Industries culturelles et créatives et développement
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Industries culturelles et créatives et développement
Journée d’information - Belfort 29/04/10 La politique européenne de la culture : rôle des réseaux et dimension territoriale Industries culturelles et créatives et développement économique local Fabrice THURIOT, docteur en droit public, ingénieur d’études au CRDT - Centre de recherche sur la décentralisation territoriale (EA 3312 - GIS GRALE CNRS) - Université de Reims Champagne-Ardenne Associé à la Chaire Arts, Culture et Management en Europe de BEM-Bordeaux Management School et à l’Institut national de la recherche scientifique, Québec 1 Définitions et problématique tirées de Gombault A., Livat-Pécheux F., Durrieu F., L’AlphaBEM des industries créatives, BEM Bordeaux Management School, 2009 ; Comprendre les industries créatives, les statistiques culturelles et les politiques publiques, UNESCO et Global Alliance for Cultural Diversity et de www.ilo.org/public/french//region/afpro/abidjan/publ/oit9/combat6 .pdf pour le développement économique local 2 Industries culturelles Le terme industries culturelles fait référence à des industries qui touchent à la fois la création, la production et la commercialisation de contenus créatifs de nature culturelle et immatérielle. Les contenus sont généralement protégés par le droit d’auteur et ils peuvent s’apparenter à un bien ou à un service. Les industries culturelles incluent l’édition imprimée et le multimédia, la production cinématographique audiovisuelle et phonographique, ainsi que l’artisanat et le design. 3 Industries créatives • Le terme industries créatives comprend un plus grand ensemble d’activités qui englobent les industries culturelles auxquelles s’ajoutent toutes les activités de production culturelle ou artistique, qu’elles aient lieu en direct ou qu’elles soient produites à titre d’entités individuelles. • Les industries créatives sont celles dont les produits ou les services contiennent une proportion substantielle d’entreprise artistique ou créative et comprennent des activités comme l’architecture et la publicité. • Ces termes sont souvent utilisés l’un pour l’autre alors qu’ils sont différents. • Les enjeux de diversité, de mondialisation et de NTIC ont mis la culture au centre de l’économie. 4 Développement économique local • Le développement économique local est une stratégie de promotion de l’emploi à travers le développement de micro et petites entreprises, le renforcement du dialogue social et de la planification du développement. • Au centre de cette approche figure la création de partenariats entre secteur public et privé afin de regrouper les acteurs de l’économie locale, y compris les représentants gouvernementaux et locaux, les associations patronales et syndicales, les chambres de commerce, les coopératives, les groupements de producteurs, les associations, les individus… 5 Problématique • « La nouvelle économie de la culture est bien en train de gagner les politiques publiques françaises, même si c’est très tardivement, 15 ans après le RU qui l’a inventée et tous les pays anglophones, mais de manière interrogative et critique sur la synthèse avec le modèle français de l’Etat culturel, les limites en économie (impacts) et les niveaux de compétence culturelle, économique et gestionnaire des élus et acteurs culturels région (question de la décentralisation culturelle). Le risque rhétorique de l’économie créative est bien illustré par le mythe de la ville créative. » Anne Gombault, BEM. 6 I - Industries culturelles et créatives Cf. Gombault A., Livat-Pécheux F., Durrieu F., L’AlphaBEM des industries créatives, BEM Bordeaux Management School, 2009 ; UNESCO et Global Alliance for Cultural Diversity, Comprendre les industries créatives, les statistiques culturelles et les politiques publiques, et CNUCED, Rapport sur l’économie créative, 2008 7 Une évolution récente des statistiques culturelles • En 1986, l’UNESCO a publié un ouvrage de référence, le Cadre de l’UNESCO pour les statistiques culturelles (Framework for Cultural Statistics, FCS), première tentative complète pour développer des méthodologies permettant de saisir l’information sur les activités culturelles. • Le cadre propose également des matrices qui s’appliquent à toutes les catégories avec des fonctions telles que création/ production, transmission/diffusion, consommation, enregistrement/protection et participation. 8 Le FCS définissait neuf catégories culturelles • • • • • (0) patrimoine culturel ; (1) imprimés et littérature ; (2 et 3) musique et arts du spectacle ; (4) arts visuels ; (5 et 6) média audiovisuel (5 cinéma et photographie ; 6 radio et télévision) ; • (7) activités socioculturelles ; • (8) sports et jeux ; • (9) environnement et nature. 