opéra - Scènes Magazine
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scènes magazine serena malfi à l’opéra de lausanne © Francesco Squeglia ISSN 1016-9415 276 / octobre 2015 CHF. 12.-- 12 € DANSE À EQUILIBRE ROBOT ! COMPAGNIE BLANCA LI VE 13 SA 14 EQUILIBRE NOVEMBRE DANSE VE 13 2015 SA 14 Après New-York, le premier spectacle NOVEMBRE pour danseurs et robots fait2015 halte Après New-York, à Equilibre. le premier spectacle Une création pour danseurs fascinante ! et robots fait halte à RéservationsEquilibre. : Fribourg Une et création Tourisme Région 026 350 11 00 ! fascinante Vente en ligne www.equilibre-nuithonie.ch et print@home sur Réservations Fribourg www.equilibre-nuithonie.ch Tourisme et Région 026 350 11 00 s o m m a i r e 66 cinéma 8 9 9 10 11 12 16 cine die / raymond scholer les cinémas du grütli / christian bernard lausanne : underground film festival / anthony bekirov lyon : festival lumière / anthony bekirov ciné-club universitaire / émilien gür sous la loupe : l’inquiet de miguel gomes / é. gür, s. lachat les films du mois / serge lachat, paola mori cinémathèque suisse / raymond scholer théâtre 18 18 20 21 22 23 24 26 27 28 entretien : mathieu bertholet / jérôme zanetta la comédie : voyage au bout de la nuit / anthony bekirov le galpon : d’octobre à décembre / frank fredenrich le crève-cœur : la saison d’après / rosine schautz théâtre du grütli : saison de créations / kathereen abhervé théâtre de carouge : marivaux par lui-même / frank fredenrich vidy : olivia pedroli / nancy bruchez entretien : guillaume béguin / jérôme zanetta lausanne : entente théâtrale / anthony bekirov 30 31 32 33 34 35 36 38 39 40 41 agenda genevois / martina diaz portrait : esa-pekka salonen / éric pousaz portrait : jean-guihen queyras / yves allaz orchestre de chambre de lausanne : saison / beata zakes rosey concert hall : saison / beata zakes entretien : paul meyer / pierre jaquet bfm : les 15 ans des jeudis du piano / christian bernard agenda romand / yves allaz entretien : eve-maud hubeaux / martine duruz jazz classics : saison / julie bauer jazz onze+ / frank dayen saisons à vevey et martigny / yves allaz 43 44 46 47 48 49 50 51 grand théâtre : la belle hélène / martine duruz grand théâtre : charles dutoit & berlioz / pierre-rené serna entretien : éric vigié / kathereen abhervé entretien : serena malfi & la cenerentola / gabriele bucchi entretien : françois le roux & my fair lady / pierre-rené serna entretien : daniel kawka & les mamelles de tirésias / k. abhervé portrait : julie fuchs & la fille du régiment / christian wasselin entretien : diego fasolis & ariodante / gabriele bucchi entretien : jean-yves ossonce & faust / pierre-rené serna 54 55 55 55 56 57 58 59 grand théâtre de genève / éric pousaz opernhaus, zurich / éric pousaz stadttheater bern / éric pousaz theater basel / éric pousaz opéra du rhin, strasbourg / éric pousaz berlin : saisons lyriques / éric pousaz vienne : saisons lyriques / éric pousaz la scala, milan / éric pousaz londres : saisons lyriques / éric pousaz musique 29 29 opéra 42 42 opéra - saisons 53 53 276 / octobre 2015 60 61 62 62 62 63 63 64 metropolitan opera, new york / régine kopp opéra grand avignon / françois jestin opéra de marseille / françois jestin opéra de montpellier / françois jestin opéra de saint-étienne / françois jestin opéra de monte-carlo / françois jestin opéra de nice / françois jestin opéra de lyon / christine ramel 68 69 70 entretien : anne bruschweiler / laurence tièche théâtre de beausobre, morges / nancy bruchez nuithonie : un anniversaire pluriel / valérie vuille bonlieu annecy : les spectacles du mois spectacles 66 66 livres 71 71 festivals 72 72 entretien : jean starobinski / émilien gür 72 73 74 75 lucerne : festival en été / emmanuèle rüegger festival de colmar / pierre jaquet festival berlioz / pierre-rené serna pesaro : rossini festival / françois jestin vérone : festival / françois jestin 78 78 79 79 80 80 81 81 musée d’ethnographie : le bouddhisme / nadia el beblawi mémento beaux-arts : france château de compiègne : marcello mémento beaux-arts : ailleurs royal academy, londres : jean-étienne liotard mémento beaux-arts : suisse romande ferme de la chapelle : mémoire du vivant mémento beaux-arts : suisse alémanique musée des beaux-arts de berne : toulouse-lautrec 83 85 86 86 86 87 87 saisons lyriques / pierre-rené serna saisons théâtrales / régine kopp sélection musicale d’octobre / françois lesueur mémento théâtre théâtre la bruyère : les vœux du cœur odéon - théâtre de l’europe : ivanov mémento expositions musée de montmartre : utrillo, valadon et utter expositions 76 76 paris 82 82 les mémentos 89 89 90 91 92 93 encarts : concerts temps & musique et les grands interprètes au conservatoire / alexander gavrylyuk au victoria hall / cyrano au théâtre am stram gram encarts - estelle revaz à l’abri / hommage à pierre wissmer / encarts - capella genevensis au musée ariana / d’acier à genève et neuchâtel encarts - mikhailovsky ballet à l’opéra de lausanne encarts - sils-kaboul au tpr ABONNEZ-VOUS! 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Au moment de la célébration du 500e anniversaire de la bataille de Marignan, les vieilles antiennes et autres démons périmés des mythes patriotiques refont surface. On parle à nouveau la langue légendaire du pathos, du sensible et de l’affect, d’autant plus dès que le politique se mêle au débat social et historique. La fièvre des mémoires politisées, des politiques de la mémoire, s’empare une nouvelle fois des thèmes nationaux tels que la neutralité suisse, et plus loin, du rôle effectif de cette neutralité helvétique lors de la Seconde Guerre mondiale. Et l’éculée querelle du rôle de l’école dans l’enseignement de l’histoire et de la culture suisse de resurgir à son tour dans le débat public. On se souvient encore des mots de l’ancien Président français François Mitterrand qui pensait lui aussi qu’un « peuple qui n’enseigne pas son histoire est un peuple qui perd son identité ». L’histoire, veine de l’identité nationale ? Vraiment ? Au-delà de la fumée épaisse de ce faux débat, c’est en fait un autre péril qui doit plutôt être identifié et faire l’objet de toute notre attention. Derrière la scène publique, dans la pénombre, se trame le surgissement de la mémoire, laquelle semble basculer l’histoire scientifique dans le magma mythique des commémorations festives. Cette écume mémorielle qui semble actuellement toucher l’Helvétie, nous pouvons déjà l’observer dans la commémorationnite aiguë qui frappe nos voisins européens depuis maintenant plus d’une dizaine d’années. Il suffira de se souvenir de l’année dernière en France, centenaire de la Grande Guerre oblige, pour confirmer que la fièvre mémorielle s’empare des esprits et crée des commotions identitaires collectives. Or, cette tension entre histoire, politique et mémoire devient dangereuse lorsqu’on se souvient des mots prophétiques de Tzvetan Todorov, lequel nous avertissait déjà que « les enjeux de la mémoire sont trop grands pour être laissés à l’enthousiasme ou à la colère ». Nul doute en effet que dans leur tentative de récupérer les faits glorieux d’un passé national légendaire, quelques politiques, Sirènes des temps modernes, écarteront immédiatement toute analyse historique rationnelle des récits du passé pour n’en garder que les éléments sensibles, sur lesquels tout bon discours politique moderne pourra venir se greffer. La grand-messe de la commémoration de Marignan, fêtée cette année, nous ramène alors étrangement à ce que nous avions déjà pu entendre dans les arènes politiques lors de la célébration du 700e de la naissance de la Confédération helvétique. Est-ce cette histoire bâillonnée et aveuglée que nous souhaitons pour notre société ? Est-ce une vision récupérée et instrumentalisée de la mémoire par le politique dont nous voulons que nos écoles héritent pour enseigner les futures générations ? Pourtant, n’en déplaise à ceux qui voudraient en détourner le sens, l’histoire scientifique et académique a encore de beaux jours devant elle. On s’étonnera donc que, trop concentrés sur les énièmes réformes à imposer à l’école comme à la culture en général, transformées pour l’occasion en urgences de la société, quelques pompiers pyromanes trop inspirés aient oublié la pléthore de livres historiques intelligents récemment publiés sur le passé suisse. De François Walter à Georg Kreis, en passant par Georges Andrey, sans oublier le travail sérieux de Dominique Dirlewanger ou Olivier Meuwly, nombre d’historiens qualifiés, sans attendre les polémiques mémorielles récentes, ont écrits des ouvrages – dans la grande tradition des Favez, Bergier et Jost – qui n’attendent plus qu’on les lise et les enseigne véritablement, ce qui pourrait suffire à éteindre rapidement les feux de la discorde et réduire les velléités politiques à s’emparer du passé des Suisses pour parler d’identité au présent. D’ailleurs, la commémoration, récupération du passé par le politique, n’estelle pas devenue seulement « une manière de faire de la politique quand on ne peut pas faire grand chose d’autre » comme le rappelait l’historien François Hartog ? Dont acte.. CR/SCENES MAGAZINE scènes magazine case postale 48 - 1211 Genève 4 Tél. (022) 346 96 43 de France 00-41-22 346 96 43 www.scenesmagazine.com e-mail : [email protected] c i n é m a le cinéma au jour le jour Cine Die 15e NIFFF (suite) 6 Sphère Anglo-saxonne Commençons tout en bas de l’échelle avec Bridgend, le très démagogique film du Danois Jeppe Ronde, qui s’est déplacé dans cette vallée du Pays de Galles pour nous composer sa complainte sur la malédiction qui frappe les jeunes du coin : ils affichent le plus haut taux de suicides du Royaume Uni. Le réalisateur veut ramener tout à une démission des parents. Mais à voir les comportements tribaux crétins de ces ados, on regrette tout simplement qu’ils n’en finissent pas plus vite. Au lieu de s’apitoyer sur des ados, le cinéma ferait mieux de leur confier des rôles de héros où ils peuvent changer le cours des choses et améliorer le sort de leurs semblables. Deux films de science-fiction s’y attellent avec succès. Dans son troisième long métrage, Robot Overlords, le Britannique Jon Wright imagine les Îles Britanniques occupées par des robots envahisseurs, dont les astronefs parqués dans les hautes couches de l’atmosphère surveillent la planète comme les drones de la NSA. La population ne peut pas s’aventurer dehors et reçoit la nourriture à la maison par le truchement d’humains collabos comme Ben Kingsley. Pourtant des rumeurs persistantes parlent d’une armée de résistan- Arnold Schwarzenegger et Abigail Breslin dans «Maggie» Gemma Arterton et Ryan Reynolds dans «The Voices» père (Schwarzenegger en mode non violent, d’une sobriété étonnante) à une quarantaine ante mortem obligatoire, elle vit ses derniers jours avec sa famille à la ferme et, le moment venu, se suicide plutôt que d’obliger son père à la tuer. Dans We Are Still Here de Ted Geoghegan, Anne Sacchetti (Barbara Crampton, l’héroïne méga hot de Re-Animator (1985, Stuart Gordon)) et son mari se mettent au vert à la campagne pour refaire leur vie après la mort de Bobby, leur fils adulte. D’emblée, Anne a l’impression que l’esprit de Bobby les a accompagnés dans la maison qu’ils viennent de louer. Et le comportement des voisins laisse songeur : ils savent quelque chose, mais restent sibyllins. Après vingt minutes de film, nous savons que Bobby n’est que la portion congrue de ce qui hante la demeure. Contrairement aux films d’horreur qui accumulent les effets de surprise gratuits avec une régularité de chronomètre, celui-ci construit la tension méthodiquement et dévoile un nid de guêpes d’outre-tombe d’une rare complexité. The Voices constitue la première incursion de la Franco-Iranienne Marjane Satrapi dans le cinéma de genre. Sujet : la vie intérieure d’un tueur en série schizophrène. Mode : comédie. Tant qu’il n’est pas sous médication, Jerry (Ryan Reynolds) voit littéralement la vie en rose, partageant son appartement ordré avec un chien et un chat dotés de parole. Le chien a une vision hautement morale de son maître, le chat ne pense qu’à lui conseiller le summum d’égoïsme en toute chose. Le chien parle comme un intellectuel anglais, le chat comme un poivrot irlandais. Puisque ce sont les voix intérieures de Jerry, il s’imposait que Reynolds les parlât. Il le fait à merveille. Lorsque Jerry subit des contrariétés, si bénignes fussent-elles, il lui arrive de décapiter des dames comme Gemma Arterton et Anna Kendrick, avec les têtes desquelles, réunies dans son réfrigérateur, il converse. ce tapie au fond d’une mine abandonnée et un groupe de jeunes, déjouant facilement le réseau de surveillance, grâce à leurs connaissances de physique, se met en quête de la rejoindre. Turbo Kid des Canadiens François Simard et Anouk Whissell se déroule dans un monde post apocalyptique où un jeune motard débrouillard revêt les atours de son héros de BD favori pour sauver sa copine pétulante (qui se révèle androïde sans que cela modifie leur affection mutuelle) et contrecarrer les plans de Michael Ironside, borgne saigneur de guerre. C’est potache, gore et touchant tout à la fois. Dans Emelie, premier long métrage de l’Américain Michael Thelin, trois enfants réussissent à se débarrasser d’une babysitter démoniaque en mal de bébé qui veut emmener le plus jeune. Dans Maggie de l’Américain Henry Hobson, Abigail Breslin, la petite Miss Sunshine, qui a bien grandi, affirme la maturité de son talent en jouant avec une intériorisation accomplie une ado infectée condamnée à se transformer en zombie à l’occasion d’une pandémie virale qui a transformé les Etats-Unis en camp retranché. Arrachée par son a c t Patrick Stewart dans «Green Room» u a l i t é c i n é m a Public et jurys étaient à Neuchâtel sur la même longueur d’onde, car les meilleurs films de la compétition ont été primés : The Invitation de Karyn Kusama (prix du jury de la critique internationale) et Green Room de Jeremy Saulnier (« Narcisse » du meilleur film, Prix de la jeunesse, Prix RTS du public). Green Room est un survival qui (dans la lignée du précédent film du réalisateur américain, Blue Ruin (2013)) ne fait aucune concession au confort moral du public. Un groupe de punk rock se produit dans un établissement louche en pleine forêt, devient inopinément témoin d’un assassinat crapuleux et signe de ce fait son arrêt de mort. Il s’avère que le bouge est géré par une meute de trafiquants néonazis dirigés par Patrick Stewart. La peur stimule l’inventivité et les musiciens apprennent à lutter vite et mourir bien. The Invitation commence par un dîner entre amis et se termine en jeu de massacre. Will et son amie Kira ont en effet étés invités par l’ex de Will, dont il s’était séparé après la mort de leur fils deux ans plus tôt. Elle est remariée maintenant et semble ravie de retrou-ver Will et ses amis. Au fil des bavardages, Will sent que quelque chose ne tourne pas rond et que leurs hôtes ont de sinistres intentions. Si vous pensez à l’Ordre du Temple Solaire, vous êtes sur la bonne piste. A part les dernières vingt minutes, toute la tension du film est distillée par les dialogues et les regards dans une mise en scène tirée au cordeau. Kusama a fait du chemin depuis Aeon Flux (2005). Kodi Smit-McPhee et Michael Fassbender dans «Slow West» Mon coup de cœur du festival, Slow West, n’avait rien à voir avec le fantastique. Il s’agit du premier film de l’Anglais John Maclean. Ce n’est rien de moins qu’une véritable réinvention du western. Jay, un jeune aristocrate écossais traverse l’Ouest américain au lendemain de la guerre de Sécession à la recherche de sa bien-aimée : une altercation entre son père et celui, roturier, de la jeune fille avait abouti à la malencontreuse mort du laird, et père et fille avaient préféré émigrer illico. La candeur du jeune pèlerin ne manque pas de séduire un repris de justice cynique (Michael Fassbender) qui, contre pièces sonnantes et trébuchantes, offre de le protéger dans son périple. Le jeune homme ne se rend pas compte que le temps presse, car la justice écossaise fait rechercher les fuyards et les chasseurs de primes sont sur leurs traces. Ils espèrent que Jay les conduira innocemment vers leur fortune. Intelligence rusée, humour sec et violence abrupte résument l’esprit du film qui fait penser aux Frères Coen. Le réalisateur s’intéresse manifestement moins à l’histoire d’amour juvénile qu’au prix exorbitant que doivent payer les immigrants pour se faire une place au soleil dans le Nouveau Monde. La « destinée manifeste » exige manifestement des sacrifices énormes. La fusillade ultime fait fi des sensibilités trop délicates du public, mais la fin du film est parfaite : non sentimentale, mais pas non a c t u a l romantique, suggérant que même dans la mort peut se cacher la possibilité d’un nouveau recommencement. 68e Festival del Film, Locarno Compétition Internationale Les 3 films (sur 19) que j’ai vus de la compétition ont remporté deux prix et une mention spéciale. Tikkun de l’Israélien Avishai Sivan est le plus innovateur. Il décrit l’éveil à la sensualité d’un érudit juif ultra-orthodoxe à la suite d’un jeûne prolongé qu’il s’est imposé. Lorsqu’il perd conscience et que les secouristes le déclarent mort, son père tente à son tour de le ranimer et, miracle !, Haim-Aron revient à la vie. Il s’émerveille de la nature, sort la nuit sur la plage pour jouir de la sensation du vent sur sa peau, se baigne dans la mer, dort le jour au-dessus des saintes écritures, se laisse prendre en stop par des conductrices, va dans un bordel, bref, viole à tout instant les strictes lois de sa communauté. Les rabbins sont outrés de ces transgressions. Son père est tourmenté par la peur d’avoir contrarié Dieu en le réanimant. Sachant son fils en exploration nocturne, il libère le bétail qui attend son heure dans l’antichambre des abattoirs où il officie comme boucher, livrant à Dieu un instrument pour reprendre Haim-Aron auprès de lui, car les vaches s’égarent dans le brouillard épais sur les routes et un accident est alors si vite arrivé. Filmé dans scope noir blanc époustouflant (qui a à juste titre remporté une mention spéciale), Tikkun a aussi reçu le Prix Spécial du Jury. Schneider vs. Bax du Néerlandais Alex van Warmerdam est une jouissive escapade de l’auteur de De Noorderlingen (1992) dans le cinéma de genre. Il n’a malheureusement pas eu de prix. Il relate une journée de travail dans la vie d’un bon père de famille, Schneider, tueur à gages de son état. Le jour de son anniversaire, il reçoit un contrat que le mandataire lui assure simple. Il s’agit de liquider Raymond Bax, un écrivain qui vit seul sur un ilôt du marais, pas loin. Sauf que ce jour-là celui-ci est avec sa maîtresse et il attend sa fille à déjeuner. En plus, il sait qu’un tueur va venir lui rendre visite. Et Schneider apprend à l’occasion de sms qui se croisent que c’est le mandataire même qui a mis Bax au courant. Les dés sont donc grandement pipés et l’histoire se corse avec d’autres arrivées à l’improviste. Le cinéaste dénoue tout ça avec brio et montre comment une innocente jeune femme peut amadouer un tueur sans piper mot. Il aurait dû avoir le Pardo de la meilleure réalisation. Celui-là est allé, hélas, à Cosmos, où Andrzej «Tikkun» Zulawski se vautre dans l’absurdité énigmatique, excentrique et excitée de Gombrowicz avec force logorrhées à la fois dans la langue de Molière et un idiome plus idiot proféré par le seul Jean-François Balmer. Tout cela relève du goût acquis. Au mois prochain Raymond Scholer i t é 7 c i n é m a les cinémas du grütli El botón de nacár, Une Jeunesse allemande En attendant les rétrospectives Naruse et Bellochio annoncées pour novembre, deux sorties ce mois méritent le détour, sans oublier, dès le 21 octobre, le 2e volet des Mille et une nuits de Miguel Gomes : L’Enchanté. El botón de nacár 8 (Chili, 2015) A la fois documentaire politique et essai poétique, El botón de nacár est un tombeau dressé par le Chilien Patricio Guzmán à ceux qui en ont été privés : les Indiens de Patagonie colonisés dès 1883, les disparus du coup d’état de 1973 dont les corps attachés à des rails de chemin de fer étaient jetés dans l’océan depuis des hélicoptères. Le bouton de nacre du titre, c’est le prix payé à un Indien de Patagonie pour qu’il accep- ception du drame vécu par les Indiens d’Amérique, du plus ancien (la quasi disparition des Caraïbes) au plus actuel (la conquête de l’Amazonie) en passant par les Incas, Aztèques et les tribus d’Amérique du Nord. Il faut désormais leur adjoindre dans notre mémoire celui des nomades de la mer habitant les nombreuses îles de la Patagonie. Donnant la parole aux derniers locuteurs (ils ne sont plus que deux dizaines) d’une langue parlée depuis des milliers d’années, Guzmán leur permet d’évoquer la rudesse dans ces eaux glacées d’une vie où l’indifférence générale, sauf, brièvement, sous la présidence d’Allende qui a procédé à quelques restitutions de terres… Dans une deuxième volet, Guzmán s’attache à la mémoire d’autres disparus ou survivants, ceux de la répression qui s’est abattue sur les partisans d’Allende. L’île de Dawson où des centaines d’Indiens étaient morts dans les Missions a été transformée en camp de concentration pour les ministres d’Allende et 700 de ses partisans vivant à Punta Arenas, capitale de la Patagonie. Guzmán en réunit quelques dizaines qu’il filme comme des survivants. Mais l’hommage le plus fort est celui rendu aux quelques 1200 à 1400 jetés à la mer. A travers les témoignages d’un médecin légiste ou d’un pilote d’hélicoptère, mais aussi à travers des reconstitutions, le spectateur peut se faire une image terriblement précise des tortures subies et des mises à mort. Politique, le film est en même temps un essai poétique sur l’eau comme source de vie composant les ¾ de la matière. Thème omniprésent, il l’est dans les superbes images de la Patagonie où tout est mer, nuages, pluie, glaces et vent (grande sensibilité aux éléments aussi dans la bande-son). Il l’est également dans une méditation “cosmique” à partir de la grande conversation des éléments, de la Terre et du cosmos. Semblant partager la conviction des Indiens que l’eau, donc la vie, vient du cosmos, apportée par une comète, et que les âmes survivent sous forme d’étoiles, Guzmán en vient à s’interroger en voix-off sur la possibilité de trouver refuge sur des étoiles où l’eau serait présente. Et là, libre à chacun d’adhérer ou non. Une Jeunesse allemande «Le Bouton de nacre» © Trigon film te de s’embarquer sur un bateau anglais venu faire des repérages au XIXe siècle. Devenu un gentleman anglais sous le nom de Jeremy Button (!) il a pourtant voulu revenir en Patagonie où il a enlevé ses vêtements anglais, s’est laissé pousser les cheveux, mais, parlant moitié anglais moitié dans sa langue, n’est jamais redevenu ce qu’il avait été. Mais c’est aussi le bouton de nacre incrusté dans les sédiments marins enveloppant un rail de chemin de fer retrouvé par des plongeurs partis sur les traces des disparus. On le voit, Guzmán a le sens de la forme. Première vertu du film : élargir notre per- a ramer et plonger était jusqu’à tout récemment une question de survie. Alternant les photographies d’époque et son propre commentaire, il décrit le sort d’un peuple - ils étaient encore 8000 au 18e siècle – qui a connu depuis 150 ans une colonisation accélérée. Selon le même processus et avec les mêmes conséquences qu’ailleurs : privés de leur langue, de leur religion, de leurs canoës, victimes à la fois du choc microbien (les vêtements distribués étaient infectés) et de la chasse encouragée par les éleveurs (une livre pour un sein ou un testicule; une demi-livre pour une oreille d’enfant), ils survivent dans l’alcoolisme et la misère dans c t u a (F, CH, D, 2015) Sorti en première internationale à Visions du Réel cette année, le film du cinéaste français Jean-Gabriel Périot est un film de montage d’archives retraçant le parcours d’Ulrike Meinhof, Holger Meins, Andreas Baader et Gudrun Enslin, soit le noyau dur de la “Rote Armee Fraktion” (RFA), groupuscule radical ayant connu une notoriété internationale dans les années 70. Il permet de suivre la radicalisation progressive d’enfants de la bourgeoisie, étudiants en Beaux-Arts et en cinéma (Baader, Meins), en linguistique et philosophie (Enslin), en pédagogie (Meinhof) de plus en plus convaincus de l’impuissance de leurs mots et de leurs images à changer la société et de la nécessité d’une révolution violente. Suivant la chronologie, le montage fait d’a- l i t é c i n é m a bord, pour les années 65-70, assez naturellement, la part belle aux films militants, qu’ils soient signés Meins ou Baader ou d’autres cinéastes comme Kluge ou Farocki, ainsi qu’aux interventions médiatiques d’Ulrike Meinhof, fréquemment invitée par les télévisions en tant qu’éditorialiste principale du magazine Konkret (la vigueur et l’intelligence de ses dénonciations n’excluant pas la fixité dogmatique). Pour les années 70 et le passage à l’action directe qui leur vaut des arrestations jusqu’aux “suicides” en prison en 1977, c’est le recours aux reportages des journaux télévisés qui domine. Si le film prouve que la construction d’un récit historiographique par le seul montage d’archives sans commentaire (mais avec l’ajout de musiques) s’avère possible, si nombre d’archives sont fascinantes (les discours d’Helmut Schmidt ou de Franz Josef Strauß en septembre 1977 après l’assassinat du patron des patrons allemand, entre autres), le montage pêche par l’insuffisance de l’identification de ces archi- «Une jeunesse allemande» de Jean-Gabriel Périot ves. Surtout dans la première partie, le spectateur doit constamment faire un effort pour comprendre qui s’exprime et selon quel point-devue (a-t-on à faire à un extrait de film militant, de film sur les militants, de téléjournal?). Cet effort est d’une certaine manière stimulant, mais rapidement l’absence de hiérarchie entre les 14ème édition, du 14 au 18 octobre 2015 Lausanne Underground Film Festival La programmation cinématographique la plus désaxée de Suisse Romande (les intéressés osent même avancer « du monde ») revient ce 14 octobre avec le LUFF, festival-spéléologue qui se dévoue à ramener les obscures pépites souterraines à nos yeux souvent mal préparés pour ces éclats des profondeurs. Et c’est d’abord en Suisse que ces globe-trotteurs autoproclamés dénichent le cinéaste qu’ils mettront à l’honneur : Erwin C. Dietrich. Magnat du cinéma d’exploitation graveleux des années ’70, ce dernier produisit pas moins de 70 galettes érotiques durant cette seule décade, et cela sans compter ses propres réalisations, employant les grands noms du genre (Jesús Franco, Antonio Margheriti, …) afin de profiter de la révolution sexuelle dont était lourde l’époque. Egalement attendue, une rétrospective du peu prolifique cinéastekazakh Rashid Nugmanov (5 films à son compteur), qui a marqué l’histoire du cinéma par l’initiation du mouvement de la Nouvelle Vague Kazakh, grâce à son “Igla“ de 1988. Mais aussi les documentaires à limite du “mondo movie“ du sudafricain Ben Jay Crossman, et un tour d’horizon des cinéastes de Winnipeg, ville canadienne connue pour être le foyer du réa-lisateur Guy Madin, fameux pasticheur du cinéma muet. Enfin, le LUFF proposera une sélection dans l’œuvre de «Igla / L'Aiguille» (R. Nougmanov, 1988) l’autrichien Peter Tscherkassky, artisan de la pellicule, auteur d’une vingtaine de “found footage“ fabriqués à l’ancienne, à même l’argentique dans sa chambre noire. Ce qui sera l’occasion d’une carte blanche accordée au Filmmuseum de Vienne. Anthony Bekirov Rens. : www.luff.ch a c extraits manifeste le manque d’un regard sur eux, celui de l’auteur, qui n’est jamais assumé. Le grand défaut du film est de ne pas consacrer une seule seconde à expliciter sa méthode, ce que tout historien aurait fait. Christian Bernard 7ème édition, du 12 au 18 octobre 2015 Festival Lumière de Lyon Cette année, le Prix Lumière récompensant l’entier de l’œuvre d’un cinéaste sera décerné à Martin Scorsese, qui concoctera pour l’occasion une programmation pour laquelle le festival lui donne carte blanche. La rétrospective dédiée au grand maître du 7ème art nippon Akira Kurosawa est alors d’autant plus pertinente si l’on se rappelle l’admiration que lui vouait Scorsese. Le festival, plutôt qu’un panorama complet de la filmographie fort imposante du Japonais, propose ses réalisations produites sous son contrat exclusif avec la compagnie Toho (qui continua malgré tout à distribuer plusieurs de ses films par la suite). Cela couvre ses réalisaMartin Scorsese tions de 1943, avec “Judo Saga“, à 1966 et “Akahige“. Deux autres rétrospectives sont également prévues. Tout d’abord, une sélection qui vient fêter les 30 ans d’existence du studio d’animation Pixar. Et dans un second temps, sept films en copies restaurées du grand naturaliste français Julien Duvivier, auteur notamment de “Poil de carotte“, “Au bonheur des dames“, ou encore “La fin du jour“ avec Michel Simon. Et pour rester dans le naturalisme, le réalisateur de la trilogie “Pusher“, de “Drive“ et “Only God Forgives“, le Danois Nicolas Winding Refn, sera l’invité du festival, aux côtés de Sophia Loren. Cette édition verra également la continuation des rendez-vous réguliers de l’événement : « Histoire permanente des femmes cinéastes » qui honorera Larissa Chepitko, et « Cinéma français », présenté par le réalisateur Bertrand Tavernier, qui couvrira les années 1930 à 1950. Anthony Bekirov Rens. : www.festival-lumiere.org/ t u a l i t é 9 c i n é m a ciné-club universitaire Antibourgeois Du 28 septembre au 14 décembre, le Ciné-club universitaire de Genève programme un cycle « antibourgeois ». La rétrospective fait la part belle au cinéma contestataire européen des années 1960-1970, dont les figures de proue s’appelaient Jean-Luc Godard, Pier Paolo Pasolini ou encore Rainer Werner Fassbinder. Le moment antibourgeois 10 « Antibourgeois » : assurément, le titre du cycle d’automne du Ciné-club universitaire provoque et intrigue. En effet, qu’entend-on exactement par cinéma « antibourgeois » ? La revue qui accompagne le cycle se révèle éclairante sur ce point : c’est une conception assez large de la notion qui a présidé à la sélection des films du cycle, consacré à un cinéma critiquant l’idéologie, les valeurs et le mode de vie bourgeois. Si les films des années 1960 prédominent au sein de la programmation, il ne s’agit pas de ceux que défendaient la ligne la plus dure des Cahiers du cinéma après leur virage à gauche dès 1969, considérant que seuls les films mettant en question leur statut d’artefacts étaient réellement critiques vis-à-vis de l’idéologie bourgeoise. Certes, La Chinoise (Jean-Luc Godard, 1967) et Tout va bien (JeanLuc Godard et Jean-Pierre Gorin, 1972) relèvent en partie de cette tendance, mais le spectre parcouru par le cycle est plus large. La programmation permet de mesurer l’importance qu’occupa la thématique antibourgeoise au sein du cinéma d’auteur européen des années 1960-1970, notamment en Italie, en France, en Allemagne et en Suisse. La Grande bouffe (Marco Ferreri, 1973) est emblématique de cette veine du cinéma d’auteur critique envers la bourgeoisie. Satire féroce de la société de consommation, le film relate l’expérience radicale menée par quatre amis appartenant à différents secteurs de la bourgeoisie, qui, par ennui et lassitude, s’enferment dans une villa pour se livrer à un suicide collectif en mangeant jusqu’à ce que mort s’en- a suive. La logique de répétition caractéristique de la vie bourgeoise est poussée à l’extrême dans ce film troublant et provocateur. Dans le champ de la production italienne, le chef-d’œuvre de Pasolini Teorema (1968) s’impose également comme un jalon essentiel de l’histoire du cinéma antibourgeois. Ce film magnifique et troublant, qui raconte la désagrégation d’une riche famille bourgeoise suite à la visite d’un mystérieux jeune homme, se veut une démonstration cinématographique de l’incapacité de «Theorema» de Pier Paolo Pasolini l’homme bourgeois à vivre l’expérience du sacré. Une phrase du roman du même titre, publié par Pasolini l’année même de la sortie du film, donne bien le ton de ce dernier : « si c’est l’antique monde paysan qui a légué à la bourgeoisie naissante (…) la volonté de posséder et de conserver, mais non le sentiment religieux qui lui était attaché, n’était-ce pas justice que de s’en indigner et de la maudire ? » la logique de domination et de pouvoir inhérente à cette dernière à travers une réflexion qui met en évidence l’analogie entre les rapports de force à l’œuvre au sein des relations sentimentales et ceux structurant la société capitaliste et bourgeoise. Chinesisches Roulette (1976), huis clos mettant en scène deux couples illégitimes pris dans l’engrenage d’un jeu de questions pervers, constitue une condamnation philosophique de la bourgeoisie. Buñuel, surréaliste et antibourgeois S’il ne s’inscrit pas dans la mouvance contestataire du cinéma d’auteur qui prit son essor à la fin des années 1960, Luis Buñuel ne s’impose pas moins comme une figure majeure du cinéma antibourgeois. Une grande partie de son œuvre, de L’Âge d’or au Fantôme de la liberté, démystifie non sans humour cette classe sociale, dont il met en lumière les contradictions, la mesquinerie et la vacuité dans un style qui emprunte beaucoup au surréalisme. Dans L’Ange exterminateur (1962), des représentants de la haute bourgeoisie mexicaine se voient empêchés par une force mystérieuse de sortir de la salle dans laquelle ils se sont réunis, tandis que dans Le Charme discret de la bourgeoisie (1972), deux familles bourgeoises tentent vainement d’organiser un repas, sans qu’aucune de leur tentative ne porte ses fruits. Ces deux films révèlent l’impuissance foncière de l’homme bourgeois, dont les tentatives désespérées de domestiquer la nature humaine se révèlent vaines. Cette vacuité éclate dans le dernier plan du Charme, où l’on voit les personnages du film marcher le long d’une route sans but, sans se demander même où ils vont. Devant la caméra de Buñuel, le mode de vie bourgeois apparaît placée sous le signe du refoulement et semble inéluctablement provoquer des troubles psychosexuels. Emilien Gür En Allemagne, durant ces mêmes années, c’est Rainer Werner Fassbinder qui s’impose parmi les réalisateurs de sa génération comme l’un des plus ouvertement critiques envers la bourgeoisie. Nombre de ses films mettent à nu c t u a Plus d’informations sur : http://a-c.ch/ccu l i t é c i n é m a sous la loupe Les Mille et une nuits : L’Inquiet Evénement cinéphilique très attendu de l’automne, la sortie des Mille et une nuits du cinéaste portugais Miguel Gomes divise la critique. Regards croisés de deux chroniqueurs de Scènes Magazine. Pas l’émerveillement attendu À l’heure où affluent sur les écrans nombre de fictions témoignant des difficultés que rencontrent les classes populaires européennes touchées par l’austérité, sans qu’aucune ne parvienne à atteindre l’atemporalité propre aux chefs-d’œuvre, le dernier opus de Miguel Gomes, encensé lors de sa présentation à la Quinzaine des Réalisateurs, suscitait de grandes attentes : que pouvait donc donner l’hybridation entre le film militant et la structure narrative des Mille et une Nuits, sachant que le réalisateur de Ce Cher mois d’août (2008) et de Tabou (2012) s’est révélé capable des alliages les plus étonnants ? Alors que dans son court-métrage Rédemption (2013) le cinéaste portugais dressait un brillant portrait de quatre dirigeants européens, sa rencontre avec le peuple portugais dans L’Inquiet, le premier volet de sa trilogie Les Mille et une Nuits, peine à susciter l’enchantement que délivraient ses précédentes réalisations. Le projet s’annonçait pourtant prometteur. Au cours d’un long prologue, Miguel Gomes s’adresse au spectateur en voix over, exposant son projet et relatant les difficultés rencontrées : comment, au sein d’un même film, à la fois « dire » la difficile condition du peuple portugais et raconter de belles histoires ? En attendant de trouver une solution à ce problème, le cinéaste et son équipe filment une grève d’ouvriers sur un chantier naval menacé de fermeture ainsi que la lutte d’un apiculteur contre une guêpe asiatique menaçant de décimer les abeilles de la région. Deux combats que rien ne lie au premier abord, mais dont l’enjeu est pourtant identique : il s’agit dans les deux cas de préserver les ressources qui permettent à chacun de « gagner sa vie ». Soudain le film bifurque, le projet de Gomes prend forme : fiction et politique se rejoignent au sein d’une série de contes ayant pour cadre le Portugal marqué par l’austérité. On peine pourtant à se satisfaire de cette solution : là où Ce a c t u renoncer) à tenir les rênes ! Il se contente de trier et de brasser des faits divers glanés partout dans le pays pour les transformer en une succession de (petites) histoires enfilées comme des perles sur un bâton par une Shéhérazade de pure fiction. On le voit, la liberté gagnée par le cinéaste « inquiet » est d’abord de ne plus choisir entre fiction et documentaire. Peuvent ainsi se superposer et se mêler des registres de narration et des tons fort divers (et ici, c’est à Pasolini et à La Ricotta qu’on peut penser). Ainsi, on peut passer de la fable sociale « des hommes qui bandent » (où l’on découvre que les économistes tout puissants de la « troïka » qui veulent imposer une austérité ignoble au Portugal ont en fait des troubles de l’érection que seul un magicien africain peut soigner grâce à un mystérieux spray dont l’effet dure douloureusement longtemps !) au conte populaire quasi médiéval de procès d’un coq qui chante la nuit et empêche les voisins de dormir, de l’histoire d’un triangle amoureux adolescent à un mini-roman par lettres, pardon, par SMS, de l’image d’une baleine échouée qui finit par exploser à un geste qui finalement « repoétise » le monde lorsqu’à l’instigation d’un syndicaliste les chômeurs vus à l’ouverture du Cher mois surprenait en glissant progressivement du documentaire vers la fiction, là où Tabou étonnait en basculant du Lisbonne contemporain vers un passé colonial fantasmé, L’Inquiet n’émerveille guère en s’aventurant soudainement sur le terrain du conte politique. La magie du récit fait défaut aux trois histoires qui forment le premier volet de la trilogie des Mille et une Nuits. Les contes se succèdent les uns aux autres, sans aucune transition, ce qui confère à L’Inquiet un air de « film à sketches » dénué de véritable cohésion. Il manque le rythme et l’énergie des récits à tiroir labyrinthiques, tels Le Manuscrit trouvé à Saragosse, brillamment adapté au cinéma par Wojiech Has en 1965. Si Miguel Gomes emprunte aux Mille et une Nuits sa structure, il n’en restitue malheureusement pas le pouvoir de séduction. «Les Mille et une Nuits - L’Inquiet» © Outside the Box Emilien Gür Proposition résolument nouvelle A l’ouverture de L’Inquiet, premier volet du triptyque de Miguel Gomes, le cinéaste, en même temps qu’il énonce son projet, en mesure soudain le caractère « impossible » : comment faire un film sur le Portugal en crise, soumis à une politique d’austérité catastrophique, comment faire un film politique qui mêle réalisme social et cinéma de poésie. Rien qu’à essayer de parler en même temps d’une grève sur un chantier naval et de la lutte d’un apiculteur contre une guêpe asiatique qui menace ses essaims, le cinéaste prend tellement peur qu’il s’enfuit. Pas de doute, l’inquiet du titre, c’est bien lui ! Ce début, qui n’est pas sans rappeler celui de 8 et demi, permet à Gomes de se lancer dans un film dont il renonce (ou fait semblant de a l i t film acceptent de prendre un bain de Nouvel-An dans la mer glaciale pour se laver de la noirceur de l’année écoulée ! Alors bien sûr certains diront que le film ne prend pas le spectateur dans un récit haletant, que ces histoires, par rapport à celles des Mille et une Nuits d’origine, manquent singulièrement de merveilleux. Il n’en reste pas moins que la proposition de Gomes est résolument nouvelle dans sa façon de proposer un cinéma politique qui parle du Portugal (et du monde) d’aujourd’hui en dépassant à la fois le document journalistique, le discours « économiste » et la « fiction de gauche » traditionnelle. On ne peut pas, c’est sûr, dire cela de beaucoup de films !!! Serge Lachat é 11 c i n é m a Les films du mois «Mustang» © Agora films 12 MUSTANG un film de Deniz Gamze Ergüven, avec Güneş Nezihe Şensoy, Doğa Zeynep Doğuşlu, Elit İşcan…(France-Turquie, 2015) A l’ouverture du film, l’année scolaire se termine. Filles et garçons en uniformes regagnent leur domicile. Le beau temps et la chaleur encouragent un retour à pied par le bord de mer. Tout le monde se baigne, habillé bien entendu, mais les jeux dans l’eau, bien que jeux d’enfants, sont chargés d’érotisme, surtout lorsque les filles montent sur les épaules des garçons pour des joutes aquatiques. Nous suivons cinq filles, cinq soeurs jusqu’à leur domicile où elles sont reçues avec des gifles par leur grand-mère qui a été avertie par une voisine de leur comportement « coupable ». L’arrivée de leur oncle ne fait que renforcer la violence des punitions, et les reproches qu’il adresse à sa mère nous font comprendre que les 5 filles ont perdu leurs parents et ont donc été élevées par cette grand-mère accusée de laxisme ! En voix off, la plus jeune et de la plus rebelle des filles, dresse un constat terrible : « En un battement de cil, notre vie tranquille a basculé dans une vie de merde ». Nous spectateurs comprenons que nous nous trouvons à 1000 kilomètres d’Istamboul et que le mode de vie traditionnel turc a repris ses droits. Les filles n’iront plus à l’école et, à la maison, seront formées pour être de parfaites épouses et ménagères (cuisine, couture, nettoyage). Dorénavant, leurs rares sorties au village se feront dans un vêtement tradi- a tionnel. Et comme elles cherchent encore des moyens de s’évader, la maison se transforme en prison, les murs sont surélevés, la propriété est fermée par des grillages et des barreaux sont fixés aux fenêtres. L’objectif est clairement de les marier le plus rapidement possible, mais leur réputation étant entachée, il faut d’abord les amener à l’hôpital pour un test de virginité ! La cinéaste réussit néanmoins à nous montrer l’incroyable capacité de résistance des ces filles, comme en témoigne l’épisode de la fugue collective pour assister à un match de foot (au public exclusivement féminin par représailles pour le comportement hyper-violent du public masculin au match précédent !) où elles sont filmées par la télévision, ce qui pousse une tante à faire sauter la centrale électrique du village pour que les hommes de la famille ne s’aperçoivent de rien. Mais l’ordre patriarcal règne et les deux plus grandes sont assez rapidement mariées, la première à l’homme qu’elle aime, la seconde à un homme pour lequel elle n’éprouve rien, ce qui la pousse à s’enivrer pendant la noce, avant de friser le déshonneur faute d’avoir pu montrer un drap ensanglanté après sa nuit de noces. Le film bascule même dans la tragédie lorsque la troisième sœur, humiliée par son oncle, se suicide avec le revolver qui servait à tirer des balles de bonheur lors des mariages. Dans une dernière partie épique, les deux plus jeunes sœurs réussissent à prendre la fuite lors d’une nouvelle cérémonie de demande en mariage et à gagner la capitale où la c t u a plus jeune retrouve sa professeur… Emporté par la fougue et la vitalité de ses cinq protagonistes, le film de la cinéaste turque (qui a étudié en France et est diplômée de la Fémis) se donne à la fois comme un pamphlet contre l’immobilisme d’une société turque figée dans ses traditions patriarcales et comme un conte. En effet, même si le film joue la carte du réalisme, la réalisatrice n'a pas peur des invraisemblances, des coups de force scénaristiques: non seulement la fin paraît trop belle, mais la capacité des filles à forcer toutes les barrières et à franchir tous les murs emporte le spectateur au-delà de la vérité documentaire, et le film, avec sa focalisation sur la plus jeune des protagonistes, oscille en permanence entre jeux de l'enfance et vraie révolte. Il n'en reste pas moins que la cinéaste nous montre une jeunesse féminine turque éduquée qui aspire au progrès et se bat de toutes ses forces contre l'immobilisme d'un régime patriarcal souvent soutenu par celles-là même qui en sont les premières victimes. Serge Lachat AU PLUS PRES DU SOLEIL un film d’Yves Angelo, avec Sylvie Testud, Grégory Gadebois, Mathilde Bisson (France, 2015) Le film s’ouvre sur une conversation téléphonique entre une maîtresse et son amant. Elle (Mathilde Bisson) l’enjoint de quitter sa femme et se propose de parler elle à sa femme s’il n’ose pas le faire. Harcelante, elle a suivi le couple dans un luxueux restaurant près d’une plage baignée de soleil et c’est de la table d’à côté qu’elle passe son coup de fil menaçant. Changement de registre complet lors de la séquence suivante. On se retrouve dans le cabinet d’une juge d’instruction (magistrale Sylvie Testud). La maîtresse, prénommée Juliette, est auditionnée pour des faits d’abus de faiblesse sur son amant dont on apprend qu’il vient de se suicider. Au cours de l’instruction, la magistrate va se rendre compte que la prévenue, qui a abandonné son enfant alors qu’elle n’avait que 13 ans et qui s’est ensui- l i t é c i n é m a te adonnée à la prostitution, n’est autre que la mère biologique du fils qu’elle a adopté. Olivier (Grégory Gadebois), le mari de Sophie, qui est avocat de profession, lui conseille de se dessaisir immédiatement de l’affaire, mais elle s’obstine et va instruire uniquement à charge contre Juliette. La situation se corse encore plus quand Olivier, à l’insu de sa femme, entre en relation avec Juliette sans lui révéler sa véritable identité. Sa mauvaise conscience le pousse à lui donner de l’argent sans rien demander en retour. Elle ne comprend pas le sens de ce geste jusqu’au jour où elle découvre qu’il est le mari de la juge ! Construite comme une tragédie en cinq actes, l’histoire est ancrée dans le milieu judiciaire. Yves Angelo a fait précisément le choix de confronter un personnage représentant de la magistrature à une problématique de vérité. Tout au long du film, les mensonges, les non dits, les omissions, la non transparence sont de mise. Tout le monde cache quelque chose à une ou plusieurs personnes. La raison est aussi mise à mal. Sophie ne se récuse pas, et Olivier, mari fidèle et intègre, se rapproche dangereusement de la vénéneuse Juliette. Les deux époux vivent chacun un conflit moral où ils sont partagés entre leurs pulsions et leur fonction sociale. Tous deux sont ancrés dans des valeurs professionnelles de morale et de déontologie. Pourtant les instincts primitifs vont prendre le pouvoir sur la raison. Et c’est bien de la dialectique instinct/raison qu’il est question tout au fil du récit. Contrairement à La tête haute d’Emmanuelle Bercot où les scènes situées dans le cabinet du juge jalonnent tout le film, dans Au plus près du soleil, on s’éloigne progressivement du palais de justice pour chan- «Au plus près du soleil» © Agora films ger complètement d’univers dans la dernière partie. Sophie et Olivier embarquent avec leur fils pour une croisière. Juliette, irrésistible sirène, est aussi du voyage. Echo à la scène initiale, la jeune femme est là où elle ne devrait pas être, semant la panique autour d’elle. Une fois en mer, plus moyen de s’enfuir du paquebot, d’échapper à son destin. La vérité va s’imposer avec violence. L’acte ultime de la tragédie pourra se jouer. Interrogeant la justice, la famille, la parentalité, l’adoption, le couple, la fidélité, l’embourgeoisement, le 6ème long-métrage d’Yves Angelo (Le colonnel Chabert, Les âmes grises) est servi par un brillant casting. Sylvie Testud, toujours impeccable, est parfaite dans son rôle de juge d’instruction à la fois sèche, sensible et efficace. Grégory Gadebois, dont la ressemblance avec le célèbre avocat Eric Dupond-Moretti est frappante, interprète avec justesse son rôle d’avocat impassible et à la force tranquille. Enfin mention spéciale à Mathilde Bisson, envoûtante c t u a Paola Mori MARGUERITE un film de Xavier Giannoli, avec Catherine Frot, André Marcon,Christa Théret, Sylvain Dieuaide,… (2015) Vaguement inspiré par l’histoire de Florence Foster Jenkins, cette milliardaire chanteuse d’opéra à la voix fausse, mais qui enregistrait des albums et qui même s’exposait sur scène, Xavier Giannoli nous peint en Marguerite Dumont une baronne richissime qui à la fin des années 20 chante devant un cercle « d’initiés » qui feignent l’émerveillement. Mais, pour le plus grand désespoir de son époux, elle aspire à plus : à monter sur une « vraie » scène, devant un « vrai » public ! Contrairement à Hergé, lui aussi paraît-il inspiré par Florence Foster Jenkins pour la Castafiore, Giannoli ne cherche jamais à se moquer de Marguerite ou à en accentuer le ridicule. Au contraire, aidé par une Catherine Frot absolument phénoménale, il met en avant l’abso- «Marguerite» © Praesens films a et sexy, sublime et vulgaire, charnelle et enjôleuse. A la fois lumineuse et solaire comme Emmanuelle Béart, instinctive et animale comme Béatrice Dalle ou Emmanuelle Seignier, la jeune comédienne s’impose dans ce qui est son premier grand rôle au cinéma. Servie par une caméra à l’épaule et de sobres plans séquences, dépourvue de musique, la mise en scène nous place au plus près de nos sensations. En filmant très souvent en gros plan les visages, Yves Angelo nous permet d’être au plus près de ses personnages, créant ainsi une relation intime entre le spectateur et eux. Brillant et captivant, éblouissant et perturbant, Au plus près du soleil est un film coup de poing. On en sort complètement sonné mais indéniablement conquis. l i t é 13 c i n é m a 14 lue sincérité et l’ingénuité de ce personnage. La volonté et l’obstination de Marguerite forcent l’admiration au point qu’on finit par se demander si le véritable artiste n’est pas moins dans la perfection polie de sa production que dans l’audace et les risques encourus. C’est d’ailleurs peut-être ce qui séduit les deux jeunes « admirateurs », venus pour s’amuser, et qui proposent à Marguerite de l’intégrer dans les recherches de nouveaux artistes iconoclastes (on pense à Dada) pour qui le « chanter faux » est une manière de mettre en question la culture établie. Mais là encore Giannoli suit son personnage incapable du moindre « second degré », mettant l’accent sur le vertige d’être en scène, sur la fascination d’être déguisé. Et là, Marguerite est aidée par son intendant noir qui lui est entièrement dévoué et qui lui sert de portier, de garde du corps, de chauffeur et surtout de photographe. En multipliant les magnifiques photographies (les prises et la chimie des différents bains donnent l’impression que la photographie relève moins de la chimie que de la magie d’une Marguerite portant le costume et le maquillage de tous les grands rôles du répertoire, il lui donne le plaisir incomparable d’avoir de nombreuses vies. De même, lorsque pour passer vraiment à la scène, Marguerite veut « apprendre », elle s’offre les services d’un chanteur vieillissant, accompagné d’une petite équipe, et que tous ne semblent en vouloir qu’à son argent, sa sincérité et son engagement finissent par troubler tout le monde. Et lorsqu’après un accident de corde vocale pour avoir voulu atteindre une note suraigüe le médecin est appelé à utiliser un appareil d’enregistrement pour faire entendre à Marguerite à quel point elle chante faux, le spectateur ne peut manquer de frémir devant la cruauté de cette « opération » ! Courageux, Giannoli l’est presqu’autant que son héroïne lorsqu’il prend le risque de soumettre son spectateur au spectacle et à l’audition pendant de longues séquences d’une cantatrice qui chante horriblement faux. Le film devient alors aussi « malaisant » que fascinant. C’est pourquoi je dois avouer ma déception lorsqu’à la fin du film on retombe dans le banal mélodrame, lorsqu’on nous explique que c’est pour reconquérir l’amour de son mari volage que Marguerite prend de tels risques, et surtout lorsque, dans son dernier chant, dans son chant du cygne, elle « sonne juste » et atteint soudain la perfection… Serge Lachat a LA PASSION D’AUGUSTINE un film de Léa Pool, avec Cécile Bonnier, Lysandre Ménard, Diane Lavallée,… (CAN., 2015) Léa Pool, cinéaste québécoise, suisse d’origine (et elle a toujours entretenu des liens avec la Suisse, par ses films (La Demoiselle sauvage, 1991, est une adaptation tournée en Valais du livre de Corinna Bille) et par sa présence au Festival de Locarno), nous propose, dans son dernier film, La Passion d’Augustine, un regard sur le Québec catholique des années 60 marquées par les secousses de Vatican II et le passage de fiés par l’arrivée de sa nièce Alice, musicienne incroyablement douée, mais aussi adolescente rebelle qui a beaucoup de peine à respecter la discipline du lieu. On le voit, Léa Pool recourt à différents ressorts classiques du mélodrame et du film d’éducation à l’américaine. C’est ainsi que la première histoire d’amour d’Alice fait remonter le souvenir du passé de Mère Augustine (on comprend qu’elle est entrée dans les ordres par désespoir amoureux), mais le film n’abuse pas