct et au pire
incompréhensible. Heureusement, ce sont les
deux emplois principaux qui s’en sortent le
mieux, Irina Lungu (Juliette) voix bien conduite mais absente de souplesse dans sa valse, et
Giorgio Berrugi (Roméo), aux aigus en place et
qui tente de varier les nuances, mais faiblit nettement à l’acte III. Nino Surguladze (Stéphano)
est décevante, Giorgio Giuseppini (Frère
Laurent) chante correctement, tandis que les
personnages de Tybalt, Mercutio, Pâris et
Capulet frisent parfois la caricature. Daniel
Oren au pupitre dirige de manière passionnée et
démonstrative, chantant par instants avec les
solistes !
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e x p o s i t i o n s
musée d'ethnographie de genève
Le bouddhisme de
Madame Butterfly
Après Zurich, c'est Genève qui verse dans le japonisme. L'exposition du MEG
évoque dans une scénographie particulièrement réussie toute la ferveur
qu'exerça le Japon sur l'Europe à la fin du 19e siècle et dont le point d'orgue
sera l'œuvre de Puccini. Des prêts exceptionnels ponctuent le parcours de cette
vision culturelle et religieuse que l'Occident a construit autour des curiosités
ramenées par les voyageurs.
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Les récentes célébrations marquant le 150e
anniversaire des relations diplomatiques entre la
Suisse et le Japon, ainsi que la 17e édition de
l'Automne de la culture japonaise à Genève,
constituent un bon levier pour obtenir des prêts
d'exception. Et le public ne peut que s'en réjouir.
C'était déjà le cas avec l'exposition zurichoise
Inspiration Japan consacrée aux interprétations
de cet engouement sur les artistes occidentaux.
Quant au MEG, c'est dans une atmosphère de
pénombre théâtralisée qu'il propose un choix
remarquable d'œuvres et de mobilier.
L'ambiance minutieusement orchestrée nous
plonge totalement dans cette fascination fin de
siècle. Madame Butterfly ne joue évidemment
pas le rôle principal, si ce n'est celui d'aimant
publicitaire, qu'à cela ne tienne, la visite de l'exposition en vaut largement la peine.
1896, qui se servait de ces toiles pour le remplacer auprès des fidèles lorsqu'il était trop malade.
C'est une rencontre improbable avec le public
genevois. Jamais déplacés hors du Japon, ces
tableaux ont dû être personnellement présentés
sur place à l'un des conservateurs avant d'entreprendre le grand voyage helvétique.
La curiosité entre les deux mondes est évidemment réciproque. Le Japon fermé aux étrangers durant plus de 150 ans s'ouvre à nouveau
au milieu du 19e siècle. Les échanges commerciaux reprennent de plus belle et transforment
rapidement l'archipel. L'avènement des bateaux
Cabinet des curiosités
Dans cette présentation qui se développe
un peu comme un cabinet des curiosités, les
inédits ne manquent pas. Comme les sept grandes peintures de Félix Régamey, lesquelles restaurées pour l'occasion n'avaient pas été exposées depuis cent ans. Destinées à orner les murs
du futur musée d'Émile Guimet, elles illustrent
l'expédition japonaise que le peintre avait entreprise en compagnie de l'illustre collectionneur
en 1876. Dans la reconstitution de ce voyage
d'étude, destiné à questionner des représentants
du shintō et de six écoles bouddhiques, figurent
aussi deux impressionnants portraits réalisés à
l'huile et peints à la manière occidentale. Ils
représentent le patriarche Myônya Shônin, en
Le pont Nijubashi, de la série «Vues célèbres de
Tôkyô» par Kobayashi Ikuhide (actif 1885-1895 env.)
Japon. 1888. Estampe ôban, éditée par Nagamatsu
Sakunosuke Papier. 32,5 x 21 cm. Collection privée
Photo : J. Watts
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expos itions
à vapeur et le passage par le
canal de Suez of-frent effectivement de nouvelles et avantageuses perspectives de se
déplacer facilement. C'est le
début des voyages pour tous.
Avec l'Anglais Thomas Cook,
c'est même la première croisière à forfait autour du monde
qui est inaugurée en 1872. Le
succès ne se fait pas attendre
et le Japon devient alors une
escale incontournable. L'un
des ces voyageurs infatigables
était le peintre et collectionneur genevois Alfred Étienne
Dumont dont on peut voir des
croquis, jusqu'alors inconnus
du public, qui nous plongent
dans cette époque de découverte.
Perles
Face à cet enthousiasme
pléthorique pour l'exotisme du
pays du Soleil levant se révèlent quelques perles, comme
la très belle tapisserie d'Henry
van de Velde et d'amusantes
affiches vantant le cirque
Mikado et une Kermesse à la
Salle
communale
de
Plainpalais. Ces publicités
confirment pourtant l'essoufflement d'un esprit art nouveau inspiré par les estampes
japonaises et confirme ce
qu'un ami de Baudelaire désignait déjà comme des “japoniaiseries“. A noter que les
pièces sont placées relativement bas, cela offre
une proximité et même une intimité un peu surprenante au début, mais qui joue en faveur de la
poursuite de l'exposition qui se décline avec du
mobilier, des sculptures et des œuvres plus massives.
Telles les portes du mausolée d'un shôgun
dont l'exposition offre une perspective étonnante. Leur présence singulière en Occident est la
conséquence de la campagne antibouddhique,
menée au début des années 1870, qui poussa de
nombreux temples à brader des objets. Comme
ces grandes cloches d'un temple dont le périple
les mena en Suisse. Tout aussi étonnante est la
reconstitution, avec une partie du mobilier d'origine, de la cérémonie religieuse organisée en
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«Nature morte japonaise» par Auguste Donnay (1862-1921) Belgique. Début du 20e siècle
Huile sur toile marouflée. Musée des Beaux-Arts de Liège (BAL) D.R.
1891 dans le musée d'Émile Guimet, alors
Musée des religions. C'est à la demande de deux
religieux japonais de passage à Paris qu'il autorise à puiser dans ses collections pour procéder
à leurs rituels. La cérémonie adaptée au public
occidental remportera un immense succès et
suscitera plus de 140 articles de presse.
Regain d’intérêt
L'engouement pour le japonisme et ses
aspects religieux s'éteint paradoxalement avec
la notoriété populaire de Madame Butterfly, peu
après 1904. L'exposition universelle de Paris en
1900 expose au public impressionné des œuvres impériales, plus raffinées et classiques que
celles d'expression populaire de l'époque Edo
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qui avait jusque-là suscité de l'intérêt. Mais le
charme n'opère plus.
L'exposition se termine en évoquant les
personnalités de l'écrivain voyageur Nicolas
Bouvier et Jean Eracle, fondateur du Temple de
la Foi Sereine et conservateur au MEG pendant
plus d'une vingtaine d'années. A ce regain d'intérêt du 20e siècle s'ajoute encore celui d'aujourd'hui avec un programme d'animations
japonaises de 135 ateliers, de quoi raviver la
flamme.
Nadia El Beblawi
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expos itions
en
FRANCE Evian
Maison Garibaldi : Christin.
Jusqu’au 1er novembre.
l Palais Lumière : xx Jusqu’au
l
franc e
tique entre Saône et Rhône au
XVIe siècle. Du 23 octobre au 26
janvier
l Musée des confluences : L’art
et la machine. Du 13 octobre au 24
janvier.
Rodez
Musee Soulages : xx. Jusqu’au
l
Annemasse
Strasbourg
Villa du Parc : xx. Jusqu’au
Musée d'art moderne : Tristan
Tzara (1896-1963). Jusqu’au 17 janGiverny
Avignon
vier
Musée des impressionnismes : Marseille
MuCEM : Migrations divines.
Collection Lambert : Patrice Photographier les jardins de
Chéreau, un musée imaginaire. Monet. Cinq regards contempo- Jusqu’au 16 novembre.
Toulon
Jusqu’au 11 octobre.
Hôtel des Arts : Eduardo Arroyo
rains. Jusqu’au 1er novembre
Metz
- La force du destin. Du 17 octobre
Centre Pompidou-Metz : au 16 janvier.
Bastia
Landerneau
Rétrospective
Tania Mouraud.
Musée : 130 ans de création
Fonds H. et E. Leclerc : Alberto Jusqu’au 5 octobre.
joaillière à Bastia - l’atelier Filippi. Giacometti. Jusqu’au 25 octobre.
Wingen
Jusqu’au 19 juillet 2016
Musée Lalique : 1715 - 2015 : les
Meudon
300 ans du Hochberg. Jusqu’au 1er
Le
Cannet
Musée Rodin : Robert Doisneau
Bordeaux
Musée Bonnard : Henri Manguin (1912-1994). Sculpteurs et sculptu- novembre
Galerie des Beaux-Arts : xx.
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l
Jusqu’au
- Un Fauve chez Bonnard. Jusqu’au
31 octobre.
l
l
res. Jusqu’au 19 novembre
Montpellier
Chantilly
Lens
Musée Fabre : L’Âge d’or de la
Domaine de Chantilly : Le sièLe Louvre : Métamorphoses. Les
cle de François Ier. Jusqu’au 7
décembre.
78
Compiègne
Château de Compiègne : Adèle
l
d’Affry dite Marcello (1836-1879).
Du 15 octobre au 1er février
Enghien
Centre des arts : Orlan - Stripl
tease, des cellules jusqu’à l’os.
Jusqu’au 13 décembre
AILLEURS
l
“Métamorphoses“ d'Ovide dans
les collections des musées du
Nord-Pas de Calais. Jusqu’au 21
mars 2016
Limoges
Galerie des Hospices
:
L’amour, la mort, le diable.
Jusqu’au 18 octobre
l
Lyon
Musée des beaux-arts : La
l
Peinture à Naples - de Ribera à
Giordano. Jusqu’au 11 octobre
Nice
Musée national Marc Chagall : xx.
l
Jusqu’au
Ornans
Musée Courbet :
Sensations de
nature - Courbet, Pissaro, Cézanne,
Van Gogh, Bonnard, Hartung, Pénone.
Jusqu’au 12 octobre.
l
Renaissance à Lyon. La vie artis-
Amsterdam
Rijksmuseum : L’Asie
l
à
Amsterdam - luxe exotique pendant l’Age d’Or. Du 16 octobre au
17 janvier.
l Van Gogh Museum : Munch / Van
Gogh. Jusqu’au 17 janvier
Aoste
Centre Saint-Bénin : Antonio
l
Canova. Jusqu’au 11 octobre.
Château de Compiègne, Compiègne
Marcello (1836 - 1879)
Femme artiste
entre cour et Bohème
Cette exposition se propose de mettre en lumière une figure méconnue de l'art du Second
Empire, la sculptrice Marcello, de son vrai nom Adèle d'Affry (1836-1879), duchesse de
Castiglione Colonna. Elle éclaire également le destin singulier d'une aristocrate éprise de liberté, tiraillée entre ses aspirations et les conventions de son milieu social.
Veuve à vingt ans, elle trouva une consolation dans l'art. Après s'être formée en dehors
du système académique, elle fit ses débuts avec succès au Salon de 1863 sous le pseudonyme
de Marcello. Invitée à la cour par l'impératrice Eugénie, elle prit part à trois
reprises aux séries de Compiègne.
Elle reçut plusieurs commandes impériales et poursuivit une carrière internationale. Sa
Pythie, l'une des sculptures les plus fortes et les plus étonnantes créées sous le Second Empire,
fut acquise par Charles Garnier pour l'Opéra.
. Du 15 octobre 2015 au 1er février 2016
Marcello, «La Pythie». Musée d'art et d'histoire Fribourg
© DR
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expos itions
en
europe
Royal Academy, Londres
Jean-Étienne Liotard
Le peintre genevois du XVIIIe siècle Jean-Etienne Liotard a vécu à Paris,
Naples, Rome, avant de se rendre à Constantinople en 1738, à Vienne en 1742 - il
y fait les portraits de l'empereur François Ier et de l’impératrice Marie-Thérèse
qu'on cite parmi ses chefs-d'œuvre - puis en Angleterre en 1744 et en Hollande en
1756.
C’était un artiste polyvalent - pastel, peintures en émail, gravures sur cuivre
et peinture sur verre - et très demandé auprès de la noblesse européenne.
Portraitiste excentrique et distinctif, et connu comme l’un des plus accomplis de
son temps, il a également réalisé des scènes de vie contemporaine qui attestent de
son don d’observation.
Lors de ses nombreux voyages, il a créé des portraits admirablement ouvrés,
la majorité avec des craies de pastel sur parchemin, en mettant en appllication ses
talents d'observation.
Comme cité ci-dessus, au sommet de son talent Liotard a été invité à peindre
les portraits de membres des familles royales anglaises, françaises et autrichiennes. Comme il avait adopté un costume oriental et portait une longue
barbe,reliques de son séjour dans le Proche-Orient, il était connu comme “Le
Turc“ à Londres.
L’exposition proposée par la Royal Academy est la première rétrospective
consacrée à cet artiste. Elle couvre les périodes parisienne, viennoise, genevoise
ainsi que so séjour à Constantinople, de même que ses deux voyages à Londres.
Son art déploie un monde fascinant : très cosmopolitain et de plus en plus engagé
dans l'échange culturel entre le Proche-Orient et l'Europe occidentale.
Jean-Etienne Liotard, «Julie de Thellusson-Ployard», 1760
Pastel sur velun, 70 x 58 cm. Museum Oskar Reinhart, Winterthur, inv. 278.
Rodolphe Dunki, Geneva; acquired 1935
Photo SIK-ISEA. Photographie : Philipp Hitz
Florence
Bilbao
Galleria Palatina : Carlo Dolci Musée Guggenheim : Jeanl
l
Michel Basquiat - Le moment est
venu. Jusqu’au 1er nov.
Bonn
Bundeskunsthalle :
L’amour du
Japon pour l’impressionnisme. De
Monet à Renoir. Du 9 octobre au
21 février
l
Brescia
Musée de Sainte Julie : Brixia
l
- Rome et les gens du Po. Une rencontre de la culture - 3e au Ier s. av
JC. Jusqu’au 17 janvier.
Cologne
Wallraf-Richartz-Museum
l
:
Godfried Schalcken (1643-1706) : la
séduction peinte. Jusqu’au 24 janvier
Düsseldorf
Museum Kunstpalast : Francisco
l
de Zurbarán. Du 10 octobre au 31
janvier.
Ferrare
Palazzo dei Diamanti : Art vidéo
l
au Palais des Diamants - 1973/1979
- Reconstitution. Jusqu’au 18 oct.
a
g
. Du 24 octobre 2015 au 31 janvier 2016
Musée Thyssen-Bornemisza :
Edvard Munch - Archétypes. Du 6
octobre au 17 janvier.
l
Florence 1616-1687. Jusqu’au 15 nov.
Milan
Palazzo Reale : Giotto, l’Italie.
l
D’Assise à Milan. Jusqu’au 10 janvier
La
Haye
Mauritshuis : L’autoportrait néerlandais. Du 8 octobre au 3 janvier
l
Possagno
Londres
Museo Gipsoteca Canova
British Museum : Du Figuratif à
l
l’Abstraction - L’Art moderne dans
le monde arabe. Jusqu’au 8 novembre. Le dessin dans l’argent et l’or De Leonardo à Jasper Johns.