9 L’influence du Royaume-Uni • Le Royaume-Uni a joué un rôle pionnier dans le développement de ces modèles d’analyse, avec la production, par le Département de la culture, des médias et des sports (DCMS), des premiers documents de mapping des industries culturelles en 1998 et 2001, dans un effort pour régénérer les villes industrielles en pleine crise économique. • Ces documents définissaient et classaient les industries créatives en treize domaines distincts : (1) publicité, (2) architecture, (3) art et antiquités, (4) artisanat, (5) design, (6) mode, (7) cinéma et vidéo, (8) logiciels interactifs de loisir, (9) musique, (10) arts du spectacle, (11) édition, (12) services informatiques et de logiciels, (13) télévision et radio. 10 Classification(s) retenue(s) (industries = secteurs, filières) • • • • • • • Patrimoine culturel (et arts visuels) Arts du spectacle (et arts plastiques) Industries de l’audiovisuel (industries Édition et information écrite (culturelles) Nouveaux médias (industries culturelles) Création industrielle Services créatifs, y compris architecture et publicité (+ design, relations publiques, TIC, éducation, recherche) + industries de goût : artisanat, luxe, mode, gastronomie, vins et spiritueux… + industries de loisirs et de divertissement : parcs d’attraction, tourisme, hôtellerie, sport, jouet, loisirs créatifs… 11 Statistiques (CNUCED) • Entre 2000 et 2005, le commerce international de biens et services créatifs a connu une croissance annuelle sans précédent, soit 8,7% en moyenne. La valeur des exportations mondiales de biens et services créatifs a atteint 424,4 milliards de dollars en 2005, ce qui représentait 3,4 % de l’ensemble des échanges mondiaux. • Le chiffre d’affaires des industries créatives européennes a atteint 654 milliards d’euros en 2003, augmentant à un rythme supérieur de 12,3 % à celui de l’activité économique dans l’ensemble de l’Union européenne et employant plus de 5,6 millions de personnes. (Voir Économie de la culture en Europe, étude réalisée pour la Commission européenne par KEA, European Affairs, Bruxelles, 2006). 12 Statistiques (CNUCED) 2 • À mi-parcours de la première décennie du XXIe siècle, la contribution des industries créatives au PIB des pays développés se situait en moyenne entre 3 et 6% [pour 2,4 à 5% de l’emploi total]. • Il ressort par exemple des estimations récentes établies par l’OCDE pour les pays membres de cette organisation que les industries créatives aux États-Unis et en France représentaient environ 3 % de la valeur brute ajoutée en 2002-2003, proportion qui atteignait près de 6 % au Royaume-Uni. • Les exportations par les pays en développement de biens créatifs connexes (ordinateurs, appareils photographiques, télévisions, radios et matériel audiovisuel notamment) ont rapidement progressé entre 1996 et 2005, passant de 51 milliards de dollars à 274 milliards de dollars. 13 L’industrie des idées (CNUCED et les auteurs anglo-saxons, cf. biblio) • Les “industries créatives” concernent les cycles de création, de production et de distribution de biens et de services dans lesquels la créativité et le capital intellectuel représentent les éléments essentiels. • Au-delà de l’information, du savoir et de la connaissance, il s’agit de biens tangibles et de services intellectuels ou artistiques intangibles ayant un contenu créatif, une valeur économique et des objectifs commerciaux. • Les droits de la propriété intellectuelle représentent la pierre angulaire des industries créatives, qu’ils soient rémunérés ou libres (monnaie d’échange). • Les individus sont à la base de la créativité, secondés par le travail collaboratif puis les formes d’entreprises. • Pour garantir la production d’idées, il faut soit leur rémunération correcte, soit une prise en charge sociale contre l’incertitude du marché sur le moyen, voire le long terme (« flexicurité » cf. les pays francophones occidentaux). 14 Créativité et innovation • La “créativité” désigne la formulation d’idées nouvelles et l’application de ces idées à la production d’oeuvres d’art et produits culturels originaux, de créations fonctionnelles, d’inventions scientifiques et d’innovations technologiques. • La créativité comporte donc un aspect économique d’entreprise, encourage l’innovation, observable dans la manière dont elle contribue à l’esprit, augmente la productivité et favorise la croissance économique. • « La créativité se trouve dans la personne et est subjective, l’innovation repose sur le groupe et est objective ». Interview de John Howkins, auteur de « The Creative Economy: How People Make Money From Ideas » http://www.wipo.int/sme/fr/documents/cr_interview_howkins.htm 15 L’économie créative (CNUCED) • L’économie créative est une notion en mutation fondée sur des avoirs créatifs capables de produire un effet sur la croissance économique et le développement ; • Elle peut être une source de revenus, créer des emplois et produire des recettes d’exportation tout en favorisant l’inclusion sociale, la diversité culturelle et le développement humain ; • Elle englobe les aspects économiques, culturels et sociaux qui sont liés aux objectifs en matière de technologie, de propriété intellectuelle et de tourisme ; • Elle désigne un ensemble d’activités axées sur les connaissances, comporte une dimension développement et se rattache à l’économie dans son ensemble, à grande ou à petite échelle ; • Elle représente une option de développement réalisable qui nécessite des stratégies multisectorielles de la part des pouvoirs publics et des mesures interministérielles ; • Les industries créatives sont au coeur de l’économie créative. 