THEME 2 LA GUERRE AU XXème SIECLE (6 heures) QUESTION 2
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THEME 2 LA GUERRE AU XXème SIECLE (6 heures) QUESTION 2
THEME 2 LA GUERRE AU XXème SIECLE (6 heures) QUESTION 2 DE LA GUERRE FROIDE A DE NOUVELLES CONFLICTUALITES Chapitre 2 Vers de nouvelles conflictualités. INTRODUCTION Définition du sujet : Avec la disparition du monde bipolarisé, les relations internationales ont changé en profondeur et de nouvelles formes de conflits sont apparues. Apres 1989, les rapports de forces internationaux ont été modifiés. Un nouvel ordre mondial est né Comment définir le concept de conflictualité ? Etat de tension résultant de menaces latentes et difficilement identifiables pouvant mener au conflit. La notion de conflictualité nous permet d’appréhender les tensions nées des bouleversements de la fin du XXème siècle-début XXIème siècle : la fin de la Guerre Froide conjuguée à l’accélération de la mondialisation a fait naître un nouvel ordre mondial. Dans ce nouvel ordre, l’ennemi est plus difficile à identifier. Les relations internationales sont aussi devenues plus incertaines car les pays ne sont plus tenus d’appliquer le même type de solidarité face à un ennemi commun. Les clivages idéologiques s’étant atténués, de nouveaux clivages sont alors apparus (géoéconomiques par exemple). Concepts voisins : la crise est un trouble profond, d’une durée limitée et portant sur un événement précis, le conflit est un affrontement direct, tandis que la conflictualité n’a pas de durée limitée et ne porte pas sur un événement précis mais ne donne pas lieu non plus à un affrontement direct. 1 Dans son ouvrage, Qui a peur du XXIème siècle ?, (Ed. La Découverte, 2006) Bertrand BADIE compare le système de relations internationales en vigueur pendant la Guerre Froide et le système postérieur à la Guerre Froide. Le tableau suivant synthétise son travail : SYSTEME PENDANT LA RUPTURE DU SYSTEME SYSTEME POST GUERRE GUERRE FROIDE FROIDE Monde polarisé autour de 2 Chute du mur de Berlin, fin Disparition de la bipolarité. puissances qui se font face. de la puissance soviétique. Les 2 figures structurantes qui permettaient de comprendre les relations internationales ont disparu, ainsi que leurs références idéologiques respectives. La puissance restante (EUA) n’est plus perçue comme protectrice et suscite même des réactions de crainte ou contestation (antiaméricanisme) La relation d’hostilité Croyance en un monde plus Progression des processus organisait les relations apaisé. d’intégration régionale. internationales. La violence internationale La violence a changé de était politique et nature (elle est sociale). Elle interétatique (un Etat créé n’est plus produite par des de la violence pour Etats, mais par des acteurs démontrer sa puissance et disséminés : émeutes, renforcer sa propre guerres civiles, attaques sécurité) terroristes qui recherchent la nuisance plus que l’affirmation de leur puissance. L’équilibre entre les Développement de la Impossibilité de réaliser un puissances était le principal mondialisation (mise en ordre unipolaire, facteur de facteur de paix. relation directe des désordre international : on individus entre eux). s’achemine vers un monde multipolaire. Les logiques d’alliances et Crise lente de l’Etat-Nation. La sécurité globale d’alignement avec l’un ou (économique, sociale, l’autre camp sont culturelle, environnementale) alimentées par le besoin de se substitue à la notion de protection et de sécurité sécurité nationale. nationale. 2 Objets d’étude : La notion de conflictualité ainsi que ses grands axes d’étude seront abordés à travers l’étude de ces trois cas. o Un conflit armé : Guerre du Golfe, 1990-1991 o Un lieu : Sarajevo, 1992-1995 o Un acte terroriste, le 11 septembre 2001 Un lieu Guerre Froide : Nouvelles Conflit conflictualités idéologique, conflit de puissance Berlin (1945-89) Sarajevo (1992-1995) Un conflit armé Guerre Vietnam 75) du Guerre du (1965- Golfe (199091) Une crise Crise des missiles Un acte de Cuba (1962) terroriste : le 11 septembre 2001 Le programme compare le siège de Sarajevo à la situation emblématique de Berlin durant la Guerre Froide et de la bipolarisation du monde. Sarajevo est le symbole des nouvelles guerres. La Guerre du Golfe est la 1ere guerre depuis celle du Vietnam pour les EUA, mais elle