Mesures d`humidité : le point de rosée d`accord mais à condition de
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Mesures d`humidité : le point de rosée d`accord mais à condition de
Solutions MES UR E S P H Y SI QU ES Mesures d’humidité : le point à condition de savoir ce que La température de rosée (ou si l’on préfère le point de rosée) est avec l’humidité relative le paramètre le plus utilisé pour quantifier l’humidité d’un gaz. Une question se pose alors : pour une application donnée, lequel des deux est le plus pertinent ? Si c’est le point de rosée qui s’impose, d’autres questions se posent alors. Comment réaliser la mesure ? Directement ou indirectement ? Ou encore, quelle est la meilleure façon d’installer un transmetteur de point de rosée ? Vaisala, spécialiste en hygrométrie, donne ici quelques éléments de réponse. I l existe un grand nombre d’applications dans lesquelles la mesure du point de rosée est nécessaire, souvent très différentes. Par exemple, on peut vouloir s’assurer de l’humidité de l’air fourni en sortie d’un sécheur. Dans un registre différent, la mesure du point de rosée se révèle indispensable pour contrôler la qualité de produits en cours ou en sortie de production. Autre exemple encore, radicalement différent, celui d’un système à air comprimé : ici, la mesure du point de rosée permet d’éviter des problèmes liés à la corrosion ou au givre. Mais pourquoi privilégier le point de rosée ? On le sait, il existe de nombreuses autres L’essentiel unités pour quantifier l’humidité : teneur en Pour la mesure des faibles humidités, avec une bonne eau ou humidité absoprécision et pas de dépenlue, humidité relative, dance avec la température, rapport des mélanges, le point de rosée est l’unité enthalpie, température de choix. humide,… Pour l’ana Deux approches sont lyse de la quantité de possibles pour mesurer le vapeur d’eau contenue point de rosée : directement dans un gaz ou l’air, par un capteur de point de l’humidité relative rosée ou indirectement via (HR) et le point de une mesure d’humidité rosée (Td) sont les relative. plus communément Mais plus la valeur de point utilisées. de rosée est basse, plus la L’humidité relative se mesure avec un instrument rapporte au pourcend’humidité relative induira tage de vapeur d’eau une erreur importante sur le point de rosée. (à une température donnée) contenu dans 74 l’air par rapport à la quantité maximum que peut contenir cet air avant condensation. Ainsi, une humidité relative de 70 % nous indique que l’air contient 70 % du maximum de vapeur d’eau qu’il peut absorber à cette température. Les capteurs d’humidité relative utilisent pour la plupart un principe capacitif. L’élément sensible est comparable à un condensateur dont la capacité varie selon la quantité de molécules d’eau contenues dans l’air ambiant. L’humidité relative est quantifiée sur une échelle de 0 à 100 % HR. C’est une grandeur très répandue, notamment pour le contrôle de l’air ambiant. La mesure est aisée à réaliser, les capteurs sont fiables et ont fait leurs preuves. Cependant, la mesure de l’humidité relative a aussi ses limites. Avec une incertitude au mieux de ± 1 %, lorsque l’on arrive à des valeurs frôlant justement 1 % HR, la valeur mesurée n’a plus beaucoup de sens. Autant dire que lorsque l’on recherche de la précision, on devra abandonner ce principe en dessous de 10 % HR. Autre inconvénient, la grandeur “humidité relative” est dépendante de la température. Il faut donc préciser la température à laquelle elle a été mesurée. Pour ces raisons, on préférera la grandeur “point de rosée”. Il s’agit de la température à laquelle il faut refroidir l’air humide pour atteindre la saturation et donc obtenir un début de condensation (d’où le nom de “rosée”). Lorsque cette température de rosée Td est atteinte, la pression partielle de la vapeur d’eau est égale à la pression de saturation et on a un taux d’humidité relative de Le point de rosée, c’est la température à laquelle l’eau présente dans l’air ou le gaz se condense sur une surface. 