trop de cette corde sensible et aborde souvent avec finesse les problèmes que posent l’arrivée des bouleversements imposés par Vatican II et l’obligation de quitter le voile. Léa Pool n’a pas oublié son passé féministe et dénonce le fait que Céline Bonnier et Lysandre Ménard dans «La Passion d’Augustine» © Filmcoopi l’école publique en mains laïques. C’est dans ce contexte que nous suivons le combat que doit mener Mère Augustine pour essayer de « sauver » son petit couvent des bords du Richelieu. Un pensionnat où les familles placent leurs filles surtout pour l’enseignement de la musique qui y est dispensé et qui permet aux élèves de rafler les prix de piano des plus prestigieux concours québécois. Dans ce moment délicat, les hauts responsables de la congrégation propriétaire du lieu, sous la pression de la laïcisation, cherchent à vendre l’établissement qui, par ailleurs, leur coûte particulièrement cher et leur semble accorder plus de place au travail musical qu’à l’étude religieuse proprement dite. Ce qui, soit dit en passant, nous vaut de longues plages musicales classiques (Bach, Mozart, Chopin, Lizst pour le piano fort bien interprétées, tout comme les chœurs qui ponctuent les différents moments de la journée. Les soucis de Mère Augustine sont ampli- c t u a les écoles religieuses prestigieuses sont maintenues pour les garçons qui constitueront la future élite québécoise et, à de très rares exceptions, supprimées pour les filles. S’attachant aux personnages secondaires, elle montre également ce qu’a pu représenter le choix de la voie religieuse pour des filles de la campagne… Sans innover sur le plan formel, sans être non plus un film de combat et malgré quelques longueurs qui le ralentissent excessivement, La Passion d’Augustine nous permet pourtant, derrière son histoire de famille et de pensionnat, de découvrir un moment important de l’histoire culturelle et religieuse du Québec. Serge Lachat l i t é Graphisme : theworkshop.ch | Les encombrants font leur cirque © Eric Legrand Cirque – Danse Théâtre Musique Collectif 4ème souffle 14 octobre Pierre Guillois 27 et 28 octobre 4 novembre Le 4ème Souffle Bigre Musique Danse 15 octobre Cie Gilles Jobin 30 et 31 octobre Maurane Quantum forum-meyrin.ch Place des Cinq-Continents 1 / 1217 Meyrin Billetterie + 41 22 989 34 34 Maria de la Paz canta Piazzolla Théâtre d’objets Les encombrants font leur cirque Théâtre La Licorne 11 novembre c i n é m a est l’ultime avertissement d’un cinéaste qui en avait gros sur le cœur à cause de la turpitude du genre humain. octobre à la Cinémathèque suisse Francesco Rosi 16 Aucun des 16 longs métrages (souvent de véritables films-dossiers) de ce cinéaste napolitain engagé, figure de proue de Positif, ne manque à l’appel. Le réalisme critique se manifeste dès son premier film : La Sfida/Le Défi (1958), sur une vengeance terrible dans la pègre napolitaine, permet au cinéaste de reconstituer les raisons des problèmes de la camorra, qui, initialement société secrète agraire dans le domaine des intermédiaires du commerce des légumes et fruits, est maintenant soumise à la pression du crime organisé en pleine expansion. Son deuxième film, I Magliari (1959), qui est aussi son premier chefd’œuvre, montre la pénétration de la camorra dans la vie des ouvriers napolitains exilés dans le Hambourg de l’aprèsguerre : Alberto Sordi y campe un escroc Alberto Sordi dans « I Magliari » inimitable. Avec son troisième film, Salvatore Giuliano (1961), les ambitions stylistiques et idéologiques du cinéaste s’affirment pleinement. Rosi abandonne la narration linéaire de ses premiers films. Le mythe du légendaire brigand sicilien est passé au crible de l’analyse politique. Giuliano n’est jamais le sujet de l’action, mais plutôt l’emblème d’une société résultant de l’enchevêtrement du pouvoir politicoéconomique et de la mafia. Le Mani Sulla Città (1963) démasque les politiciens corrompus, impliqués dans les spéculations foncières qui ont défiguré la ville de Naples. Reconnu comme le spécialiste en matière d’analyse du Pouvoir, Rosi rencontre peu d’échos favorables avec ses deux films suivants, Il Momento della Verita a Capucine (1964, sur la tauromachie) et C’era una Volta (1966, où Sophia Loren campe une Cendrillon altière pour le prétendant au trône de Naples, Omar Sharif). Uomini contro (1970) est un cri de colère con-tre l’idiotie de la guerre où les hommes se font massacrer dans des actions absurdes sur le front des Alpes durant la Charles Vanel dans «Tre Fratelli » Première Guerre mondiale. Avec Il Caso Mattei (1971) et Lucky Luciano (1973), Rosi retourne à la dramaturgie et aux spécificités stylistiques et thématiques de Salvatore Giuliano, essayant de mieux comprendre la texture de la vie politique italienne. Cadaveri Eccelenti (1975), sur une série d’assassinats de juges, fut tourné en pleines années de plomb : les marionnettistes resteront à jamais inconnus. La dénonciation sociale est la préoccupation principale des films qui suivirent : Cristo si e fermato a Eboli (1979, sur le fascisme), Tre Fratelli (1981, sur la déliquescence sociale ambiante), Dimenticare Palermo (1990, sur l’omniprésence de l’hydre mafieuse). Seuls l’opéra filmé Carmen (1984) et l’adaptation du roman de G. G. Marquez, Cronaca di una morte annunciata (1987), relèvent plus du monde des émotions que de la méthode matérialiste. La Tregua (1996), où Primo Levi raconte son retour d’Auschwitz, c t u a Le destin tragique de cette Lausannoise d’adoption jette un voile de tristesse sur l’hommage que la Cinémathèque lui a concocté, en relation avec l’exposition au Musée Alexis Forel à Morges et le roman biographique que Blaise Hoffmann lui a consacré aux éditions Zoé. À l’exception de Bluff – Storia di truffe e di imbroglioni (1976) de Sergio Corbucci, où Capucine campe une propriétaire de casino qui se laisse berner par des escrocs à propos du trésor des Nibelungen, les titres choisis sont bien connus. Blaise Hoffmann sera présent le 2 octobre pour présenter North to Alaska (Henry Hathaway, 1960), où on retrouve l’actrice dans les bras de John Wayne, et le 14 octobre pour What’s new Pussycat (Clive Donner, 1965), où elle doit se décider entre Peter O’Toole et Woody Allen. Un des meilleurs films de Joseph L. Mankiewicz, The Honey Pot (1967), une variation sur Volpone de Ben Johnson, réunit Capucine, Edie Adams et Maggie Smith autour du playboy mourant Rex Harrison. Et pour ceux qui n’auraient toujours pas vu Fellini Satyricon (1969), cette mini-rétro donne l’occasion de le rattraper. Napoléon Le 8 octobre, Hervé Dumont dévoile son pavé (724 pp., env. 900 ill.) Napoléon – L’Epopée en 1000 films. Oui, vous avez bien lu. Comme le signale Jean Tulard dans sa préface au magnifique ouvrage : « Ni Jésus, ni Lincoln, ni Lénine, ni Jeanne d’Arc, ni les Borgia, ni Cléopâtre […] ne peuvent prétendre rivaliser avec l’Empereur quant au nombre d’apparitions filmées ». Cette somme prodigieuse se vend au prix incroyable de 39 CHF !! Projection à l’appui : Monsieur N. (2003) d’Antoine de Caunes avec Philippe Torreton dans le rôle de l’Empereur. Raymond Scholer l i t é SAISON1516 AU GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE CASSENOISETTE PIOTR ILITCH TCHAÏKOVSKI DIRECTION MUSICALE PHILIPPE BÉRAN MISE EN SCÈNE JEROEN VERBRUGGEN BALLET DU GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE BASEL SINFONIETTA 21 > 29.11.2015 WWW.GENEVEOPERA.CH +41 22 3 322 22 5050 t h é â t le poche / gve Mathieu Bertholet, dans le texte ! C’est parti, le rideau s’est levé sur la saison nouvelle du Poche et sur la vision ambitieuse et dynamique d’un théâtre des écritures contemporaines, avec à la manœuvre un skipper toutes voiles dehors, Mathieu Bertholet, qui cultive l’amour des mots et des voix littéraires de notre temps. Larguer les amarres ! Entretien. Mathieu Bertholet vous êtes auteur, metteur en scène, comédien, et, maintenant, directeur de théâtre. Allez-vous devoir renoncer à une part créative de vous-même et quel équilibre allez-vous trouver entre tous ces rôles ? 18 Mathieu Bertholet : Cette question a effectivement fait partie de ma réflexion quand j’ai proposé ma candidature à la FAD. J’ai immédiatement précisé que je ne créerai pas de textes dont je sois l’auteur dans ce théâtre. Par conséquent, si je souhaite monter mes textes, je devrai chercher d’autres moyens et d’autres scènes pour le faire, ce qui ralentira de fait mon processus de création. Par ailleurs, mon rythme créatif est assez lent, je ne crée guère qu’un texte par an, et, par conséquent, mon rapport à un nouveau rythme, à une temporalité différente ne m’effraie pas plus que cela. Ceci dit, je devrai laisser de côté d’autres activités, comme celles qui touchent à l’enseignement et à la formation, afin de me consacrer pleinement à mon rôle de directeur. Pour autant, ma fibre artistique demeurera et je ne compte pas être un simple programmateur. Pour mieux comprendre qui est le nouveau directeur du Poche, parlez-nous des influences, des rencontres et des convictions qui ont constitué votre parcours artistique. M.B. : La manière dont je pense cette institution et la façon dont je souhaite faire du théâtre à l’avenir, dans ces lieux, sont clairement inspirées de mes années d’études à Berlin. Aujourd’hui, je tente de trouver comment, dans le système de production romand, on peut s’inspirer du modèle germanique. La saison prochaine est déjà engagée dans ce sens, mais il faudra sans doute plus de temps pour adapter et structurer ce nouveau modèle. Je sais devoir aller au-devant de certaines difficultés, étant donné que l’horizon e d’attente de tout le monde va changer et les habitudes de travail également. Je pense à l’équipe qui prend en charge le Poche, plus qu’aux spectateurs qui sont souvent prêts à découvrir autre chose et à se laisser dérouter. Par exemple, le fait de démarrer la saison avec un diptyque de comédies dramatiques qui peuvent être vues séparément ou l’une à la suite de l’autre, ce principe du « sloop » va produire un objet théâtral sans doute inhabituel, mais qui fera sens et stimulera la réflexion du spectateur. Dans ce sens, comment allez-vous suivre le public durant cette phase de transition toujours délicate ? M.B. : Notre stratégie de communication va, en effet, guider le spectateur afin qu’il comprenne comment les spectacles peuvent fonctionner entre eux et s’enrichir l’un l’autre pour former un troisième objet scénique, plus complet et plus éloquent. Mais la curiosité du public sera aussi favorisée par une politique tarifaire digne de ce nom qui doit l’inciter à voyager facilement d’une pièce à l’autre. Et puis, le public du Poche est traditionnellement un public assidu, passionné et ouvert ; on peut lui faire confiance. Lorsqu’on lit la presse vous concernant, les qualificatifs « excentrique » et « radical » reviennent souvent. Pour quelle raison selon vous ? M.B. : « Excentrique », je ne sais pas…, je crois que ma façon entière et passionnée de dire les choses doit y être pour quelque chose. Qu’on me qualifie de « radical » me surprend moins, car j’ai une ambition et un projet bien déterminés qui est trouver et de donner une place aux auteurs contemporains dans le théâtre, et cela me tient véritablement à cœur. Je pense clairement que ce qui fait la qualité d’un auteur est lié à sa radicalité. L’auteur doit se positionner de n t r e r e façon décisive tant au niveau de la forme d’écriture qu’il adopte qu’au niveau du sujet traité. De même, il faut que l’auteur parvienne à maintenir cette tension, cette radicalité du début à la fin de sa pièce, sans perdre de vue le projet artistique et dramaturgique qu’il s’est fixé. C’est toute l’exigence de l’écriture et de la langue théâtrales. Or, cette idée est au cœur du projet de notre saison. Il concorde d’ailleurs avec le projet de la FAD, même si mon parti pris est effectivement plus radical ! Dans la nouvelle structure du théâtre, vous avez souhaité mettre en place un double comité de lecture et de spectateurs. En quoi consistent-ils ? M.B. : Ces deux comités fonctionnent dans deux temps différents. Le comité de lecture a un rôle prospectif, celui de choisir les textes de notre programmation et le comité de spectateurs, un rôle rétroactif qui réagira à nos choix et à nos partis pris. Par conséquent, cette double collaboration nous efforcera d’être plus exigeants, plus vigilants et plus réactifs, afin de nous adapter et de tenir compte des remarques et des propositions de chacun des comités. En ce qui concerne le comité de spectateurs, il devra être présent à la fois à l’intérieur et à l’extérieur du théâtre, comme un ambassadeur et un relais indispensable avec tous les publics. Le comité devra donc être composé de spectateurs de tout poil et représentatif de tous les publics et même peut-être de spectateurs peu habitués à fréquenter un théâtre. Quant au comité de lecture, il sera composé de personnes externes au Poche, mais aussi de certains membres de notre équipe, afin que l’on puisse compter sur un petit nombre de membres permanents, présents dans la durée, comme le directeur… Mais le dramaturge attaché à la saison ne demeurera qu’une année au sein du comité. Et puis, le contingent sera probablement amené à changer fréquemment, dans la mesure où lire plusieurs dizaines de textes par année n’est pas chose aisée ! Le principe même du comité de lecture est extrêmement démocratique et salutaire, mais ne risque-t-il pas de masquer en partie votre identité en tant que directeur ? M.B. : Ce n’est pas un risque réel dans la mesure où je ne souhaite pas une exposition totale en tant que directeur. Je ne cautionne pas la manière à la française de mettre précisément en avant et en grandes lettres dans la ligne graphique le nom et le portrait du directeur dont on vénère la t i e n t h é â t r e Mathieu Bertholet © Louka Petit-Taborelli figure emblématique. La raison pour laquelle on doit venir au Poche est la volonté de rencontrer les écritures de théâtre contemporaines ; c’est là la seule identité de ce lieu. Expliquez-nous maintenant les concepts nouveaux de « sloop » et de « cargo » qui désignent les deux types de productions théatrales qui rythmeront la programmation 2015-2016. M.B. : J’ai cherché des noms tirés du lexique maritime ou lacustre, mais j’ai constaté que des termes nautiques anglo-saxons évoquaient ces concepts plus directement auprès du public. Le « cargo » désigne un pièce, un texte dont l’élaboration s’inscrit dans une temporalité plus longue et plus traditionnelle, sur un plateau, à la table, avec des propositions, des tentatives, un véritable travail de troupe et de recherche autour du texte et de la mise en scène. Dans le cadre du « sloop », ce travail est parfaitement impossible ; le metteur en scène doit arriver le premier jour avec une idée bien définie de ce qu’il veut faire et de ce qu’il propose aux comédiens. Le travail de recherche aura déjà été effectué en amont, à la table, avec le dramaturge et le scénographe, par exemple. Par conséquent, le « sloop » ne permet pas un temps d’essai, il faut réaliser le plus immédiatement possible la mise en place du spectacle, sans tergiverser. C’est un sacré défi pour un metteur en scène et cette façon de travailler n’est pas encore très répandue ici, en Suisse romande ! Ensuite, indépendamment du format sloop ou cargo, les différentes pièces de la production scénique pourront être vues chacune pour elle-même ou alors e n t r sous forme d’une intégrale, à la suite l’une de l’autre. Une opportunité que l’on peut souvent rencontrer lors de festivals, mais peu exploitée dans la région lémanique. Et puis, c’est une façon de s’immerger dans la théâtre des auteurs de manière cohérente et très stimulante, afin que leurs textes résonnent entre eux. On comprend donc bien à quel point le texte est l’élément fondateur de votre politique de la scène au Poche, mais les mots laisseront-ils aussi leur place à d’autres formes d’expression scénique, telles que la danse, la performance ou la musique ? M.B. : La question ne se pose pas exactement dans ces termes. Etant donné que le texte sera en effet à l’origine de chaque projet, c’est lui qui déterminera la forme qui lui incombe. Les textes sont choisis par le comité de lecture et, parmi eux, certains textes inciteront plus à la performance, à la représentation classique ou à une autre forme artistique complémentaire ; rien n’est interdit, bien évidemment,… à part l’écriture de plateau qui ne concorde pas avec notre volonté de sélectionner un texte et un metteur en scène dont la rencontre sera la plus riche et la plus enthousiasmante. Mais, encore une fois, il ne semble pas sans risque de vouloir déterminer au préalable un metteur en scène qui corresponde au texte choisi !? M.B. : Certainement, le risque est présent, mais il l’est aussi lorsqu’un metteur en scène choisit lui-même un texte ! On n’est jamais sûr du résultat. La seule chose c’est que quand un e t i e directeur peut choisir une mise en scène déjà réalisée et tournée, il connaît le résultat et peut en juger. Mais dans le domaine de la création, on prend toujours ce risque qui fait partie du jeu. Je tiens aussi à dire que la démarche qui consiste à confier un texte à un metteur en scène n’est pas aussi radicale dans la réalité que vous le laissez entendre. J’ai souvent envie de travailler avec un metteur en scène, à qui je vais proposer deux ou trois textes qui me semble convenir à son travail, ou alors, je suis séduit par texte que je soumets à deux ou trois metteurs en scène et je me laisse le temps de choisir la proposition la plus intéressante. Donc, il y a forcément une certaine souplesse dans la manœuvre et les projets que je souhaite concrétiser ne se feront pas tous cette saison ; je sais aussi être patient. Et pour aller plus loin dans cette manière de faire, il est même arrivé pour cette saison de choisir d’abord les acteurs, avant le metteur en scène et le texte ! Les acteurs seront ainsi mis en valeur par le choix même des textes de la saison et par un format comme le sloop qui verra le même comédien incarner plusieurs personnages, dans différentes pièces. Ce qui demandera aussi au comédien de jouer le soir et de répéter autre chose la journée, dans la tradition du théâtre à l’allemande. Vous avez aussi décidé, je crois, d’apporter votre touche quant à l’espace même du Poche, au foyer, à ses accès. Quelle est votre idée du Poche « nouvelle génération » ? M.B. : Beaucoup de choses ont changé en ce qui concerne l’approche visuelle du théâtre. Les espaces et la couleur générale ont été renouvelés. Il fallait rafraîchir l’ensemble, en particulier les bureaux administratifs et les accès à la salle. La salle elle-même n’a pas été touchée, hormis la numérotation des sièges. Les spectateurs découvriront le nouveau décorum au fur et à mesure. Pour ce qui est de la vie du théâtre, nous programmons des ateliers d’écritures et des rencontres avec les auteurs, en particulier cette saison des rencontres d’auteures qui poseront la question de la féminité au théâtre. Comment l’écriture féminine existe-t-elle ? Peut-on lire la féminité à travers l’écriture ? Nous profiterons d’êtres en compagnie de femmes engagées dans leur démarche artistique pour se poser les bonnes questions ! Propos recueillis par Jérôme Zanetta n 19 t h é â t r e la comédie de genève la pertinence de ce réquisitoire radical. La guerre a un statut ontologique chez Céline. Elle est au sein de chaque homme, et traverse toutes les époques. Voyage au bout de la nuit Est-ce pour cette raison que vous avez demandé à une femme de jouer Bardamu ? Dès ce 29 septembre, la Comédie de Genève accueille Voyage au bout de la nuit, adaptation du célèbre ouvrage de Louis-Ferdinand Céline par le metteur en scène belge Philippe Sireuil. Nous l’avons rencontré pour en apprendre davantage sur la genèse de cette création, sur les difficultés que peut poser le transposition du roman au théâtre, et l’apport de l’actrice Hélène Firla, qui incarne Bardamu femme. Philippe Sireuil, ce n’est pas la première fois que vous adaptez des classiques, Marivaux, Sartre, etc. D’où est venue l’idée d’adapter Louis-Ferdinand Céline aujourd’hui ? 20 Le projet est né en juin 2014 dans les mains de Hélène Firla et Simone Audemars. Suite à la défection d’un premier metteur en scène, ils prirent contact avec moi, invitation à laquelle je répondis par la positive. Céline, je le connaissais comme ce que l’on peut en connaître par la culture générale et les lectures scolaires, et par les polémiques autour de ses engagements antisémites, avec lesquelles je ne me sens pas en phase, cela va de soi. Cette proposition fut dès lors l’occasion pour moi de me replonger plus sérieusement dans l’âpre beauté de ce livre-fleuve. soyez malgré cela concentré sur son premier roman ? Il y a tout premièrement un besoin de faire résonner cette invention langagière, sa poésie, sa violence dans un contexte théâtral dans lequel il est bon ton de dire que la place de l’é- Demander à Hélène de jouer n’était pas anodin, nous ne faisons pas abstraction du fait qu’elle est une femme et que Ferdinand Bardamu est un homme. Ce n’est pas un rôle de travesti. Mais justement, Bardamu se fait souvent taxer de « féminin », il est un être pétri de doutes, de fragilités qui résonnent mal avec ce monde prétendument viril de la guerre, un monde qui n’accepte pas la lâcheté proclamée du protagoniste. Je connais Hélène depuis longtemps, comme spectateur, et sa puissance scénique contribue largement à réaliser le dessein de cette création. Par sa corporalité physique, elle permet de créer un petit homme, ce que je dis sans injure, dans un sens tout à fait positif, qui, comme d’autres petits hommes tels qui s’en est vu encore récemment en Syrie, se font prendre dans un engrenage dont ils perdent complètement la maîtrise. Polémiste, Céline l’était, et pas toujours pour les bonnes raisons… Voilà, les pamphlets antisémites qu’il a écrits sont inexcusables. Mais l’erreur serait de réduire l’œuvre à l’homme, et réciproquement. Étrange anathème qui pèse en particulier sur lui (j’ai dû me battre pour proposer ce titre au théâtre bruxellois dans lequel je collabore), lorsque l’on sait que Georges Simenon ou Paul Claudel eux aussi eurent à leur époque des phrases immondes sur les juifs. Céline est un inclassable, que l’on ne cessera pas de redécouvrir. Voyage au bout de la nuit est un livre imposant ne serait-ce que par la quantité, comment en délimiter une matière à un spectacle ? Je savais dès le départ que le projet de base s’inscrivait dans celui du dictionnaire de Ferney-Voltaire qui s’était arrêté cette fois-là à l’entrée « guerre ». Je ne prendrais alors que comme cadre la première partie de l’œuvre : les années de « dépucelage » militaire de Ferdinand Bardamu au conflit de 14-18. Mais déjà là il s’agissait de découper parmi le texte touffu, tracer son chemin au travers de cette langue. Une adaptation préexistant à la mienne et couvrant une partie moins large du texte, je la repris et la modifiai de concert avec Hélène. Pourtant, Céline a écrit une pièce, L’Eglise. Qu’est-ce qui a fait que vous vous e Propos recueillis par Anthony Bekirov Hélène Firla dans «Voyage au bout de la nuit» criture textuelle est négligeable, voire obsolète. La verve célinienne démontre à mon sens un autre point de vue sur la question. Et dans un deuxième temps, à côté de la révolte esthétique de Céline, sa révolte humaine contre la boucherie organisée qu’est la guerre. Les temps troublés que nous vivons ne viennent que renforcer n t r e Jusqu’au 18 octobre : Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline, m.e.s. Philippe Sireuil. Studio André Steiger, mar-mer-jeu-sam à 19h, ven à 20h, dim à 17h, relâche lun + dim 4.10. (loc. 022/320.50.01 / [email protected]) t i e n t h é â t r e au galpon, d’octobre à décembre Galpon : on y danse, on y joue ... Le Galpon est décidément un lieu bien singulier. De par sa situation d'abord, puisque le cadre est inhabituellement bucolique, Genève ayant ainsi à l'instar des Vaudois, son « théâtre au bord de l'eau ». Mais le Galpon se singularise également puisqu'au lieu d'imposer comme tant d'autres un douloureux pensum à l'occasion des présentations de saison – la norme semblant être 90 minutes, sans mi-temps ! - les responsables de la programmation font dans la concision, avant d'inviter à danser la salsa... Un exemple à suivre ! L'invitation à la danse ne dure pas qu'un été et c'est une saison 2015-2016 très consistante que les deux co-responsables du Galpon ont pu présenter : Gabriel Alvarez côté théâtre et Nathalie Tacchella, côté danse. La première partie de la saison théâtrale verra le metteur en Caroline Gasser jouera dans les «Blessures au visage» © Marc Vanappelghem présenté : Gertrude (Le Cri) & Le Cas Blanche-Neige (mise en scène Gabriel Alvarez, du 27 octobre au 15 novembre). Le deuxième opus présenté, Blessures au visage, proposera « dix-huit tableaux sur les relations que nous entretenons avec notre visa- perché qui écrivait : Les villes sont un ensemble de beaucoup de choses : de mémoire, de désirs, de signes du langage ; les villes sont des lieux d'échange, comme l'expliquent tous les livres d'histoire économique, mais ce ne sont pas seulement des échanges de marchandises, ce sont ge » (mise en scène Pascal Gravat, du 24 novembre au 6 décembre). A noter qu'Howard Berker sera présent au Galpon les 12 et 13 novembre pour une lecture et une table ronde. Différentes manifestations incluant des débats, tables rondes, expositions et formations sur la thématique « carrefours, imaginaires et catastrophes » seront proposées en collaboration avec diverses institutions locales. Ainsi, en partant des « villes invisibles » d'Italo Calvino, sera abordé « la problématique de l'imaginaire, la manière dont ces deux éléments interagissent produisant des catastrophes, mais aussi des magnifiques créations artistiques ». Cette promenade dans « la ville et son imaginaire » sera donc placée sous le signe de l'auteur du Baron des échanges de mots, de désirs, de souvenirs». Dans cadre de cette thématique, deux moments à noter : Les Villes invisibles 2 et 3, d'après Italo Calvino, chorégraphie de Nathalie Tacchella avec le danseur Fabio Bergamaschi (le 11 novembre) et une table ronde et exposition photographique du 7 au 9 novembre autour de « l'empreinte culturelle sur l'urbanisme à Genève. » Gabriel Alvarez scène d'origine colombienne se pencher sur l'œuvre d'Howard Barker avec un intitulé sans concession : Théâtre de la catastrophe. C'est à Anne Bisang que le public du bout du lac doit d'avoir découvert le dramaturge anglais né en 1946, avec Tableau d'une exécution joué au Théâtre Saint-Gervais en 1995, puis La Griffe donné en création française à la Comédie en 2002. « Dramaturgie radicalement différente qui interroge le sens de l'humain », l'œuvre de Barker se veut engagée et percutante dans un langage « tragique adapté au monde d'aujourd'hui ». Donnant une place prépondérante aux personnages féminins, on ne s'étonnera pas de trouver Gertrude, Blanche-Neige et sa marâtre au centre du premier spectacle qui sera a c t u a l i t Frank Fredenrich Du 27 octobre au 15 novembre : Gertrude - Le Cri & Le cas Blanche-Neige de Howard Barker, m.e.s. Gabriel Alvarez, création. Réservation au 022/321.21.76 au plus tard 2 heures avant le début du spectacle, ou mail : [email protected] é 21 t h é â t r e théâtre du crève-cœur La saison d’après La nouvelle saison du Crève-Cœur, concoctée par Aline Gampert pour sa deuxième année se composera de quatre créations et un accueil, mêlant textes et spectacles musicaux. 22 En ouverture, justement, un spectacle musical Malgré les apparences, imaginé par Maria Mettral et mis en espace par Christian Gregori. Il ne s’agit pas d’un tour de chant autour d’un disque éponyme, mais bien d’un spectacle mis en scène, qui mêle gestes et mélodies, et qui recrée une ambiance désordonnée, genre ‘malle de grenier’, métaphore aussi de ces moments où enfant l’on jouait en toute fantaisie en piochant dans de vieux sacs pour s’amuser des heures avec trois fois rien, sous les toits empoussiérés des maisons familiales. Spectacle éclaté et fantasque créé avec le duo nyonnais Aliose retraçant de manière décousue les divers moments d’une femme d’aujourd’hui sous toutes ses apparences trompeuses. La voix douce et fraîche de Maria Mettral que l’on connaissait surtout comme comédienne depuis bientôt sept lustres se love délicatement dans des mélodies à la fois tendres et musclées. Joli moment en perspective à déguster pendant quelque quatre semaines, du 22 septembre au 18 octobre. Projeté sur un fond orange lors de la conférence de presse de juin dernier, on pouvait lire ou redécouvrir la formule de ralliement qui avait conduit en 1990 à la constitution d’une «charte des objectifs fondamentaux du Crève-Cœur», établie par Bénédict Gampert : « Ne pas se scléroser et se répéter, maintenir un esprit de perpétuelle création comme une donnée de base vitale et indispensable. » C’est ce principe-là qui a porté Aline Gampert dans sa programmation 2015-2016. Revue rapide : 10.11-6.12 Mambo miam miam!, sorte de labyrinthe musical, verra le Genevois Pascal Chenu chanter Serge Gainsbourg avant sa période Gainsbarre. 19.1-14.2 C’était hier, pièce de Harold Pinter mise en scène par Philippe Lüscher, mettra en lumière ‘postmoderne’ ce théâtre des rivalités si typique de l’auteur britannique. 1.3-27.3 Tchékhov Comédies (deux comédies en un acte, L’Ours et La demande en mariage), montées par Benjamin Knobil qui, dit-il, a été séduit par l’écriture du maître russe sachant si bien retranscrire Maria Mettral © DR les aléas de l’humanité entière. 19.4-15.5 Figaroh! entrelacera et mixera Mozart et Beaumarchais dans une création ébouriffée et décapante, marque de fabrique des deux comédiens Davide Autieri et Leana Durney, accompagnés ici de deux chanteurs et pianistes. Enfin, du 16 au 18.6, Serge Martin et son école de théâtre, dont le 30e anniversaire se fêtera aux quatre coins de la Suisse romande sous l'enseigne Plein tube, seront en stopover au Crève-Cœur. Et au fil de la saison les désormais très courus Apéritifs Crève-Cœur, moments dialogués conçus cette année par Anne Vaucher et sur lesquels nous reviendrons en temps utile. Rosine Schautz a c t u a l i t é 15 16 t h é â t r e théâtre du grütli Une saison de créations Imaginez une jeune fille au corps peint de rayures vertes et blanches, parée de bijoux tribaux et trouée de piercings, fixant le monde de son regard bleu, en tenant dans ses bras un gros lézard noir. Telle est l'affiche de la nouvelle saison du Théâtre du Grütli, élaborée par le graphiste et dessinateur Cédric Marendaz, dans le style « BD héroic fantasy ». Étonnante, intrigante, de quoi susciter la curiosité ! Pour sa 4e saison à la tête du Théâtre du Grütli, Frédéric Polier a fait fort avec 14 spectacles pour la plupart des créations dont 6 « maison » et de nombreuses coproductions, sans compter les accueils dans le cadre de La BâtieFestival, les incontournables « Midi Théâtre » et un concert. Viennent ensuite les créations maison aux problématiques bien contemporaines dont Palavie, entendre « Pas-la-vie » de Valérie Poirier, un texte sur l'exil et la maternité, retraçant le parcours de « Pas-Jean-Paul » à travers un espace temps tout à fait subjectif. Dans La Route du Levant, Dominique Ziegler se fera auteur et metteur en scène pour «Le voyage d’Alice en Suisse» Dès septembre, la saison théâtrale a commencé paradoxalement en musique avec Le Ruisseau noir, un opéra en trois actes inspiré de l'œuvre et la vie fulgurante de la voyageuse Annemarie Schwarzenbach. Suivront, en octobre deux spectacles coproduits : Le Voyage d'Alice en Suisse de Lucas Bärfuss, qui est une invitation au voyage entre la vie et la mort, le rêve et la réalité tandis que Janine Rhapsodie de Julien Mages, est une variation libre et fantaisiste du Misanthrope de Molière, le combat perdu d'avance de la pensée Vraie contre la simulation. a c t u ensuite son compère Valentin Rossier avec lequel il fonda l'Helvetic Shakespeare Cie, qui s'installera avec deux pièces en un acte de Nathalie Sarraute, Le Mensonge et Le Silence. Puis la chorégraphe Zoé Reverdin mettra en scène Les Reines du Canadien Normand Chaurette, lequel imagine six épouses royales rêvant de puissance et de pouvoir mais qui finiront par se brûler les ailes. La saison se clôturera avec Présentation de saison que mettront en scène le maître des lieux et son « adjoint » Lionel Chiuch, l'auteur du texte, un titre énigmatique pour une comédie absurde sur notre impuissance à changer le monde. Il y aura aussi la reprise du Baiser et la morsure et la création du Théâtre sauvage, conçus par Guillaume Béguin. Tandis que Ludovic Chazaud présentera Imaginer les lézards heureux d'après l'œuvre de Stig Dagerman. Kylie Walters et Christian Ubl interprèteront quant à eux, AU, un spectacle poétique et inédit. Suivra l'accueil de Douze hommes en colère de R. Rose dans une mise en scène de Julien Schmutz. «Janine Rhapsodie» © Sylvain Chabloz aborder le sujet très actuel d'un jeune homme prêt à partir pour le djihad. Face à lui un vieux flic aguerri... Naîtra de cette rencontre un duel rhétorique jusqu'au rebondissement ultime. Enfin six créations romandes seront à croquer à l'heure du déjeuner accompagnées d'un plat du jour concocté pour l'occasion, dans le cadre des « Midi, Théâtre » Après cette intrigue haletante, changement radical d'ambiance avec Le Conte d'hiver de Shakespeare, tragédie complexe sur la jalousie qui s'achève en comédie déjantée. Rien de tel pour que Frédéric Polier, familier de cet auteur, lâche les rênes de la maison pour s'emparer de cette fable féerique qui marquera de sa fantaisie le mitan de la programmation. Lui succèdera Kathereen Abhervé a l i t Renseignements : Théâtre du Grütli – www.grutli.ch – Tél +41 22 888 44 84 Du 6 au 18 octobre : Le Voyage d’Alice en Suisse de Lukas Bärfuss, m.e.s. Gian Manuel Rau. Du 27 octobre au 8 novembre : Janine Rhapsodie de et m.e.s. Julien Mages. é 23 t h é â t r e théâtre de carouge ne fait d'abord sur eux qu'une impression imperceptible; ils se plaisent froidement à le voir, ne le sentent presque pas absent, et peutêtre point du tout, quand il l'est; ils se passeraient de le retrouver, le retrouvent pourtant avec plaisir; mais avec un plaisir tranquille. Ensuite ils pourront le chercher mais sans savoir qu'ils le cherchent : le désir qu'ils ont de la revoir est si caché, si loin d'eux, si reculé de leur propre connaissance, qu'il les mène sans se montrer à eux, sans qu'ils s'en doutent. A la fin pourtant, ce désir se montre, il parle en eux, il Marivaux par lui-même L'homme de théâtre se considérait volontiers comme un philosophe. Voici quelques-unes de ses réflexions sur l'amour, l'inconstance, les femmes et l'effronterie du cœur. 24 Auteur dramatique dont les pièces sont généralement jouées avec grand succès, Pierre Carlet, dit Marivaux, est également romancier et, ce que l'on sait moins, journaliste. Sa plume intarissable s'attache aux sujets les plus divers. Il divertit les lecteurs par ses propos souvent déconcertants dans le Mercure ou dans des feuilles périodiques telles que le Spectateur français, l'Indigent philosophe (sic) ou le Cabinet du philosophe. Ces titres indiquent bien que Marivaux se considère avant tout comme un philosophe. „Philosophe pour qui il n'y a ni petit ni grand homme. Il y a seulement des hommes qui ont de grandes qualités mêlées de défauts; d'autres qui ont de grands défauts mêlés de quelques qualités“. Cet observateur du genre humain a néanmoins un sujet de prédilection : l'étude de „l'autre“ sexe : - Il y a l'espèce des femmes tendres; ce sont celles dont le cœur embrasse la profession du bel amour; leur esprit fourmille d'idées délicates; elles aiment en un mot plus par métier que par passion. Un amant infidèle met leur talent au jour; sans lui on nesaurait pas qu'elles ont mille Marivaux a grâces attendrissantes dans une affliction de tendresse. Il y a l'espèce des femmes coquettes, celles-là font l'amour indistinctement; ce sont des femmes à promenades, à rendez-vous imprudents; ce sont des furieuses d'éclat; elles ne languissent point, elles aiment hardiment, se plaignent de même. Il y a les femmes prudes, ce sont celles qui s'entêtent, non de l'amour de l'ordre, mais de l'estime qu'on fait de ceux qui sont dans l'ordre. Elles sont ordinairement âgées; cabale d'autant plus dangereuse qu'elle est, du côté des plaisirs, dans une oisiveté dont elles enragent. La femme de qualité a tous les défauts de la bourgeoise; mais, pour ainsi dire, tirés au clair par l'éducation et l'usage. Elle possède un goût de hardiesse si heureux qu'elle jouit du bénéfice de l'effronterie sans être effrontée. Peut-être ne doit-elle cet avantage qu'à la nature de l'esprit fes hommes, faciles à donner des droits plus amples à qui les étonne par de plus fortes impressions. Nicolas Rossier Bien entendu, plus que tout autre sujet, c'est l'amour qui retient son attention : - Je me suis toujours défié en amour des passions qui commencent par être extrêmes; c'est mauvais signe pour leur durée. Les cœurs ardents et sensibles ne cessent bientôt d'aimer que parce qu'ils se hâtent trop et d'aimer et de sentir qu'ils aiment. Ils ne se donnent pas le temps de faire un fonds, ils dissipent presque tout leur amour à mesure qu'il vient; et comme il ne leur en vient pas toujours, non plus qu'à personne, il s'ensuit que bientôt, ils n'en trouvent plus. Les gens faits pour être constants, destinés à cela par leur caractère, sont difficiles à émouvoir. Vient-il un objet qu'ils aimeront ? Ils le distingueront longuement avant que de l'aimer : il c t u a le sentent, et n'en vont guère plus vite; mais ils vont et savent qu'ils vont et c'est beaucoup. Ce sont des cœurs bons ménagers, pour ainsi dire, qui ne dépensent leur amour qu'avaec économie, qui en amassent de jour en jour, et qui en ont toujours beaucoup au-delà de ce qu'ils en montrent. Inconstance ou constance ? L'art du marivaudage n'est sans doute rien d'autre que cette question, sans cesse posée dans les comédies : - En fait d'amour, ce sont des âmes d'enfants que les âmes inconstantes. Aussi n'y a-t-il rien de plus amusant, de plus aimable, de plus agréablement vif et étourdi que leur tendresse. Et ce sont des âmes trop sérieuses à cet égardlà, que les âmes constantes: elles n'entendent pas assez raillerie là-dessus. J'aimerais mieux l'enfance des autres; elle sied encore mieux à l i t é t h é â t r e Création Geneviève Pasquier et Nicolas Rossier, à la tête du Théâtre des Osses, se lancent dans la création des Acteurs de bonne foi de Marivaux, une petite pièce en un acte, écrite sur le tard, qui résume à elle seule tous les thèmes chers à l’auteur : l’amour, les jeux de pouvoir, les classes sociales, la réalité et la fiction. Et comme le voulait déjà la tradition au XVIIIe siècle, le spectacle sera agrémenté de divertissements, entre musique originale et numéros de cirque. L’histoire Genevieve Pasquier © Secrest photography LA l'amour. Aussi les amants constants ne sont-ils pas les plus aimés. Leur constance leur donne quelque chose de grave et d'arrangé, qui glace l'amour, qui n'est plus dans son esprit, et qui ne s'ajuste point à son humeur folâtre. Mais que faut-il alors entendre par amour ? - Allez dire à une femme que vous trouvez aimable et pour qui vous sentez de l'amour „Madame, je vous désire beaucoup, vous me feriez grand plaisir de m'accorder vos faveurs“, vous l'insulteriez : elle vous appellera brutal. Maius dites-lui tendrement: “Je vous aime madame, vous avez mille charmes à mes yeux“. Elle vous écoute, vous la réjouissez, vous tenez le discours d'un homme galant. C'est pourtant la même chose; c'est précisément lui faire le même compliment : il n'y a que le tour de changé; et elle le sait bien; qui pis est. Non, me répondrez-vous, elle ne le sait pas , elle ne l'entend pas ainsi. Et moi je vous dit qu'elle ne saurait l'entendre autrement et que je défie de s'y tromper. Je le répète encore : toute femme entend qu'on la désire, quand on lui dit : “Je vous aime“ et ne vous sait bon gré du Je vous aime qu'à cause qu'il signifie : Je vous désire. Il le signifie poliment, j'en conviens. Toutes ces traductions-là n'épargnent que les oreilles d'une femme, son âme n'en est pas la dupe. Juste ciel ! Quels sont donc les desseins de la Providence dans le partage mystérieux qu'elle fait des richesses ? Pourquoi les prodigue-t-elle à des hommes sans sentiments, nés durs et impitoyables, pendant qu'elle en est avare pour les hommes généreux et compatissants et qu'à peine leur a-t-elle accordé le nécessaire ? Que peuvent, après cela, devenir les malheureux qui par là, n'ont de ressource ni dans la'bondance des uns ni dans la compassion des autres ? Depuis lâge de vingt-cinq ans, l'auteur „n'a pas passé un jour sans écrire quelque réflexion“ - Cependant pourquoi les ai-je écrites ? Est-ce pour moi seul ? Mais écrit-on pour soi ? J'ai de la peine à la croire. Je vous la'i dit, je me moque des règles, et il n'y a pas grand mal. Pour moi, ma plume obéit aux fantaisies de mon esprit, et je serai bien fâché que ce fût autrement : car je veux qu'on trouve de tout dans mon livre, je veux que les gens sérieux, les gais, les tristes, quelquefois les fous, enfin que tout le monde me cite, et vous verrez qu'on me citera, Aussi je ne vous promets rien, je ne jure de rien; et si je vous ennuie, je ne vous ai pas dit que cela n'arriverait pas; si je vous amuse, je n'y suis pas obligé, je ne vous dois rien; ainsi le plaisir que je vous donne est un présent que je vous fais; et si par hasard je vous instruis, je suis un homme magnifique, et vous voilà comblé de mes grâces. Les préoccupations de l'auteur sont nombreuses et il est loin d'être indifférent aux problèmes de son temps - Qu'il est triste de voir souffrir quelqu'un quand on n'est point en état de le secourir, et que l'on a reçu de la nature une âme sensible qui pénètre toute l'affliction des malheureux. a c t u Sous la baguette du valet Merlin, deux couples d’amoureux préparent une pièce de théâtre commandée par la richissime Madame Hamelin pour le mariage de son neveu. Les acteurs se préparent, la fête promet d’être belle. Mais le spectacle qui devait parler d’amour tourne court car le canevas imaginé par Merlin se plaît à intervertir les couples officiels. Finalement, qui est sincère et qui joue ? Et pour bien jouer l’amour, doit-on vraiment être amoureux ? Il s’agit ici d’une coproduction entre le Centre dramatique fribourgeois - Théâtre des Osses et le Théâtre de Carouge - Atelier de Genève. Jusqu’au 1er novembre : Les acteurs de bonne foi de Marivaux, m.e.s. Geneviève Pasquier et Nicolas Rossier. Théâtre de Carouge, salle Gérard-Carrat, mar-mer-jeu et sam à 19h, ven à 20h, dim à 17 Billetterie : 022/343.43.43 - [email protected] En tournée - Du 22 septembre au 1er novembre au Théâtre de Carouge – Atelier de Genève - Du 5 au 8 novembre au Théâtre de La Grange de Dorigny, Lausanne - Le 11 novembre au Kurtheater, Baden - Les 14, 15, 21, 22, 27, 28, 29 novembre, 4, 6 et 8 décembre au Théâtre des Osses - Le 18 novembre au StadtTheater, Schaffhouse - Le 24 novembre au Théâtre de Winterthur - Le 12 décembre au BICUBIC, Romont Propos ‘recueillis’ par Frank Fredenrich a l i t é 25 t h é â t r e théâtre de vidy-lausnne folk avec des arrangements classiques et des textures plus expérimentales. J’ai eu envie d’explorer des pistes qui me semblaient plus personnelles et cela m’a paru naturel d’utiliser mon propre nom. Olivia Pedroli Le 5 novembre à Vidy, Olivia Pedroli projette d’opérer un croisement entre son quatrième album, A Thin Line et un montage muséal intitulé Préludes pour un loup. Une manière de pousser jusqu’au bout les recherches musicales entreprises récemment autour du rapport à l’animalité et de certaines dualités. « L’univers de dualité est un endroit où rien n’est clair, mais tout est sûr. » Olivia Pedroli Vous proposez en création unique à Vidy un spectacle intitulé Uncertain clarity. Quel est ce projet ? 26 L’origine de ce projet remonte à ma rencontre avec Vincent Baudriller, directeur du théâtre de Vidy, lors d’une performance avec Antoinette Rychner. De mon côté, j’avais envie de réunir deux travaux frères : A Thin Line, mon dernier album et Préludes pour un loup, une installation audiovisuelle utilisant des vidéos d’archives scientifiques et mise en place au Musée d’Histoire Naturelle de Neuchâtel. Ce travail de Préludes pour un loup est, à mon sens, la suite du travail réalisé sur Thin Line. La forme du projet qui sera présenté à Vidy n’est pas complètement définie, j’y travaille encore. Et je n’ai pas forcément envie d’en dire plus afin de permettre aux spectateurs d’entrer dans l’univers du spectacle au moment de la représentation. Le titre Uncertain clarity renvoie à l’idée de dualité qui résume assez joliment votre travail. L’idée d’oppositions, de dualité à explorer en musique m’intéresse. L’image du loup par exemple est révélatrice d’ombre et de lumière, de tension, de fracture dans la société. L’univers de dualité est un endroit où rien n’est clair, mais tout est sûr. On est balancé d’un côté à l’autre mais avec une forme de confiance qui nous évite de nous perdre. Cette « clarté incertaine » est une évocation qui reflète l’esprit dans lequel j’ai travaillé pour A Thin Line et Préludes pour un loup. e Vous jouez à Vidy avec quatre autres musiciens. Peut-on parler d’un groupe ? Jouer un seul soir, est-ce un défi ? L’idée du « one shot » me plaît bien. Nous avons trois jours pour répéter, trouver nos marques, tester des choses et on joue. La prise de risque d’une telle représentation est stimulante. Les gens sont là pour une expérience unique. C’est une occasion que l’on vit pleinement. Il n’y pas d’habitude prise. C’est aussi une manière de marquer la fin de ces quatre dernières années de travail autour des deux albums enregistrés en Islande. J’aimerais J’écris les musiques et les arrangements. Nous ne sommes donc pas un groupe à part entière. En revanche, je tiens énormément au fait que chacun puisse apporter sa contribution au projet, mettre son univers au service de la musique. Je choisis les musiciens avec lesquels je collabore. J’ai besoin de travailler avec des gens qui ont une identité particulière et souvent une carrière solo. Dans ce sens là, il y a effectivement une volonté d’être dans une forme de collectif. On sent que votre voix est très travaillée. Est-elle plus importante que les instruments ? Je ne place pas la voix devant, au contraire j’aime qu’elle soit mixée comme quelque chose d’englobant où elle fait partie de l’orchestre. J’étais violoniste. Au moment où j’ai posé le violon, j’ai opéré un transfert entre le violon et la voix. Si on me demande aujourd’hui quel est mon instrument principal, je réponds la voix. Pour moi il est important qu’elle soit un vecteur d’émotions. Pour le dernier album, sur chaque morceau, j’ai noté l’émotion sur laquelle j’avais envie de travailler et de quel endroit du corps elle partait. Olivia Pedroli approfondir à l’avenir une forme de collaborations interdisciplinaires entre le monde du cinéma, du théâtre et de la vidéo. Cette création est en quelque sorte une forme de rite de passage pour la suite. Jusqu’en 2010 vous vous produisiez sous le nom de Lole. Pourquoi ce changement ? Je ne pouvais pas lutter contre. Je me sentais un peu à l’étroit avec le style de musique que j’avais établi avec le projet Lole et que, par ailleurs, je ne regrette absolument pas. J’ai appris énormément de cette expérience. Mais au bout d’un moment, il y a eu un changement de cap assez radical, une idée de garder une forme n t r e De toute évidence, le rapport au corps, à l’animalité vous intéresse. Je m’intéresse à ce qui est de l’ordre de l’organique, de la nature. Je me pose des questions sur notre humanité et notre animalité. Je ne me définis pas comme une artiste militante, mais je ne suis pas aveugle à ce qui se passe autour de moi. J’essaie plutôt d’être poétiquement engagée. Propos recueillis par Nancy Bruchez Uncertain clarity, Théâtre de Vidy, 5 novembre 2015 t i e n t h é â t r e le poche / gve dent obliger leur fils à se construire une identité forte, alors que lui, Janne, finira par se dissoudre et se perdre. Ce qui est donc passionnant avec Rebekka Kricheldorf est qu’elle arrive après Beckett, après la fin des utopies et les illusions perdues d’une génération, après le théâtre du désespoir et qu’elle veut briser cette continuité nihiliste, en affirmant que l’on sait tout cela, mais que l’on est encore vivant, que l’on doit vivre avec ça et aller de l’avant. C’est une proposition qui me séduit et m’intéresse, étant donné que nous sommes sans doute juste une génération transitionnelle, comme l’était celle des Trois sœurs de Tchékhov auxquelles la pièce fait clairement référence. Les personnages de Tchékhov pressentent qu’ils vivent la fin d’un monde et qu’un monde nouveau arrive, mais ils ne savent pas encore lequel ! Kricheldorf pense donc que nous sommes aujourd’hui au même endroit, mais que nous n’avons pas le droit de de nous complaire dans une forme de pessimisme, que nous devons rester debout et en mouvement. Et tout cela est dit avec beaucoup d’humour, un humour très conscient et salutaire. Sloop 1 by Béguin Jusqu’au 18 octobre prochain, le Poche ouvre sa nouvelle saison avec la découverte d’une auteure allemande méconnue, Rebekka Kricheldorf et deux pièces décisives de son théâtre qui revisite la comédie dramatique avec une pertinence et une verve réjouissantes. Vous êtes metteur en scène, comédien et enseignant. Ces différentes activités sontelles toujours à l’équilibre ? Guillaume Béguin : Aujourd’hui, je suis d’abord metteur en scène, comédien à l’occasion, mais aussi très impliqué au niveau de la formation et de l’enseignement. J’ai monté beaucoup d’auteurs contemporains et j’ai donc immédiatement adhéré au projet de Mathieu Bertholet. Pour autant, c’est la première fois que je monte une comédie. Dites-nous en quoi vous êtes séduit par la démarche du nouveau directeur du Poche qui aura pour vocation de révéler des textes et des auteurs contemporains au public genevois. Ce qui me plaît dans le projet de Mathieu Bertholet c’est à la fois la contrainte de concepts dramaturgiques nommés « sloop » et « cargo », et la très stimulante inventivité dont il faut faire preuve pour le metteur en scène. Avec ce premier sloop composé de deux pièces, je dois donc inventer une nouvelle façon de travailler sur les textes d’une même auteure avec une même troupe de comédiens. Chaque pièce durera environ deux heures et demie et nous avons un temps de répétitions limité qui met les acteurs dans un état à la fois fébrile et très stimulant. Le format du sloop nous demande faire des choix rapides, d’être beaucoup plus intuitif que d’habitude. On n’a pas le temps de revenir à la table pour relire le texte ; on est véritablement dans l’immédiateté, ce qui rend le travail passionnant. Lorsqu’on a commencé à répéter ces deux textes en parallèle, on s’est très vite rendu compte que la langage n’avait pas la même fonction dans l’un et l’autre. Dans Villa Dolorosa, la langue sert à construire une identité, une personnalité, mais en vain, alors que dans Extase et quotidien, la langue est constitutive de chacun des personnages en devenir, de façon plus concrète. Par conséquent, cette contradiction entre les deux pièces m’a demandé deux approches distinctes pour la mise en scène et la direction d’acteurs. Même si les deux textes se nourrissent également l’un l’autre et créent entre eux des décalages, à distance, que le spectateur ressentira forcément. e n t r Guillaume Béguin © Anthony Anciaux On imagine donc que ce type de travail requiert des qualités particulières chez les comédiens. Quelles sont-elles ? Les comédiens perçoivent très vite la dimension passionnante et à la fois un peu schizophrénique de ce travail sur plusieurs personnages distribués dans deux pièces différentes. Ils peuvent en être un peu effrayés dans un premier temps, mais l’urgence et l’effervescence dans lesquelles ce dispositif nous oblige à travailler créent une excitation et un intérêt supplémentaire inattendus. Sachant qu’un comédien répète habituellement deux mois pour une pièce d’une heure et demie, alors que dans notre cas, nous avions cinq semaines à disposition pour un durée totale de cinq heures de théâtre ! Par ailleurs, le théâtre de Kricheldorf exige que le comédien reste léger et conscient de l’endroit où il doit être. Il doit avoir digérer tous les éléments constitutifs du monde de l’auteure et éviter d’être trop superficiel ou trop pesant dans son jeu, afin de se maintenir à la bonne altitude. Revenons-en à la thématique commune de ces deux pièces de Kricheldorf qui montrent en quoi la langue peut être constitutive de l’identité d’un personnage. C’est une question qui vous préocupe depuis un certain temps déjà ? En effet, c’est aussi la raison pour laquelle mon choix s’est tourné vers ces deux textes, et en particulier vers Extase et quotidien où chacun des personnages est à la recherche de la construction de son moi. Une histoire de parents qui préten- e t i e Précisément, de quel comique s’agit-il dans le théâtre de Rebekka Kricheldorf ? Il n’est pas exactement du même ordre dans les deux pièces. Dans Villa Dolorosa, on est en présence d’un rire du dérisoire, avec des figures féminines conscientes de leurs ridicules, mais qui jouent leur rôle jusqu’au bout. Avec ce décalage comique créé par des mondes qui ne se comprennent pas et par ce jeu de la répétition des anniversaires ratés qui fait mouche à chaque fois, l’auteure nous renvoie à nos habitudes bourgeoises de certaines fêtes ritualisées. Pour Extase et quotidien, elle joue avec la tradition du théâtre de boulevard de façon très différente, toujours avec un art savant du décalage et du ridicule assumé, et au cœur d’un conflit de générations très stimulant. Quels ont été vos partis pris scénographiques pour ce premier sloop ? Ce sont des pièces de salon que je ne souhaite pas entraîner dans une autre époque ou un autre paysage. Je les prends comme telles, avec un décor qui va à l’essentiel et qui permette la meilleure circulation possible des acteurs. Car il s’agit aussi évidemment d’un théâtre d’acteurs qui doivent évoluer dans un espace qui les révèle, en cherchant la situation la plus juste. Mon travail consiste à montrer dans la première pièce un monde clôt qui se regarde encore, alors que dans la seconde il s’agit d’un monde déjà éclaté d’individus qui acceptent de s’y perdre pour tenter de se retrouver eux-mêmes. Propos recueillis par Jérôme Zanetta n 27 t h é â t r e scènes lausannoises Entente cordiale Blandel fera se croiser dans Touch Down (du 10 au 16 décembre) le rite païen de la vierge sacrifiée aux dieux par la danse et celui, populaire, de la cheerleader, condamnée à entretenir les foules. L'union fait la force ! Tel semble être le message transmis par quatre scènes lausannoises, lesquelles ont présenté conjointement leur programmation pour la saison 2015-2016. Mais cette démarche n'a pas uniquement pour but de faire connaître les nombreuses productions à l'affiche de l'Arsenic, du Théâtre 2.21, de la Grange de Dorigny et du CPO d'Ouchy puisque l'intention des organisateurs est également de proposer des offres intéressantes sur le plan de la tarification au public désireux de passer d'une scène à l'autre. À La Grange de Dorigny enfin, une grille en hommage aux grands classiques. Marivaux, dont la comédie méta-théâtrale en un acte Les acteurs de bonne foi sera adaptée par Geneviève Pasquier et Nicolas Rossier du 5 au 8 novembre. Racine et sa Thébaïde au thème hautement antique des « frères ennemis » que Adoubé aussi bien par les autorités de la Ville de Lausanne que par celles du Canton de Vaud, ce projet original démontre un dynamisme certain de la part de structures ouvertes à la création locale, tant pour le théâtre que la danse avec un souci évident de complémentarité qui ne peut que bénéficier aux nombreux acteurs de la scène romande. 