représente aussi le nouveau rôle des EUA, les changements dans les conflits interétatiques et l’évolution du droit international. Le programme fait de la crie de Cuba et du 11 septembre 2 moments particuliers de la période à laquelle ils appartiennent. Cuba est le paroxysme de la Guerre Froide et le 11 sept est un moment charnière pour la place et le rôle des EUA dans le monde : nouvel interventionnisme et tentative d’imposer un unilatéralisme. Problématique : Dans quelle mesure le siège de Sarajevo en 1992-1995, la guerre du Golfe en 1990-1991 et l’attentat du 11 septembre sont-ils révélateurs des nouvelles conflictualités et du bouleversement des relations internationales depuis la fin de la Guerre Froide ? 3 Cette question nous conduit nous demander quels rôles nouveaux vont jouer les EUA et l’ONU dans un contexte d’instabilité et d’incertitudes des relations internationales et pour répondre à de nouvelles formes de conflictualités. PLUSIEURS TYPES DE PLANS SONT POSSIBLES PLAN 1 : Approche par espaces 1. De nouveaux facteurs de conflit : la Guerre du Golfe 2. De nouveaux espaces de conflit : Sarajevo 3. De nouvelle formes et de nouveaux acteurs de conflit : le 11 septembre 2001 PLAN 2 : Approche thématique 1. Trois nouveaux enjeux de conflit : le pétrole, le nationalisme, l’intégrisme religieux. 2. Trois nouveaux espaces de conflit : le désert, les Balkans, une métropole d’un pays du Nord. 3. Trois formes de conflit particulières : intervention de l’ONU, épuration ethnique, attentat contre des populations civiles. PLAN 3 : Approche « croisée » thématique et spatiale 1. Un ordre mondial incertain depuis la fin de la Guerre Froide 2. L’entrée dans une nouvelle phase des relations internationales depuis l’attentat du 11 septembre 2001. Plan : 1. Un ordre mondial incertain depuis la fin de la Guerre Froide. 2. L’entrée dans une nouvelle phase des relations internationales depuis l’attentat du 11 septembre 2001. 4 1. Un ordre mondial incertain depuis la fin de la Guerre Froide. A- La fin de la Guerre Froide favorise la naissance d’un monde multipolaire. Avec la fin de la Guerre Froide, le rôle de l’ONU change. En effet, pendant la Guerre Froide le Conseil de Sécurité de l’ONU était paralysé par la rivalité entre les EUA et l’URSS. Or, avec la disparition de l’URSS on espère que le nouvel ordre pourra se fonder sur le respect du Droit international. On en attend également le développement de relations multilatérales, c'est-à-dire basées sur la concertation et la négociation entre Etats sous l’égide de l’ONU. Dans ce contexte, peut-on dire que la Guerre du Golfe (1990-1991) inaugure cette nouvelle ère des relations internationales ? ETUDE DE DOCUMENTS SUR LA GUERRE DU GOLFE -> En quoi cette guerre marque t-elle une rupture dans les relations internationales ? Origines du conflit : En août 1990, l’Irak, dirigé par Saddam Hussein, envahit le Koweït, petit Etat pétrolier voisin et l’annexe. Il semble que Saddam Hussein comptait sur l’immobilisme de l’ONU puisqu’il s’attendait au veto de son allié russe au Conseil de Sécurité. Au contraire, M. Gorbatchev condamna l’agression irakienne et apporta son soutien aux EUA. C’est pourquoi, et contre l’attente de Saddam Hussein, cette violation du droit international suscite une réponse de la communauté internationale qui parvient à réunir une large coalition formée de 34 pays venant de continents différents afin de riposter et de libérer le Koweït. Cette coalition mandatée par l’ONU atteste donc d’un nouveau contexte international. Si cette coalition mandatée par l’ONU sert à légitimer l’intervention militaire contre l’Irak, elle permet aussi aux EUA de s’imposer au Moyen-Orient et de sécuriser leurs approvisionnements en pétrole. 