100 %. Pour des températures de rosée inférieures à 0 °C, on parle plutôt de température de gelée car la vapeur saturée est alors en équilibre avec de la glace. Mesure directe ou indirecte Il existe une manière directe de mesurer le point de rosée, avec des capteurs dédiés : elle est mise en œuvre sur les hygromètres à condensation (miroir refroidi) et les hygromètres à oxyde métallique. Sur les hygromètres à condensation, un gaz contenant de la vapeur d’eau est envoyé sur une surface (le plus souvent un miroir) dont la température est précisément contrôlée. MESURES 797 - SEPTEMBRE 2007 - www.mesures.com Solutions de rosée, d’accord, l’on fait… utilisant non pas un oxyde métallique mais un polymère. La réponse de ce polymère est alors corrélée non plus à l’humidité relative mais bien au point de rosée. Ces polymères descendent moins bas qu’un oxyde métallique, environ jusqu’à -70 °C, mais ils supportent par contre beaucoup mieux les ambiances à plus forte humidité. Ces capteurs insensibles aux pics d’humidité ont un temps de réponse court et l’intervalle de réétalonnage recommandé est de deux ans. Dans la majorité des process industriels, une incertitude de ± 2 °C peut être garantie sur l’ensemble de la gamme de mesure. Pour mesurer le point de rosée, il existe une troisième possibilité, qui consiste à faire une mesure indirecte et de partir d’une mesure d’humidité relative. Il suffit de connaître (en plus) pour cela la température et de faire un petit calcul. La plupart des transmetteurs intègrent aujourd’hui un petit composant électronique qui convertit la mesure d’humidité relative en unité de point de rosée. Alors, connaissant les contraintes de chaque capteur, que faut-il choisir ? Une mesure directe avec un capteur de point de rosée ? Ou indirecte avec un capteur d’humidité relative ? Avant de choisir, il est nécessaire de connaître le niveau d’humidité et les conditions de mesure. A température ambiante par exemple, un transmetteur d’humidité relative peut être utilisé tant que la valeur HR est supérieure à 10 % HR ou que le point de rosée est supérieur à -10 °C. Le “point de rosée” peut être calculé directement par le transmetteur à partir de l’humidité relative et de la température, avec une précision tout à fait acceptable. En dessous de ces valeurs, un transmetteur mesurant directement le point de rosée est conseillé. Plus la valeur du point de rosée est basse, plus la mesure avec un instrument d’humidité précis induit une erreur im- ➜ Un four dans la métallurgie, une production de bouteilles en plastique, la vérification d’un sécheur… trois situations industrielles où il est utile de mesurer le point de rosée. Cette surface est refroidie jusqu’à apparition de condensation. La température à laquelle la condensation apparaît correspond donc au point de rosée. Les capteurs à miroir refroidi sont plus généralement réservés aux applications de laboratoire. Dans les applications industrielles, un bon nombre de constructeurs font appel aux capteurs à oxyde métallique pour mesurer le point de rosée. Leur fonctionnement repose sur un principe capacitif, tout comme les capteurs d’humidité relative, mais avec un élément sensible spécialement étudié pour mesurer la température de rosée. Le principal atout de ces capteurs est leur capacité à me- surer des points de rosée extrêmement bas, en dessous de -100 °C pour les plus performants. Ils sont donc souvent utilisés pour des applications sur de l’air ou des gaz relativement secs. En revanche, ces capteurs peuvent rapidement dériver, et ils nécessitent donc des étalonnages à intervalles relativement courts. Ils peuvent également être endommagés lors d’une exposition à une humidité élevée ou mettre plusieurs heures avant de pouvoir fournir à nouveau une mesure valide. Il est donc difficile de les stocker ou de les utiliser dans une ambiance à fort taux d’humidité. Pour palier ces inconvénients, des fournisseurs ont développé des capteurs MESURES 797 - SEPTEMBRE 2007 - www.mesures.com Température de rosée et pression de vapeur Température de rosée (°C) Pression partielle de vapeur d’eau (mbar) 20 23,5 mbar 0 6,1 mbar -10 2,9 mbar -20 1,3 mbar -40 0,2 mbar En connaissant la température de rosée, la pression de vapeur saturante correspondante peut être déduite. Le tableau présente quelques valeurs de correspondance entre la température et la pression de vapeur saturante ainsi que pour la température de rosée