16 Analyse intersectorielle • Une méthode sociologique a porté sur la notion de “classe créative” dans la société, qui se composerait de travailleurs intellectuels, scientifiques et artistiques dont la présence engendrerait un dynamisme économique, social et culturel. • D’autres méthodes ont insisté sur le rôle de la culture dans l’émancipation sociale. Au-delà même du secteur de l’urbanisme, la notion de “ville créative” est désormais reconnue, alors que les géographes s’intéressent aux aspects géostratégiques de l’activité créative sous forme de groupes, de réseaux et de districts créatifs. 17 Les indices critiquables de Florida • Une qualité de vie ainsi qu’une population diversifiée et tolérante seraient un meilleur gage de réussite que les autres facteurs selon Richard Florida, professeur à l’Université Carnegie Mellon de Philadelphie. Auteur du livre The rise of the creative class (2002), il explique que les gens sont la vraie source de la croissance économique. • l’indice bohémien, qui reflète la vigueur du milieu culturel, soit les activités grand public et underground, • et l’indice gai, qui évalue le nombre d’homosexuels dans une ville, ce nombre étant considéré comme révélant la tolérance et le dynamisme d’une ville. » • Ces critères sont critiqués car ils ne sont pas vérifiés ou même vérifiables partout. De plus, le premier est vague et le second est discriminatoire. • Les activités culturelles ne sont pas premières dans les choix d’implantation d’entreprises, même si elles peuvent y contribuer (cf. Xavier Greffe). 18 Autres domaines concernés • • • • • • • • • • • développement économique et croissance régionale; urbanisme; commerce international; relations professionnelles et industrielles; migrations; investissements nationaux et étrangers; technologie et communications; art et culture; tourisme; protection sociale; éducation. 19 Recommandations pour des politiques d’économie créative • établissement d’inventaires des atouts culturels et des industries créatives; • développement et financement des PME (microfinancement, par exemple); • lois sur les droits d’auteur et leur application; • appui aux artistes et aux arts, à la fois directement (par des mesures financières) et indirectement (en encourageant l’aide du secteur privé); • conservation du patrimoine culturel tangible et intangible; • expansion des capacités numériques et des compétences; • développement du marché interne et du marché d’exportation; • promotion du tourisme; • éducation, formation et développement des compétences; • aide au secteur industriel (par exemple au moyen de mesures incitatives à l’investissement, • avantages fiscaux, etc. 20 Exemple 1 : La maison d’édition Laterza, Bari, Italie • Laterza et Technopolis développent en commun un outil et une publication mettant en valeur le patrimoine culturel de la ville. Cette activité fait partie intégrante d’une stratégie générale visant à développer un environnement innovant dans la ville et la région, articulant culture, créativité, entrepreneuriat et technologie. Un des instruments utilisés par Technopolis pour promouvoir l’entrepreneuriat est l’incubation d’entreprises. Avec la région des Pouilles (Puglia), Bari rend la culture et le patrimoine accessibles via les nouveaux médias. • Délégation interministérielle à la ville (DIV), Les activités culturelles, les industries créatives et les villes, réseau URBACT Culture, Ministère du Logement et de la Ville, février 2008, p. 63 http://www.ville.gouv.fr/article.php3?id_article=276 21 II- Economie créative et développement économique local Des villes créatives à la régénération urbaine : des impacts économiques à étendre 22 Le concept de villes créatives • Le concept de « villes créatives » n’est que la déclinaison contemporaine de la fonction originelle d’innovation et de rayonnement des villes. • Depuis l’Antiquité, les villes se sont justifiées par la protection de la population environnante, l’administration, l’encadrement de la production agricole puis manufacturée avant le développement des services. • Ainsi les cités grecques rayonnaient sur un territoire, de même que les villes italiennes de la Renaissance. • Les innovations naissent principalement dans les villes du fait de la concentration des personnes, des activités et des responsabilités. 23 Le concept de villes créatives 2 • Les villes ont besoin de mécanismes institutionnels et politiques, c'est-à-dire d'un mode de gouvernance spécifique, pour développer les industries créatives. Leur capacité d'innovation est primordiale, mais elles doivent aussi avoir la capacité à adapter et diffuser les nouveautés. • La communauté doit être capable d'absorber l'innovation, de supporter l'expérimentation, les échecs, puis le renouvellement de l'activité. • Sur la base de l'étude de plusieurs villes américaines, Wu (2005) met en évidence six caractéristiques majeures des villes créatives : 24 Caractéristiques majeures des villes créatives 1 1) Les institutions de recherche locales de haut niveau jouent un rôle crucial dans la construction de ponts entre la technologie et l'industrie. Les communautés créatives émergent à proximité des centres de recherche, où l'apprentissage et l'activité industrielle sont enchevêtrés dans la culture locale, à la condition que ces institutions aient la capacité à attirer des chercheurs de haut niveau. L'impact de ces centres en matière d'innovation et d'entrepreneuriat ne doit néanmoins pas être surestimé. 