Jusqu’au 6 décembre.
l Courtauld Gallery : Bridget
Riley - Apprendre de Seurat.
Jusqu’au 17 janvier.
l National Gallery : Goya - Les
Portraits. Du 7 octobre au 10 janvier.
l Royal Academy : Jean-Étienne
Liotard. Du 24 octobre au 31 janvier
Madrid
Fondation Mapfre : Pierre
l
Bonnard. Peindre l’Arcadie.
Jusqu’au au 6 janvier.
l Musée du Prado : Luis de
Morales "El Divino". Du 6 octobre
au 10 janvier
e
n
l
:
Antonio Canova - L’art profanateur
dans la Grande Guerre. Jusqu’au
28 février.
Rome
Chiostro del Bramante : James
l
Tissot. Jusqu’au 21 février.
Musée Capitolini : Raffaelo
Parmigianino Barocci. Du 2 octobre
au 10 janvier.
l
Bianconi at Venini. Jusqu’au 10 janvier.
l Palazzo Grassi : Martial Raysse.
Jusqu’au 30 novembre.
l Peggy Guggenheim Collection:
V.S. Gaitonde - La peinture comme
processus, la peinture comme vie.
Du 8 octobre au 10 janvier.
l Punta della Dogana : Slip of the
Tongue. Jusqu’au 31 décembre.
l Scoletta dei Battioro : Antoni
Clavé. Jusqu’au 31 octobre.
Vincenza
l Basilica Palladiana : Flow_1 - arte
contemporain italien et chinois e
dialogue. Jusqu’au 1er novembre.
l Palladio Museum : Thomas
Jefferson et Palladio - Comment
construire un monde nouveau.
Jusqu’au 28 mars.
Vienne
Rotterdam
Albertina (Albertinapl.) Black &
Musée Boijmans van Beuningen :
l
l
De Bosch à Bruegel - la naissance
de la peinture de genre. Du 10
octobre au 17 janvier.
White. Jusqu’au 17 janvier. Edard
Munch. Jusqu’au 24 janvier.
l
Osterreichische
Galerie
Belvedere : Rembrandt, Titien,
Bellotto : esprit et splendeurs de la
Gemäldegalerie de Dresde.
Jusqu’au 11 octobre.
Venise
Giardino di Palazzo Soranzo
l
Cappello : Roberto Sebastian Matta,
sculpture. Jusqu’au 15 octobre.
l Le Stanze del Vetro : Fulvio
d
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79
expos itions
Genève
Art Bärtschi & Cie : Antoine
l
80
Roegiers & Laurie Anderson.
Jusqu’au 31 octobre.
l Blondeau & Cie (Muse 5) Martin
Szekely & Louise Lawler. Jusqu’au
31 octobre.
l Cabinets d’arts graphiques
(Promenade du Pin 5) Visions célestes, visions funestes - Apocalypses
et visions bibliques de Dürer à
Redon. Du 16 oct. au 31 janvier.
l Centre d'art Contemporain (VieuxGrenadiers 10) Steven Claydon.
Jusqu’au 22 novembre.
l Centre d'édition contemporaine
(Saint-Léger 18) Jason Dodge,
David Hominal, Raphaël Julliard,
David Maljkovic avec Konstantin
Grcic, Victor Man. Jusqu’au 14 nov.
l Centre de la Photographie (Bains
28) Manon. Jusqu’au 29 novembre.
l Espace Ami Lullin - Bibliothèque
de Genève (Promenade des Bastions)
De l’argile au nuage. Jusqu’au 21
novembre
l Espace Diamono (Carouge) Art &
artisanat de l’ancienne birmanie.
Jusqu’au 22 novembre.
l Espace L (rte Jeunes 43) Niura
Bellavinha, Frederic Post, Caroline
Valansi et Vasilis Zografos.
Jusqu’au 8 novembre.
l Espace Nouveau Vallon (ChêneBougeries) Ô Cézanne. Jusqu’au 25
octobre.
l Ferme de la Chapelle, GrandLancy (39, rte de la Chapelle) Marie-
en
Hoëlle Leppens, Charlotte Nordin,
Céline Salamin, Delphine Sandoz Mémoire du vivant. Jusqu’au 25
octobre.
l Fondation Bodmer (Cologny) Fata
Morgana : Regards croisés. Du 3
octobre au 1er novembre.
l Galerie Patrick Cramer (VieuxBillard 2) Kira Weber. Jusqu’au 5
novembre.
l Galerie Anton Meier (Athénée 2)
"Hommage" - Philippe Deléglise,
Keith Donovan, Tito Honegger,
Charles de Montaigu. Jusqu’au 17
octobre.
l Galerie Mezzanin (63, Maraîchers)
Elfie Semotan. Jusqu’au 31 oct.
l Galerie Skopia (Vieux-Grenadiers
9) Simone Schardt & Thomas
Huber. Jusqu’au 31 octobre.
l Galerie Turetsky (25, Grand-Rue)
Aliska Lahusen. Jusqu’au 31 oct.
l Maison Tavel (Puits-St-Pierre 6)
Devenir Suisse – GE 200. Jusqu’au
10 janvier.
l Mamco (Vieux-Granadiers 10)
Cycle Des histoires sans fin,
séquence automne-hiver 20152016. Du 28 octobre au 24 janvier
l Musée Ariana (Av. Paix 10) Anna
Dickinson - Harmonies de verre &
Luxe, calme et volupté - Concours
swissceramics. Jusqu’au 1er nov.
l Musée d’art et d’histoire (Ch.Galland 2) Peintures italiennes et
espagnoles & Aimer la matière. Un
regard mis à l'honneur. Jusqu’au 31
déc. Jean-Pierre Saint-Ours. Un
peintre dans l’Europe des
s uis s e
Lumières. Jusqu’au 31 décembre.
l Musée de Carouge (pl. Sardaigne)
Concours international de céramique - la lampe céramique.
Jusqu’au 6 décembre.
l Musée d’ethnographie (Bd CarlVogt 65-67) Le bouddhisme de
Madame Butterfly. Le japonisme
bouddhique. Jusqu’au 10 janvier.
l Musée international de la CroixRouge (Paix 17) Expériences de
vérité - Gandhi et l’art de la nonviolence. Jusqu’au 3 janvier.
l Musée de la Réforme (Maison
Mallet) Le ciel devant soi. Jusqu’au
25 octobre.
l Théâtre Saint-Gervais (Salle Käthe
Kollwitz de 12h à 18h) Fragments Le Génocide des Arméniens et
l’œuvre suisse vus par la presse.
Jusqu’au 25 octobre
l Red Zone Arts (r. Bains 40)
“Espaces du Rêve“, expositon solo
de Leng Hong. Jusqu’au 31 oct.
l Xippas Art Contemporain (Sablons 6) Ian Davenport & Robert
Irwin. Jusqu’au 31 octobre.
Lausanne
Fondation de l’Hermitage (2, rte
l
Signal) Marius Borgeaud. Jusqu’au
25 octobre.
l Mudac (pl. Cathédrale 6) Le verre
vivant II. Jusqu’au 1er nov. Futur
archaïque & Freitag ad absurdum Carte blanche aux frères Freitag
feat. Frank & Patrik Riklin Du 28
octobre au 28 février.
l Musée cantonal des beaux-arts (pl.
Riponne) Giuseppe Penone.
Regards croisés. Jusqu’au 3 janvier.
l Musée de l’Elysée (Elysée 18) La
mémoire des images - Autour de la
collection iconographique vaudoise. Jusqu’au 3 janvier.
Corseaux
Villa “Le Lac“ : Hommage à Le
l
Corbusier. Jusqu’au 1er novembre.
Fribourg
Espace Tinguely - Saint-Phalle :
l
Sculpture et architecture dans
l’oeuvre de Niki de Saint Phalle.
Jusqu’au 31 décembre
Le
Locle
Musée des Beaux-Arts :
l
Art
imprimé. Jusqu’au 18 octobre.
Lens
/ Crans
Fondation Pierre Arnaud : Homme
l
blanc - Homme noir. Impressions
d’Afrique. Jusqu’au 25 octobre.
Mézières
Musée du papier peint : Fusions
l
- œuvres en verre contemporaines.
Jusqu’au 3 novembre.
Martigny
Fondation Pierre Gianadda :
l
Matisse en son siècle. Jusqu’au 22
novembre.
l Fondation Louis Moret (Barrières
33) Aloïs Dubach. Jusqu’au 18 octobre.
Ferme de la Chapelle, Grand-Lancy
Mémoire du Vivant
En lien avec le Parcours Céramique Carougeois, la Ferme de la Chapelle propose une exposition intitulée “Mémoire
du Vivant“.
“Empreintes du
vécu, réminiscences
d'œuvres du passé,
vestiges du geste et
des archétipes artistiques“ sont les
thèmes qui parcourent les travaux
exposés.
Céline Salamin, «Nature morte à la peau
de banane», 2015, huile sur papier
Ainsi, l'exposimarouflé
tion met en dialogue
les peintures de
Delphine Sandoz et Céline Salamin avec les sculptures en terre de
Marie-Noëlle Leppens et une œuvre participative que Charlotte
Nordin créera avec le public.
Marie-Noëlle Leppens, «Bohor», 2015
grès, 24 x 34 x 10 cm
a
Delphine Sandoz «Sans titre» 160x100 cm
Gouache & technique mixte sur papier.
g
e
. Du 12 septembre au 25 octobre 2015
n
d
a
expos itions
en
s uis s e
Musée des Beaux-Arts de Berne
Toulouse-Lautrec
et la photographie
Le Musée des Beaux-Arts de Berne se propose de confronter l’œuvre de l’artiste
français mondialement connu Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901) à la photographie de
son temps.
Des peintures, des dessins, des lithographies et des affiches de l’artiste seront mises en
regard de photographies de l’époque qui présentent des scènes identiques, ou approchantes,
à celles qui figurent dans ces œuvres et ont le plus souvent servi de modèle à l’artiste.
Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901) ne fit jamais œuvre de photographe, mais il fit
réaliser par d’autres de nombreuses photographies de lui et de ses modèles. Il importe toutefois de souligner que Toulouse-Lautrec avait avant tout un œil de photographe, qu’il était à
peu près le seul à posséder parmi les artistes de son temps.
En témoignent ses représentations sans fard des hauts lieux de divertissement de
Montmartre, mais aussi ses perspectives abruptes et ses cadrages audacieux.
. Jusqu’au 13 décembre 2015
Henri de Toulouse-Lautrec «Le Jockey», 1899
Lithographie en couleurs au pinceau, à la craie et technique de ‘jet’
51,6 x 36,4 cm Collection E.W.K., Bern
Morges
Maison du dessin de presse : Mix
l
& Remix. Jusqu’au 29 novembre.
Môtiers
Musée Jean-Jacques Rousseau :
l
Erni rencontre Rousseau. Jusqu’au
18 octobre
Neuchâtel
Centre Dürrenmatt (Pertuis du Saut
l
74) Sebastien Verdon - Ciels. Du 20
septembre au 28 février.
l Galerie 2016 (Hauterive) Jean
Marie Borgeaud. Jusqu’au 1er nov.
l Musée d'art et d'histoire (espl.
Léopold-Robert 1) 14/18 La Suisse et
la Grande Guerre. Jusqu’au 18 oct.
l Musée d'ethnographie (St Nicolas
4 ) Secrets. Jusqu’au 18 octobre.
Nyon
Galerie Focale : Heiko Tiemann
l
- Infliction. Jusqu’au 1er nov.
Sion
Ferme-Asile : Matières à réflél
chir - Anouchka Perez. Jusqu’au 25
octobre
Vevey
Musée Jenisch : L'infini du geste
l
- Ferdinand Hodler dans la collection Rudolf Schindler & Wallpaper
Liberation - Les carnets de JeanLuc Manz. Jusqu’au 4 octobre.
a
g
Impressions en noir - A propos de
l’estampe et du dessin chez Jean
Otth (1940-2013). Jusqu’au 1er
novembre.
OUTRE SARINE
Bâle
Antikenmuseum
l
Basel (St.
Alban-Graben 5) Le trésor englouti. L'épave d'Anticythère. Jusqu’au
27 mars.
l Cartoon Museum (St. AlbanVorstadt 28) Atak (Georg Barber).
Spécial, la collection de caricatures
et de bandes dessinées - le nouvel
accrochage signé Atak. Jusqu’au
25 octobre.
l Fondation Beyeler (Riehen)
Black Sun. Du 4 octobre au 10 janvier
l Kunsthalle : Maryam Jafri Generic Corner & Andra Ursuta Whites. Jusqu’au 1er novembre.
l Musée des cultures : Holbein.
Cranach. Grünewald. Chefs-d'œuvre du Kunstmuseum Basel - invité
du MKB. Jusqu’au 28 février
l Museum für Gegenwartskunst
(St. Alban-Rheinweg 60) De
Cézanne à Richter. Jusqu’au 21
février. Cy Twombly. Peinture &
Sculpture. Jusqu’au 13 mars.
l Musée Tinguely (Paul SacherAnlage 1) Ben Vautier. Est-ce que
tout est art ? Du 21 octobre au 22
janvier.
e
n
Schaulager (Ruchfeldstr. 19,
Münchenstein) The Collection of the
Emanuel Hoffmann Foundation.
Jusqu’au 31 janvier.
l
Berne
Centre Paul Klee (Monument im
l
Fruchtland 3) About trees. Du 17
octobre au 24 janvier. Klee à Berne.
Jusqu’au 12 janvier. Klee &
Kandinsky. Jusqu’au 27 sept.
l Musée des Beaux-Arts (Hodlerstr.
8-12) Toulouse-Lautrec et la photographie. Jusqu’au 13 décembre.
Lugano
Musée cantonal
d’art :
Bramantino - l’art nouveau dede la
Renaissance lombarde. Jusqu’au
11 janvier.
l
Riggisberg
Abegg-Stiftung : Le triomphe
l
des ornements. Tissus de soie du
XVe siècle italien. Jusqu’au 8 nov.
Rancate
Pinacothèque Giovanni Züst :
l
Lire, lire, lire ! Livres, journaux, lettres dans la peinture du XIXe siècle.
Du 18 octobre au 24 janvier.
Saint-Gall
Kunstmuseum : Que la lumière
l
soit.... Des impressionnistes à
Thomas Alva Edison. Jusqu’au 25
octobre.
d
a
Winterthur
Fotomuseum : Beastly / Tierisch.
l
Jusqu’au 4 octobre. Enigma chaque photo a un secret. Du 24
octobre au 14 février.
l Kunstmuseum (Museumstr. 52)
Richard Deaco - On the Other Side.
Jusqu’au 15 novembre.
l Museum Oskar Reinhart
(Stadthausstr. 6) Hodler, Anker,
Giacometti - Chefs-d’œuvre de la
coll. Blocher. Du 10 octobre au 31
janvier.
Zurich
Haus Konstruktiv : Etel Adnanl
La joie de vivre. Du 29 octobre au
31 janvier.
l Kunsthaus (Heimpl.1) Europe ...
l’avenir de l’histoire. Jusqu’au 6
septembre. Incertitude de la conscience - une collection privée.
Jusqu’au 4 octobre. John Waters How much can you take ? Jusqu’au
1er novembre. Un âge d’or.