28 C’est une programmation pour le moins musicale qui attend les habitués du 2.21 ces prochains mois. Du vaudevillesque d’abord en octobre, puisque Benjamin Knobil et Lee Maddeford présenteront du 13 au 18 Love on the (Mega) Byte, Opérette numérique, œuvre lyrico-digitale contant (ou codant) les combi- naisons amoureuses possibles entre deux hommes, deux femmes et un super-ordinateur, sur fond de complot apocalyptique financier. Moins bariolé, Julien Mages récitera sur accompagnement musical son poème auto-référentiel pertinemment nommé Narcisse 21ème siècle et Monica Budde & Delphine Horst liront deux textes de l’auteure lausannoise Joëlle Stagoll, L’huître et Slams, lors des soirées du 20 au 21 novembre. Du 26 au 28, le compostieur Christophe Fellay, qui dirigera l’ensemble londonien Notes Inégales, viendra quant à lui, présenter en hommage au contrebassiste Popol Lavanchy une nouvelle série de pièces oscillant entre les courants du 20ème siècle et les expérimentations texturales de l’art sonore contemporain. A l’Arsenic : «Morphoses» © Jean-Sébastien Monzani Au Théâtre 2.21 : «Love on the (Mega) Byte, Opérette numérique» © Julie Casolo & Atelier Obscur a c Des cordes qui vibrent du 2.21, l’on passe aux muscles bandés de l’Arsenic. Le choc des corps trouvera un bel écho par Bataille (du 4 au 8 novembre) des chorégraphes suisses Delgado Fuchs et des plasticiens français Clédat & Petitpierre qui adapteront librement le chef-d’œuvre d’Ucello La bataille de San Romano. Du 19 au 22 novembre, Corinne Rochet et Nicholas Pettit proposent eux une phénoménologie dansée entre interactions mondaines et réflexions sociales avec Morphoses, alors que Maud t u a présentera du 12 au 15 du même mois Cédric Dorier. Et Virgile, dont Sandra Amodio fera Une énéide réappropriée pour mieux saisir le drame humain des migrants échoués sur les côtes de Lampedusa : à découvrir du 3 au 5 décembre. Anthony Bekirov Théâtre 2.21 (billetterie en ligne : www.theatre221.ch/abos-billets/reservations) L’Arsenic (réservation en ligne) La Grange de Dorigny (rés. 021/692.21.24 + en ligne sur la page du spectacle) l i t é m u s i q Agenda genevois L’automne sera résolument français au Grand Théâtre de Genève grâce, d’une part, à une nouvelle production de La Belle Hélène d’Offenbach. Frank Peter Zimmermann © Franz Hamm a c t u e Power et le pianiste Simon Crawford-Phillips avec un programme Mozart, Borisovsky, Maratka, Schumann et Bruch. L’Orchestre de Chambre de Genève ouvre sa saison le 6 octobre au Bâtiment des Forces Motrices avec une soirée « Romance lyrique » grâce à la baguette d’Arie van Beek, à la présence de l’Ensemble vocal de Lausanne, de la mezzo-soprano Eve-Maud Hubeaux, et à un programme promettant des partitions de J. Strauss, Wagner, Ubaldini et Schubert. Après avoir présenté le Roi Arthur lors de concerts en famille les 24 et 25, et avoir accompli son Grand Marathon le 27 octobre, le Geneva Camerata donnera pour sa part carte blanche à Jean-Guihen Queyras le 31 octobre au BFM également ; dirigé par David Greilsammer, des œuvres de Haydn à Berg en passant par Gerschwin sont au programme. Le Philharmonia Orchestra London sera de passage au Victoria Hall le 29 octobre, dirigé par Esa-Pekka Salonen. Il accompagnera la violoniste Arabella Steinbacher dans le Concerto pour en octobre Marc Barrard (Agamemnon), Raúl Giménez (Ménélas), Florian Caferio (Pâris) et Véronique Gens (Hélène) seront accompagnés par l’Orchestre de Chambre de Genève, dirigé par Gérard Daguerre ; Robert Sandoz se chargera de la mise en scène. D’autre part, on pourra découvrir Les Troyens à Carthage, opéra en cinq actes et deux parties de Berlioz, en version concert : La Prise de Troie sera exécutée les 15 et 19, tandis que Les Troyens à Cartage seront chantés les 17 et 22 octobre, toujours à la Place Neuve. Charles Dutoit dirigera alors le Royal Philharmonic Orchestra et Sergey Semishkur (Enée) ainsi que Clémentine Margaine (Didon). Enfin, les 31 octobre et 1er novembre, le Jingju Theater Company of Beijing Ensemble fera découvrir l’Opéra de Pékin dans la cité de Calvin, genre théâtro-musical né au 18e siècle dans la cité impériale et combinant le chant, la musique, le théâtre et les arts martiaux. L’Orchestre de la Suisse Romande retrouvera son chef Kazuki Yamada au Victoria Hall le 2 octobre : il accompagnera le violoniste Frank Peter Zimmermann. Au programme : la 2e valse de concert de Glazounov, le Concerto pour violon et orchestre No 2 de Chostakovitch et la u Symphonie No 5 de Tchaïkovski. Le 7 octobre, Cornelius Meister dirigera Alexander Gavrylyuk au piano qui interprétera le Concerto pour piano de Schumann ; la Symphonie No 7 de Bruckner sera jouée en deuxième partie. Le 23, ce sera au tour de Jakub Hrusa de prendre la direction de l’OSR pour exéctuer Ma Patrie de Svetlana, Les Paraboles de Martinu et le Concerto pour hautbois de Mozart, avec Alexei Ogrintchouk comme soliste. Enfin, le 28 octobre, Charles Dutoit se rendra également au Victoria Hall pour une soirée Ravel. Grâce à la collaboration du Chœur du Grand Théâtre, des ténors François Piolino et Julien Behr et du baryton David Wilson-Johnson, l’on pourra entendre L’Heure espagnole, comédie musicale en un acte, 1907 et L’Enfant et les sortilèges, fantaisie lyrique, Arabella Steinbacher © Peter Rigaud 1919-1925. A noter également, le 4 violon de Brahms. Des œuvres du compositeur octobre au Victoria Hall, la suisse Richard Dubugnon ouvriront la soirée, qui venue du Sinfonietta Hong s’achèvera par la Symphonie No 5 de Sibelius. Kong dirigé par Yip Wing-sie, Enfin, les amateurs de musique de chambre avec le clarinettiste Paul Meyer; ne manqueront la venue au Conservatoire de invités par les Concerts du Genève ni du Quatuor Fauré le 15 octobre (œudimanche de la Ville, ils inter- vres de Mozart, Fauré et Brahms) ni celle du préteront Clear Light de Joyce Quatuor Prazák le 30 (œuvres de Mozart, Tan Wai-chung, le Concerto Chostakovitch et Dvořák). pour clarinette en la majeur K. Signalons encore que sera célébré, le 15 622 de Mozart, pour terminer octobre au BFM, le 15e anniversaire des Jeudis par la Symphonie n° 3 en la du Piano, enprésence de la Camerata du Léman mineur op. 56 «Ecossaise» de et de nombreux pianistes lauréats de ces 15 Mendelssohn. années d’existence. En présence également de la Dans la série Temps & pianiste Anne Queffélec, marraine de la manifesMusique, le Conservatoire de la tation. Martina Díaz place Neuve accueille, le 5 octobre,le clarinettiste Chen Halevi, l’altiste Lawrence a l i t é 29 m u s i q u e sage humaniste de Beethoven dans Fidelio tout en trouvant parfaitement absurde l'intrigue de son opéra... au victoria hall Esa-Pekka Salonen La nécessité de créer du neuf Esa Pekka Salonen est à la fois compositeur et chef d'orchestre; bien que la carrière du musicien finlandais sur le podium l'ait rendu beaucoup plus célèbre que l'interprétation de ses partitions, celui-ci n'en reste pas moins fermement décidé à consacrer au maximum cinquante pour cent de son temps à la direction d'orchestre, le reste étant dédié à la composition et à sa vie de famille. 30 Ce dernier aspect de sa vie n'est toutefois pas censé intéresser les journalistes. Lorsqu'il accorde une interview, c'est d'abord pour parler de la musique, de son rôle dans la société actuelle ou de son évolution dans un monde en constante mutation... Bien qu'il n'ait jamais achevé ses études de composition, Esa Pekka Salonen n'a jamais douté de la nécessité, pour lui, de construire sa vie pour et autour de la musique. Sa première apparition à la tête du Philharmonia de Londres, où il remplaçait au pied levé Michael Tilson Thomas dans l'interprétation d'une symphonie de Mahler, l'a immédiatement propulsé vers les sommets de la hiérarchie tacite sur laquelle se construisent les réputations des artistes internationaux. Après dix-sept ans passés à la tête du Los Angeles Philharmonic Orchestra, un ensemble dont il a élargi le répertoire tout en augmentant sensiblement son impact auprès du public au point d'augmenter le taux de fréquentation des auditeurs fidèles à ses concerts, il a cédé à l'offre que lui Esa-Pekka Salonen © Karen Robinson a faisait l'Orchestre Philharmonia de Londres en prenant en 2007 la direction musicale de l'orchestre après avoir été pendant quelques années principal chef invité. Interrogé sur la place qu'occupe la direction d'orchestre dans sa vie de compositeur, M. Salonen insiste sur son rôle de “passeur“. La musique ne s'impose pas de soi aux autres, il faut leur faciliter la tâche. Il se souvient d'une expérience qui l'a marqué lorsqu'il a eu la chance d'assister à Munich à une représentation du Chevalier à la Rose dirigé par Carlos Kleiber, dans la mise en scène d'Otto Schenk que le public genevois a pu admirer il y a quelques années sur la scène du Grand Théâtre. Juste avant le tomber du rideau final, alors que l'on croit l'ouvrage achevé parce que tout le monde a quitté la scène, un petit serviteur maure revient subrepticement chercher le mouchoir de la jeune promise au mariage et quitte ensuite la scène à toute allure en brandissant son trophée alors que le plateau s'obscurcit. C'est un peu là, aux yeux de M. Salonen, le rôle de la musique : faire un signe au public avant de le laisser seul face à lui-même lorsque la dernière note a retenti. Car même si, dans l'instant, l'impression produite par la pièce interprétée ne semble pas impérissable, elle se grave dans l'esprit et continue à y faire un chemin qui ouvrira peut-être un jour des horizons insoupçonnés où aucun de nous n'aurait pu imaginer accéder par le seul effet de sa volonté. A un critique qui lui demandait de préciser sa pensée, le chef répondait simplement que la musique a le pouvoir unique d'entraîner celui qui l'écoute dans un monde autre, où les contingences physiques habituelles n'ont plus cours. Elle supprime notamment la notion du temps et rend possible les utopies les plus folles. Pourtant, les émotions qu’elle suscite sont, elles, bien réelles et ce que le langage des sons fait vivre à l'auditeur a une réalité dont il est impossible de refuser l'emprise sur son cerveau ou sa sensibilité. On peut par exemple être ému aux larmes par le mes- c t u a Trouver le contact avec le public, c'est aussi le confronter le plus souvent possible à des expériences nouvelles. Le répertoire doit donc être constamment élargi. Aussi est-il impératif de faire entendre souvent des partitions rares ou des pages symphoniques spécialement écrites pour les ensembles que ce chef dirige. Car mettre à l'affiche de la musique de son temps devrait être pour tous une évidence. Et même si la confrontation avec un univers sonore nouveau n'est pas toujours 'agréable' ou 'apaisant', il ne fait aucun doute que toute partition, même chahutée, fait entendre quelque chose d'essentiel sur notre temps : se confronter régulièrement à des partitions inconnues, n'est-ce pas prendre le risque de s'aventurer sur un terrain mouvant et affronter le monde tel qu'il est vu par d'autres, au lieu de se contenter d'en colporter une image rassurante, harmonieuse, qui correspondant à ce qu'on souhaiterait qu'il fût?... Le concert de Genève ne faillira bien sûr pas à cette “tradition“ : le chef a mis à son programme la première audition d'une œuvre d'un compositeur suisse, le Caprice pour Orchestre No 1 op 72 de Richard Dubugnon, fruit d'une commande du pour-cent culturel classique de la Migros. Ce compositeur lausannois, à qui on prête les transparences du langage ravélien alliées aux structures solidement charpentées d'un Prokofiev ou d'un Stravinsky, a récemment eu les honneurs d'une création qui a fait grande impression au cours de l'édition 2013 du Festival de Verbier lorsque Kent Nagano y dirigeait Helvetia, Alpine flight for Large Orchestra. Critiques et public ont alors salué une composition originale qui ne rompt pas brutalement avec le passé mais qui sait y trouver les sources d'un renouveau langagier capable de donner un vrai impact à la musique contemporaine sans sombrer dans les techniques compositionnelles trop absconses. La création de cette courte pièce sera suivie à Genève du Concerto de violon de Brahms qu'interprétera Arabella Steinbacher alors qu'après la pause, l'ensemble londonien interprétera la grandiose Symphonie no 5 de Sibelius. Eric Pousaz Victoria Hall, jeudi 29 octobre à 20 h Billetterie : Service culturel Migros l i t é m u s i q u e portrait Jean-Guihen Queyras Carte blanche est donnée au violoncelliste Jean-Guihen Queyras qui, le samedi 31 octobre à Genève, se produira au BFM en compagnie du Geneva Camerata conduit par David Greilsammer. Au programme figureront des œuvres pour violoncelle et orchestre du Norvégien Rolf Wallin, de Haydn, de Gershwin (une Suite de Porgy & Bess pour 4 violoncelles), complétées par des extraits de Rinaldo de Haendel et par la Suite lyrique d’Alban Berg. Né à Montréal de parents français, JeanGuihen Queyras a grandi au Québec, puis en Algérie et en Provence, où sa famille, établie à Forcalquier, a fondé un festival très convivial, les Rencontres musicales de Haute-Provence. De Claire Rabier, son premier professeur, Queyras Sa discographie Paul Tortelier pour son lyrisme et sa générosité, Rostropovitch pour son énergie débordante. Talent précoce Devenu à 23 ans violoncelliste solo l’Ensemble intercontemporain de Pierre Boulez, Jean-Guihen Queyras © Benjamin Grieg aime à dire qu’elle lui demandait de jouer « comme s’il avait un oiseau niché au creux de chaque main et qu’il voulait le protéger ». Elève de Reine Flachot au Conservatoire de Lyon, il se perfectionne ensuite auprès de Christoph Henkel à la Hochschule für Musik de Fribourg-enBrisgau, puis à New York, à la Juilliard School et au Mannes College. Timothy Eddy, son dernier professeur, qui a connu Casals - l’exemple pour lui d’un « violoncelle qui parle » - lui apprend à mieux sculpter le son, à développer sa technique de l’archet, tout ce qui rend une interprétation vivante. Il admire aussi particulièrement Harnoncourt et Bylsma, pionniers du baroque, a c t u Queyras y crée durant une dizaine d’années un grand nombre d’œuvres nouvelles et ne cesse, aujourd’hui encore, d’étoffer son répertoire, du baroque au XXIe siècle. En juin 2014, il donnait en création suisse avec l’OSR, sous la direction de Thierry Fischer, le concerto de Michaël Jarrell Emergences et lors de la semaine inaugurale de nouvel auditorium de Radio France, en création française, le Concerto pour violoncelle de Peter Eötvös. En janvier 2015, c’est à lui que le musée du Beethovenhaus de Bonn confiait le concert inaugural de renaissance d’un violoncelle ayant appartenu à Beethoven, retrouvé en Israël. En musique de chambre, Queyras joue au a l i sein du Quatuor à cordes Arcanto, qu’il a fondé avec Antje Weithaas, Tabea Zimmermann et Daniel Sepec. Il se produit aussi souvent en duo, notamment avec les pianistes Alexander Melnikov et Alexandre Tharaud. Menant à la fois une carrière de soliste, de chambriste et de pédagogue – à la Hochschule für Musik de Freiburg , il est aussi invité comme chef à conduire l’Ensemble Resonanz de Hambourg. t Jean-Guihen Queyras a enregistré pour Harmonia Mundi toute une série de disques remarquables. Celui des Concertos de Bruno Mantovani, Philippe Schoeller et Gilbert Amy constitue une sorte de triptyque d’œuvres du XXIe siècle contrastées et complémentaires. Le Concerto d’Elgar, complété par les Variations rococo de Tchaïkovski, a été considéré comme la plus belle des versions récentes confrontées à la Tribune des critiques de France-Musiques. La gravure du Quintette à cordes de Schubert, en compagnie du Quatuor Arcanto et du violoncelliste Olivier Marron, est une pure merveille. Une trilogie en cours de parution consacrée à l’intégrale des Concertos pour piano, pour violon et pour violoncelle, et des Trios avec piano de Robert Schumann, visera à montrer le lien organique existant entre ces trois Trios et les trois Concertos, enregistrés sur instruments d’époque avec le Freiburger Barockorchester. Les techniques d’interprétations baroques lui étant aussi familières que la musique contemporaine, Queyras tire parti de cette double expérience pour renouveler la manière d’aborder les classiques. C’est le cas pour les deux Concertos de Haydn et celui de Matthias Georg Monn, pour l’intégrale des Sonates pour violoncelle et piano de Beethoven avec Melnikov ou des Trios avec Andreas Staier et Daniel Sepec. Les Suites pour violoncelle seul de Britten, la Sonate de Kodaly, des œuvres de Debussy, de Poulenc, de Schubert avec Alexandre Tharaud, les gravures de Bartok, de Mozart, de Brahms avec le Quatuor Arcanto ont toutes été saluées par la critique. Mais le fleuron de la discographie de Jean-Guihen Queyras demeure sa version, réalisée en 2007, des Six Suites pour violoncelle seul de Bach, sur son précieux Gioffredo Cappa de 1696. Yves Allaz 31 octobre : Concert Prestige n°2 "Carte Blanche à JeanGuihen Queyras", violoncelle (Haendel, Wallin, Gershwin, Berg, Haydn). Bâtiment des Forces Motrices à 20h (billetterie sur le site du GeCa) Infos sur : www.genevacamerata.com é 31 m u s i q u e OCL saison 2015-2016 Un Américain au Métropole Une année avant sa véritable entrée en fonction, Joshua Weilerstein prend ses marques à la tête de l’Orchestre de Chambre de Lausanne. Un vent nouveau sur tous les plans. 32 Après l’ère Zacharias, une nouvelle page s’ouvre. C’est un jeune Américain qui mènera du bout de sa baguette la phalange des chambristes lausannois. Si Joshua Weilerstein se surprend luimême de sa rapide progression, il est aussi conscient de sa marge de progrès et se montre désireux de se former d’avantage, de “prendre de la bouteille“, de rester à l’écoute de quelques “anciens“, comme Valery Gergiev, dont il suit encore l'enseignement en Master-Class. A Lausanne, il souhaite avant tout “bien faire les choses“, non seulement sur le plan professionnel, mais aussi en s’intégrant à la communauté; il juge nécessaire d’apprendre le français. La communication avec ses musiciens sera pluridimensionnelle : par la musique, les gestes et un langage commun. Hasards et spontanéité A quoi ressemble le parcours du jeune maestro américain ? Nous n’avons pas affaire à un enfant prodigue qui se serait destiné à la baguette dès le berceau. Il avoue avoir fait du violon sans trop de conviction, jusqu’à ce qu’une tour- Joshua Weilerstein © Felix Broede a née avec l’orchestre des jeunes l’amène à Panama et au Guatemala. Il vit alors une illumination en voyant l’émotion que la musique peut donner aux jeunes de son âge, qui la découvrent pour la première fois ! Son aventure avec la baguette débute par un moment fort aussi : en visionnant un enregistrement de Carlos Kleiber dirigeant la 2e de Brahms, le jeune musicien a une révélation. Il se rend ensuite en pèlerinage en Slovénie, sur la tombe du chef qui l’avait tant impressionné… Ce moment spirituel l’a certainement nourri sur le podium d’un concours pour jeunes chefs à Copenhague, remporté à l’âge d’à peine 21 ans. Un concours auquel il s’était inscrit “comme blague“ et qui s’avère déterminant. Il se voit accorder le poste de chef assistant au New York Philharmonic, aux côtés d'Alan Gilbert, pour trois ans. En quelques années, il décroche des engagements auprès de phalanges de renommée en Europe : London Philharmonic, Royal Liverpool, Danish National Symphony, Oslo Philharmonic, Deutsche Kammerphilharmonie Bremen… cette liste est loin d’être exhaustive. Aujourd’hui, son répertoire s’étend de Gesualdo à Christopher Rousse; on lui doit notamment la création britannique de Prospero’s Rooms. Sa collaboration avec l’OCL débute d’une façon aussi audacieuse qu’originale : par un enregistrement ! Le projet comprend La Suite de Pulcinella et Apollon Musagète de Stravinsky, un des compositeurs fétiches du maestro. Le premier grand concert est agendé pour novembre. Une tournée en Allemagne - pays d’origine de Christian Zacharias - suivra, avec une forte présence de Beethoven et Mozart à l’affiche - autre concours de circonstances ? - deux classiques très chers à son prédécesseur. Il va sans dire que le jeune Américain avait un mot à dire sur la programmation de la saison 2015-2016, dans laquelle on verra se c t u a Sarah Chang © Colin Bell produire - chapeau aux grandes dames - Sarah Chang, Simone Young, Tabea Zimmermann, mais aussi Cédric Pescia, Kazuki Yamada, Piotr Anderszewski, Jean-Guihen Queyras, ou encore Truls Mørk. Des habitués auront le plaisir de retrouver Heinz Holliger, Ton Koopman et bien évidemment, Bertrand de Billy, principal chef invité. En avant la jeunesse Vu son âge et sa fougue, on attend du maestro américain qu’il s’adresse particulièrement aux jeunes : comme violoniste à Boston, il jouait dans un ensemble dont le rôle était la promotion de la musique classique auprès des écoles. Fort de son expérience latino-américaine, Joshua Weilerstein avait également noué de liens forts avec le fameux Orquesta Sinfónica Simon Bolívar, comme violoniste soliste et chef. A Lausanne, il est aussi désireux de satisfaire les habitués que de rajeunir le public. Dans ce but, il envisage déjà une réflexion sur les lieux alternatifs et des horaires de concerts plus appropriés. Egalement présent sur les réseaux sociaux, il échange volontiers avec ses musiciens et son public. On se souvient du style sobrement germanique de Christian Zacharias. Le jeune Yankee osera-t-il diriger en T-shirt et baskets ? Trinquera-t-on désormais au Coca-Cola lors des entractes ? Good luck, Maestro, le Métropole vous appartient ! Beata Zakes Programme détaillé: www.ocl.ch Renseignements et abonnements: +41 21 345 00 20 l i t é m u s i q u e deuxième saison au rosey concert hall Diversité Le Rosey Concert Hall vient de fêter sa première année d’existence. Conçu par l’architecte lausannois Bernard Tschumi, ce dôme en verre et en métal, aux apparences de vaisseau spatial, est venu se poser discrètement dans la verdure du campus rollois de la prestigieuse école internationale. Son père spirituel, Philippe Gudin, directeur sortant de l’Institut le Rosey, lui-même devenu mélomane sur le tard, a misé sur la promotion des arts à l’ère où l’univers entier adule la technologie. Tel un “temple moderne consacré aux arts“, le bâtiment abrite une magnifique salle de concert pour 900 places, toute de bois aggloméré et à l’acoustique irréprochable, divers ateliers artistiques et un Learning Center, en clin d’oeil à l’EPFL. Alors que la bibliothèque offre aux lecteurs un mur de livres anciens en trompe-l’oeil, la splendide cuisine-laboratoire, digne de “Top Chef“, concocte des assiettes champêtres pour un public de tous horizons… Grandiose et discret à la fois, ce projet est un hommage à Paul Carnal, instituteur jurassien qui, en 1880, s’installait dans le vieux château du Rosey afin d’y ouvrir une école où l’allemand ne serait pas imposé aux francophones… Aujourd’hui, l’institut accueille 400 élèves de 60 pays, qui peuvent désormais s’initier aux sciences, lettres, arts et sports en tout équilibre. Pour sa deuxième saison culturelle, le “Dôme“ s’ouvre à un large public, révélant ainsi “une toute autre face“ de l’institution. Nous faisons le bilan avec Marie-Noëlle Gudin, directrice de la Fondation Le Rosey. Pour la première programmation, vous avez eu recours à l’agence Caecilia de Genève… Nous avons plutôt travaillé avec Steve Roger, qui reste un membre important de notre comité artistique. Lors de la première saison, nous avons eu la chance d’accueillir deux grandes phalanges, le Royal Philharmonic de Londres et de l'Orchestre Philharmonique de St-Pétersbourg. Alors que l’automne a permis d’explorer le potentiel symphonique du Carnal Hall, le printemps a révélé que les conditions étaient tout aussi optimales pour la pratique de la musique de chambre et le récital. Des solistes tels qu’Emmanuel Pahud, Paul Meyer et Hélène Grimaud se sont produits dans notre salle, et ont apprécié tant l’accueil e n t r Carnal Hall familial que l’ambiance de l’endroit. Cette année, l’Orchestre de Chambre de Lausanne - qui avait testé l’acoustique avant l’inauguration - enregistre chez nous son premier CD avec le nouveau chef, Joshua Weilerstein. Ensuite, nous aurons un orchestre en résidence, l’Académie Menuhin. Lors de leur passage au Rosey, nos élèves pourront bénéficier non seulement des concerts (le premier avec Maxime Vengerov) mais également des master classes données par des musiciens. Que représente, en termes de logistique, le fait de recevoir une grande phalange sur le site du Rosey ? Le Carnal Hall n’est pas une salle de concert comme les autres. Nous sommes une école qui offre une salle de concert. Alors que les musiciens prennent leurs quartiers pour une soirée, l’école fonctionne normalement. Le backstage est très développé, avec des loges pour musiciens et solistes. Le quai de débarquement pour les camions est très discret, et une équipe technique veille à ce que leur installation passe presque inaperçue. Nous tenons à ce que les artistes soient bien accueillis; cela fait partie de notre image. A part la musique classique, votre programmation propose également du théâtre ou du cinéma. Cela fait la particularité de notre offre. Nous veillons à garder un équilibre entre divers genres: Grâce à sa conception et une excellente équipe technique, la salle de concert se prête à diverses formes d’expression. Les Coquelicots des Tranchées, spectacle théâtral que nous avons programmé en avril passé, a été un franc succès. D’ailleurs trois jours plus tard, la troupe s’est vu accorder un “Molière“. En octobre, Pierre Amoyal viendra raconter, en musique, l’histoire de son Stradivarius volé, avec un dessinateur sur sable et un mime présents sur scène. Le théâtre classique sera représenté par Le Malade Imaginaire de Molière. Une projection du Kid de Chaplin aura lieu en avril, accompagnée live par e t i e l’Orchestre de Chambre de Genève sous la baguette de Philippe Béran. Chacune de ces soirées est un coup de coeur, et particulièrement, la clôture de la saison avec l’Orchestre de Suisse Romande, placé sous la direction d’Alexander Joel, un ancien Roséen. La promotion du Carnal Hall a démarré également de façon très discrète. Le bouche à l’oreille est-il suffisant ? Nous avons un budget publicité et travaillons avant tout avec la presse locale; la promotion est demeurée en effet assez discrète car nous n’avons pas beaucoup de places et privilégions les habitants de la Côte, les amis du Rosey (anciens, parents…), les sponsors et naturellement les Roséens et leurs enseignants. Pour le moment, les billets sont vendus chez Ticketcorner, mais nous prévoyons également la vente d’abonnements. A l’instar des autres salles de concert, nous proposons à notre public une série de spectacles de différents genres, en veillant toujours à la qualité de l’offre. Cette année, le Royal Philharmonic de Londres sera notre invité pour la deuxième fois; c’est une preuve de confiance et une garantie d’excellence à la fois. N’avez-vous pas peur de devenir victimes de votre succès ? Nous pouvons toujours ajouter des spectacles et élargir l’offre, en proposant, par exemple, des concerts pop ou rock. D’ailleurs l’offre culturelle sur l’arc lémanique est suffisamment large pour satisfaire les besoins de publics très variés. La création de cette salle a ajouté une nouvelle dimension au concept et à la tradition du Rosey. Les élèves sont fiers de pouvoir profiter de ce nouveau rayonnement; et le regard extérieur sur l’école change certainement aussi. Propos recueillis par Beata Zakes Programme détaillé: www.roseyconcerthall.ch Billets: Ticketcorner n 33 m u s i q u e paul meyer de passage à genève Un aristocrate de la clarinette Le public et les discophiles apprécient son jeu velouté, élégant, qui prend le temps de la respiration ! 34 Né en 1965 à Mulhouse, Paul Meyer étudie la clarinette au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris et à Bâle. Il obtient, à dixsept ans, le Premier prix du concours de jeunes musiciens ainsi qu'un 2e prix au Concours international de l'Eurovision. Il a ensuite l'occasion d'associer son nom à celui de grands musiciens: Yo-Yo Ma, Barbara Hendricks, Mstislav Rostropovitch, François-René Duchâble, Gidon Kremer, Kent Nagano ou Esa-Pekka Salonen. Le soliste est également chef d'orchestre. Un concours de circonstances avait débouché sur une invitation lancée par l'Orchestre Philharmonique de Séoul ; une rencontre avec le maestro Myung Whun-Chung, venu écouter la répétition par hasard, a donné une impulsion supplémentaire à ce qui aurait dû être une expérience unique : ce dernier a proposé à l'artiste français de devenir... son chef associé ! De 2006 à 2010, le musicien s'est vu confier une trentaine de programmes ! Lors de cette aventure il a pu réorganiser toute l’équipe des instruments à vent, sa spécialité. Paul Meyer s'est aussi imprégné, dans son jeu et dans ses choix de programme, d'une esthétique chinoise qui se lit comme le complément d'un raffinement français. Le parcours outre-mer ne s'est pas arrêté là, puisque le musicien a aussi conduit une phalange japonaise, l'Orchestre Kosei de Tokyo, mais aussi des ensembles au Brésil... tout en établissant des liens en France et en Allemagne. Récemment, il conduisait de l'Orchestre Philharmonique de Bruxelles. Pendant toutes ces années, il n'a jamais perdu le contact avec l'Europe. Ce n'est pas la première fois que l'artiste rencontré au Festival de Colmar - juxtapose tradition (Mozart, Mendelssohn) et modernité (la chinoise de Hong Kong, Joyce Wai-chung Tang, une spécialiste de l'électro-acoustique, dont l'esthétique se rapproche de celle de Philip Glass). Il e explique ainsi ce genre de choix : Les œuvres vivent l'une par rapport à l'autre. La musique contemporaine peut éclairer les œuvres classiques et vice-versa. La confrontation est toujours stimulante. Paul Meyer sera sur le podium et en soliste. Voici ce qu'il nous dit sur les interprètes qui s'improvisent chefs : Paul Meyer «Tout dépend de l'orchestre ET du soliste. Dans le concerto pour clarinette de Mozart, j'aime les deux formules. Les deux posent des problèmes différents et intéressants. Chaque répétition nous fait découvrir quelque chose; un interprète est toujours en quête. L'orchestre est comme une famille; à la baguette, il faut collaborer et non crier. Les choses ont changé depuis le début du vingtième siècle, il faut proposer et non démolir. Comme chef, je ne suis pas le même que comme instrumentiste. Un chef qui discute trop ne sert à rien ! Avec la clarinette, c'est différent, il faut collaborer. Cela me sert de manière très importante dans mon métier à la tête d'un ensemble. A la baguette, les pianistes ont souvent un problème ; ce sont des artistes très généreux qui jouent très souvent seuls; devenus chefs, ils veulent imposer leur conception de manière parfois trop brusque.» Il définit ainsi plus précisément son travail n t r e lors des répétitions et des concerts : «En musique, j'attache de l'importance à la place occupée par chacun. Sans être autoritaire, je suis porté vers l'autorité, douce, paternaliste. Un chef doit être moteur. On m'a dit que c'était de l'arrogance, mais cela n'en est pas ! Comme chef, j'ai appris à cerner ce dont j'ai besoin. La direction me permet de m'exprimer complètement, tandis qu'à la clarinette je suis un partenaire qui tient beaucoup plus compte des autres. Pour bien jouer, il faut faire en sorte que les autres puissent bien jouer.» Bon connaisseur de la Suisse, il a un avis bien tranché sur notre pays : «Aujourd'hui, les Suisses me paraissent être des “suiveurs”. Auparavant, ils étaient plus créatifs, ils avaient moins peur de prendre des risques... Votre pays, pour ce qui est de la vie musicale, souffre des mauvais côtés du fédéralisme: d'une région à l'autre, d'un canton à l'autre, les musiciens sont des étrangers les uns par rapport aux autres. Ils ne se mélangent pas assez. Les choses doivent bouger. Je le dis pour la Suisse, mais c'est un constat en fait plus général: il ne faut pas se figer dans le passé. Il est essentiel d'être créatif, d'essayer, toujours et encore, de faire progresser tout le monde. On aime trop se retrouver dans ses habitudes, on veut la sécurité, mais c'est l'ennui qui fragilise tout le monde. En musique, la tiédeur, ce n'est pas bien. Un concert ne doit pas forcément aboutir à un consensus, chez les musiciens comme auprès du public. Un débat contradictoire, c'est plus intéressant ! Regardez ce qu'ont fait les partisans des instruments anciens: au-delà de questions musicologiques, ils ont donné une liberté nouvelle aux interprètes ! Pour ce qui est des subsides, chez vous comme ailleurs, on a tendance à saupoudrer et l'on recherche des “stars” à l'étranger; on ne fait pas assez confiance aux gens qui sont chez soi !» Propos recueillis par Pierre Jaquet Dimanche 4 octobre 2015 à 20 h, Victoria Hall. Paul Meyer & Hong Kong Sinfonietta. Joyce Wai-chung Tang: Clear Light Wolfgang Amadeus Mozart: Concerto pour clarinette Felix Mendelssohn: Symphonie n° 3 en la mineur, « Écossaise» t i e n m u s i q u e Queffélec qui sera présente avec tous ces jeunes solistes autant sur la scène qu'au clavier. entretien: claire haugrel Les 15 ans des Jeudis du Piano Au BFM de Genève le 15 octobre prochain, grand concert de gala pour fêter les 15 ans des Jeudis du Piano. Fondatrice et directrice artistique des Jeudis du Piano, Claire Haugrel retrace cette belle aventure. Comment cela a-t-il commencé il y a maintenant 15 ans ? Le Secrétaire général de la Société des Arts s’était cassé le coude. On a lancé un SOS à Claire pour qu’elle le remplace ! J’étais donc venue pour deux ou trois mois et cela dure maintenant depuis 15 ans. J’avais été frappée du fait que la grande absente au sein de la Classe des BeauxArts de la Société des Arts était la musique. Alors qu’il y avait cette merveilleuse Salles des Abeilles au cœur du Palais de l’Athénée avec un Steinway ! Conformément aux engagements de la Société des Arts qui s’est toujours voulue un tremplin pour de jeunes artistes, j’ai mis sur pied une première saison pour des pianistes en début de carrière. Il a fallu pour cela approcher les Conservatoires de Genève et Lausanne et d’autres Académies en Europe. Puis est rapidement venue l’idée d’un concours avec Prix du jury et Prix du public. Que signifie pour ces jeunes pianistes le fait d’avoir remporté l’un ou l’autre prix ? Plus que la somme attribuée, c’est je crois de n t Le concert du 15 octobre permettra d’entendre une large brochette des lauréats des 15 ans passés. Oui, ils seront au nombre de dix. Pour symboliser notre vocation profonde qui est la transmission, le concert débutera par un quatre mains de Katchaturian qui réunira Nicolas Stavy qui fut le 1er lauréat et Charlotte Coulaud qui fut la 15ème lauréate cette année : un passage de témoin en quelque sorte. On entendra trois des quatre lauréats suisses, Louis SchwizgebelWang, Christian Chamorel et François-Xavier Poizat qui joueront chacun un mouvement d’un concerto de Bach. La quatrième lauréate suisse, Béatrice Berrut, ne pourra être de la fête puisqu’elle jouera au même moment à Washington. Autre concerto, le KV 414 de Mozart réunira Nima Sarkechik et Nicolas Stavy qui chacun ont reçu un double prix. Tous les concertos permettront d’entendre mon bébé chéri, La Camerata du Léman, qui ne cesse de m’émerveiller. Le côté festif se retrouvera dans les 5 Danses hongroises de Brahms qui verront se relayer deux par deux tous les pianistes. Et aussi des airs du Barbier de Séville pour 4 mains. Sans oublier des 8 mains avec la Danse macabre de Saint-Saëns et un Grand Galop de Lavignac. Propos recueillis par Christian Bernard SOCIETE DES ARTS DE GENEVE LES JEUDIS DU PIANO - 15 ans Bâtiment des Forces Motrices - Jeudi 15 octobre 2015 PROGRAMME 1 - A. Khachaturian : Valse (extrait de Masquarade) Nicolas Stavy et Charlotte Coulaud : 1er lauréat et 15ème lauréate 2 - P.I. TchaÏkowski : Casse noisette op 71a (arrang.pour 2 pianos), avec Charlotte Coulaud et Guillaume Bellom les 2 lauréats 2014-2015 3 - W.A. Mozart : Sonate en ré maj. pour 2 pianos, avec Anne Queffelec et Gaspard Dehaenne 4 - J.S. Bach : Concerto en fa mineur N°5, BWV 1056 - 1er mouvement : Louis Schwizgebel-Wang - 2ème mouvement : Christian Chamorel - 3ème mouvement : François-Xavier Poizat 5 - W.A. Mozart : Concerto n° 12 en la maj. KV 414 - 1er mouvement : Nima Sarkechik - 2ème mouvement : Nicolas Stavy - 3ème mouvement : Sélim Mazari entracte 6 - J.S. Bach : Concerto pour 2 pianos en do mineur, BWV 1060 - 1er mouv. : Ismaël Margain et Guillaume Bellom - 2ème mouv. : Gaspard Dehaenne et Charlotte Coulaud - 3ème mouvement : Nima Sarkechik et Sélim Mazari 7 - J. Brahms : Danses Hongroises n° 1 : Louis et François-Xavier n° 2 : Christian et Charlotte n° 3 : Gaspard et Sélim n° 4 : Nima et Nicolas n° 5 : Guillaume et Ismaël 8 - C. Saint Saëns : Danse macabre (8 mains), avec Nima Sarkechik, Sélim Mazari, Charlotte Coulaud, Guillaume Bellom 9 - G. Rossini : Barbier de Séville (4 mains), avec François-Xavier Poizat, Nicolas Stavy 10 - Lavignac : Galop Marche (8 mains), avec Gaspard Dehaenne, Louis Schwizgebel-Wang, Christian Chamorel, Ismaël Margain Pour l'occasion, vous avez une marraine de choix en la personne d'Anne Anne Queffélec © Caroline Doutre e pouvoir bénéficier de mon carnet d’adresses. Un Prix des Jeudis du Piano entraîne des concerts dans d’autres festivals et une carrière se trouve ainsi lancée. Ainsi Selim Mazari, lauréat en 2014, a depuis donné 7 concerts. Et puis ces prix sont un encouragement à participer à d’autres concours. Ainsi Guillaume Bellom, lauréat 2015, est arrivé en finale au Concours Clara Haskil et Gaspard Dehaenne a remporté le Prix du public du même Concours Haskil cette année. Effectivement, on pourra l’entendre avec son fils, Gaspard Dehaenne, dans la sonate en ré majeur pour deux pianos de Mozart. C’est un cadeau énorme que nous fait Anne, une vraie amie avec laquelle je me suis toujours sentie une complicité de cœur, musicale et humaine. Nous avons en partage le même état d’esprit: tendre la main aux jeunes. r e t i e n 35 m u s i q u e octobre Agenda romand La Salle Métropole rouvrant ses portes après des mois de transformations, l’OCL, doté enfin d’un seul lieu pour répéter et se produire, s’y installe désormais comme orchestre en résidence. C’est tout bénéfice pour les musiciens et le public de la formation lausannoise. 36 A Lausanne, à l’Opéra, une nouvelle production de La Cenerentola de Rossini sera donnée sous la direction musicale de Stefano Ranzani, dans une mise en scène et scénographie d’Adriano Sinivia, avec l’OCL, la mezzo-soprano Serena Malfi dans le rôle d’Angelina et le ténor Edgardo Rocha dans celui de Don Ramiro. (du ve 2 au di 11) Ouvertures, Chaconne & Cantates de Bach, Fischer et Muffat figurent au programme de l’Orfeo Barockorchester, un concert coproduit par l’Opéra et le Festival Bach de Lausanne. (di 25) Serena Malfi. Photo by Francesco Squeglia A la Salle Métropole, pour inaugurer sa série des Grands Concerts, l’Orchestre de Chambre de Lausanne sera conduit par Simone Young et la soliste sera la violoniste Sarah Chang, avec des œuvres de Bach-Webern, de Bruch et de Schubert à l’affiche. (lu 19 et ma 20) Pour son premier concert dominical, l’OCL présentera, sous la direction de Cristian a Macelaru, des œuvres de Pierre Jalbert, de Haydn, et de Mozart, avec Beat Anderwert soliste du Concerto pour hautbois K. 314. (di 25) Pour le concert Découvertes, l’OCL, conduit par Piero Lombardi, et des comédien-nes de la Manufacture animeront La chèvre de Monsieur Seguin d’Alphonse Daudet, sur une musique d’Olivier Penard, compositeur français né en 1974. (sa 31) A la Cathédrale, un quatuor de solistes, le Chœur Calliope et l’OCL seront dirigés par Florence Grivat-Favre pour la redécouverte d’une œuvre de Fanny Mendelssohn, l’Oratorium auf Worte aus der Bibel, qui précédera le Requiem K. 626 de Mozart. (me 28) Au Théâtre de Beaulieu, le Mikhailovsky Ballet de Saint-Pétersbourg donnera sa deuxième soirée, sur des musiques de Schubert, Debussy et Arvo Pärt. (je 1) L’Orchestre de la Suisse Romande donnera les deux premiers concerts de sa série Lausanne. Conduit par Cornelius Meister, il interprétera la Symphonie No 7 d’Anton Bruckner, et accompagnera le pianiste Alexander Gavrylyuk dans le Concerto en la mineur de Schumann. (je 8) Quant à Charles Dutoit, il sera à la tête de l’OSR, du Chœur du Grand Théâtre, de la Maîtrise du Conservatoire populaire de Genève et d’une pléiade de solistes pour deux chefs-d’œuvre de Maurice Ravel, L’Heure espagnole et L’Enfant et les sortilèges. (je 29) A la Salle Paderewski, l’Orchestre du Grand Eustache donnera libre cours à sa fantaisie. Voir sous Rolle. (di 4) A la HEMU, la Missa Nova (2009-2010) de Lukas Langlotz sera interprétée par la Vokalensemble Zürich, conduit par Peter Siegwart. (lu 26) A Pully, à l’Octogone, le Quatuor Artemis, de Berlin, ouvrira la saison de Pour l’Art avec trois quatuors à cordes : les Op. 18/5 et Op. 59/1 de Beethoven, ainsi que le Quatuor No 1 c t u a « Sonate à Kreutzer » de Janacek. (ma 6) A Morges, à l’Eglise de la Longeraie, l’Ensemble à cordes de Lausanne, fondé en 2012, jouera le Concerto pour 2 violons de Bach, le Divertimento K.136 de Mozart, le Terzetto de Dvorak et Crisantemi de Puccini. (di 4) A Rolle, au Casino Théâtre, l’Orchestre du Grand Eustache, dirigé par Philippe Krüttli, se prêtera au jeu des « Cadavres Exquis « pour donner naissance à un imprévisible et fantaisiste Concerto pour Eustache, avec la complicité des compositeurs Lee Maddeford, Jean-Samuel Racine et Alexis Gfeller. (je 1 et ve 2) Au Rosey, Pierre Amoyal au violon et la Camerata de Lausanne donneront un concertspectacle autour du fameux Kochanski de Stradivarius, volé et retrouvé, avec le mime Karim Slama et le dessinateur sur sable Cédric Cassimo. (ma 13) Pierre Amoyal © Cedric Widmer Le Royal Philharmonic Orchestra de Londres, conduit par Charles Dutoit, avec la pianiste Khatia Buniatishvili en soliste, jouera le Concerto No 2 de Chopin, puis la Symphonie No 9 « Du Nouveau Monde» de Dvorak. (me 21) A Gland, au Grand-Champ, trois concerts seront donnés par des musiciens d’Amérique du Sud, du Japon, d’Europe et de Suisse, à l’enseigne d’«Intermezzo-La Côte Flûte Festival ». (sa 3) Le Quatuor Sine Nomine interprétera le Quatuor No 2 de Brahms, Elégie et Polka de Chostakovitch, et le Quintette avec clarinette K.581 de Mozart, avec le concours de Michel Westphal. (di 11) L’Ensemble Variantes, constitué d’un duo de pianistes à 4 mains (Julie Fortier et Olta Tashko) et d’un comédien (Vincent Aubert), l i t é m u s i q u e raconteront et joueront la « 1ère ascension du Mont-Blanc » sur des musiques de divers compositeurs. (di 18) A Romainmôtier, à l’Abbatiale, le Madrigal du Landeron et le Chœur Sobalte se produiront dans un programme d’œuvres religieuses. ( di 25) A Mézières, au Théâtre du Jorat, un spectacle polyvalent intitulé « Le tourbillon JaquesDalcroze » sera donné pour les 150 ans de sa naissance. (sa 3) A Moudon, à l’Eglise St-Etienne, le Kammerorchester 65 de Wettingen, conduit par Alexandre Clerc, jouera l’Ouverture de Coriolan et la Symphonie No 5 de Beethoven, ainsi qu’en création, Pentaptychon-Fünf alpine Bilder für Streichorchester de Fabian Müller. (di 4) A Vevey, à la Salle del Castillo, Lawrence Power à l’alto, Simon Crawford Phillips au piano et Chen Halevy à la clarinette ouvriront la saison musicale d’ «Arts et Lettres » avec un programme allant de Mozart à Krystof Maratka, né à Prague en 1972. (ma 6) Le 2e concert verra le Trio Jean Paul interpréter des œuvres de Brahms et de Dvorak. (ma 20) A St-Légier, à La Goulue, la violoncelliste Astrig Siranossian et le pianiste Andriy Dragan ont composé un programme autour du thème du folklore dans la musique romantique. (di 4) A Montreux, à l’Auditorium Stravinski, l’Orchestre de la Suisse Romande interprétera les mêmes œuvres de Schumann et Bruckner que la veille à Lausanne. (ve 9) A Veytaux, au Château de Chillon, danseurs et musiciens feront revivre Don Quichotte sur la musique de Telemann. (di 4) A Villeneuve, au Temple St-Paul, le Trio de clarinettes Rebaudo présentera des arrangements de pages célèbres de Mozart et de Tchaïkovski. (di 18) A St-Maurice, au Théâtre de Martolet, « Cinphonie 2015 », avec l’Orchestre symphonique du Valais, dirigé par Etienne Mounir, alliera une musique créée par Jonas Imhof à des jeux d’images et de lumières dus à Christoph Heinen. (sa 24) a c t u A Martigny, à la Fondation Gianadda, Murray Perahia jouera les Concertos No 3 et 5 de Beethoven, accompagné par l’OCL conduit par Jamie Phillips. (me 14) A Sion, à la Fondation de Wolff, la violoncelliste Estelle Revaz donnera un récital consacré à Bach, Zimmermann, Berio, Gubaidulina, Kurtag et Ligeti. (ve 2) Au Théâtre de Valère, les StraDivariaS, quatre musiciennes, comédiennes et chanteuses madrilènes, mêleront avec humour baroque, classique, flamenco et pop, de Schubert à Stevie Wonder, de Beethoven aux Platters et Queen. (ma 6) A la Ferme-Asile, Olivia Pedroli interprétera ses propres compositions. (sa10) Astrig Siranossian. Photo by Tashko Tasheff A Neuchâtel, à la Collégiale, la soprano Céline Steudler et l’Ensemble vocal et instrumental de la Collégiale donneront en création Les Songes, cantate biblique de Simon Peguiron, qui sera complétée par des œuvres de Mozart, Schönberg, Saint-Saëns et Schubert. (di 4) A l’enseigne de « Rome sur Tamise », l’orchestre Le Moment Baroque, avec Jonathan Nubel 1er violon, présentera des œuvres de Corelli, Avison, Haendel, Vivaldi et Geminiani. (ve 16) Au Théâtre du Passage, Olivia Pedroli, auteure-compositrice-interprète, fera entendre une musique personnelle et originale qui se situe au carrefour du folk, du classique, du jazz et de l’expérimental. (je 22 et ve 23) Au Temple du Bas, le Quatuor Talich proposera le Quatuor No 1 « La Sonate à Kreutzer » de Janacek, l’Opus 51 de Dvorak et le Quatuor « La Jeune Fille et la Mort » de Schubert. (ve 30) a l i t A La Chaux-de-Fonds, à la Salle de Musique, Bach, Beethoven et Chopin sont à l’affiche du récital du pianiste Nelson Freire. (ma 27) A Bienne, au Stadttheater, suite des représentations du Comte Ory de Rossini, sous la direction de Marco Zambelli, avec une mise en scène, des décors et costumes de PierreEmmanuel Rousseau. (di 11 et ve 16) Au Palais des Congrès, le pianiste Giovanni Belluci, l’Orchestre Symphonique Bienne Soleure et son chef Kaspar Zehner donneront en deux soirées l’intégrale des cinq Concertos de Beethoven. (ma 20 et me 21) A Porrentruy, à l’Eglise des Jésuites, le violoniste Stefano Molardi emmènera son Ensemble Accademia Barocca Italiana dans des Concertos de Bach et de Vivaldi et accompagnera la soprano Francesca Lombardi dans des Airs de Haendel. (di 25) A Fribourg, à l’Equilibre, Laurent Gendre conduira l’Orchestre de Chambre Fribourgeois pour la création d’une œuvre de René Oberson Le Grand Cercle et accompagnera Alexei Volodin dans le Concerto pour piano No 2 de Beethoven, avant de restituer sa juvénile fraîcheur à la Symphonie No 3 de Schubert. (ma 6) L’Histoire du Soldat de Stravinsky et Ramuz revivra dans la mise en scène réalisée en 2003 par Omar Porras au Théâtre Malandro, avec les solistes de l’Ensemble Contrechamps, sous la direction de Benoît Willmann. (ve 30 et sa 31) A l’Aula Magna de l’Université, Oliver Schnyder (piano), Andreas Janke (violon) et Benjamin Nyffenegger (violoncelle) interpéteront des Trios de Brahms et de Schubert. (di 4) L’Orchestre Philharmonique de Strasbourg jouera Berlioz, Moussorgski (Tableaux d’une exposition) et Schumann (Concerto en la mineur, soliste Jonathan Gilad) sous la conduite de son chef Marko Letonja. (ve 30) A Bulle, au CO de la Gruyère, Vittorio Forte consacrera son récital de piano à Couperin et Chopin. (di 4) Yves Allaz é 37 m u s i q u e entretien Eve-Maud Hubeaux Enfin une cantatrice dont on peut dévoiler la date de naissance ! Eve-Maud Hubeaux a vu le jour à Genève en 1988, mais, comme on sait, aux âmes bien nées…. Son parcours jusqu’ici force l’admiration. Invitée par L’Orchestre de Chambre de Genève, elle interprétera les Wesendonck Lieder lors du premier ‘Concert de soirée’ de la saison. Formation 38 Dès l’âge de deux ans elle a été plongée dans l’univers musical de l’Institut JaquesDalcroze. Sa mère, ingénieur et son père, consultant spécialiste en technologies de la communication, pensaient devoir donner à leurs enfants une éducation complète. Avec eux elle allait régulièrement au concert, à l’opéra, et ils considéraient d’un œil favorable son goût pour le piano, que lui enseignèrent Daniel Spiegelberg, en privé, puis Georgi Popov au Conservatoire de Lausanne. Elle obtint son certificat, sans envisager une carrière de soliste. A douze ans, Eve-Maud se rendit seule sans rien dire à personne au Conservatoire Eve-Maud Hubeaux de Lausanne, comptant s’inscrire à un cours de chant. Une audition avait lieu l’après-midi même. Sans hésitation elle se lance dans O Happy Days, puis dans un chant yiddish dont elle remplaça le texte par le nom des notes ! Bien sûr elle tint à s’accompagner elle-même. On imagine la stupéfaction du jury ! Hiroko Kawamichi se déclara prête à l’accepter comme élève malgré son jeune âge. La collaboration a duré huit ans. Sans Hiroko Kawamichi, dit Eve-Maud, elle n’aurait peut-être pas insisté. Les études universitaires Eve-Maud a quitté l’école pour des raisons qu’elle n’explique pas ici, étudia à la maison, et lorsqu’elle voulut réintégrer le gymnase, elle s’aperçut qu’elle perdrait deux années ; elle décida alors, à 16 ans, de passer le bac français par correspondance. A l’université de Lausanne e elle obtint un Bachelor en droit suisse, puis une Maîtrise en droit privé français et un Master de droit, recherche, contrats et responsabilités à l’université de Savoie-Chambéry. Elle a abandonné en cours sa thèse de doctorat pour rejoindre l’Opérastudio du Rhin. Aujourd’hui, elle se sent encore aussi juriste que cantatrice ; le concours de la magistrature est toujours possible, dit-elle en riant. Les concours Paradoxalement, c’est sa mère qui l’a poussée à se présenter aux concours internationaux. Elle connaît le trac, le stress et l’angoisse, qui disparaissent cependant dès son arrivée sur la scène, dès son premier contact avec le public, qu’elle adore. En revanche elle déteste la longue attente des résultats, qui la surprennent en bien parfois et parfois la déçoivent. Par exemple elle a été désagréablement surprise de ne pas participer à la finale du Concours de Genève en 2011, et stupéfaite de se voir attribuer le Prix du Cercle romand Richard Wagner ! Heureusement d’autres concours lui ont été favorables : 3ème prix au Concours international de chant de Toulouse, 2ème prix au Concours international Hans Gabor Belvédère à Amsterdam, 1er prix au Concours de chant international Renata Tebaldi, parmi d’autres. Répertoire et projets La mezzo-soprano a déjà tenu de nombreux rôles, dont Waltraute (Die Walküre) et Pauline (La Dame de Pique) à l’Opéra National du Rhin et Frau Reich à Lausanne (Die lustigen Weiber von Windsor, Nicolai). Le point fort de la nouvelle saison : Carmen, de décembre à février à Klagenfurt, sous la baguette du Suisse Lorenzo Viotti. La salle n’est pas trop grande, il y aura seize représentations et la production est digne d’intérêt. Klagenfurt sert souvent de tremplin avant Munich, c’est l’endroit idéal où l’on peut se tester. Eve-Maud explique que sa Carmen sera dépendante de certaines données. « Je suis très n t r e grande, donc pas du tout la petite brune de Mérimée. On me regarde pour ça dans la rue » : Elle va donc jouer de sa taille, de la fascination actuelle pour les grandes femmes. Pas question de minauder, elle soulignera le côté féministe du personnage qui s’arroge le droit de choisir. Elle n’est pas une putain, mais une femme qui place sa liberté avant tout. Elle a aussi un côté sombre, égoïste, puisqu’elle quitte brutalement l’homme qui a tout abandonné pour elle. Il ne sera pas naturel pour Eve-Maud de faire ressortir cette facette, puisque elle-même n’est absolument pas comme ça. Brangäne (Tristan und Isolde) se profile également à l’horizon, mais il est encore trop tôt pour dévoiler les détails de la production. L’Erda du Rheingold, qui lui a déjà été proposée et qu’elle a refusée, sera bientôt envisa geable. Et Vénus (Tannhäuser), dans la version parisienne, la tente. Le problème, c’est que les fosses d’orchestre ne sont pas couvertes comme à Bayreuth. Il faut donc, avant d’accepter un rôle wagnérien, faire attention à la taille et à l’acoustique des théâtres. Eve-Maud aimerait incarner davantage de personnages rossiniens, mais on l’engage plus souvent pour Wagner, tout simplement parce que les wagnériennes ne sont pas légion et que les Italiennes capables de chanter Rossini ne sont pas rares. Elle aimerait aussi aborder plus de musique baroque. Un comble pour quelqu’un qui possède un instrument lui permettant de faire ce que les autres n’ont pas les moyens de réaliser. Elle a une prédilection pour Bach, Vivaldi, Haendel. Sa voix évoluant de plus en plus vers l’alto, elle pense qu’il y a là une carte à jouer. Wesendonck Lieder Eve-Maud les a chantés à Paris en 2013, à Mulhouse en 2014 et les interprétera à nouveau en 2016 pour le gala d’ouverture des Cercles Wagner à Strasbourg. Le 6 octobre au BFM elle sera accompagnée par l’Orchestre de chambre de Genève sous la direction de Arie van Beek. C’est la version de chambre de 1976 réalisée par Hans Werner Henze que nous entendrons. Elle se situe une tierce au-dessous de l’originale, ce qui change bien des choses pour l’interprète habituée à l’autre version. Cela change également les couleurs ou l’atmosphère de certains Lieder. Une brève intervention dans Rosamunde de Schubert complètera la prestation d’Eve-Maud Hubeaux. D’après de propos recueillis par Martine Duruz Le 6 octobre au Bâtiment des Forces motrices à 20h loc. 022/807.17.90 / [email protected] ou www.ticketportal.com) t i e n m u s i q u e jazz classics Une saison résolument féminine La nouvelle saison de Jazz Classics se déclinera en six rendez-vous qui feront la part belle aux femmes. D’octobre à mai, les amateurs de ce genre musical auront ainsi le plaisir d’assister aux concerts d’artistes tels que Cassandra Wilson, Ibrahim Maalouf, Stanley Clarke et Hiromi, Stacey Kent, Jan Gabarek, ainsi que le duo formé de Charles Lloyd et Jason Moran. d’impressionner l’auditoire qui, en apéritif, aura dégusté un autre duo composé, cette fois-ci, d’une chanteuse lyrique et d’un pianiste, Lisette Spinnler et Christophe Stiefel. Un mois plus tard, le 8 avril, c’est au tour de Stacey Kent de venir démontrer l’étendue de ses talents vocaux et musicaux. La native du New Jersey proposera un répertoire varié allant des grands classiques de Broadway à la bossa nova en passant par des compositions originales et aussi des grandes chansons du répertoire français. Après la voix et le piano, le saxophone sera à l’honneur avec Jan Gabarek le 29 avril. La magie qui s’opère entre le musicien et son instrument ne manqueront pas d’émerveiller le public qui aura aussi l’occasion de voir à l’œuvre les musiciens du groupe du Norvégien qui comprend Rainer Brüninghaus au piano, Juri Daniel à la basse et Trilok Gurtu aux percussions. La saison se terminera enfin le 9 mai en compagnie de Charles Lloyd et Jason Moran. Ce duo américain rivalisera de créativité au piano et au saxophone, pour le plus grand bonheur des amateurs de blues et de grands standards emblématiques du jazz. Julie Bauer Information et billetterie : http://www.prestigeartists.ch/billeterie/ Cassandra Wilson Tout en douceur, la saison s’ouvrira le 31 octobre sur la voix de velours de l’Américaine Cassandra Wilson, qui viendra régaler le public avec son jazz teinté de blues, de country, et de folk. Accompagnée de ses musiciens, elle envoûtera à n’en pas douter le Victoria Hall. Après cette voix légendaire, place à Ibrahim Maalouf qui célèbrera une autre diva, la grande chanteuse arabe Oum Kalthoum, disparue il y a de cela 40 ans. Avec son Acoustic Band, le trompettiste franco-libanais offrira, le 13 novembre prochain, un voyage au pays des Mille et une Nuits mâtiné de musique classique arabe et américaine. Le 1er mars, c’est un duo qui entamera la saison 2016. Hiromi et Stanley Clarke dialogueront au moyen du piano pour elle, et de la guitare basse, pour lui. Une énergie à toute épreuve, des improvisations flamboyantes et une virtuosité décoiffante ne manqueront pas a c t u Stanley Clarke a l i t é 39 m u s i q u e festival jazz onze+ à lausanne Passage de témoins Le couple Wintsch, l'aigle à deux têtes du Jazz Onze+, signe ici sa dernière programmation, avant de transmettre le témoin à Vincent Favrat. Ce qui donne à cette 23e édition un air testamentaire, avec le maintien d'artistes qui ont fait l'histoire du festival (Joe Lovano, Marcus Miller, Han Bennink…), mais aussi une volonté de couvrir les nouvelles tendances du jazz contemporain (Grand Pianoramax, Gabriel Zufferey et Christoph Stiefel). 