et la pression partielle de vapeur d’eau. 75 Solutions Fixes, portables… Des produits pour toutes les applications. La pression de vapeur d’eau L’eau possède la propriété d’exister sous trois états : liquide, solide ou gazeux. Pour comprendre le comportement de la vapeur d’eau, il est d’abord important de connaître le comportement général des gaz. Dans tout mélange de gaz, la pression totale du gaz est la somme des pressions partielles de ses constituants. C’est la loi de Dalton, qui est transcrite sous la forme mathématique : Ptot = P1 + P2 + P3 Les composants principaux de l’air sont l’azote, l’oxygène et la vapeur d’eau. La pression atmosphérique totale est la combinaison des pressions partielles de ces trois gaz. Alors que l’azote et l’oxygène sont présents dans des concentrations stables, la quantité de vapeur d’eau peut varier de manière importante et doit être mesurée pour être connue. ➜ portante sur le point de rosée (voir la démonstration dans l’encadré “Comparatif entre le point de rosée et % HR”). Comparatif entre le point de rosée et % HR Le calcul du point de rosée à partir d’une mesure réalisée avec un capteur d’humidité relative est entâché d’une incertitude. Plus la valeur du point de rosée est basse, plus l’erreur est importante. Prenons un exemple avec un transmetteur d’humidité relative d’une précision de ± 2 % HR. Cela signifie que si la valeur à mesurer est de 5 % HR, l’instrument pourrait indiquer une valeur Fourchette basse (-2%) comprise entre 3 % HR et 7 % HR. A 20 °C, cela correspond à un point de rosée calculé de respectivement -24 °C (pour 3 % HR) et -15 °C (pour 7 % HR). Ainsi, dans cet exemple, une différence de 4 % HR correspond à un écart de 9 °C sur le point de rosée calculé. En revanche, avec un instrument de mesure de point de rosée d’une précision de ± 2 °C, l’écart est limité à 4 °C. Mesure moyenne Fourchette haute (+2%) Mesure indirecte du point de rosée, calcul à partir d›une mesure effectuée avec un capteur HR (précision ± 2 %) Mesure de l’humidité relative (HR) 3 % HR 5 % HR 7 % HR Point de rosée calculé -24 °C -19 °C -15 °C Mesure directe du point de rosée avec un capteur de point de rosée (précision ± 2 %) Point de rosée -21 °C -19 °C Point de rosée (°C) Humidité relative (%R) -15 °C Ce graphe donne une autre illustration de la non linéarité de la correspondance entre humidité relative (HR) et point de rosée (Td). Pour une très basse valeur de Td, une variation de ± 2 °C de Td entraine une variation de ± 0,01 % de HR. A une valeur (relativement) élevée de Td, cette même variation de ± 2 °C de Td entraine une variation de ± 1,5 % de HR, soit 150 fois supérieure. Point de rosée sous pression Autres petites choses à savoir pour faire un bon usage de cette grandeur. Quelle est la différence entre “le point de rosée” et “le point de rosée sous pression” ? L’expression “point de rosée sous pression” est utilisée lorsque l’on mesure le point de rosée à une pression supérieure à la pression atmosphérique. C’est important car la température de rosée d’un gaz dépend de la pression. En effet, l’augmentation de la pression d’un gaz augmente sa température de rosée. Prenons par exemple de l’air à pression atmosphérique (1 013,3 mbar) avec une température de rosée de -10 °C, soit (selon les tables de correspondances) une pression partielle de vapeur d’eau est de 2,9 mbar. Si cet air est comprimé et que la pression totale est doublée à 2 026,6 mbar, alors (selon la loi de Dalton) la pression partielle de vapeur d’eau est également doublée, à 5,8 mbar. La température de rosée correspondante à 5,8 mbar est d’environ -0,7 °C. L’augmentation de la pression a donc entraîné l’augmentation de la température de rosée de l’air. Par une compensation en pression intégrée au transmetteur, le point de rosée sous pression ou le point de rosée ramené à pression atmosphérique sera facilement disponible. In situ ou pas Suivant la pression et les conditions d’environnement, la sonde peut être installée di- 76 MESURES 797 - SEPTEMBRE 2007 - www.mesures.com Solutions Un cas concret, l’air comprimé L’importance de la mesure du point de rosée dans l’air comprimé dépend de l’utilisation de cet air comprimé. Dans de nombreux cas, le point de rosée n’est pas