Jusqu’au 29 novembre.
l Museum Rietberg (Gablerstr. 15)
L’héritage doré d’Akbar - peinture
pour l’empereur de l’Inde & Autres
Mondes. Du 9 octobre au 14
février.
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scènes lyriques parisiennes 2015/2016
Saisons
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(Jacquot/Mariotti ; les 20, 23, 26, 29 mai, 1er, 4, 7, 11,17, 20, 26 et 29 juin,
Bastille) ; Aida (Py/Oren ; les 13, 16, 19, 22, 25, 28 juin, 1er, 4, 7, 9, 10 12,
13 et 16 juillet, Bastille).
https://www.operadeparis.fr/
La saison lyrique à Paris prend un caractère particulier,
inédit depuis de multiples années. Puisqu’elle se résume à
deux seules institutions théâtrales : l’Opéra de Paris,
mais plus florissant que jamais, et le Théâtre des
Champs-Élysées. La neuve Philharmonie de Paris s’insère
dans la programmation lyrique, mais davantage sous
forme de concerts. Le Châtelet s’attachant pour sa part à
d’autres répertoires que l’opéra. L’Opéra-Comique et
le théâtre de l’Athénée étant de leur côté fermés, pour
cause de travaux.
OPÉRA DE PARIS
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THÉÂTRE DES CHAMPS-ÉLYSÉES
Toujours sous l’égide entreprenante de Michel Franck, le théâtre de
l’avenue Montaigne maintient sa ligne, entre six productions d’opéra, et
dix-sept (rien de moins !) opéras et oratorios en version de concert.
Theodora poursuit le cycle Haendel (Langridge/Christie ; les 10,
13,16, 18 et 20 octobre). Suivent : Norma (Braunschweig/Frizza ; les 8,
11, 14, 17 et 20 décembre) ; Mithridate (Hervieu-Léger/Haïm ; les 11, 14,
16, 18 et 20 février) ; l’Enfant et les Sortilèges, mais dans une version
retranscrite (Darchen/Vieillefon ; les 19 et 30 mars) ; Tristan et Isolde
(Audi/Gatti ; les 12, 15, 18, 21 et 24 mai) ; et l’Italienne à Alger
(Schiaretti/Malgoire ; les 8 et 10 juin).
Opéras en version de concert : Ariane à Naxos (Petrenko ; le 12 octobre) ; Zelmire de Rossini (Pido ; le 14 novembre) ; Partenope de Haendel
(Minasi ; le 13 janvier) ; Rinaldo, toujours de Haendel (Minasi ; le 10
février) ; Persée de Lully (Niquet ; le 6 avril) ; Werther (Lacombe ; le 9
avril) ; la Somnambule (Franklin ; le 11 avril) ; Lucia di Lammermoor
(Noseda ; le 27 mai) ; et Olympie de Spontini (Rhorer ; le 3 juin).
C’est la première véritable saison conçue par Stéphane Lissner, en
place depuis un an comme directeur de l’Opéra de Paris (voir l’entretien
dans le précédent numéro de Scènes Magazine) ; la saison 2014-2015 ayant
http://www.theatrechampselysees.fr/
été élaborée par son prédécesseur, Nicolas Joel. Une saison 2015-2016 qui
se veut riche, et fait une large place à l’opéra du XXe siècle.
Nouvelles productions. Moïse et Aaron de Schoenberg ouvre le ban des CHÂTELET
Foin d’opéra du côté du Châtelet ! mais des comédies musicales de
nouvelles productions (mes Castellucci / dir. Jordan ; les 20, 23, 26, 31 octobre, 3, 6 et 9 novembre, Bastille). Suivent : un diptyque associant le Broadway et autres spectacles de variétés, inspirés de préférence par l’auChâteau de Barbe-Bleue de Bartok et la Voix humaine de Poulenc tre côté de l’Atlantique. Le mandat du directeur actuel, Jean-Luc Choplin,
(Warlikowski/Salonen ; les 23, 27, 29 novembre, 2, 4, 6, 8, 10 et 12 décem- devant théoriquement s’achever dans un an et demi, nous verrons alors en
bre, Garnier) ; Vol retour, création française du petit opéra pour enfants de son temps ce qu’il adviendra du futur musical de ce théâtre entièrement
Joanna Lee (Mitchell/Higgins ; les 4, 5, 9, 11, 12, 18 et 19 décembre, amphi- subventionné par la Ville de Paris, au passé lyrique pourtant prestigieux.
Singin’ in the rain constitue une reprise de la production de la saison
théâtre de Bastille) ; la Damnation de Faust (Hermanis/Jordan ; les 8, 11,
13, 15, 17, 20, 23, 27 et 29 décembre, Bastille) ; Il Trovatore dernière (Carsen/Betteridge ; du 27 novembre au 15 janvier). Kiss me Kate
(Ollé/Callegari ; les 31 janvier, 3, 8, 11, 15, 20, 24, 27, 29 février, 3, 6, 10 prend le relai dans le même registre (Blakeley/Abell ; du 3 au 11 février) ;
et 15 mars, Bastille) ; les Maîtres Chanteurs de Nuremberg puis Passion, autre comédie musicale venue des États-Unis (Ardant/
(Herheim/Jordan ; les 1er, 5, 9, 13, 21, 25 et 28 mars, Bastille) ; Iolanta et Einhorn ; du 16 au 25 mars). Succède Carmencita, comédie musicale en
Casse-Noisette, un opéra et un ballet de Tchaïkovski couplés (Tcherniakov/ espagnol cette fois, avec une équipe anglo-cubaine, création mondiale
Altinoglu ; 9, 11, 14, 17, 19, 21, 23, 25, 26, 28, 30 mars et 1er avril, (Renshaw/Lacamoire ; du 6 au 30 avril). Wonder.land, « musical rock », terGarnier) ; Rigoletto (Guth/Luisoti/Morandi ; les 11, 14, 17, 20, 23, 28, 28 mine la série des spectacles musicaux (Norris/Shrubsole ; du 7 au 16 juin).
http://chatelet-theatre.com/
avril, 2, 5, 7, 10, 14, 16, 21, 24, 27 et 30 mai, Bastille) ; et enfin Lear
d’Aribert Reimann (Bieito/Luisi, les 23, 26, 29 mai, 1er, 6, 9 et 12 juin,
Garnier).
PHILHARMONIE DE PARIS
Au sein de la programmation musicale riche et variée conçue par
Rayon reprises : après Madame Butterfly (Wilson/Rustioni ; jusqu’aux
Laurent
Bayle, la toute neuve Philharmonie réserve quelques opéras en ver3, 7, 10 et 13 octobre, Bastille), Platée (Pelly/Minkowski ; jusqu’aux 3, 6 et
sion de concert.
8 octobre, Garnier) et Don Giovanni
Relevons : Don Quichotte, opéra
(Haneke/Stieghorst ; jusqu’aux 2, 6, 11, 16 et 18
Bartolomeo
Conti (Jacobs ; le 17 novembre) ;
octobre, Bastille), vient l’Élixir d’amour (Pelly/
Armide
de
Lully
(Rousset ; le 10 décembre) ;
Tenzetti ; les 2, 5, 8, 11, 14, 18, 21 et 25 novembre,
Iliade
l’amour,
opéra
de Betsy Jolas, mis en
Bastille). Succèdent : Werther (Jacquot/Lombard ;
scène
(Gindt/Reiland
;
les
12, 15 et 17 mars). Il
les 20, 23, 26, 29 janvier, 1er et 4 février, Bastille) ;
Re
pastore
de
Mozart
(Christie
; le 18 mars) ;
Capriccio (Carsen/Metzmacher ; les 19, 22, 25, 27,
Lucio
Silla,
toujours
de
Mozart
(Equilbey
; le 23
31 janvier, 3, 6, 10 et 14 février, Garnier) ; le
avril).
Barbier de Séville (Michieletto/Sagripanti ; les 2, 5,
http://philharmoniedeparis.fr/fr
9, 12, 16, 21, 25, 28 février, 2 et 4 mars, Bastille) ;
Pierre-René Serna
Der Rosenkavelier (Wernicke/Jordan ; les 9, 12, 15,
Laurence Equilbey © A.Solomoukha
19, 22, 25, 28 et 31 mai, Bastille) ; La Traviata
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saisons
Pour l’amour
du théâtre
Si la rentrée sociale en France est souvent synonyme de rentrée agitée, la
rentrée théâtrale des trois grandes scènes nationales parisiennes, Comédie
Française, Odéon-Théâtre de l’Europe et Théâtre national de La Colline,
apporte de belles compensations à nos âmes, nous élevant au-dessus
de la réalité brute.
Odéon - Théâtre de l’Europe
A l’Odéon, le maître des lieux, Luc
Bondy marque son territoire avec ses fondamentaux dont le maître mot se résume à l’exigence artistique. Du côté du répertoire, tout
d’abord avec Shakespeare, qui se taille la part
du lion mais aussi Tchékov, Eschyle, ou des
auteurs plus contemporains comme Thomas
Bernhard ou William Faulkner, Arthur Miller
mais aussi du côté des personnalités artistiques, acteurs et metteurs en scène. Luc
Bondy sait aussi développer les coproductions, tissant un lien fort avec le Théâtre Vidy
de Lausanne pour les spectacles d’Angélica
Liddell (Primera carta de San Pablo a los
Corintios), de Thomas Bernhard (Nous sommes repus mais pas repentis), de Tchékov (La
Mouette), ou de William Faulkner (Les
Palmiers Sauvages).
Une saison au cours de laquelle, dit Luc
Bondy, il sera beaucoup question de désir, de
passion, d’amour. Et, cela commence avec la
reprise d’Ivanov (2 octobre-1er novembre) dans
une mise en scène signée par lui-même et une
performance d’acteurs admirablement maîtrisée. Trois heures et demie de spectacle, une
pépite de la saison passée. Du 10 octobre au 21
novembre, le metteur en scène belge, Ivo van
Hove qui a roulé sa bosse sur de grandes scènes
internationales, présentera aux Ateliers Berthier
la version française de son spectacle Vu du pont
d’Arthur Miller, donnée en 2014 au Young Vic
à Londres. Angélica Liddell, auteure, metteuse
en scène, performeuse, n’est pas une inconnue
du public de théâtre et son Lion d’argent à la
Biennale de Venise 2013 ne fait que récompenser son fort engagement. Dans Primera Carta
de San Pablo a los Corinthios (10-15 novembre), elle interroge sa relation intime au sacré. Du
2 au 20 décembre, c’est le plasticien et scéno-
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« Primera carta de San Pablo a los Corintios»
© Angelica Liddell
graphe iconoclaste Roméo Castelluci, qui reprend son dialogue avec Eschyle, réinventant
l’Orestie pour explorer les fondements occidentaux de la représentation, usant d’images évocatrices et provocatrices. Après l’inoubliable
monstre d’Ariel Garcia Valdès ou celui plus
récent, ovationné cet été à Avignon et tout aussi
inoubliable joué par Lars Eidinger, c’est
Thomas Jolly qui va conduire sur la scène de
l’Odéon son personnage de Richard III jusqu’à
son couronnement puis l’accompagner dans sa
chute, dans un parcours d’une durée estimée à
quatre heures. Enjeu de destruction presque
similaire pour Othello, se métamorphosant en
animal sanguinaire et sauvage, comme si ce
héros ne pouvait se tenir qu’au-dessus ou en
dessous de notre condition commune, mais
jamais à notre hauteur, avec et parmi nous. Une
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distribution pour laquelle le metteur en scène
Luc Bondy assure ses arrières en choisissant des
valeurs sûres : Marina Hands, Philippe
Torreton, Micha Lescot. La production se donnera du 28 janvier au 23 avril aux Ateliers
Berthier.
De retour à l’Odéon, du 17 mars au 13 mai,
après Un Tramway de Tennessee Williams et La
Fin d’après Koltès, Krysztof Warlikovski s’empare du mythe de Phèdre, celui des sources
grecques et latines d’Euripide et Sénèque, téléscopé avec celle de notre temps et imaginée par
Sarah Kane. Qui d’autre qu’ Isabelle Huppert
pourrait mieux incarner le mystère de toutes ces
Phèdre(s) ? Quant à Séverine Chavrier, pianiste
et comédienne, elle s’est passionnée pour le
grand imprécateur viennois, sa « rage d’artiste
qui prend le risque de l’autodestruction »,
dénonçant la persistance plus ou moins camouflée des tentations fascisantes de la vieille
Europe. Son spectacle Nous sommes repus
mais pas repentis s’inspire du Déjeuner chez
Wittgenstein de Thomas Bernhard, un texte
qu’elle complète par des extraits d’autres œuvres, est créé le 9 mars 2016 au Théâtre de
Vidy pour être repris du 13 au 29 mai aux
Ateliers Berthier. Très attendu par le public est
sans conteste La Mouette de Tchékov dans la
mise en scène de Thomas Ostermeier et dont la
création se fera le 26 février au Théâtre de Vidy
2016 et se poursuivra sur la scène de l’Odéon
du 20 mai au 25 juin. Se sentant plus proche du
répertoire d’Ibsen, Ostermeier aborde pour la
première fois Tchékov en langue française
mais en s’entourant de fidèles collaborateurs et
acteurs. D’amour, il sera aussi question dans
Les Palmiers Sauvages de William Faulkner,
une œuvre déchirante portée à la scène (3-25
juin) par Séverine Chavrier, qui « tendra son
oreille de musicienne pour discerner et réinventer le bruit et la fureur du grand romancier ».
Comédie Française
A la Comédie Française, Muriel Mayette a
cédé sa place d’administratrice de la Maison et
de sa Troupe à Eric Ruff. A première vue, pas
de grande révolution dans la Maison. Lui
comme elle a un cahier des charges à respecter,
ce qu’Eric Ruf résume ainsi : « la mission de
l’administrateur est de rêver les mariages les
plus fertiles entre le répertoire choisi et les
visions des artistes invités à les mettre en
scène ». La saison de la salle Richelieu s’ouvre
avec Le Père (19 septembre-4 janvier)
d’August Strindberg. Un pari que prend cependant Eric Ruf, en confiant la mise en scène au
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réalisateur Arnaud Desplechin, dont ce sera
aussi le premier travail au théâtre. Après onze
ans d’absence, on retrouvera Jean-Louis
Benoist pour une mise en scène des Rustres (25
novembre-10 janvier) de Carlo Goldoni, une
pièce qui n’a jamais été jouée au Français. Une
troupe qu’il connaît bien pour y avoir signé sept
mises en scène. Depuis 1952, Roméo et Juliette
(5 décembre au 30 mai) de Shakespeare n’a plus
été jouée au Français. C’est Eric Ruf qui nous
donnera sa vision de la pièce, mais il nous a déjà
prévenu : ce n’est pas l’histoire d’amour absolue qui l’intéresse mais bien plus « le soleil noir
de la pièce ». Alain Françon a parcouru les textes d’Edward Bond avec constance sur diverses
scènes et poursuit son travail avec La Mer (5
mars-15 juin), retrouvant la Troupe pour la septième fois. Dernière création de la salle
Richelieu, Britannicus de Jean Racine (7 maijuillet). Très attendue puisqu’il s’agit d’une
grande figure du théâtre contemporain,
Stéphane Braunschweig, qui s’attaque pour la
première fois au répertoire de la
tragédie classique française et dont
ce sera aussi le baptême du feu
dans cette Maison.
