Ce film ne vous dit pas comment gagner au loto. Il vous dit comment

Transcription

Ce film ne vous dit pas comment gagner au loto. Il vous dit comment
Ce film
ne vous dit pas comment
gagner au loto.
Il vous dit
comment gagner
2 fois au loto.
Gaumont Présente
Durée : 1h32
SORTIE LE 23 JUIN 2004
DISTRIBUTION
GAUMONT BUENA VISTA INTERNATIONAL
5, rue du Colisée - 75008 Paris
Tél 01 46 43 24 53
Fax 01 46 43 24 90
PRESSE BCG
MYRIAM BRUGUIÈRE - OLIVIER GUIGUES
THOMAS PERCY
70, rue Saint Dominique - 75007 Paris
Tél 01 45 51 13 00 - Fax 01 45 51 18 19
[email protected]
SYNOPSIS
Jacques est un requin des tapis verts, un joueur professionnel qui a eu autrefois maille à
partir avec les casinos. Il fait un peu désordre.
Angèle est capitaine des renseignements généraux, directrice de la brigade des jeux. Elle
représente l’ordre.
Le hasard est leur principal ennemi, l’amour est leur meilleur allié. Ils vivent depuis
quelques années une liaison secrète.
Un flic avec un tricheur ça fait mauvais effet, au moins autant du côté des tricheurs que du
côté des flics.
Lorsque Serge Vaudier, un obscur professeur de mathématiques gagne subitement au loto
deux fois de suite, en prétendant avoir trouvé une solution mathématique infaillible, il pose
une énigme au monde entier. D’autant qu’un publicitaire illuminé s’empare de la destinée
du petit bonhomme insignifiant et le transforme illico en star internationale. L’argent afflue,
les foules accourent, voyant en Vaudier un nouveau gourou de la fortune.
Pourquoi se fatiguer à remplir des grilles de loto, si c’est Vaudier qui gagne à chaque tirage ? Plus personne ne joue, la Française des jeux perd des millions d’euros, les recettes fiscales s’effondrent, le ministère des finances est aux abois, l’état croupier vacille… Les renseignements généraux n’ont que quelques jours pour démasquer l’imposteur.
Statistiquement, personne ne peut gagner au loto deux fois de suite sans avoir triché.
Alors ? Escroc ou génie ? Car telle est la question.
Par les moyens traditionnels on ne trouve rien et Angèle est forcée de faire appel à un
joueur, le seul qui puisse entrer dans la psychologie de Serge Vaudier et le confondre.
Jacques entre en jeu. Leur liaison se révèle au grand jour.
Des arrière-salles des casinos aux coulisses du Loto, de coups programmés aux échecs en
mises de poker, se déroule alors une partie dont personne ne semble connaître la règle.
Le spectateur lui-même, à la fin, découvrant qu’un film sur le jeu ne saurait être autre chose
qu’un jeu, comprendra qu’il y participait en fait depuis le début…
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Interview Laurent BÉNÉGUI
1/ Quelle était la motivation qui vous a mené à
entreprendre un film sur le jeu ?
3/ Quelle en est l’incidence sur le traitement que
vous avez fait du film ?
Jouer est l’une des activités que j’ai le plus pratiquée dans ma vie. Les échecs… le tarot, le bridge,
le poker… les jeux de casino, les jeux vidéo ou
encore les jeux de société….. J’aime jouer. Ce sont
des moments où je peux m’abstraire de la réalité,
ça a peut-être une fonction de répétition ou de préparation à la vraie vie, comme lors des rêves.
Aujourd’hui nos concitoyens dépensent plus d’argent dans les jeux que dans l’achat de livres, de
disques ou de places de cinéma. C’est devenu le
premier poste de " dépense culturelle " des ménages. Peut-être le jeu prend-il une place de plus en
plus importante dans la vie de chacun, car nous
avons besoin de rêver d’avantage.
Il y a toute une mythologie autour du jeu. Le gagnant
qui devient milliardaire fait rêver, le perdant qui entraîne sa famille à la ruine repousse.
Mais j’ai choisi d’employer le ton de la comédie, d’offrir la vision " claire " plutôt que la vision " ténébreuse "
du phénomène. Si j’avais fait un film sombre du début
jusqu’à la fin, je me serais éloigné de cet aspect du jeu
qui est important pour moi à savoir enfance, plaisir. Et
d’une certaine manière j’aurais été à l’encontre de mon
caractère, le film aurait été moins sincère.
À partir du moment où cette direction était empruntée tout ce qui était de l’ordre de la mise en scène,
devait aller dans ce sens.
J’ai voulu tirer les choses vers le haut, à commencer par les décors, jusqu’à la fantaisie. Le labo
high-tech de la brigade en est l’illustration. De
même les casinos sont beaux et étincelants, ce ne
sont pas des rades avec de la moquette élimée, des
éclairages pauvres.
Les personnages sont glamour, les vêtements qu’ils
portent sont chics. Je voulais qu’Elsa Zylberstein,
sorte du quotidien du policier de base, elle est nettement mieux habillée que sa solde de fonctionnaire le
lui permettrait en théorie et doit avoir un gros découvert en banque.
Cela fait partie des conventions qui vont avec le jeu
et avec ce genre de film.