40 “Nous aurons un peu la larme à l'œil mais sommes contents de prendre notre retraite musicale après 23 ans passés au timon“, capitaine Wintsch dixit. Et de regarder à la poupe l'évolution du jazz. Ce genre a bien sûr gardé quelques constantes car il faut dire que, lorsque nous [ma femme et moi] avons pris la tête du festival, le jazz contemporain était déjà bien engagé, avec Steve Coleman et consorts. Nous avons été attentifs à l'évolution de sa musique et n'avons pas eu l'impression de redite quand le Jazz Onze+ l'a réinvité. Prenons un autre artiste, Christian Scott. Ce jeune trompettiste apparu il n'y a pas si longtemps apporte beaucoup de fraîcheur au genre parce que sa conception du jazz est ouverte à différents genres (be bop, soul, hip hop); cependant, Scott reste fortement marqué par le jazz des origines. D'autres artistes invités au festival ne se reposent pas sur leurs lauriers bien qu'affichant quelques kilomètres au compteur. C'est le cas de The Instant Composers Pool Orchestra (composition de neuf musiciens formée par le percussionniste Han Bennink, venu au Jazz Onze+ en 1988, et le pianiste Misha Mengelberg). Eh bien, en 25 ans, l'ICP est resté fidèle à ses idées libertaires du début, tout en gardant une authenticité certaine par rapport à la forme jazz. N'oublions pas que Bennink était le batteur de Dexter Gordon et Sonny Rollins. On peut donc en conclure que le jazz se porte bien. Cependant il faudrait le programmer d'une façon d'un plus serrée. En tous cas plus exclusive que ne le font d'autres festivals. Voyez le Montreux Jazz, devenu désormais plus orienté vers la pop musique que vers le jazz, alors qu'il s'est pourtant fondé sur l'audition de groupes de jazz (Charles Lloyd, Oliver Nelson, l'Art Ensemble de Chicago, Michel Petrucciani…). Bien sûr, Claude Nobs a toujours été sensible au rock et au blues, mais le jazz y est devenu une programmation désormais marginale, ou alors relégué au Jazz Club [espèce de tunnel où les spectateurs sont écrasés par le plafond, tellement a allongé que ce qui se passe sur scène doit être relayé par des écrans à gauche et à droite tout le long; ndlr]. Ainsi, des gens accueillis en grande pompe à l'époque sont aujourd'hui programmés dans cette petite salle. Imaginez que, l'an dernier, Jack de Johnette, batteur de Bill Evans, a joué dans cette espèce de club; cela donnait l'impression qu'il faisait un vulgaire set. Fidèle au jazz, notre programmation du Jazz Onze+ a donc toute sa place parmi les festivals. C'est une vocation qu'il faut maintenir. Et nous faisons confiance à Vincent Favrat pour la suite. Le festival commence officiellement mardi, avec la projection de Tokyo Solo à la Cinémathèque Suisse. Ce documentaire de Kaname Kawachi est en fait une captation du 150e concert du pianiste Keith Jarrett au Metropolitan Festival Hall de Tokyo en 2002. MERCREDI : Le festival a eu l'idée d'associer le saxe américain Ricky Ford au Big Band de Suisse Romande, pour une création inédite. Les compositions de Ford, qui a joué avec Mingus et Abdullah Ibrahim, sont pour l'occasion réarrangées par Jérôme Thomas et Christian Gavillet. China Moses assure la seconde partie de la soirée. Animatrice de télévision, cette chanteuse de soul et de R&B n'est pas trop connue dans le monde du jazz strict, mais sa réorientation dans ce genre promet une belle carrière. Etre la fille de Dee Dee Bridgewater, ça aide. JEUDI : Christoph Grab Raw Vision promet un son “brut de décoffrage“, en langage wintschien. Le saxophoniste suisse allemand a composé un sextet formé d'instruments rarement associés : la rencontre inédite d'une guitare et d'un accordéon, d'un saxophone et d'une basse; le tromboniste joue du tuba et Maxime Parratte joue du tambour. On ne loue plus John Scofield et Joe Lovano, des musiciens indissociables de l'histoire du Jazz Onze+. VENDREDI : Tandis que le bassiste de Miles Davis, Marcus Miller, revient pour faire plaisir c t u a China Moses © Sylvain Norget à Francine Wintsch (Afrodeezia Tour), Serge convoque le trio du Zurichois Christoph Stiefel: “Sa musique est musclée et a du caractère. Ses figures rythmiques sont volontairement répétitives pour asseoir le groove, tendus par des lignes mélodiques dynamiques. Son jazz parvient néanmoins à rester pulpeux et sensuel dans sa simple expression de trio jazz. Il a un style à lui, qui ressemblerait peut-être un peu à Abdullah Ibrahim quand il jouait African Piano en 1969.“ Parole d'expert donc ! SAMEDI : Hans Bennink emmène The Instant Composers Orchestra (cf. supra) - cette fois sans son pianiste et co-fondateur Misha Mengelberg (pour des raisons de santé). Plus tard, le pianiste prodige Gabriel Zufferey s'offre la grande salle à l'occasion d'un concert en solo. Enfin, le trompettiste Christian Scott (idem) s'entoure de six musiciens, “un mélange de Louis Armstrong pour l'intensité dans le registre aigu et de Miles Davis pour la finesse“, de l'avis de l'artiste. DIMANCHE : Wadada Leo Smith, trompettiste afro-américain de Chicago, et Günter Baby Sommer, batteur né à Dresde, ont souvent joué en duo ensemble. Leur spécialité : la musique improvisée contemporaine du style Art Ensemble de Chicago à la sauce Ornette Coleman. Glurps ! A l'Espace Jazz : La seconde salle du festival, ouverte aux musiques actuelles de tendance jazz, reçoit sur trois soirées : le Grand Pianoramax de Leo Tardin, le tromboniste italien Gianluca Petrella (avec Sidony Box), Professor Wouassa, Guillaume Perret et son quinte, et le quintet de Léon Phal de l'HEMU. Cette 23e édition du Jazz Onze+ vérifie donc la définition qu'en donne Serge Wintsch : “une panoplie d'artistes et de musiques qui témoignent de la diversité, de la richesse expressive, de l'énergie créative et de la capacité de faire naître l'émotion du jazz tel qu'il est pratiqué aujourd'hui sans exclusive d'école ou de style“. Frank Dayen Festival Jazz Onze+, du 27 octobre au 1er novembre au Casino de Montbenon de Lausanne. www.jazzonzeplus.ch l i t é m u s i q u e vevey et martigny Saisons musicales Coup d’œil sur la programmation proposée par les concerts Arts & Lettres à Vevey, ainsi que sur les concerts de la Fondation Gianadda à Martigny. Les concerts d’Arts & Lettres à Vevey C’est un trio alto-clarinette-piano qui ouvrira la saison veveysanne 15/16 d’Arts et Lettres, à la Salle del Castillo, où ont lieu tous les concerts. Lawrence Power, Simon Crawford Phillips et Chen Halevy joueront des œuvres de Mozart, Chostakovitch, Maratka, Schumann et Bruch. (ma 6 oct.) Les trois artistes du Trio Jean Paul ont mis Brahms et Dvorak à l’affiche du deuxième des douze concerts de la saison. (ma 20 oct.) Le Quatuor Belcea se produira à trois reprises lors du dernier week-end de novembre : d’abord avec le concours du violoncelliste Valentin Erben pour le sublime Quintette à cordes de Schubert, avec des œuvres de Mozart et Webern en complément ; puis dans des Quatuors de Haydn, Beethoven et Bartok ; et enfin en compa- En janvier 2016, le pianiste Cédric Pescia se joindra à un ensemble féminin, le Cecilia String Quartet, qui présentera des œuvres de Webern, de Mendelssohn et de Chostakovitch. (ma 19 janv) La clarinette de Julien Hervé sera particulièrement sollicitée lors du concert suivant, qui prévoit, au sein d’un programme très varié, un hommage à Benny Goodman, avec Maud Lovett au violon, Ying Lai Green à la contrebasse, et Jean-Hisanori Sugitani au piano. (me 3 fév.) Le Quatuor Fauré (avec piano) a inscrit des œuvres de Kirchner, de Mendelssohn et de Schumann à son programme. (ve 19 fév.) Le récital du pianiste Nelson Goerner comportera des œuvres de Debussy et de Beethoven. (je 3 mars) La Compagnia del Madrigale mettra son talent au service de Madrigaux de Gesualdo. (lu 21 mars) Bach, Messiaen et Schubert sont à l’affiche du récital de piano que donnera Martin Helmchen. (lu 11 avril) Enfin, avec des instruments montés avec des cordes en boyau et une clarinette de facture ancienne, les violonistes Isabelle Faust et AnneKatharina Schreiber, l’altiste Yoshiko Morita, le violoncelliste Emmanuel Balssa et le clarinettiste Lorenzo Coppola mettront en beauté un terme à cette très prometteuse saison musicale d’Arts et Lettres en interprétant les Quintettes pour clarinette et cordes Op.115 de Brahms et K.581 de Mozart. (me 27 mai 2016) Les concerts de la Fondation Gianadda à Martigny Francesco Piemontesi gnie de Francesco Piemontesi pour le Quintette avec piano de Brahms, complété par des Quatuors de Beethoven et Britten. (ve 27, sa 28 et di 29 nov.) a c t u Commencée déjà en juillet avec notamment des concerts décentralisés des festivals d’Ernen et de Zermatt, ainsi qu’une soirée hors abonnement donnée par Cecilia Bartoli, Diego Fasolis et I Barocchisti, la saison du 80e anniversaire de son fondateur Pierre Gianadda se poursuivra jusqu’en juin 2016 avec huit concerts. Murray Perahia au piano et Jamie Phillips à la direction interpréteront une Ouverture et les Concertos No 3 et 5 « L’Empereur » de Beethoven en compagnie de l’Orchestre de Chambre de Lausanne. (me 14 a l i t Harriet Krijgh © Marco Borggreve oct.) Le pianiste Radu Lupu a inscrit des œuvres de Mozart, de Beethoven, de Schubert et de Brahms à son récital du « Concert anniversaire ». (je 19 nov.) Michel Corboz conduira son Ensemble Vocal et Instrumental de Lausanne dans la Messe en ut mineur K.427 et le Requiem K.626 de Mozart pour le « Concert du souvenir » (ma 8 déc.) Lors d’une soirée consacrée à Beethoven, le Trio Nota Bene jouera le Triple Concerto pour violon, violoncelle et piano Op.56, en compagnie de l’OCL conduit par Hannu Lintu. (me 3 fév. 2016) Jordi Savall, à la viole de gambe et à la direction de son ensemble Le Concert des Nations présentera « Les goûts réunis,1600-1800 », un superbe programme d’oeuvres de Lully, Rosenmüller, Purcell, Rameau, Rodriguez de Hita et Boccherini. (je 10 mars) Haydn, Schubert, Debussy, Schœnberg et Bartok sont à l’affiche du récital de piano que donnera Alain Planès. (ve 8 avril) Renaud Capuçon et Francesco Piemontesi ont mis trois Sonates pour violon et piano de Mozart, Beethoven et Schumann à l’affiche de leur concert. (sa 21 mai) Enfin, avec Harriet Krijgh en soliste, l’Orchestre de la Suisse Romande, conduit par Alexander Joël, interprétera le magnifique Concerto pour violoncelle No 1 Op.107 de Chostakovitch, plus une Ouverture de Beethoven et la Symphonie No 4 « Italienne » de Mendelssohn, pour le concert de clôture de cette très brillante saison des concerts de la Fondation Pierre Gianadda. (je 2 juin 2016) Yves Allaz Rens : pour Vevey : www.artsetlettres.ch pour Martigny : [email protected] é 41 o p é grand théâtre de genève a Opérettes, comédies musicales Gérard Daguerre Le chef d’orchestre français Gérard Daguerre sera à la tête de l’Orchestre de chambre de Genève pour huit représentations de La Belle Hélène d’Offenbach, du 14 au 25 octobre au Grand Théâtre. Bref entretien. 42 r Il n’a pas seulement une grande expérience de la direction d’orchestre ; il est aussi et surtout expert dans le domaine de l’arrangement musical, et pianiste de formation classique. En ce moment il travaille sur de vieilles chansons françaises, dont il réalise l’orchestration ; un hommage, dit-il, à tous les artistes qu’il a accompagnés. En effet, les plus grands chanteurs de variétés ont collaboré avec lui : Sylvie Vartan pendant dix-huit ans, Barbara pendant dix-sept ans, Charles Aznavour, dont il a dirigé le grand orchestre jusqu’en Arménie, Michel Sardou, Joe Dassin, Anna Prucnal, Diane Dufresne… Il a d’ailleurs commencé par l’Orchestre de Bobino, puis tenu la baguette lors de grands spectacles, comme celui de Sylvie Vartan au Palais des sports. Le piano occupe une place importante dans son emploi du temps. Il ne passe pas un jour sans les Suites françaises de Bach ! Il se déclare également grand amateur de musique russe, - de Rachmaninov en particulier -, et de jazz, même s’il en joue assez rarement en public. Gérard Daguerre a commencé par Peter Pan au Casino de Paris, sur l’invitation d’Alain Marcel. Puis il a eu l’occasion de monter avec son complice Jérôme Savary à l’Opéra comique plusieurs opérettes et comédies musicales : La Périchole, La Vie parisienne, dont le succès a conduit à une tournée mondiale, La Veuve Joyeuse, et Irma la douce, à l’Opéra comique. Cette dernière est à l’affiche jusqu’au 10 octobre au Théâtre Saint-Martin à Paris ; le texte est d’Alexandre Breffort et la musique de Marguerite Monnot ; ce fut la première comédie musicale française jamais montée, en 1956. Gérard Daguerre a fait tous les arrangements pour cette nouvelle production où Laurent Deutsch, Marie-Julie Baup et Nicole Croisille se partagent les rôles principaux. Même dans les opérettes classiques, il prend parfois la liberté de modifier l’orchestration : dans la Vie parisienne, il a par exemple donné des couleurs plus « sud-américaines » à l’arrivée du Brésilien ! La Belle Hélène La production genevoise sera mise en scène par Robert Sandoz, que Gérard Daguerre trouve formidable. Ils sont sur la même longueur d’ondes et sont d’accord sur les petits changements opérés dans la musique. La mise en scène ne sera pas aussi « déjantée » que celles de Savary, mais, paraît-il, dans le même esprit. Gérard Daguerre se dit friand de la musique d’Offenbach, et ravi de travailler avec des chanteurs lyriques, dont il apprécie la qualité des voix. Dans la variété aussi il y a d’incroyables talents : il a beaucoup appris en accompagnant Barbara, qui ne chantait jamais deux fois de la même façon ! Il sait donc se mettre au service des chanteurs, les suivre attentivement, avec souplesse, respecter leur interprétation et, pour les chanteurs lyriques, respirer avec eux. Il préfère d’une façon générale, entendre les voix en direct et déteste le « retour de son » lorsqu’il accompagne au piano. Il refuse d’être noyé dans l’électronique ! Après l’opéra-bouffe, l’opéra ? Oui, Gérard Daguerre y pense, mais il n’a pas encore d’idée sur l’œuvre qu’il aimerait diriger d’abord. Après un moment de réflexion pourtant il se décide : un Mozart par exemple ! D’après de propos recueillis par Martine Duruz me 14 oct 15 - 19:30 ve 16 oct 15 - 19:30 di 18 oct 15 - 15:00 ma 20 oct 15 - 19:30 me 21 oct 15 - 19:30 ve 23 oct 15 - 19:30 sa 24 oct 15 - 19:30 di 25 oct 15 - 15:00 Billetterie en ligne Répétition de «La Belle Hélène» avec Robert Sandoz, Véronique Gens (Hélène) et Gérard Daguerre © GTG - Carole Parodi e n t r e t i e n o p é r a grand théâtre de genève Dutoit et Berlioz Charles Dutoit et Berlioz, c’est un long parcours. Ce chef d’orchestre suisse de dimension internationale n’a cessé de diriger les œuvres du compositeur. En octobre, au Grand Théâtre, Charles Dutoit dirigera ce grand opéra en 5 actes et 2 parties de Hector Berlioz qu’est Les Troyens - La Prise de Troie, donné en version de concert ; il sera pour l’occasion à la tête du Royal Philharmonic Orchestra. Depuis ses premiers pas à la tête d’orchestres helvétiques, jusqu’à nos jours où il est depuis 2009 directeur artistique et chef principal du prestigieux Royal Philharmonic Orchestra de Londres. Entre-temps, il aura jalonné sa carrière avec les meilleures phalanges des États-Unis, l’Orchestre symphonique de Montréal dont il fut directeur de 1977 à 2002, l’Orchestre national de France en tant que chef principal de 1991 à 2001, l’Orchestre de Philadelphie comme chef principal de 2008 à 2012. Avec toujours le répertoire de Berlioz à la clef. Comme le prouverait encore la Damnation de Faust donnée l’an passé au festival de Verbier qu’il anime. C’est ainsi qu’il a dirigé et enregistré les grandes œuvres du compositeur, mais aussi des pages inusitées qu’il a su ressor- tir (comme les Huit Scènes de Faust, ou des cantates). Seuls manquent à l’appel Benvenuto Cellini et Béatrice et Bénédict, qu’il avait pourtant un temps envisagés. Discographie Un coffret discographique témoigne cette belle aventure, à travers dix-sept (!) disques compacts. Réunissant les Troyens, le Requiem, la Damnation de Faust, Huit Scènes de Faust, l’Enfance du Christ, la Symphonie fantastique, Lélio, Roméo et Juliette, Tristia, la Symphonie funèbre et triomphale, Harold en Italie ; mais aussi des mélodies avec orchestre, des ouvertures, des cantates, des pages pour chœur et d’autres pièces rares. Un coffret « Berlioz Masterworks » Decca, que l’on ne saurait trop conseiller. Pour un vaste panorama de l’œuvre de Berlioz, servi de façon magistrale. Car Sergey Semishkur sera Enée © Anna Primki Charles Dutoit demeure, juste après Colin Davis, celui qui a fait le plus et le mieux pour la cause de Berlioz. Laissons-lui la parole : « Berlioz appartient à ce que j’appellerais la ligne honnête, celle qui a de la tenue, de l’élégance dans le son, qui fait preuve de panache et de virtuosité, qui aime les angles et les articulation nettement définies. La musique de Berlioz est essentiellement aristocratique. Cette musique n’est pas victime du cholestérol, elle refuse le jus, on ne s’y vautre pas. » (entretien pour le Cahier de l’Herne Berlioz). Pierre-René Serna La Prise de Troie 15 octobre 2015 à 19h30 19 octobre 2015 à 19h30 Les Troyens à Carthage 17 octobre 2015 à 19h30 22 octobre 2015 à 19h30 Grand Théâtre à 19h30. Billetterie en ligne Charles Dutoit © Nicolas Brodard a c t u a l i t é 43 o p é r a opéra de lausanne On remarque que la saison 2015-2016, avec cinq nouvelles productions, propose quelques chefs-d'œuvre du répertoire lyrique comme La Cenerentola, la Fille du Régiment ou Faust, et une saison de ballet très originale. Quels seront les temps forts de cette saison ? Éric Vigié Pour sa dixième saison à la tête de l'Opéra de Lausanne, Éric Vigié invite son public à un long voyage à travers trois siècles d'histoire de l'art lyrique. Cinq nouvelles productions d'opéras, une comédie musicale, la reprise d'une fantaisie lyrique réservée en priorité aux enfants, trois ballets et trois concerts, dont deux seront coproduits avec le Festival Bach de Lausanne, composeront le menu de cette appétissante saison. Et c'est un directeur heureux et débordant de projets qui a accepté de répondre à nos quelques questions. Vous dirigez l'Opéra de Lausanne depuis 10 ans au cours desquels vous avez offert à votre public des programmations « percutantes, conviviales et enflammées » comme vous aimez à la dire. Bien que vous ne soyez pas au bout de votre mandat, quel bilan pouvez-vous déjà tirer de ces 10 premières années à Lausanne ? 44 Il m'est difficile de tirer un bilan objectif à propos de ces dix dernières années. Je dirais que tout va pour le mieux, et que la nouvelle scène tant désirée donne toute satisfaction. L'Opéra de Lausanne a aujourd'hui une image forte dans le paysage culturel, musicale et lyrique, aussi bien sur le plan national qu'international. Nous travaillons dans ce sens. La qualité des spectacles est notre priorité, et c'est le public, qui nous suit depuis longtemps, qui est habilité à juger. Je reste très prudent. L'Art Lyrique est un art complexe, aux multiples paramètres très différents. Monter une saison où des dizaines d'artistes doivent cohabiter et réussir reste le pari à relever chaque saison. Vous êtes un directeur qui avez un certain goût du risque en n'hésitant pas à programmer des titres peu ou jamais joués à Lausanne. Lors de la saison dernière vous avez même osé deux créations, dont une création mondiale. Le public lyrique habituellement frileux vous a-t-il suivi ? Je ne pense pas être à la pointe de la prise de risque. Je connais bien aujourd'hui le public de l'Opéra de Lausanne et je fais en sorte d'équilibrer les saisons pour satisfaire un maximum de curieux et d'afficionados. Les deux créations mondiales était une première, tout comme trouver quatre contresténors de qualité pour Rinaldo, ou encore pour Ariodante, cette saison, qui n'a jamais été chanté par un homme en scène depuis sa création en 1735. Oui, le public nous suit, et reste curieux bon gré mal gré, de nouveautés ou d'excentricités lyriques. Il faut savoir équilibrer offre et demande. e Il m'est difficile de mettre en lumière un spectacle par rapport à un autre. Nous y avons mis toute notre énergie pour réussir vocalement et scéniquement chaque titre, pour que notre public découvre ou redécouvre des ouvrages qui sont fait pour notre scène. C'est une saison éclectique, variée et pour tous les gouts... Notre raison d'être. La nouvelle saison va couvrir trois cents ans d'art lyrique avec des titres qui évoquent pour la plupart des femmes, princesse de conte de fée, fille à soldat, déesse, femme du peuple ou jeune fille perdue. De La Cenerentola aux Mamelles de Tirésias, de My Fair Lady à Carmen. En seront-elles l'un des fils conducteurs ? Certes, mais c'est totalement involontaire. Vous connaissez certainement le fameux livre de Catherine Clément paru en 1979 : L'Opéra ou la défaite des femmes qui mettait justement sous une lumière assez nouvelle le fait que les femmes étaient les grandes protagonistes (et perdantes !) de l'Art lyrique au vu du traitement qu'elles recevaient souvent en scène (mort violente, décapitation, empoisonnement, répudiation...) Je ne programme pas selon un stéréotype dramaturgique qui voudrait par exemple mettre en relief ce genre de déséquilibre relationnel entre les femmes et les hommes. Programmer une saison, à notre niveau, est très difficile car les choix à faire sont plus d'ordre du répertoire et des finances que de l'idée dramaturgique. N'oublions pas qu'il y a toujours des hommes au côté de ces femmes, et que souvent... les histoires se terminent heureusement bien ! Ariodante, dramma per musica de Haendel au centre d'une programmation dédiée aux femmes, sera-t-il la perle rare dont vous aimez orner vos programmations ? Si je n'ai rien artistiquement d'intéressant à proposer au public, je considère que ce n'est pas la peine de programmer. Ici, le pari était de trouver et proposer pour la première fois un contre-ténor dans le rôle d'Ariodante, ce qui rend le livret un peu plus crédible pour le spectateur. De plus nous n'allons pas nous priver de la voix de Yuriy Mynenko qui est un des grands spécialistes de ce répertoire, dirigé de surcroit par Diego Fasolis que le public lausannois apprécie grandement. Nous avions déjà relevé le pari pour Gulio Cesare chanté pour la première fois avec quatre contre-ténors ainsi que Rinaldo. Cela fait partie d'une tradition qui fait depuis longtemps de l'Opéra de Lausanne une référence pour la réalisation de ce répertoire du XVIIIe aux spécificités bien particulières. Une saison de danse en trois temps dont le dernier sera marqué Éric Vigié © Marc Vanappelghem n t r e t i e n o p é r a par La gaîté parisienne de Manuel Rosenthal, d'après Offenbach. Le Béjart Ballet Lausanne sera sur la scène de l'Opéra de Lausanne et l'Orchestre de Chambre de Lausanne dans la fosse. Sans doute un des grands moments de la saison ? Je l'espère ! Ce sera un événement de toutes les façons. Le BBL n'a jamais dansé l'entier de la chorégraphie de Maurice Béjart, et le public lausannois ne connaît pas ce travail. Ce sera aussi une première pour l'OCL de jouer en fosse pour une compagnie de danse. Et le couplage avec Les mamelles de Tirésias (première lausannoise) est aussi une façon de rassembler des publics différents autour d'une offre particulière et jamais proposée. Peu de grandes « stars », si l'on excepte Serena Mafi, Julie Fuchs ou Paolo Fanale, au sein de vos distributions, mais de jeunes talents, chanteurs issus des hautes écoles de musique de Suisse romande, recrues de l'Ensemble vocal de l'Opéra de Lausanne qui a révélé des chanteurs talentueux comme Carine Sechaye, Isabelle Henriquez ou Benoît Capt. Pouvez-vous préciser vos choix artistiques ? Depuis quelques décennies, les théâtres et les maisons d'opéra voient leur public vieillir et peiner à se renouveler. L'Opéra de Lausanne ne fait certainement pas exception et depuis des années vous vous impliquez beaucoup pour le jeune public qui, ne l'oublions pas, sera le public de demain, en lui offrant spectacles et activités. Quels sont vos projets pour cette saison ? L'Opéra de Lausanne fait exception. Nous avons un public assez rajeuni et nous en sommes très heureux. 9% de notre public a moins de 24 ans. Cela vient tout d'abord d'un phénomène typiquement locale (Lausanne et le Canton de Vaud représente 90 % de notre public) avec une population jeune, active et demandeuse de produit culturel. Il suffit de venir assister à une représentation pour se rend compte qu'il y a une grande mixité tant de nationalités que d'âges ! Et l'Opéra en profite bien évidemment. Il y a également le fait que l'Opéra de Lausanne s'est attaché depuis plusieurs années à développer la médiation culturelle avec les écoles de la Ville et du Canton. Et ce sont plus de 2000 enfants que nous accueillons par an. Nous avons un spectacle musical qui leur est réservé chaque saison, ainsi que des activités le mercredi aprèsmidi, sans oublier un abonnement « opéra en famille ». Il faut leur ouvrir les portes, et les habituer à ne pas passer devant le théâtre, plus tard, sans leur avoir donné un jour l'opportunité d'y entrer et de savoir ce qu'il s'y passe à l'intérieur. Ce bâtiment doit leur appartenir. Dans les « stars », vous pouvez rajouter Diego Fasolis et Marina Rebeka qui chantera dorénavant le rôle de Ginevra, et qui est une des Traviata de l'Opéra de Vienne, une superbe soprano. Ceci précisé, nous avons des chanteurs assez expérimentés sans être des stars, et en plein développement de carrière. N'oubliez pas La saison dernière a vu la création qu'Olga Peretyatko était inconnue ou du Petit Prince, une œuvre assez difficile presque quand elle vint pour la première de Michael Levinas. S'agissait-il vraiment fois à Lausanne en 2009. Voyez le ched'un spectacle pour enfants ? Avez-vous min parcouru en six ans. des projets pédagogiques futurs plus En ce qui concerne les chanteurs suisses appropriés ? que vous citez, je les ai engagés il y a Ce n'est pas parce que l'on s'adresse au jeune maintenant longtemps (sept-huit ans), et public qu'il faut leur servir un musique je considère qu'ils sont en carrière, mais Le contre-ténor Yuriy Mynenko chantera Ariodante « enfantine » voir simpliste. Le principe de la nous continuons d'aider à développer des création lyrique pour le jeune public est d'offrir aux regards un spectacle carrières de jeunes chanteurs issus de l'HEMU Lausanne ou parfois de la intelligible et de qualité. La musique de Lévinas avait un grand sens de HEM de Genève. C'est un choix assumé depuis dix ans maintenant. Cela l'accompagnement du texte de Saint Exupéry, et le mixage entre les deux doit être une de nos missions. Mais l'essentiel est d'entourer ces jeunes était parfait, même si cela s'est révélé difficile pour certaines oreilles, mais chanteurs avec des chefs d'orchestre et des metteurs en scène très expéripas pour toutes. Et c'est notre mission de faire en sorte que création, mentés, qui leur apportent une finition de formation professionnelle pour découverte et éducation aillent de paire. les aider à affronter ce métier périlleux et complexe. Nous avons présenté dans le passé des œuvres comme Le Petit Ramoneur En 2010, vous avez mis sur pied un formidable projet de de Britten ou Le Chat Botté de Xavier Montsalvatge dont les compositions décentralisation de l'opéra en créant ‘La Route lyrique’ permettant à ne sont pas des plus simples pour un jeune public. J'ai vu ici et là chez mes une opérette ou un opéra de partir avec armes et bagages, sur les rou- collègues des créations autrement plus complexes musicalement que celtes de Suisse romande, à la rencontre de nouveaux publics. les de M. Levinas, et j'ai remarqué que les adultes et les parents étaient Retenterez-vous cette folle aventure l'été prochain ? bien plus enclins à la critique que leurs enfants qui semblaient recevoir Oui, bien sûr. C'est un des « must » de l'Opéra de Lausanne. Nous parti- plus aisément musique et spectacle, tout comme à Lausanne. rons dès le début juin 2016 avec La Belle de Cadix de Francis Lopez mis Propos recueillis par Kathereen Abhervé en scène par Patrick Lapp qui tiendra d'ailleurs un rôle assez croustillant. Plus de 20 représentations sont prévues dans le Canton, à Lausanne, dans le Canton du Jura, en Franche Comté et au Festival d'été Vichy. e n t r e t i e n 45 o p é r a saison de l’opéra de lausanne : la cenerentola Serena Malfi Le jeune mezzo Serena Malfi sera Angelina dans la nouvelle production de La Cenerentola à l’Opéra de Lausanne du 2 au 11 octobre. Nous lui avons posé quelques questions sur sa carrière. Serena Malfi, ces prochaines semaines le public de Lausanne vous entendra pour la première fois dans La Cenerentola. Comment avez-vous abordé la partition de Rossini pour cette production ? 46 Si l’on regarde les rôles que vous avez interprété le plus souvent (Cherubino, Annio, Angelina, Rosina, Zerlina) on pense spontané- Le monde de l’opéra aujourd’hui demande à un chanteur d’être aussi très bon acteur, surtout dans le répertoire comique. Comment vous avez développé cet aspect de votre formation, et comment vous l’entretenez aujourd’hui ? A mes débuts j’étais assez timide sur scène, mais j’ai toujours cherché de m’amuser et cela m’ai grandement aidé. Ensuite l’expérience, les longues périodes de répétition, le partage de la scène avec de collègues plus expérimentés et le fait de travailler avec des bons metteurs en scène a fait le reste. Quel type de musique écoutez-vous quand vous ne chantez pas ? C’est une œuvre qui m’accompagne depuis les débuts de ma carrière. J’ai eu la chance de chanter Angelina pour la première fois au Festival Rossini de Bad Wildbad et de la reprendre ensuite à Mouscou, Valence, Paris, Vienne et Naples. Chaque fois que je chante à nouveau ce rôle je découvre des passages à améliorer, même si je les ai chantés des centaines de fois. A part la musique classique, que naturellement j’aime beaucoup, j’écoute pas mal de musique rock et du jazz. Dans la playlist de mon portable j’ai surtout des chansons de “Radiohead“ et de “Muse“. Y a-t-il un rôle que vous rêvez de chanter un jour ? Un surtout : Carmen ! Mais aussi Sesto de la Clémence de Titus et Charlotte de Werther. Le temps viendra, je ne suis pas pressée. Vous êtes une des voix émergentes de nos jours et votre formation est en grande partie italienne. Dans le monde globalisé d’aujourd’hui vous croyez que les écoles de chant dites autrefois “nationales” (italienne, française, allemande) existent encore ? Les écoles nationales ont eu toujours une relation étroite avec le répertoire d’un pays. Or, la nécessité d’aborder un répertoire le plus vaste et complet possible s’impose de plus en plus aux chanteurs. Je pense que, grâce aussi à la vulgarisation des recherches internationales dans le champ de la respiration et de la phoniatrie, il existe de nos jours en effet une technique qu’on peut dire “globalisée“. Cela n’empêche pas, évidemment, que chaque chanteur doit trouver sa technique à lui, à travers beaucoup d’expériences d’enseignement différentes. Vous avez une prédilection pour Mozart et Rossini. Comment avez-vous construit votre répertoire jusqu’à maintenant ? J’ai simplement suivi les caractéristiques de ma voix et jusqu’à maintenant la musique de ces compositeurs s’y adaptait parfaitement. Mais la voix est en train de changer et je me prépare à aborder de nouveaux rôles… e Quel conseil donneriezvous à un jeune chanteur ? Etudier beaucoup et être toujours bien préparé, même si l’on chante des petites choses. Ce sont les petites choses parfois qui font la différence ! Propos recueillis par Gabriele Bucchi Serena Malfi © Francesco Squeglia ment à Teresa Berganza. Vous avez chanté en 2013 dans un concert qui célébrait ses quatrevingt ans.* Reconnaissez-vous dans la cantatrice espagnole un modèle de vocalité? Teresa Berganza est sans doute une des voix de mezzo que j’ai le plus écoutées et suivies, parce que je sentais dans sa voix quelque chose qui était très proche de la mienne. Le concert pour ses 80 ans a été très émouvant. J’ai chanté l’air de Chérubin et à la fin du concert elle est venue me remercier avec un grand sourire et un «Brava Cherubino !» que je n’oublierai jamais. Un autre modèle absolu de vocalité pour moi est celui de Mariella Devia, mon enseignante. n t r e à écouter sur Youtube (Serena Malfi, «Voi che sapete », Madrid, Teatro Real, 2013) www.youtube.com/watch?v=hnJEoex5hsc La Cenerentola de Rossini à l’Opéra de Lausanne: Vendredi 2 octobre 2015, 20h Dimanche 4 octobre 2015, 17h Mercredi 7 octobre 2015, 19h Vendredi 9 octobre 2015, 20h Dimanche 11 octobre 2015, 15h Billetterie : www.opera-lausanne.ch/ t i e n o p é r a Mardi 29 décembre 2015, 19h Mercredi 30 décembre 2015, 19h Jeudi 31 décembre 2015, 19h Dimanche 3 janvier 2016, 15h Billetterie : www.opera-lausanne.ch/ saison de l’opéra de lausanne : my fair lady François Le Roux À la tête d’une belle carrière lyrique, touchant à tous les genres, de l’opéra français à l’opéra contemporain, le baryton François Le Roux s’attaque à la comédie musicale. Avec celle qui est certainement la plus célèbre de toutes : My Fair Lady, pour la fin d’année à l’Opéra de Lausanne, où il tient le rôle principal de Higgins. Il évoque pour Scènes Magazine cette incursion, nouvelle pour lui, dans un autre répertoire. Est-ce la première fois que vous chantez dans une comédie musicale ? Oui. J’avais toutefois déjà fait Magdalena de Villa-Lobos au Châtelet, qui s’apparente au genre. Un ouvrage créé aux États-Unis, à Los Angeles puis repris à Broadway. Mais c’est le premier gros titre du genre auquel je participe. Avec le rôle de Higgins, le plus « gros » chez les hommes ! Les parties chantées sont en anglais, et les passages parlés en français. Est-ce que cela pose des difficultés de passer d’un registre à l’autre, du chanté au parlé, qui plus est avec le saut d’une langue à l’autre ? Certainement. Et les questions de phonétique et de langue inhérentes au livret sont, en quelque sorte, doublées ! Défense et illustration du chant français Formé à l'Opéra-studio de Paris, François Le Roux a été lauréat de plusieurs concours de chant avant d'être engagé comme membre de la troupe de l'Opéra de Lyon de 1980 à 1985. Comment concevez-vous le rôle de Higgins ? Serait-ce un lointain cousin de Pelléas, qui a fait votre gloire ? Non, pas exactement. Ce serait plutôt un parent de mon côté professeur de répertoire français pour les chanteurs. Ce qui me donne… une responsabilité ! D’une manière générale, pensez-vous apporter votre touche personnelle à votre interprétation, aussi bien vis-à-vis du metteur en scène que du chef d’orchestre ? Je l’espère. Mais je me sens toujours humble. Je crois pouvoir le dire d’expérience, quand j’aborde un répertoire nouveau, et un rôle de cette taille. Question annexe : avez-vous déjà travaillé avec l’un comme l’autre ? J’ai déjà travaillé avec ma partenaire, Marie-Ève Munger, dans Magdalena, justement. Mais ni avec le chef d’orchestre, ni avec le metteur en scène. Vos prochains rendezvous, si vous en avez, en Suisse romande ? Un concert en hommage au compositeur Pierre Wissmer, pour son centenaire, à Genève le 1er novembre prochain ! Propos recueillis par Pierre-René Serna My Fair Lady de Frederock Loewe à l’Opéra de Lausanne, avec entre autres François Le Roux (Higgins) et Marie-Ève Munger (Eliza) Mercredi 23 décembre 2015, 19h Dimanche 27 décembre 2015, 17h François Le Roux © Philippe Delacroix e n t r e t i e Sa carrière internationale l'a ensuite mené sur toutes les grandes scènes internationales, notamment pour interpréter des rôles du répertoire français (Pélléas, puis Golaud, Ramiro de l'Heure espagnole de Ravel, le Marquis du Dialogue des Carmélites de Poulenc, Lescaut dans Manon de Massenet) mais on a pu l'entendre également dans le rôle titre de Don Giovanni, ou dans le rôle d'Almaviva. Ses incursions dans le domaine baroque ont été fort nombreuses : Oreste dans l'Iphigénie en Tauride de Gluck, Pollux dans Castor et Pollux de Rameau et les rôles-titres de l'Orfeo et Le Retour d'Ulysse de Monteverdi, ce qui ne l'a pas empêché de participer également à la création d'œuvres contemporaines, ainsi Gawain d'Harrison Birtwistle ou Prinz von Homburg de Hans Peter Henze. Mais depuis le début de sa carrière, François Le Roux s'est fait connaître en tant que défenseur de la mélodie française puisque son catalogue discographique comporte des enregistrements d'œuvres connues de Duparc, Debussy, Fauré, Saint-Saëns, Massenet, Roussel, Déodat de Séverac ou Reynaldo Hahn mais également des raretés signées Durey, Halphen, DanielLesur ou encore de Pierre Wissmer dont il sera l'interprète le 1er novembre au Conservatoire de Genève en compagnie de Cécile Bonnet et Daniel Spiegelberg, à l'occasion de la célébration du centenaire du compositeur genevois. Quant à sa prestation dans la peau du « professeur Henry Higgins », il ne fait pas de doute qu'elle sera inspirée en partie par son expérience en tant qu'enseignant et expert en masterclass depuis qu'il a fondé l'Académie Francis Poulenc en 1997 dont il en est toujours le responsable et qu'il enseigne au Conservatoire de Paris depuis 2014. n 47 o p é r a saison de l’opéra de lausanne : les mamelles de tirésias Daniel Kawka Le chef d'orchestre français Daniel Kawka salué comme l'un des grands interprètes de la musique des XXe et XXIe siècles, revient à l'Opéra de Lausanne après 10 années d'absence, pour diriger l'Orchestre de Chambre de Lausanne à l'occasion d'un spectacle original qui réunira, en janvier prochain, le public d'opéra et de danse. 48 La soirée commencera avec Les Mamelles de Tirésias, un opéra bouffe que Francis Poulenc créa à Paris en 1947 et se poursuivra avec La Gaîté parisienne, un pot-pourri plein de fantaisie imaginé par le compositeur et chef d'orchestre français Manuel Rosenthal d'après des opérettes et opéras-bouffes d'Offenbach. Créé en 1938 par les ballets Russes de Monte-Carlo sur une chorégraphie de Léonide Massine, ce ballet fut recréé à Bruxelles 40 ans plus tard par Maurice Béjart pour le Ballet du XXe siècle et sera repris sur la scène de l'Opéra de Lausanne par le Béjart Ballet Lausanne. Daniel Kawka Daniel Kawka, vous avez dirigé les plus grands orchestres symphoniques européens, mais aussi l'Ensemble Orchestral Contemporain et l'Orchestre Symphonique Européen (OSE) que vous avez fondés, vous allez retrouver en janvier prochain l'Orchestre de Chambre de Lausanne pour ce double programme. Comment s'annoncent ces retrouvailles ? Premier contact en réalité. C'est une grande joie d'aborder cette première collaboration avec l'orchestre dans un programme haut en couleurs, caustique, dramatique et chorégraphique. Une musique transparente et expressive qui convient magnifiquement au style et à l'esprit de l'orches- e tre, à la flamboyance chambriste et symphonique qui le caractérise. C'est un orchestre au champ « panoramique » en terme de répertoire, d’expériences riches et fructueuses, de flexibilité, d'un grand raffinement dans la couleur et la personnalité, souple dans sa palette stylistique et de fait dans sa personnalité. Diriger des musiciens et des chanteurs, c'est votre quotidien. Mais diriger un orchestre avec des danseurs sur le plateau! Comment envisagez-vous votre collaboration avec le Béjart Ballet Lausanne ? Comme un véritable travail d'équipe et une démultiplication de l'écoute et du regard. S'il faut chercher l'alchimie avec les chanteurs sur un plateau d'opéra, il faut être plus alerte encore avec un ballet quand la production existe déjà. Cela veut dire que tout a été préalablement réglé en fonction d'un tempo donné. Il faut donc que le chef prenne préalablement connaissance de la production, du spectacle « fini », dans son écrin spatial et temporel. Se calquer musicalement au plus prêt du mouvement, de l’énergie et de la ronde des corps. La collaboration eu égard à mes expériences antérieures avec des danseurs s'établit sur le rapport dialogue et fine complicité. Le corps respire, le mouvement est rythme et le rythme de la musique doit à son tour générer le mouvement des corps avec naturel dans une fusion totale. Enthousiasmant et exaltant. Pour vous la musique « est partage collectif autant que discipline individuelle ». Pouvez-vous expliquer votre démarche ? Belle et grande question. Oui bien sûr la musique est avant tout partage. Elle relève de la discipline individuelle dans le travail préalable : seul au piano et à la table dans cette alchimie du travail d'approfondissement, cette intimité avec l'œuvre, cette interrogation du sens profond, de l'esprit de l'œuvre, dans cette quête de l'ultime étape avant le travail collectif, celui où l'œuvre se révèle enfin, où la dramaturgie s'éclaire, où la concep- n t r e tion se fait jour. Ensuite tout n'est qu'échange, échange d’énergie, d'imaginaire, partage consenti de la vision poétique de l'œuvre avec l'orchestre, les solistes, les chœurs, les chanteurs. Aventure commune de l'interprétation, de la connaissance et du miroitement de l'œuvre, du style, du message, pour la plus grande satisfaction esthétique et sensible du public. Et puis il y a cette « appropriation » nécessaire et exaltante du talent de l'autre, que l'on doit accueillir à bras ouverts. En effet comment jouer un concerto sans entrer en empathie avec la vison et la sensibilité du soliste ? Comment aborder un opéra sans y fédérer la sensibilité et les qualités vocales de chacun ? De plus on le sait l'orchestre écoute, mime, se fond, dialogue. Il dialogue aussi avec les danseurs qu'il n'entend pas, certes mais dont il sent l’énergie et le mouvement, et bien sûr avec tous, la respiration. Quels sont vos projets à la tête de vos deux orchestres et avec d'autres formations ? Après Lausanne, aurons-nous le plaisir de vous voir diriger à nouveau en Suisse Romande ? Avec l'EOC : nous poursuivons l'aventure de la création. La première de Maria Republica en constitue l'épicentre et l’événement. principal. Nous nous retrouverons au printemps prochain à Genève à l'invitation du Festival Archipel. Un CD Ravel consacré aux deux concertos pour piano enregistré à la tête de Ose avec le magnifique pianiste Vincent Larderet pour Ars Produktion, paraîtra en octobre. Un grand événement lyrique franco suisse à l'initiative de Ose suivra l'an prochain. Au mois de novembre c'est un programme bouleversant autour des musiques dites « dégénérées » qui nous conduira au Corum à la tête de l'orchestre de Montpellier. Enfin après le succès du Ring du bicentenaire mis en scène par Laurent Joyeux, c'est ce même ouvrage qui occupe aujourd'hui encore mon temps d'investigation. Avec Le Chevalier à la rose je laisse, cette énergie tressée avec les œuvres, ainsi qu'au heureux hasard, la liberté de choisir les grandes maisons d’opéra qui nous accueilleront ! Propos recueillis par Kathereen Abhervé Les mamelles de Tirésias de Poulenc Dimanche 17 janvier 2016, 17h Mercredi 20 janvier 2016, 19h Vendredi 22 janvier 2016, 20h Dimanche 24 janvier 2016, 15h Billetterie : www.opera-lausanne.ch/ t i e n o p é r a saison de l’opéra de lausanne : la fille du régiment Julie Fuchs, celle qui promet La soprano Julie Fuchs chantera La Fille du régiment à l’Opéra de Lausanne en mars prochain. Un timbre et un tempérament sur lesquels nous comptons beaucoup. Julie Fuchs est cette jeune chanteuse qui a récemment prêté sa voix et son sens de la scène à Ciboulette, l’héroïne de Reynaldo Hahn, à l’Opéra Comique de Paris. Mais sa carrière déjà foisonnante lui a permis d’aborder bien des rôles, comiques ou tragiques, avec une grâce toujours renouvelée. Tout a commencé pour elle par le violon ; élève du conservatoire d’Avignon, elle assistait à toutes les générales des opéras et des opérettes qui étaient montés sur la scène de l’opéra voisin. Membre d’un groupe et d’un chœur, elle eut un jour la bonne idée de fonder un quintette vocal a capella dont l’une des vocations était de chanter dans les rues. Vers l’âge de dix-huit ans, la jeune violoniste projetait de devenir chef de chœur, mais elle commença de prendre sérieusement des cours de chant et fut encouragée par le nouveau directeur du conservatoire d’Avignon à devenir soliste. Depuis lors, sa carrière a pris un essor rapide, au point que Julie Fuchs fait partie depuis la saison 2013-2014 de la troupe de l’Opéra de Zurich : « Pour y faire mon métier, et apprendre à ne pas faire trop de choses trop vite ». De Paris à Vienne via Lausanne Cette saison, après avoir fait ses débuts à l’Opéra de Paris dans le rôle de la Folie de Platée, elle sera, outre Marie dans La Fille du régiment, la Comtesse Folleville dans Le Voyage à Reims et Angelica dans Orlando à Zurich, avant de chanter le rôle-titre de Lucia di Lammermoor à l’Opéra d’Avignon. Elle fera également ses débuts à l’Opéra de Munich, cette fois dans Musetta de La Bohème. La saison suivante, c’est à l’Opéra de Vienne qu’elle chantera pour la première fois. Et on notera sur nos calepins, sans attendre, un triple Acis et Galatée (Mozart, Haendel, Mendelssohn) avec le Mozarteum Orchester de Salzbourg, le 29 janvier prochain, sous la direction de Marc Minkowski. a c t u « La langue définit la musique », dit volontiers Julie Fuchs. Qui ajoute : « Chanter en français, c’est trouver un style. Je fais peu attention à la facilité technique : j’adore chanter en français, donc chanter en français, pour moi, c’est facile ». Les rôles qu’elle aimerait aborder ? « Les grands classiques : Manon, Juliette, et dans un avenir plus proche Ophélie, Mélisande et Blanche dans Dialogues des carmélites ». Elle se sent un peu moins proche des personnages des Contes d’Hoffmann. Est-ce à cause de la virtuosité qu’exige Olympia ? « J’ai chanté Zerbinetta dans Ariane à Naxos, mais c’est un vrai rôle, qui entre dans le propos entier de l’opéra, ce qui m’a nourri pour atteindre les con-tre-mi. La poupée des Contes d’Hoffmann aide moins ! » Quant au répertoire italien, « le graal c’est Violetta, un rôle complet vocalement, musicalement, dramatiquement ». Mélodie et comédie Côté mélodie, Julie Fuchs affectionne Poulenc, dont elle a enregistré avec cinq autres chanteurs francophones l’intégrale des mélodies. Elle interprète ce compositeur davantage que Ravel ou Fauré, mais il lui arrive d’aller voir du côté de Debussy, auquel elle a consacré un enregistrement.