Il faudrait encore signaler plusieurs reprises de spectacles : Le
Misanthrope et Tartuffe de
Molière, La Maison de Bernarda
Alba de Garcia Lorca, La Double
Inconstance de Marivaux, Cyrano
de Bergerac de Rostand, Lucrèce
Borgia de Victor Hugo, Le
Chapeau de paille de Labiche
ainsi qu’Un Fil à la patte de
Feydeau.
Au Théâtre du VieuxColombier, Eric Ruf aiguise notre
curiosité en choisissant des
auteurs, peu familiers des planches. Du 26 septembre au 8 novembre, Christian Hecq et
Valérie Lesort ont conçu une adaptation de
20’000 Lieues sous les mers, qu’ils mettront en
scène avec des comédiens qui utiliseront la
forme théâtrale des marionnettes. Du 16 mars
au 30 avril, c’est Anatoli Vassiliev, bien connu
de la Troupe, dont l’approche quasi mystique de
l’art dramatique, nous révélera sous un jour
nouveau La Musica Deuxième de Marguerite
Duras. Et grande surprise, car nous avions suggéré un jour timidement à Muriel Mayette de
s’emparer de ce monument de la littérature
mondiale pour le présenter au public français,
Eric Ruf programme (27 janvier-28 février) la
pièce de l’Autrichien Karl Kraus, Les derniers
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jours de l’humanité. Poète et journaliste pamphlétaire, Kraus a regardé l’Europe s’entretuer
depuis Vienne, capitale de l’empire austro-hongrois, qui allait être balayé en 1918. David
Lescot, homme de théâtre, écrivain, musicien,
qui n’a de cesse de s’interroger sur notre
mémoire, saura-t-il faire face à l’ampleur de ce
projet ? Un rendez-vous pour les amateurs
d’histoire à ne pas manquer.
c’est bien « par ces brisures et ces brèches que
le monde contemporain s’engouffre dans les
spectacles. Malheur à ceux qui s’enferment
dans un système clos… » avertit-il. Ainsi donc
ne nous étonnons pas que des pièces du répertoire comme Le Canard sauvage d’Henrik
Ibsen (6-14 janvier), Splendid’s de Jean Genet,
(17-26mars), ou Les Trois Sœurs d’Anton
Tchékov (1er-12mars), dont la metteure en
scène Christiane Jatahy fera résonner les aspiraThéâtre national de la Colline
tions avec les migrations d’aujourd’hui, dans un
Stephane Braunschweig, directeur du spectacle intitulé Et si elles y allaient à
Théâtre national de la Colline introduit sa pro- Moscou ?, soient ouvertes à tous vents. « Le
grammation de la saison 2015/2016, en partant théâtre doit prendre l’air de l’époque », pour
des Géants de la montagne de Luigi Pirandello, avoir à dire quelque chose, telle est la convicqu’il mettra aussi en scène (2-17 septembre et tion de Braunschweig. Le thème des migrants
29 septembre-16 octobre). Dernière pièce de est repris (12 mai-4juin) par Annie Zadek, dans
l’auteur, qui nous rappelle que les artistes nous Nécessaire et urgent. Ces questions qu’elle n’a
offrent des rêves, « autant de rappels que la vie pas posées aux siens, juifs polonais et commune se réduit pas aux images souvent désespéran- nistes, immigrés en France en 1937, elle les
tes que l’actualité nous en donne » Et d’ajouter, pose aujourd’hui. « Leurs ombres fraternisent
« je veux croire à un art qui ne s’enferme pas avec les migrants d’aujourd’hui, cherchant eux
aussi à échapper à
leur destin ».
Nicolas Liautard
s’empare du film
d’Ingmar Bergman,
Scènes de la vie
conjugale (22 janvier-7février) pour
tenter une incursion
théâtrale dans les
zones à risque du
couple. Autre invité
à mettre en scène à
La Colline et réservant souvent de belles surprises au
public, le tg Stan qui
«Les Géants de la montagne» © Elisabeth Carecchio
invite à leur table
dans la ville de Cotrone, et prenne sa part – Tchékov avec La Cerisaie (2-19 décembre).
modeste mais nécessaire - à l’invention de la Signalons aussi la mise en scène de Christoph
société ». Ouverte sous le signe d’une pièce Honoré, qui fait entrer en scène les fantômes de
inachevée, la saison présentera des spectacles, l’histoire du XX° siècle, Fin de l’histoire (3riches en fissures, en failles, montés à partir de 28novembre).
fragments : Bettencourt Boulevard, écrit par
Michel Vinaver et mis en scène par Christian
Des trois programmations révélatrices de
Schiaretti (20janvier-14 février) est composée chacune des institutions, c’est bien celle du
de trente morceaux. Les gens d’Oz de Yana Théâtre National de la Colline, qui semble la
Borissova, la plus importante auteure de sa plus engagée dans son temps, habitée d’une
génération en Bulgarie (mis en scène par Galin énergie combative. La Comédie Française et
Stoev, 3mars-2avril) sont des pièces éparses l’Odéon cherchant à jouer davantage la carte de
d’un puzzle. Daniel Jeanneteau a choisi de met- la séduction.
Régine Kopp
tre en scène La Ménagerie de verre de
Tennessee Williams s’intéressant à l’œuvre
comme à un paysage d’affects chaotiques, car
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« Monstres, sorcières et magiciens » au programme, avec à la clé des airs
extraits d’opéra de Haendel et Purcell.
Au Musée d'Orsay le 1er octobre, retour dans la capitale de Felicity
Lott avec un programme intitulé « Die Männer sind méchant » (Schubert,
Wolf, Poulenc, Barber, Weill, Lehar et Schumann) confié aux bons soins
du pianiste Graham Johnson, le 8 Annick Massis prenant le relais avec
des œuvres de Tomasi, Berlioz, Bizet, Gounod, Vivaldi, Verdi et Donizetti
accompagnées par Antoine Palloc.
Sélection musicale d’octobre :
Événement de la rentrée à l’Opéra Bastille à partir du 17 octobre, date
de l’avant-première, une nouveauté de la nouvelle équipe en place, comme
celle qui réintroduit certaines représentation à 20h30, Moses und Aron de
Schönberg, un spectacle confié à Romeo Castellucci, après le décès de
Patrice Chéreau, et au chef Philippe Jordan qui réunira les interprètes suivants : Thomas Johannes Mayer (Moses), John Graham-Hall (Aron), Julie
Davies (Ein Junges Mädchen) et Catherine WynRogers (Eine Kranke), dernière le 9 novembre.
Récital du ténor Cyrille Dubois le 9 octobre à l’Amphi Bastille avec au programme des
œuvres de Ralph Vaughan Williams, Samuel
Barber, Louis Beydts et Francis Poulenc accompagnées par le pianiste Tristan Raes ; le 11 place
à Natalie Dessay qui interprétera des lieder de
Schubert, Mendelssohn, Liszt et des mélodies de
Duparc, Fauré et Bizet aux côtés de son fidèle
accompagnateur Philippe Cassard, le 25 Florian
Sempey leur succédant pour une soirée Mahler,
Berlioz et Poulenc (au piano Alphonse Cemin).
A Garnier concert de musique de chambre placé
sous la direction de Philippe Jordan le 25, avec
en soliste la soprano Caroline Stein et les
instrumentistes de l'Orchestre de l'Opéra national
de Paris (Schönberg Pierrot lunaire op. 21 et
quatuor à cordes opus 10 dans le cadre du cycle
Cyrille Dubois en récital à l’Amphi Bastille
Schönberg).
A la Salle Gaveau le 7, concert Bach par le
contre-ténor Damien Guillon entouré par les
musiciens du Cafe Zimmermann, de Céline
Frisch (orgue & direction) et de Pablo Valetti
(violon & direction), dans un programme où se
succéderont concertos et cantates ; le 12, la
mezzo Blandine Staskiewicz chantera des airs
d'opéra baroques de Haendel, Vivaldi, Porpora et
Pergolesi aux côtés de l’ensemble Les
Ambassadeurs. Le 16, concert Monteverdi avec
L’Orfeo par l’Ensemble La Fenice et son chef
Jean Tubéry avec Jan Van Elsacker (Orfeo),
Claire Lefilliatre (La messagiera), Saskia
Salembier (La Musica & Euridice), Roxane
Chalard (Prosperina) et Sarah Breton (Speranza).
Du côté de la Philharmonie, le 1er octobre,
concert Haydn et Rossini avec le Stabat Mater
proposé par l’Orchestre de Paris et pour l’occasion Jesús López Cobos, avec les artistes Joyce
El-Khoury, Varduhi Abrahamyan, Michele
Pertusi et Paolo Fanale et le 19 octobre, place à
Mahler dont la Symphonie n° 3 sera jouée par le
Cleveland Orchestra dirigé par Franz WelserMöst, avec la mezzo Jennifer Johnston.
Au TCE le 2 octobre le contre-ténor Franco
Fagioli qui remplace Bejun Mehta souffrant, et
le Venice Baroque Orchestra dirigé par Andrea
Marcon, proposera une série d’airs virtuoses de
Vivaldi et de Haendel pour ouvrir la nouvelle saison des Grandes Voix. Le 3 la Theodora de
Haendel sera représentée pour la première fois
L'opéra de Versailles affiche Orphée et
sur scène à Paris, dirigée par William Christie en
Euridyce de Gluck les 7 et 8 octobre interprété
compagnie des Arts Florissants et mise en scène
par Michele Angelini (Orphée), Lucy Crowe,
par Stephen Langridge avec Katherine Watson
(Eurydice) et Amanda Forsythe (Amour) secon(Theodora), Stéphanie d’Oustrac (Irène),
dés par The English Baroque Soloists, The
Philippe Jaroussky (Dydime) et Kresimir Spicer
Monteverdi Choir dirigés par Sir John Eliot
(Septime), dernière le 20. Le 12, plateau de stars
Gardiner et accueille le 26 Judith Van Wanroij,
pour la version de concert d’Ariane à Naxos de
Wiebke Lehmkuhl, Reinoud Van Mechelen et
Strauss dirigée par Kirill Petrenko à la tête du
Andreas Wolff, le Chœur accentus, Insula
Bayerisches Staatsorchester qui disposera de la
Orchestra placés sous la baguette experte de
soprano Anja Harteros (Ariane/Prima Donna),
Laurence Equilbey (Vêpres solennelles de
du ténor Jonas Kaufmann (Bacchus/Le Ténor),
Mozart).
de la soprano Brenda Rae (Zerbinette), du
Katherine Watson sera Theodora au TCE
Ailleurs en France : Olivier Py s’attaque à
mezzo Alice Coote (Le compositeur) et de
la
Pénélope
de
Fauré
à
partir
du 23 octobre à l’Opéra de Strasbourg, avec
Markus Eiche (Le maître de musique), le plus célèbre ténor allemand de
dans
le
rôle-titre
Anna
Caterina
Antonacci que l’on avait applaudie en
la planète étant à nouveau sur scène le 29 octobre pour un concert consaconcert
avec
Roberto
Alagna
au
TCE
en juin 2013 ; la cantatrice italienne
cré à Puccini avec la Staatskapelle Weimar dirigée par le chef Jochen
aura
pour
partenaire
Marc
Laho,
tandis
que Patrick Davin officiera en
Rieder (Les Grandes Voix). Le 15, Messa di Gloria de Puccini par Saimir
fosse.
Pirgu et Florian Sempey dirigés par Paolo Arrivabeni à la tête du National
François Lesueur
de France. Le 17 concert de Patricia Petibon et de Nahuel di Pierro en
compagnie du Concert d’Astrée dirigé par Emmanuelle Haïm :
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Davy Sardou et Julian Alluguette dans «Les vœux du cœur» - photo Lot
Brian et Tom veulent vivre leur amour au sein de leur église, mais se
heurtent au refus du Père Raymond. Quand Irène, la sœur de Brian, cherche
à le convaincre, le prêtre se trouve à son tour confronté à un choix qui bouleverse ses convictions. Bll C. Davis, auteur de ‘’L’Affrontement’’, se saisit ici
d’une question qui interpelle chacun, et qu’il orchestre avec habileté.
Quatre vies, quatre dilemmes, amour, conscience, sexualité, foi. En sortiront-ils tous indemnes ?
. Jusqu’au 31 octobre 2015
Réservations : 01.48.74.76.99
ATELIER (loc. 01.46.06.49.24)
Hyacinthe et Rose de et avec
François Morel - jusqu’au 11 décembre
u Danser à la Lughnasa de Brian Friel
- m.e.s. Didier Long - jusqu’au 9 janvier
BOUFFES PARISIENS
(01.42.96.92.42)
u Avanti de Samuel Taylor - m.e.s.
Steve Suissa - avec Francis Huster et
Ingrid Chauvin - jusqu’au 3 janvier
COLLINE (rés. 01.44.62.52.52)
u Les Géants de la montagne de
Luigi Pirandello - m.e.s. Stéphane
Braunschweig - jusqu’au 16 oct.
u Reality de de Mariusz Szczygieł jusqu’au 11 octobre
COMÉDIE BASTILLE
(rés. 01.48.07.52.07)
u Bon anniversaire mon amour de
Corinne Hyafil et Thierry Raguenau m.e.s. Christian François - jusqu’au u
2 novembre
COMÉDIE FRANÇAISE
SALLE RICHELIEU (01.44.58.15.15)
u Père d'August Strindberg - m.e.s.
Arnaud Desplechin - jusqu’au 4 janvier
u Le Misanthrope de Molière - m.e.s.
Clément Hervieu-Léger - jusqu’au 8
décembre
u La Maison de Bernarda Alba de
Federico Garcia Larco - m.e.s. Lilo
Baur - du 2 oct. au 6 janvier
u La Double Inconstance de
Marivaux - m.e.s. Anne Kessler - du
16 octobre au 14 février
STUDIO-THÉÂTRE (01.44.58.98.98)
u Comme une pierre qui... de Greil
Marcus - m.e.s. Marie Rémond et
Sébastien Pouderoux - jusqu’au 25
octobre.
VIEUX-COLOMBIER (01.44.39.87.00)
u 20 000 lieues sous les mers de
Jules Verne - m.e.s. Christian Hecq
et Valérie Lesort - jusqu’au 8 novembre.
COMÉDIE SAINT-MICHEL
(loc. 01.55.42.92.97)
u Le Mensonge de Florian Zeller m.e.s. Bernard Murat - avec Pierre
Arditi et Evelyne Bouix - jusqu’au 31
octobre
HÉBERTOT (loc. 01.43.87.23.23)
u Victor de Henri Bernstein - m.e.s.
Rachida Brakni - avec Caroline Silhol
et Eric Cantona - jusqu’au 31 oct.
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u Les voeux du cœur de Bill C. Davis
Les vœux du cœur
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LA BRUYÈRE (01.48.74.76.99)
La Bruyère
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- m.e.s. Anne Bourgeois - jusqu’au
31 octobre
MADELEINE
(loc. 01.42.65.07.09)
u Le Roi Lear de Shakespeare - m.e.s.
Jean-Luc Revol - avec Michel Aumont
- jusqu’au 11 octobre.
ODÉON EUROPE (01.44.85.40.40)
u Ivanov d’Anton Tchekhov - m.e.s.