5 Déroulement du conflit : La coalition internationale réunit plus de 900.000 hommes contre les 540.000 soldats de l’armée irakienne. Le 29 novembre 1990, les sanctions économiques et les tentatives de règlement diplomatique ayant échoué, l’ONU autorise le recours à la force si l’Irak n’a pas évacué le Koweït le 15 janvier 1991. Saddam Hussein n’ayant pas cédé, l’opération « Tempête du désert » est lancée le lendemain avec un bombardement massif sur les sites irakiens suivi d’une offensive terrestre qui, en quelques jours, conduit l’armée irakienne à se retirer du Koweït. A la fin de la guerre, le 27 février 1991, l’Irak compte 150.000 victimes militaires et civiles, contre 240 soldats alliés. Bilan : une réaffirmation de l’ONU à nuancer : La Guerre du Golfe marque l’entrée dans une nouvelle époque des relations internationales car la libération du Koweït est légitimée par le respect du Droit international et par la participation d’une large coalition internationale. Toutefois, si l’ONU a su réagir dans ce conflit, d’autres problèmes demeurent sans réponse : l’instabilité au Moyen-Orient est toujours grande, la question palestinienne n’est toujours pas réglée par exemple. En fait, cette intervention, bien qu’internationale, apparaît bien comme une guerre étasunienne et la victoire est davantage la manifestation de l’hyperpuissance des EUA. En fait, dès le lendemain de la fin du conflit, personne n’est dupe : il devient évident que cette intervention militaire dominée par les EUA répondait avant tout au souci d’affirmer le rôle de leader des EUA dans le monde de l’après Guerre Froide et de sécuriser l’approvisionnement en pétrole de la puissance EU, plus que de faire respecter les droits de l’Homme. En effet, s’il s’était agi de faire respecter les droits de l’Homme, la coalition n’aurait pas laissé S. Hussein réprimer les populations (Kurdes et chiites, notamment) qui s’étaient révoltées conte sa dictature. Cette intervention contre l’Irak a considérablement détérioré l’image des EUA et du monde occidental dans le monde arabe. 6 B- L’instabilité des années 1990 a- Le siège de Sarajevo (1992-1995) : le retour de la guerre en Europe. La Guerre Froide n’avait pas fait disparaître les tensions en Europe, mais elle y maintenait une certaine stabilité. Cependant, avec l’éclatement du bloc soviétique et l’effondrement des régimes communistes en Europe centrale, des tensions anciennes (souvent de nature ethnique, religieuse, identitaire) réapparaissent au sein de certains de ces pays. Le plus touché par ces tensions est la Yougoslavie. La Yougoslavie est un Etat né au lendemain de la Première Guerre mondiale du démantèlement de l’Empire austro-hongrois dominé par les Serbes, mais il est multiethnique car composé de populations slaves mais de religions différentes. Les Slovènes et Croates sont catholiques, les Serbes, Monténégrins et Macédoniens sont orthodoxes et les Bosniaques sont musulmans. La chute du régime communiste fait ressurgir les nationalismes qui déjà existaient avant la Première Guerre mondiale : chaque nationalité souhaite posséder son propre Etat alors que les diverses populations qui composent cet Etat sont largement mêlées dans le pays. Le conflit éclate lorsque que les populations non serbes de Yougoslavie manifestent leur désir d’accéder à l’indépendance (notamment la Croatie et la Bosnie-Herzégovine). Les Serbes de Bosnie, menés par Radovan Karadzic et soutenus par les Serbes de Serbie de Slobodan Milosevic, refusent toute accession à l’indépendance car ils souhaitent maintenir la fédération pour en faire une « Grande Serbie ». Sarajevo, capitale (qui se trouve en BosnieHerzégovine) et symbole d’une région multiethnique, est l’un des principaux enjeux de l’affrontement. Les Serbes assiègent la ville de Sarajevo de 1992 à 1995 et harcellent ses habitants par des bombardements quotidiens et leur font subir d’importantes privations. Les bombardements sont réalisés par des milices serbes. Les tirs de Snipers visent les militaires bosniaques, mais aussi les civils dans le but de les terroriser. Les milices serbes pratiquent le « nettoyage » ou 7 « épuration ethnique » qui peut prendre plusieurs formes : exécutions, comme à Srebrenica (7000 bosniaques musulmans massacrés en 1995), déportations dans des camps, actes de terreurs (pillages, viols collectifs) destinés à faire fuir certaines communautés afin de rendre une région ethniquement homogène. Des massacres sont également commis par des milices croates contre les musulmans qui réagissent à leur tour par des exactions. Bilan humain : 10.000 morts à Sarajevo, 50.000 blessés, des milliers de déplacés. Les Serbes acceptent de lever le siège de Sarajevo au bout de trois ans. Sous l’impulsion des EUA, sont signés en novembre 1995 les Accords de Dayton qui rétablissent la paix en Bosnie-Herzégovine. b- Que nous enseigne le siège de Sarajevo sur les nouvelles formes de conflictualités et sur les relations