Il y avait longtemps que j’avais envie d’aborder ce
thème mais je ne savais pas comment m’y prendre, et
puis j’ai eu l’idée que le film devait être lui même un
jeu, proposer au spectateur un défi à résoudre, des
règles à suivre.
Enfin, il me fallait arriver à trouver ce qui pouvait définir un joueur aussi bien pour celui qui tente sa chance
au loto, que pour le champion de bridge, l’amateur de
Monopoly ou l’accro de la roulette. Il nous est apparu
pendant la phase de préparation à l’écriture, que le
point commun à tous les joueurs était de posséder une
expertise en maîtrise du hasard. Dès lors, le personnage du joueur expert était créé, il n’y avait plus qu’à articuler l’histoire autour de cette colonne vertébrale.
Pour le personnage joué par Thierry Lhermitte, j’ai
imaginé qu’à un moment il avait été riche. On le voit
avec des costumes superbes sauf qu’ils sont élimés.
Ses chemises magnifiques sont usées à la trame.
Son appartement Hausmannien est somptueux, mais
vide. Il a certainement vendu tous ses meubles.
2/ Pour vous le jeu appartient-il à l’enfance ?
Il m’arrive de me demander si je ne passe pas plus de
temps à jouer maintenant que je suis adulte, que
lorsque j’étais enfant. Je vois le jeu comme quelque
chose de positif, un amusement, une évasion, comme
un plaisir. Dans ce sens, cela se rapproche de l’enfance. Plus tard, à l’adolescence ou en devenant adulte,
cette vision du jeu tend à disparaître lorsqu’on se laisse dépasser par l’enjeu, pouvant mener à des comportements d’addiction. Mais au fond le jeu est l’un des
terrains privilégiés d’épanouissement de l’imaginaire,
et cela concerne autant l’enfant que l’adulte.
J’ai apporté du soin au niveau technique, l’outil cinématographique s’est mis à la disposition de l’élégance, la lumière est bien travaillée, le son est ciselé, la
musique symphonique donne du souffle, tout cela
concorde avec le sujet et correspond à la manière
dont je voulais en parler.
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Ensuite, la forme même du scénario est ludique. On
prend le spectateur et on l’entraîne dans un jeu sans
qu’il en ait forcément conscience. Il n’en comprendra
les règles que bien plus tard.
Au fond, pour que " Qui perd gagne " soit un vrai film
sur le jeu, il fallait que la partie se déroule ailleurs, hors
des salles de jeux des casinos, hors du loto, qu’elle
révèle d’autres enjeux.
Le personnage de Jacques joue avec la loi, les sentiments, sa propre vie, il manipule.
L’échiquier sur lequel il joue est une métaphore de sa
propre existence, du terrain plus vaste où se déroule la
vraie partie.
être entraînés, mais également que la première partie
que nous avons à gagner se déroule en dehors du
tapis vert, au jour le jour, avec nous mêmes et notre
entourage.
Il était aussi important pour moi de faire découvrir une
partie des coulisses des jeux, ceux des casinos ou
encore les coulisses mathématiques des jeux de tirage. Je trouve fascinant d’aborder la question des statistiques et des probabilités. On n’a quasiment aucune
chance de gagner au loto en jouant tous les mercredis
et pourtant tous les mercredis, il y a un gagnant. Ce
paradoxe, qui n’en est pas un, est explicable par les
mathématiques. Mais si on formule la phrase de cette
manière, ça devient un paradoxe.
Savoir qu’il y a des policiers qui appartiennent au
Renseignements Généraux dont le métier est d’aller
fureter dans les casinos, ça aussi c’est paradoxal et
amusant. Cela met en lumière le rapport entre les jeux
d’argent et l’état. D’ailleurs un de mes personnages
parle de l’état croupier.
Il peut paraître difficile à appréhender au début
pour le spectateur, mais cela fait partie des arcanes
du scénario. Pendant une bonne partie du film, il
avance masqué.
4/ Y a –t-il des films qui vous ont inspiré ?
" L’Arnaque ", " Casino ", et dans un genre différent " La
Baie des Anges "... certains films de David Mamet aussi
" La Prisonnière Espagnole " "Engrenages ", et " Ocean
Eleven " qui est sorti pendant que je préparais le film.
Je ne dirais pas que je m’en suis inspiré, ce sont des
films qui me touchent, que j’ai vus ou revus après
avoir écrit le scénario mais j’aime ces films simplement en tant que spectateur-joueur.
Je considère qu’une des plus belles choses écrites sur
le jeu est " La musique du hasard ". Je fais référence,
ici, au roman de Paul Auster, et justement pas au film
qui en a été tiré.
Dans ce roman, une partie de poker occupe la première partie de la narration. Mais la deuxième partie
raconte le châtiment des joueurs qui ont perdu. Ils doivent construire un mur et se retrouvent, face à eux
mêmes, devant un ouvrage impossible qui va les révéler en tant qu’hommes. Ce livre dit beaucoup du jeu, de
la pente sur laquelle certains joueurs peuvent parfois
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5/ Comme décririez-vous le personnage de
Jacques ?