Luc Bondy - du 2 octobre au 1er
novembre
ATELIERS BERTIER
u Vu du pont d’Arthur Miller - m.e.s.
Ivo van Hove - création - du 10 octobre au 21 novembre
POCHE-MONTPARNASSE
(01.45.48.92.97)
u The Servant de Robin Maugham m.e.s. Thierry Harcourt - avec
Maxime d’Aboville - jusqu’au 8 nov.
PORTE SAINT-MARTIN
(01.42.08.00.32)
u Irma la douce de Alexandre
Breffort, Marguerite Monnot - m.e.s.
Nicolas Briançon - jusqu’au 10 oct.
RENAISSANCE
(loc. 01.42.08.18.50)
u Conseil de famille de Amanda
Sthers - m.e.s. Eric Civanyan - jusqu’au 30 décembre.
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RIVE GAUCHE (01 43 35 32 31)
24 heures de la vie d’une femme
de Stefan Zweig - m.e.s. Steve
Suissa - avec Clémentarine Céarié jusqu’au 29 novembre
u Oscar et la Dame rose d’ EricEmmanuel Schmitt - m.e.s. Steve
Suissa - avec Judith Magre - jusqu’au
1er décembre
STUDIO DES CHAMPS ELYSÉES
(01.53.23.99.19)
u Le porteur d’Histoire de et m.e.s.
Alexis Michalik - jusqu’au 30 décembre
THÉÂTRE DE PARIS
(01.48.74.25.37)
u Momo de Sébastien Thiéry - m.e.s.
Ladislas Chollat - avec Muriel Robin
et François Berléand - jusqu’au 28
octobre
THÉÂTRE DES VARIÉTÉS
(01.42.33.09.92)
u Ne me regardez pas comme ça !
de Isabelle Mergault - m.e.s.
Christophe Duthuron - avec Isabelle
Mergault et Sylvie Vartan - jusqu’au
11 octobre.
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Les réservations de billets peuvent être
effectuées par l’intermédiaire du site :
theatreonline.com
Odéon - Théâtre de l’Europe
Ivanov
La comédienne Marina Hands retrouve la bouleversante Anna
Petrovna sur la scène de l’Odéon, dans cette pièce de Tchekhov qui parle du
drame de cet Ivanov, ce Monsieur Tout-le-Monde, cet anti-héros confronté
Marina Hands et Micha Lescot dans «Ivanov» © Thierry Depagne
au temps dilaté par l’ennui, à l’impuissance, l’immobilisme, l’inaction et la
paresse, un homme lâche enlisé dans l’existence. Une une satire aiguë et
très drôle d’une société de petits-bourgeois en décrépitude
. Du 2 octobre au 1er novembre 2015
Réservations : 01.44.85.40.40
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b e a u x - a r t s
Musée de Montmartre
« Maurice Utrillo, Suzanne Valadon et André Utter à l'atelier 12,
rue Cortot : 1912-1926 »
À l’occasion du 150e anniversaire de la naissance de Suzanne Valadon, le Musée de Montmartre présente une exposition phare dédiée à Suzanne Valadon
(Bessines-sur-Gartempe 1865 - Paris 1938), Maurice Utrillo (Paris 1883 - Dax 1955) et André Utter (Paris 1886 – 1946).
Au tournant du XXe siècle, les ateliers du 12-14 rue Cortot
furent d’importants lieux de création où vécurent de nombreux
artistes. Après y avoir habité jusqu’en 1905 avec son premier
mari, le banquier Paul Moussis, Suzanne Valadon retourne à l’atelier de la rue Cortot en 1912 et s’y installe avec son fils Maurice
Utrillo et son compagnon, André Utter.
Rapidement surnommés le « trio infernal », ces peintres ont
marqué les esprits du monde de l’art. De ces tensions et passions
naquit ainsi une énergie créatrice qui permit aux œuvres des trois
artistes de s’intensifier, s’épanouir et se renouveler durant cette
période de vie commune.
Maurice Utrillo, «12 rue Cortot à Montmartre» , 1921
Paris, musée d'Art moderne de la ville de Paris © ADAGP / Jean Fabris
Crédit photographique : Eric Emo / Parisienne de photographie
Les œuvres exposées sont issues du fond des collections constituées par la Société d’Histoire et d’Archéologie « Le Vieux
Montmartre » et, plus principalement, de prêts extérieurs
provenant, entre autres, du Centre Pompidou, du Musée d’Art
Moderne de la ville de Paris, du musée Paul Dini de Villefranchesur-Saône, des Musée des Beaux-Arts de Liège et de Bruxelles, du
Petit Palais de Genève et de collections particulières. On pourra,
en particulier, y admirer les célèbres tableaux de Suzanne Valadon
«La tireuse de cartes» (Petit Palais de Genève) et «Le lancement
du filet» (Centre Pompidou-MMAM-CCI).
. Du 16 octobre 2015 au 15 février 2016
Centre culturel suisse
l PERFORMANCEPROCESS – jusqu’au
13 décembre
Centre Pompidou
l UNE HISTOIRE, art, architecture et
design, des années 80 à aujourd'hui
– jusqu’au 11 janvier
Château de Versailles
l ANISH KAPOOR – jusqu’au 1er
novembre
Espace Dali
l DAUM, VARIATIONS D’ARTISTES – jusqu’au 3 janvier
Fondation Cartier
l BEAUTÉ CONGO – 1926-2015 –
CONGO KITOKO – jusqu’au 15 nov.
Galerie des Gobelins
l L’ESPRIT ET LA MAIN. Héritage et
savoir-faire des ateliers du Mobilier
national – jusqu’au 17 janvier
l LE GARDE-MEUBLE EN VOYAGE. Luxe
et ingéniosité du bivouac de
Napoléen - jusqu’au 13 décembre.
Grand Palais
l ELISABETH LOUISE VIGÉE LE BRUN –
jusqu’au 11 janvier
l PICASSO MANIA – du 7 octobre au
29 février
a
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Institut du Monde arabe
l OSIRIS, MYSTÈRES ENGLOUTIS
D’EGYPTE – jusqu’au 31 janvier
Jeu de Paume
l NGUYEN TRINH THI - SATELLITE 8 : UNE
PROPOSITION DE ERIN GLEESON / OMER
FAST / PHILIPPE HALSMAN - ÉTONNEZ-MOI
– du 20 octobre au 24 janvier
Maison de l'Amérique latine
l XX – jusqu’au
Maison de la Photographie
l JOHN EDWARD HEATON Guatemala / PIERRE REIMER – jusqu’au 31 octobre
Monnaie de Paris
l TAKE ME (I’M YOURS) – jusqu’au
25 octobre.
Musée des arts décoratifs
l TRÉSORS DE SABLE ET DE FEU Verre et cristal aux Arts
Décoratifs - XIVe au XXIe siècle –
jusqu’au 15 novembre.
l CORÉE : DESIGN ET MÉTIER D'ART –
jusqu’au 7 février
Musée d’art moderne
l ANDY WARHOL - UNLIMITED – du 2
octobre au 7 février
l HENRY DARGER – jusqu’au 11 oct.
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l APARTÉS 2015 Isabelle
Cornaro, Alain Della Negra, Kaori
Kinoshita et Gyan Panchal – jusqu’au 13 décembre.
Musée Delacrox
l PICASSO CHEZ DELACROIX – jusqu’au 5 janvier
Musée Guimet
l TIGRES DE PAPIER, cinq siècles de
peinture en Corée – du 14 octobre au 22 février
l ART BONPO DE L’ANCIEN TIBET – jusqu’au 12 octobre
l INTÉRIEUR CORÉEN, OEUVRES DE INSOOK SON – jusqu’au 14 mars
l CARTE BLANCHE À LEE BAE – jusqu’au 25 janvier
Musée Jacquemart-André
l SPLENDEUR DU PORTRAIT À LA COUR
DES MÉDICIS – jusqu’au 25 janvier
Musée du Louvre
l UNE BRÈVE HISTOIRE DE L’AVENIR –
jusqu’au 4 janvier
l CLAUDE LÉVÊQUE. Sous le plus
grand chapiteau du monde (partie 2) – du 19 oct. au 25 janvier
Musée du Luxembourg
l FRAGONARD AMOUREUX – jusqu’au
24 janvier
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Musée Marmottan-Monet
l VILLA FLORA. Les temps enchantés – jusqu’au 7 février
Musée de Montmartre
l SUZANNE VALADON, MAURICE
UTRILLO, ANDRÉ UTTER : 12, RUE
CORTOT – du 16 octobre au 15
février
Musée de l’Orangerie
l QUI A PEUR DES FEMMES PHOTOGRAPHES ? 1839 À 1945 / Première
partie : 1839-1919 – du 14 octobre au 25 janvier
Musée d’Orsay
l SPLENDEURS ET MISÈRES DES COURTISANES. Images de la prostitution
en France 1850-1910 – jusqu’au
20 janvier
Musée du Quai Branly
l TATOUEUR, TATOUÉS – jusqu’au 18
octobre
l PHOTOQUAI - biennale des images du monde – jusqu’au 22 nov.
Petit Palais
l FANTASTIQUE ! L’estampe visionnaire. De Goya à Redon – du 1er
octobre au 17 janvier
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www.opera-lausanne.ch — 021 315 40 20
Gioacchino Rossini
La Cenerentola
2 · 4 · 7· 9 ·11 octobre 2015
MIGRO
CLASS
L
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U
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S-POUR-CEN
016 au Vic
Saison 2015/2
toria Hall à 20
ICS
h
Jeudi 29 octobre 2015 à 20 h
PHILHARMONIA ORCHESTRA LONDON
Esa-Pekka Salonen (direction)
Arabella Steinbacher (violon)
Richard Dubugnon*
Caprice pour orchestre Nº 1, op. 72
Commande Migros-Pour-cent-culturel-Classics
Johannes Brahms
Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, op. 77
Jean Sibelius
Symphonie Nº 5 en mi bémol majeur, op. 82
*Compositeur suisse
Billetterie: Service culturel Migros Genève, Rue du Prince 7, Tél. 058 568 29 00
Stand Info Balexert et Migros Nyon-La Combe.
www.culturel-migros-geneve.ch
Organisation: Service culturel Migros Genève
www.culturel-migros-geneve.ch www.migros-pour-cent-culturel-classics.ch
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Conservatoire de Musique
Conservatoire de Musique
Temps & Musique
Les Grands Interprètes
La programmation de la saison Temps & Musique débute au
Conservatoire de Musique par la prestation d’un trio qui comprend le clarinettiste Chen Halevi, l’altiste Lawrence Power et le pianiste Simon
Crawford-Phillips.
Ils interprèteront tout
d’abord le Trio pour clarinette, alto et piano en mi
bémol majeur, K. 498 “Les
Quille“ de Mozart, avant de
poursuivre avec une œuvre de
Chostakovitch-Borisovsky, une
suite pour alto et piano
appelée “Le Taon“.
Deux concerts sont à l’affiche des Grands Interprètes en octobre. Tout
d’abord, le 15 octobre, le Conservatoire de Musique accueille le Quatuor
Fauré, avec au programme le Quatuor avec piano n° 1 en sol mineur KV478
de Mozart, le Quatuor avec piano n° 1 en ut mineur op.15 de Fauré et, pour
terminer la soirée, le Quatuor avec piano n° 3 en ut mineur op.60 de
Brahms.
Chen Halevi © Bouchard
Suivra la “Czardas“
pour clarinette et piano de
Krystof
Maratka,
la
“Märchenerzählungen“ pour
clarinette, alto et piano, op.
132 de Schumann. Ils termineront avec Quatre
mélodies pour clarinette, alto
et piano de Bruch.
. 5 octobre 2015 à 20h
Billetterie : Service culturel Migros, Migros Nyon-La Combe, Stand Info Balexert
ou : http://www.migroslabilletterie.ch/
Quatuor Fauré © Mat Hennek
En fin de mois, le 30 plus précisément, c’est le Quatuor Prazák qui animera la salle de Neuve en interprétant le Quatuor n° 20 en ré majeur KV
499, Hoffmeister de Mozart, puis le Quatuor n° 14 fa dièse majeur op. 142
de Chostakovitch, et finalement le Quatuor n° 10 en mi bémol majeur op. 51
B 92 de Dvořák.
. 15 octobre à 20h - Quatuor Fauré
. 30 octobre à 20h - Quatuor Prazák
Billetterie : Service culturel Migros, Migros Nyon-La Combe, Stand Info Balexert
ou : http://www.migroslabilletterie.ch/
Victoria Hall
Théâtre Am Stram Gram
Alexander Gavrylyuk
Cyrano
Après son passage en mai 2013, durant lequel il a donné tous les concertos pour piano et la Rhapsodie de Rachmaninov sous la direction de
Neeme Järvi, le jeune pianiste ukrainien est invité une nouvelle fois à se produire avec l’Orchestre de la Suisse romande en octobre; il interprétera le
Concerto pour piano et orchestre en la mineur op. 54, 1845 de Robert
«Caché dans son buisson de lavande Cyrano sentait bon la lessive» © Guy Labadens
Alexander Gavrylyuk © Mika Bovan
Schumann sous la direction du maestro Cornelius Meister.
Les mélomanes auront ainsi la chance de découvrir la technique stupéfiante de ce musicien qui fait figure d’extraterrestre du clavier, car rien ne
paraît lui résister, ni les passages d’une rapidité folle, ni les feux d’artifice
rythmiques...
. 7 octobre 2015 à 20h
Le Cyrano de Rostand plane parmi les grandes ombres étincelantes de
la littérature. C’est ce Gascon au grand cœur, ce poète au grand nez, que
l’illustratrice Rébecca Dautremer a ‘croqué’ ; ce Cyrano-là est unique,
revivifié par la plume de Taï-Marc Le Thanh, qui restitue l’essentiel de la
fable et la beauté de ce grand poème d’amour.
Cet ouvrage a été adapté par la Compagnie Hecho en casa, et elle le
fait avec une finesse magique. On découvrira ainsi un Cyrano tiré d’un
Japon de rêve ; une vision orientale qui recentre d’autant plus le regard sur
l’œuvre originale.
. du 27 octobre au 1er novembre 2015
Billetterie en ligne : www.osr.ch, ou 022/807.00.00, ou [email protected]
A noter que ce même concert sera donné le 8 octobre au Théâtre de Beaulieu à
Lausanne, ainsi que le 9 octobre à l’Auditorium Stravinski à Montreux
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Location : Théâtre Am Stram Gram par téléphone au 022 735 79 24
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GENEVE
concerts
90
u 1.10. : Série Grands Classiques.
OSR, dir. Kazuki Yamada. FRANK
PETER
ZIMMERMANN
violon
Chostakovitch,
(Glazounov,
Tchaïkovski). Victoria Hall à 20h (loc.
022/807.00.00 / [email protected]
ou sur www.osr.ch)
u 2.10. : Série Répertoire. OSR, dir.