* « Je trouve que Poulenc se démarque des autres, qu’il est plus proche du théâtre que de la mélodie pure et dure. Les indications telles que “comme Tosca”, qu’il porte sur les partitions de certaines petites mélodies, vont dans ce sens. Poulenc pourrait aussi, par certains côtés, faire penser à Offenbach. » A ceux qui lui disent que Poulenc est un compositeur futile, elle répond : « Qu’ils écoutent Dialogues des carmélites ! Mais il est vrai qu’il y a aussi chez lui une dimension légère, frivole ». On n’oubliera pas non plus que Julie Fuchs éprouve un grand intérêt pour la comédie musicale, intérêt qui, dit-elle, « résulte d’une succession d’heureux hasards. J’ai commencé à chan- a l i t Julie Fuchs Julie Fuchs ter en faisant de la chanson et du jazz, et j’ai l’impression de retourner à l’essentiel en pratiquant la comédie musicale. Le premier grand rôle qu’on m’a confié dans une salle parisienne a été Maria dans The Sound of Music au Châtelet, et je n’oublie pas My Fair Lady à Metz en 2012. Il y a une insouciance, une spontanéité dans cette musique. Ici aussi, la langue, c’est le style. » Chanter avec un micro ? « J’adore ! La tessiture de la comédie musicale devrait m’obliger, dans les graves, à arrondir le son, à le nourrir, à vibrer plus, mais alors je ne serais plus dans le style. Chanter sans micro serait aller contre ma voix. L’alternance avec les dialogues, dans les grandes salles, rend aussi le micro presque obligatoire. » Pour l’heure, on l’écoutera dans La Fille du régiment, une partition faussement naïve d’un Italien de Paris qui s’appelait Donizetti. Christian Wasselin * Il s’agit d’un disque de mélodies de jeunesse de Debussy et Mahler, avec au piano Alphonse Cemin (1 CD Aparte). La Fille du régiment de Donizetti. Vendredis 11 et 18 mars 2016, 20h Dimanche 13 mars 2016, 17h Mercredi 16 mars 2016, 19h Dimanche 20 mars 2016, 15h Billetterie : www.opera-lausanne.ch/ é 49 o p é r a Portrait saison de l’opéra de lausanne : ariodante Ariodante Le chef d'orchestre tessinois Diego Fasolis sera de retour à l'Opéra de Lausanne en avril 2016 pour diriger Ariodante de Haendel. Il a accepté de répondre à quelques questions sur sa carrière. 50 Vous avouez une longue collaboration avec l'ensemble des “Barocchisti“. Comment envisagez-vous le travail de chef à la tête d'orchestres plus traditionnels ? Vous êtes président de la Fondation Adriana Fasolis-Brambilla, pro Musica et Natura. Vous pourriez nous dire quelque chose de ce projet? J'ai fondé les “Barocchisti“ il y a presque vingt ans avec mon épouse regrettée. Cet ensemble m'a donné de grandes satisfactions artistiques et depuis une année il est sous le patronage de la Radiotélévision de la Suisse Italienne. Mon expérience avec des orchestres modernes remonte à il y a longtemps. Dans ce cas j'essaie d'apporter tout l'enthousiasme et toute l'expérience que j'ai accumulés avec mes ensembles. Les résultats sont bons. Avec l'excellent OCL, en particulier, nous avons développé une connaissance et une estime réciproques, ce qui me fait présager un très bon résultat. Après la longue maladie et la mort de mon épouse, en 2013, en suivant ses dernières volontés, nous avons crée avec la famille une fondation pour venir en aide des musiciens professionnels sans ressources financières. Plusieurs jeunes musiciens en ont déjà bénéficié (un clarinettiste argentin, un ténor brésilien, un violoniste chinois...) et ont pu terminer leurs études au Conservatoires grâce aussi à ce soutien. Adriana, mon épouse, aimait beaucoup les animaux et la nature. Aussi, la fondation qui porte son nom s'occupe également de protection des animaux et a mis sur pied un projet de compensation de l'émission de CO2 générée par l'activité artistique et les tournée des "Barocchisti". Les grand spécialistes du Baroque abordent de plus en plus souvent des œuvres plus tardives, romantiques ou même du XXe siècle. Un titre en dehors du Baroque que vous aimeriez diriger ? A vrai dire ma formation n'est pas liée à la musique ancienne, si ce n'est ma passion pour Bach. Toute la musique m'enthousiasme et je tire profit de chaque nouvelle opportunité que la vie et la carrière m'offrent. J'ai eu la chance de diriger tous les chefs-d'œuvre (en dehors du Baroque) que je souhaitais interpréter : le Requiem de Verdi, le Stabat Mater de Rossini, les Noces de Strawinsky, le Requiem de Brahms…. Un titre en dehors du Baroque ? J'aimerais bien apporter un nouveau souffle au répertoire du Belcanto et j'ai déjà fait quelques expériences positives dans le cadre du Marina Rebeka (Ginevra) © Amati Bacciardi Festival de Salzbourg. e n t Propos recueillis par Gabriele Bucchi Ariodante de Haendel à l’Opéra de Lausanne, avec Yuriy Mynenko (Ariodante) et Marina Rebeka (Ginevra) Vendredi 15 avril 2016, 20h Dimanche 17 avril 2016, 17h Mercredi 20 avril 2016, 19h Vendredi 22 avril 2016, 20h Dimanche 24 avril 2016, 15h Billetterie : www.opera-lausanne.ch/ r e Originaire de Lugano où il est né en 1958, Diego Fasolis s'est formé au Conservatoire de Zurich avant de débuter une carrière d'organiste. Dès 1986 il s'est consacré principalement à la direction d'orchestre et de chœur, d'abord avec les ensembles de la Radio Télévision Suisse italienne, puis avec ses propres formations, l'Ensemble Vanitas (fondé en 1995) et I Barocchisti (fondé en 1998). Depuis plus d'une vingtaine d'années, il poursuit en outre une carrière internationale puisqu'il a dirigé aussi bien à la Scala qu'aux Arènes de Vérone et à l'Opéra de Rome, ainsi qu'à l'occasion de festivals consacrés à la musique baroque. Tout en poursuivant une carrière d'organiste, il a entamé en Diego Fasolis tant que chef d'orchestre une collaboration avec Cecilia Bartoli et avec le flûtiste Maurice Steger. Diego Fasolis a enregistré plus de 80 disques, principalement pour les labels Naïve et Arts. Parmi ses principaux enregistrements effectués soit avec les ensembles qu'il a fondés, soit avec I Sonatori de la Gioiosa Marca ou encore les Chœurs de la Radio Svizzera Italiana, on compte une Passion selon St Jean de Bach, les Vespro della Beata Vergine de Monteverdi, ou encore des œuvres de Purcell, Händel, Paisiello, Vivaldi, Palestrina ou Pergolese. Après avoir dirigé les représentations de la Flûte enchantée lausannoise au mois de juin (après Faramondo, Rinaldo, Farnace, l'Artaserse, Dorilla in Tempe également à l'Opéra de Lausanne), le chef tessinois a participé au Festival de Salzbourg pour l'un des temps forts de la manifestation estivale : Iphigénie en Tauride de Gluck dans une mise en scène du duo Caurier/Leiser et avec Cecilia Bartoli et Rolando Villazon. t i e n o p é r a saison de l’opéra de lausanne : faust Jean-Yves Ossonce Directeur de l’Opéra de Tours, le chef d’orchestre Jean-Yves Ossonce n’en poursuit pas moins une trépidante carrière internationale. C’est depuis Pékin, où il mène une production lyrique dans le récent et moderne Opéra de la capitale chinoise, qu’il répond à nos questions à propos du Faust de Gounod prévu sous sa direction en fin de saison à l’Opéra de Lausanne. Entretien. Vous qui êtes un grand spécialiste de la musique française, quelle place tient Faust dans votre répertoire et dans votre cœur ? Je ne pense pas être spécialiste en quoi que ce soit ! Bien sûr, j’ai travaillé avec Jean Fournet, qui fut l’un des hérauts de la compréhension profonde de cette musique, mais lui-même disait qu’au fond, il n’y avait pas d’école de « direction française ». Songez aux différences entre Munch et Monteux, ou Plasson et Boulez ! Faust tient une grande place parce que c’est un opéra plein de vraie musique, qui joue sur tous les codes et aspects du genre grand opéra français, voire de l’opéra-comique. L’œuvre est ainsi très variée, toujours finement harmonisée, presque toujours magnifiquement orchestrée, et il est passionnant de chercher à retrouver cette souplesse dans la rigueur si caractéristique de Gounod. Comment définiriez-vous cet opéra ? Peut-on parler d’un chef-d’œuvre ? Mon maître Jean Fournet m’a raconté qu’il avait une fois passé tout un voyage aérien USA/Europe à tenter de convaincre un couple de stars mondiales, dont Faust était un cheval de bataille, que cette musique devait se chanter avec la même élégance, la même classe, la même noblesse, que la grande mélodie française accompagnée. « Et, mon cher ami, je ne suis pas sûr que le voyage ait été suffisant », avait-il conclu dans un petit sourire plein de cet humour très « vieille France » que je connaissais bien ! Je pense que c’est une des clés qui permettent de faire éclore le plus naturellement ces très belles coulées vocales et ce son d’orchestre si particulier. C’est cela qui fait naître la vérité de l’œuvre, et pas une sorte de pré-vérisme mondialisé, parsemé d’émotion facile type soap opera ! Ernest Ansermet a écrit que le sentiment vrai et juste est déjà noté dans la grande musique, que notre tâche est de le retrouver dans son authenticité, et non de vouloir jouer en plus avec sentiment ! Le magnifique Mariss Jansons dit aujourd’hui – et d’ailleurs le fait mieux que quiconque –, qu’il faut se garder « d’ajouter du sucre sur de la e n t r crème ». Sans cette vérité et cette pureté, sans cette rigueur qui n’est pas une sécheresse, la musique française se dilue, et, en ce sens, elle est peut-être plus fragile que d’autres. Je dois dire qu’avec l’OCL, je n’ai aucune appréhension. Faust est un chef-d’œuvre, très connu mais en surface. Comme dans le cas de toutes les grandes œuvres souvent jouées, s’est constituée en parallèle à la partition de Gounod une sorte de métapartition, caractérisée par une épaisse couche de tradition, voire de traditions. Elles ne sont pas toutes authentiques ni du meilleur goût, et demandent à être évaluées et examinées, calmement, une par une, et avec nos yeux d’aujourd’hui. « La tradition est le souvenir déformé de la dernière mauvaise interprétation » : j’avais un jour rapporté ce mot de Furtwängler à Fournet, il avait trouvé cela très bon ! amicale et empathique, que se fabriquent les bons spectacles. Jamais dans des affrontements stériles où les chanteurs sont sommés de choisir leur camp ! Pour Faust, la question des tessitures se pose rarement : il est recommandé par exemple que le ténor puisse donner l’ut de sa cavatine, qui n’est pas une tradition mais bien ce qui a été écrit par Gounod ! En conséquence, il est de bonne politique d’engager un ténor qui sait le faire, entre autres nombreuses qualités… Connaissez-vous déjà les axes de cette mise en scène ? Oui, j’ai vu des maquettes et des documents dramaturgiques ou techniques, qu’Éric Vigié m’a transmis plusieurs mois avant la création à Turin, et de très magnifiques photos depuis. Je suis très impatient de travailler avec cette équipe de production, et avec ce metteur en scène qui est un artiste complet passionnant. L’univers proposé est d’une grande beauté, très étrange et très cohérent, et je crois que vos confrères turinois ne s’y sont pas trompés. Êtes-vous intervenu dans la distribution des chanteurs ? Éric m’a informé, mais il n’a besoin d’aucune intervention de qui que ce soit pour assembler Faust pose quelques questions de choix à faire dans la partition, en raison des différentes variantes possibles. Quels seront vos choix pour l’Opéra de Lausanne ? C’est une édition assez courante, pas tout à fait intégrale, qui est le choix initial partagé du maestro Noseda et du metteur en scène quand cette production a été créée à Turin au mois de juin dernier. Généralement, quand une production voyage ainsi, on se conforme à la version de la création de la production. Nous verrons si quelques modifications doivent être envisagées. Tenez-vous compte des désidératas des chanteurs, pour cause de tessiture par exemple, et du metteur en scène ? Quand il s’agit d’une nouvelle production, le dialogue avec le metteur en scène doit de toute manière avoir lieu, et ce peut être très enrichissant. C’est sans aucun doute ce qui a été fait pour les représentations de Turin. Je pense que les joutes entre metteur en scène et responsable musical sont démodées : si tant est que l’opéra soit aussi du théâtre (selon le titre des notes de Patrice Chéreau pendant son expérience à Bayreuth), ce n’est pas seulement du théâtre ; c’est dans cet équilibre et cette écoute mutuelle, respectueuse, si possible e t i e Jean-Yves Ossonce © Gérard Proust une belle distribution ! À Lausanne, j’ai toujours bénéficié de très bonnes équipes, avec des chanteurs que je ne connaissais pas tous au préalable, et j’ai pu ainsi découvrir de nouveaux collègues. Il n’est d’ailleurs pas recommandé que les chefs invités se mêlent de dicter leurs choix à la direction artistique, ou arrivent avec leurs chanteurs, sauf bien sûr dans des répertoires très particuliers. Il y a à Lausanne un vrai détecteur de talents, qui adore les belles voix et les belles présences scéniques, et a constitué un carnet d’adresses impressionnant. Propos recueillis par Pierre-René Serna n 51 WWW.BONLIEU-ANNECY.COM T. 04 50 33 44 11 15 • 16 5 887 ROBERT LEPAGE SAM.3 | DIM.4 | LUN.5 | MAR.6 | MER.7 OCT. laFERME de laCHAPELLE DELPHINE SANDOZ — MARIE-NOËLLE LEPPENS — CHARLOTTE NORDIN — CÉLINE SALAMIN 12 sept. au 25 oct. 2015 KATIA GUERREIRO laFERME de laCHAPELLE MÉMOIRE DU VIVANT ATÉ AO FIM — NOUVEL ALBUM VIAVOX PRODUCTION VENDREDI 30 OCTOBRE — 20h SALLE DU LIGNON Place du Lignon 16 — Vernier Service de la culture — 022 306 07 80 www.vernier.ch/billetterie GALERIE LA FERME DE LA CHAPELLE 39, ROUTE DE LA CHAPELLE | CH -1212 GRAND-LANCY WWW.FERMEDELACHAPELLE.CH Ville de Lancy République et canton de Genève s a i s o saison lyrique s La fin de l'année se terminera avec une nouvelle Flûte enchantée de Mozart programmée douze fois sous la direction de Gergely Madaras et avec une poignée de chanteurs sur le point d'entrer dans une grande carrière. Grand Théâtre de Genève La saison genevoise se déroulera en deux temps à cause des indispensables travaux de réfection programmés à la Place Neuve. Les quatre premiers titres de la saison seront joués au Grand Théâtre. Il s'agit d'abord du Guillaume Tell de Rossini, donné en français en septembre dans une réalisation de David Pountney déjà présentée au Welsh National Opera et au Théâtre Wielki de Varsovie. JeanFrançois Lapointe était Tell, John Osborn Arnold et Nadine Koutcher Mathilde sous la n concert une brochette de solistes internationaux et le Royal Philharmonic Orchestra de Londres sous la direction de Charles Dutoit. La mise en scène de l'ouvrage d'Offenbach est due à Robert Sandoz, alors que la belle infidèle sera incarnée par la grande Véronique Gens. Le Songe d'une nuit d'été de Britten suivra en novembre, bien sûr dans sa version anglaise; Après une Forza del destino donnée en version de concert au Victoria Hall, la saison se poursuivra au Théâtre des Nations (près du bâtiment de l'ONU), où seront données les trois dernières productions de la saison. Il s'agira d'abord d'Alcina de Haendel que dirigera Leonardo Garcia Alarcon et que mettra en scène David Bösch (dont on attend également le nouveau Trovatore en juillet prochain à Covent Garden). La troupe sera constituée, pour les rôles principaux, de Nicole Cabell en Alcina, Malena Ernman en Ruggiero, Siobhan Stagg en Morgana et Kristina Hammarström en Bradamante. Puis ce sera au tour du Médecin malgré lui de Gounod sur un livret tiré de la comédie de Molière. Cette partition peu connue, mais que le directeur de l'opéra genevois affectionne tout particulièrement, sera confié à Laurent Pelly alors que la distribution est toujours en cours d'élaboration. L'ultime volet lyrique de la saison genevoise sera réservé au Falstaff de Verdi que dirigera John Fiore (il a dirigé Nabucco au Grand Théâtre en février 2014) avec Lukas Hartleb à la régie (il fut l'auteur de la «Guillaume Tell» avec Doris Lamprecht (Hedwige), Jean-François Lapointe (Guillaume Tell) et Amelia Scicolone (Jemmy) © GTG / Magali Dougados dernière Iphigénie en Tauride sur ce même plateau en février 2015). baguette de Jésus Lopez-Cobos. C’était là une le spectacle sera réglé par Katharina Thalbach Falstaff aura les traits et la panse (artificielle ?) occasion à ne pas manquer de (re)voir sur scène dans les décors d'Ezio Toffolutti. L'approche de Franco Vassallo, alors que le quatuor féminin un opéra dont on parle beaucoup dans les ouvra- promet d'être théâtrale autant que musicale car sera composé de Maija Kovalevska en Alice ges spécialisés mais que les théâtres hésitent à la metteuse en scène déclare elle-même qu'il lui Ford, Amelia Scicolone en Nanetta, Mariemonter à cause de la difficulté des rôles, de la semble impossible de faire l'impasse sur le Ange Todorovitch en Mistress Quickly et longueur de l'œuvre et de l'imposant dispositif génie dramatique de Shakespeare dont Britten a Ahlima Mhamdi en Meg Page. tant scénique que personnel à engager. d'ailleurs repris le texte tel quel, avec bien sûr Eric Pousaz quelques coupures. Au sein de la distribution, http://www.geneveopera.com/ Suivra une Belle Hélène d'Offenbach, pro- on découvre le nom de la fille de Mme Thalbach grammée comme une sorte de pendant comique dans le rôle de Puck, habituellement confié à un aux Troyens de Berlioz, qu'interpréteront en mime ou un danseur. a c t u a l i t é 53 s a i s o n s saison lyrique Zurich Avec ses 204 représentations de 31 ouvrages lyriques différents (un nombre auquel il faut ajouter les 76 représentations de ballets!), l'Opéra de Zurich reste bien la plus active des scènes lyriques de Suisse, et se mesure sans peine aux plus importantes d'Europe. 54 La ronde des premières commence doublement le jour de réouverture de la saison avec Wozzeck d'Alban Berg, dirigé par le directeur général de la musique Fabio Luisi et mis en scène par l'intendant du théâtre, Andres Homoki et Der Schauspieldirektor de Mozart offert gratuitement par les jeunes chanteurs de l'Opéra Studio au public venu assister aux journées portes ouvertes du théâtre organisées pour l'occasion. Dans l'ouvrage de Berg, le rôle titre sera l'occasion pour le baryton Christian Gerhaher de faire une de ses rares apparitions scéniques, cet artiste fréquentant plus assidûment les soirées de lieder que les plateaux d'opéra. Le reste de la troupe est à peine moins brillant avec le ténor wagnérien Brandon Jovanovich en Tambour-Major, le mozartien Mauro Peter en Andres, Lars Woldt en Docteur et Wolfgang Ablinger-Sperrhacke en Capitaine. Marie sera, elle, interprétée par l'impressionnante Gudrun-Brit Barkmin qui s'est surtout rendu célèbre par ses Salomé sur bon nombre de scènes européennes (dès le 13 septembre). Ensuite, Cecilia Bartoli fera un court séjour à la Bellevueplatz pour quatre représentations de Norma dans la mise en scène réalisée pour le Festival de Salzbourg par Patrice Caurier et Moshe Leiser. Elle sera entourée des mêmes collègues qu'en Autriche sous la direction de Giovanni Antonini dirigeant l'Orchestre zurichois de La Scintilla spécialisé dans le répertoire baroque et préclassique (quatre représentations depuis le 10 octobre) Après une nouvelle Bohème (dès le 1er novembre) dirigée par Mikko Franck et chantée par Michael Fabiano, Andrei Bondarenko, Guankun Yu et Shelley Jackson, et la création d'un opéra pour enfants de Jonathan Dove intitulé : Le cochon enchanté, un nouveau Viaggio a Reims verra le retour à l'Opernhaus du très discuté Christoph Marthaler. La distribution est essentiellement composée de chanteurs rattachés à l'Opéra de Zurich mais déjà sur le point d'entamer une impressionnante carrière internationale: Rosa Feola sera Corinna, Anna Goryachova la a Marquise Melibea, Julie Fuchs la Comtesse de Folleville alors que l'on retrouvera Serena Farnocchia en Madame Cortese, Edgardo Rocha en Chevalier Belfiore, Javier Camarena en Comte de Libenskof, Nahuel Di Pierro en Lord Sidney, Yuriy Tsiple en Baron de Trombonok et Scott Conner en Don Profundo. La direction de ce délirant divertissement sera assurée par Daniele Rustoni. Gun-Brit Barkmin © Florian Kalotay Janvier sera l'occasion d'une création locale d'importance majeure avec Die Hamletmaschine de Wolfgang Rihm, un opéra rarement représenté vu les difficultés d'exécution qu'il présente. Ecrit d'après une pièce de l'auteur allemand Heiner Müller datant de 1977, cet ouvrage d'une complexité inouïe évoque le langage des Soldats de Zimmermann, présentés sur cette même scène il y a quelques mois. Le chef d'orchestre Gabriel Feltz et le metteur en scène Sebastian Baumgarten dirigeront une équipe de chanteurs aguerris où l'on retrouve la dernière Salomé genevoise, Nicola Beller Carbone, et, en charge des trois Hamlet, Götz Schubert, Anne Ratte Polle et Scott Hendricks (du 24 janvier au 14 c t u a février). Les choses sérieuses continuent avec une version en allemand pour les dialogues et en anglais pour les intermèdes musicaux du King Arthur de Purcell confié à Lawrence Cummings pour la direction et à Herbert Fritsch pour une mise en scène qui promet d'être décapante si l'on se réfère aux récentes réalisation de cet artiste dont le nouveau Don Giovanni berlinois vient de subjuguer le public. La distribution, groupée autour de l'Arthur de Wolfram Koch, est trop importante pour être détaillée ici, car elle comporte près de vingt rôles... (dès le 27 février) Après un Orlando paladino de Haydn confié dès le 7 mai aux jeunes solistes de l'Opernstudio de Zurich sur la scène du théâtre de Winterthur, Dmitri Tcherniakov présentera sa version de Pelléas et Mélisande de Debussy dès le 8 mai à l'Opernhaus même. La direction en a été confiée à Alain Altinoglu tandis que la distribution aligne les noms de Jacques Imbraïlo et de Corinne Winters en Mélisande face aux accès de jalousie de Kyle Ketelsen également présent à Zurich dans le rôle de Rigoletto!... Yvonne Naef sera Geneviève et Brindley Sheratt Arkel. La fin de saison sera plus consensuelle avec une nouvelle production des Puritains de Bellini confiés aux gosiers de Lawrence Brownlee, remplaçant Juan Diego Florez initialement prévu, George Petean, Michele Pertusi et Pretty Yende en Elvira. Aux commandes pour cette ultime première mise à l'agenda pour le 19 juin : Fabio Luisi et Andreas Homoki. Les reprises, trop nombreuses pour être toutes mentionnées, ménagent quelques superbes surprises, comme cette Elektra de Strauss qui verra triompher Evelyn Herlizius, l'inoubliable interprète de la dernière mise en scène de Patrice Chéreau au Festival d'Aix-en-Provence de 2014. Les Pêcheurs de Perles de Bizet seront l'occasion, en octobre et novembre, de faire la connaissance d'un ténor français dont on loue la technique sans faille, Frédéric Antoun, entouré d'Etienne Dupuis et Oleska Galovneva en Leïla, alors que Turandot de Puccini verra le retour attendu de Nina Stemme qui n'a encore jamais présenté son portrait de la Princesse de glace sur les bords de la Limmat (en décembre). Michael Volle sera le Hollandais volant de Wagner en février, et Cecilia Bartoli reviendra en mai pour la Comtesse Adèle du Comte Ory de Rossini. Eric Pousaz Plus d’infos : http://www.opernhaus.ch/spielplan/kalendarium/ l i t é s a i s o n s Berne Le Théâtre de Berne est en réfection pendant le début et la fin de la saison 2015/2016. Pour la réouverture principale de la grande salle en octobre, le chef suisse Mario Venzago dirigera une version orchestrale réduite du Lohengrin de Wagner, absent de l'affiche bernoise depuis plus de cinquante ans. La distribution réunit les noms de Mary Mills en Elsa, Ursula Hesse von den Steinen en Ortrud, Daniel Frank en Lohengrin et Daniel Frank en Telramund sous la direction scénique de Stephan Märki, le directeur de la maison depuis quelques saisons et qui se présentera pour la première fois dans son rôle de metteur en scène à cette occasion. (11 représentations entre le 24 octobre et le 31 janvier) Mary Mills Rusalka d'Antonin Dvorak s'ébattra entre terre et eaux sur le plateau bernois dans un spectacle réglé par Markus Bothe et dirigé par Adrian Prabava, actif dans le domaine lyrique notamment au Théâtre de Bratislava... (10 représentations entre le 22 novembre et le 21 février). Un ballo in maschera de Verdi permettra à Kevin John Edusei, le chef d'orchestre nouvellement engagé comme chef de la musique au Théâtre de Berne, de se présenter dans sa nouvelle fonction. La mise en scène d'Adriana Altaras réunira Miriam Clark, Yun-Jeong Lee, Sanja Anastasia, Alessandro Liberatore et Juan Orozco dans les rôles principaux. Lorsque le théâtre fermera au printemps pour la dernière phase des transformations prévues, trois ouvrages seront donnés au Kubus de Berne : I pagliacci de Leoncavallo du 14 au 19 avril, L'occasione fa il ladro de Rossini du 16 au 18 juin et, en création locale, Hanjo du compositeur japonais Toshio Hosokawa du 22 mai au 5 juin. http://www.konzerttheaterbern.ch/ a c t u Bâle Le Théâtre de Bâle change de direction cette année, et l'ouverture de la saison lyrique se fera le 22 octobre avec la Khovantchina de Moussorgski dirigée par Kirill Karabits et mise en scène par un jeune artiste russe, Vasily Barkhatov. La troupe, presque entièrement slave, comprend les noms de chanteurs encore peu connus ici : Vladimir Matorin sera Ivan Khovansky, Rolf Romei (Andrei), Dmitry Golovnin (Golitzine), Pavel Yankovsky (Chaklovitsky), Dmitri Ulyanov (Dosifeï), Jordanka Milkova (Marfa) et Bryony Dwyer (Susanna). (13 représentations jusqu'au 12 décembre) Après une version de concert de Samson et Dalila de Saint-Saëns qui permettra à Erik Nielsen, le nouveau chef de la musique de la maison bâloise, de se présenter au public, ce sera au tour de la Flûte enchantée de faire son apparition à l'affiche dans une nouvelle mise en scène due à Julia Hölscher. La soirée sera placée sous la direction de Christoph Alstaedt alors que la distribution sera presque intégralement composée d'artistes attachés à la troupe de Bâle pour les 22 (!) représentations proposées entre les 19 décembre et 28 mars... Après le musical de Lloyd Weber Jésus Christ Superstar, nouvelle production signée par Tom Ryser, ce sera au tour du Macbeth de Verdi de faire un tour de piste dans le nouveau costume que lui taillera Olivier Py pour l'occasion. La distribution, comprenant les noms de Vladislav Sulimsky en Macbeth, Katia Pellegrino en Lady, Callum Thorpe en Banquo et Dimitrios Flemotomos en Macduff sera placée sous la direction d'Erik Nielsen. La saison s'achèvera sur l'énorme opus de Stockhausen Donnerstag aus Licht, qui sera interprété deux fois à la fin du mois de juin sous la direction de Titus Engel pour la musique et de Lydia Steier pour la scène. L'opéra baroque, par contre, une constante jusqu'ici des saisons bâloises, semble avoir raté le train de cette nouvelle saison... http://www.theater-basel.ch/spielplan/nach_stueck.cfm Strasbourg L'Opéra du Rhin s'offre le luxe cette année de ne proposer quasiment que des nouvelles productions... En octobre et novembre, nouvelle production de Pénélope de Fauré confiée à Olivier Py. La flamboyante Anna Caterina Antonacci incarnera l'héroïne face à l'Ulysse de Marc Laho et elle sera accompagnée de l'Euryclée d'Elodie a l i t Stephen Milling © Rune Evensen and Scanpix Méchain. Patrick Davin assurera par ailleurs la direction musicale de cette partition fort rare sur les scènes actuelles... (octobre et novembre) Retour ensuite vers des territoires plus connus avec une nouvelle Traviata confiée à Patricia Ciofi. On retrouve Etienne Dupuis en Giorgio Germont et Roberto de Biasio en Alfredo sous la direction de Pier Giorgio Morandi pour la musique et de Vincent Broussard pour la scène (décembre, janvier). La rare Cendrillon du compositeur italien Ermanno Wolf-Ferari sera présentée aux enfants dans le courant de janvier par les artistes des Jeunes Voix du Rhin avant le retour à l'affiche de la grandiose production que Robert Carsen a déjà réglée pour ce théâtre de L'Affaire Makropoulos de Janacek. Angeles Blancas sera Emilia Marty face à l'Albert Gregor de Raymond Very, l'orchestre étant confié à Marko Letonja. En mars, Hervé Niquet dirigera une nouvelle version d'Idomeneo de Mozart confiée pour la régie à Christophe Gayral. On y retrouvera Agneta Eichenholz en Elettra, Maximilian Schmitt en Idomeneo, Juan Francisco Gatell en Idamante privé de son costume travesti habituel et Judith van Wanroij en Ilia (mars, avril) Après une Cambiale de matrimonio de Rossini de nouveau confiée aux Jeunes Voix du Rhin apparaîtra une autre rareté à l'affiche : l'opéra de jeunesse La défense d'aimer (ou Das Liebesverbot) de Wagner d'après Mesure pour Mesure de Shakespeare. Mariame Clement dirigera une équipe composée de Robert Bork, Benjamin Hulett, Thomas Blondelle, Marion Ammann, Agnieszka Slawinska et Wolfgang Bankl et placée sous la direction musicale de Constantin Trinks. La saison s'achèvera en beauté avec un nouveau Don Carlo en italien confié à Robert Carsen pour la mise en scène et placé sous la baguette Daniele Callegari. Stephen Milling sera Philippe II, Andrea Carè ou Gaston Rivero se chargeront du rôle titre, Tassis Christoyannis de celui du Marquis de Posa, Elza van den Heever d'Elisabeth de Valois, Elena Zhidkova de la Princesse Eboli alors qu'Ante Jerkunica sera le Grand Inquisiteur. http://www.operanationaldurhin.eu/ Eric Pousaz é 55 s a i s o n s saisons lyriques Berlin Sonya Yoncheva © Gregor Hohenberg / SonyClassical Comme chaque année, les trois théâtres lyriques berlinois rivalisent d'originalité pour fidéliser leur public, grâce à des metteurs en scène ‘controversés’, ou par l'originalité du choix du titre. Deutsche Oper 56 La Deutsche Oper ouvre les feux avec un nouveau Vasco de Gama de Meyerbeer, confié aux gosiers prestigieux de Roberto Alagna, Sophie Koch et Nino Machaidze (direction Enrique Mazzola et m.e.s. Vera Nemirova). L'œuvre est un des plus impressionnants exemples de grand opéra à la française avec force ballets, intermèdes choraux et changements de décors spectaculaires (à partir du 4 octobre). Aida de Verdi sera confié au metteur en scène Benedikt von Peter qui entend débarrasser l'ouvrage de sa grandiloquence habituelle. La distribution comprend les noms de Tatiana Serjan, Anna Smirnova, Markus Brück et Alfred Kim en Radamès, la direction musicale étant confiée à Andrea Battistoni. (à partir du 22 novembre). Suivra une nouvelle Salome réalisée par Claus Guth. Catherine Naglestadt sera la jeune princesse perverse, sa mère étant confiée au soprano wagnérien Jeanne Michèle Charbonnet alors que Michael Volle en Jochanaan sera décapité en fin de soirée. La direction sera assurée par le chef français Alain Altinoglu. (à partir du 24 janvier). David Hermann se chargera ensuite d'une nouvelle version de L'Affaire Makropoulos de Janacek dont l'héroïne sera incarnée par Evelyn Herlizius sous la direction de Donald Runnicles (à partir du 9 février). Suivra la première allemande de Morgen und Abend de Georg Friedrich Haas dont la nouvelle création aura déjà été présentée en première mondiale au Covent Garden de Londres en novembre. Au sein de la distribution, on retient le nom du prestigieux acteur Klaus Maria Brandauer dans un rôle parlé (à partir du 29 avril). Pour terminer, Mozart sera à l'honneur avec une nouvelle présentation de son Enlèvement au Sérail (dès le 17 juin) confiée à Donald Runnicles pour la direction et Rodrigo Garcia pour la mise en scène et les décors. La distribution fait la part belle aux jeunes espoirs de demain... Trois opéras apparaîtront en version de concert seulement : La favorite de Donizetti sera chantée en français par Elina Garança et Joseph Calleja sous la direction d'Ivan Repusic, I a Capuleti e i Montecchi de Bellini verront s'affronter Verena Gimadieva et Joyce DiDonato sous la direction de Paolo Arrivabeni tandis que Norma sera confiée une nouvelle fois au gosier agile d'Edita Gruberova sous la direction de Peter Valentovic face à l'Adalgisa de Sonia Ganassi et au Pollione de Fabio Sartori. Notons en outre la présence au répertoire du rare Rienzi de Wagner et de plusieurs titres de Richard Strauss presque inconnus (Die ägyptische Helena ou Die Liebe der Danae), ainsi qu’une trentaine de reprises. Infos : www.deutscheoperberlin.de/de_DE/calendar Staatsoper Après une reprise du glorieux Freischütz de Weber, de nouveaux Meistersinger von Nürnberg de Wagner ouvriront les feux en octobre sous la direction du maître des lieux et avec Klaus Florian Vogt, Julia Kleiter et Wolfgang Koch en tête de distribution (m.e.s. Andrea Moses). Après de splendides Tosca, Bal Masqué et Elixir d'amour (Vittorio Grigolo accompagné de Pretty Yende), la Staatsoper affichera de nouvelles Noces de Figaro confiées à Jürgen Flimm pour la mise en scène (dir. Gustavo Dudamnel, avec Ildebrando d'Arcangelo, Dorothea Röschmann, Lauri Vasar et Anna Prohaska). György Ligeti (avec Aventures et Nouvelles aventures) et Maurizio Kagel (avec Sur scène) forment un duo de choc dans le domaine contemporain sur la scène expérimentale du théâtre, sis juste à côté de la salle principale. Après de prestigieux Fliegende Holländer (Camilla Nylund, Andreas Schager et Michael Volle), Faust de Gounod (Pavol Breslik, René Pape, Krassimira Stoyanova), Don Giovanni (Christopher Maltman, Anna Samuil, Petr Sonn, Lujcva Pisaroni...), Daniel Barenboim dirigera une nouvelle Traviata avec Sonia Yoncheva en vedette dans une autre réalisation de Jürgen Flimm en décembre. Suivront des reprises attendues d'Ariadne auf Naxos de Strauss, Le vin herbé de Frank Martin, La bohème (avec Yoncheva et Calleja) et The Turn of the Screw de Britten avant que le rideau ne se lève sur un nouvel Orfeo ed Euridice de Gluck chanté par Bejun c t u a Mehta, Anna Prohaska et Nadine Sierra et dirigé par Barenboim dans le cadre du traditionnel festival pascal (Parsifal mis en images par Dmitri Tcherniakov en sera l'autre volet lyrique). En fin de saison, reprise de l'étonnante Fiancée du Tsar de Rimsky Korsakov ; l'opéra baroque sera à l'honneur en avril avec René Jacobs dirigeant l'Akademie für alte Musik de Berlin dans un titre inconnu d'Agostino Stefani : Amor vien dal destino ; à fin mai, nouvelle version de Juliette de Martinu, dirigée par Barenboim (m.e.s. Claus Guth avec Magdalena Kozena et Rolando Villazon). Infos : www.staatsoper-berlin.de/de Komische Oper Le répertoire, riche de plus de vingt titres chantés de préférence en allemand s'étend de la période baroque à l'époque contemporaine sans oublier ces sombres années où les compositeurs juifs étaient condamnés au silence par un pouvoir absolu d'une totale inculture. Il faut absolument voir, notamment, le Bal au Savoy, une opérette 'jazzy' de Paul Abraham, donné en début de saison en alternance avec Giulio Cesare de Haendel et West Side Story de Bernstein... Le cycle des premières s'ouvre en octobre avec une nouvelle version des Contes d'Hoffmann d'Offenbach, interprétée en français et allemand; le rôle titre sera chanté par trois interprètes, alors que les trois amoureuses seront, elles incarnées par la seule Nicole Chevalier! La mise en scène assurée par Barrie Kosky, promet quelques belles surprises... Après La Belle Hélène, Kiss Me Kathe, My Fair Lady, et le plus rare Ange de feu de Prokofiev, la seconde première de la saison est consacrée à Eugène Onéguine de Tchaïkovski en version russe (m.e.s. Barrie Kosky). Après les frissons d'un nouveau Vampire de Marschner, retour au répertoire français avec la Cendrillon de Massenet confiée à Damiano Michieletto, Nadja Mchantaf et Mari Eriksmoen sous la direction de Henrik Nanasi. D'autres titres rares de Dostal (Clivia), Oscar Straus (Eine Frau, die weiss, was sie will), Offenbach (Fantasio), Gruber (Geschichten aus dem Wienerwald) ou Rameau (Castor et Pollux, en français) entourent les plus traditionnels Hänsel und Gretel, Figaros Hochzeit, Zauberflöte ... Infos : www.komische-oper-berlin.de/spielplan/2015-10/ Eric Pousaz l i t é s a i s o n s saisons lyriques Vienne Coup d’œil sur la programmation du Staatsoper, du Theater an der Wien et du Volksoper. Staatsoper L'Opéra d'Etat de Vienne reprend cette saison plus de quarante-cinq productions tirées de son répertoire. Si les mises en scène sentent ici souvent la naphtaline, les distributions, elles, valent largement le détour et elles sont souvent tellement prestigieuses qu'il est impossible de les nommer toutes car, de septembre à juin, le rideau se lève tout de même 236 fois sur un spectacle lyrique choisi parmi 52 productions différentes... A quoi il faudrait, par souci d'équilibre, ajouter les soirées de ballet ainsi que les récitals divers et variés qui jalonnent le programme de l'année. Cinq nouvelles productions seulement sont annoncées au cours du prochain hiver. Verdi et son Macbeth seront à l'honneur en octobre dans une réalisation scénique signée de Christian Rath avec Alain Altinoglu à la direction, George Petean alternant avec Ludovic Tézier dans le rôle titre et Tatiana Serjan jouant les Lady carnivores dont une des premières victimes sera le Banquo de Ferruccio Furlanetto. Plus inattendue, la seconde nouvelle production est réservée le 19 novembre à Hänsel und Gretel de Humperdinck qui fera, pour l'occasion, son entrée au répertoire! Les choses seront faites en grand avec Christian Thielemann à la baguette, Daniela Sindram et Chen Reiss dans le rôle des enfants abandonnés par leurs parents indignes Adrian Eröd et Janine Baechle alors que la Sorcière aura la voix de Michaela Schuster, le tout dans une régie signée du metteur anglais Adrian Noble. Troisième nouveauté et deuxième entrée au répertoire maison le 13 décembre avec L'Affaire Makropoulos de Janacek dont la direction musicale sera confiée à Jakub Hrusa alors que Peter Stein signera la mise en scène, avec Laura Aikin et Rainer Trost dans les rôles principaux. La quatrième première et troisième nouveauté dans le répertoire de la maison apparaîtra à l'affiche le 6 mars : il s'agit de Tri Sestri de Peter Eötvös dans la version remaniée pour trois interprètes féminines, confiées à Olga Bezsmertna, Margarita Gritskova et Ilseyar Khayrullova. La direction est assurée par le compositeur en personne alors que le spectacle sera mis en scène par Yuval Sharon. a c t u Retour vers des eaux plus connues avec, le 28 avril, le nouvel habillage de Turandot confié à Marco Arturo Marelli sous la direction de Gustavo Dudamel. La distribution comprend Lise Lindstrom, Johan Botha et Anita Hartig. Infos : www.wiener-staatsoper.at/ Theater an der Wien Le directeur de cette autre maison d’opéra séduit chaque année le public avec une programmation d'une originalité confondante; les séries Ludovic Tézier. Crédit Elie Ruderman de productions, presque toutes nouvelles, sont jouées cinq à six fois. Chaque mois, de septembre à juin, paraît un nouveau titre à l'affiche. Le début est réservé au superbe mais rare Hans Heiling de Marschner dirigé par Constantin Trinks et mis en scène par Roland Geyer avec Angela Denoke, Michael Nagy et Peter Sonn. Suivront ensuite à environ trois semaines d'intervalle L'incoronazione di Poppea (m.e.s. Claus Guth) avec Jean-Christophe Spinosi dirigeant l'Ensemble Matheus (Christophe Dumaux en Ottone, Alex Penda en Poppea, Valer Sabadus en Nerone et Jennifer Larmore en Ottavia). Der fliegende Holländer de Wagner, donné ici dans sa version primitive, sera dirigée par Marc Minkowski à la tête de ses Musiciens du Louvre de Grenoble (m.e.s. Olivier Py). Samuel Youn sera le Hollandais, Ingela Brimberg : Senta et Lars Woldt : Daland. Dernière nouveauté de l'année 2015 : Peter Grimes dans la version concoctée scéniquement a l i t par Christoph Loy sous la direction de Constantin Trinks. Kurt Streit sera Grimes, Agneta Eichenholz : Ellen, alors qu’Hanna Schwarz prendra le costume de Auntie, la patronne du bordel local... En janvier, Die Dreigroschenoper (ou L'Opéra de Quat'sous) de Weill sera présenté dans l'habillage taillé spécialement pour l'occasion par Keith Warner sous la responsabilité musicale de Johannes Kalitzke avec Nina Bernsteiner en Polly Peachum et Angelika Kirschschlager en Mère Peachum. Un nouvel Otello de Rossini, confié à Damiano Michieletto et à la baguette d'Antonello Manacorda verra s'affronter en mars le Maure de John Osborn et la Desdemona de Nino Machaidze sous les regards envieux du Iago d'Alek Shrader et du Rodrigo de Martin Mitterrutzner. Une nouvelle Agrippina de Haendel sera dévoilée en avril. Thomas Hengelbrock la dirigera du pupitre avec la complicité de Robert Carsen pour la scène. La distribution aligne les noms de Patricia Petibon, Danielle De Niese, Jake Arditi et Filippo Mineccia. Le feu d'artifice final sera réservé en avril au Capriccio de Strauss que dirigera Bertrand de Billy avec Tajana Gürbaca aux commandes scéniques. En mai et juin, le théâtre ouvre ensuite ses portes au Festival de Vienne (Wiener Festwochen). En outre, tout au long de la saison, une petite douzaine d'opéras baroques sont interprétés en version de concert alors que divers concerts et récitals complètent la programmation lyrique. Infos : www.theater-wien.at/ Volksoper Beaucoup plus local mais non moins passionnant par sa programmation d'ouvrages légers qu'on ne voit plus ailleurs, l'Opéra populaire affiche quasiment chaque soir de la semaine une bonne vingtaine d'opérettes et de titres plus sérieux (Turandot, Carmen, Le Prince Igor de Borodine ou encore La Traviata ...) tout au long de l'année (cela représente tout de même à l'année près de 220 représentations de 22 productions différentes...) ! Quatre premières l'hiver prochain : Don Giovanni de Mozart, L'Etudiant pauvre (Der Bettelstudent) de Millöcker, L'Auberge du Cheval Blanc (Im weissen Rössl) de Benatzky et la Princesse Csardas (Die Czardasprinzessin) de Kalman viennent ainsi rejoindre le superbe bouquet d'opérettes viennoises alternant sur cette scène très aimée du vrai public viennois. Infos : www.volksoper.at/ Eric Pousaz é 57 s a i s o n s saison lyrique Teatro alla Scala, Milan Alexander Pereira est officiellement directeur du célèbre théâtre milanais depuis le début de la saison passée, fixée comme le veut la tradition au 7 décembre, jour de la Saint-Ambroise qui est le patron officiel de la ville. Après des débuts chaotiques (le conseil d'administration du théâtre a en effet menacé de destituer son nouveau directeur fraîchement nommé après une seule année au prétexte qu'il avait signé des contrats de coproduction sans en référer aux instances officielles!), les difficultés se sont aplanies et, depuis quelques mois, M. Pereira a été confirmé pour cinq ans dans ses nouvelles fonctions. 58 La saison s'annonce essentiellement italienne et fera la part belle aux titres qui, même dans la Péninsule, sont souvent délaissés par les directeurs peu curieux ou en manque d'argent. La somptueuse soirée inaugurale, qui est autant un événement culturel que politique, est réservée cette année à Giovanna d'Arco, d'après le drame Die Jungfrau von Orléans de Friedrich Schiller. Il s'agit là d'un opéra de jeunesse peu joué de Verdi qui sera remis en selle pour l'occasion avec la complicité du nouveau directeur général de la musique, Riccardo Chailly. La mise en scène en sera assurée par le duo bien connu des spectateurs romands que forment Patrice Caurier et Moshe Leiser alors que la distribution somptueuse aligne les noms d'Anna Netrebko, Francesco Meli et Carlos Alvarez entre autres. Signalons au passage que ce titre n'a pas paru à l'affiche milanaise depuis le 23 septembre 1865, bien qu'il ait été créé sur cette même scène vingt ans auparavant seulement (jusqu'au 2 janvier). Suivra une reprise du Rigoletto qu'a réglé ici Gilbert Deflo il y a de nombreuses années déjà dans le décor d'une richesse inouïe d'Ezio Frigerio (du 13 janvier au 6 février); ce spectacle verra le retour à Milan de Leo Nucci dans un de ses rôles fétiches, accompagné de Nadine Sierra en Gilda et de Vittorio Grigolo en Duc de Mantoue sous la direction de Mikko Franck; Händel sera ensuite à l'honneur avec un spectacle en provenance de Zurich, Il trionfo del tempo e del disinganno dont la mise en images a été réalisée par Jürgen Flimm. Au cœur de la distribution, on retrouve une des chanteuses favorites du public milanais, Sara Mingardo (en janvier et février). Retour à Verdi en février avec une autre rareté : I due Foscari, sorte d'esquisse préparatoire au glorieux Simon Boccanegra créé beaucoup plus tard et repris ici en fin de saison ; donné dans une distribution assez peu 'glamour', a cet ouvrage sera mis en scène par Alvis Hermanis (février - mars). Italie encore en avril et mai avec un autre titre rare, de Giordano cette fois, - un compositeur dont on connaît surtout l'Andrea Chénier. Il s'agit en l'occurrence de La cena delle beffe, créé en 1924 à Milan sous la direction d'un certain Arturo Toscanini d'après une pièce plutôt sombre qui vit triompher Sarah Bernard sur diverses scènes européennes. La mise en scène sera signée de Mario Martone et la distribution comprend les noms de Nicola Alaimo, Marco Bertin et Kristin Lewis sous la direction de Carlo Rizzi (avril et mai). Italie toujours en mai avec une nouvelle Fanciulla del West de Puccini dirigée par Riccardo Chailly dans une mise en scène de Graham Vick. EvaMarie Westbroek, Claudio Sgura et Marcello Alvarez figurent en première ligne de la distribution de cette troisième nouvelle production de la saison. En mai et en juin, le diptyque ravélien constitué de L'Enfant et les Sortilèges et de L'Heure espagnole arrivera directement de Glyndebourne où il a été mis en scène par Laurent Pelly. Sous la direction de Marc Minkowski, une brochette de chanteurs français ou du moins francophones devraient faire la part belle aux textes spirituels de ces deux miniatures magiques (mai-juin). Premier spectacle en langue allemande, le Chevalier à la Rose arrivera en direct de Salzbourg où il a été créé avec un immense succès en 2014 et a déjà fait l'objet d'une publication en DVD. Sous la direction de Zubin Mehta, on retrouvera Sophie Koch, Adrian Eröd, Christiane Karg et Günther Groissböck, le rôle de la Maréchale n'étant pour l'heure pas encore distribué!!! (juin et juillet). Avant la pause estivale, il y aura encore une n-ième reprise du Simon Boccanegra de Verdi (juin, juillet), puis en septembre, une nouvelle production due à Peter Stein de La Flûte enchantée confiée aux jeunes solistes de l'Accademia del Teatro alla Scala que dirigera Adam Ficher. The Turn of the Screw de Britten sera sept fois à l'affiche en septembre et octobre sous la direction de Christoph Eschenbach et dans une mise en scène de Kasper Holten. Ian Bostridge et Miah Persson figurent en tête de distribution. En octobre, retour de la mise en scène que Bob Wilson a réalisée pour Paris du Couronnement de Poppée de Monteverdi et qui a déjà été présentée ici même au printemps 2014 dans une distribution presque identique avant de nouvelles Noces de Figaro qui remplaceront la légendaire réalisation de Strehler encore récemment reprise. La mise en scène sera signée de Frederic Wake-Walker, qui s'est fait un nom avec ses productions d'opéras de Britten. La distribution réunie pour cette occasion est prestigieuse et aligne les noms de Carlos Alvarez en alternance avec Simon Keenlyside, de Diana Damrau qui sera la Comtesse, de Markus Werba en Figaro et de Golda Schulz en Susanna. La direction a été confiée à Franz Welser-Möst (octobre, novembre). Pour terminer la saison : d'abord en création italienne le nouvel opéra de Gyorgy Kurtag Fin de partie d'après la pièce de Beckett qui sera mis en scène par Luc Bondy sous la direction d'Ingo Metzmacher (novembre). Nikolaus Harnoncourt proposera ensuite une version semi-scénique construite par son fils Philipp de Porgy and Bess de Gershwin, un spectacle-concert déjà donné dans le cadre du festival Styriarte de Graz dont le chef autrichien est également le directeur artistique. Eric Pousaz Vittorio Grigolo c t u a l i t é s a i s o n s saisons lyriques Londres A Londres comme ailleurs, les problèmes financiers sont de plus en plus aigus et la manne publique tombe avec beaucoup de parcimonie dans l'escarcelle des directeurs de théâtre. On a même pu craindre un instant que l'existence de l'English National Opera était menacée... Il ne faut donc pas s'étonner si les Carmen et autres Traviata figurent très souvent au programme (ces deux titres seront joués treize fois sur la scène de Covent Garden!...), dans des distributions multiples pour satisfaire à la demande des touristes étranges qui rêvent de voir leur titre favori joué sur une des plus grandes scènes lyriques du monde. Pourtant, d'agréables surprises jalonnent la programmation tout au long de l'année et justifient amplement un détour sur les bords de la Tamise même pour les amateurs les plus blasés. Piolino, Christophe Mortagne, Hélène Guilmette et Kate Lindsay (dès le 1er février). Le directeur général de la musique s'attaquera ensuite en personne à un nouveau Boris Godounov donné dans sa version courte (sans le tableau polonais) dès le 14 mars. Ce sera l'occasion d'une prise de rôle pour Bryn Terfel en Boris, entouré de John Graham-Hill en Chouisky, John Tomlinson en Varlaam et Ain Anger en Pimène. Une mise en musique par Gerald Barry de L'Importance d'être Aimé d'Oscar Wilde verra Covent Garden Infos : www.roh.org.uk/events/calendar La première nouveauté de la saison éblouira tous les fans du ténor péruvien Juan Diego Florez qui interprétera en effet pour la première fois la version française, très difficile techniquement, du rôle d'Orphée dans l'opéra éponyme de Gluck Orphée et Eurydice. L'ouvrage sera dirigé pour l'occasion par John Eliot Gardiner et la mise en scène signée de deux inconnus sous nos cieux : Hofesh Shechter et John Fulljames, qui sont en fait directeurs d'une troupe de danseurs spécialisés dans le répertoire contemporain. Surprises garanties dès le 14 septembre. En parallèle, la troupe londonienne s'attaquera avec de jeunes chanteurs à l'Orpheus du compositeur baroque italien Lauro Rossi au Sam Wanamacker Playhouse dès le 23 octobre dans une réalisation éclairée aux chandelles de Keith Warner. En novembre, ce sera la création mondiale de l'opéra de Georg Friedrich Haas Morgen und Abend que dirigera Michael Boder avec Klaus Maria Brandauer, Sarah Wegener, Christoph Pohl et Will Hartmann sur scène. La mise en scène sera signée de Graham Vick. Mariame Clément mettra en suite en scène la souvent oubliée Etoile de Charpentier avec la complicité de Mark Elder au pupitre et de François a c Autre nouveauté dès le 23 mai : Oedipe d'Enescu, donné en langue française, sera confié aux artistes espagnols de la Furia del Baus avec Johan Reuter en Oedipe, John Tomlinson en Tirésias, Marie-Nicole Lemieux en Sphinx et Sarah Connolly en Jocaste. Enfin, dès le 2 juillet, Il trovatore de Verdi se verra rhabillé par David Bösch avec Gianadrea Noseda à la baguette. Deux distributions s'affronteront où on retrouve les noms de Lianna Haroutounian / Carmen Giannattasio en Leonora, Francesco Meli / Gregory Kunde en Manrico, Zeljko Lucic / Christopher Maltman en Comte de Luna et Ekaterina Semenchuk / Marina Prudenskaya en Azucena. (Onze représentations) Dans les reprises, signalons tout de même dès le 25 février l'assez rare Triptyque en version intégrale de Puccini (Il tabarro, Suor Angelica, Gianni Schicchi) ainsi que le Werther où s'affronteront Vittorio Grigolo et Joyce DiDonato dès le mois de juin dans la mise en scène très traditionnelle conçue par Benoît Jacquot et reprise à Paris pour Jonas Kaufmann il y a quelques années. t u English National Opera Kate Lindsay © Dario Acosta ensuite le jour au Barbican Center le 29 mars avant une nouvelle Lucia di Lammermoor où triompheront sans doute les Lucia du moment, Diana Damrau, en alternance avec la nouvelle compagne de Roberto Alagna Alexandra Kurzak. Charles Castrobovo et Stephen Costello seront Edgardo, tandis que Ludovic Tézier et Artur Rucinski se chargeront du mauvais rôle face au Raimondo de Samuel Youn ou Matthew Rose (onze représentations dès le 7 avril). a l i t Comme on l'a dit, cette troupe est de loin l'institution lyrique anglaise la plus touchée par les réductions de subventions, suite aux choix esthétiques et artistiques discutés, pour ne pas dire discutables, de son ancien directeur qui a d'ailleurs jeté l'éponge il y a quelques semaines. L'offre a été réduite d'un bon tiers et le théâtre n'offrira en mars qu'une seule vraie nouvelle production avec l'Akhenaton de Philip Glass, confiée à la baguette de Karen Kamensek et à Phelim McDermott pour la scène. Les sept productions précédentes, toutes reprises de saisons antérieures et données entre fin septembre et mi-mars, verront défiler Chostakovich (Lady Macbeth), Verdi (Forza), Bellini (Norma), Rossini (Barbiere), Puccini (Bohème), Sullivan (Mikado) et Mozart (Flûte), - et tout cela sera bien évidemment chanté en langue anglaise. Une année à oublier donc au plus vite, car cette programmation ultraconservatrice fait vraiment tache à la suite des saisons presque visionnaires de ces dernières années! Infos : www.eno.org/ Eric Pousaz é 59 s a i s o n s mars au 19 avril) et dont David Mc Vicar, le génial enfant terrible de la scène anglaise signera la mise en scène. Une distribution où l’on retrouvera la soprano Sondra Radvanovsky mais aussi Elena Garança et le ténor Matthew Polenzani. C’est dans une série de reprises que l’on pourra retrouver quelques autres voix prestigieuses, tant recherchées par les mélomanes : Roberto Alagna dans Cavalleria Rusticana et Pagliacci, Les mélomanes qui feront le voyage Outre-Atlantique disposeront de six (chef d’orchestre : Fabio Luisi, metteur en scène : nouvelles productions pour satisfaire leurs émotions musicales. Et, pour ceux Sir David Mc Vicar) du 21 janvier au 26 février, qui ne profiteront pas du spectacle vivant de toutes ces nouvelles productions, Aleksandra Kurzak (la nouvelle madame la retransmission au cinéma dans le cadre du programme live HD du Met Alagna) dans le rôle d’Adina de L’Elisir peut être une compensation. d’Amore de Donizetti du 10 mars au 7 avril, Angela Gheorghiu dans Tosca, du 16 octobre au Ce sera la fête de la voix car le directeur place l’action dans la France occupée. Le rôle de 1er décembre, opéra dirigé par Placido Domingo Peter Gelb s’inscrit dans l’excellence de la tradi- la nouvelle Madame Butterfly (19 février au 