critique ; c’est le cas par exemple pour les compresseurs portables ou les systèmes de gonflage. Pour d’autres applications, la mesure du point de rosée est capitale ; c’est le cas des conduits transportant l’air, exposés à des températures négatives et ou un givrage peut entraîner une détérioration des installations. Dans les applications d’air comprimé, la gamme de température de rosée s’étend en général de 20 °C à -80 °C. Les compresseurs sans dispositifs de séchage produisent un air proche de la saturation à température ambiante. Les systèmes avec dispositifs de séchage par refroidissement font passer l’air au travers d’échangeurs de chaleur, ce qui a pour effet de faire condenser la vapeur d’eau en dehors du flux d’air et de fournir un air avec un point de rosée aux alentours de 5 °C. Les systèmes de rectement dans le process ou via une cellule d’échantillonnage. Il faut bien évidemment placer le capteur dans une zone représentative du process. Il est donc recommandé d’éviter les coudes, et toutes les zones “mortes” où la circulation du gaz ne se fait pas de manière optimale. Il est préférable que toutes les connexions soient en acier inoxydable. Les matériaux non métalliques peuvent absorber ou désorber la vapeur d’eau, provoquant une perturbation de la mesure. Si l’utilisation d’acier inox n’est pas possible, il est envisageable d’utiliser du PTFE ou tout autre matériau n’absorbant pas l’eau. Il faut éviter l’utilisation de tubes plastique ou silicone. En cas de températures élevées, supérieures à 350 °C, le recours à une cellule d’échantillonnage et à un système de prélèvement permet de diminuer la température du gaz, sans affecter la valeur de point de rosée. Toutefois, si ce montage modifie la pression du gaz, il faut en tenir compte lors de l’exploitation des données. Pour éviter tout risque de condensation, il faut également veiller à ce que la température de la ligne de prélèvement soit toujours supérieure à la température de rosée. Enfin, l’utilisation d’une cellule d’échantillonnage permet d’isoler le capteur et de pouvoir l’installer et séchage par dessiccation absorbent la vapeur d’eau du flux d’air et produisent un air avec un point de rosée proche de -40 °C, et même plus bas si nécessaire. La norme internationale ISO 8573.1 spécifie les directives sur la qualité de l’air comprimé. Les standards définissent les limites sur trois paramètres (taille maximale des particules contenues dans l’air, quantité maximale d’huile, température de rosée maximale) et trois niveaux de qualité d’air. Pour chaque catégorie, un chiffre entre 1 et 6 est affecté. Par exemple, un système conforme à la norme ISO 8573.1 et classé en 1.1.1 fournira un air avec un point de rosée inférieur à -70 °C, les particules ne dépasseront pas une taille de 0,1 µm et la quantité résiduelle d’huile sera inférieure à 0,01 mg/m3. Il y a également d’autres normes pour la qualité de l’air, par exemple la ANSI/ISA-7.0.01-1996 qui concerne l’air instrument. Là encore, 6 niveaux de qualité sont décrits avec des points de rosée entre -70 à 10 °C. le retirer plus aisément sans interrompre le process. Derniers conseils Pour obtenir une mesure fiable du point de rosée, quel que soit le fabricant du capteur : - sélectionner un instrument avec une gamme de mesure compatible avec l’application : certains instruments conviennent bien pour des mesures de point de rosée élevées, mais ils sont mal adaptés pour des mesures de point de rosée faibles, et inversement. - vérifier les caractéristiques de tenue en pression des instruments : certains appareils ne sont pas utilisables pour une mesure directe sous pression. Ils peuvent être uniquement utilisés pour mesurer le point de rosée de l’air comprimé une fois détendu. Dans ce cas, la valeur mesurée devra être corrigée (si c’est le point de rosée sous pression qui est le paramètre pertinent). - installer correctement le transmetteur : suivre toutes les instructions fournies par le fabricant. Ne pas installer les capteurs sur une partie du conduit qui ne serait pas correctement balayée par le flux de gaz. Ça y est, il n’y a plus qu’à… David Reignier - Responsable commercial Division instruments - Vaisala MESURES 797 - SEPTEMBRE 2007 - www.mesures.com 77