Kazuki Yamada. FRANK PETER
ZIMMERMANN violon (Glazounov,
Chostakovitch, Tchaïkovski). Victoria
Hall à 20h (loc. 022/807.00.00 /
[email protected] ou www.osr.ch)
u 4.10. : Concert du dimanche de la
ville de Genève. SINFONIETTA HONG
KONG, dir. et clarinette Paul Meyer
(Joyce Tang Wai-chung, Mozart,
Mendelssohn). Victoria Hall à 17h
(rens. 0800.418.418, billets :
Alhambra, Grütli)
u 5.10. : Temps & Musique. CHEN
HALEVI, clarinette, LAWRENCE POWER,
alto, SIMON CRAWFORD-PHILLIPS, piano
(Mozart, Borisovsky, Maratka,
e
n
t
Schumann, Bruch). Conservatoire de
Genève à 20h (billetterie : Service
culturel Migros, Migros Nyon-La
Combe, Stand Info Balexert)
u 6.10. : Concerts de soirée n°1 :
Romance lyrique, dir. Arie Van Beek,
EVE-MAUD HUBEAUX, mezzo-soprano,
ENSEMBLE VOCAL DE LAUSANNE (J.
Strauss,
Wagner,
Ubaldini,
Schubert). Bâtiment des Forces
motrices à 20h (loc. 022/807.17.90 /
[email protected] ou www.ticketportal.com)
u 7.10. : Série Symphonie. OSR, dir.
Cornelius Meister, ALEXANDER
GAVRYLYUK, piano (Schumann,
Bruckner). Victoria Hall à 20h (loc.
022/807.00.00 / [email protected]
ou sur www.osr.ch)
u mercredi 14.10. : Concertus
Saisonnus. REQUIEM de Fauré.
Orchestre des Variations Symphoniques & Chœur Symphonique de
Vevey, dir. Luc Baghdassarian.
KARINE MKRTCHYAN, soprano, CLAUDE
DARBELLAY, baryton-basse (en 1ère
partie : Albinoni, Grieg). Point Favre,
Chêne-Bourg, à 20h30 (Rens. et rés.
076/345.80.76)
u 15.10. : Les Grands Interprètes.
o
Genève
Hommage à Pierre Wissmer
Cette année, de nombreux événements musicaux
sont organisés pour célébrer
le 100e anniversaire de la
naissance du compositeur
Pierre Wissmer.
Une série de concerts
est agendée à Genève en
octobre et novembre pour
commémorer cet anniversaire. Le premier, en date du
4 octobre, sera servi par
Sébastien
Llinares
(Intermezzo et Partita, pour
guitare) ; le second aura lieu
le 10 octobre, avec
Amaryllis Billet au violon et
Anne de Fornel au piano
Pierre Wissmer - photo Action musicale
(Sonate, pour piano &
Sonatine, pour violon et
piano), tous deux au Domaine du Chateau de Penthes.
Quant aux deux derniers, ils auront lieu le 1er novembre, : à 17h, concert par des étudiants de la HEM Genève sous l’intitulé “Pièces de Pierre
Wissmer et ses élèves“ ; à 18h30, la soprano Cécile Bonnet, le baryton
François Le Roux, et le pianiste Daniel Spiegelberg serviront les œuvres
suivantes : Suite, pour piano, 5 poèmes de Philippe Monnier, pour soprano,
La balle au bond, pour baryton.
L’Abri à Genève
. les 4 et 10 octobre au Domaine du Château de Penthes Genève.
. le 1er novembre dans la Grande salle du Conservatoire de
Genève,, à 17h, puis 18h30
Estelle Revaz
C’est le 10 octobre dans la dernière née des salles de concert genevoises, L’Abri, que sera verni le CD “Cantique” enregistré par la violoncelliste
Estelle Revaz et l’Orchestre Musique des Lumières dirigé par Facundo
Agutin. Le disque reprend le programme donné le 5 février à la Salle Frank
Martin qui rapproche des œuvres du Bavarois Max Reger, du Genevois
Ernest Bloch et du Bâlois Andreas Pflüger. Une mise en valeur de la culture
suisse selon Estelle Revaz qui rappelle qu’”E. Bloch est d’abord suisse et
que son «Schelomo» a été composé à Genève. Dans le même ordre d’idée,
l’œuvre de M. Reger «Vier Tondichtungen nach Arnold Böcklin» a été privilégiée pour sa référence explicite au célèbre peintre suisse. Quant aux six
mouvements de «Pitture», l’œuvre créée par A. Pflüger pour le
projet CANTIQUE (et Estelle
Revaz, ndr), ils s’inspirent de six
tableaux de peintres contemporains suisses (Klee, Soutter,
Segantini…).”
Une occasion festive et amicale d’entendre la violoncelliste
valaisanne récompensée l’année
dernière par la Fondation
Leenards dans une prestation
musicale faisant echo au programme du CD en compagnie de
la pianiste Irina Chkourindina et
de Facundo Agutin.
. le 10 octobre 2015
Entrée libre. Réservation
conseillée au 027 722 23 47
Estelle Revaz
a
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QUATUOR FAURÉ, Erika Geldsetzer,
violon, Sascha Frömbling, alto,
Konstantin Heidrich, violoncelle,
Dirk Mommertz, piano (Mozart,
Fauré, Brahms). Conservatoire de
Musique à 20h (loc. Service culturel
Migros Genève, Stand Info Balexert,
Migros Nyon-La Combe)
u 15.10. : 15E ANNIVERSAIRE DES
JEUDIS DU PIANO. En présence d’Anne
Queffelec, marraine de la soirée, de
nombreux lauréats des 15 ans et de
la Camerata du Léman. Bâtiments
de Forces motrices à 20h
u 23.10. : Série Répertoire. OSR,
dir.
Jakub
Hrusa.
ALEXEI
OGRINTCHOUK hautbois (Martinu,
Mozart, Smetana). Victoria Hall à
20h (loc. 022/807.00.00 / [email protected] ou www.osr.ch)
u 24 et 25.10. : Concert en Famille.
« LE ROI ARTHUR », GENEVA CAMERATA,
dir. David Greilsammer, Liviu
Berehoï, marionnettiste et m.e.s.,
Capucine Keller, soprano et comédienne. Musée d’Art et d’Histoire à
16h (billetterie en ligne sur le site
du GeCa)
u 27.10. : LE GRAND MARATHON
e
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GECA ! Comédie de Genève à 20h
(billetterie en ligne sur le site du
GeCa)
u 28.10. : Série Symphonie. OSR,
dir. Charles Dutoit, FRANÇOIS PIOLINO
et JULIEN BEHR ténors, DAVID WILSONJOHNSON baryton (Ravel). Victoria
Hall à 20h (loc. 022/807.00.00 /
[email protected] ou www.osr.ch)
u 28.10. : ANGELO BRANDUARDI, violon. Théâtre du Léman à 20h30 (loc.
www.theatreduleman.com)
u 29.10. : Migros-pour-cent-culturel-classics. PHILHARMONIA ORCHESTRA
LONDON, dir. Esa-Pekka Salonen,
ARABELLA STEINBACHER, violon
(Dubugnon, Brahms, Sibelius).
Victoria Hall à 20h (billetterie :
Service culturel Migros)
u 30.10. : Les Grands Interprètes.
QUATUOR PRAŽÁK, Pavel Hůla et
Vlastimil Holek, violons, Josef
Klusoň, alto, Michal Kaňka, violoncelle (Mozart, Chostakovitch,
Dvorak). Conservatoire de Musique
à 20h (loc. Service culturel Migros
Genève, Stand Info Balexert, Migros
Nyon-La Combe)
u 31.10. : Concert Prestige n°2
d
a
m
Musée Ariana, Genève
Amours en Italie Baroque
Un concert vocal sera servi par la Cappella Genevensis, dirigée par
Claude Xavier-Hollenstein, au Musée Ariana, au programme duquel figure
des Madrigaux, pour 5 chanteurs solistes, de Monteverdi, Gesualdo et autres
compositeurs de la
même époque.
Une façon de
célébrer l’Italie du
XVIIe siècle qui a
mis en musique la
thématique
de
l’amour dans des
madrigaux, à partir
de poèmes de
grande qualité.
Ces madrigaux
expriment au mieux
les sentiments de
chaque vers par des
L’amour en Italie baroque
procédés descriptifs.
. Dimanche 4 octobre 2015, 18h30
"Carte Blanche à Jean-Guihen
Queyras", GENEVA CAMERATA, dir.
David Greilsammer, JEAN-GUIHEN
QUEYRAS, violoncelle (Haendel,
Wallin, Gershwin, Berg, Haydn).
Bâtiment des Forces Motrices à 20h
(billetterie sur le site du GeCa)
u 31.10. : Jazz Classics. CASSANDRA
WILSON. Victoria Hall à 20h30 (loc.
Fnac / Ticketcorner)
opéra
u 14, 16, 18, 20, 21, 23, 14, 15.10. :
LA BELLE HÉLÈNE de Jacques
Offenbach, dir. Gérard Daguerre,
L'Orchestre de Chambre de
Genève, m.e.s. Robert Sandoz.
Grand Théâtre (billetterie en ligne
sur le site du Grand Théâtre)
u 15, 17, 19, 22.10. : LES TROYENS
d’Hector Berlioz, dir. Charles Dutoit,
Royal Philharmonic Orchestra.
Grand Théâtre (billetterie en ligne
sur le site du Grand Théâtre)
u dimanche 18.10. : Concertus
Saisonnus. ARMINE & KARINE
MKRTCHYAN, sopranos. ELIZAVETHA
TOULIANKINA, piano (airs et duos d’opéra : Mozart, Bellini, Verdi,
Massenet, Delibes). Salle Athénée 4
à 17h (Rens. et rés. 076/345.80.76)
théâtre
u jusqu’au 4.10. : OMBRES SUR
MOLIÈRE de et m.e.s. Dominique
Ziegler, création., mar+ven à 20h30,
mer-jeu-sam-dim à 19h (rés.
a
g
022/301.68.38 / [email protected])
u jusqu’au 11.10. : 84, CHARING
CROSS ROAD d’Hélène Hanff,
m.e.s. Pierre Bauer, création.
Théâtre des Amis, Carouge, marven à 20h, mer-jeu-sam à 19h, dim
à 18h (rens. 022/342.28.74)
u jusqu’au 10.10. : RETALK – LE
POINT SUR LES TENDANCES ÉROTICOEXOTIQUES DU FOUND FOOTAGE, m.e.s.
Julia Perazzini et Valerio Scamuffa.
Théâtre Saint-Gervais, salle Isidore
Isou, mar-jeu-sam à 20h30, mer-ven
à 19h (loc. 022/908.20.20 ou
www.saint-gervais.ch)
u jusqu’au 18.10. : MALGRÉ LES
APPARENCES. Spectacle musical par
Maria Mettral et Aliose, m.e.s.
Christian Gregori, création.
Théâtre du Crève-Cœur, ch. de
Ruth, Cologny (rés. 022/786.86.00)
u jusqu’au 18.10. : VOYAGE AU
BOUT DE LA NUIT de LouisFerdinand Céline, m.e.s. Philippe
Sireuil. Studio André Steiger, marmer-jeu-sam à 19h, ven à 20h, dim à
17h, relâche lun + dim 4.10. (loc.
022/320.50.01 / [email protected])
u jusqu’au 18.10. : VILLA
DOLOROSA de Rebekka Kricheldorf,
m.e.s. Guillaume Béguin. Poche/
GVE, le 3 à 19h, le 7 à 20h30 / intégrale : les 10, 11, 17 et 18 à 15h (rés.
+41 (0)22 310 37 59,
http://www.poche---gve.ch)
u jusqu’au 18.10. : EXTASE ET
QUOTIDIEN de Rebekka Kricheldorf,
m.e.s. Guillaume Béguin. Poche/
e
n
é
m
e
GVE, les 5, 8, 12, 15 à 19h, les 6, 13,
14 à 20h30 / intégrale : les 10, 11,
17, 18 à 19h (rés. +41 (0)22 310 37
59, http://www.poche---gve.ch)
u jusqu’au 18.10. : MÜNCHHAUSEN ?
d’après R.E. Raspe et G.A. Bürger,
m.e.s. Joan Mompart, dès 7 ans.
Théâtre Am Stram Gram (Loc.
022/735.79.24 et Service Culturel
Migros)
u jusqu’au 1.11. : LES ACTEURS DE
BONNE FOI de Marivaux, m.e.s.
Geneviève Pasquier et Nicolas
Rossier. Théâtre de Carouge, salle
Gérard-Carrat, mar-mer-jeu et sam à
19h, ven à 20h, dim à 17 (billetterie :
022/343.43.43 - [email protected])
u Du 6 au 18.10. : LE VOYAGE D’ALICE
EN SUISSE de Lukas Bärfuss, m.e.s.
Gian Manuel Rau. Le Grütli (loc. :
[email protected]
/
022/888.44.88)
u Du 6 au 18.10. : D’ACIER d’après
Silvia Avalone, m.e.s. Robert
Sandoz. Compagnie L’outil de la ressemblance. Théâtre du Loup, mar-
n
t
o
jeu-sam à 19h, mer-ven à 20h, dim à
17h (rés. 022/301.31.00)
u Du 9 au 18.10. : THE SEED CARRIERS
de Stephen Mottram, m.e.s. Mélanie
Thompson, dès 16 ans. Théâtre des
Marionnettes (rés. 022/807.31.07)
u 10.10. au 6.12. : MAMBO MIAM
MIAM! de Pascal Chenu, m.e.s. Annik
von Kaenel, création. Théâtre du
Crève-Cœur, ch. de Ruth, Cologny
(rés. 022/786.86.00)
u Du 13 au 18.10. : BARBARA, L’ÂGE
TENDRE d’Aude Chollet. Théâtre
Alchimic, mar+ven à 20h30, mer-jeusam-dim à 19h (rés. 022/301.68.38 /
www.alchimic.ch - loc. Service culturel Migros)
u 20 et 21.10. : LA COLÈRE DU TIGRE,
avec Claude Brasseur et Yves
Pignot. Théâtre du Léman à 20h30
(loc. www.theatreduleman.com)
u 27 et 28.10. : Les Théâtrales.
Nelson de Jean Robert-Charrier.
BFM à 20h30 (Billetterie : www.lestheatrales.ch, www.swiss-event-productions.ch ou points de vente Fnac)
A Genève et Neuchâtel
D’Acier
«D’Acier» © Guillaume Perret
Robert Sandoz s’est inspiré du roman de Silvia Avallone pour créer le
spectacle “D’Acier“ avec sa compagnie L’outil de la ressemblance. Un nouveau défi pour ce talentueux metteur en scène.
La première a eu lieu en mars dernier au Théâtre Benno Besson, à
Yverdon, et c’est au tour du Théâtre du Loup d’accueillir en octobre ce spectacle, qui n’est pas qu’un portrait social sombre d’une Italie de banlieue ;
en effet, Robert Sandoz souhaite montrer toute l'énergie de la jeunesse, ses
désirs, ses projections, ses rêves et ses “coups de gueule“, malgré une
réalité qui peut s'avérer dure parfois.
Il veut donner à voir toute la poésie incandescente d'une jeunesse qui
rêve d'intensité et qui vit, malgré elle, dans une ville qui vibre à la couleur
de l'acier et au son de la sidérurgie, dans une forme de désespérance qui
confine au sublime.