25 Caractéristiques majeures des villes créatives 2 2) La disponibilité de capital-risque au niveau local est nécessaire pour maintenir un flux d'investissement significatif et continu. Les pertes financières peuvent en effet être importantes en début d'activité, le temps nécessaire au développement des produits peut être supérieur à dix ans et le taux de commercialisation de ceux-ci très faible. Le développement de clusters créatifs permet aux fondateurs d'entreprises à succès de devenir à leur tour des capitaux-risqueurs. 26 Caractéristiques majeures des villes créatives 3, 4 et 5 3) L'existence de firmes ancrées localement est nécessaire pour stimuler la croissance des autres entreprises et mettre en évidence la vitalité d'une industrie émergente. Des médiateurs doivent également exister pour faciliter l'échange d'information et stimuler et accueillir des actions conjointes. 4) Les centres créatifs ont besoin d'individus hautement qualifiés pour émerger : ils ont besoin de connaissances et de compétences appropriées. 5) L'émergence de clusters créatifs est souvent indépendante de l'intervention publique, mais des politiques ciblées, visant à accueillir des secteurs technologiques et à aider les jeunes entrepreneurs, jouent un rôle décisif. 27 Caractéristiques majeures des villes créatives 6 6) La qualité de vie, la tolérance et la diversité apparaissent également comme des caractéristiques importantes des villes créatives. En particulier, différentes études ont mis en évidence l'intérêt, pour les travailleurs créatifs, des restaurants, des rues piétonnes, de l'existence d'une vie nocturne dynamique, de sites de loisirs en extérieur, d'une scène culturelle dynamique. (cf. notamment les ouvrages de Xavier Greffe). • Pour Wood et Taylor (2004), les grandes villes ne sont pas les seules à voir émerger des clusters créatifs. Les plus petites villes peuvent également bénéficier de la régénération urbaine associée aux clusters créatifs. Ils mettent en évidence le rôle important, dans ce cas, des institutions locales. 28 Être une ville créative ou une ville de qualité de vie • « La notion de milieu innovateur [ou de district industriel, de système productif local] invite à ne plus se pencher sur l’entreprise elle-même, sur les nouveaux produits ou procédés, les nouvelles technologies mises en oeuvre, ou sur les nouveaux comportements, mais plutôt d’intégrer ces différents paramètres dans un cadre territorial (Pecqueur). La ville moyenne peut aller plus loin encore, et élargir la notion de ressource économique valorisable au territoire en son ensemble : accroître l’attractivité du territoire en s’appuyant sur les ressources patrimoniales naturelles, historiques et socioculturelles peut générer de nouvelles formes de développement local, propres à la ville moyenne. Ici c’est plutôt « small is beautiful » : la qualité de vie est une innovation non directe pour attirer les entreprises et les laisser créer la plus-value économique. L’innovation territoriale consiste alors en la production d’un cadre idéal pour cette implantation, en la valorisation d’éléments non économiques qui constituent le territoire lui-même. » http://web.univ-pau.fr/~ftesson1/tesson/images/Html_temp/Pdf/CreativeCity.pdf 29 Cohérence des politiques locales • Au niveau régional, il faut : • veiller à un aménagement cohérent du territoire en évitant une trop forte concentration dans une métropole régionale, ce qui entraînerait une désertification accrue des villes moyennes ou petites. • faire circuler l’information, la rencontre et l’échange entre les porteurs de projets, par la mise en place d’un centre de ressources régional destiné à fournir la documentation sur les autres projets menés au plan national ou européen. Le réseau Banlieues d’Europe, qui fédère les initiatives de ce type au niveau européen, est un bon exemple de ce type de pratiques. • mettre en place la formation de médiateurs culturels et d’élus impliqués dans des politiques de régénération urbaine interculturelles. 30 La régénération urbaine • La régénération urbaine s'est d'abord formalisée aux Etats-Unis à partir des années 1960, lorsque la délocalisation des activités maritimes a conduit au délaissement définitif de vastes espaces, devenus friches portuaires. Ces vides urbains ont été surtout réaffectés, à l'initiative des municipalités, à des activités de centralité, comme à Boston, Baltimore, la Nouvelle-Orléans. • En une seconde étape, illustrée magistralement par le cas des Docks de Londres, à partir des années 1980, puis de Barcelone, la régénération urbaine a consisté à reconvertir totalement des espaces délaissés, mais en y reconstruisant de véritables “morceaux de ville” multifonctionnels. • Avec la troisième étape, en cours depuis les années 1990, la régénération urbaine s'applique à une grande diversité de territoires urbains, souvent encore largement habités, fonctionnellement hétérogènes, mais présentant tout un ensemble de dysfonctionnements. 