12 dans une mise en scène de Luc Bondy, qui avait tion vocale, à laquelle tient son public souvent avril) sera également confiée à la soprano letto- été peu appréciée par le public lors de la créaplus conservateur que sous nos latitudes, et qui se ne, qui est aussi la femme du chef Andris Nelson. tion. Anna Netrebko retrouvera le rôle de montre assez réfractaire à des mises en scène Le buzz lyrique de la Leonora dans Il audacieuses. Mais ne boudons pas notre plaisir et saison se fera certaiTrovatore de Verdi (25 autour les nouvelles productions ont de quoi nous sédui- nement sept. au 13 février). d’Elektra de Richard re ! La saison s’ouvre avec Othello (21 septembSignalons encore re au 6 mai) de Verdi, un casting de choix (le Strauss (14 avril au 7 les reprises du Barbier ténor Aleksandrs Antonenko pour Othello, et la mai), dernière mise en de Séville (16 décembre révélation vocale, la soprano bulgare Sonya scène de Patrice au 2 janvier), La Yoncheva en Desdémone. Le jeune chef Yannick Chéreau. On retrouveBohème (23 novembre Nézet-Séguin tiendra la baguette et Bartlett Sher ra l’équipe aixoise au 5mai), Don en donnera sa vision scénique. La programma- avec le chef Esa Pasquale (4 au 18 tion se poursuivra du 5 novembre au 3 décembre Pekka-Salonen, le mars), de la Donna del par Lulu d’Alban Berg, dirigé par le chef fétiche « set designer » lago (11 au 26 décembdu Met, James Levine, et une mise en scène Richard Peduzzi, le re), L’Enlèvement au confiée à l’artiste sud-africain William « stage director » sérail (22 avril au Kentridge, qui se référera au cinéma de Weimar, Vincent Huguet et 7mai), La Chauveintégrant un film muet spécialement tourné pour surtout une distribuSouris (4 décembre au 7 l’occasion. Du 31 janvier), les Noces de Roberto Alagna © Alix Laveau/DG décembre au 4 février, Figaro (25 février au 26 pour la première fois mars), Rigoletto (20 tion vocale de haut octobre au 17 décembre), Simon Boccanegra depuis cent ans Les vol : Nina Stemme, (1er au 16 avril), Tannhäuser (8 au 31 octobre), Pêcheurs de perle de Waltraut Meier, Turandot (23 sept. au 30 janvier). Georges Bizet revient Burkard Ulrich, Eric sur la scène du Met : la Une somptueuse programmation qui a touOwens. baguette revient à tefois son coût. Le directeur Peter Gelb dispose Après avoir pro- d’un budget annuel de 327 millions de dollars. Si Gianandrea Noseda, la grammé les deux opé- confortable que semble cette somme, Peter Gelb mise en scène à Penny ras de l’Angleterre a dû affronter plusieurs polémiques. Celle Woolcock et le rôle-titre élisabéthaine de concernant la cherté des productions, une revende Leila sera interprété Donizetti, Maria dication formulée par le syndicat des chanteurs par Diana Damrau. Stuarda (reprise du mais aussi les coûts de personnel trop élevés. Du Les aficionados 29 janvier au 20 coup, il s’est engagé à réduire les coûts liés à la de Jonas Kaufmann Kristine Opolais février) et Anna masse salariale. A la tête de ce vaisseau depuis pourront retrouver leur star du 12 février au 11 mars dans le drame Bolena (reprise du 26 septembre au 9 janvier) 2006, Peter Gelb doit se montrer bon gestionnailyrique de Giacomo Puccini, Manon Lescaut, où avec en alternance Sondra Radvanovsky et Anna re sans lésiner sur la qualité artistique. il sera le chevalier Des Grieux face à Manon, Netrebko dans le rôle-titre, Peter Gelb nous livre Régine Kopp chantée par la soprano lettone Kristine Opolais, le dernier volet de ce triptyque Robert http://www.metopera.org/ et une mise en scène de Sir Richard Eyre, qui Deveureux que dirigera Maurizio Bennini (24 saison lyrique du metropolitan opera Des valeurs sûres, vocales et scéniques 60 a c t u a l i t é s a i s o n s une représentation de The Fairy Queen de Purcell – orchestre des Nouveaux Caractères dirigé par Sébastien d’Hérin, et Caroline Mutel à la mise en scène –, le spectacle réglé par Nadine Duffaut de La Vie Parisienne sera de retour à Avignon, avec un habitué d’Offenbach placé au pupitre, le chef Dominique Trottein. saison lyrique Avignon La nouvelle saison de l’Opéra Grand Avignon est riche et équilibrée entre grands titres du répertoire comme Lakmé, Lucia di Lammermoor ou Carmen, et œuvres plus rares, en particulier Senza Sangue, création mondiale du compositeur Péter Eötvös. La saison lyrique démarre avec Acis and Galatea de Haendel avec Cyril Auvity et Katherine Crompton dans les rôles titres et la formation du Banquet Céleste dirigée par le contre-ténor Damien Guillon. La soprano Patrizia Ciofi et le baryton Leo Nucci avaient enflammé le Théâtre Antique d’Orange en 2011 dans Rigoletto (en trissant le duo de la vengeance !), l’ambiance devrait de nouveau être chaude pour leur retour début novembre à Avignon dans un programme Rigoletto / Traviata. Suivra la comédie musicale L’Homme de la Mancha dans la production de Jean-Louis Grinda et Nicolas Cavallier en Don Quichotte, puis La Chauve-Souris de Strauss en version française, nouvelle mise en scène de Jacques Duparc avec entre autres Florian Laconi et Gabrielle Philiponet. La nouvelle année s’ouvrira avec une fête du belcanto fin janvier, une Maria Stuarda de Donizetti certes en version de concert, mais en présence de cinq des meilleurs chanteurs actuels Après notamment Montpellier, Paris, Toulon, Sabine Devieilhe reprendra le rôle de Lakmé dans la production de Lilo Baur, sous la baguette de Laurent Campellone, puis fin avril 61 Péter Eötvös © Marco Borggreve de ce répertoire : Patrizia Ciofi, la mezzo Karine Deshayes, le ténor Ismaël Jordi, la basse Michele Pertusi, le baryton Etienne Dupuis, sous la baguette de Luciano Acocella. Après c’est une autre jeune et valeureuse chanteuse française, Julie Fuchs, qui se produira à Avignon mais cette fois en prise de rôle dans Lucia di Lammermoor. Elle sera entourée de Jean-François Borras (Edgardo) et Florian Sempey (Enrico), dirigés par Roberto RizziBrignoli, dans la production de l’Opéra de Marseille signée par Frédéric Bélier-Garcia. C’est donc au mois de mai que sera créé le nouvel opéra de Péter Eötvös, Senza Sangue sous la direction du compositeur et mis en scène par Robert Alföldi, cet opus étant jumelé au Château de Barbe-Bleue dans une réalisation visuelle de Nadine Duffaut. Carmen viendra clore la saison, avec Karine Deshayes et Florian Laconi dans les rôles principaux et le chef Alain Guingal, Louis Désiré adaptant son spectacle proposé aux Chorégies d’Orange en juillet 2015. François Jestin Leo Nucci a c t Karine Deshayes © Vincent Jacques u a l i www.operagrandavignon.fr t é s a i s o n s Marseille 62 Une seule nouvelle production sur la scène phocéenne cette saison et plusieurs opéras en version de concert, mais pas des moindres : la première Semiramide de Jessica Pratt et I due Foscari avec Leo Nucci ! Patrizia Ciofi reprend à partir de fin septembre le rôle de Manon de Massenet, déjà abordé entre autres à Avignon, dans la production créée ici en 2008 par Renée Auphan et Yves Coudray, avec Sébastien Guèze et Etienne Dupuis, dirigés par Alexandre Joël. Le beaucoup plus rare Portrait de Manon du même compositeur, où le vieux Chevalier Des Grieux évoque ses lointains souvenirs, sera proposé lors d’une soirée, avec Jennifer Michel (Aurore) et Antoinette Dennefeld (Jean) pour interpréter les amoureux de la génération suivante. Les débuts de la soprano australienne Jessica Pratt dans la Semiramide de Rossini sont attendus en octobre, aux côtés de la mezzo Varduhi Abrahamyan (Arsace) et de la basse Mirco Palazzi (Assur), sous la baguette du chef belcantiste Giuliano Carella. Puis, autre événement, le célèbre baryton Leo Nucci est à l’affiche dans I due Foscari, entouré de Virginia Tola, Giuseppe Gipali, direction Paolo Arrivabeni, avant La Vie Parisienne pour les fêtes de fin d’année, production de Nadine Duffaut et Dominique Trottein au pupitre. Un autre spectacle marseillais est programmé courant février, L’Aiglon de Jacques Ibert et Arthur Honegger, dans la production de Caurier et Leiser remontée cette fois par Renée Auphan, où Stéphanie d’Oustrac enfilera les habits du fils de Napoléon. Svetla Vassileva et Teodor Ilincai seront ensuite Cio-Cio San et Pinkerton dans Madama Butterfly réalisée par Numa Sadoul, sous la battue du directeur musical de la maison Lawrence Foster. Après les papillons voici les fleurs, une autre madame qu’on a beaucoup moins l’occasion de voir sur les scènes lyriques, Madame Chrysanthème de Messager défendue par la soprano Annick Massis lors d’une soirée en version concerJessica Pratt tante. Deux titres plus habituels © Luis Condrò viendront terminer la saison, Cosi fan Tutte dans la mise en scène de Pierre Constant, en présence entre autres de Marianne Crebassa (Dorabella) et Frédéric Antoun (Ferrando), puis Macbeth de Verdi confié à une solide distribution : Seng-Hyoun Ko dans le rôle-titre et Csilla Boross en Lady, direction Pinchas Steinberg et nouvelle réalisation de Frédéric Bélier-Garcia. A noter encore un opéra de Cavalli, L’Oristeo, donné en version scénique au théâtre de la Criée, ainsi que la riche saison d’opérette (7 spectacles, dont Un de la Canebière de Scotto, Pas sur la Bouche de Maurice Yvain et La Périchole d’Offenbach) au théâtre de l’Odéon, jumelé désormais avec l’Opéra de Marseille. http://opera.marseille.fr/. Montpellier Une petite programmation lyrique à Montpellier, avec cinq soirées d’opéra mais des titres réellement originaux et de valeur. Deuxième année de Valérie Chevalier au poste de Directrice générale, et première saison véritablement établie à sa main, beaucoup de spectacles ayant été prévus de longue date par Jean-Paul Scarpitta sur 2014- a c t 2015. Chérubin de Massenet est une œuvre plus rarement donnée que les incontournables Werther et Manon, du moins en France, d’ailleurs à quand remonte la dernière représentation dans l’hexagone ? Le rôle-titre sera défendu par Marie-Adeline Henry, la direction confiée à Jean-Marie Zeitouni, dans une nouvelle production de Juliette Deschamps. Une double affiche suivra pour les fêtes de fin d’année, l’Enfant et les sortilèges précédé de L’Hirondelle inattendue du compositeur Simon Laks – direction musicale de David Niemann et mise en scène de Sandra Pocceschi –, puis Montpellier accueillera la Jean-Marie Zeitouni Turandot donnée il y a deux saison à Nancy : production de Yannis Kokkos, direction de Michael Schonwandt, avec Katrin Kapplusch (Turandot), Mariangela Sicilia (Liù), Rudy Park (Calaf). Offenbach enchaînera avec la rarissime et déjantée Geneviève de Brabant – direction Claude Schnitzler et nouvelle mise en scène de Carlos Wagner –, puis la saison s’achèvera avec un seul élément du triptyque puccinien, Il Tabarro jumelé pour l’occasion à Royal Palace de Kurt Weill, sous la baguette de Rani Calderon et Marie-Eve Signeyrole pour la mise en scène des deux opus. www.opera-montpellier.com Saint-Etienne Juxtaposant certains titres du grand répertoire à des ouvrages plus rares, l’affiche stéphanoise est également équilibrée entre opéras italiens et français. La plus grande rareté est programmée en début de saison, au mois d’octobre : Le Médecin malgré lui de Charles Gounod, opéra-comique d’après la pièce de Molière défendu par une distribution francophone, sous la direction musicale de Laurent Touche et mis en scène par Alain Terrat. Le chef-d’œuvre de Puccini, Tosca suivra avec Vanessa Le Charlès dans le rôle-titre et dans la production de Louis Désiré vue à Marseille la saison dernière, avant L’Italiana in Algeri de Rossini, spectacle réglé par Nicola Berloffa, direction de Giuseppe Grazioli et Aude Extremo en Isabella. On repasse au répertoire français à partir de mars 2016, avec une reprise de la réalisation visuelle de Jean-Louis Pichon pour Le Roi d’Ys, avec Nicolas Courjal, Marie Kalinine, Aurélie Ligerot, Sébastien Guèze dirigés par José-Luis Dominguez, avant Les caprices de Aude Extremo photo Lucie Mdb Marianne de Sauguet, spectacle en tournée française depuis la saison dernière. La saison s’achèvera par un Nabucco en nouvelle production confiée à JeanChristophe Mast, sous la baguette de David Reiland avec André Heyboer (Nabucco), Cécile Perrin (Abigaille), Nicolas Cavallier (Zaccaria). www.operatheatredesaintetienne.fr François Jestin u a l i t é s a i s o n s saison lyrique saison lyrique Fidèle à sa tradition d’accueil des plus grands artistes lyriques, l’Opéra de Monte-Carlo a conclu un partenariat au long cours avec Cecilia Bartoli, dont la première des six années verra la mezzo romaine interpréter Norma. A la surprise générale, la Ville de Nice ne renouvelle pas le mandat du directeur artistique Marc Adam, qui a eu tout de même la possibilité de programmer la prochaine saison avant son départ de l’Opéra en octobre 2015. Monte-Carlo Nice Après un concert de Nathalie Stutzmann, à la fois contralto et chef de son orchestre Orfeo 55, la saison monégasque démarrera avec Tosca dans une distribution absolument princière : Martina Serafin dans le rôle-titre, Marcelo Alvarez (Mario) et Bryn Terfel (Scarpia) sous la direction de Daniel Oren, dans une nouvelle réalisation visuelle de Jean-Louis Grinda en coproduction avec Valence, Turin et le festival Puccini de Torre del Lago. Viendra ensuite un concert de gala réunissant les trois étoiles Ramon Vargas, Angela Gheorghiu et Ludovic Tézier, puis c’est une rareté qui est à l’affiche du mois de janvier, La Wally d’Alfredo Catalani, défendue par la soprano Eva-Maria Westbroek, dans la production de Cesare Lievi déjà présentée au Grand Théâtre de Genève. On a bien dans l’oreille l’air de l’héroïne immortalisé par le film Diva de JeanJacques Beneix, mais beaucoup moins le reste de l’opéra. Alcina donnée en version de concert sous la baguette d’Ottavio Dantone proposera ensuite un trio de choc et de charme, Sonya Yoncheva (Alcina), Philippe Jaroussky (Ruggiero) entendu dans cet emploi en juillet à Aix-en-Provence et Emöke Barath (Morgana), puis Cecilia Bartoli se produira en Norma dans la production de Caurier et Leiser proposée cet été au festival de Salzbourg, entourée de Rebeca Olvera (Adalgisa), Christoph Strehl (Pollione), Péter Kalman (Oroveso), avec Giovanni Antonini aux commandes de l’orchestre de La Scintilla. Titre passionnant, Le Joueur de Prokofiev en mars semble mettre tous les atouts de son côté pour faire flamber la Salle Garnier, implantée rappelons-le à l’intérieur du bâtiment du casino. La distribution vocale est particulièrement relevée avec Dmitri Oulianov, Oksana Dyka, Micha Didyk, Ewa Podles, Aleksandr Kravets, …, direction de Mikhaïl Tatarnikov et mise en scène de Jean-Louis Grinda. Le ténor péruvien Juan Diego Florez puis la soprano américaine au timbre « double crème » Renée Fleming se produiront en récital, avant la clôture de la saison avec Attila de Verdi, confié pour la réalisation visuelle à un ancien grand titulaire du rôle, Ruggero Raimondi, défendu par une distribution extrêmement prometteuse : Ildar Abdrazakov en Roi des Huns, Carmen Giannattasio (Odabella), George Petean (Ezio), dirigés par Daniele Callegari. La quantité reste modeste puisque cinq opéras sont à l’affiche niçoise mais il s’agit de cinq chefs-d’œuvre absolus, en commençant par La Traviata avec Cristina Pasaroiu en Violetta, Philippe Auguin au pupitre et Pascale Chevroton chargée de la mise en scène. Faisant suite à Peter Grimes la saison dernière, une autre pièce magistrale de Britten est proposée au mois de janvier, Death in Venice dans une nouvelle production de Hermann Schneider, sous la direction musicale de Roland Böer et Hans Schöpflin distribué en Gustav von Aschenbach. Après un Barbiere di Siviglia dans la production du Circuito Lirico Lombardo AS.LI.CO. et Ketevan Kemoklidze dans le rôle de Rosina, un autre temps fort sera la mise à l’affiche d’un des titres les plus fameux du répertoire du grand opéra français, Les Huguenots, en coproduction avec le Staatstheater Nüremberg : Silvia Dalla Benetta (Marguerite), Cristina Pasaroiu (Valentine), Uwe Stickert (Raoul), sous la baguette de Yannis Pouspourikas. Nicola Beller-Carbone © Carole Laberge Enfin c’est la Medea de Cherubini – en version italienne donc – qui fermera le ban, confiée à la splendide Nicola Beller-Carbone pour le rôle-titre et à George Petrou pour la direction musicale, le spectacle étant donné en nouvelle production réalisée par Guy Montavon. François Jestin Juan Diego Florez a c t François Jestin www.opera-nice.org www.opera.mc u a l i t é 63 s a i s o n s saison lyrique Lyon Pour sa 13ème saison à l'Opéra de Lyon, Serge Dorny reste fidèle à une approche contemporaine du répertoire, dans une affiche reflétant la vitalité de la création d'aujourd'hui avec de nouvelles têtes (Wajdi Mouawad Dominique Pitoiset, Jeanne Candel…) et des habitués (Olivier Py, David Marton, Laurent Pelly…). Une saison dont les nouvelles productions représentent plus de la moitié de la programmation, sans compter une création mondiale. Entretien. Les Voix de la liberté, c'est le fil rouge de cette nouvelle saison, en quoi l'opéra peut-il être politique ? 64 C’est un thème qui résonne par rapport à notre histoire, mais aussi à notre actualité - je pense aux attentats de cette année, à la guerre, au drame des réfugiés… Nous vivons des temps très tendus. On a pu penser, après la chute du mur de Berlin et la fin de l’Union soviétique que c’était la fin de l’Histoire… Mais l’Histoire n’a pas de fin, et elle est tragique. Alors, dans ce contexte, l'art a un rôle à jouer, comme témoin et comme acteur des évolutions du monde. Plus que jamais, pas d'art sans liberté, pas de liberté sans art. C'est tout cela que j'ai eu envie d'exprimer dans cette saison. L'art ne fait pas que divertir, il est là aussi pour questionner, pour créer du lien. En témoignent les œuvres et les artistes réunis pour cette nouvelle saison. Berlioz et son Faust, assoiffé de liberté jusqu'à en brûler ; Offenbach et Le Roi Carotte, féroce et joyeuse satire sur la lutte pour le pouvoir et son arbitraire ; Chostakovitch et Lady Macbeth de Mzensk, parlant de la liberté du désir, bannie du répertoire par Staline ; L'Enlèvement au Sérail, qui nous parle de la différence de cultures. Que nous apporte un grand classique dans le monde d'aujourd'hui, que peut-il nous dire face aux enlèvements sauvages du Mexique ou de Boko Haram en Afrique ? C'est ce type de questions qui a guidé les choix, notamment de notre festival annuel qui rassemble des pièces parlant de stigmatisation et de haine, de cette difficulté qu'on a à accepter la différence de l'autre, de l'intolérance dans l'histoire. Ce festival verra la création d’un nouvel opéra de Michel Tabachnik et Régis Debray sur Walter Benjamin, ce grand penseur, écrivain et philosophe, personnage hors norme, émigré politique en détresse. Puis il y aura La Juive de Halévy, qui restitue la place des Juifs dans l'ancien monde catholique, une grande œuvre sur la violence de tous les intégrismes et la liberté de la foi. Enfin des œuvres conçues ou créées au camp de concentration de Terezín, Brundibár et L'Empereur d'Atlantis. On retrouve de nouveau une grande ouverture à des cinéastes, hommes et femmes de théâtre, plasticiens… Comment avez-vous imaginé ces rencontres ? Serge Dorny, directeur général de l'Opéra de Lyon © Philippe Pierangeli e C'est un peu la signature de l'Opéra de Lyon, depuis plusieurs années… Avec La Damnation de Faust, David Marton, après Capriccio et Orphée et Eurydice, signera sa troisième mise en scène chez nous ; c’est à Lyon que Wajdi Mouawad et Jeanne Candel signent cette saison leur première mise en scène d’opéra. Il faut aussi parler de Dominique Pitoiset, Richard Brunel (actuel directeur de la Comédie de Valence) dont nous reprenons L'Empereur d'Atlantis, mais aussi, ces dernières années, de Christophe Honoré, William Kentridge, François Girard… n t r e L'opéra parce qu'il est un art total permet ces rencontres, parce qu'il est pluridisciplinaire. J'ai voulu à chaque fois créer de nouveaux croisements en tentant d'imaginer à quelle œuvre pouvait correspondre l'imaginaire d'un artiste. L'art basé sur des certitudes est un art conformiste. C'est important pour moi de permettre ces nouvelles confrontations, pour montrer qu'il y a une manière enrichissante de lire les choses du passé, que l'opéra est un art d'aujourd'hui et de demain : c'est pourquoi je veux qu'il parle d'actualité, qu'il soit politique, au sens premier du terme, un art pour la cité. Quelques temps forts de la saison ? En octobre, La Damnation de Faust ouvre la saison dans la vision radicale et poétique de David Marton, sous la direction de Kazushi Ono, notre chef permanent. L'obsession de Faust est la suspension du temps. N’est-ce pas un désir, ou un fantasme, que nous avons tous ? Puis ce sera L'Homme qui prenait sa femme pour un chapeau, un cas clinique, la maladie d'Alzheimer mis en musique, d’après le récit du neurologue Oliver Sacks, sur une partition de Michael Nyman (qui a composé la musique de La Leçon de piano de Jane Campion, Palme d’Or à Cannes 1993). Ces opéras sont en résonance avec nos obsessions, et avec nos maux. En décembre et pour les fêtes, Le Roi Carotte, feu d'artifice burlesque qui est aussi une salve critique sur la lutte pour le pouvoir. Après la guerre de 1870 et la défaite française, Paris a plus que jamais besoin du rire et de la magie du théâtre pour oublier et fera un triomphe à cet opéra-comique d'Offenbach, avec plus de 40 personnages, une scénographie éblouissante, des costumes magiques et des décors extraordinaires. Succès immédiat mais pas durable… Après Londres, New York et Vienne, la pièce va disparaître de l'affiche à cause de l'extravagance de sa scénographie et de son coût de production. A charge pour Laurent Pelly, après les Offenbach mémorables qu'il a signés, de relever le défi et de faire renaître cette opérette féerique, sous la baguette du jeune chef Victor Aviat qui fera ses débuts à Lyon. En parallèle le Studio reprendra Mesdames de la Halle, opérabouffe d'Offenbach en un acte au Théâtre de la Croix-Rousse. En janvier, on redécouvrira à Lyon, après Le Nez en 2011, l'autre chef-d'œuvre lyrique de Chostakovitch, Lady Macbeth de Mzensk. Grand succès en 1934, la pièce, avec ses pieds de nez au système moral, social et politique russe, sera peu du goût de Staline et retirée de t i e n s a i s o n s Il n'y a pas que les voix de la liberté, elles chantent aussi… «Iolanta / Perséphone» © Javier del Real - Teatro Real l'affiche. Nous jouerons l'œuvre originale, qui avait été interdite, dans une mise en scène de Dmitri Tcherniakov, un des grands phares de la scène russe qui fera ses débuts à Lyon, en compagnie de Kazushi Ono au pupitre, dans un de ses répertoires favoris. Nous proposons en mai la reprise de Iolanta / Perséphone, mis en scène par Peter Sellars, une production que nous avons présentée au dernier Festival d'Aix. Et enfin, en juin et juillet, le grand Wajdi Mouawad s'attelle pour la première fois à l'opéra avec L'Enlèvement au sérail. En mars et avril, notre festival Pour l'humanité verra donc la création mondiale de Benjamin, dernière nuit. Le livret de l'écrivain Régis Debray raconte la solitude d'un réfugié pourchassé par les nazis, ses rencontres avec Adorno, Brecht, Hannah Arendt… Il fallait l'écriture éclectique du compositeur Michel Tabachnik pour peindre la rencontre de ces univers opposés à Berlin, en Union soviétique, en France ; avec une écriture à plusieurs facettes, dans une gamme extrêmement riche, sa musique est à la fois militaire, de cabaret, électroacoustique. La deuxième œuvre dans ce festival, La Juive de Halévy, est un opéra impressionnant. Créée en 1835, c'est un des plus gros succès du XIXe, célébré à Paris, Londres et Vienne, et qui cent ans plus tard, après 600 représentations, disparaît de l’affiche en 1934. Un drame de la reli- e n t r gion, plaidoyer pour la tolérance et contre les fanatismes religieux, dont j'ai confié la mise en scène à Olivier Py, avec Daniele Rustioni, le jeune chef qui deviendra chef permanent de l’Opéra de Lyon en septembre 2017, et une belle palette de chanteurs : Nikolaï Schukoff, Rachel Harnisch… Les deux autres œuvres, dernières lueurs de la musique “dégénérée“, ont été composées à Terezín, ce camp où furent déportés nombre «L’Empereur d’Atlantis» © Jean-Louis Fernandez d'artistes, d’écrivains, de peintres, de musiciens, issus cette communauté juive d’Europe centrale. On reverra avec émotion L'Empereur d'Atlantis de Viktor Ullmann dans la mise en scène de Richard Brunel, qui s'est inspiré notamment du Dictateur de Charlie Chaplin pour son travail. Brundibár de Hans Krása, opéra pour enfants très joué au sein du camp sera mis en scène par Jeanne Candel, qui fera ses premiers pas à l’Opéra. e t i e S’il faut évoquer quelques chanteurs que nous avons l'honneur d'accueillir, on peut citer, dans la Damnation de Faust, Charles Workman, l'Alviano extraordinaire des Stigmatisés, qui chantera Faust ; ou, en Marguerite, Kate Aldrich qui avait incarné Carmen ; et Laurent Naouri qu’on retrouvera en Méphisto. Le Roi Carotte réunira tous les chanteurs amis de l'Opéra de Lyon, mais aussi complices de Laurent Pelly : Yann Beuron, Jean-Sébastien Bou, Antoinette Dennefeld… Et depuis ces deux dernières années l'Opéra met à l'affiche les solistes du Studio : on les retrouve dans L'Homme qui prenait sa femme pour un chapeau, dans les deux œuvres d'Offenbach, dans L'Empereur d'Atlantis, Brundibár… Et puis il y aura des découvertes, par exemple Austine Stundyne dans le rôle de Lady Macbeth : c’est la première fois que nous l’accueillons à Lyon, c'est une des grandes stars de demain ! Comme il est important, dans la programmation, de mêler œuvres rares et grand répertoire, je pense qu’il est indispensable de faire entendre sur scène des artistes confirmés et de jeunes talents à découvrir. Côté danse, le Ballet proposera des classiques de la danse du XXe siècle dont - et c'est une première - Roland Petit, et aussi Lucinda Childs, Merce Cunningham, Jirí Kylián ; et de jeunes talents contemporains : Emanuel Gat, Rachid Ouramdane, Tânia Carvalho. Sans oublier la saison des concerts en résonance avec la programmation, où nous mettons justement la voix en lumière : Anna Caterina Antonacci, Ann Petersen, Sabine Devieilhe, Natalie Dessay, Ian Bostridge. Propos recueillis par Christine Ramel Opéra de Lyon + 33 469 85 54 54 www.opera-lyon.com n 65 s p e c t a c l e s théâtre forum meyrin Saison Le TFM fête ses vingt ans, comme en atteste l’affiche de saison sur laquelle des pieds féminins élégamment chaussés piétinent un gâteau d’anniversaire. C’est jouissif et iconoclaste ! C’est surtout à l’image de la directrice Anne Bruschweiler dont c’est la sixième saison à la tête de l’institution meyrinoise. Ses audaces artistiques, son sens aigu du spectacle, son opiniâtreté lui ont permis non seulement de vaincre toutes les réticences des débuts, mais de faire du Forum Meyrin un lieu incontournable où circulent tous les arts vivants, tous les publics, toutes les formes théâtrales. 66 A l’heure où paraît cet article, l’événement phare de la rentrée ne sera déjà qu’un très beau souvenir. Sound of music, projet audacieux et ambitieux de la Cie Yan Duyvendak, est une comédie musicale tissée sur d’anciennes comédies des années vingt à cinquante sur laquelle travaille une cinquantaine de personnes. Le théâtre et sa directrice ne sont pas peu fiers d’avoir accueilli cette création de dimension internationale, en coproduction avec Vidy, Nanterre et La Bâtie. Rencontre avec une directrice enthousiaste, joyeuse, explosive. Voulez-vous détailler les grands axes et les points forts de votre saison ? Anne Bruschweiler : J’ai envie d’évoquer en préambule l’accent mis sur les spectacles tous publics, que ce soit pour les non francophones, pour les ados avec un spectacle quasi muet, comme Bigre de Pierre Guillois, ou l’effort particulier fait à la rencontre du jeune public avec le Geneva Camerata dans Voyage avec les oiseaux Histoire d’amour de Régis Jauffret fait partie de cet entre-deux inclassable : littérature, bande dessinée, projection de dessins, jeu d’acteurs, le spectacle réunit tout cela. La quintessence de la pluralité des formes s’exprime avec le collectif Les Chiens de Navarre, qui devrait ravir les ados dès seize ans et les adultes qui ne craignent pas d’être bousculés. Multiples, inventifs, culottés, impudiques voire vulgaires, les Chiens ont inventé il y a dix ans un théâtre qui leur est propre, fait de rire aigu et profond. Le Forum Meyrin leur consacre Une semaine qui décoiffe, soit trois soirées de janvier afin qu’ils puissent déployer leur inclassable théâtre. J’attendais depuis plusieurs années qu’ils qui propose aux tout petits un métissage de musique classique et d’autres genres musicaux, ou avec le théâtre dessiné en direct des Contes chinois. Mais attention ! L’appellation « Famille » ne veut pas dire planplan… Les spectacles accessibles aux enfants exigent au contraire une grande rigueur. Ensuite je mettrai l’accent sur l’importance de la pluridisciplinarité qui peut prendre des formes très originales, comme la choAnne Bruschweiler © Francis Traunig régraphie associée à la projection des mouvements sur fond musical dans Joseph_kids d’Alessandro soient programmés en Suisse romande et comme Sciarroni. Il s’agit d’une initiation artistique : les personne ne l’a fait, je me suis lancée, conscienenfants voient le spectacle puis le reproduisent. te du choc que cela peut provoquer car les Chiens travaillent avec l’inconscient, le malaise et cela peut faire mal… Vous êtes également fidèle à toutes les formes de cirques, avec cette année des danseurs… différents. Oui, j’aime le cirque et je regrette que le plateau du Forum ne puisse accueillir les toutes grandes troupes circassiennes qui ont besoin d’un espace que nous ne pouvons leur offrir. Mais je suis fière de la programmation de Nous sommes pareils à ces crapauds qui… (le titre est tiré d’un poème de René Char) où un artiste unijambiste invente un langage chorégraphique inédit, sublime de virtuosité, et de la venue dans le cadre du Festival de Danse Steps de Notturnino & Set and Reset/Reset par la Candoco Dance Company «Histoire d’amour» © Montserrat Quezada e n t r e t i e n s p e c t a c l e s fondée par une danseuse en chaise roulante. Autre spectacle entre danse et cirque : Sans objet d’Aurélien Bory, métaphore puissante de la ensemble baroque Les Arts Florissants. Ce ne seront pas moins de onze comédiens chanteurs qui enchanteront le plateau. Nous aurons aussi un Platonov en flamand (surtitré) auquel le metteur en scène Luk Perceval donne une intensité émotionnelle nouvelle : vibrations garanties ! Je terminerai ce tour d’horizon théâtral non exhaustif par Le Vivier des noms, une création de Valère Novarina à Avignon. Inventeur de langage pour retourner le monde et libérer l’être humain de son emprise tantôt néfaste tantôt bénéfique, l’auteur bien connu des Genevois revient au TFM après des pièces marquantes comme Le Vrai sang et L’Atelier volant. Des comédiens hors pair, une scène extraordinaire, des dessins peints par l’auteur lui-même : Avignon a adoré, Meyrin sera enchanté par le festival de mots et de personnages inventés par Novarina. Venir au Forum Meyrin n’est pas seulement venir voir un spectacle. Vous avez su créer un pôle d’attraction qui donne envie d’y séjourner avant et après le spectacle. «Sans objet» © Aglae Bory domination du robot sur l’homme, qui peu à peu va s’humaniser et s’incarner. Plus classique – quoi que !, le Théâtre Dromesko jouera Le Jour du grand jour dans une maisonchapiteau sur le parking, avec quelques animaux insolites tels qu’une truie, un marabout, etc. La danse est au cœur de la pluridisciplinarité au Forum Meyrin, qui accueillera pour la seconde fois la Cie Gilles Jobin et son Quantum de retour d’une tournée internationale. Un débat fera dialoguer les arts et les sciences avec le nouveau directeur du CERN – où Gilles Jobin a été trois mois en résidence - et des scientifiques venus à la culture, comme Sami Kanaan, physicien de formation, et le directeur de la Manufacture, astrophysicien : qu’ont-ils importé de leurs fonds scientifique dans leur nouvelle fonction culturelle ? Un autre moment de théâtre qui me tient à cœur car j’ai rencontré Anna Politkovskaïa lors de sa venue à Genève après avoir reçu le prix Le succès du TFM est en effet croissant. Nous attirons des publics très variés, qui viennent du quartier ou de l’autre bout du canton, en groupes d’amis ou en familles, qui mangent sur place parce que le bar est fort sympathique, qui décou- Parlons théâtre maintenant : sur quels spectacles dirigez-vous le projecteur ? Sur tous ! mais puisqu’il faut effectuer un choix, le voici. Birdy, de William Wharton, dont on connaît l’adaptation cinématographique par Alan Parker, traite de la rédemption et du retour à la vie. Emmanuel Meirieu y travaille sur l’émotion. J’aurai également le bonheur de voir Gilles Privat – que je connais depuis l’enfance – dans le rôle-titre Monsieur de Pourceaugnac, divertissement offert au Roi par Molière, mis en scène par un ancien assistant de Chéreau, avec à la baguette William Christie et son merveilleux e n t r «Femme non rééducable © Jean Louis Fernandez Sakharov : Femme non-rééducable, avec la grande Anne Alvaro à la voix chaude et grave, inoubliable. Christophe Rauck, directeur du Théâtre du Nord de Lille et ancien comédien chez Ariane Mnouchkine, interroge le couple, sa durée, l’exil dans Figaro divorce de Horvath. Chez l’auteur hongrois, Figaro n’est plus l’insolent révolutionnaire de Beaumarchais mais un opportuniste seulement préoccupé de son intérêt privé. e t i e vrent les expositions temporaires sur la galerie et restent après le spectacle pour le commenter. Et l’accès est facile depuis que le tram vient jusqu’à nous ! Propos recueillis par Laurence Tièche Tout le détail de la très riche programmation et des activités sur forum-meyrin.ch Billetterie +41 22 989 34 34 [email protected] n 67 s p e c t a c l e s théâtre de beausobre, morges A voir cette saison Le Théâtre de Beausobre, sous la houlette dynamique de sa directrice Roxane Aybek, propose, cette année encore, un programme théâtral de haut vol. De octobre à février, on y trouve des pièces parisiennes à succès, des grands noms du théâtre de renommée internationale, ainsi que des plateaux romands. Cette saison marque également le rapprochement du Théâtre de Beausobre avec des institutions culturelles telles que le TKM à Renens et Le Livre sur les Quais à Morges. 68 Pour débuter la programmation théâtrale, du théâtre acrobatique avec La Verità de la Compagnia Finzi Pasca qui ouvrira la danse le 8 octobre.« La vérité est tout ce qu’on a rêvé, qu’on a vécu, qu’on a inventé, tout ce qui fait partie de notre mémoire ». C’est au son de ces mots que les acrobates prennent leur envol. Haute voltige et danse, mélés à l’univers de Dalì laissent présager un moment de fantastique poésie. Le 27 octobre, La colère du Tigre où Georges Clémenceau, 82 ans, que l’on surnomme le Tigre, magnifiquement interprété par Claude Brasseur, tente de convaincre son ami Claude Monet d’achever Les Nymphéas pour lesquelles il a fait aménager le Musée de l’Orangerie. Suivi par Des gens intelligents, le 29 octobre, jolie immersion passionnante dans la vie à deux et ses usures, ses besoins de liberté, ses non-dits. Les difficultés de la vie de couple, ses drames et ses plaisirs servent de trame à cette comédie conjugale insolente et hilarante. Le 3 novembre Michel Boujenah, dans un spectacle éponyme, préfère rêver à la vie qu’il n’a pas eue que raconter la sienne. Le spectateur reconnaîtra, au fil de sa rêverie, les personnages fétiches de son univers : Albert et Guigui ou encore le décor de la Tunisie de son enfance. Entre émotions délicates et traits d’humour. Le 2 décembre, Pièces d’identité avec Jean Piat, 90 ans, qui plonge au cœur des ses souvenirs de théâtre à travers des textes de Guitry, Musset, Rostand. Une carrière de 70 années toute dédiée au plaisir d’être comédien pour le plus grand bonheur de son public. 17 décembre et 18 décembre, André le magnifique revient grâce aux Amis du Boulevard Romand qui font revivre cette comédie aux 7 Molières, à la fois attachante et pleine de rebondissements loufoques. Afin de sauver le théâtre municipal, un couple campagnard du Gers décide de monter un spectacle et confient le rôle principal à un acteur parisien. Rien ne se passe évidemment comme prévu entre le Parisien et les provinciaux ! Le 12 janvier 2016, Love Letters permettra au public de découvrir ou redécouvrir ce texte tendre et bouleversant qu’ont déjà interprété Jean-Pierre Marielle, Bruno Cremer, Jean-Louis Trintignant, Philippe Noiret, Jacques Weber, Alain Delon et Gérard Depardieu. A Beausobre, c’est Cristiana Reali et Francis Huster, ancien couple à la ville, qui se prêteront merveilleusement à l’exercice et apporteront à ce texte une nouvelle sincérité émouvante. Miou Miou dans «Des gens bien». Photo Lot a c t u a Le 2 février 2016, Des gens bien avec Miou-Miou en tête d’affiche. Créée à Broadway, cette comédie sociale marque le retour de MiouMiou au théâtre, après douze ans d’absence. Dans un quartier pauvre de Boston, Margaret est renvoyée de son travail et doit trouver de quoi subvenir à ses besoins et ceux de sa fille. Ses amis lui conseillent de demander de l’aide à son amour de jeunesse. L’actrice est stupéfiante dans le rôle de Margaret, mère d’une fille handicapée qu’elle élève seule et qui se bat pour sa dignité. Une réflexion douce-amère sur la condition humaine. Suivra Le Système, le 9 février, avec notamment : Lorànt Deutsch, Dominique Pinon, Eric Metayer, Marie Bunel et Sophie Barjac, des comédiens brillants au service d’un auteur qui ne l’est pas moins. Antoine Rault, nommé plusieurs fois aux Molières, revient avec une comédie mordante sur les coulisses du pouvoir au XVIIIe siècle. Spéculations, cabales et accusations perfides qui semblent étonnamment actuelles. George Dandin suivi de La Jalousie du Barbouillé, petit bijou proposé le 19 février par la Troupe de la Comédie Française. Le succès d’Oblomov la saison passée a encouragé le Théâtre de Beausobre a réitéré sa collaboration avec la prestigieuse institution de la Comédie Française. Le théâtre morgien accueille donc cette saison ce deux pièces de Molière. Riche paysan, George Dandin a épousé Angélique de Sotenville, fille d’un gentilhomme ruiné, et obtenu le titre de « Monsieur de la Dandinière ». Mais il ne tarde pas à s’apercevoir que son mariage, véritable marché de dupe, en fait un mari confondu... Et c’est ridiculisé et humilié qu’il devra présenter lui-même des excuses à ceux qui l’ont trompé. Après l’entracte, les comédiens du Français proposeront La Jalousie du Barbouillé, brève farce en un acte créée spécialement pour leur tournée. Le Barbouillé est marié avec Angélique. Mais il n'est pas satisfait de sa femme qui, dit-il, le fait enrager. Il demande au docteur son avis sur la façon de la punir… Pour écrire cette farce, Molière s'est inspiré d'une nouvelle du Décaméron de Boccace. Il réutilisera plus tard ces éléments dans d'autres pièces, notamment pour la trame de George Dandin. Nancy Bruchez l i t é s p e c t a c l e s nuithonie Un anniversaire pluriel Le théâtre Nuithonie fête ses 10 ans. L’occasion de se réunir, de remercier le public, mais aussi de réfléchir à son avenir. Il y a 10 ans déjà, le bâtiment de Nuithonie s’érigeait à Villars-surGlâne. Depuis, ce centre de création théâtrale a su se faire sa place en Suisse romande. Après 72 créations en résidence et 489 spectacles, la salle fête son anniversaire du 7 au 11 octobre avec un programme pluriel. « Nous voulions que cette fête soit à la fois festive et accessible à tous, mais qu’elle propose également une réflexion », explique Thierry Loup, directeur de Equilibre-Nuithonie. Durant le week-end, les spectateurs petits et grands pourront ainsi profiter d’un bal, le 9 octobre, et également de surprises le 11 octobre. Mais ce n’est pas tout, à travers sa programmation théâtrale, la fête invite à découvrir les coulisses du théâtre, mais aussi à réfléchir sur la création et son avenir. « Nous souhaitions profiter de l’occasion pour sensibiliser sur une problématique actuelle, confie Thierry Loup. C’est à l’État de soutenir de la création, pourtant les subventions n’ont pas évolué depuis 10 ans, alors que des lieux se sont construits. Nous sommes ainsi face à un équilibre très fragile. » En accueillant le spectacle NoShow, du collectif Nous Sommes Ici et du Théâtre DuBunker, le directeur lance alors un cri d’alerte. Participative, performative et explosive, la production québécoise prend racine dans une prise de conscience du metteur en scène, Alexandre Fecteau : en pratiquant le théâtre, même en ayant du succès, il est impossible de joindre les deux bouts. Partant de cette constatation, l’artiste décide de créer avec les acteurs un spectacle interrogeant cette réalité. Guidé par 4 thématiques principales : argent, reconnaissance, perspective d’avenir et désillusion, le spectateur entre dans la réalité de la production théâtrale. Il sera ainsi amené à choisir le prix de son billet, à sélectionner les acteurs ayant le droit de jouer et à s’expliquer sur ses choix. De l’autre côté du mur, des comédiens en grève, brisent la frontière entre réalité et fiction théâtrale. « Ce spectacle très original et inattendu permet de s’interroger sur la valeur du travail des artistes », ajoute le directeur de Equilibre-Nuithonie. Mais si la fête invite à s’interroger, elle est également l’occasion de remercier le public et de l’inviter à découvrir les coulisses du théâtre. Ainsi avec la production originale, Voyage en coulisses, le public pourra se balader dans le théâtre au gré des anecdotes. Rédigé par Domenico Carli et mis en scène par Julien Schmutz, Voyage en coulisses présente 10 saynètes jouées par 15 comédien(nes) fribourgeois(e)s. « Avec cette création, nous souhaitions rendre hommage aux gens de l’ombre, sans qui le spectacle ne pourrait pas avoir lieu, raconte Thierry Loup. Nous avons ainsi récolté des anecdotes, afin de créer ces petites saynètes. » Une manière originale de visiter le théâtre tout en profitant d’une création fribourgeoise. C’est ainsi un anniversaire plein de surprises que propose le théâtre. Le programme complet de la manifestation est disponible sur le site internet de Equilibre-Nuithonie. Valérie Vuille NoShow, idée originale et mis en scène par Alexandre Fecteau, du 7 au 10 octobre à 20h. Voyage en coulisses, écrit par Domenico Carli et mis en scène par Julien Schmutz, le 11 octobre. «NoShow» © Renaud Philiippe a c t u a l i t é 69 Bonlieu Scène nationale, Annecy Réservations au 04.50.33.44.11 / [email protected] photo © Elabbe « 887 » de et dans la mise en scène de Robert Lepage du 3 au 7 octobre 2015 photo © Sandra Bariller « C’est la vie » dans la mise en scène de Claude Brozzoni, le 6 octobre 2015 photo © Jérome Prébois Tedi Papavrami avec l’Orchestre des Pays de Savoie le 16 octobre l i v r e s jean starobinski Interrogatoire du masque La thématique du masque occupe une place centrale dans l’œuvre critique de Jean Starobinski. Son ouvrage Interrogatoire du masque atteste une nouvelle fois de la richesse de la réflexion menée sur ce fascinant objet « qui cache un visage et affronte un monde différent de la réalité première ». Le chapitre qui donne son titre au livre est une exploration virtuose des différentes facettes du masque à travers ses diverses manifestations : masque de carnaval, masque tragique, masque de l’hypocrisie, etc. Vous avez rédigé l’article « Interrogatoire du masque » en 1946, à l’âge de 25 ans. Cet essai au ton très libre n’est pas la première manifestation de votre intérêt pour le masque. En 1942, vous projetiez d’écrire une thèse consacrée au jeu de l’apparence et du masque chez Stendhal. D’où vous vient cet intérêt prononcé pour le masque ? La question du masque m’a intéressé pour les aspects psychologiques et politiques qu’elle mettait en jeu, notamment dans la littérature des moralistes de l’âge classique. La tâche de ces derniers consistait à désigner ce qui est essentiel et juste, et à faire tomber ce qui fait obstacle à l’avènement de la vérité. Or, La Rochefoucauld compare ces obstacles à des masques, lesquels regroupent l’ensemble des conventions sociales, des coutumes et des comportements stratégiques. Cependant, le masque peut se voir doter d’une valeur positive. Dans un régime autoritaire, il permet de faire circuler la vérité. L’exemple des Lettres persanes l’illustre bien : dans cette œuvre, Montesquieu démasque les travers de son temps en faisant circuler des masques. La première partie de l’article, consacrée au masque de carnaval et à sa fonction au sein de la fête, évoque un texte de Roger Caillois, « Le sacré de transgression : théorie de la fête », publié en 1939 dans son essai L’Homme et le sacré. Quelles affinités aviezvous alors avec les écrivains du Collège de Sociologie et plus particulièrement avec Roger Caillois ? L’aviez-vous rencontré ? J’étais un lecteur attentif de Caillois. Je l’avais rencontré à Ferney, lors d’une visite amicale qu’il avait rendue à Denis de Rougemont, mais c’est surtout à travers la lecture de ses articles que j’ai été sensibilisé à sa théorie du sacré. Dans les années 1930, mon père s’était abonné à différentes revues, dont la Nouvelle Revue Française, Mesures et Minotaure, pour lesquelles Roger Caillois écrivait aux côtés e n t r Jean Starobinski en 2010 d’autres anthropologues comme Michel Leiris ou Marcel Griaule. Caillois avait parfois un ton provocateur : c’était un homme à la parole aiguë et ingénieuse. Mon intérêt pour le sacré a également été éveillé par mon ami l’écrivain Pierre Emmanuel, que j’avais rencontré par l’intermédiaire de Pierre Jean Jouve durant la guerre. C’était un poète croyant, dont la réflexion était orientée vers des problématiques religieuses. Il y a dans votre essai un très beau renversement. Vous partez d’un interrogatoire du masque pour interroger en dernier lieu l’homme et son besoin de masque. Un questionnement éthique traverse votre texte : vous mettez en garde contre la tentation de s’identifier totalement à des masques, tentation qui, selon vous, a été au cœur du nazisme et du fascisme. Vous avez cette très belle phrase, qui sonne comme un avertissement : « Jamais le masque ne nous sauvera de nous-mêmes ». On sent la volonté de redécouvrir le visage humain plutôt que de le réinventer. De quel courant de pensée vous sentiezvous alors proche ? J’ai écrit cet article à un moment d’effervescence intellectuelle marqué par l’émergence de l’existentialisme. Ce courant philosophique était d’ailleurs lui aussi empreint d’une volonté de démystification. Je n’y ai pourtant participé que modestement, en lisant les textes de Sartre. Un de vos autres champs de réflexion est la mélancolie. Quel rapprochement peut-on faire entre le masque et la mélancolie ? Le mélancolique a une relation difficile avec le réel, avec le monde extérieur, avec autrui. Un des aspects de ce rapport difficile est la défiance à l’égard de l’authenticité de ce qui se manifeste. On peut formuler ainsi la question qui habite le mélancolique : n’y a-t-il pas un élément trompeur dans la réalité première, un masque à arracher pour atteindre un réel plus profond ? Bref, la défiance à l’égard du donné est une composante de la relation mélancolique avec le monde. Les moralistes ont d’ailleurs souvent déclaré leur condition mélancolique. Propos recueillis par Emilien Gür Interrogatoire du masque, Galilée, 86 p. e t i e n 71 f e s t i a l s lucerne festival de colmar Déjà, cet été, les plus beaux concertos pour piano ont été servis par de prestigieux musiciens, avant même que ne s’ouvre, en novembre, le Lucerne Festival « au Piano » Du 3 au 14 juillet s'est tenu un festival de musique classique que le New York Times cite comme l'un des dix meilleurs du monde. Le maître mot pour cette édition ? La générosité. Le Chamber Orchestra of Europe, dirigé par Bernard Haitink, a proposé trois « tubes » de la musique classique et romantique : deux symphonies, L’inachevée de Schubert et celle qui a été composée en do-majeur par Mozart, la symphonie Jupiter, et un chef-d’œuvre absolu, du même compositeur, le Concerto pour piano en la majeur Köchel 488 interprété par Maria Joᾶo Pires. Le grand chef néerlandais a su insuffler toute les nuances de la composition de Schubert à une phalange qui s’est montrée très docile. Quant à la symphonie Jupiter, rutilante, elle a été exécutée avec maestria. Mais le sommet de la soirée a été atteint par la charismatique pianiste portugaise. Son jeu est caractérisé par une simplicité toute mozartienne. Sous ses doigts, le premier mouvement fût allant, le merveilleux mouvement lent, recueilli, alliait douceur et clarté et au troisième mouvement, ses doigts parcoururent le clavier avec agilité, faisant couler la musique comme un torrent de printemps. Ovations de la salle comble pour cette jeune interprète de 71 ans. Le grand Orchestre Philharmonique de Saint-Pétersbourg, grand par sa taille et sa réputation, a proposé une soirée entièrement russe, agencée par ordre chronologique. Francesca da Rimini de Tchaïkovski a ouvert le concert avec pathos. Sous la baguette de Yuri Temirkanov, l’orchestre a brassé des sentiments profonds à grand renfort de cordes et de cuivres et Nikolaï Lugansky © Patrick Huerlimann/Lucerne Festival distillé des émotions subtiles avec les harpes et les bois. Suivait une œuvre phare du répertoire pianistique, le 2e concerto de Rachmaninov. Au piano, Nikolaï Lugansky. On ne peut pas jouer ce concerto trop lentement, on tomberait dans le kitsch, mais le pianiste russe a joué avec trop de célérité. Le dialogue avec la clarinette en a souffert, celle-ci n’ayant pas le temps de s’épanouir. On ne peut pas jouer ce concerto avec un toucher trop léger, le piano serait couvert par l’orchestre, mais Lugansky a carrément martelé son morceau. Le pianiste, peut-être encore un peu jeune, il est âgé de quarante-trois ans, a joué avec suffisance et sans émotion. Composée en 1945, la 9e symphonie de Chostakovitch aurait dû être un hymne à la gloire de l’armée victorieuse. Au lieu de cela c’est une œuvre plutôt légère, et quand elle évoque la musique militaire, c’est avec ironie. L’Orchestre Philharmonique de Saint-Pétersbourg est bien placé pour l’exécuter, cette phalange a créé huit symphonies du compositeur. Ce fût un enchantement, suscité par Yuri Temirkanov à la tête d’un orchestre dont chaque pupitre s’est montré au plus haut de sa forme. Pour cette rencontre désormais incontournable du début de l'été, les responsables de la manifestation ont placé, comme à chaque fois, leur programme sous le sceau d'une personnalité musicale, celle de Maurice André, un trompettiste célébré pour son altruisme. La prédisposition à prodiguer de sa personne transparaissait pareillement dans le talent des musiciens. Le 7 juillet. Aurélien Pascal au violoncelle et Haochen Uhang au piano ont dialogué sur des pages de Beethoven, Debussy et Fauré avec passion, énergie et engagement. Le lendemain, le Quatuor Zaïde dépeignait un quatuor n° 47 de Haydn, et davantage encore le n° 13 ce Beethoven (avec la Grande fugue !), avec munificence, enthousiasme et imagination. Le 9 juillet, les seize cordes du Quatuor Voce, associé à Céline Moinet, hautboïste, ont transcrit les mesures en couleurs vives, que ce soit pour Bach, Mozart ou Britten. Les rendez-vous symphoniques à l'Eglise Saint Mathieu sont des événements. Depuis des années l'Orchestre National Philharmonique de Russie, avec à sa tête Vladimir Spivakov - par ailleurs directeur artistique du Festival - offre aux mélomanes des sessions de qualité qui se distinguent par une vitalité, une palette de sentiments et de climats, parfois une versatilité, que l'on associe volontiers aux rives de la Moskova. A l'aise tout aussi bien dans Mozart, Haydn, Mozart, Tchaïkovky ou Chostakovitch, les instrumentistes savent attiser l'exaltation. Pour les partitions les plus anciennes, le chef laisse se répandre les teintes de la phalange avec un volume, sinon un flegme, affilié par certains à l'archéologie de l’interprétation. Mais, en tant que tel le son ne paraît ni chargé ni rebutant; les musiciens ne versent pas non plus dans le star system ou un sens démagogue de l'esbroufe. Les solistes, David Kadouch (piano), Kiril Soldatov et Alexandre Bakharev (trompette), Romain Guyot (clarinette) ou Stanislav Davydov (cor) ont chacun pu prendre leur place et énoncer leurs ressorts narratifs éminents. Cette diversité des coopérations était également un indice de l'esprit de générosité, de profusion, des planificateurs de ce qui a été un festival au sens originel du mot. Cette libéralité n'a pas été que musicale. Les dévoués organisateurs ont oeuvré à Aurélien Pascal ce que l'agencement de la manifestation soit © Shumpei Ohsugi impeccable et que les mélomanes soient reçus de manière chaleureuse. Ce souffle de largesse déteignait sur l'esprit de la cité elle-même: tout paraissait pensé, par exemple dans les restaurants, pour que le mélomane, alsacien ou de passage, vive des moments festifs. Voilà qui aurait certainement réjoui Maurice André ! Emmanuèle Rüegger Pierre Jaquet Festival en été 72 v a c Le don de soi ! t u a l i t é f e s t i v a l s festival berlioz, la côte-saint-andré Ouverture en apothéose Le Festival Berlioz se diversifie. Au sein d’une programmation toujours foisonnante, les œuvres de Berlioz restent cependant parcimonieuses, mais avec une place de choix : pour le Te Deum et Épisode de la vie d’un artiste, en quasi-ouverture de festival. Diversité également pour ses lieux de concerts, qui essaiment au-delà de la Côte-Saint-André, le bourg natal du compositeur. Et le succès auprès du public, parfois venu de loin, se confirme. C’est ainsi que le 21 août, deuxième jour mais véritable ouverture musicale, le festival investit un nouveau lieu : le théâtre antique de Vienne, à une quarantaine de kilomètres de la Côte-Saint-André. Avec ses aléas : le plein-air (malgré la conque enserrant les interprètes) ; la vastitude, pour un auditoire de 6 000 personnes, parfois peu attentives ; une sonorisation consécutive, parfois préjudiciable ; et la météorologie, ici fort heureusement favorable. La soirée commence par le concert offert par les trois orchestres Démos-Isère, constitués de jeunes enfants, s’essayant à la musique après un travail d’une année. Belle action, à la fois sociale et culturelle. Le résultat musical, au long de courtes pages de divers compositeurs, en est surtout sympathique. Succède donc le moment fort et phare : le Te Deum de Berlioz, pour lequel sont rassemblés quelque neuf cents exécutants, entre 120 instrumentistes et 800 choristes dont 600 enfants. François-Xavier Roth réédite avec succès son expérience, déjà concluante, du Te Deum en juin à la Philharmonie de Paris. Mais avec des ingrédients quelque peu modifiés : le seul Jeune Orchestre européen Hector-Berlioz, orchestre atelier et émanation du festival (toutefois secondé des musiciens aguerris de l’orchestre les Siècles), sur instruments d’époque ; le chœur Spirito, nouvellement créé à partir des Solistes de Lyon de Bernard Tétu et du Chœur Britten, de Lyon également ; des chorales d’enfants plus fournies, cette fois venues de l’Isère et de la région, et formées tout spécialement. Roth semble avoir encore sondé plus profond sa vision du Te Deum. Une forme d’aboutissement. En apothéose d’une exaltation et d’une intériorité qui n’auront jamais cessé, le « Judex crederis » final se déploie dans toute sa jubilation et ses terreurs. On regrettera seulement que le ténor du « Te ergo a c t u John Eliot Gardiner et Denis Podalydès © Festival Berlioz quæsumus », Pascal Bourgeois par ailleurs excellent, chante dans son micro ce qui devrait figurer une voix céleste. La seconde partie du concert, sans la participation d’enfants devenus simples auditeurs, se donne à d’autres pages cérémonielles de Berlioz. Avec une égale ferveur pour les deux cantates d’inspiration napoléonienne (thème de cette édition du festival), que l’on n’entend pour ainsi dire jamais. L’Impériale, pour double chœur et orchestre, est soulevée d’un magnifique emportement. Alors que le Cinq-Mai, « chant sur la mort de l’empereur Napoléon », pour basse, chœur et orchestre, atteint des sommets d’effusion. Avec un Nicolas Courjal bouleversant, dans le phrasé, les nuances comme l’expression. Œuvres chorales et guitare Le lendemain, autre voyage, cette fois pour Saint-Antoine l’Abbaye. Magnifique site médiéval surplombé d’une fastueuse église gothique. Elle accueille Hervé Niquet, son chœur et orchestre du Concert Spirituel, pour des pages chorales d’Auber, Charles-Henri Plantade, Cherubini, musiciens contemporains de Berlioz. Et aussi une page brève de Berlioz lui-même, Méditation religieuse. Dans une interprétation moins convaincante que celle des autres œuvres, et notamment la Messe de Plantade, rareté s’il en est, étonnamment soutenue. Parmi les concerts d’après-midi, s’insère le récital du guitariste Luigi Attademo, donné le 23 août dans la petite église de Saint-Hugues de Chartreuse, au cœur de l’impressionnant décor des Préalpes. Église désormais convertie en musée d’art sacré contemporain, par les accrochages des toiles expressives du peintre Arcabas. Un réceptacle propice à ce concert intimiste, égrenant des pièces de Fernando Sor, de a l i t Napoléon Coste (le Tournoi, dédié à Berlioz !), de Paganini, et attribuées douteusement à… Berlioz. De fait, puisées au Cahier d’études d’un Berlioz apprenti guitariste de quinze ans, et qui ne sauraient être des compositions propres. Bien que, à l’instar des autres pages du récital, servies avec virtuosité. Épisode de la vie d’un artiste Le soir du même jour, l’auditorium en structures tubulaires installé dans la cour du château de la Côte-Saint-André accueille John Eliot Gardiner. À la tête de son Orchestre révolutionnaire et romantique, et dans un programme tout Berlioz : Épisode de la vie d’un artiste, diptyque qui réunit la Symphonie fantastique et sa suite du monodrame lyrique de Lélio ou le Retour à la vie. La Fantastique vibre, tellurique, comme surgie des profondeurs. Et comme neuve. Les instruments d’époque, leur disposition sur le plateau voire hors du plateau, le jeu des attaques et des tempos, livrent un rendu sonore acerbe, un relief inédit dans une clarté lumineuse des différents plans polyphoniques. Ces mêmes vertus se poursuivent et se confirment côté orchestre lors de la seconde partie et suite de la symphonie. Mais surgit le chœur, celui du National Youth Choir of Scotland, d’une vigueur et d’une subtilité, d’une malléabilité pour tout dire, d’exception. Michael Spyres distille pour sa part, dans ses deux mélodies, une technique di grazia que peu savent comme lui dispenser, tout en maintenant une projection ardente. Laurent Naouri plante un Capitaine de Brigands, pétulant et pétaradant comme il se doit. Et à Denis Podalydès revient d’incarner Lélio, personnage dont il s’empare avec le doigté et le ton de juste diseur que l’on sait de cet homme de théâtre éprouvé. Pierre-René Serna é 73 fes tivals pesaro Rossini Opera Festival La 36ème édition du ROF ne restera pas parmi les meilleures cuvées de la manifestation, essentiellement en raison de l’absence d’un titre du répertoire serio du compositeur, mais les spectateurs ont tout de même pu goûter à la qualité des spectacles. 