Jacques est le pilier du film. C’est vraiment autour de
lui que tout s’est construit. C’est un vrai joueur, qui
joue avec les règles de la société, avec la loi, avec l’amour. Il va loin. Sa vie a déjà été mise en péril et ça
pourrait lui arriver encore.
Par ailleurs, j’ai voulu qu’il ait quelque chose en plus
qui fasse de lui un héros. Il fallait qu’il ait un don, un
talent presque surnaturel. Il est hyper mnésique. Grâce
à ce don, il défie les casinos, la société, il est seul
contre les autres.
Comme je ne voulais pas que cela fonctionne comme
un gadget, je souhaitais glisser dans le film à minima
ce que peuvent être les conséquences d’une hypermnésie au quotidien. Je dis " à minima " parce que je
tenais à rester malgré tout dans le divertissement et la
fantaisie. Dans la réalité, il est terrible de vivre en se
rappelant de tout. Cela s’apparente plutôt à une maladie. La première condition nécessaire pour que l’on
puisse se rappeler des choses dont on a besoin pour
mener une existence normale est que l’on doit pouvoir
oublier 99 % de ce que l’on a vécu.
Ce don nous donne aussi des indications supplémentaires sur le personnage. On sait qu’il se soigne.
On sait qu’il a des crises de mémoire qui peuvent le
rendre fou. Enfin cette caractéristique de Jacques
nous conduit au personnage de l’enfant, le petit
Joseph, sorte de mini-jacques, qui rappelle qu’à un
moment donné notre héros a aussi été enfermé, soigné par des médecins, et isolé dans une institution.
Dans le film, Jacques joue une partie à longue haleine.
Il est patient et joue de nombreux coups bien à l’avance. Il est dans l’attente. Il ne pouvait pas arriver avec
un gros nez rouge par rapport au but qu’il s’était fixé.
Je le répète, il avance masqué. Par moments, il apparaît sans masque, notamment avec l’enfant. Une complicité les unit. Il a aussi de vrais moments de sincérité dans les scènes d’amour avec Angèle.
La claudication de Jacques comptait également beaucoup pour moi. Dès les premiers rendez vous avec
Thierry, je lui avais parlé de cela. Au bout du compte,
cela en fait quelqu’un de discret, cassé, il a une vraie
blessure, et un don qui souvent est aussi un handicap.
Jacques est un personnage complexe, tout en nuance.
Angèle est en contravention avec sa déontologie dès le
début de cette histoire d’amour, et si elle est plus
décryptable que Jacques au départ du film, elle se
complexifie au fil du récit, pour devenir à la fin, le personnage le plus " double " des deux.
8/ Comment s’est déroulée votre rencontre avec
Thierry ?
En aucun cas je ne voulais en faire un flambeur.
6/ Est-ce que vous vous retrouvez dans ce personnage ?
Je lui ai envoyé le scénario. Il l’a lu et a été rapidement intéressé par le sujet. Mais, il avait une vraie
interrogation, une crainte même. Celle que le film
défende l’idée qu’il existerait une vraie solution mathématique pour gagner au loto. Thierry est quelqu’un de
très rationnel, rationaliste même. Pour lui, ce genre de
martingale n’existe pas et ceux qui tentent de le faire
croire sont des mystificateurs.
Je ne pense pas que le film tende vers cette théorie.
D’ailleurs il y a un certain nombre de personnages qui
n’arrêtent pas de répéter que ce n’est pas possible.
Donc je l’ai rassuré sur ce point.
Curieusement sa crainte m’a poussé à creuser d’avantage le personnage de Vaudier, afin qu’il ne risque pas
de passer pour un fumiste, un charlatan. Il fallait faire
en sorte qu’on puisse penser que ce professeur de
mathématiques avait véritablement trouvé la solution.
C’est une des raison qui explique les références à la
théorie du chaos ou à celle de la relativité. L’idée que
les mathématiciens pourraient voir leurs équations
remises en question, comme l’ont été celles des physiciens à un moment donné, par un travail qui considérerait le temps comme une donnée, non fixe.
Là aussi j’y vais doucement, j’effleure. Ce n’est pas un
film qui prétend exposer une théorie.
Je l’ai dit je suis joueur, mais je n’aurais pas le cran de
jouer aussi loin que lui. Moi je suis un petit joueur !
Je peux partager avec Jacques la patience, et le fait
d’être séduit à l’idée de jouer des parties longues.
Nous avons également en commun cette manière de
mener des choses dans nos vies sans prendre en
compte l’enjeu. C’est une des caractéristiques du
joueur. Au poker si un joueur est taraudé par l’idée de
perdre de l’argent, il n’a aucune chance d’en gagner. Il
faut savoir oublier l’enjeu, pour être au maximum de
ses capacités. Quand on joue, peu m’importe de
gagner ou de perdre, à condition que la partie soit
belle. Bien sûr, tous les joueurs préfèrent gagner, mais
au fond il ne s’agit là que d’une cerise sur le gâteau.
Sinon, pourquoi tous les joueurs, quelque soit le jeu,
recommenceraient-ils à jouer, alors que l’on perd plus
souvent qu’on ne gagne ?
7/ Qui est Angèle ?
Contrairement à Jacques, Angèle avance au grand
jour. Elle représente l’ordre. Elle est gradée dans les
Renseignements Généraux. Néanmoins, elle ne répugne pas à mener une certain jeu elle aussi, pour obliger Jacques à collaborer.