internationales dans les années 1990 ? Le siège de Sarajevo témoigne des nouvelles formes de conflictualités des années 1990 : Ce n’est pas une guerre conventionnelle puisqu’elle n’oppose pas des armées régulières. Il s’agit d’une guerre civile opposant des milices et l’essentiel des victimes sont des civils. Outre, la guerre en exYougoslavie, entre 1990 et 2004, les conflits interétatiques deviennent minoritaires (4 sur 57 seulement), les civils représentent 70% des victimes. Le renouveau des nationalismes à l’origine de ce conflit est un autre fait marquant des conflits de la dernière décennie du XXème siècle. Ils se manifestent en outre de manière très violente : « nettoyage ethnique ». La fin de la Guerre Froide ne signifie donc pas la paix, mais l’apparition d’un nouveau type de conflit : les conflits identitaires se multiplient (Rwanda, Tchétchénie) et la communauté internationale est incapable 8 de les régler. Dans certains pays musulmans, ce réveil identitaire se manifeste par l’essor de l’islamisme. Le manque de réaction de la communauté internationale témoigne de l’échec du nouvel ordre international qui semblait se dessiner au lendemain de la Guerre du Golfe : L’ONU et l’UE se sont révélées impuissantes face cette crise, ce qui a favorisé l’intervention des EUA. Au moment de la guerre civile yougoslave, l’UE essayait de s’affirmer comme puissance politique (Traité de Maastricht, 1992) en mettant en place une Politique Etrangère et de Sécurité Commune (PESC). Toutefois, au moment de mettre en œuvre cette politique commune en répondant d’une seule voix au conflit yougoslave, ce fut un échec. En effet, le RU refuse l’envoi d’une force armée. Tandis que l’Allemagne reconnaît les nouveaux Etats indépendants, la France manifeste son attachement au maintien de la Yougoslavie. Dans ce contexte, l’ONU répond en mettant en place la FORPRONU (Force de Protection des Nations Unies), mais cette force reçoit très peu de moyens car la communauté internationale ne la soutient pas. Finalement, sa mission doit se limiter à l’acheminement de l’aide alimentaire sous le contrôle des Serbes. C’est pourquoi, les seuls qui se révèlent capables de mettre un terme à ce conflit sont les EUA dans le cadre de l’OTAN. Apres avoir bombardé les forces serbes en août 1995, ils obtiennent que les Serbes acceptent de négocier, ce qui aboutit à la signature des Accords de Dayton en novembre 1995 entre la Serbie (représentée par Slobodan Milosevic), la Croatie (Franjo Tudjman) et la Bosnie-Herzégovine (Alija Izetbegovic). Ces accords prévoient une partition de la BosnieHerzégovine entre la Fédération croato-bosniaque et la République serbe de Bosnie, ainsi que le déploiement d’une force de paix multinationale, l’IFOR dirigée par l’OTAN. 9 A LIRE, CE COURT ARTICLE DU MONDE DIPLOMATIQUE SUR LES ACCORDS DE DAYTON : http://www.monde-diplomatique.fr/cahier/kosovo/dayton Ce règlement de la guerre yougoslave piloté par les EUA après l’échec des opérations menées par l’UE et l’ONU, renforce le rôle de « gendarme du monde » joué par les EUA. Par ailleurs, la manifestation de cette hyper-puissance fait l’objet de contestations croissantes qui s’expriment notamment par des attentats terroristes. Un point positif cependant : création du TPIY (Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie) en 1993 : justice internationale sous l’égide de l’ONU. 2. L’entrée dans une nouvelle phase des relations internationales depuis l’attentat du 11 septembre 2001. A- Le choc du 11 septembre. Les attentats du 11 septembre contre le World Trade Center à NY et contre le Pentagone sont qualifiés de terroristes, c’est-à-dire : actes de violences commis par une organisation (ici Al Qaïda, réseau terroriste islamiste fondé par Oussama Ben Laden) pour créer dans une population un climat de terreur et d’insécurité afin de faire pression sur un Etat. Les attentats du 11 septembre ont causé un véritable choc international par leur magnitude (3.000 morts) et la médiatisation dont ils ont fait l’objet, mais aussi pour les cibles touchées qui symbolisent la puissance économique (World Trade Center) et militaire (Pentagone) des EUA. Ces attentats témoignent non seulement de la vulnérabilité des EUA, mais aussi de la montée en puissance de l’islamisme et du niveau de contestation et d’hostilité généré par l’hyper puissance EU. 