31 Motivations pour la régénération urbaine • la régénération imposée après une longue période d'abandon d'une zone urbaine (ex. Docks de Londres) ou suite à une grave dégradation des conditions de vie dans un quartier ; • la régénération opportuniste lorsque les bailleurs de fonds publics et privés cherchent le terrain adéquat pour un grand projet (ex. Barcelone, Athènes) ; • la régénération préventive ou prospective dans les zones où le tissu social et économique s'est détérioré (ex. Istanbul, Alep, Alexandrie). 32 Dimensions multiples de la régénération urbaine • elle est territorialisée, dans une vision globale de plus grande homogénéité de l'espace social; • elle s'inscrit dans les diverses échelles temporelles : celle de la demande sociale dans le temps présent, celle de la durabilité pour autant qu'il soit possible de prévoir l'évolution des contextes futurs, désormais celle des temps passés après une période de destructions au nom de la modernisation dans les années 1960-70 ; • elle est multivariée, car elle répond aux logiques de nombreux acteurs, publics et privés. La régénération urbaine implique d'en dépasser les contradictions, par la négociation, la hiérarchisation des objectifs à atteindre. Les priorités retenues dépendent de l'interrelation entre les politiques nationales et les stratégies des collectivités locales. Les stratégies de régénération urbaine privilégient un secteur qui, par ses effets induits, a des effets positifs sur les autres. 33 L’objectif prioritaire peut être : • • • • • économique : attirer l'investissement, créer des emplois, renouveler la base économique (formule des villes anglo-saxonnes ex-industrielles, telle Manchester) ; social : augmenter l'offre de logements sociaux, développer les équipements de proximité (“politique de la ville” en France) ; environnemental : améliorer le cadre de vie, lutter contre les pollutions (Agenda 21, écologie culturelle) mais prendre en compte les valeurs et préférences propres à chaque société, à chaque groupe social ; culturel : soit valoriser un patrimoine bâti (noyau historique) et le tourisme scientifique et universitaire urbain, soit implanter des institutions (cas d'Alexandrie). Lignes directrices pour une régénération urbaine dans la région méditerranéenne, Programme d’Actions Prioritaires, Centre d’Activités Régionales, http://www.papthecoastcentre.org/french/Regeneration%20Urbaine.pdf Split, 2004. NB : Les capitales européennes de la culture sont utilisées pour un ou plusieurs des objectifs ci-dessus. Idem pour le label « villes créatives » de l’UNESCO. (Exemple de Glasgow). Un des effets pervers est la gentrification qu chasse les populations défavorisées. 34 Culture et régénération urbaine • La culture doit s’inscrire dans un ensemble de projets et de programmes qui intéressent, dans le même temps, le cadre de vie, l’économie et la formation. Conditions pour que ces processus fonctionnent : • une forte volonté politique, non pas seulement de l’adjoint à l’urbanisme mais bien de l’ensemble des élus ; • l’implication déterminante de l’ensemble des acteurs services municipaux, des adjoints, institutions, associations et habitants de la ville ; • la culture, dans ce dispositif, peut également jouer un rôle éminent. Il semble qu’au minimum 5 à 10 % des opérations de régénération urbaine doivent être consacrées aux projets culturels, sans les considérer comme des variables d’ajustement. • Délégation interministérielle à la ville (DIV), Les activités culturelles, les industries créatives et les villes, réseau URBACT Culture, Ministère du Logement et de la Ville, février 2008, 72 p. http://www.ville.gouv.fr/article.php3?id_article=276 35 Grands axes d’une politique culturelle locale créative • Une politique culturelle fondée sur des projets issus de la société civile ou professionnels, avec un objectif inscrit dans le temps selon des moyens définis et propre à un territoire ou à un milieu précis, associant une équipe artistique en vue d’un résultat concret par l’intermédiaire d’un fonds d’aide. • Des missions pour les institutions culturelles, tout en préservant leur autonomie : résidences artistiques mises en place dans les quartiers défavorisés ; partenariats avec le système éducatif local dans le cadre de plans locaux d’éducation artistique et culturelle ; partenariats actifs avec les centres sociaux et les maisons de jeunes, afin de favoriser l’irrigation du territoire urbain. • Une politique culturelle d’appels à projets mise en place sur le modèle des appels d’offres proposés dans d’autres domaines, sélectionnés par un jury indépendant qui motive ses décisions, puis réalisés et évalués sous la conduite d’un groupe de pilotage qui réunit partenaires municipaux, artistes, associations et habitants concernés. 