C’est la preuve que les comédiens sont d’excellents
intervenants, à un moment donné, dans le scénario. Ils
sont extrêmement préoccupés par la crédibilité de leur
personnage, ou des situations dans lesquelles ils évoluent, car ce sont eux qui montent en première ligne
pour les défendre.
Au début du film, elle est malmenée, elle a le rôle de
l’amoureuse ballottée. Jacques et Angèle sont unis par
une passion, ils se connaissent depuis longtemps.
Dans le film, elle dit qu’elle le surveille depuis 8 ans.
Une scène illustre particulièrement ce que peut être
leur relation. Celle où ils font l’amour dans le bureau.
La passion les entraîne, les réunit après une violente
dispute et les pousse dans les bras l’un de l’autre.
Ces deux-là s’aiment beaucoup et vraiment. C’est un
couple qui se respecte énormément, elle admire le
joueur qui a souffert et lui c’est la femme forte qu’il
admire, celle qui travaille dans un milieu d’hommes et
les mène à la baguette.
Pourtant, tout les oppose, elle est flic, il est tricheur.
Elle représente l’ordre, il fait un peu désordre.
9/ Comment avez-vous travaillé avec Thierry ?
En dehors de ces discussions sur le scénario, j’ai
assez peu travaillé avec lui. Son personnage avance
masqué, tout se passe à l’intérieur. À l’extérieur ce qui
devait dominer était le mystère, l’énigme. De la part de
Thierry, cela supposait un jeu sobre, à l’économie. Dès
le début il était dedans.
Pourtant, pendant les premières semaines de tournage, il était désarçonné car il avait du mal à saisir
son personnage. Je ne l’ai pas aidé à ce moment-là,
parce que je trouvais qu’il parvenait parfaitement à
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faire sentir cette distance que Jacques Loriot peut
avoir avec la vie. Et moi je voulais exactement ça.
Je crois que le trouble de Thierry était inhérent à la
construction même du film. Car on ne saisit véritablement qui est Jacques qu’à la fin.
actrice qui en fait beaucoup. Il m’est arrivé de tourner plusieurs versions d’une même scène, une
pour Elsa, une pour moi, où elle interprétait nos
deux visions. Notamment lorsqu’elle proposait une
émotion forte à des endroits où moi je n’en voyais
pas autant.
Je reconnais qu’au montage, avec un autre regard
sur le film en train de s’élaborer, j’ai parfois pris
ses versions et jeté les miennes.
Je n’aime pas m’étendre sur les profondes motivations psychologiques des personnages. Je crois
qu’un personnage devient la somme des scènes
qu’il traverse au fur et à mesure du film. Le spectateur de son côté rajoute la plus value psychologique en y projetant son propre vécu, sa propre
interprétation de ce qui se voit. Je ne suis pas partisan de tenir des fiches pour chaque personnage
qui expliquent d’où ils viennent, où ils vont…Par
contre je suis très à cheval sur le fait que la situation écrite doit être interprétée telle qu’elle est.
12/Le film est très dialogué, est ce que cela a eu
une influence sur le jeu des acteurs, ou sur la
mise en scène ?
Sur la mise en scène certainement. J’aime les films
dialogués. Le dialogue réussi est un bon vecteur de
comédie et je ne voulais pas me priver de ça. En
même temps, j’estime qu’il n’y a pas d’opposition
entre un cinéma dialogué et un cinéma de pure
mise en scène. Les deux sont compatibles. Et j’essaye de faire les deux.
10/ Comment s’est passée votre rencontre
avec Elsa ?
Elle s’est passée assez rapidement et assez simplement aussi. Les discussions avec Elsa ont porté sur
le type de flic qu’elle allait interpréter. On a parlé
des actrices de comédie américaine, de Julia
Roberts à Audrey Hepburn, je voulais éviter le personnage de femme flic trop traditionnel. On avait
envie tous les deux qu’Angèle soit élégante et chic.
On a parlé costumes, coiffure, on a fait une lecture
et il s’est confirmé qu’elle avait l’autorité et la force
du personnage, sans jamais perdre la grâce et la
séduction.
Le film est complexe dans sa structure narrative et
pour bien comprendre le déroulement de l’histoire
un bon nombre informations passe au-travers du
dialogue.
Conscient de cela, j’étais plus attentif au rythme. Je
ne voulais pas que le film paraisse bavard.
Je voulais un tempo soutenu, que le film soit en
mouvement. Un mouvement qui entraîne le spectateur jusqu’au dénouement, sans jamais verser dans
l’hystérie.
11/ Comment avez-vous travaillé avec Elsa ?
Si j’avais à choisir entre être aveugle ou être sourd
pour faire de la mise en scène de cinéma, je choisirais d’être aveugle. Je juge le rythme du ballet qui
se met en place entre la caméra et les acteurs, à l’oreille. Si une scène n’est pas juste à l’oreille, elle
n’est pas juste tout court.
Avec elle j’ai plus discuté du personnage, et accompli un travail de direction d’acteur un peu plus visible. Bien souvent, cela consistait à lui rappeler des
choses qu’on s’était dites à la lecture, loin du plateau de tournage.