. du mardi 6 octobre au dimanche 18 octobre, au Théâtre du
Loup, à Genève - Réservation : 022/301.31.00
. du mardi 27 octobre au jeudi 29 octobre, au Théâtre du
Passage, à Neuchâtel - Réservation : 032/717.79.07
d
a
91
m
é
m
u Du 27.10. au 1.11. : CACHÉ DANS
SON BUISSON DE LAVANDE CYRANO SENTAIT BON LA LESSIVE d’après Rebecca
92
Dautremer,
m.e.s.
Hervé
Estebeteguy, dès 6 ans. Théâtre Am
Stram Gram (Loc. 022/735.79.24 et
Service Culturel Migros)
u Du 27.10. au 7.11. : VOUS REPRENDREZ BIEN UN PEU DE LIBERTÉ… OU COMMENT NE PAS PLEURER ? d’après
Marivaux et Naomi Klein, m.e.s.
Jean-Louis Houndin. Théâtre SaintGervais (loc. 022/908.20.20 ou
www.saint-gervais.ch)
u Du 27.10. au 8.11. : JANINE
RHAPSODIE de et m.e.s. Julien Mages.
Le Grütli (loc. : [email protected]
/ 022/888.44.88)
u Du 27.10. au 15.11. : GERTRUDE –
LE CRI & LE CAS BLANCHE-NEIGE
d’Howard Barker, m.e.s. Gabriel
Alvarez, création. Le Galpon (rés. au
022/321.21.76 au plus tard 2 heures
avant le début de l’événement - mail
: [email protected])
u Du 27.10. au 15.11. : SHAKE d’après Shakespeare, m.e.s. Dan
Jemmett. Théâtre de Carouge, salle
François-Simon, mar-mer-jeu et sam
à 19h, ven à 20h, dim à 17 (billetterie : 022/343.43.43 - [email protected])
u Du 28.10. au 15.11. : DONNE-MOI
SEPT JOURS de Domenico Carli et
Isabelle Matter, m.e.s. Isabelle
Matter, création dès 6 ans. Théâtre
des
Marionnettes
(rés.
022/807.31.07)
u Du 29.10. au 13.11. : DIS-LUI BIEN
QUE TU VIENS DE MA PART ! d’Alexandra
Thys et David Gobet, m.e.s.
Alexandra Thys. Théâtre Alchimic,
mar+ven à 20h30, mer-jeu-sam-dim
à 19h (rés. 022/301.68.38 /
www.alchimic.ch - loc. Service culturel Migros)
danse
u jusqu’au 11.10. : NARSARSUAQ de
Maud Liardon, création. Salle des
Eaux-Vives, 82-84 r. Eaux-Vives, à
20h30 / sa 19h, di 18h30 (rés. et
billetterie en ligne sur www.adcgeneve.ch)
u 11.10. et 15.11. : LES VILLES INVISIBLES 2 ET 3 d’après Ritalo Calvino,
chor. Compagnie de l’Estuaire, création. Le Galpon (rés. au
022/321.21.76 au plus tard 2 heures
avant le début de l’événement - mail
: [email protected])
u Du 28.10. au 8.11. : ADC.
CREATURE de József Trefeli et Gabor
Varga, création. Salle des EauxVives, 82-84 r. Eaux-Vives, à 20h30
(billets : Service culturel Migros,
Stand Info Balexert, Migros Nyon La
e
n
t
o
Combe)
u Du 28.10. au 1.11. : ADC. MOTIFS
de Pierre Pontvianne. Salle des
Eaux-Vives, 82-84 r. Eaux-Vives, à
20h30 (billets : Service culturel
Migros, Stand Info Balexert, Migros
Nyon La Combe)
u Du 31.10. au 7.11. : ADC. UP de
József Trefeli et Mike Winter. Salle
des Eaux-Vives, 82-84 r. Eaux-Vives,
à 20h30 (billets : Service culturel
Migros, Stand Info Balexert, Migros
Nyon La Combe)
Théâtre de Beaulieu, Lausanne
Mikhailovsky Ballet
divers
u 9.10. : MIKHAIL ZHVANETSKIY - LE
SATIRISTE RUSSE. Théâtre du Léman à
20h (loc. www.theatreduleman.com)
u Du 13 au 16.10. : ICI C’EST AILLEURS
– CRÉATION ET MIGRATION À GENÈVE,
conférences, lectures et projections.
Théâtre Saint-Gervais
(loc.
022/908.20.20 ou www.saint-gervais.ch)
LAUSANNE
concerts
u 2 et 4.10. : LE BLUES DE BILLIE
HOLIDAY. Avec le Swiss Yerba Buena
Creole Rice Jazz Band et la chanteuse-comédienne américaine Nicolle
Rochelle. Espace culturel des
Terreaux, ven à 20h, dim à 17h
(billetterie 021 320 00 46)
su 8.10. : Série Lausanne. OSR, dir.
Cornelius Meister, ALEXANDER
GAVRYLYUK, piano (Schumann,
Bruckner). Théâtre de Beaulieu à
20h15 (loc. 022/807.00.00 /
[email protected] ou sur www.osr.ch ou
chez Passion Musique)
u 19 et 20.10. : O.C.L., dir. Simone
Young, SARAH CHANG, violon (Bach,
Bruch, Schubert). Salle Métropole à
20h (Billetterie : 021/345.00.25)
u 25.10. : ORFEO BAROKORCHESTER,
dir. Michi Gaigg, YEREE SUH, soprano,
DANIEL JOHANNSEN, ténor, MARGOT
OITHINGER, alto, MATTHIAS WINCKHLER,
basse (Bach, Fischer, Muffat). Opéra
de Lausanne (Billetterie :
021/315.40.20, lun-ven de 12h à 18h
/ en ligne et infos : www.opera-lausanne.ch)
u 25.10. : Les Dominicales. O.C.L.,
dir. Christian Macelaru, BEAT
ANDERWERT, hautbois (Jalbert,
Haydn, Mozart). Salle Métropole à
11h15 (Billetterie de l’OCL: Tél. 021
345 00 25)
u 29.10. : Série Lausanne. OSR, dir.
Charles Dutoit, FRANÇOIS PIOLINO et
a
g
«Duende» par le Mikhailovsky Ballet - photo Stas Levshin
Pour son ouverture de saison, l’Opéra de Lausanne vous invite à
découvrir le prestigieux Mikhailovsky Ballet, la compagnie de ballet du
célèbre Mikhailovsky Théâtre de Saint-Pétersbourg.
Lors de cette soirée, les quarante-deux danseurs présents exécuteront
trois pièces en un acte de Nacho Duato, dont les idées chorégraphiques sont
presque toujours initiées par le choix d’une musique :
Ainsi, Schubert inspire “Without words“, alors que “Duende“ est
inspiré par Debussy. Enfin, l’inspiration de “Nunc dimittis“ est venue du
compositeur Arvo Pärt.
. le 1er octobre 2015 à 20h
Informations pratiques et réservations : www.opera-lausanne.ch
JULIEN BEHR ténors, DAVID WILSONJOHNSON baryton (Ravel). Théâtre de
Beaulieu
à
20h15
(loc.
022/807.00.00 / [email protected] ou sur
www.osr.ch ou chez Passion
Musique)
u 31.10. : Les
Concerts
Découvertes. LA CHÈVRE DE MONSIEUR
SEGUIN. O.C.L., dir. Piero Lombardi,
Comédien/nes de La Manufacture,
musique d’Olivier Penard. Salle
Métropole à 17h (Billetterie :
021/345.00.25)
théâtre
u jusqu’au 4.10. : HOME-MADE de et
m.e.s. Magali Tosato. VidyLausanne, La Passerelle (loc.
021/619.45.45)
u jusqu’au 4.10. : CLÔTURE DE L’AMOUR de et m.e.s. Pascal Rambert.
Vidy-Lausanne, salle Charles
Apothéloz, mer-ven-sam à 20h, jeu à
19h, dim à 15h (rés. 021/619.45.45 www.billetterie-vidy.ch)
u Jusqu’au 4.10. : PRENDS-EN DE LA
GRAINE de et m.e.s. Juan Cocho et
Diane Dugard. Le petithéâtre (réservation en ligne sur le site du théâtre)
e
n
u Jusqu’au 11.10. : LA VISITE DE LA
VIEILLE DAME de Friedrich Dürrenmatt,
par le Teatro Malandro, m.e.s. Omar
Porras. Théâtre Kléber-Méleau, marmer-jeu-sam à 19h, ven 20, dim à
17h30, relâche les lundis (billetterie
au 021 625 84 29 / [email protected])
u Jusqu’au 11.10. QUI EST MONSIEUR
SCHMITT de Sébastien Thiéry, m.e.s.
Alexandra Thys. Pulloff Théâtres,
Industrie 10, me/ve à 20h, ma/je/sa
à 19h, di à 18h (réservations en ligne
sur : www.pulloff.ch, ou au 021 311
44 22)
u 4 et 11.10. : TOUTE-PUISSANCE DE LA
POÉSIE de Maurice Chappaz, Philippe
Jaccottet et Gustave Roud, m.e.s.
Guillaume Chenevière. Théâtre
Kléber-Méleau, mar-mer-jeu-sam à
19h, ven 20, dim à 17h30, relâche les
lundis (billetterie au 021 625 84 29 /
[email protected])
u Du 6 au 9.10. : RÉPÉTITION de et
m.e.s. Pascal Rambert. VidyLausanne, salle Charles Apothéloz,
mar-jeu-sam à 19h, ven à 20h30 (rés.
021/619.45.45 - www.billetterievidy.ch)
u Du 6 au 15.10. : LA POSSIBLE IMPOSSIBLE
MAISON
par
Forced
d
a
m
Entertainment, m.e.s. Tim Etchells.
Vidy-Lausanne, salle René Gonzalez,
à 19h30, dim à 18h30, relâche lundi
(loc. 021/619.45.45)
u Du 7 au 11.10. : LE CAFÉ DES VOYAGEURS de et m.e.s. Coline Ladetto,
par La.La.La Cie. Théâtre 2.21, ven à
20h30, mer-jeu-sam à 19h, dim à 18h
(billetterie en ligne : www.theatre221.ch/abos-billets/reservations)
u Les 12 et 13.10. : VERKLÄRTE NACHT
par la Compagnie Rosas, chor. Anne
Teresa de Keersmaeker. VidyLausanne, salle Charles Apothéloz,
mar-jeu-sam à 19h, ven à 20h30 (rés.
021/619.45.45 - www.billetterievidy.ch)
u Du 22 au 31.10. : LE VOYAGE
D’ALICE EN SUISSE de Lukas Bärfuss,
m.e.s. Gian Manuel Rau. Théâtre La
Grange de Dorigny (rés.
021/692.21.24 + en ligne sur la page
du spectacle)
u Du 27 au 31.10. : SOUND OF MUSIC
de Christophe Fiat, chor. Olivier
Dubois. Vidy-Lausanne, salle Charles
Apothéloz, mar-jeu-sam à 19h, ven à
20h30 (rés. 021/619.45.45 www.billetterie-vidy.ch)
u Du 27.10. au 7.11. : LE MÉRIDIEN
d’après Paul Celan, m.e.s. Eric Didry.
Vidy-Lausanne, salle René Gonzalez,
à 19h30, dim à 18h30, relâche lundi
(loc. 021/619.45.45)
u Du 27.10. au 15.11. LA CORNEILLE
de Lise Vaillancourt, par la
Compagnie Marin, m.e.s. François
Marin. Pulloff Théâtres, Industrie 10,
me/ve à 20h, ma/je/sa à 19h, di à
18h (réservations en ligne sur :
www.pulloff.ch, ou au 021 311 44 22)
u Du 28.10. au 15.11. : JE M’APPELLE
JACK de Sandra Korol, m.e.s. Michel
Toman. Le petithéâtre (réservation
en ligne sur le site du théâtre)
opéra
u 2, 4, 7, 9, 11.10. : LA CENERENTOLA
de Gioacchino Rossini, dir. Stefano
Ranzani, Orchestre de Chambre de
Lausanne, m.e.s. Adriano Siniva.
Opéra de Lausanne (Billetterie :
021/315.40.20, lun-ven de 12h à 18h
/ en ligne et infos : www.opera-lausanne.ch)
u 14.10. : Forum Opéra - L’ENFANT ET
LES SORTILÈGES, Conférence de Yaël
Hêche. Salon Alice Bailly de l'Opéra
de Lausanne à 18h45 (Informations
sur www.forum-opera.ch)
danse
u 1.10. : MIKHAILOVSKY BALLET,
Without Words, Duende, Nunc
a
g
Dimittis, chor. Nacho Duato. Opéra
de Lausanne (Billetterie :
021/315.40.20, lun-ven de 12h à 18h
/ en ligne et infos : www.opera-lausanne.ch)
u Du 6 au 8.10. : BEYROUTH 1995,
chor. Cie 7273. Théâtre de L’Arsenic
(rés. en ligne)
divers
u Jusqu’au 4.10. : STRANGE DESIRE de
Ariane Moret, création autour de la
chanteuse et compositrice Peggy
Lee. Théâtre 2.21, mar-ven à 20h30,
mer-jeu-sam à 19h, dim à 18h (billetterie sur : www.theatre221.ch/abosbillets/reservations)
u Du 13 au 18.10. : LOVE ON THE
(MÉGA) BYTE, opérette numérique de
Lee Maddefort et Benjamin Knobil,
par la Cie 5/4e. Théâtre 2.21, à 21h,
dim à 17h (billetterie : www.theatre221.ch/abos-billets/reservations)
AILLEURS
annecy
BONLIEU SCÈNE NATIONALE aux Haras
d’Annecy, sauf mention contraire
(rens./rés. 04.50.33.44.11 / [email protected])
u Du 3 au 7.10. : 887 de et m.e.s.
Robert Lepage
u 6.10. : C’EST LA VIE d’après Peter
Turrini, m.e.s. Claude Brozzoni
u 9 et 10.10. : MULTIVERSE, chor.
Garry Stewart
u 14.10. : CONCERT QUINTET, RICHARD
BONA
u 16.10. : ORCHESTRE DES PAYS DE
SAVOIE – EROICA, dir. Nicolas Chalvin,
TEDI PAPAVRAMI, violon (Beethoven)
é
m
e
contraire (billetterie : Fribourg
Tourisme 026/350.11.00 / [email protected])
Equilibre: +41 26 350 11 00
u 6.10. : ORCHESTRE DE CHAMBRE
FRIBOURGEOIS, CONCERT 1, dir. Laurent
Gendre, ALEXEI VOLODIN, piano
(Schubert, Beethoven)
u 9.10. : TIGUIDOU par Brigitte
Rosset, m.e.s. Jean-Luc Barbezat et
Pierre Mifsud
u 13.10. : FOREVER 27 par le Theater
in Feiburg
u 24.10. : D’JAL PAR D’JAL, m.e.s.
Frank Cimière
u 30 et 31.10. : L’HISTOIRE DU SOLDAT
de Charles-Ferdinand Ramuz, m.e.s.
Omar Porras et le Teatro Malandro
givisiez
THÉÂTRE DES OSSES, 20h, di à 17h
(loc. 026/469.70.00)
u Du 16 au 25.10. : I BI NÜT VO HIE /
JE SUIS PAS D'ICI de et m.e.s. Carlos
Henriquez
o
la chaux-fds
THÉÂTRE POPULAIRE ROMAND / CENTRE
NEUCHÂTELOIS DES ARTS VIVANTS sauf
mention
contraire
(loc.