36 Exemple 2 : CESARE, Centre national de création musicale, Reims • • • • La musique électro-acoustique constitue un genre particulier qui mélange les sons naturels ou issus d'objets ou d'instruments divers et les sons retravaillés sur ordinateur et diffusés à partir de ceux-ci avec des dispositifs parfois sophistiqués de multi-diffusion (cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/Musique_%C3%A9lectroacoustique). Elle fait partie de la musique contemporaine (savante) mais entretient des liens avec la musique électronique (populaire), certaines figures étant représentatives des deux, tel Pierre Henry. Au niveau des organismes, par exemple, le Studio de création musicale Césaré à Reims a été récompensé de son travail approfondi, tant local que national et international, dans la création (dont de nombreuses résidences) et la diffusion que dans la formation et l'insertion, par l'obtention du label Centre national de création musicale (CNCM) en 2006 et la création d’un lieu. Il agit en partenariat avec les collectivités publiques et de nombreux acteurs culturels et sociaux en région Champagne-Ardenne, par exemple l'association Binary et la Cartonnerie, salle de musiques actuelles de Reims, pour produire le festival Elektricity autour des musiques électroniques et électro-acoustiques et même instrumentales, et cela en divers lieux associés à Reims (cf. www.cesare.fr). L’insertion est à l’origine et au cœur de son activité. 37 Exemples 3 : Brno et Helsinki • « Le réseau Culture a étudié les politiques de Brno et Helsinki, deux villes ayant pour particularité d’utiliser l’architecture comme l’un des principaux axes de leur développement. • Au début des années 90, la capitale de la Moravie a vu émerger une nouvelle génération de jeunes architectes, déterminants dans la construction de plusieurs bâtiments. Depuis 1995, la municipalité s’est chargée ou a aidé à la mise en oeuvre de nombreux projets, influant sur le processus d’urbanisation de la ville à travers une intense coopération avec des investisseurs privés. • À Helsinki, la rénovation du Lasipalatsi (le Palais de Verre) et son ouverture à plusieurs projets de TIC ont concrétisé le mariage réussi entre patrimoine architectural et nouveaux usages contemporains. » • Ministère du Logement et de la Ville, Délégation interministérielle à la ville (DIV), Les activités culturelles, les industries créatives et les villes, réseau URBACT Culture, février 2008, p. 35 http://www.ville.gouv.fr/article.php3?id_article=276 38 Exemple 4 : East Midlands, RU • • • • • • • • • La prospérité des industries créatives de l’East Midlands est assurée par la forte demande constante des secteurs des loisirs et de la culture en conceptions originales et de haute qualité dans de multiples aspects de la vie quotidienne. Environ 12.000 entreprises, couvrant toutes les disciplines créatives, dont l’architecture, l’art, la mode, le cinéma, les nouveaux médias, emploient plus de 85.000 personnes. Dans la région de l’East Midlands, le secteur des industries créatives bénéficie de nombreux avantages clés : Un approvisionnement constant en personnel créatif hautement qualifié, formé par les universités et les institutions éducatives mondialement réputées de la région. De puissants moyens de communication et de transport avec les autres régions du pays et de l’Europe. La puissance des industries créatives déjà établies dans la région, ainsi que les spécialisations développées dans plusieurs villes. Derby est réputée pour ses réalisations dans les domaines du design et de l’architecture. Tomb Raider avec Lara Croft, l’un des plus grands best-sellers des jeux vidéo vendus à plus de 25 millions d’unités, a été conçu par Core Design à Derby. Leicester est réputée pour la créativité de ses designers et l’importance du secteur de l’édition. La ville de Leicester a été reconnue comme le meilleur site de tournage des films Bollywood au Royaume-Uni. Lincoln est très réputée dans le secteur créatif pour ses établissements d’enseignement et de formation. Northampton est un centre de design et d’impression en pleine croissance. Nottingham est le principal centre régional de radio-télévision et de cinéma. 39 Villes et festivals • « Une ville a-t-elle intérêt à investir dans une manifestation telles qu’un festival ? Les études d’impact, dans ce domaine, sont souvent parcellaires et reposent rarement sur des analyses scientifiques à proprement parler. • Cependant, même si les retombées économiques ne sont pas précisément mesurables, il faut souligner que « si le budget de la manifestation est, par exemple, de l’ordre de 750 000 euros, la ville n’apportera elle-même qu’une partie du financement, entre 15 et 20 %, le reste étant apporté par d’autres collectivités publiques, par des sociétés civiles, par des coproductions, par le mécénat - sans oublier, bien sûr, les recettes de billetterie. En revanche, elle bénéficiera de l’ensemble des retombées : emplois permanents créés sur place, surcroît d’activité dans l’hôtellerie et la restauration, activités liées aux spectacles et aux publications… » (p. 73-74, Jean-Pierre Saez, et 98). • Rapport d'information de M. Jean Launay et de Mme Henriette Martinez au nom de la Délégation à l’aménagement et au développement durable du territoire de l’Assemblée nationale, sur l’action culturelle diffuse, instrument de développement des territoires, n° 3127, 7 juin 2006, 150 p. 40 Villes et festivals (suite) • Le