Son personnage est moins énigmatique à appréhender que celui de Thierry. Elle avance sans
masque. Elle est d’abord une femme amoureuse,
ballottée par ses sentiments et puis ensuite, une
fonctionnaire d’un service de renseignements. Elle
n’avait qu’une crainte, c’était de composer un personnage dur et sans nuances, une commissaire
standard, alors qu’il n’y avait pas le moindre risque.
Elle me faisait penser à un peintre qui utiliserait sur
sa toile des dizaines de couleurs différentes, les
plus variées, et viendrait vous demander à la fin si
le résultat n’est pas un peu trop monochrome.
Je suis ouvert aux propositions, et Elsa est une
Je vois la mise en scène comme quelque chose qui est
l’ordre de la chorégraphie et de l’écoute.
Puis, au montage, j’étais à l’affût de la moindre redite.
J’étais impitoyable. J’ai enlevé de nombreux dialogues,
dégraissé les séquences de manière à ce que le rythme
soit toujours fluide et rapide. C’est intéressant de constater à quel point l’image réagit différemment du texte.
Souvent elle est plus éloquente. Ainsi ce qui avait pu me
paraître indispensable à l’écriture du scénario pouvait
parfois devenir redondant, une fois filmé. Je savais également que ce film ne devait pas être trop long, j’en
avais l’intuition depuis le début. 90 minutes, pas plus.
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13/ N’avez-vous pas peur que le spectateur soit
perdu face à cette complexité ?
J’espère avoir trouvé le bon dosage entre complexité narrative et lisibilité immédiate. La compréhension sans être didactique. En tous cas je ne me
suis jamais empêché de faire un choix de mise en
scène, au prétexte qu’il demanderait trop d’effort
d’attention au spectateur. Je n’ai pas peur de faire
le pari que le spectateur a la capacité d’emmagasiner ces informations. Si le film propose également
un jeu d’esprit, tant mieux.
14/ Vous êtes aussi écrivain et producteur, comment arrivez-vous à concilier ces trois activités.
Surtout comment influencent-elles votre travail
de réalisateur ?
Plus le temps passe et plus lorsque j’écris un livre
je suis purement romancier. Et quand je fais un film
je suis uniquement réalisateur.
Pour mon premier film, j’étais un écrivain qui utilisait l’outil cinématographique pour décalquer ce
qu’il avait écrit. Aujourd’hui, quand je tourne, j’écris
directement avec la caméra.
Si bien que lorsque j’ai envie d’aborder un sujet, je
le pense d’emblée comme un film ou comme un
livre, le média s’impose de lui même en fonction de
la nature du sujet. Je ne conçois pas de passerelle
de l’un à l’autre. Pourtant j’ai adapté une fois, un de
mes romans : " Au petit Marguery ", mais ce fut
l’exception qui confirmera peut-être la règle.
J’ai envie de séparer très nettement les deux activités. Le cinéma ce sont d’abord des acteurs, une
caméra, une équipe avec lesquels on raconte une
histoire. Dans l’écriture, il n’y à personne, que mon
papier ou mon ordinateur.
Dans un cas je crée avec toute une équipe, dans
l’autre je suis seul, endossant tour à tour le rôle de
scénariste, d’acteur, de metteur en mots et de monteur du récit.
J’ai absolument besoin d’aller de l’un à l’autre.
Après deux ou trois années passées sur un film, à
voir beaucoup de gens, je ressens un besoin impérieux de me plonger dans l’écriture d’un livre.
Quant à l’influence de mon métier de producteur
sur celui de réalisateur, elle est différente, mais elle
existe quand même.
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J’ai toujours eu conscience que le cinéma était l’art
qui demandait le plus de moyen financier. Quand on
pratique le cinéma dans un pays occidental on
comprend rapidement que la censure économique
est bien plus forte que la censure idéologique. Si on
a envie de faire du cinéma, on ne peut pas faire
abstraction du poids de l’argent. Ce sont les raisons qui m’ont amené à être producteur.
Néanmoins quand je mets en scène un film, j’enlève ma casquette de producteur et je délègue complètement aux personnes dont le rôle est de s’occuper de la production. Mais je reste conscient du
fait qu’à un moment donné un budget est une enveloppe fermée et que des arbitrages vont être nécessaires entre des choix difficiles. Il vaut alors mieux
être au fait des réalités de la production pour effectuer les meilleurs arbitrages.
En d’autres termes, et c’est un producteur qui le
dit, il vaut mieux que le metteur en scène fasse ses
choix plutôt qu’on lui impose.
15/ Quelle signification a ce titre " Qui perd
gagne !" ?
" Qui perd gagne ! ", ça veut dire que parfois les
apparences sont trompeuses. C’est aussi une philosophie de la vie qui s’applique à la genèse de ce
film. Longtemps j’ai cru qu’il ne se tournerait
jamais. J’étais donné perdant ! Et puis finalement il
existe. Ce titre fait référence à la patience aussi. Ce
n’est pas parce qu’à un moment donné les événements ne se passent pas comme prévu que tout est
perdu. Au contraire.
Il faut se battre et rebondir.
Je crois que les vraies victoires ne sont pas les victoires les plus faciles. J’aime bien l’idée des causes
perdues qui finalement triomphent de l’arrogance.