74 En tête d’affiche, la reprise de La Gazza ladra dans la production de Damiano Michieletto créée ici en 2007 n’aura pas créé l’événement. La poésie de certaines images, comme l’actrice acrobate qui joue la pie voleuse, sont à mettre en balance avec quelques incongruités, par exemple la pataugeoire présente sur le plateau pendant tout le second acte qui provoque des éclaboussures jusqu’à la saturation. La baguette du chef Donato Renzetti est assez sereine voire tranquille, et la distribution vocale se révèle plutôt équilibrée, à défaut de flamboyance. Nino Machaidze possède un joli grain de voix, plus large que d’ordinaire pour le rôle de Ninetta, René Barbera (Giannetto) fait entendre de glorieux aigus, Simone Alberghini (Fabrizio) sonne un peu fatigué, et c’est Alex Esposito (Fernando), déjà présent il y a 8 ans, qui remporte tous les suffrages avec un chant très vigoureusement projeté. Seule nouvelle production cette année, la réalisation de Marco Carniti pour La Gazzetta est suffisamment efficace en regard de l’économie des moyens déployés. Dans des tons gris le plus souvent, l’action est située à Paris et démarre par un défilé de mode sur un catwalk, dont les éléments peuvent se détacher et figurer d’autres objets. La couleur sort de manière exceptionnel- le, comme le rouge à l’entrée de Don Pomponio, un marchand napolitain plus vrai que nature joué par Nicola Alaimo qui domine très largement la distribution avec son timbre royal. Hasmik Torosyan (Lisetta) est une soprano colorature agile, piquante mais de sonorité acide, et presque cocotte par moments. La Mezzo Raffaella Lupinacci (Doralice) est plus constante, alors que Josè Maria Lo Monaco (Madame La Rose) semble bien effacée. Le baryton Vito Priante (Filippo) est joliment timbré et le ténor Maxim Mironov (Alberto) toujours aussi élégant, a nettement gagné en puissance ces dernières années. Comme pour la Gazza ladra, l’orchestre du Comunale de Bologne est placé en fosse, sous la direction cette fois d’Enrique Mazzola qui impulse une bonne dynamique à la formation. La production de Graham Vick pour L’Inganno felice montée en 1994 à Pesaro ne nous avait pas laissé un souvenir impérissable. Sa remise sur le métier 21 ans plus tard nous fait curieusement bien meilleure impression, et pourtant celle-ci n’a pas changé d'un cheveu, très naturaliste dans ses décors rocailleux, plutôt statique mais proposant de beaux tableaux dans l'imagerie des conquêtes napoléoniennes. A une exception près, l’équipe vocale est de très belle qualité : la soprano expressive Mariangela Sicila Nicola Alaimo et Hasmik Torosyan © Amati Bacciardi a c (Isabella), la basse impressionnante Carlo Lepore (Tarabotto), et les deux barytons Giulio Mastrototaro (Ormondo) et Davide Luciano (Batone) avec une nette préférence pour la saine et vive émission de ce dernier. L'évident maillon faible est Vassilis Kavayas (Bertrando) au timbre ingrat et pincé, vite à la dérive dans les aigus... handicap majeur pour un ténor ! L'Orchestra Sinfonica G. Rossini se montre appliqué sous la baguette précise de Denis Vlasenko. Fidèle des lieux, Juan Diego Florez révélé par le ROF il y a 20 ans était également au programme dans la Messa di Gloria dirigée par Donato Renzetti, et le ténor, paraissant en très légère indisposition, a tout de même fait grosse impression dans la virtuosité rossinienne. La soprano Jessica Pratt, défendant aussi individuellement la cantate La morte di Didone, a également trouvé l’occasion de déployer ses aigus généreux. Le public n’a toutefois pas manifesté son enthousiasme à la hauteur de la qualité artistique proposée, ceci vraisemblablement en raison des conditions de représentation. Le concert initialement programmé au Teatro Rossini avait été déplacé au Palais des sports de l’Adriatic Arena, permettant évidemment à un public plus nombreux d’y assister, mais supprimant du coup dans ce vaste espace toute proximité entre le spectateur et le chanteur. François Jestin Rossini – LA GAZZA LADRA : le 16 août 2015 à l’Adriatic Arena Rossini – LA GAZZETTA : le 17 août 2015 au Teatro Rossini Rossini – L’INGANNO FELICE : le 18 août 2015 au Teatro Rossini Rossini – MESSA DI GLORIA : le 18 août 2015 à l’Adriatic Arena «L’Inganno felice» © Amati Bacciardi t u a l i t é f e s t i v a l s vérone Festival Arena di Verona C’est une fois de plus un sentiment mitigé qu’on ressent à l’issue des représentations véronaises, à mi-chemin entre le plaisir de goûter à la magie du lieu et la frustration due aux très difficiles conditions d’écoute. Difficile de demander le silence à Vérone, même avec une affluence modeste comme lors de ces deux représentations ! Même le chef Daniel Oren, après un précipité lors de la deuxième soirée, menace de ne pas reprendre si les spectateurs ne se taisent pas, et les avertit qu’il serait bien dommage de ne pas écouter attentivement les plus belles pages de la partition du Roméo et Juliette de Gounod ! La production du Barbiere di Siviglia réalisée en 2007 par Hugo de Ana pour Vérone est toujours aussi agréable et fleure bon le kitsch. Avec ses roses géantes et ses haies parfaitement taillées, le décor fait prendre l’air à l’action qui se déroule plutôt dans les jardins du bon Docteur Bartolo. Et la soirée ne manque pas d’air puisque le vent souffle violemment, fait osciller avec une amplitude de plus en plus menaçante les fameuses roses, et oblige les organisateurs à annuler le feu d’artifice final. Pas vraiment de feu d’artifice non plus pour les oreilles, non pas que le chef Giacomo Sagripanti – entendu l’année dernière dans la même œuvre à Pesaro – démérite, loin de là, mais l’acoustique est trop souvent misérablement rétrécie. La soprano Jessica Pratt, étoile encore montante du chant belcantiste, fait un double début ce soir : première venue à Vérone et prise de rôle en Rosina. L’Australienne produit un très impressionnant numéro vocal, ajoutant suraigus, cadences, interprétant pendant la leçon du II un air d’une extrême virtuosité composé par Heinrich Proch, quitte à s’éloigner nettement de la couleur vocale originale de contralto de Rosina et de l’espièglerie du personnage. Mario Cassi est un bon Figaro à la voix saine, mais ne brûle pas les planches. Juan José de Leon (Almaviva) est un ténor modeste en volume et de timbre assez nasal, tandis que Bruno de Simone est un Bartolo exceptionnel, et n’a pas besoin de surjouer pour montrer sa vis comica naturelle. Enfin, Roberto Tagliavini (Basilio) complète la distribution somme toute de belle qualité, basse sonore et autoritaire. Avec une jauge à moitié pleine, l’opéra Roméo et Juliette est visiblement moins couru que le balcon de Juliette à deux pas de l’Arène. Il faut dire que derrière la n°1 Aida et la n°2 Carmen, l’œuvre de Gounod apparaît à la 24ème place au hit-parade des opéras les plus représentées à Vérone… alors que le Roméo et Juliette de Prokofiev est tout de même n°1 au classement des ballets ! En place ici depuis c t u François Jestin Rossini – IL BARBIERE DI SIVIGLIA : le 20 août 2015 à l’Arena di Verona Gounod – ROMEO ET JULIETTE : le 21 août 2015 à l’Arena di Verona La Batmobile de Mab © Ennevi Mario Cassi et Jessica Pratt © Ennevi a 2011, la réalisation visuelle de Francesco Micheli ne se cantonne pas dans le figuratif, mais propose aussi quelques images originales et symboliques. Les choristes évoluent souvent sur de grandes structures métalliques rouges semi-circulaires, déplacées à vue (… comme tous les changements de décors à Vérone !). Capulet avance juché sur un trône géant, réutilisé plus tard sur sa face arrière pour figurer le balcon de Juliette. Pendant l’air de la reine Mab, une véritable batmobile avance sur le plateau, déploie ses ailes de chauve-souris, et finit par cracher du feu. Autre proposition, les combats se déroulent à l’intérieur d’une sphère métallique ajourée, répétition de l’idée d’enfermement, mais ce confinement se révèle bien trop étroit visuellement pour en faire profiter la majorité des spectateurs. Quant à la distribution vocale, elle est dans son ensemble handicapée par un français au mieux correct et au pire incompréhensible. Heureusement, ce sont les deux emplois principaux qui s’en sortent le mieux, Irina Lungu (Juliette) voix bien conduite mais absente de souplesse dans sa valse, et Giorgio Berrugi (Roméo), aux aigus en place et qui tente de varier les nuances, mais faiblit nettement à l’acte III. Nino Surguladze (Stéphano) est décevante, Giorgio Giuseppini (Frère Laurent) chante correctement, tandis que les personnages de Tybalt, Mercutio, Pâris et Capulet frisent parfois la caricature. Daniel Oren au pupitre dirige de manière passionnée et démonstrative, chantant par instants avec les solistes ! a l i t é 75 e x p o s i t i o n s musée d'ethnographie de genève Le bouddhisme de Madame Butterfly Après Zurich, c'est Genève qui verse dans le japonisme. L'exposition du MEG évoque dans une scénographie particulièrement réussie toute la ferveur qu'exerça le Japon sur l'Europe à la fin du 19e siècle et dont le point d'orgue sera l'œuvre de Puccini. Des prêts exceptionnels ponctuent le parcours de cette vision culturelle et religieuse que l'Occident a construit autour des curiosités ramenées par les voyageurs. 76 Les récentes célébrations marquant le 150e anniversaire des relations diplomatiques entre la Suisse et le Japon, ainsi que la 17e édition de l'Automne de la culture japonaise à Genève, constituent un bon levier pour obtenir des prêts d'exception. Et le public ne peut que s'en réjouir. C'était déjà le cas avec l'exposition zurichoise Inspiration Japan consacrée aux interprétations de cet engouement sur les artistes occidentaux. Quant au MEG, c'est dans une atmosphère de pénombre théâtralisée qu'il propose un choix remarquable d'œuvres et de mobilier. L'ambiance minutieusement orchestrée nous plonge totalement dans cette fascination fin de siècle. Madame Butterfly ne joue évidemment pas le rôle principal, si ce n'est celui d'aimant publicitaire, qu'à cela ne tienne, la visite de l'exposition en vaut largement la peine. 1896, qui se servait de ces toiles pour le remplacer auprès des fidèles lorsqu'il était trop malade. C'est une rencontre improbable avec le public genevois. Jamais déplacés hors du Japon, ces tableaux ont dû être personnellement présentés sur place à l'un des conservateurs avant d'entreprendre le grand voyage helvétique. La curiosité entre les deux mondes est évidemment réciproque. Le Japon fermé aux étrangers durant plus de 150 ans s'ouvre à nouveau au milieu du 19e siècle. Les échanges commerciaux reprennent de plus belle et transforment rapidement l'archipel. L'avènement des bateaux Cabinet des curiosités Dans cette présentation qui se développe un peu comme un cabinet des curiosités, les inédits ne manquent pas. Comme les sept grandes peintures de Félix Régamey, lesquelles restaurées pour l'occasion n'avaient pas été exposées depuis cent ans. Destinées à orner les murs du futur musée d'Émile Guimet, elles illustrent l'expédition japonaise que le peintre avait entreprise en compagnie de l'illustre collectionneur en 1876. Dans la reconstitution de ce voyage d'étude, destiné à questionner des représentants du shintō et de six écoles bouddhiques, figurent aussi deux impressionnants portraits réalisés à l'huile et peints à la manière occidentale. Ils représentent le patriarche Myônya Shônin, en Le pont Nijubashi, de la série «Vues célèbres de Tôkyô» par Kobayashi Ikuhide (actif 1885-1895 env.) Japon. 1888. Estampe ôban, éditée par Nagamatsu Sakunosuke Papier. 32,5 x 21 cm. Collection privée Photo : J. Watts a c t u a l i t é expos itions à vapeur et le passage par le canal de Suez of-frent effectivement de nouvelles et avantageuses perspectives de se déplacer facilement. C'est le début des voyages pour tous. Avec l'Anglais Thomas Cook, c'est même la première croisière à forfait autour du monde qui est inaugurée en 1872. Le succès ne se fait pas attendre et le Japon devient alors une escale incontournable. L'un des ces voyageurs infatigables était le peintre et collectionneur genevois Alfred Étienne Dumont dont on peut voir des croquis, jusqu'alors inconnus du public, qui nous plongent dans cette époque de découverte. Perles Face à cet enthousiasme pléthorique pour l'exotisme du pays du Soleil levant se révèlent quelques perles, comme la très belle tapisserie d'Henry van de Velde et d'amusantes affiches vantant le cirque Mikado et une Kermesse à la Salle communale de Plainpalais. Ces publicités confirment pourtant l'essoufflement d'un esprit art nouveau inspiré par les estampes japonaises et confirme ce qu'un ami de Baudelaire désignait déjà comme des “japoniaiseries“. A noter que les pièces sont placées relativement bas, cela offre une proximité et même une intimité un peu surprenante au début, mais qui joue en faveur de la poursuite de l'exposition qui se décline avec du mobilier, des sculptures et des œuvres plus massives. Telles les portes du mausolée d'un shôgun dont l'exposition offre une perspective étonnante. Leur présence singulière en Occident est la conséquence de la campagne antibouddhique, menée au début des années 1870, qui poussa de nombreux temples à brader des objets. Comme ces grandes cloches d'un temple dont le périple les mena en Suisse. Tout aussi étonnante est la reconstitution, avec une partie du mobilier d'origine, de la cérémonie religieuse organisée en a c t u 77 «Nature morte japonaise» par Auguste Donnay (1862-1921) Belgique. Début du 20e siècle Huile sur toile marouflée. Musée des Beaux-Arts de Liège (BAL) D.R. 1891 dans le musée d'Émile Guimet, alors Musée des religions. C'est à la demande de deux religieux japonais de passage à Paris qu'il autorise à puiser dans ses collections pour procéder à leurs rituels. La cérémonie adaptée au public occidental remportera un immense succès et suscitera plus de 140 articles de presse. Regain d’intérêt L'engouement pour le japonisme et ses aspects religieux s'éteint paradoxalement avec la notoriété populaire de Madame Butterfly, peu après 1904. L'exposition universelle de Paris en 1900 expose au public impressionné des œuvres impériales, plus raffinées et classiques que celles d'expression populaire de l'époque Edo a l i t qui avait jusque-là suscité de l'intérêt. Mais le charme n'opère plus. L'exposition se termine en évoquant les personnalités de l'écrivain voyageur Nicolas Bouvier et Jean Eracle, fondateur du Temple de la Foi Sereine et conservateur au MEG pendant plus d'une vingtaine d'années. A ce regain d'intérêt du 20e siècle s'ajoute encore celui d'aujourd'hui avec un programme d'animations japonaises de 135 ateliers, de quoi raviver la flamme. Nadia El Beblawi é expos itions en FRANCE Evian Maison Garibaldi : Christin. Jusqu’au 1er novembre. l Palais Lumière : xx Jusqu’au l franc e tique entre Saône et Rhône au XVIe siècle. Du 23 octobre au 26 janvier l Musée des confluences : L’art et la machine. Du 13 octobre au 24 janvier. Rodez Musee Soulages : xx. Jusqu’au l Annemasse Strasbourg Villa du Parc : xx. Jusqu’au Musée d'art moderne : Tristan Tzara (1896-1963). Jusqu’au 17 janGiverny Avignon vier Musée des impressionnismes : Marseille MuCEM : Migrations divines. Collection Lambert : Patrice Photographier les jardins de Chéreau, un musée imaginaire. Monet. Cinq regards contempo- Jusqu’au 16 novembre. Toulon Jusqu’au 11 octobre. Hôtel des Arts : Eduardo Arroyo rains. Jusqu’au 1er novembre Metz - La force du destin. Du 17 octobre Centre Pompidou-Metz : au 16 janvier. Bastia Landerneau Rétrospective Tania Mouraud. Musée : 130 ans de création Fonds H. et E. Leclerc : Alberto Jusqu’au 5 octobre. joaillière à Bastia - l’atelier Filippi. Giacometti. Jusqu’au 25 octobre. Wingen Jusqu’au 19 juillet 2016 Musée Lalique : 1715 - 2015 : les Meudon 300 ans du Hochberg. Jusqu’au 1er Le Cannet Musée Rodin : Robert Doisneau Bordeaux Musée Bonnard : Henri Manguin (1912-1994). Sculpteurs et sculptu- novembre Galerie des Beaux-Arts : xx. l l l l l l l l l l l l l Jusqu’au - Un Fauve chez Bonnard. Jusqu’au 31 octobre. l l res. Jusqu’au 19 novembre Montpellier Chantilly Lens Musée Fabre : L’Âge d’or de la Domaine de Chantilly : Le sièLe Louvre : Métamorphoses. Les cle de François Ier. Jusqu’au 7 décembre. 78 Compiègne Château de Compiègne : Adèle l d’Affry dite Marcello (1836-1879). Du 15 octobre au 1er février Enghien Centre des arts : Orlan - Stripl tease, des cellules jusqu’à l’os. Jusqu’au 13 décembre AILLEURS l “Métamorphoses“ d'Ovide dans les collections des musées du Nord-Pas de Calais. Jusqu’au 21 mars 2016 Limoges Galerie des Hospices : L’amour, la mort, le diable. Jusqu’au 18 octobre l Lyon Musée des beaux-arts : La l Peinture à Naples - de Ribera à Giordano. Jusqu’au 11 octobre Nice Musée national Marc Chagall : xx. l Jusqu’au Ornans Musée Courbet : Sensations de nature - Courbet, Pissaro, Cézanne, Van Gogh, Bonnard, Hartung, Pénone. Jusqu’au 12 octobre. l Renaissance à Lyon. La vie artis- Amsterdam Rijksmuseum : L’Asie l à Amsterdam - luxe exotique pendant l’Age d’Or. Du 16 octobre au 17 janvier. l Van Gogh Museum : Munch / Van Gogh. Jusqu’au 17 janvier Aoste Centre Saint-Bénin : Antonio l Canova. Jusqu’au 11 octobre. Château de Compiègne, Compiègne Marcello (1836 - 1879) Femme artiste entre cour et Bohème Cette exposition se propose de mettre en lumière une figure méconnue de l'art du Second Empire, la sculptrice Marcello, de son vrai nom Adèle d'Affry (1836-1879), duchesse de Castiglione Colonna. Elle éclaire également le destin singulier d'une aristocrate éprise de liberté, tiraillée entre ses aspirations et les conventions de son milieu social. Veuve à vingt ans, elle trouva une consolation dans l'art. Après s'être formée en dehors du système académique, elle fit ses débuts avec succès au Salon de 1863 sous le pseudonyme de Marcello. Invitée à la cour par l'impératrice Eugénie, elle prit part à trois reprises aux séries de Compiègne. Elle reçut plusieurs commandes impériales et poursuivit une carrière internationale. Sa Pythie, l'une des sculptures les plus fortes et les plus étonnantes créées sous le Second Empire, fut acquise par Charles Garnier pour l'Opéra. . Du 15 octobre 2015 au 1er février 2016 Marcello, «La Pythie». Musée d'art et d'histoire Fribourg © DR a g e n d a expos itions en europe Royal Academy, Londres Jean-Étienne Liotard Le peintre genevois du XVIIIe siècle Jean-Etienne Liotard a vécu à Paris, Naples, Rome, avant de se rendre à Constantinople en 1738, à Vienne en 1742 - il y fait les portraits de l'empereur François Ier et de l’impératrice Marie-Thérèse qu'on cite parmi ses chefs-d'œuvre - puis en Angleterre en 1744 et en Hollande en 1756. C’était un artiste polyvalent - pastel, peintures en émail, gravures sur cuivre et peinture sur verre - et très demandé auprès de la noblesse européenne. Portraitiste excentrique et distinctif, et connu comme l’un des plus accomplis de son temps, il a également réalisé des scènes de vie contemporaine qui attestent de son don d’observation. Lors de ses nombreux voyages, il a créé des portraits admirablement ouvrés, la majorité avec des craies de pastel sur parchemin, en mettant en appllication ses talents d'observation. Comme cité ci-dessus, au sommet de son talent Liotard a été invité à peindre les portraits de membres des familles royales anglaises, françaises et autrichiennes. Comme il avait adopté un costume oriental et portait une longue barbe,reliques de son séjour dans le Proche-Orient, il était connu comme “Le Turc“ à Londres. L’exposition proposée par la Royal Academy est la première rétrospective consacrée à cet artiste. Elle couvre les périodes parisienne, viennoise, genevoise ainsi que so séjour à Constantinople, de même que ses deux voyages à Londres. Son art déploie un monde fascinant : très cosmopolitain et de plus en plus engagé dans l'échange culturel entre le Proche-Orient et l'Europe occidentale. Jean-Etienne Liotard, «Julie de Thellusson-Ployard», 1760 Pastel sur velun, 70 x 58 cm. Museum Oskar Reinhart, Winterthur, inv. 278. Rodolphe Dunki, Geneva; acquired 1935 Photo SIK-ISEA. Photographie : Philipp Hitz Florence Bilbao Galleria Palatina : Carlo Dolci Musée Guggenheim : Jeanl l Michel Basquiat - Le moment est venu. Jusqu’au 1er nov. Bonn Bundeskunsthalle : L’amour du Japon pour l’impressionnisme. De Monet à Renoir. Du 9 octobre au 21 février l Brescia Musée de Sainte Julie : Brixia l - Rome et les gens du Po. Une rencontre de la culture - 3e au Ier s. av JC. Jusqu’au 17 janvier. Cologne Wallraf-Richartz-Museum l : Godfried Schalcken (1643-1706) : la séduction peinte. Jusqu’au 24 janvier Düsseldorf Museum Kunstpalast : Francisco l de Zurbarán. Du 10 octobre au 31 janvier. Ferrare Palazzo dei Diamanti : Art vidéo l au Palais des Diamants - 1973/1979 - Reconstitution. Jusqu’au 18 oct. a g . Du 24 octobre 2015 au 31 janvier 2016 Musée Thyssen-Bornemisza : Edvard Munch - Archétypes. Du 6 octobre au 17 janvier. l Florence 1616-1687. Jusqu’au 15 nov. Milan Palazzo Reale : Giotto, l’Italie. l D’Assise à Milan. Jusqu’au 10 janvier La Haye Mauritshuis : L’autoportrait néerlandais. Du 8 octobre au 3 janvier l Possagno Londres Museo Gipsoteca Canova British Museum : Du Figuratif à l l’Abstraction - L’Art moderne dans le monde arabe. Jusqu’au 8 novembre. Le dessin dans l’argent et l’or De Leonardo à Jasper Johns. Jusqu’au 6 décembre. l Courtauld Gallery : Bridget Riley - Apprendre de Seurat. Jusqu’au 17 janvier. l National Gallery : Goya - Les Portraits. Du 7 octobre au 10 janvier. l Royal Academy : Jean-Étienne Liotard. Du 24 octobre au 31 janvier Madrid Fondation Mapfre : Pierre l Bonnard. Peindre l’Arcadie. Jusqu’au au 6 janvier. l Musée du Prado : Luis de Morales "El Divino". Du 6 octobre au 10 janvier e n l : Antonio Canova - L’art profanateur dans la Grande Guerre. Jusqu’au 28 février. Rome Chiostro del Bramante : James l Tissot. Jusqu’au 21 février. Musée Capitolini : Raffaelo Parmigianino Barocci. Du 2 octobre au 10 janvier. l Bianconi at Venini. Jusqu’au 10 janvier. l Palazzo Grassi : Martial Raysse. Jusqu’au 30 novembre. l Peggy Guggenheim Collection: V.S. Gaitonde - La peinture comme processus, la peinture comme vie. Du 8 octobre au 10 janvier. l Punta della Dogana : Slip of the Tongue. Jusqu’au 31 décembre. l Scoletta dei Battioro : Antoni Clavé. Jusqu’au 31 octobre. Vincenza l Basilica Palladiana : Flow_1 - arte contemporain italien et chinois e dialogue. Jusqu’au 1er novembre. l Palladio Museum : Thomas Jefferson et Palladio - Comment construire un monde nouveau. Jusqu’au 28 mars. Vienne Rotterdam Albertina (Albertinapl.) Black & Musée Boijmans van Beuningen : l l De Bosch à Bruegel - la naissance de la peinture de genre. Du 10 octobre au 17 janvier. White. Jusqu’au 17 janvier. Edard Munch. Jusqu’au 24 janvier. l Osterreichische Galerie Belvedere : Rembrandt, Titien, Bellotto : esprit et splendeurs de la Gemäldegalerie de Dresde. Jusqu’au 11 octobre. Venise Giardino di Palazzo Soranzo l Cappello : Roberto Sebastian Matta, sculpture. Jusqu’au 15 octobre. l Le Stanze del Vetro : Fulvio d a 79 expos itions Genève Art Bärtschi & Cie : Antoine l 80 Roegiers & Laurie Anderson. Jusqu’au 31 octobre. l Blondeau & Cie (Muse 5) Martin Szekely & Louise Lawler. Jusqu’au 31 octobre. l Cabinets d’arts graphiques (Promenade du Pin 5) Visions célestes, visions funestes - Apocalypses et visions bibliques de Dürer à Redon. Du 16 oct. au 31 janvier. l Centre d'art Contemporain (VieuxGrenadiers 10) Steven Claydon. Jusqu’au 22 novembre. l Centre d'édition contemporaine (Saint-Léger 18) Jason Dodge, David Hominal, Raphaël Julliard, David Maljkovic avec Konstantin Grcic, Victor Man. Jusqu’au 14 nov. l Centre de la Photographie (Bains 28) Manon. Jusqu’au 29 novembre. l Espace Ami Lullin - Bibliothèque de Genève (Promenade des Bastions) De l’argile au nuage. Jusqu’au 21 novembre l Espace Diamono (Carouge) Art & artisanat de l’ancienne birmanie. Jusqu’au 22 novembre. l Espace L (rte Jeunes 43) Niura Bellavinha, Frederic Post, Caroline Valansi et Vasilis Zografos. Jusqu’au 8 novembre. l Espace Nouveau Vallon (ChêneBougeries) Ô Cézanne. Jusqu’au 25 octobre. l Ferme de la Chapelle, GrandLancy (39, rte de la Chapelle) Marie- en Hoëlle Leppens, Charlotte Nordin, Céline Salamin, Delphine Sandoz Mémoire du vivant. Jusqu’au 25 octobre. l Fondation Bodmer (Cologny) Fata Morgana : Regards croisés. Du 3 octobre au 1er novembre. l Galerie Patrick Cramer (VieuxBillard 2) Kira Weber. Jusqu’au 5 novembre. l Galerie Anton Meier (Athénée 2) "Hommage" - Philippe Deléglise, Keith Donovan, Tito Honegger, Charles de Montaigu. Jusqu’au 17 octobre. l Galerie Mezzanin (63, Maraîchers) Elfie Semotan. Jusqu’au 31 oct. l Galerie Skopia (Vieux-Grenadiers 9) Simone Schardt & Thomas Huber. Jusqu’au 31 octobre. l Galerie Turetsky (25, Grand-Rue) Aliska Lahusen. Jusqu’au 31 oct. l Maison Tavel (Puits-St-Pierre 6) Devenir Suisse – GE 200. Jusqu’au 10 janvier. l Mamco (Vieux-Granadiers 10) Cycle Des histoires sans fin, séquence automne-hiver 20152016. Du 28 octobre au 24 janvier l Musée Ariana (Av. Paix 10) Anna Dickinson - Harmonies de verre & Luxe, calme et volupté - Concours swissceramics. Jusqu’au 1er nov. l Musée d’art et d’histoire (Ch.Galland 2) Peintures italiennes et espagnoles & Aimer la matière. Un regard mis à l'honneur. Jusqu’au 31 déc. Jean-Pierre Saint-Ours. Un peintre dans l’Europe des s uis s e Lumières. Jusqu’au 31 décembre. l Musée de Carouge (pl. Sardaigne) Concours international de céramique - la lampe céramique. Jusqu’au 6 décembre. l Musée d’ethnographie (Bd CarlVogt 65-67) Le bouddhisme de Madame Butterfly. Le japonisme bouddhique. Jusqu’au 10 janvier. l Musée international de la CroixRouge (Paix 17) Expériences de vérité - Gandhi et l’art de la nonviolence. Jusqu’au 3 janvier. l Musée de la Réforme (Maison Mallet) Le ciel devant soi. Jusqu’au 25 octobre. l Théâtre Saint-Gervais (Salle Käthe Kollwitz de 12h à 18h) Fragments Le Génocide des Arméniens et l’œuvre suisse vus par la presse. Jusqu’au 25 octobre l Red Zone Arts (r. Bains 40) “Espaces du Rêve“, expositon solo de Leng Hong. Jusqu’au 31 oct. l Xippas Art Contemporain (Sablons 6) Ian Davenport & Robert Irwin. Jusqu’au 31 octobre. Lausanne Fondation de l’Hermitage (2, rte l Signal) Marius Borgeaud. Jusqu’au 25 octobre. l Mudac (pl. Cathédrale 6) Le verre vivant II. Jusqu’au 1er nov. Futur archaïque & Freitag ad absurdum Carte blanche aux frères Freitag feat. Frank & Patrik Riklin Du 28 octobre au 28 février. l Musée cantonal des beaux-arts (pl. Riponne) Giuseppe Penone. Regards croisés. Jusqu’au 3 janvier. l Musée de l’Elysée (Elysée 18) La mémoire des images - Autour de la collection iconographique vaudoise. Jusqu’au 3 janvier. Corseaux Villa “Le Lac“ : Hommage à Le l Corbusier. Jusqu’au 1er novembre. Fribourg Espace Tinguely - Saint-Phalle : l Sculpture et architecture dans l’oeuvre de Niki de Saint Phalle. Jusqu’au 31 décembre Le Locle Musée des Beaux-Arts : l Art imprimé. Jusqu’au 18 octobre. Lens / Crans Fondation Pierre Arnaud : Homme l blanc - Homme noir. Impressions d’Afrique. Jusqu’au 25 octobre. Mézières Musée du papier peint : Fusions l - œuvres en verre contemporaines. Jusqu’au 3 novembre. Martigny Fondation Pierre Gianadda : l Matisse en son siècle. Jusqu’au 22 novembre. l Fondation Louis Moret (Barrières 33) Aloïs Dubach. Jusqu’au 18 octobre. Ferme de la Chapelle, Grand-Lancy Mémoire du Vivant En lien avec le Parcours Céramique Carougeois, la Ferme de la Chapelle propose une exposition intitulée “Mémoire du Vivant“. “Empreintes du vécu, réminiscences d'œuvres du passé, vestiges du geste et des archétipes artistiques“ sont les thèmes qui parcourent les travaux exposés. Céline Salamin, «Nature morte à la peau de banane», 2015, huile sur papier Ainsi, l'exposimarouflé tion met en dialogue les peintures de Delphine Sandoz et Céline Salamin avec les sculptures en terre de Marie-Noëlle Leppens et une œuvre participative que Charlotte Nordin créera avec le public. Marie-Noëlle Leppens, «Bohor», 2015 grès, 24 x 34 x 10 cm a Delphine Sandoz «Sans titre» 160x100 cm Gouache & technique mixte sur papier. g e . Du 12 septembre au 25 octobre 2015 n d a expos itions en s uis s e Musée des Beaux-Arts de Berne Toulouse-Lautrec et la photographie Le Musée des Beaux-Arts de Berne se propose de confronter l’œuvre de l’artiste français mondialement connu Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901) à la photographie de son temps. Des peintures, des dessins, des lithographies et des affiches de l’artiste seront mises en regard de photographies de l’époque qui présentent des scènes identiques, ou approchantes, à celles qui figurent dans ces œuvres et ont le plus souvent servi de modèle à l’artiste. Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901) ne fit jamais œuvre de photographe, mais il fit réaliser par d’autres de nombreuses photographies de lui et de ses modèles. Il importe toutefois de souligner que Toulouse-Lautrec avait avant tout un œil de photographe, qu’il était à peu près le seul à posséder parmi les artistes de son temps. En témoignent ses représentations sans fard des hauts lieux de divertissement de Montmartre, mais aussi ses perspectives abruptes et ses cadrages audacieux. . Jusqu’au 13 décembre 2015 Henri de Toulouse-Lautrec «Le Jockey», 1899 Lithographie en couleurs au pinceau, à la craie et technique de ‘jet’ 51,6 x 36,4 cm Collection E.W.K., Bern Morges Maison du dessin de presse : Mix l & Remix. Jusqu’au 29 novembre. Môtiers Musée Jean-Jacques Rousseau : l Erni rencontre Rousseau. Jusqu’au 18 octobre Neuchâtel Centre Dürrenmatt (Pertuis du Saut l 74) Sebastien Verdon - Ciels. Du 20 septembre au 28 février. l Galerie 2016 (Hauterive) Jean Marie Borgeaud. Jusqu’au 1er nov. l Musée d'art et d'histoire (espl. Léopold-Robert 1) 14/18 La Suisse et la Grande Guerre. Jusqu’au 18 oct. l Musée d'ethnographie (St Nicolas 4 ) Secrets. Jusqu’au 18 octobre. Nyon Galerie Focale : Heiko Tiemann l - Infliction. Jusqu’au 1er nov. Sion Ferme-Asile : Matières à réflél chir - Anouchka Perez. Jusqu’au 25 octobre Vevey Musée Jenisch : L'infini du geste l - Ferdinand Hodler dans la collection Rudolf Schindler & Wallpaper Liberation - Les carnets de JeanLuc Manz. Jusqu’au 4 octobre. a g Impressions en noir - A propos de l’estampe et du dessin chez Jean Otth (1940-2013). Jusqu’au 1er novembre. OUTRE SARINE Bâle Antikenmuseum l Basel (St. Alban-Graben 5) Le trésor englouti. L'épave d'Anticythère. Jusqu’au 27 mars. l Cartoon Museum (St. AlbanVorstadt 28) Atak (Georg Barber). Spécial, la collection de caricatures et de bandes dessinées - le nouvel accrochage signé Atak. Jusqu’au 25 octobre. l Fondation Beyeler (Riehen) Black Sun. Du 4 octobre au 10 janvier l Kunsthalle : Maryam Jafri Generic Corner & Andra Ursuta Whites. Jusqu’au 1er novembre. l Musée des cultures : Holbein. Cranach. Grünewald. Chefs-d'œuvre du Kunstmuseum Basel - invité du MKB. Jusqu’au 28 février l Museum für Gegenwartskunst (St. Alban-Rheinweg 60) De Cézanne à Richter. Jusqu’au 21 février. Cy Twombly. Peinture & Sculpture. Jusqu’au 13 mars. l Musée Tinguely (Paul SacherAnlage 1) Ben Vautier. Est-ce que tout est art ? Du 21 octobre au 22 janvier. e n Schaulager (Ruchfeldstr. 19, Münchenstein) The Collection of the Emanuel Hoffmann Foundation. Jusqu’au 31 janvier. l Berne Centre Paul Klee (Monument im l Fruchtland 3) About trees. Du 17 octobre au 24 janvier. Klee à Berne. Jusqu’au 12 janvier. Klee & Kandinsky. Jusqu’au 27 sept. l Musée des Beaux-Arts (Hodlerstr. 8-12) Toulouse-Lautrec et la photographie. Jusqu’au 13 décembre. Lugano Musée cantonal d’art : Bramantino - l’art nouveau dede la Renaissance lombarde. Jusqu’au 11 janvier. l Riggisberg Abegg-Stiftung : Le triomphe l des ornements. Tissus de soie du XVe siècle italien. Jusqu’au 8 nov. Rancate Pinacothèque Giovanni Züst : l Lire, lire, lire ! Livres, journaux, lettres dans la peinture du XIXe siècle. Du 18 octobre au 24 janvier. Saint-Gall Kunstmuseum : Que la lumière l soit.... Des impressionnistes à Thomas Alva Edison. Jusqu’au 25 octobre. d a Winterthur Fotomuseum : Beastly / Tierisch. l Jusqu’au 4 octobre. Enigma chaque photo a un secret. Du 24 octobre au 14 février. l Kunstmuseum (Museumstr. 52) Richard Deaco - On the Other Side. Jusqu’au 15 novembre. l Museum Oskar Reinhart (Stadthausstr. 6) Hodler, Anker, Giacometti - Chefs-d’œuvre de la coll. Blocher. Du 10 octobre au 31 janvier. Zurich Haus Konstruktiv : Etel Adnanl La joie de vivre. Du 29 octobre au 31 janvier. l Kunsthaus (Heimpl.1) Europe ... l’avenir de l’histoire. Jusqu’au 6 septembre. Incertitude de la conscience - une collection privée. Jusqu’au 4 octobre. John Waters How much can you take ? Jusqu’au 1er novembre. Un âge d’or. Jusqu’au 29 novembre. l Museum Rietberg (Gablerstr. 15) L’héritage doré d’Akbar - peinture pour l’empereur de l’Inde & Autres Mondes. Du 9 octobre au 14 février. 81 p a r scènes lyriques parisiennes 2015/2016 Saisons s (Jacquot/Mariotti ; les 20, 23, 26, 29 mai, 1er, 4, 7, 11,17, 20, 26 et 29 juin, Bastille) ; Aida (Py/Oren ; les 13, 16, 19, 22, 25, 28 juin, 1er, 4, 7, 9, 10 12, 13 et 16 juillet, Bastille). https://www.operadeparis.fr/ La saison lyrique à Paris prend un caractère particulier, inédit depuis de multiples années. Puisqu’elle se résume à deux seules institutions théâtrales : l’Opéra de Paris, mais plus florissant que jamais, et le Théâtre des Champs-Élysées. La neuve Philharmonie de Paris s’insère dans la programmation lyrique, mais davantage sous forme de concerts. Le Châtelet s’attachant pour sa part à d’autres répertoires que l’opéra. L’Opéra-Comique et le théâtre de l’Athénée étant de leur côté fermés, pour cause de travaux. OPÉRA DE PARIS 82 i THÉÂTRE DES CHAMPS-ÉLYSÉES Toujours sous l’égide entreprenante de Michel Franck, le théâtre de l’avenue Montaigne maintient sa ligne, entre six productions d’opéra, et dix-sept (rien de moins !) opéras et oratorios en version de concert. Theodora poursuit le cycle Haendel (Langridge/Christie ; les 10, 13,16, 18 et 20 octobre). Suivent : Norma (Braunschweig/Frizza ; les 8, 11, 14, 17 et 20 décembre) ; Mithridate (Hervieu-Léger/Haïm ; les 11, 14, 16, 18 et 20 février) ; l’Enfant et les Sortilèges, mais dans une version retranscrite (Darchen/Vieillefon ; les 19 et 30 mars) ; Tristan et Isolde (Audi/Gatti ; les 12, 15, 18, 21 et 24 mai) ; et l’Italienne à Alger (Schiaretti/Malgoire ; les 8 et 10 juin). Opéras en version de concert : Ariane à Naxos (Petrenko ; le 12 octobre) ; Zelmire de Rossini (Pido ; le 14 novembre) ; Partenope de Haendel (Minasi ; le 13 janvier) ; Rinaldo, toujours de Haendel (Minasi ; le 10 février) ; Persée de Lully (Niquet ; le 6 avril) ; Werther (Lacombe ; le 9 avril) ; la Somnambule (Franklin ; le 11 avril) ; Lucia di Lammermoor (Noseda ; le 27 mai) ; et Olympie de Spontini (Rhorer ; le 3 juin). C’est la première véritable saison conçue par Stéphane Lissner, en place depuis un an comme directeur de l’Opéra de Paris (voir l’entretien dans le précédent numéro de Scènes Magazine) ; la saison 2014-2015 ayant http://www.theatrechampselysees.fr/ été élaborée par son prédécesseur, Nicolas Joel. Une saison 2015-2016 qui se veut riche, et fait une large place à l’opéra du XXe siècle. Nouvelles productions. Moïse et Aaron de Schoenberg ouvre le ban des CHÂTELET Foin d’opéra du côté du Châtelet ! mais des comédies musicales de nouvelles productions (mes Castellucci / dir. Jordan ; les 20, 23, 26, 31 octobre, 3, 6 et 9 novembre, Bastille). Suivent : un diptyque associant le Broadway et autres spectacles de variétés, inspirés de préférence par l’auChâteau de Barbe-Bleue de Bartok et la Voix humaine de Poulenc tre côté de l’Atlantique. Le mandat du directeur actuel, Jean-Luc Choplin, (Warlikowski/Salonen ; les 23, 27, 29 novembre, 2, 4, 6, 8, 10 et 12 décem- devant théoriquement s’achever dans un an et demi, nous verrons alors en bre, Garnier) ; Vol retour, création française du petit opéra pour enfants de son temps ce qu’il adviendra du futur musical de ce théâtre entièrement Joanna Lee (Mitchell/Higgins ; les 4, 5, 9, 11, 12, 18 et 19 décembre, amphi- subventionné par la Ville de Paris, au passé lyrique pourtant prestigieux. Singin’ in the rain constitue une reprise de la production de la saison théâtre de Bastille) ; la Damnation de Faust (Hermanis/Jordan ; les 8, 11, 13, 15, 17, 20, 23, 27 et 29 décembre, Bastille) ; Il Trovatore dernière (Carsen/Betteridge ; du 27 novembre au 15 janvier). Kiss me Kate (Ollé/Callegari ; les 31 janvier, 3, 8, 11, 15, 20, 24, 27, 29 février, 3, 6, 10 prend le relai dans le même registre (Blakeley/Abell ; du 3 au 11 février) ; et 15 mars, Bastille) ; les Maîtres Chanteurs de Nuremberg puis Passion, autre comédie musicale venue des États-Unis (Ardant/ (Herheim/Jordan ; les 1er, 5, 9, 13, 21, 25 et 28 mars, Bastille) ; Iolanta et Einhorn ; du 16 au 25 mars). Succède Carmencita, comédie musicale en Casse-Noisette, un opéra et un ballet de Tchaïkovski couplés (Tcherniakov/ espagnol cette fois, avec une équipe anglo-cubaine, création mondiale Altinoglu ; 9, 11, 14, 17, 19, 21, 23, 25, 26, 28, 30 mars et 1er avril, (Renshaw/Lacamoire ; du 6 au 30 avril). Wonder.land, « musical rock », terGarnier) ; Rigoletto (Guth/Luisoti/Morandi ; les 11, 14, 17, 20, 23, 28, 28 mine la série des spectacles musicaux (Norris/Shrubsole ; du 7 au 16 juin). http://chatelet-theatre.com/ avril, 2, 5, 7, 10, 14, 16, 21, 24, 27 et 30 mai, Bastille) ; et enfin Lear d’Aribert Reimann (Bieito/Luisi, les 23, 26, 29 mai, 1er, 6, 9 et 12 juin, Garnier). PHILHARMONIE DE PARIS Au sein de la programmation musicale riche et variée conçue par Rayon reprises : après Madame Butterfly (Wilson/Rustioni ; jusqu’aux Laurent Bayle, la toute neuve Philharmonie réserve quelques opéras en ver3, 7, 10 et 13 octobre, Bastille), Platée (Pelly/Minkowski ; jusqu’aux 3, 6 et sion de concert. 8 octobre, Garnier) et Don Giovanni Relevons : Don Quichotte, opéra (Haneke/Stieghorst ; jusqu’aux 2, 6, 11, 16 et 18 Bartolomeo Conti (Jacobs ; le 17 novembre) ; octobre, Bastille), vient l’Élixir d’amour (Pelly/ Armide de Lully (Rousset ; le 10 décembre) ; Tenzetti ; les 2, 5, 8, 11, 14, 18, 21 et 25 novembre, Iliade l’amour, opéra de Betsy Jolas, mis en Bastille). Succèdent : Werther (Jacquot/Lombard ; scène (Gindt/Reiland ; les 12, 15 et 17 mars). Il les 20, 23, 26, 29 janvier, 1er et 4 février, Bastille) ; Re pastore de Mozart (Christie ; le 18 mars) ; Capriccio (Carsen/Metzmacher ; les 19, 22, 25, 27, Lucio Silla, toujours de Mozart (Equilbey ; le 23 31 janvier, 3, 6, 10 et 14 février, Garnier) ; le avril). Barbier de Séville (Michieletto/Sagripanti ; les 2, 5, http://philharmoniedeparis.fr/fr 9, 12, 16, 21, 25, 28 février, 2 et 4 mars, Bastille) ; Pierre-René Serna Der Rosenkavelier (Wernicke/Jordan ; les 9, 12, 15, Laurence Equilbey © A.Solomoukha 19, 22, 25, 28 et 31 mai, Bastille) ; La Traviata a c t u a l i t é p saisons Pour l’amour du théâtre Si la rentrée sociale en France est souvent synonyme de rentrée agitée, la rentrée théâtrale des trois grandes scènes nationales parisiennes, Comédie Française, Odéon-Théâtre de l’Europe et Théâtre national de La Colline, apporte de belles compensations à nos âmes, nous élevant au-dessus de la réalité brute. Odéon - Théâtre de l’Europe A l’Odéon, le maître des lieux, Luc Bondy marque son territoire avec ses fondamentaux dont le maître mot se résume à l’exigence artistique. Du côté du répertoire, tout d’abord avec Shakespeare, qui se taille la part du lion mais aussi Tchékov, Eschyle, ou des auteurs plus contemporains comme Thomas Bernhard ou William Faulkner, Arthur Miller mais aussi du côté des personnalités artistiques, acteurs et metteurs en scène. Luc Bondy sait aussi développer les coproductions, tissant un lien fort avec le Théâtre Vidy de Lausanne pour les spectacles d’Angélica Liddell (Primera carta de San Pablo a los Corintios), de Thomas Bernhard (Nous sommes repus mais pas repentis), de Tchékov (La Mouette), ou de William Faulkner (Les Palmiers Sauvages). Une saison au cours de laquelle, dit Luc Bondy, il sera beaucoup question de désir, de passion, d’amour. Et, cela commence avec la reprise d’Ivanov (2 octobre-1er novembre) dans une mise en scène signée par lui-même et une performance d’acteurs admirablement maîtrisée. Trois heures et demie de spectacle, une pépite de la saison passée. Du 10 octobre au 21 novembre, le metteur en scène belge, Ivo van Hove qui a roulé sa bosse sur de grandes scènes internationales, présentera aux Ateliers Berthier la version française de son spectacle Vu du pont d’Arthur Miller, donnée en 2014 au Young Vic à Londres. Angélica Liddell, auteure, metteuse en scène, performeuse, n’est pas une inconnue du public de théâtre et son Lion d’argent à la Biennale de Venise 2013 ne fait que récompenser son fort engagement. Dans Primera Carta de San Pablo a los Corinthios (10-15 novembre), elle interroge sa relation intime au sacré. Du 2 au 20 décembre, c’est le plasticien et scéno- a c t u « Primera carta de San Pablo a los Corintios» © Angelica Liddell graphe iconoclaste Roméo Castelluci, qui reprend son dialogue avec Eschyle, réinventant l’Orestie pour explorer les fondements occidentaux de la représentation, usant d’images évocatrices et provocatrices. Après l’inoubliable monstre d’Ariel Garcia Valdès ou celui plus récent, ovationné cet été à Avignon et tout aussi inoubliable joué par Lars Eidinger, c’est Thomas Jolly qui va conduire sur la scène de l’Odéon son personnage de Richard III jusqu’à son couronnement puis l’accompagner dans sa chute, dans un parcours d’une durée estimée à quatre heures. Enjeu de destruction presque similaire pour Othello, se métamorphosant en animal sanguinaire et sauvage, comme si ce héros ne pouvait se tenir qu’au-dessus ou en dessous de notre condition commune, mais jamais à notre hauteur, avec et parmi nous. Une a l i t a r i s distribution pour laquelle le metteur en scène Luc Bondy assure ses arrières en choisissant des valeurs sûres : Marina Hands, Philippe Torreton, Micha Lescot. La production se donnera du 28 janvier au 23 avril aux Ateliers Berthier. De retour à l’Odéon, du 17 mars au 13 mai, après Un Tramway de Tennessee Williams et La Fin d’après Koltès, Krysztof Warlikovski s’empare du mythe de Phèdre, celui des sources grecques et latines d’Euripide et Sénèque, téléscopé avec celle de notre temps et imaginée par Sarah Kane. Qui d’autre qu’ Isabelle Huppert pourrait mieux incarner le mystère de toutes ces Phèdre(s) ? Quant à Séverine Chavrier, pianiste et comédienne, elle s’est passionnée pour le grand imprécateur viennois, sa « rage d’artiste qui prend le risque de l’autodestruction », dénonçant la persistance plus ou moins camouflée des tentations fascisantes de la vieille Europe. Son spectacle Nous sommes repus mais pas repentis s’inspire du Déjeuner chez Wittgenstein de Thomas Bernhard, un texte qu’elle complète par des extraits d’autres œuvres, est créé le 9 mars 2016 au Théâtre de Vidy pour être repris du 13 au 29 mai aux Ateliers Berthier. Très attendu par le public est sans conteste La Mouette de Tchékov dans la mise en scène de Thomas Ostermeier et dont la création se fera le 26 février au Théâtre de Vidy 2016 et se poursuivra sur la scène de l’Odéon du 20 mai au 25 juin. Se sentant plus proche du répertoire d’Ibsen, Ostermeier aborde pour la première fois Tchékov en langue française mais en s’entourant de fidèles collaborateurs et acteurs. D’amour, il sera aussi question dans Les Palmiers Sauvages de William Faulkner, une œuvre déchirante portée à la scène (3-25 juin) par Séverine Chavrier, qui « tendra son oreille de musicienne pour discerner et réinventer le bruit et la fureur du grand romancier ». Comédie Française A la Comédie Française, Muriel Mayette a cédé sa place d’administratrice de la Maison et de sa Troupe à Eric Ruff. A première vue, pas de grande révolution dans la Maison. Lui comme elle a un cahier des charges à respecter, ce qu’Eric Ruf résume ainsi : « la mission de l’administrateur est de rêver les mariages les plus fertiles entre le répertoire choisi et les visions des artistes invités à les mettre en scène ». La saison de la salle Richelieu s’ouvre avec Le Père (19 septembre-4 janvier) d’August Strindberg. Un pari que prend cependant Eric Ruf, en confiant la mise en scène au é 83 p 84 a r i réalisateur Arnaud Desplechin, dont ce sera aussi le premier travail au théâtre. Après onze ans d’absence, on retrouvera Jean-Louis Benoist pour une mise en scène des Rustres (25 novembre-10 janvier) de Carlo Goldoni, une pièce qui n’a jamais été jouée au Français. Une troupe qu’il connaît bien pour y avoir signé sept mises en scène. Depuis 1952, Roméo et Juliette (5 décembre au 30 mai) de Shakespeare n’a plus été jouée au Français. C’est Eric Ruf qui nous donnera sa vision de la pièce, mais il nous a déjà prévenu : ce n’est pas l’histoire d’amour absolue qui l’intéresse mais bien plus « le soleil noir de la pièce ». Alain Françon a parcouru les textes d’Edward Bond avec constance sur diverses scènes et poursuit son travail avec La Mer (5 mars-15 juin), retrouvant la Troupe pour la septième fois. Dernière création de la salle Richelieu, Britannicus de Jean Racine (7 maijuillet). Très attendue puisqu’il s’agit d’une grande figure du théâtre contemporain, Stéphane Braunschweig, qui s’attaque pour la première fois au répertoire de la tragédie classique française et dont ce sera aussi le baptême du feu dans cette Maison. Il faudrait encore signaler plusieurs reprises de spectacles : Le Misanthrope et Tartuffe de Molière, La Maison de Bernarda Alba de Garcia Lorca, La Double Inconstance de Marivaux, Cyrano de Bergerac de Rostand, Lucrèce Borgia de Victor Hugo, Le Chapeau de paille de Labiche ainsi qu’Un Fil à la patte de Feydeau. Au Théâtre du VieuxColombier, Eric Ruf aiguise notre curiosité en choisissant des auteurs, peu familiers des planches. Du 26 septembre au 8 novembre, Christian Hecq et Valérie Lesort ont conçu une adaptation de 20’000 Lieues sous les mers, qu’ils mettront en scène avec des comédiens qui utiliseront la forme théâtrale des marionnettes. Du 16 mars au 30 avril, c’est Anatoli Vassiliev, bien connu de la Troupe, dont l’approche quasi mystique de l’art dramatique, nous révélera sous un jour nouveau La Musica Deuxième de Marguerite Duras. Et grande surprise, car nous avions suggéré un jour timidement à Muriel Mayette de s’emparer de ce monument de la littérature mondiale pour le présenter au public français, Eric Ruf programme (27 janvier-28 février) la pièce de l’Autrichien Karl Kraus, Les derniers a s jours de l’humanité. Poète et journaliste pamphlétaire, Kraus a regardé l’Europe s’entretuer depuis Vienne, capitale de l’empire austro-hongrois, qui allait être balayé en 1918. David Lescot, homme de théâtre, écrivain, musicien, qui n’a de cesse de s’interroger sur notre mémoire, saura-t-il faire face à l’ampleur de ce projet ? Un rendez-vous pour les amateurs d’histoire à ne pas manquer. c’est bien « par ces brisures et ces brèches que le monde contemporain s’engouffre dans les spectacles. Malheur à ceux qui s’enferment dans un système clos… » avertit-il. Ainsi donc ne nous étonnons pas que des pièces du répertoire comme Le Canard sauvage d’Henrik Ibsen (6-14 janvier), Splendid’s de Jean Genet, (17-26mars), ou Les Trois Sœurs d’Anton Tchékov (1er-12mars), dont la metteure en scène Christiane Jatahy fera résonner les aspiraThéâtre national de la Colline tions avec les migrations d’aujourd’hui, dans un Stephane