10 B- Les mutations des relations internationales. a- Montée de l’islamisme L’islamisme est une doctrine qui veut faire de l’Islam et de la loi islamique (charia) le fondement de la vie politique et sociale dans le monde musulman. Elle s’accompagne d’un rejet de l’influence occidentale accusée de dominer et d’affaiblir le monde musulman. Certains islamistes radicaux préconisent le recours au terrorisme contre les « infidèles », c’est-à-dire les non-musulmans. L’apparition et l’évolution de l’islamisme dépend étroitement du contexte politique international : L’islamisme apparaît sur la scène internationale en 1979 avec la révolution islamique iranienne conduite par l’ayatollah Khomeiny, qui donne naissance à la République islamique d’Iran. L’islamisme se renforce ensuite avec l’occupation de l’Afghanistan par l’URSS entre 1979 et 1989. C’est pour lutter contre les Soviétiques que le riche Saoudien Ben Laden fonde Al Qaïda en 1987. Les Talibans (islamistes radicaux) qui prennent le pouvoir à Kaboul en 1996 sont des islamistes issus de la résistance à l’URSS. Dans les années 1990, Ben Laden désigne les EUA comme les ennemis de l’islam. Il leur reproche leur soutien à Israël, mais aussi de maintenir des bases militaires en Arabie Saoudite malgré la fin de la Guerre du Golfe. La catastrophe humanitaire causée en Irak par l’embargo EU exacerbe la haine contre les EUA parmi les populations arabo-musulmanes, de même que la situation des Palestiniens. Se généralise alors l’idée que les EUA sont les ennemis des musulmans. C’est dans ce contexte de montée graduelle de l’islamisme qu’au cours des années 1990 Al Qaïda conduit une série d’attentats dont ceux qui touchent les ambassades des EUA en Tanzanie et au Kenya en 1998. 11 b- Guerre contre le terrorisme Dans les années 1990, commence la lutte contre le terrorisme islamiste. Puis, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, le président G. W. Bush (2000-2008) annonce la « guerre contre le terrorisme ». L’émotion créée par les attentats suscite d’abord une quasi-unanimité au sein de la communauté internationale qui se joint à la décision EU d’intervenir en Afghanistan sous l’égide de l’ONU. Ce consensus permet aux EUA de conduire une coalition qui met fin au régime des Talibans en Afghanistan dès l’automne 2001. c- L’isolement des EUA Toutefois, le consensus de la communauté internationale s’est rompu lorsque les EUA ont pris la décision d’intervenir en Irak. En 2003, l’ONU a refusé de donner son aval à cette intervention militaire. L’UE s’est trouvée également divisée et n’a pas pu répondre d’une seule voix. Tandis que la GB, l’Italie et la Pologne par exemple se joignent aux EUA ; la France et l’Allemagne refusent de cautionner l’intervention. La France remet en question les arguments américains selon lesquels Saddam Hussein développait des armes de destruction massive (plus tard, il fut démontré qu’aucune preuve de ces armes n’avait été trouvée). Finalement, les EUA sont intervenus avec quelques alliés, mais sans l’accord de l’ONU. L’intervention s’est soldée par la mort de Saddam Hussein en 2003. Sur le plan des relations internationales, cette intervention EU apparaît globalement plutôt comme un échec : La guerre a provoqué une guerre civile, entraînant le maintien coûteux de troupes EU jusqu’en 2011. L’image des EUA s’est trouvée détériorée, d’autant que les accusations qui avaient justifié la guerre n’ont jamais été prouvées. 12 Non seulement, cette guerre n’a pas permis de stopper le terrorisme islamiste, mais au contraire il l’a ravivé. Finalement, la décision prise par les EUA au mépris de l’ONU a mis un terme à tout espoir de multilatéralisme (relations internationales fondées sur la concertation entre Etats), les EUA imposant au contraire leur volonté d’agir seuls sur la scène internationale (unilatéralisme). CONCLUSION Au lendemain de la Guerre du Golfe, un espoir était né de nouvelles relations internationales multilatérales fondées sur la concertation entre Etats. Toutefois, l’incapacité de l’Union Européenne de définir une politique internationale cohérente a ouvert la voie à l’unilatéralisme EU au moment du siège de Sarajevo. Cette voie vers l’hégémonisme EU s’est finalement trouvée renforcée avec la guerre menée presque unilatéralement par les EUA en réponse aux attentats du 11 septembre 2001. 13