" Qui perd gagne ! " c’est quand même plus humaniste que " Qui gagne, gagne " !
16/ Au final comment regardez-vous votre film ?
Pour être franc, je ne le regarde pas encore. Je
serais malhonnête de dire, alors que le film est en
train de se terminer que je vois comment il est.
L’expérience m’a montré que c’est souvent après
avoir parlé avec les spectateurs que l’on commence à avoir une idée juste, et éloignée de la théorie,
de ce qu’on a fait. J’aime l’idée qu’on ne maîtrise
pas tout, que le film peut raconter aux autres des
choses différentes de ce que vous aviez conçu.
Interview Thierry LHERMITTE
1/ Le personnage que vous jouez est peu ordinaire
uniquement parce qu’il est arrivé à ses fins !
Son étrangeté s’explique par le fait qu’il est hypermnésique. A priori, cette maladie semble sympathique. On imagine qu’il est agréable d’avoir une
mémoire absolue. Mais, en fait c’est insupportable
et Jacques, mon personnage, en pâtit énormément.
L’hypermnésie le conduit à avoir des rapports très
calculés avec les autres. Il les manipule à la fois
pour se venger et pour gagner l’amour d’Angèle.
Cette histoire d’amour est un peu un combat des
chefs : la chef-flic autoritaire face au chef-manipulateur indomptable. Elle veut le faire entrer dans
son monde et lui également. Mais, au final, ils ont
gagné tous les deux : Angèle est ravie, quant à
Jacques, il a réussi son coup.
2/ Comment avez-vous appréhendé le rôle de Jacques ?
Je l’ai cerné presque de manière inconsciente. Je me
disais que ce type devait être cassé moralement et
physiquement. C’était plus intuitif que rationnel. Je
ne cherche jamais à catégoriser un personnage,
comme s’il rentrait dans une catégorie prédéfinie.
Sinon je verserais dans le cliché. En général, je travaille le texte et puis ça vient tout seul. Je me suis
donc créé une image de Jacques au travers de ce
qu’il dit et de ce qu’il fait. Je devais trouver l’équilibre entre la légèreté du film et un certain réalisme,
puisque j’incarne un homme qui souffre et qui prend
des médicaments.
3/ Qu’est ce qui vous a attiré dans ce personnage ?
Je trouvais amusant de jouer un homme qui se souvient de tout. Cela donne lieu à des scènes marrantes. J’aime bien chez Jacques le mélange de fragilité et de force. Sa maladie est un vrai cauchemar,
mais il s’en sert pour atteindre le but qu’il s’est fixé.
C’est un personnage qui évolue peu au cours de
l’histoire : il a monté son plan dès le début et c’est
ce qui va motiver toutes ses actions. A partir de là,
il manipule, il n’est jamais surpris par ce qui se
passe. Et à un moment ou un autre, tout le monde
est obligé d’avancer ses pions sans réaliser que
c’est Jacques qui en a décidé ainsi. Aux échecs, on
appelle ça un " coup forcé ".
4/ Jacques ne contrôle quand même pas complètement son histoire d’amour !
C’est vrai, sa relation avec Angèle évolue. D’abord, il
ne lâche rien et, petit à petit, il finit par céder. Mais
9
5/ C’est le moment de nous dire un petit mot sur
Elsa, votre partenaire ?
Elle est vraiment super. C’est une actrice à la fois
belle et forte, ce qui la rend très crédible dans son
rôle de femme-flic. Sur le tournage, j’étais content
dès le premier jour, car Elsa joue à fond d’entrée. Et
cela en toute simplicité et en s’amusant.
Franchement, c’est le genre de comportement que
j’aime bien.
6/ Comment s’est passé le tournage avec Laurent ?
Je me suis laissé guider par lui. Il avait une vision
très nette dupersonnage. Pour ce qui est de mon
jeu, Laurent m’a toujours assuré qu’il était content
de ce qu’il voyait. Cela m’a mis en confiance et je
suis vraiment entré dans le rôle.
J’ai beaucoup apprécié de travailler avec Laurent,
car il sait ce qu’il veut. Je lui faisais souvent des
propositions, mais il était rarement d’accord car il
voyait autre chose. Je trouve ce genre d’attitude
très respectable, surtout qu’il ne se comporte pas
en dictateur. Il est simple et souriant. C’était sympa
d’être dans les mains d’un tel metteur en scène.
7) Qu’elles sont vos impressions sur le film,
quels sont ses atouts ?
C’est un film léger avec une bonne dose de
suspens et d’humour, très alléchant. En plus, les
dialogues sont bien ciselés. J’ai aussi été épaté par
l’élégance du film à tout point de vue, qu’il s’agisse de la mise en scène, de l’image ou du scénario.
C’est vraiment un film épatant, bluffant même.
Interview Elsa ZYLBERSTEIN
3/ Le scénario est très écrit, comment avez-vous fait
pour apporter cette fragilité qui caractérise Angèle ?
1/ Quel genre de femme est Angèle ?