Festival de la bande dessinée d'Angoulême a progressivement été la cause du développement de véritables activités d'industries culturelles : un centre national de la bande dessinée et de l'image développe aujourd'hui des activités de création et de communication en matière de bande dessinée, d'image numérique et de production multimédia. Il comporte non seulement un musée et une bibliothèque, mais aussi un laboratoire d'images numériques et un centre d'appui à la production multimédia. L'ensemble représente 200 emplois directs. Il a été prolongé par la création d'un lycée de l'image et du son, qui permet aux jeunes de s'investir dans ces nouveaux métiers. • A Spolète, en Italie, la municipalité, après avoir accepté de subventionner un festival sous la pression médiatique, a su donner à celui-ci une dimension structurante en créant parallèlement une école, des studios de théâtre, et en soutenant le développement des métiers d’art sollicités à l’occasion de la manifestation. • Il s’avère qu’au delà de la promotion de l’image du territoire qu’ils organisent, les festivals n’ont pas par eux-mêmes d’effet durable sur le développement local. Cet effet n’est qu’indirect. Il se concrétise quand, du fait de la présence du festival se créent autour de lui des activités industrielles, commerciales ou de recherche pérennes. » (p. 75-76). 41 Etudes d’impact • • • Les études d'impact, qui utilisent les multiplicateurs ou procèdent par estimation directe, analysent l'impact financier d'un projet culturel sur un territoire. Ainsi, les retombées de l'élection de Salamanque comme capitale européenne de la culture en 2002 ont pu être calculées. L'événement a été analysé comme un macro-festival. Les calculs ont abouti à faire apparaître que la région de Castille et Léon a bénéficié de 69,23 % des retombées économiques globales et le reste de l'Espagne de 30,77 %. Il existe aussi des études de branche. Elles consistent à mesurer l'importance des activités culturelles en y intégrant successivement les activités qu'elles suscitent en amont et en aval. Une étude sur la ville de Manchester par exemple fait apparaître que la part de la population active employée dans le secteur de la culture était de 3,56 % (soit près de 18 000 emplois), et que, avec les emplois indirects et induits, ce pourcentage s'élevait à 6,41 %. le multiplicateur est d'autant plus élevé que la densité de la population est forte (ce qui a pour corollaire le fait que les services demandés sont plus facilement satisfaits par l'offre locale), le territoire étendu (plus le territoire est important, moins il y a de fuites en dehors du territoire), et les activités variées (plus la part de l'emploi local dans la fonction de production est élevée, plus les effets indirects et induits sont importants). Dans ces conditions, on considère que le multiplicateur de l'implantation d'un musée ou d'un théâtre est de l'ordre de 1,40 en zone très peuplée, de 1,27 en zone moyennement peuplée, et de 1,25 en zone moins peuplée. » (p. 47-48). 42 Retombées économiques • « Quant aux retombées, elles vont au-delà de ce qui est mesurable et chiffrable, dans la mesure où il s’agit d’un investissement qui contribue à l’embellissement, au développement culturel des territoires et donc à leur qualité de vie et à leur attractivité. L’exemple de Bilbao, ville industrielle sinistrée qui a redécollé en accueillant la fondation Guggenheim et ses collections tournantes, et en bâtissant tout autour de ce qui était alors une friche industrielle un quartier moderne à l’urbanisme novateur, est dans tous les esprits : on ne peut qu’être frappé par le nombre de gens qui viennent désormais visiter la ville, y compris en hiver ! • A une autre échelle, le cas de Villeneuve-lès-Avignon, petite ville de 15.000 habitants, est également significatif. A la Révolution, sa chartreuse avait été vendue par lots. Après la guerre, elle a été progressivement reconstituée et restaurée par l’Etat. L’aménagement de la chartreuse en centre culturel de rencontres a créé trente emplois permanents ; mais son impact économique dépasse ceux-ci. Par ses manifestations, la chartreuse a permis de maintenir le secteur de l’hôtellerie et nombre de magasins. Sa restauration et son entretien font aussi vivre un artisanat local et ont contribué à maintenir vivants des métiers et des techniques traditionnels qui, autrement, se seraient perdus. » (p. 107). 43 Retombées économiques (suite) • • • Les dépenses moyennes des touristes culturels sont souvent présumées plus importantes que celles des autres touristes. La longueur de leur séjour, le temps de présence sur les sites, l’achat de produits dérivés liés aux monuments et des revenus plus élevés que la moyenne (pour un pays donné) sont autant d’explications. Il n’est donc pas étonnant de constater des retombées importantes, comme le montre par exemple l’analyse d’impact du tourisme muséal à Paris reprise par l’OCDE dans son rapport de 2005 sur Le rôle de la culture dans le développement local. Dans cette analyse, il s’agissait d’évaluer les effets en dépenses et en emplois des touristes attirés par les grands musées parisiens, dont la motivation est donc essentiellement culturelle. En 1998, près de 12 millions de touristes avaient visité Paris pour des raisons diverses – culturelles, d’affaires, de loisirs, etc. Parmi cet ensemble, les touristes « muséaux » ont été définis comme « ceux visitant au moins trois musées ou monuments assimilés ». Compte tenu de la difficulté d’identifier ces visites selon que l’entrée est payante ou non, deux hypothèses ont pu être construites : une hypothèse basse, selon laquelle 2,98 millions de touristes avaient visité le Louvre, Versailles et La Villette ou Orsay, et une hypothèse haute, selon laquelle 4,2 millions de touristes avaient visité la Tour Eiffel, le Louvre et Versailles. » (p. 27-28). 