Braunschweig, directeur du spectacle intitulé Et si elles y allaient à Théâtre national de la Colline introduit sa pro- Moscou ?, soient ouvertes à tous vents. « Le grammation de la saison 2015/2016, en partant théâtre doit prendre l’air de l’époque », pour des Géants de la montagne de Luigi Pirandello, avoir à dire quelque chose, telle est la convicqu’il mettra aussi en scène (2-17 septembre et tion de Braunschweig. Le thème des migrants 29 septembre-16 octobre). Dernière pièce de est repris (12 mai-4juin) par Annie Zadek, dans l’auteur, qui nous rappelle que les artistes nous Nécessaire et urgent. Ces questions qu’elle n’a offrent des rêves, « autant de rappels que la vie pas posées aux siens, juifs polonais et commune se réduit pas aux images souvent désespéran- nistes, immigrés en France en 1937, elle les tes que l’actualité nous en donne » Et d’ajouter, pose aujourd’hui. « Leurs ombres fraternisent « je veux croire à un art qui ne s’enferme pas avec les migrants d’aujourd’hui, cherchant eux aussi à échapper à leur destin ». Nicolas Liautard s’empare du film d’Ingmar Bergman, Scènes de la vie conjugale (22 janvier-7février) pour tenter une incursion théâtrale dans les zones à risque du couple. Autre invité à mettre en scène à La Colline et réservant souvent de belles surprises au public, le tg Stan qui «Les Géants de la montagne» © Elisabeth Carecchio invite à leur table dans la ville de Cotrone, et prenne sa part – Tchékov avec La Cerisaie (2-19 décembre). modeste mais nécessaire - à l’invention de la Signalons aussi la mise en scène de Christoph société ». Ouverte sous le signe d’une pièce Honoré, qui fait entrer en scène les fantômes de inachevée, la saison présentera des spectacles, l’histoire du XX° siècle, Fin de l’histoire (3riches en fissures, en failles, montés à partir de 28novembre). fragments : Bettencourt Boulevard, écrit par Michel Vinaver et mis en scène par Christian Des trois programmations révélatrices de Schiaretti (20janvier-14 février) est composée chacune des institutions, c’est bien celle du de trente morceaux. Les gens d’Oz de Yana Théâtre National de la Colline, qui semble la Borissova, la plus importante auteure de sa plus engagée dans son temps, habitée d’une génération en Bulgarie (mis en scène par Galin énergie combative. La Comédie Française et Stoev, 3mars-2avril) sont des pièces éparses l’Odéon cherchant à jouer davantage la carte de d’un puzzle. Daniel Jeanneteau a choisi de met- la séduction. Régine Kopp tre en scène La Ménagerie de verre de Tennessee Williams s’intéressant à l’œuvre comme à un paysage d’affects chaotiques, car c t u a l i t é p a r i s « Monstres, sorcières et magiciens » au programme, avec à la clé des airs extraits d’opéra de Haendel et Purcell. Au Musée d'Orsay le 1er octobre, retour dans la capitale de Felicity Lott avec un programme intitulé « Die Männer sind méchant » (Schubert, Wolf, Poulenc, Barber, Weill, Lehar et Schumann) confié aux bons soins du pianiste Graham Johnson, le 8 Annick Massis prenant le relais avec des œuvres de Tomasi, Berlioz, Bizet, Gounod, Vivaldi, Verdi et Donizetti accompagnées par Antoine Palloc. Sélection musicale d’octobre : Événement de la rentrée à l’Opéra Bastille à partir du 17 octobre, date de l’avant-première, une nouveauté de la nouvelle équipe en place, comme celle qui réintroduit certaines représentation à 20h30, Moses und Aron de Schönberg, un spectacle confié à Romeo Castellucci, après le décès de Patrice Chéreau, et au chef Philippe Jordan qui réunira les interprètes suivants : Thomas Johannes Mayer (Moses), John Graham-Hall (Aron), Julie Davies (Ein Junges Mädchen) et Catherine WynRogers (Eine Kranke), dernière le 9 novembre. Récital du ténor Cyrille Dubois le 9 octobre à l’Amphi Bastille avec au programme des œuvres de Ralph Vaughan Williams, Samuel Barber, Louis Beydts et Francis Poulenc accompagnées par le pianiste Tristan Raes ; le 11 place à Natalie Dessay qui interprétera des lieder de Schubert, Mendelssohn, Liszt et des mélodies de Duparc, Fauré et Bizet aux côtés de son fidèle accompagnateur Philippe Cassard, le 25 Florian Sempey leur succédant pour une soirée Mahler, Berlioz et Poulenc (au piano Alphonse Cemin). A Garnier concert de musique de chambre placé sous la direction de Philippe Jordan le 25, avec en soliste la soprano Caroline Stein et les instrumentistes de l'Orchestre de l'Opéra national de Paris (Schönberg Pierrot lunaire op. 21 et quatuor à cordes opus 10 dans le cadre du cycle Cyrille Dubois en récital à l’Amphi Bastille Schönberg). A la Salle Gaveau le 7, concert Bach par le contre-ténor Damien Guillon entouré par les musiciens du Cafe Zimmermann, de Céline Frisch (orgue & direction) et de Pablo Valetti (violon & direction), dans un programme où se succéderont concertos et cantates ; le 12, la mezzo Blandine Staskiewicz chantera des airs d'opéra baroques de Haendel, Vivaldi, Porpora et Pergolesi aux côtés de l’ensemble Les Ambassadeurs. Le 16, concert Monteverdi avec L’Orfeo par l’Ensemble La Fenice et son chef Jean Tubéry avec Jan Van Elsacker (Orfeo), Claire Lefilliatre (La messagiera), Saskia Salembier (La Musica & Euridice), Roxane Chalard (Prosperina) et Sarah Breton (Speranza). Du côté de la Philharmonie, le 1er octobre, concert Haydn et Rossini avec le Stabat Mater proposé par l’Orchestre de Paris et pour l’occasion Jesús López Cobos, avec les artistes Joyce El-Khoury, Varduhi Abrahamyan, Michele Pertusi et Paolo Fanale et le 19 octobre, place à Mahler dont la Symphonie n° 3 sera jouée par le Cleveland Orchestra dirigé par Franz WelserMöst, avec la mezzo Jennifer Johnston. Au TCE le 2 octobre le contre-ténor Franco Fagioli qui remplace Bejun Mehta souffrant, et le Venice Baroque Orchestra dirigé par Andrea Marcon, proposera une série d’airs virtuoses de Vivaldi et de Haendel pour ouvrir la nouvelle saison des Grandes Voix. Le 3 la Theodora de Haendel sera représentée pour la première fois L'opéra de Versailles affiche Orphée et sur scène à Paris, dirigée par William Christie en Euridyce de Gluck les 7 et 8 octobre interprété compagnie des Arts Florissants et mise en scène par Michele Angelini (Orphée), Lucy Crowe, par Stephen Langridge avec Katherine Watson (Eurydice) et Amanda Forsythe (Amour) secon(Theodora), Stéphanie d’Oustrac (Irène), dés par The English Baroque Soloists, The Philippe Jaroussky (Dydime) et Kresimir Spicer Monteverdi Choir dirigés par Sir John Eliot (Septime), dernière le 20. Le 12, plateau de stars Gardiner et accueille le 26 Judith Van Wanroij, pour la version de concert d’Ariane à Naxos de Wiebke Lehmkuhl, Reinoud Van Mechelen et Strauss dirigée par Kirill Petrenko à la tête du Andreas Wolff, le Chœur accentus, Insula Bayerisches Staatsorchester qui disposera de la Orchestra placés sous la baguette experte de soprano Anja Harteros (Ariane/Prima Donna), Laurence Equilbey (Vêpres solennelles de du ténor Jonas Kaufmann (Bacchus/Le Ténor), Mozart). de la soprano Brenda Rae (Zerbinette), du Katherine Watson sera Theodora au TCE Ailleurs en France : Olivier Py s’attaque à mezzo Alice Coote (Le compositeur) et de la Pénélope de Fauré à partir du 23 octobre à l’Opéra de Strasbourg, avec Markus Eiche (Le maître de musique), le plus célèbre ténor allemand de dans le rôle-titre Anna Caterina Antonacci que l’on avait applaudie en la planète étant à nouveau sur scène le 29 octobre pour un concert consaconcert avec Roberto Alagna au TCE en juin 2013 ; la cantatrice italienne cré à Puccini avec la Staatskapelle Weimar dirigée par le chef Jochen aura pour partenaire Marc Laho, tandis que Patrick Davin officiera en Rieder (Les Grandes Voix). Le 15, Messa di Gloria de Puccini par Saimir fosse. Pirgu et Florian Sempey dirigés par Paolo Arrivabeni à la tête du National François Lesueur de France. Le 17 concert de Patricia Petibon et de Nahuel di Pierro en compagnie du Concert d’Astrée dirigé par Emmanuelle Haïm : a c t u a l i t é 85 p a r i s t Davy Sardou et Julian Alluguette dans «Les vœux du cœur» - photo Lot Brian et Tom veulent vivre leur amour au sein de leur église, mais se heurtent au refus du Père Raymond. Quand Irène, la sœur de Brian, cherche à le convaincre, le prêtre se trouve à son tour confronté à un choix qui bouleverse ses convictions. Bll C. Davis, auteur de ‘’L’Affrontement’’, se saisit ici d’une question qui interpelle chacun, et qu’il orchestre avec habileté. Quatre vies, quatre dilemmes, amour, conscience, sexualité, foi. En sortiront-ils tous indemnes ? . Jusqu’au 31 octobre 2015 Réservations : 01.48.74.76.99 ATELIER (loc. 01.46.06.49.24) Hyacinthe et Rose de et avec François Morel - jusqu’au 11 décembre u Danser à la Lughnasa de Brian Friel - m.e.s. Didier Long - jusqu’au 9 janvier BOUFFES PARISIENS (01.42.96.92.42) u Avanti de Samuel Taylor - m.e.s. Steve Suissa - avec Francis Huster et Ingrid Chauvin - jusqu’au 3 janvier COLLINE (rés. 01.44.62.52.52) u Les Géants de la montagne de Luigi Pirandello - m.e.s. Stéphane Braunschweig - jusqu’au 16 oct. u Reality de de Mariusz Szczygieł jusqu’au 11 octobre COMÉDIE BASTILLE (rés. 01.48.07.52.07) u Bon anniversaire mon amour de Corinne Hyafil et Thierry Raguenau m.e.s. Christian François - jusqu’au u 2 novembre COMÉDIE FRANÇAISE SALLE RICHELIEU (01.44.58.15.15) u Père d'August Strindberg - m.e.s. Arnaud Desplechin - jusqu’au 4 janvier u Le Misanthrope de Molière - m.e.s. Clément Hervieu-Léger - jusqu’au 8 décembre u La Maison de Bernarda Alba de Federico Garcia Larco - m.e.s. Lilo Baur - du 2 oct. au 6 janvier u La Double Inconstance de Marivaux - m.e.s. Anne Kessler - du 16 octobre au 14 février STUDIO-THÉÂTRE (01.44.58.98.98) u Comme une pierre qui... de Greil Marcus - m.e.s. Marie Rémond et Sébastien Pouderoux - jusqu’au 25 octobre. VIEUX-COLOMBIER (01.44.39.87.00) u 20 000 lieues sous les mers de Jules Verne - m.e.s. Christian Hecq et Valérie Lesort - jusqu’au 8 novembre. COMÉDIE SAINT-MICHEL (loc. 01.55.42.92.97) u Le Mensonge de Florian Zeller m.e.s. Bernard Murat - avec Pierre Arditi et Evelyne Bouix - jusqu’au 31 octobre HÉBERTOT (loc. 01.43.87.23.23) u Victor de Henri Bernstein - m.e.s. Rachida Brakni - avec Caroline Silhol et Eric Cantona - jusqu’au 31 oct. a â t u Les voeux du cœur de Bill C. Davis Les vœux du cœur u é LA BRUYÈRE (01.48.74.76.99) La Bruyère 86 h g - m.e.s. Anne Bourgeois - jusqu’au 31 octobre MADELEINE (loc. 01.42.65.07.09) u Le Roi Lear de Shakespeare - m.e.s. Jean-Luc Revol - avec Michel Aumont - jusqu’au 11 octobre. ODÉON EUROPE (01.44.85.40.40) u Ivanov d’Anton Tchekhov - m.e.s. Luc Bondy - du 2 octobre au 1er novembre ATELIERS BERTIER u Vu du pont d’Arthur Miller - m.e.s. Ivo van Hove - création - du 10 octobre au 21 novembre POCHE-MONTPARNASSE (01.45.48.92.97) u The Servant de Robin Maugham m.e.s. Thierry Harcourt - avec Maxime d’Aboville - jusqu’au 8 nov. PORTE SAINT-MARTIN (01.42.08.00.32) u Irma la douce de Alexandre Breffort, Marguerite Monnot - m.e.s. Nicolas Briançon - jusqu’au 10 oct. RENAISSANCE (loc. 01.42.08.18.50) u Conseil de famille de Amanda Sthers - m.e.s. Eric Civanyan - jusqu’au 30 décembre. r e RIVE GAUCHE (01 43 35 32 31) 24 heures de la vie d’une femme de Stefan Zweig - m.e.s. Steve Suissa - avec Clémentarine Céarié jusqu’au 29 novembre u Oscar et la Dame rose d’ EricEmmanuel Schmitt - m.e.s. Steve Suissa - avec Judith Magre - jusqu’au 1er décembre STUDIO DES CHAMPS ELYSÉES (01.53.23.99.19) u Le porteur d’Histoire de et m.e.s. Alexis Michalik - jusqu’au 30 décembre THÉÂTRE DE PARIS (01.48.74.25.37) u Momo de Sébastien Thiéry - m.e.s. Ladislas Chollat - avec Muriel Robin et François Berléand - jusqu’au 28 octobre THÉÂTRE DES VARIÉTÉS (01.42.33.09.92) u Ne me regardez pas comme ça ! de Isabelle Mergault - m.e.s. Christophe Duthuron - avec Isabelle Mergault et Sylvie Vartan - jusqu’au 11 octobre. u Les réservations de billets peuvent être effectuées par l’intermédiaire du site : theatreonline.com Odéon - Théâtre de l’Europe Ivanov La comédienne Marina Hands retrouve la bouleversante Anna Petrovna sur la scène de l’Odéon, dans cette pièce de Tchekhov qui parle du drame de cet Ivanov, ce Monsieur Tout-le-Monde, cet anti-héros confronté Marina Hands et Micha Lescot dans «Ivanov» © Thierry Depagne au temps dilaté par l’ennui, à l’impuissance, l’immobilisme, l’inaction et la paresse, un homme lâche enlisé dans l’existence. Une une satire aiguë et très drôle d’une société de petits-bourgeois en décrépitude . Du 2 octobre au 1er novembre 2015 Réservations : 01.44.85.40.40 e n d a p a r i s b e a u x - a r t s Musée de Montmartre « Maurice Utrillo, Suzanne Valadon et André Utter à l'atelier 12, rue Cortot : 1912-1926 » À l’occasion du 150e anniversaire de la naissance de Suzanne Valadon, le Musée de Montmartre présente une exposition phare dédiée à Suzanne Valadon (Bessines-sur-Gartempe 1865 - Paris 1938), Maurice Utrillo (Paris 1883 - Dax 1955) et André Utter (Paris 1886 – 1946). Au tournant du XXe siècle, les ateliers du 12-14 rue Cortot furent d’importants lieux de création où vécurent de nombreux artistes. Après y avoir habité jusqu’en 1905 avec son premier mari, le banquier Paul Moussis, Suzanne Valadon retourne à l’atelier de la rue Cortot en 1912 et s’y installe avec son fils Maurice Utrillo et son compagnon, André Utter. Rapidement surnommés le « trio infernal », ces peintres ont marqué les esprits du monde de l’art. De ces tensions et passions naquit ainsi une énergie créatrice qui permit aux œuvres des trois artistes de s’intensifier, s’épanouir et se renouveler durant cette période de vie commune. Maurice Utrillo, «12 rue Cortot à Montmartre» , 1921 Paris, musée d'Art moderne de la ville de Paris © ADAGP / Jean Fabris Crédit photographique : Eric Emo / Parisienne de photographie Les œuvres exposées sont issues du fond des collections constituées par la Société d’Histoire et d’Archéologie « Le Vieux Montmartre » et, plus principalement, de prêts extérieurs provenant, entre autres, du Centre Pompidou, du Musée d’Art Moderne de la ville de Paris, du musée Paul Dini de Villefranchesur-Saône, des Musée des Beaux-Arts de Liège et de Bruxelles, du Petit Palais de Genève et de collections particulières. On pourra, en particulier, y admirer les célèbres tableaux de Suzanne Valadon «La tireuse de cartes» (Petit Palais de Genève) et «Le lancement du filet» (Centre Pompidou-MMAM-CCI). . Du 16 octobre 2015 au 15 février 2016 Centre culturel suisse l PERFORMANCEPROCESS – jusqu’au 13 décembre Centre Pompidou l UNE HISTOIRE, art, architecture et design, des années 80 à aujourd'hui – jusqu’au 11 janvier Château de Versailles l ANISH KAPOOR – jusqu’au 1er novembre Espace Dali l DAUM, VARIATIONS D’ARTISTES – jusqu’au 3 janvier Fondation Cartier l BEAUTÉ CONGO – 1926-2015 – CONGO KITOKO – jusqu’au 15 nov. Galerie des Gobelins l L’ESPRIT ET LA MAIN. Héritage et savoir-faire des ateliers du Mobilier national – jusqu’au 17 janvier l LE GARDE-MEUBLE EN VOYAGE. Luxe et ingéniosité du bivouac de Napoléen - jusqu’au 13 décembre. Grand Palais l ELISABETH LOUISE VIGÉE LE BRUN – jusqu’au 11 janvier l PICASSO MANIA – du 7 octobre au 29 février a g Institut du Monde arabe l OSIRIS, MYSTÈRES ENGLOUTIS D’EGYPTE – jusqu’au 31 janvier Jeu de Paume l NGUYEN TRINH THI - SATELLITE 8 : UNE PROPOSITION DE ERIN GLEESON / OMER FAST / PHILIPPE HALSMAN - ÉTONNEZ-MOI – du 20 octobre au 24 janvier Maison de l'Amérique latine l XX – jusqu’au Maison de la Photographie l JOHN EDWARD HEATON Guatemala / PIERRE REIMER – jusqu’au 31 octobre Monnaie de Paris l TAKE ME (I’M YOURS) – jusqu’au 25 octobre. Musée des arts décoratifs l TRÉSORS DE SABLE ET DE FEU Verre et cristal aux Arts Décoratifs - XIVe au XXIe siècle – jusqu’au 15 novembre. l CORÉE : DESIGN ET MÉTIER D'ART – jusqu’au 7 février Musée d’art moderne l ANDY WARHOL - UNLIMITED – du 2 octobre au 7 février l HENRY DARGER – jusqu’au 11 oct. e n l APARTÉS 2015 Isabelle Cornaro, Alain Della Negra, Kaori Kinoshita et Gyan Panchal – jusqu’au 13 décembre. Musée Delacrox l PICASSO CHEZ DELACROIX – jusqu’au 5 janvier Musée Guimet l TIGRES DE PAPIER, cinq siècles de peinture en Corée – du 14 octobre au 22 février l ART BONPO DE L’ANCIEN TIBET – jusqu’au 12 octobre l INTÉRIEUR CORÉEN, OEUVRES DE INSOOK SON – jusqu’au 14 mars l CARTE BLANCHE À LEE BAE – jusqu’au 25 janvier Musée Jacquemart-André l SPLENDEUR DU PORTRAIT À LA COUR DES MÉDICIS – jusqu’au 25 janvier Musée du Louvre l UNE BRÈVE HISTOIRE DE L’AVENIR – jusqu’au 4 janvier l CLAUDE LÉVÊQUE. Sous le plus grand chapiteau du monde (partie 2) – du 19 oct. au 25 janvier Musée du Luxembourg l FRAGONARD AMOUREUX – jusqu’au 24 janvier d a Musée Marmottan-Monet l VILLA FLORA. Les temps enchantés – jusqu’au 7 février Musée de Montmartre l SUZANNE VALADON, MAURICE UTRILLO, ANDRÉ UTTER : 12, RUE CORTOT – du 16 octobre au 15 février Musée de l’Orangerie l QUI A PEUR DES FEMMES PHOTOGRAPHES ? 1839 À 1945 / Première partie : 1839-1919 – du 14 octobre au 25 janvier Musée d’Orsay l SPLENDEURS ET MISÈRES DES COURTISANES. Images de la prostitution en France 1850-1910 – jusqu’au 20 janvier Musée du Quai Branly l TATOUEUR, TATOUÉS – jusqu’au 18 octobre l PHOTOQUAI - biennale des images du monde – jusqu’au 22 nov. Petit Palais l FANTASTIQUE ! L’estampe visionnaire. De Goya à Redon – du 1er octobre au 17 janvier 87 www.opera-lausanne.ch — 021 315 40 20 Gioacchino Rossini La Cenerentola 2 · 4 · 7· 9 ·11 octobre 2015 MIGRO CLASS L E R U T L U C T S-POUR-CEN 016 au Vic Saison 2015/2 toria Hall à 20 ICS h Jeudi 29 octobre 2015 à 20 h PHILHARMONIA ORCHESTRA LONDON Esa-Pekka Salonen (direction) Arabella Steinbacher (violon) Richard Dubugnon* Caprice pour orchestre Nº 1, op. 72 Commande Migros-Pour-cent-culturel-Classics Johannes Brahms Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, op. 77 Jean Sibelius Symphonie Nº 5 en mi bémol majeur, op. 82 *Compositeur suisse Billetterie: Service culturel Migros Genève, Rue du Prince 7, Tél. 058 568 29 00 Stand Info Balexert et Migros Nyon-La Combe. www.culturel-migros-geneve.ch Organisation: Service culturel Migros Genève www.culturel-migros-geneve.ch www.migros-pour-cent-culturel-classics.ch m é m e n t o Conservatoire de Musique Conservatoire de Musique Temps & Musique Les Grands Interprètes La programmation de la saison Temps & Musique débute au Conservatoire de Musique par la prestation d’un trio qui comprend le clarinettiste Chen Halevi, l’altiste Lawrence Power et le pianiste Simon Crawford-Phillips. Ils interprèteront tout d’abord le Trio pour clarinette, alto et piano en mi bémol majeur, K. 498 “Les Quille“ de Mozart, avant de poursuivre avec une œuvre de Chostakovitch-Borisovsky, une suite pour alto et piano appelée “Le Taon“. Deux concerts sont à l’affiche des Grands Interprètes en octobre. Tout d’abord, le 15 octobre, le Conservatoire de Musique accueille le Quatuor Fauré, avec au programme le Quatuor avec piano n° 1 en sol mineur KV478 de Mozart, le Quatuor avec piano n° 1 en ut mineur op.15 de Fauré et, pour terminer la soirée, le Quatuor avec piano n° 3 en ut mineur op.60 de Brahms. Chen Halevi © Bouchard Suivra la “Czardas“ pour clarinette et piano de Krystof Maratka, la “Märchenerzählungen“ pour clarinette, alto et piano, op. 132 de Schumann. Ils termineront avec Quatre mélodies pour clarinette, alto et piano de Bruch. . 5 octobre 2015 à 20h Billetterie : Service culturel Migros, Migros Nyon-La Combe, Stand Info Balexert ou : http://www.migroslabilletterie.ch/ Quatuor Fauré © Mat Hennek En fin de mois, le 30 plus précisément, c’est le Quatuor Prazák qui animera la salle de Neuve en interprétant le Quatuor n° 20 en ré majeur KV 499, Hoffmeister de Mozart, puis le Quatuor n° 14 fa dièse majeur op. 142 de Chostakovitch, et finalement le Quatuor n° 10 en mi bémol majeur op. 51 B 92 de Dvořák. . 15 octobre à 20h - Quatuor Fauré . 30 octobre à 20h - Quatuor Prazák Billetterie : Service culturel Migros, Migros Nyon-La Combe, Stand Info Balexert ou : http://www.migroslabilletterie.ch/ Victoria Hall Théâtre Am Stram Gram Alexander Gavrylyuk Cyrano Après son passage en mai 2013, durant lequel il a donné tous les concertos pour piano et la Rhapsodie de Rachmaninov sous la direction de Neeme Järvi, le jeune pianiste ukrainien est invité une nouvelle fois à se produire avec l’Orchestre de la Suisse romande en octobre; il interprétera le Concerto pour piano et orchestre en la mineur op. 54, 1845 de Robert «Caché dans son buisson de lavande Cyrano sentait bon la lessive» © Guy Labadens Alexander Gavrylyuk © Mika Bovan Schumann sous la direction du maestro Cornelius Meister. Les mélomanes auront ainsi la chance de découvrir la technique stupéfiante de ce musicien qui fait figure d’extraterrestre du clavier, car rien ne paraît lui résister, ni les passages d’une rapidité folle, ni les feux d’artifice rythmiques... . 7 octobre 2015 à 20h Le Cyrano de Rostand plane parmi les grandes ombres étincelantes de la littérature. C’est ce Gascon au grand cœur, ce poète au grand nez, que l’illustratrice Rébecca Dautremer a ‘croqué’ ; ce Cyrano-là est unique, revivifié par la plume de Taï-Marc Le Thanh, qui restitue l’essentiel de la fable et la beauté de ce grand poème d’amour. Cet ouvrage a été adapté par la Compagnie Hecho en casa, et elle le fait avec une finesse magique. On découvrira ainsi un Cyrano tiré d’un Japon de rêve ; une vision orientale qui recentre d’autant plus le regard sur l’œuvre originale. . du 27 octobre au 1er novembre 2015 Billetterie en ligne : www.osr.ch, ou 022/807.00.00, ou [email protected] A noter que ce même concert sera donné le 8 octobre au Théâtre de Beaulieu à Lausanne, ainsi que le 9 octobre à l’Auditorium Stravinski à Montreux a g e n Location : Théâtre Am Stram Gram par téléphone au 022 735 79 24 d a 89 m é m GENEVE concerts 90 u 1.10. : Série Grands Classiques. OSR, dir. Kazuki Yamada. FRANK PETER ZIMMERMANN violon Chostakovitch, (Glazounov, Tchaïkovski). Victoria Hall à 20h (loc. 022/807.00.00 / [email protected] ou sur www.osr.ch) u 2.10. : Série Répertoire. OSR, dir. Kazuki Yamada. FRANK PETER ZIMMERMANN violon (Glazounov, Chostakovitch, Tchaïkovski). Victoria Hall à 20h (loc. 022/807.00.00 / [email protected] ou www.osr.ch) u 4.10. : Concert du dimanche de la ville de Genève. SINFONIETTA HONG KONG, dir. et clarinette Paul Meyer (Joyce Tang Wai-chung, Mozart, Mendelssohn). Victoria Hall à 17h (rens. 0800.418.418, billets : Alhambra, Grütli) u 5.10. : Temps & Musique. CHEN HALEVI, clarinette, LAWRENCE POWER, alto, SIMON CRAWFORD-PHILLIPS, piano (Mozart, Borisovsky, Maratka, e n t Schumann, Bruch). Conservatoire de Genève à 20h (billetterie : Service culturel Migros, Migros Nyon-La Combe, Stand Info Balexert) u 6.10. : Concerts de soirée n°1 : Romance lyrique, dir. Arie Van Beek, EVE-MAUD HUBEAUX, mezzo-soprano, ENSEMBLE VOCAL DE LAUSANNE (J. Strauss, Wagner, Ubaldini, Schubert). Bâtiment des Forces motrices à 20h (loc. 022/807.17.90 / [email protected] ou www.ticketportal.com) u 7.10. : Série Symphonie. OSR, dir. Cornelius Meister, ALEXANDER GAVRYLYUK, piano (Schumann, Bruckner). Victoria Hall à 20h (loc. 022/807.00.00 / [email protected] ou sur www.osr.ch) u mercredi 14.10. : Concertus Saisonnus. REQUIEM de Fauré. Orchestre des Variations Symphoniques & Chœur Symphonique de Vevey, dir. Luc Baghdassarian. KARINE MKRTCHYAN, soprano, CLAUDE DARBELLAY, baryton-basse (en 1ère partie : Albinoni, Grieg). Point Favre, Chêne-Bourg, à 20h30 (Rens. et rés. 076/345.80.76) u 15.10. : Les Grands Interprètes. o Genève Hommage à Pierre Wissmer Cette année, de nombreux événements musicaux sont organisés pour célébrer le 100e anniversaire de la naissance du compositeur Pierre Wissmer. Une série de concerts est agendée à Genève en octobre et novembre pour commémorer cet anniversaire. Le premier, en date du 4 octobre, sera servi par Sébastien Llinares (Intermezzo et Partita, pour guitare) ; le second aura lieu le 10 octobre, avec Amaryllis Billet au violon et Anne de Fornel au piano Pierre Wissmer - photo Action musicale (Sonate, pour piano & Sonatine, pour violon et piano), tous deux au Domaine du Chateau de Penthes. Quant aux deux derniers, ils auront lieu le 1er novembre, : à 17h, concert par des étudiants de la HEM Genève sous l’intitulé “Pièces de Pierre Wissmer et ses élèves“ ; à 18h30, la soprano Cécile Bonnet, le baryton François Le Roux, et le pianiste Daniel Spiegelberg serviront les œuvres suivantes : Suite, pour piano, 5 poèmes de Philippe Monnier, pour soprano, La balle au bond, pour baryton. L’Abri à Genève . les 4 et 10 octobre au Domaine du Château de Penthes Genève. . le 1er novembre dans la Grande salle du Conservatoire de Genève,, à 17h, puis 18h30 Estelle Revaz C’est le 10 octobre dans la dernière née des salles de concert genevoises, L’Abri, que sera verni le CD “Cantique” enregistré par la violoncelliste Estelle Revaz et l’Orchestre Musique des Lumières dirigé par Facundo Agutin. Le disque reprend le programme donné le 5 février à la Salle Frank Martin qui rapproche des œuvres du Bavarois Max Reger, du Genevois Ernest Bloch et du Bâlois Andreas Pflüger. Une mise en valeur de la culture suisse selon Estelle Revaz qui rappelle qu’”E. Bloch est d’abord suisse et que son «Schelomo» a été composé à Genève. Dans le même ordre d’idée, l’œuvre de M. Reger «Vier Tondichtungen nach Arnold Böcklin» a été privilégiée pour sa référence explicite au célèbre peintre suisse. Quant aux six mouvements de «Pitture», l’œuvre créée par A. Pflüger pour le projet CANTIQUE (et Estelle Revaz, ndr), ils s’inspirent de six tableaux de peintres contemporains suisses (Klee, Soutter, Segantini…).” Une occasion festive et amicale d’entendre la violoncelliste valaisanne récompensée l’année dernière par la Fondation Leenards dans une prestation musicale faisant echo au programme du CD en compagnie de la pianiste Irina Chkourindina et de Facundo Agutin. . le 10 octobre 2015 Entrée libre. Réservation conseillée au 027 722 23 47 Estelle Revaz a g QUATUOR FAURÉ, Erika Geldsetzer, violon, Sascha Frömbling, alto, Konstantin Heidrich, violoncelle, Dirk Mommertz, piano (Mozart, Fauré, Brahms). Conservatoire de Musique à 20h (loc. Service culturel Migros Genève, Stand Info Balexert, Migros Nyon-La Combe) u 15.10. : 15E ANNIVERSAIRE DES JEUDIS DU PIANO. En présence d’Anne Queffelec, marraine de la soirée, de nombreux lauréats des 15 ans et de la Camerata du Léman. Bâtiments de Forces motrices à 20h u 23.10. : Série Répertoire. OSR, dir. Jakub Hrusa. ALEXEI OGRINTCHOUK hautbois (Martinu, Mozart, Smetana). Victoria Hall à 20h (loc. 022/807.00.00 / [email protected] ou www.osr.ch) u 24 et 25.10. : Concert en Famille. « LE ROI ARTHUR », GENEVA CAMERATA, dir. David Greilsammer, Liviu Berehoï, marionnettiste et m.e.s., Capucine Keller, soprano et comédienne. Musée d’Art et d’Histoire à 16h (billetterie en ligne sur le site du GeCa) u 27.10. : LE GRAND MARATHON e n GECA ! Comédie de Genève à 20h (billetterie en ligne sur le site du GeCa) u 28.10. : Série Symphonie. OSR, dir. Charles Dutoit, FRANÇOIS PIOLINO et JULIEN BEHR ténors, DAVID WILSONJOHNSON baryton (Ravel). Victoria Hall à 20h (loc. 022/807.00.00 / [email protected] ou www.osr.ch) u 28.10. : ANGELO BRANDUARDI, violon. Théâtre du Léman à 20h30 (loc. www.theatreduleman.com) u 29.10. : Migros-pour-cent-culturel-classics. PHILHARMONIA ORCHESTRA LONDON, dir. Esa-Pekka Salonen, ARABELLA STEINBACHER, violon (Dubugnon, Brahms, Sibelius). Victoria Hall à 20h (billetterie : Service culturel Migros) u 30.10. : Les Grands Interprètes. QUATUOR PRAŽÁK, Pavel Hůla et Vlastimil Holek, violons, Josef Klusoň, alto, Michal Kaňka, violoncelle (Mozart, Chostakovitch, Dvorak). Conservatoire de Musique à 20h (loc. Service culturel Migros Genève, Stand Info Balexert, Migros Nyon-La Combe) u 31.10. : Concert Prestige n°2 d a m Musée Ariana, Genève Amours en Italie Baroque Un concert vocal sera servi par la Cappella Genevensis, dirigée par Claude Xavier-Hollenstein, au Musée Ariana, au programme duquel figure des Madrigaux, pour 5 chanteurs solistes, de Monteverdi, Gesualdo et autres compositeurs de la même époque. Une façon de célébrer l’Italie du XVIIe siècle qui a mis en musique la thématique de l’amour dans des madrigaux, à partir de poèmes de grande qualité. Ces madrigaux expriment au mieux les sentiments de chaque vers par des L’amour en Italie baroque procédés descriptifs. . Dimanche 4 octobre 2015, 18h30 "Carte Blanche à Jean-Guihen Queyras", GENEVA CAMERATA, dir. David Greilsammer, JEAN-GUIHEN QUEYRAS, violoncelle (Haendel, Wallin, Gershwin, Berg, Haydn). Bâtiment des Forces Motrices à 20h (billetterie sur le site du GeCa) u 31.10. : Jazz Classics. CASSANDRA WILSON. Victoria Hall à 20h30 (loc. Fnac / Ticketcorner) opéra u 14, 16, 18, 20, 21, 23, 14, 15.10. : LA BELLE HÉLÈNE de Jacques Offenbach, dir. Gérard Daguerre, L'Orchestre de Chambre de Genève, m.e.s. Robert Sandoz. Grand Théâtre (billetterie en ligne sur le site du Grand Théâtre) u 15, 17, 19, 22.10. : LES TROYENS d’Hector Berlioz, dir. Charles Dutoit, Royal Philharmonic Orchestra. Grand Théâtre (billetterie en ligne sur le site du Grand Théâtre) u dimanche 18.10. : Concertus Saisonnus. ARMINE & KARINE MKRTCHYAN, sopranos. ELIZAVETHA TOULIANKINA, piano (airs et duos d’opéra : Mozart, Bellini, Verdi, Massenet, Delibes). Salle Athénée 4 à 17h (Rens. et rés. 076/345.80.76) théâtre u jusqu’au 4.10. : OMBRES SUR MOLIÈRE de et m.e.s. Dominique Ziegler, création., mar+ven à 20h30, mer-jeu-sam-dim à 19h (rés. a g 022/301.68.38 / [email protected]) u jusqu’au 11.10. : 84, CHARING CROSS ROAD d’Hélène Hanff, m.e.s. Pierre Bauer, création. Théâtre des Amis, Carouge, marven à 20h, mer-jeu-sam à 19h, dim à 18h (rens. 022/342.28.74) u jusqu’au 10.10. : RETALK – LE POINT SUR LES TENDANCES ÉROTICOEXOTIQUES DU FOUND FOOTAGE, m.e.s. Julia Perazzini et Valerio Scamuffa. Théâtre Saint-Gervais, salle Isidore Isou, mar-jeu-sam à 20h30, mer-ven à 19h (loc. 022/908.20.20 ou www.saint-gervais.ch) u jusqu’au 18.10. : MALGRÉ LES APPARENCES. Spectacle musical par Maria Mettral et Aliose, m.e.s. Christian Gregori, création. Théâtre du Crève-Cœur, ch. de Ruth, Cologny (rés. 022/786.86.00) u jusqu’au 18.10. : VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT de LouisFerdinand Céline, m.e.s. Philippe Sireuil. Studio André Steiger, marmer-jeu-sam à 19h, ven à 20h, dim à 17h, relâche lun + dim 4.10. (loc. 022/320.50.01 / [email protected]) u jusqu’au 18.10. : VILLA DOLOROSA de Rebekka Kricheldorf, m.e.s. Guillaume Béguin. Poche/ GVE, le 3 à 19h, le 7 à 20h30 / intégrale : les 10, 11, 17 et 18 à 15h (rés. +41 (0)22 310 37 59, http://www.poche---gve.ch) u jusqu’au 18.10. : EXTASE ET QUOTIDIEN de Rebekka Kricheldorf, m.e.s. Guillaume Béguin. Poche/ e n é m e GVE, les 5, 8, 12, 15 à 19h, les 6, 13, 14 à 20h30 / intégrale : les 10, 11, 17, 18 à 19h (rés. +41 (0)22 310 37 59, http://www.poche---gve.ch) u jusqu’au 18.10. : MÜNCHHAUSEN ? d’après R.E. Raspe et G.A. Bürger, m.e.s. Joan Mompart, dès 7 ans. Théâtre Am Stram Gram (Loc. 022/735.79.24 et Service Culturel Migros) u jusqu’au 1.11. : LES ACTEURS DE BONNE FOI de Marivaux, m.e.s. Geneviève Pasquier et Nicolas Rossier. Théâtre de Carouge, salle Gérard-Carrat, mar-mer-jeu et sam à 19h, ven à 20h, dim à 17 (billetterie : 022/343.43.43 - [email protected]) u Du 6 au 18.10. : LE VOYAGE D’ALICE EN SUISSE de Lukas Bärfuss, m.e.s. Gian Manuel Rau. Le Grütli (loc. : [email protected] / 022/888.44.88) u Du 6 au 18.10. : D’ACIER d’après Silvia Avalone, m.e.s. Robert Sandoz. Compagnie L’outil de la ressemblance. Théâtre du Loup, mar- n t o jeu-sam à 19h, mer-ven à 20h, dim à 17h (rés. 022/301.31.00) u Du 9 au 18.10. : THE SEED CARRIERS de Stephen Mottram, m.e.s. Mélanie Thompson, dès 16 ans. Théâtre des Marionnettes (rés. 022/807.31.07) u 10.10. au 6.12. : MAMBO MIAM MIAM! de Pascal Chenu, m.e.s. Annik von Kaenel, création. Théâtre du Crève-Cœur, ch. de Ruth, Cologny (rés. 022/786.86.00) u Du 13 au 18.10. : BARBARA, L’ÂGE TENDRE d’Aude Chollet. Théâtre Alchimic, mar+ven à 20h30, mer-jeusam-dim à 19h (rés. 022/301.68.38 / www.alchimic.ch - loc. Service culturel Migros) u 20 et 21.10. : LA COLÈRE DU TIGRE, avec Claude Brasseur et Yves Pignot. Théâtre du Léman à 20h30 (loc. www.theatreduleman.com) u 27 et 28.10. : Les Théâtrales. Nelson de Jean Robert-Charrier. BFM à 20h30 (Billetterie : www.lestheatrales.ch, www.swiss-event-productions.ch ou points de vente Fnac) A Genève et Neuchâtel D’Acier «D’Acier» © Guillaume Perret Robert Sandoz s’est inspiré du roman de Silvia Avallone pour créer le spectacle “D’Acier“ avec sa compagnie L’outil de la ressemblance. Un nouveau défi pour ce talentueux metteur en scène. La première a eu lieu en mars dernier au Théâtre Benno Besson, à Yverdon, et c’est au tour du Théâtre du Loup d’accueillir en octobre ce spectacle, qui n’est pas qu’un portrait social sombre d’une Italie de banlieue ; en effet, Robert Sandoz souhaite montrer toute l'énergie de la jeunesse, ses désirs, ses projections, ses rêves et ses “coups de gueule“, malgré une réalité qui peut s'avérer dure parfois. Il veut donner à voir toute la poésie incandescente d'une jeunesse qui rêve d'intensité et qui vit, malgré elle, dans une ville qui vibre à la couleur de l'acier et au son de la sidérurgie, dans une forme de désespérance qui confine au sublime. . du mardi 6 octobre au dimanche 18 octobre, au Théâtre du Loup, à Genève - Réservation : 022/301.31.00 . du mardi 27 octobre au jeudi 29 octobre, au Théâtre du Passage, à Neuchâtel - Réservation : 032/717.79.07 d a 91 m é m u Du 27.10. au 1.11. : CACHÉ DANS SON BUISSON DE LAVANDE CYRANO SENTAIT BON LA LESSIVE d’après Rebecca 92 Dautremer, m.e.s. Hervé Estebeteguy, dès 6 ans. Théâtre Am Stram Gram (Loc. 022/735.79.24 et Service Culturel Migros) u Du 27.10. au 7.11. : VOUS REPRENDREZ BIEN UN PEU DE LIBERTÉ… OU COMMENT NE PAS PLEURER ? d’après Marivaux et Naomi Klein, m.e.s. Jean-Louis Houndin. Théâtre SaintGervais (loc. 022/908.20.20 ou www.saint-gervais.ch) u Du 27.10. au 8.11. : JANINE RHAPSODIE de et m.e.s. Julien Mages. Le Grütli (loc. : [email protected] / 022/888.44.88) u Du 27.10. au 15.11. : GERTRUDE – LE CRI & LE CAS BLANCHE-NEIGE d’Howard Barker, m.e.s. Gabriel Alvarez, création. Le Galpon (rés. au 022/321.21.76 au plus tard 2 heures avant le début de l’événement - mail : [email protected]) u Du 27.10. au 15.11. : SHAKE d’après Shakespeare, m.e.s. Dan Jemmett. Théâtre de Carouge, salle François-Simon, mar-mer-jeu et sam à 19h, ven à 20h, dim à 17 (billetterie : 022/343.43.43 - [email protected]) u Du 28.10. au 15.11. : DONNE-MOI SEPT JOURS de Domenico Carli et Isabelle Matter, m.e.s. Isabelle Matter, création dès 6 ans. Théâtre des Marionnettes (rés. 022/807.31.07) u Du 29.10. au 13.11. : DIS-LUI BIEN QUE TU VIENS DE MA PART ! d’Alexandra Thys et David Gobet, m.e.s. Alexandra Thys. Théâtre Alchimic, mar+ven à 20h30, mer-jeu-sam-dim à 19h (rés. 022/301.68.38 / www.alchimic.ch - loc. Service culturel Migros) danse u jusqu’au 11.10. : NARSARSUAQ de Maud Liardon, création. Salle des Eaux-Vives, 82-84 r. Eaux-Vives, à 20h30 / sa 19h, di 18h30 (rés. et billetterie en ligne sur www.adcgeneve.ch) u 11.10. et 15.11. : LES VILLES INVISIBLES 2 ET 3 d’après Ritalo Calvino, chor. Compagnie de l’Estuaire, création. Le Galpon (rés. au 022/321.21.76 au plus tard 2 heures avant le début de l’événement - mail : [email protected]) u Du 28.10. au 8.11. : ADC. CREATURE de József Trefeli et Gabor Varga, création. Salle des EauxVives, 82-84 r. Eaux-Vives, à 20h30 (billets : Service culturel Migros, Stand Info Balexert, Migros Nyon La e n t o Combe) u Du 28.10. au 1.11. : ADC. MOTIFS de Pierre Pontvianne. Salle des Eaux-Vives, 82-84 r. Eaux-Vives, à 20h30 (billets : Service culturel Migros, Stand Info Balexert, Migros Nyon La Combe) u Du 31.10. au 7.11. : ADC. UP de József Trefeli et Mike Winter. Salle des Eaux-Vives, 82-84 r. Eaux-Vives, à 20h30 (billets : Service culturel Migros, Stand Info Balexert, Migros Nyon La Combe) Théâtre de Beaulieu, Lausanne Mikhailovsky Ballet divers u 9.10. : MIKHAIL ZHVANETSKIY - LE SATIRISTE RUSSE. Théâtre du Léman à 20h (loc. www.theatreduleman.com) u Du 13 au 16.10. : ICI C’EST AILLEURS – CRÉATION ET MIGRATION À GENÈVE, conférences, lectures et projections. Théâtre Saint-Gervais (loc. 022/908.20.20 ou www.saint-gervais.ch) LAUSANNE concerts u 2 et 4.10. : LE BLUES DE BILLIE HOLIDAY. Avec le Swiss Yerba Buena Creole Rice Jazz Band et la chanteuse-comédienne américaine Nicolle Rochelle. Espace culturel des Terreaux, ven à 20h, dim à 17h (billetterie 021 320 00 46) su 8.10. : Série Lausanne. OSR, dir. Cornelius Meister, ALEXANDER GAVRYLYUK, piano (Schumann, Bruckner). Théâtre de Beaulieu à 20h15 (loc. 022/807.00.00 / [email protected] ou sur www.osr.ch ou chez Passion Musique) u 19 et 20.10. : O.C.L., dir. Simone Young, SARAH CHANG, violon (Bach, Bruch, Schubert). Salle Métropole à 20h (Billetterie : 021/345.00.25) u 25.10. : ORFEO BAROKORCHESTER, dir. Michi Gaigg, YEREE SUH, soprano, DANIEL JOHANNSEN, ténor, MARGOT OITHINGER, alto, MATTHIAS WINCKHLER, basse (Bach, Fischer, Muffat). Opéra de Lausanne (Billetterie : 021/315.40.20, lun-ven de 12h à 18h / en ligne et infos : www.opera-lausanne.ch) u 25.10. : Les Dominicales. O.C.L., dir. Christian Macelaru, BEAT ANDERWERT, hautbois (Jalbert, Haydn, Mozart). Salle Métropole à 11h15 (Billetterie de l’OCL: Tél. 021 345 00 25) u 29.10. : Série Lausanne. OSR, dir. Charles Dutoit, FRANÇOIS PIOLINO et a g «Duende» par le Mikhailovsky Ballet - photo Stas Levshin Pour son ouverture de saison, l’Opéra de Lausanne vous invite à découvrir le prestigieux Mikhailovsky Ballet, la compagnie de ballet du célèbre Mikhailovsky Théâtre de Saint-Pétersbourg. Lors de cette soirée, les quarante-deux danseurs présents exécuteront trois pièces en un acte de Nacho Duato, dont les idées chorégraphiques sont presque toujours initiées par le choix d’une musique : Ainsi, Schubert inspire “Without words“, alors que “Duende“ est inspiré par Debussy. Enfin, l’inspiration de “Nunc dimittis“ est venue du compositeur Arvo Pärt. . le 1er octobre 2015 à 20h Informations pratiques et réservations : www.opera-lausanne.ch JULIEN BEHR ténors, DAVID WILSONJOHNSON baryton (Ravel). Théâtre de Beaulieu à 20h15 (loc. 022/807.00.00 / [email protected] ou sur www.osr.ch ou chez Passion Musique) u 31.10. : Les Concerts Découvertes. LA CHÈVRE DE MONSIEUR SEGUIN. O.C.L., dir. Piero Lombardi, Comédien/nes de La Manufacture, musique d’Olivier Penard. Salle Métropole à 17h (Billetterie : 021/345.00.25) théâtre u jusqu’au 4.10. : HOME-MADE de et m.e.s. Magali Tosato. VidyLausanne, La Passerelle (loc. 021/619.45.45) u jusqu’au 4.10. : CLÔTURE DE L’AMOUR de et m.e.s. Pascal Rambert. Vidy-Lausanne, salle Charles Apothéloz, mer-ven-sam à 20h, jeu à 19h, dim à 15h (rés. 021/619.45.45 www.billetterie-vidy.ch) u Jusqu’au 4.10. : PRENDS-EN DE LA GRAINE de et m.e.s. Juan Cocho et Diane Dugard. Le petithéâtre (réservation en ligne sur le site du théâtre) e n u Jusqu’au 11.10. : LA VISITE DE LA VIEILLE DAME de Friedrich Dürrenmatt, par le Teatro Malandro, m.e.s. Omar Porras. Théâtre Kléber-Méleau, marmer-jeu-sam à 19h, ven 20, dim à 17h30, relâche les lundis (billetterie au 021 625 84 29 / [email protected]) u Jusqu’au 11.10. QUI EST MONSIEUR SCHMITT de Sébastien Thiéry, m.e.s. Alexandra Thys. Pulloff Théâtres, Industrie 10, me/ve à 20h, ma/je/sa à 19h, di à 18h (réservations en ligne sur : www.pulloff.ch, ou au 021 311 44 22) u 4 et 11.10. : TOUTE-PUISSANCE DE LA POÉSIE de Maurice Chappaz, Philippe Jaccottet et Gustave Roud, m.e.s. Guillaume Chenevière. Théâtre Kléber-Méleau, mar-mer-jeu-sam à 19h, ven 20, dim à 17h30, relâche les lundis (billetterie au 021 625 84 29 / [email protected]) u Du 6 au 9.10. : RÉPÉTITION de et m.e.s. Pascal Rambert. VidyLausanne, salle Charles Apothéloz, mar-jeu-sam à 19h, ven à 20h30 (rés. 021/619.45.45 - www.billetterievidy.ch) u Du 6 au 15.10. : LA POSSIBLE IMPOSSIBLE MAISON par Forced d a m Entertainment, m.e.s. Tim Etchells. Vidy-Lausanne, salle René Gonzalez, à 19h30, dim à 18h30, relâche lundi (loc. 021/619.45.45) u Du 7 au 11.10. : LE CAFÉ DES VOYAGEURS de et m.e.s. Coline Ladetto, par La.La.La Cie. Théâtre 2.21, ven à 20h30, mer-jeu-sam à 19h, dim à 18h (billetterie en ligne : www.theatre221.ch/abos-billets/reservations) u Les 12 et 13.10. : VERKLÄRTE NACHT par la Compagnie Rosas, chor. Anne Teresa de Keersmaeker. VidyLausanne, salle Charles Apothéloz, mar-jeu-sam à 19h, ven à 20h30 (rés. 021/619.45.45 - www.billetterievidy.ch) u Du 22 au 31.10. : LE VOYAGE D’ALICE EN SUISSE de Lukas Bärfuss, m.e.s. Gian Manuel Rau. Théâtre La Grange de Dorigny (rés. 021/692.21.24 + en ligne sur la page du spectacle) u Du 27 au 31.10. : SOUND OF MUSIC de Christophe Fiat, chor. Olivier Dubois. Vidy-Lausanne, salle Charles Apothéloz, mar-jeu-sam à 19h, ven à 20h30 (rés. 021/619.45.45 www.billetterie-vidy.ch) u Du 27.10. au 7.11. : LE MÉRIDIEN d’après Paul Celan, m.e.s. Eric Didry. Vidy-Lausanne, salle René Gonzalez, à 19h30, dim à 18h30, relâche lundi (loc. 021/619.45.45) u Du 27.10. au 15.11. LA CORNEILLE de Lise Vaillancourt, par la Compagnie Marin, m.e.s. François Marin. Pulloff Théâtres, Industrie 10, me/ve à 20h, ma/je/sa à 19h, di à 18h (réservations en ligne sur : www.pulloff.ch, ou au 021 311 44 22) u Du 28.10. au 15.11. : JE M’APPELLE JACK de Sandra Korol, m.e.s. Michel Toman. Le petithéâtre (réservation en ligne sur le site du théâtre) opéra u 2, 4, 7, 9, 11.10. : LA CENERENTOLA de Gioacchino Rossini, dir. Stefano Ranzani, Orchestre de Chambre de Lausanne, m.e.s. Adriano Siniva. Opéra de Lausanne (Billetterie : 021/315.40.20, lun-ven de 12h à 18h / en ligne et infos : www.opera-lausanne.ch) u 14.10. : Forum Opéra - L’ENFANT ET LES SORTILÈGES, Conférence de Yaël Hêche. Salon Alice Bailly de l'Opéra de Lausanne à 18h45 (Informations sur www.forum-opera.ch) danse u 1.10. : MIKHAILOVSKY BALLET, Without Words, Duende, Nunc a g Dimittis, chor. Nacho Duato. Opéra de Lausanne (Billetterie : 021/315.40.20, lun-ven de 12h à 18h / en ligne et infos : www.opera-lausanne.ch) u Du 6 au 8.10. : BEYROUTH 1995, chor. Cie 7273. Théâtre de L’Arsenic (rés. en ligne) divers u Jusqu’au 4.10. : STRANGE DESIRE de Ariane Moret, création autour de la chanteuse et compositrice Peggy Lee. Théâtre 2.21, mar-ven à 20h30, mer-jeu-sam à 19h, dim à 18h (billetterie sur : www.theatre221.ch/abosbillets/reservations) u Du 13 au 18.10. : LOVE ON THE (MÉGA) BYTE, opérette numérique de Lee Maddefort et Benjamin Knobil, par la Cie 5/4e. Théâtre 2.21, à 21h, dim à 17h (billetterie : www.theatre221.ch/abos-billets/reservations) AILLEURS annecy BONLIEU SCÈNE NATIONALE aux Haras d’Annecy, sauf mention contraire (rens./rés. 04.50.33.44.11 / [email protected]) u Du 3 au 7.10. : 887 de et m.e.s. Robert Lepage u 6.10. : C’EST LA VIE d’après Peter Turrini, m.e.s. Claude Brozzoni u 9 et 10.10. : MULTIVERSE, chor. Garry Stewart u 14.10. : CONCERT QUINTET, RICHARD BONA u 16.10. : ORCHESTRE DES PAYS DE SAVOIE – EROICA, dir. Nicolas Chalvin, TEDI PAPAVRAMI, violon (Beethoven) é m e contraire (billetterie : Fribourg Tourisme 026/350.11.00 / [email protected]) Equilibre: +41 26 350 11 00 u 6.10. : ORCHESTRE DE CHAMBRE FRIBOURGEOIS, CONCERT 1, dir. Laurent Gendre, ALEXEI VOLODIN, piano (Schubert, Beethoven) u 9.10. : TIGUIDOU par Brigitte Rosset, m.e.s. Jean-Luc Barbezat et Pierre Mifsud u 13.10. : FOREVER 27 par le Theater in Feiburg u 24.10. : D’JAL PAR D’JAL, m.e.s. Frank Cimière u 30 et 31.10. : L’HISTOIRE DU SOLDAT de Charles-Ferdinand Ramuz, m.e.s. Omar Porras et le Teatro Malandro givisiez THÉÂTRE DES OSSES, 20h, di à 17h (loc. 026/469.70.00) u Du 16 au 25.10. : I BI NÜT VO HIE / JE SUIS PAS D'ICI de et m.e.s. Carlos Henriquez o la chaux-fds THÉÂTRE POPULAIRE ROMAND / CENTRE NEUCHÂTELOIS DES ARTS VIVANTS sauf mention contraire (loc. 032/967.60.50 ou www.arcenscenes.ch/) u Du 20 au 25.10. à Beau-Site : SILSKABOUL d’après Ella Maillart et Annemarie Schwarzenbach, m.e.s. Anne Bisang u 30 et 31.10. à Beau-Site : BY HEART de et par Tiago Rodrigues u 31.10. et 1.11. à L’Heure bleue : THE SEED CARRIERS de Stephen Mottram martigny FONDATION GIANADDA, à 20h, dim à 17h sauf mention contraire (rés. +41 27 722 39 78) u 14.10. : MURRAY PERAHIA, piano, ORCHESTRE DE CHAMBRE DE LAUSANNE (Beethoven) u 15, 16 et 17.10. : LAVERIE PARADIS de Claude-Inga Barbey. Théâtre Alambic à 19h30, sam à 19h (rés. & Sils-Kaboul En juin 1939, alors que le monde commence sa longue descente aux enfers, une Ford Roadster Deluxe quitte la Suisse. Direction Kaboul, via l’Iran. A son bord deux femmes. Ella Maillart, ancienne sportive d’élite, calme et robuste, voyageuse déjà célèbre. Et Annemarie Schwarzenbach, météorite au beau visage d’ange inconsolable dont l’existence est marquée par les passions, l’appel du lointain, les amours homosexuelles et un indéfectible mal de vivre. Expédition ethnographique pour l’une, tentative d’échapper aux sirènes des paradis artificiels pour l’autre. Pour les deux, une façon de fuir la désespérance d’une Europe bientôt à feu et à sang dont les déchirements finiront par les rattraper. Anne Bisang fait entendre les voix de ces deux pionnières, qui de ce périple ont chacune fait un livre. Deux récits qui disent une même utopie : le désir de sauver l’autre. Anne Bisang, credit Guillaume Perret . du 20 au 25 octobre 2015 fribourg THÉÂTRE EQUILIBRE Salle Equilibre à 20h, sauf mention e t Beau-Site, La Chaux-de-Fonds annemasse RELAIS CHÂTEAU-ROUGE à 20h30 sauf mention contraire (loc. +33/450.43.24.24) u 1.10. : CLOC, m.e.s. Maxime Delforges et Jérôme Helfenstein u 3.10. : JEANNE ADDED + STEVANS u 6 et 7.10. : LA 7ÈME VAGUE, m.e.s. Camille u 8 au 10.10. : BENOIT PARADIS TRIO u 10.10. : AVISHAI COHEN TRIO u 17.10. : ZOUFRIS MARACAS n n Réservations : 032/967.60.50 En tournée : . Equilibre — Nuithonie— Fribourg. Du 21 au 23 janvier 2016 . Théâtre du Passage, Neuchâtel, Du 24 au 26 février 2016 d a 93 m é m loc. au 027/722.94.22 ou [email protected]) meyrin THÉÂTRE FORUM MEYRIN (loc. 022/989.34.34) u 7 et 8.10. : BIRDY de William Wharton, m.e.s. Emmanuel Meirieu u 14.10. : LE 4ÈME SOUFFLE, par le Collectif du 4ème souffle u 15.10. : MAURANE u 27 et 28.10. : BIGRE de Pierre Guillois, par la Compagnie le Fils du Grand Réseau u 30 et 31.10. : QUANTUM par la Compagnie Gilles Jobin u 30 et 31.10. : EN QUÊTE DE LA MATIÈRE, documentaire de Mark Levinson u 31.10. : ART ET SCIENCES u 31.10. : LA FIÈVRE DES PARTICULES, documentaire de Mark Levinson mézières 94 THÉÂTRE DU JORAT à 20h, dim à 17h (loc. 021/903.07.55 ou [email protected]) u 3.10. : LE TOURBILLON EMILE JAQUESDALCROZE. Une fête polyvalente pour marquer son 150 ème anniversaire de naissance monthey THÉÂTRE DU CROCHETAN à 20h (loc. 024/471.62.67) u Du 1er au 4.10. : JOURNAL, m.e.s. Stefan Hort u 8 et 9.10. : TOUT IRA BIEN, de et m.e.s. Jérôme Richer u Du 13 au 16.10. : OBSESSION, chor. Stéphanie Boll montreux Auditorium Stravinski, 20h15 sauf mention contraire (loc. 021/962.21.19) u 2 au 4.10. : JAM SESSION MONTREUX u 8.10. : MONTREUX JAZZ ACADEMY u 9.10. : ORCHESTRE DE LA SUISSE ROMANDE, dir. Cornelius Meister, ALEXANDER GAVRYLYUK, piano (Schumann, Bruckner) morges THÉÂTRE DE BEAUSOBRE à 20h sauf mention contraire (loc. 024/471.62.67) u 8 et 9.10. : LA VERITÀ, par la Compagnia Finzi Pasca u 27.10. : LA COLÈRE DU TIGRE de Philippe Madral, m.e.s. Christophe Lidon u 29.10. : DES GENS INTELLIGENTS de e n t Marc Fayet, m.e.s. José Paul neuchâtel THÉÂTRE DU PASSAGE. A 20h, di à 17h (loc. 032/717.79.07) u 22 et 23.10. : OLIVIA PEDROLI u Du 22 au 24.10. : LA CERISAIE, par la Cie du Passage et la Cie G. Bouillon u 25.10. : L’ART DU RIRE de et par Jos Houben u Du 27 au 29.10. : D’ACIER, m.e.s. Robert Sandoz u 28.10. : MÜNCHHAUSEN?, m.e.s. Joan Mompart THÉÂTRE DU POMMIER (rés.. 032/725 05 05) u 1er à 20h et 2.10. à 20h30 : LE ROI SE MEURT d’Eugène Ionesco u Du 8 au 11.10. : MADEMOISELLE WERNER de Claude Bourgeys. Horaire : jeu à 20h, ven-sam à 20h30, dim à 17h u Du 15 au 17.10. : LE ROI NU d’Evgueni Schwartz. Horaire : jeu à 20h, ven-sam à 20h30 u 21 et 22.10. à 20h : GRANDEURS ET DÉCADENCES. Sur les musiques de Kurt Weill et Francis Poulenc u Du 28 au 29.10. à 20h : LA PAIX PERPÉTUELLE de Juan Mayorga u Du 30.10 au 8.11. : MARIONNETTES - FESTIVAL INTERNATIONAL Du 31.10. au 1.11. : Dans L’Atelier / Du 1er au 2.11. : The King / Du 6 au 8.11. : La Triste Figura onex SPECTACLES ONÉSIENS, salle communale à 20h30 (loc. 022/879.59.99 ou SCM 022/319.61.11) u 1.10. : EMMA LE CLOWN, humour u 8.10. : JONA, hip hop rap u 9.10. : CHARLES PASI, blues-soul u 11 et 14.10. : LULU ET CHICHILI, clowns, dès 4 ans pully L’OCTOGONE, à 20h30 sauf mention contraire (loc. 021/721.36.20) u 3.10. : MARIANNE FAITHFULL u 6.10. à 20h : Pour l’Art et le Lutrin. QUATUOR ARTEMIS (Berlin) et MATAN PORAT, piano (JS Bach/Piazzola, Schumann, Brahms) u 8.10. : L’ELIXIR D’AMOUR d’Eric-E. Schmitt, m.e.s. Steve Suissa u 28.10. : LA COLÈRE DU TIGRE de Philippe Madral, m.e.s. Christophe Lidon a g o rolle ROSEY CONCERT HALL, à 20h15 (Billetterie : Ticketcorner) u 6.10. : LE BAL d’après Irène Nemirovski, m.e.s. Virginie Lemoine u 13.10. : POUR L’AMOUR D’UN STRADIVARIUS. La Camerata de Lausanne & Pierre Amoyal, dir. et violon. Cédric Cassimo, Animation de sable. Fabrice Bessire, Mime u 21.10. : ROYAL PHILHARMONIC ORCHESTRA, dir. CHARLES DUTOIT & KHATIA BUNIATISHVILI, piano (Chopin, Dvorak sion THÉÂTRE DE VALÈRE à 20h15, sauf mention contraire (loc. 027/323.45.61) u 1.10. : LES COQUELICOTS DES TRANCHÉES de Georges-Marie Jolidon et Xavier Lemaire, m.e.s. Xavier Lemaire u 6.10. : LES STRADIVARIAS, dir. Eduardo Ortega Egea u 15.10. : TIGUIDOU de Brigitte Rosset, m.e.s. Jean-Luc Barbezat thonon-évian MAISON DES ARTS DU LÉMAN, Espace Maurice Novarina à 20h30, sauf mention contraire (loc. 04.50.71.39.47 ou en ligne : billetterie.mal-thonon.org) u Vendredi 2.10. à 20h : LE BAC 68. Texte, m.e.s. et jeu : Philippe Caubère u Mercredi 7.10. à 10h à Evian, Théâtre du Casino : LA BELLE ET LA BÊTE de Roberto Anglisani et Liliana Letterese, m.e.s. Roberto Anglisani. Chorégraphie Caterina Tavolini u Mardi 6.10. à 20h : LA DEMANDE D’EMPLOI de Michel Vinaver, m.e.s. René Loyon / Compagnie RL u Vendredi 9.10. à 20h30 à Evian, Grange au Lac : SNARKY PUPPY. Jazz u Mardi 13.10. à 20h : MY ROCK. Chorégraphie et texte : Jean-Claude Gallotta / CCN Grenoble Groupe Emile Dubois / Ballet de 13 danseurs u Vendredi 16.10. à 20h : ELDORADO de Laurent Gaudé, m.e.s. Patrick Mohr / Théâtre Spirale u Samedi 17.10. à 20h à Evian, Grange au Lac : ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE BADEN-BADEN, dir. Judith Kubitz / Violon : MARIA SOLOZOBOVA. Programme : Tchaikovski, Sibelius, Beethoven u Dimanche 18.10. à 17h, Lundi 19 à 10h30 et 15h à Thonon, Théâtre M. Novarina & Mardi 20.10. à 17h30 à e n Douvaine, La Bulle & Mercredi 21.10. à 17h30 à Lullin, Salle des fêtes : LE CIEL DES ROIS d’après l’œuvre de Dolf Verroen et Wolf Erlbruch, m.e.s. et décors : Fabrizio Montecchi. Teatro Gioco Vita vevey LE REFLET - THÉÂTRE DE VEVEY. À 19h30, dim à 17h sauf mention contraire (rés. 021/925.94.94 ou L@billetterie) u 1.10. : OXMO PUCCINO TRIO u 6.10. : Arts & Lettres. LAWRENCE POWER, alto. SIMON CRAWFORD PHILLIPS, piano. CHEN HALEVY, CLARINETTE (Mozart - Chostakovitch Maratka- Schumann - Bruch). Salle del Castillo à 19h30 (loc. Le Reflet + 41 21 925 94 94) u 8.10. : TIGUIDOU - TOUT LE MAL QUE L’ON SE DONNE POUR SE FAIRE DU BIEN, par Brigitte Rosset u 20.10. : Arts & Lettres. TRIO JEAN PAUL (Brahms - Dvořák). Salle del Castillo à 19h30 (loc. Le Reflet + 41 21 925 94 94) u Du 28.10. au 8.11. : FRÈRES ENNEMIS de Racine. Cie Les Célébrants. Oriental-Vevey,mer-jeuven à 20h, sam à 19h, dim à 17h30 (rés. 021/925.35.90 ou www.orientalvevey.ch) u 30 et 31.10. : BIGRE par Pierre Guillois villars s/gl. NUITHONIE, à 20h (loc. Fribourg Tourisme 026/350.11.00 / [email protected], ou Nuithonie: 026 407 51 51) u 7.10. : LE NOSHOW de et m.e.s. Alexandre Fecteau u 9.10. : BAL DES 10 ANS u 11.10. : JOURNÉE FAMILIALE, fête des 10 ans u 11.10. : CRÉATION originale pour les 10 ans de Domenico Carli yverdon THÉÂTRE BENNO BESSON (loc. 024/423.65.84) u 21.10. : ALBRECHT MAYER, hautbois u Du 28.10. au 2.11. : ELDORADO de Laurent Gaudé, m.e.s. Patrick Mohr THÉÂTRE DE L’ECHANDOLE (loc. 024/423.65.84 ou 024/423.65.89 une heure avant le spectacle u 8.10. : OLIVIA PEDROLI, jazz u 22.10. : DES FOURMIS DANS LES MAINS, musique u 28.10. : OBSESSION, chor. Stéphanie Boll d a SAMEDI 3 OCTOBRE 2015 – 20H30 Création à Avignon / Nouvelle Production SAMEDI 27 FÉVRIER 2016 – 20H30 DIMANCHE 28 FÉVRIER 2016 – 14H30 HAËNDEL OFFENBACH ACIS AND GALATEA* LA VIE PARISIENNE DIMANCHE 20 MARS 2016 – 14H30 MARDI 22 MARS 2016 – 20H30 DIMANCHE 29 NOVEMBRE 2015 – 14H30 MARDI 1er DÉCEMBRE 2015 – 20H30 LEIGH L’HOMME DE LA MANCHA DELIBES LAKMÉ DIMANCHE 24 AVRIL 2016 – 14H30 MARDI 26 AVRIL 2016 – 20H30 DONIZETTI SAMEDI 26 DÉCEMBRE 2015 – 20H30 DIMANCHE 27 DÉCEMBRE 2015 – 14H30 JEUDI 31 DÉCEMBRE 2015 – 20H30 Nouvelle Production LUCIA DI LAMMERMOOR STRAUSS LA CHAUVE-SOURIS DIMANCHE 15 MAI 2016 – 14H30 MARDI 17 MAI 2016 – 20H30 Création mondiale de la version scénique DIMANCHE 24 JANVIER 2016 – 14H30 MERCREDI 27 JANVIER 2016 – 20H30 Création à Avignon EÖTVÖS SENZA SANGUE* Création à Avignon DONIZETTI MARIA STUARDA* Version concertante BARTÓK LE CHATEAU DE BARBE-BLEUE* MERCREDI 10 FÉVRIER 2016 – 20H30 DIMANCHE 5 JUIN 2016 – 14H30 MARDI 7 JUIN 2016 – 20H00 Création à Avignon PURCELL BIZET CARMEN SAISON 2015 / 2016 RÉSERVATIONS 04 90 14 26 40 www.operagrandavignon.fr *pour la première fois à l’Opéra Grand Avignon THE FAIRY QUEEN*