Apparemment c’est une fille qui est assez dans le concret. Elle aime ce qu’elle fait. Et puis à mesure que l’histoire avance, Angèle est déstabilisée, elle n’a plus les
clefs pour comprendre cette histoire de tricherie et cette
histoire de loto. Du coup, elle demande à l’homme qu’elle aime, qui est un tricheur, de l’aider. Paradoxalement
c’est un homme qu’elle déteste aussi. Angèle est amoureuse de sa faiblesse. C’est-à-dire elle aime un homme
qui joue et qui fraude, alors qu’elle est sencée représenter la loi. C’est vraiment le nœud du personnage.
Angèle est un mélange de force, d’ambition, de masculinité et en même temps de fragilité, d’amour et de féminité. C’est quelqu’un qui vit dans un monde d’hommes
et qui est habituée à être dure, à affronter les situations
difficiles. Je voulais aller au-delà des apparences, j’ai eu
envie d’amener deux, trois moments où elle s’écroule,
de montrer cette fragilité. En fait quand on prend un
scénario, il y a plusieurs lectures possibles. Mais paradoxalement il y en a une qui s’impose avec les mots
qu’on a à dire. Ce qui est intéressant est de chercher audelà des mots et de faire exister un personnage en l’enrichissant des premières idées qu’on a après la lecture
du scénario.
Angèle est aussi une joueuse. Je pense qu’Angèle aime
jouer ou elle a aimé le jeu en tout cas. On ne se trouve
pas commissaire à la division des jeux par hasard. Le
jeu l’intrigue aussi. Elle a besoin d’être surprise. Et
Jacques représente cela. Angèle est une joueuse en ce
sens qu’elle joue l’affectif avec lui pour obtenir ce
qu’elle veut.
2/ Pourquoi avoir voulu ajouter cette touche de
fragilité ?
Avec sa brigade, elle est forte et autoritaire. Elle
connaît son métier, elle sait ce qu’elle veut. Ce qui
m’intéresse c’est qu’il y ait l’autre facette. Quand on
a commencé à travailler avec Laurent, je lui ai fait
part de mon envie de montrer à deux trois reprises
sa fragilité. Au moment du coup de fil qu’elle passe
en sortant du bureau, je voulais montrer une amoureuse. Elle partait en vacances avec son fiancé, elle
ne voulait plus entendre parler du boulot et il la
plante. Il la trompe, avec le jeu. Je tenais à jouer
une amoureuse comme une autre qui se retrouve,
seule et blessée. Dans ce coup de fil, on sent qu’elle ne veut pas le perdre, qu’elle tient à lui.
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Ce n’était pas évident à faire, car le scénario est d’une
grande qualité, extrêmement bien écrit. C’était un gros
travail de préparation que d’apprendre ce texte. Il ne fallait pas qu’il soit un obstacle pour pouvoir apporter ce
décalage entre ce qui est écrit et ce que ressent le personnage. Il était important dans certaines scènes de resituer les émotions d’Angèle. La scène de la réunion avec
la brigade par exemple. Je me disais que cette femme
devait être malheureuse, d’avoir perdu son amoureux...
Dans ce cas-là, on se moque des mots ! pour moi, c’est
ce qu’elle ressent à ce moment précis qui est important.
Je joue un état, pas un acte. Je suis malheureuse, j’ai
envie de pleurer. Je suis vraiment avec elle et je suis obligée d’amener ça au personnage. Dès qu’il y avait un petit
moment d’humanité, j’en profitais. J’avais envie de jouer
une femme plus qu’une commissaire.
4/ Il n’y a pas que le texte qui soit précis la mise
en scène l’est également.
La mise en scène de Laurent est très précise, très chorégraphique, un peu comme une partition musicale.
Il y avait beaucoup de plans séquences. C’était agréable,
mais il fallait pouvoir rentrer dans ce rythme.
Je ne pense pas que j’aurais pu faire ce film quand j’ai
commencé. Cette mise en scène demandait une certaine aisance dans les déplacements, une certaine élégance pour dire le texte. En même temps il fallait le jouer. À
mes débuts, je n’aurais pas su le faire. Maintenant
quand je joue je suis tellement dans ma bulle. Une fois
que j’intègre les mouvements, je suis avec moi-même,
et avec mes partenaires.
En fait, le cinéma c’est apprendre techniquement à trouver une grande liberté, à pouvoir émouvoir les gens
dans ce carcan.
5/ Vous êtes depuis le début sur le projet du film,
à un moment il a failli ne pas se faire, qu’est ce
qui fait que vous avez tenu à jouer ce rôle ?
Je sais depuis longtemps que quand on fait du cinéma,
l’actrice ne décide pas de tout. Ce qui m’a amené à être
présente dans ce projet, c’est le désir de Laurent. J’ai
été très sensible au fait qu’il ait vraiment eu envie de
moi. Le désir des metteurs en scène m’a toujours fait
flancher. Je pourrais aller au bout du monde pour le
désir d’un metteur en scène. Cela me donne des ailes.
Pour moi, c’était aussi une question de fidélité.
6/ Comment avez-vous travaillé avec Laurent ?
Nous avons fait une lecture à la maison et puis le film
s’est écroulé. On s’est revu de temps en temps. Quand
la préparation du film a recommencé, on a surtout travaillé sur l’allure d’Angèle. Le travail intime finalement,
c’est un travail qui t’appartient. Cette lecture a surtout
permis à Laurent de voir dans quelle direction j’avais
envie d’aller. Je voulais amener toute ma fragilité à ce
personnage. Je me considère comme un instrument. Si
on me choisit pour un rôle c’est parce qu’on sait que je
vais apporter d’autres choses. Et j’ai besoin d’étonner
les metteurs en scène.