44 Conclusion : impact des actions et équipements culturels structurants Une action culturelle inscrite dans le temps peut avoir un impact économique pouvant se mesurer avec : • Des emplois directs, • Un chiffre d’affaires en partie ou totalement réinjecté sur place (plus le territoire est grand, plus les retombées sont importantes en valeur absolue), • Un impact socio-professionnel à travers les actions de formation organisées autour de l’activité principale. et des fonctions structurantes à condition de liens avec le reste du territoire par : • Une approche globale et transversale au sein d’un programme d’ensemble (projet de territoire), • Une gouvernance associant l’ensemble des acteurs (instances, appels à projets, fonds participatifs ou ouverts…), • Une évaluation participative des processus et des résultats à intervalles réguliers mais assez espacés (3 à 5 ans) pour laisser le temps aux actions de se réaliser et aux nouveaux projets d’émerger. • Jean-Luc Pouts, Fabrice Thuriot et Jean-Michel Tobelem, étude à paraître au DEPS, Ministère de la Culture et de la Communication. 45 Bibliographie indicative • • • • • • • • • • • • • Association pour la biodiversité culturelle, Les créatifs culturels en France, éd. Yves Michel, 2007. Benko G. et Bouinot J., Compétitivité et promotion des villes moyennes en Europe, in Charbonneau F. et alii, Villes moyennes et mondialisation ; Renouvellement de l’analyse et des stratégies, Trames, Montréal, 2003. Caves R. E., Creative Industries: Contracts between Art and Commerce, Cambridge, MA, Harvard University Press, 2000. CNUCED, Rapport sur l’économie créative, 2008. Commission européenne, Livre vert Libérer le potentiel des industries culturelles et créatives, COM(2010) 183/3. Daviet S., Leriche F., Sibertin-Blanc M., Zuliani J.-M. (dir.), L’économie culturelle et ses territoires, PUM (Mirail), 2008. Délégation interministérielle à la ville (DIV), Les activités culturelles, les industries créatives et les villes, réseau URBACT Culture, Ministère du Logement et de la Ville, février 2008, 72 p. Eurostat-Ministère de la Culture et de la Communication, Statistiques culturelles en Europe, Culture Chiffres, Hors-Série, 2007. Florida R., The Rise of the Creative Class: And How It's Transforming Work, Leisure, Community and Everyday Life, New York: Basic Books, 2002. Florida R., The Flight of the Creative Class: The New Global Competition for Talent, New York: Collins, 2005. Gombault A., Livat-Pécheux F., Durrieu F., L’AlphaBEM des industries créatives, BEM Bordeaux Management School, 2009. Greffe X., La valorisation économique du patrimoine, La Documentation française, coll. Questions de culture, 2006. Greffe X., 2006, La mobilisation des actifs culturels de la France : de l’attractivité culturelle du territoire… à la Nation culturellement créative, Document de travail du DEPS, n° 1270, mai 2006, synth. et rapp. www.culture.gouv.fr/culture/actualites/conferen/donnedieu/inha06.html. 46 Bibliographie indicative (suite) • • • • • • • • • • • Howkins J., The Creative Economy: How People Make Money From Ideas, London: Penguin, 2001. Kaminski P., Les associations en France et leur contribution au PIB, ADDES, fév. 2006. Launay J. et Martinez H., rapport d'information au nom de la Délégation à l’aménagement et au développement durable du territoire de l’Assemblée nationale, sur l’action culturelle diffuse, instrument de développement des territoires, n° 3127, 7 juin 2006, 150 p. Origet du Cluzeau, Claude et Tobelem, Jean-Michel (dir.), Culture, tourisme et développement. Les voies d'un rapprochement, L’Harmattan, Paris, 2009. Pignot L. et Saez J.-P. (dir.), La ville créative : concept marketing ou utopie mobilisatrice ?, dossier L’Observatoire, n° 36, hiver 2009-10. Throsby D., Economics and Culture, Cambridge, Cambridge University Press, 2001. Thuriot Fabrice, Culture et territoires. Les voies de la coopération, L’Harmattan, 1999 ; L’offre artistique et patrimoniale en région. Proximité et rayonnement culturels, L’Harmattan, 2004 UNESCO et Global Alliance for Cultural Diversity, Comprendre les industries créatives, les statistiques culturelles et les politiques publiques. www.ilo.org/public/french//region/afpro/abidjan/publ/oit9/combat6.pdf pour le développement économique local Wood P., Taylor C., Big ideasfor a small town: the Huddersfield Creative Town Initiative, Local Economy, 19(4), Nov. 2004, p. 380-395. Wu W., Dynamic Cities and Creative Clusters, World Bank Policy Research Working Paper, 3509, Feb. 2005. 47