032/967.60.50 ou www.arcenscenes.ch/)
u Du 20 au 25.10. à Beau-Site : SILSKABOUL d’après Ella Maillart et
Annemarie Schwarzenbach, m.e.s.
Anne Bisang
u 30 et 31.10. à Beau-Site : BY HEART
de et par Tiago Rodrigues
u 31.10. et 1.11. à L’Heure bleue :
THE SEED CARRIERS de Stephen
Mottram
martigny
FONDATION GIANADDA, à 20h, dim à
17h sauf mention contraire (rés. +41
27 722 39 78)
u 14.10. : MURRAY PERAHIA, piano,
ORCHESTRE DE CHAMBRE DE LAUSANNE
(Beethoven)
u 15, 16 et 17.10. : LAVERIE PARADIS
de Claude-Inga Barbey. Théâtre
Alambic à 19h30, sam à 19h (rés. &
Sils-Kaboul
En juin 1939, alors que le monde commence sa longue descente aux
enfers, une Ford Roadster Deluxe quitte la Suisse. Direction Kaboul, via
l’Iran. A son bord deux femmes. Ella Maillart, ancienne sportive d’élite,
calme et robuste, voyageuse déjà célèbre. Et Annemarie Schwarzenbach,
météorite au beau visage
d’ange inconsolable dont l’existence est marquée par les passions, l’appel du lointain, les
amours homosexuelles et un
indéfectible mal de vivre.
Expédition
ethnographique pour l’une, tentative
d’échapper aux sirènes des
paradis artificiels pour l’autre.
Pour les deux, une façon de fuir
la désespérance d’une Europe
bientôt à feu et à sang dont les
déchirements finiront par les
rattraper.
Anne Bisang fait entendre
les voix de ces deux pionnières,
qui de ce périple ont chacune
fait un livre. Deux récits qui disent une même utopie : le désir de sauver
l’autre.
Anne Bisang, credit Guillaume Perret
. du 20 au 25 octobre 2015
fribourg
THÉÂTRE EQUILIBRE
Salle Equilibre à 20h, sauf mention
e
t
Beau-Site, La Chaux-de-Fonds
annemasse
RELAIS CHÂTEAU-ROUGE à 20h30
sauf mention contraire (loc.
+33/450.43.24.24)
u 1.10. : CLOC, m.e.s. Maxime
Delforges et Jérôme Helfenstein
u 3.10. : JEANNE ADDED + STEVANS
u 6 et 7.10. : LA 7ÈME VAGUE, m.e.s.
Camille
u 8 au 10.10. : BENOIT PARADIS TRIO
u 10.10. : AVISHAI COHEN TRIO
u 17.10. : ZOUFRIS MARACAS
n
n
Réservations : 032/967.60.50
En tournée : . Equilibre — Nuithonie— Fribourg. Du 21 au 23 janvier 2016
. Théâtre du Passage, Neuchâtel, Du 24 au 26 février 2016
d
a
93
m
é
m
loc. au 027/722.94.22 ou [email protected])
meyrin
THÉÂTRE FORUM MEYRIN
(loc. 022/989.34.34)
u 7 et 8.10. : BIRDY de William
Wharton, m.e.s. Emmanuel Meirieu
u 14.10. : LE 4ÈME SOUFFLE, par le
Collectif du 4ème souffle
u 15.10. : MAURANE
u 27 et 28.10. : BIGRE de Pierre
Guillois, par la Compagnie le Fils du
Grand Réseau
u 30 et 31.10. : QUANTUM par la
Compagnie Gilles Jobin
u 30 et 31.10. : EN QUÊTE DE LA MATIÈRE, documentaire de Mark Levinson
u 31.10. : ART ET SCIENCES
u 31.10. : LA FIÈVRE DES PARTICULES,
documentaire de Mark Levinson
mézières
94
THÉÂTRE DU JORAT à 20h, dim à 17h
(loc.
021/903.07.55
ou
[email protected])
u 3.10. : LE TOURBILLON EMILE JAQUESDALCROZE. Une fête polyvalente pour
marquer son 150 ème anniversaire
de naissance
monthey
THÉÂTRE DU CROCHETAN à 20h
(loc. 024/471.62.67)
u Du 1er au 4.10. : JOURNAL, m.e.s.
Stefan Hort
u 8 et 9.10. : TOUT IRA BIEN, de et
m.e.s. Jérôme Richer
u Du 13 au 16.10. : OBSESSION, chor.
Stéphanie Boll
montreux
Auditorium Stravinski, 20h15 sauf
mention contraire
(loc. 021/962.21.19)
u 2 au 4.10. : JAM SESSION MONTREUX
u 8.10. : MONTREUX JAZZ ACADEMY
u 9.10. : ORCHESTRE DE LA SUISSE
ROMANDE, dir. Cornelius Meister,
ALEXANDER GAVRYLYUK, piano
(Schumann, Bruckner)
morges
THÉÂTRE DE BEAUSOBRE à 20h sauf
mention contraire
(loc. 024/471.62.67)
u 8 et 9.10. : LA VERITÀ, par la
Compagnia Finzi Pasca
u 27.10. : LA COLÈRE DU TIGRE de
Philippe Madral, m.e.s. Christophe
Lidon
u 29.10. : DES GENS INTELLIGENTS de
e
n
t
Marc Fayet, m.e.s. José Paul
neuchâtel
THÉÂTRE DU PASSAGE. A 20h, di à 17h
(loc. 032/717.79.07)
u 22 et 23.10. : OLIVIA PEDROLI
u Du 22 au 24.10. : LA CERISAIE, par
la Cie du Passage et la Cie G.
Bouillon
u 25.10. : L’ART DU RIRE de et par Jos
Houben
u Du 27 au 29.10. : D’ACIER, m.e.s.
Robert Sandoz
u 28.10. : MÜNCHHAUSEN?, m.e.s.
Joan Mompart
THÉÂTRE DU POMMIER
(rés.. 032/725 05 05)
u 1er à 20h et 2.10. à 20h30 : LE ROI
SE MEURT d’Eugène Ionesco
u Du 8 au 11.10. : MADEMOISELLE
WERNER de Claude Bourgeys.
Horaire : jeu à 20h, ven-sam à 20h30,
dim à 17h
u Du 15 au 17.10. : LE ROI NU
d’Evgueni Schwartz. Horaire : jeu à
20h, ven-sam à 20h30
u 21 et 22.10. à 20h : GRANDEURS ET
DÉCADENCES. Sur les musiques de
Kurt Weill et Francis Poulenc
u Du 28 au 29.10. à 20h : LA PAIX PERPÉTUELLE de Juan Mayorga
u Du 30.10 au 8.11. : MARIONNETTES
- FESTIVAL INTERNATIONAL Du 31.10. au
1.11. : Dans L’Atelier / Du 1er au
2.11. : The King / Du 6 au 8.11. : La
Triste Figura
onex
SPECTACLES ONÉSIENS, salle communale à 20h30 (loc. 022/879.59.99
ou SCM 022/319.61.11)
u 1.10. : EMMA LE CLOWN, humour
u 8.10. : JONA, hip hop rap
u 9.10. : CHARLES PASI, blues-soul
u 11 et 14.10. : LULU ET CHICHILI,
clowns, dès 4 ans
pully
L’OCTOGONE, à 20h30 sauf mention
contraire (loc. 021/721.36.20)
u 3.10. : MARIANNE FAITHFULL
u 6.10. à 20h : Pour l’Art et le Lutrin.
QUATUOR ARTEMIS (Berlin) et MATAN
PORAT, piano (JS Bach/Piazzola,
Schumann, Brahms)
u 8.10. : L’ELIXIR D’AMOUR d’Eric-E.
Schmitt, m.e.s. Steve Suissa
u 28.10. : LA COLÈRE DU TIGRE de
Philippe Madral, m.e.s. Christophe
Lidon
a
g
o
rolle
ROSEY CONCERT HALL, à 20h15
(Billetterie : Ticketcorner)
u 6.10. : LE BAL d’après Irène
Nemirovski, m.e.s. Virginie Lemoine
u 13.10. : POUR L’AMOUR D’UN
STRADIVARIUS. La Camerata de
Lausanne & Pierre Amoyal, dir. et
violon. Cédric Cassimo, Animation
de sable. Fabrice Bessire, Mime
u 21.10. : ROYAL PHILHARMONIC
ORCHESTRA, dir. CHARLES DUTOIT &
KHATIA BUNIATISHVILI, piano (Chopin,
Dvorak
sion
THÉÂTRE DE VALÈRE à 20h15, sauf mention contraire (loc. 027/323.45.61)
u 1.10. : LES COQUELICOTS DES TRANCHÉES de Georges-Marie Jolidon et
Xavier Lemaire, m.e.s. Xavier
Lemaire
u 6.10. : LES STRADIVARIAS, dir.
Eduardo Ortega Egea
u 15.10. : TIGUIDOU de Brigitte
Rosset, m.e.s. Jean-Luc Barbezat
thonon-évian
MAISON DES ARTS DU LÉMAN, Espace
Maurice Novarina à 20h30, sauf mention contraire (loc. 04.50.71.39.47 ou
en ligne : billetterie.mal-thonon.org)
u Vendredi 2.10. à 20h : LE BAC 68.
Texte, m.e.s. et jeu : Philippe
Caubère
u Mercredi 7.10. à 10h à Evian,
Théâtre du Casino : LA BELLE ET LA
BÊTE de Roberto Anglisani et Liliana
Letterese, m.e.s. Roberto Anglisani.
Chorégraphie Caterina Tavolini
u Mardi 6.10. à 20h : LA DEMANDE
D’EMPLOI de Michel Vinaver, m.e.s.
René Loyon / Compagnie RL
u Vendredi 9.10. à 20h30 à Evian,
Grange au Lac : SNARKY PUPPY.
Jazz
u Mardi 13.10. à 20h : MY ROCK.
Chorégraphie et texte : Jean-Claude
Gallotta / CCN Grenoble Groupe
Emile Dubois / Ballet de 13 danseurs
u Vendredi 16.10. à 20h : ELDORADO
de Laurent Gaudé, m.e.s. Patrick
Mohr / Théâtre Spirale
u Samedi 17.10. à 20h à Evian,
Grange au Lac : ORCHESTRE
PHILHARMONIQUE DE BADEN-BADEN, dir.
Judith Kubitz / Violon : MARIA
SOLOZOBOVA.
Programme
:
Tchaikovski, Sibelius, Beethoven
u Dimanche 18.10. à 17h, Lundi 19 à
10h30 et 15h à Thonon, Théâtre M.
Novarina & Mardi 20.10. à 17h30 à
e
n
Douvaine, La Bulle & Mercredi
21.10. à 17h30 à Lullin, Salle des
fêtes : LE CIEL DES ROIS d’après l’œuvre de Dolf Verroen et Wolf
Erlbruch, m.e.s. et décors : Fabrizio
Montecchi. Teatro Gioco Vita
vevey
LE REFLET - THÉÂTRE DE VEVEY. À
19h30, dim à 17h sauf mention
contraire (rés. 021/925.94.94 ou
L@billetterie)
u 1.10. : OXMO PUCCINO TRIO
u 6.10. : Arts & Lettres. LAWRENCE
POWER, alto. SIMON CRAWFORD
PHILLIPS, piano. CHEN HALEVY, CLARINETTE (Mozart - Chostakovitch Maratka- Schumann - Bruch). Salle
del Castillo à 19h30 (loc. Le Reflet
+ 41 21 925 94 94)
u 8.10. : TIGUIDOU - TOUT LE MAL QUE
L’ON SE DONNE POUR SE FAIRE DU BIEN,
par Brigitte Rosset
u 20.10. : Arts & Lettres. TRIO JEAN
PAUL (Brahms - Dvořák). Salle del
Castillo à 19h30 (loc. Le Reflet
+ 41 21 925 94 94)
u Du 28.10. au 8.11. : FRÈRES
ENNEMIS de Racine. Cie Les
Célébrants. Oriental-Vevey,mer-jeuven à 20h, sam à 19h, dim à 17h30
(rés. 021/925.35.90 ou www.orientalvevey.ch)
u 30 et 31.10. : BIGRE par Pierre
Guillois
villars s/gl.
NUITHONIE, à 20h (loc. Fribourg
Tourisme 026/350.11.00 / [email protected],
ou
Nuithonie: 026 407 51 51)
u 7.10. : LE NOSHOW de et m.e.s.
Alexandre Fecteau
u 9.10. : BAL DES 10 ANS
u 11.10. : JOURNÉE FAMILIALE, fête
des 10 ans
u 11.10. : CRÉATION originale pour
les 10 ans de Domenico Carli
yverdon
THÉÂTRE BENNO BESSON
(loc. 024/423.65.84)
u 21.10. : ALBRECHT MAYER, hautbois
u Du 28.10. au 2.11. : ELDORADO de
Laurent Gaudé, m.e.s. Patrick Mohr
THÉÂTRE DE L’ECHANDOLE (loc.
024/423.65.84 ou 024/423.65.89
une heure avant le spectacle
u 8.10. : OLIVIA PEDROLI, jazz
u 22.10. : DES FOURMIS DANS LES
MAINS, musique
u 28.10. : OBSESSION, chor. Stéphanie
Boll
d
a
SAMEDI 3 OCTOBRE 2015 – 20H30
Création à Avignon / Nouvelle Production
SAMEDI 27 FÉVRIER 2016 – 20H30
DIMANCHE 28 FÉVRIER 2016 – 14H30
HAËNDEL
OFFENBACH
ACIS AND
GALATEA*
LA VIE PARISIENNE
DIMANCHE 20 MARS 2016 – 14H30
MARDI 22 MARS 2016 – 20H30
DIMANCHE 29 NOVEMBRE 2015 – 14H30
MARDI 1er DÉCEMBRE 2015 – 20H30
LEIGH
L’HOMME
DE LA MANCHA
DELIBES
LAKMÉ
DIMANCHE 24 AVRIL 2016 – 14H30
MARDI 26 AVRIL 2016 – 20H30
DONIZETTI
SAMEDI 26 DÉCEMBRE 2015 – 20H30
DIMANCHE 27 DÉCEMBRE 2015 – 14H30
JEUDI 31 DÉCEMBRE 2015 – 20H30
Nouvelle Production
LUCIA DI
LAMMERMOOR
STRAUSS
LA CHAUVE-SOURIS
DIMANCHE 15 MAI 2016 – 14H30
MARDI 17 MAI 2016 – 20H30
Création mondiale de la version scénique
DIMANCHE 24 JANVIER 2016 – 14H30
MERCREDI 27 JANVIER 2016 – 20H30
Création à Avignon
EÖTVÖS
SENZA SANGUE*
Création à Avignon
DONIZETTI
MARIA STUARDA*
Version concertante
BARTÓK
LE CHATEAU
DE BARBE-BLEUE*
MERCREDI 10 FÉVRIER 2016 – 20H30
DIMANCHE 5 JUIN 2016 – 14H30
MARDI 7 JUIN 2016 – 20H00
Création à Avignon
PURCELL
BIZET
CARMEN
SAISON 2015 / 2016
RÉSERVATIONS 04 90 14 26 40
www.operagrandavignon.fr
*pour la première fois à l’Opéra Grand Avignon
THE FAIRY QUEEN*