Je pensais que le personnage d’Angèle serait encore
plus fort, encore plus autoritaire, plus masculin si on lui
permettait d’être plus fragile à certains moments.
Laurent et moi discutions beaucoup de cette fragilité.
Pendant le tournage, il me disait de faire en sorte qu’elle ne soit pas trop fragile, de la jouer plus en demi-teinte. Alors que moi je souhaitais aller plus loin.
J’ai besoin de proposer parce que je ne veux avoir
aucun regret sur une scène. C’est important de ne pas
être une bonne élève. Il faut savoir désobéir.
Je mange le rôle, je l’ingurgite et je le ressors avec des
interprétations et l’idée que j’en ai. Après, le metteur en
scène accepte ou pas les propositions. Laurent est
quelqu’un que j’aime profondément, il avait une vraie
intelligence de son scénario. Attendre pour tourner son
film a renforcé son envie, il savait exactement où il voulait aller et il avait une idée précise d’Angèle. J’avais la
même mais avec des éléments en plus.
7/ Comment avez-vous construit ce personnage
de commissaire pour qu’il ne ressemble pas à
tant d’autres ?
Je voulais absolument me décoller de toute règle. Et
partir plus dans le fantasme, dans le rêve. En partant du
fait qu’elle était commissaire, je me suis demandée
quel type de vie elle pouvait mener, si elle aimait les
vêtements. Je n’avais pas envie de faire une commissaire avec son gros pull, mal habillée comme on en voit
dix à la télé. Ce sont des clichés. Je tenais à jouer une
commissaire avec un style proche de ceux des comédies américaines des années 50 et à créer un personnage plus à la Audrey Hepburn. Même si elle n’a jamais
joué ce genre de rôle. Je me suis dit qu’Angèle aime
s’habiller, qu’elle est féminine. Je voulais plus la cibler
en tant que femme. Certes elle est commissaire. Mais
un métier ne peut définir un rôle, ça aide bien sûr. Le
fait qu’elle travaille dans les casinos oblige aussi qu’elle soit bien habillée, il ne faut pas qu’elle soit repérée.
8/ Les comédies américaines c’est une référence en
commun que vous avez avec Laurent ?
C’est vrai qu’on s’est retrouvé là-dessus. Il disait qu’il
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voulait une Angèle très stylée. Dès le départ, il m’a dit
qu’il ne souhaitait pas que mon personnage soit
négligé, avec un gros blouson en cuir. Très vite il m’a
demandé de me couper les cheveux. Il voulait une
coupe de cheveux courte avec du caractère. Nous
sommes allés chez Chanel choisir des petits ensembles très prêts du corps, des petits costumes sexy.
Laurent y tenait beaucoup. Il ne voulait pas qu’on
soit dans le domaine réaliste, en tout cas dans des
références réalistes.
9/ L’univers du jeu vous connaissiez ?
Quand je suis dans un casino, j’aime bien jouer au
Black jack mais sans plus. J’ai des périodes comme ça
où ça peut m’amuser. J’ai rencontré une femme qui est
commissaire à la brigade des jeux. J’ai beaucoup parlé
avec elle.
10/ Comment décririez-vous l’histoire d’amour entre
Jacques et Angèle ?
On sent qu’il y a un vrai amour, que physiquement ils
se plaisent. Elle essaye de le faire changer, en même
temps on ne change pas quelqu’un qui joue. Elle est
jalouse du jeu en fait, c’est comme une danseuse,
comme une maîtresse. Ce sont deux orgueilleux qui ne
veulent pas lâcher prise. Ils ont besoin chacun de garder le pouvoir. C’est un peu un rapport de force. Elle
finit par être bluffé par Jacques. Car elle prend conscience que c’est lui le plus fort, c’est lui qui a le pouvoir.
11/ Comment avez-vous travaillé toi et Thierry ?
Assez naturellement, on ne s’est pas posé de questions. Thierry est quelqu’un de très simple, vraiment
pas pervers dans les rapports humains.
Thierry est quelqu’un de gai aussi. On s’est vraiment
retrouvé sur l’humour. Ensuite est née une vraie complicité dans le jeu et dans la vie. Sur un tournage, le
metteur en scène donne le " la ". Comme Laurent est
quelqu’un de très humain, de simple, qu’il est heureux
de faire son film, tout se fait dans une très bonne
humeur.
12/ Qu’est ce que ça vous a apporté de faire ce film
en tant que comédienne ?
Une rigueur, car il faut être très rigoureux avec ce genre
de texte. La rencontre avec Laurent aussi. En tournant
cette comédie élégante, il m’a fait un vrai cadeau. Cela
ne m’était jamais arrivé. D’ailleurs, ce n’est pas vraiment une comédie, c’est plutôt un jeu de l’esprit. C’est
un film sur le jeu où les acteurs jouent, où le public
aussi va jouer en même temps qu’ils regardent le film
pour essayer de comprendre ce qu’il se passe.

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