Ce film ne vous dit pas comment gagner au loto. Il vous dit comment
Transcription
Ce film ne vous dit pas comment gagner au loto. Il vous dit comment
Ce film ne vous dit pas comment gagner au loto. Il vous dit comment gagner 2 fois au loto. Gaumont Présente Durée : 1h32 SORTIE LE 23 JUIN 2004 DISTRIBUTION GAUMONT BUENA VISTA INTERNATIONAL 5, rue du Colisée - 75008 Paris Tél 01 46 43 24 53 Fax 01 46 43 24 90 PRESSE BCG MYRIAM BRUGUIÈRE - OLIVIER GUIGUES THOMAS PERCY 70, rue Saint Dominique - 75007 Paris Tél 01 45 51 13 00 - Fax 01 45 51 18 19 [email protected] SYNOPSIS Jacques est un requin des tapis verts, un joueur professionnel qui a eu autrefois maille à partir avec les casinos. Il fait un peu désordre. Angèle est capitaine des renseignements généraux, directrice de la brigade des jeux. Elle représente l’ordre. Le hasard est leur principal ennemi, l’amour est leur meilleur allié. Ils vivent depuis quelques années une liaison secrète. Un flic avec un tricheur ça fait mauvais effet, au moins autant du côté des tricheurs que du côté des flics. Lorsque Serge Vaudier, un obscur professeur de mathématiques gagne subitement au loto deux fois de suite, en prétendant avoir trouvé une solution mathématique infaillible, il pose une énigme au monde entier. D’autant qu’un publicitaire illuminé s’empare de la destinée du petit bonhomme insignifiant et le transforme illico en star internationale. L’argent afflue, les foules accourent, voyant en Vaudier un nouveau gourou de la fortune. Pourquoi se fatiguer à remplir des grilles de loto, si c’est Vaudier qui gagne à chaque tirage ? Plus personne ne joue, la Française des jeux perd des millions d’euros, les recettes fiscales s’effondrent, le ministère des finances est aux abois, l’état croupier vacille… Les renseignements généraux n’ont que quelques jours pour démasquer l’imposteur. Statistiquement, personne ne peut gagner au loto deux fois de suite sans avoir triché. Alors ? Escroc ou génie ? Car telle est la question. Par les moyens traditionnels on ne trouve rien et Angèle est forcée de faire appel à un joueur, le seul qui puisse entrer dans la psychologie de Serge Vaudier et le confondre. Jacques entre en jeu. Leur liaison se révèle au grand jour. Des arrière-salles des casinos aux coulisses du Loto, de coups programmés aux échecs en mises de poker, se déroule alors une partie dont personne ne semble connaître la règle. Le spectateur lui-même, à la fin, découvrant qu’un film sur le jeu ne saurait être autre chose qu’un jeu, comprendra qu’il y participait en fait depuis le début… 3 Interview Laurent BÉNÉGUI 1/ Quelle était la motivation qui vous a mené à entreprendre un film sur le jeu ? 3/ Quelle en est l’incidence sur le traitement que vous avez fait du film ? Jouer est l’une des activités que j’ai le plus pratiquée dans ma vie. Les échecs… le tarot, le bridge, le poker… les jeux de casino, les jeux vidéo ou encore les jeux de société….. J’aime jouer. Ce sont des moments où je peux m’abstraire de la réalité, ça a peut-être une fonction de répétition ou de préparation à la vraie vie, comme lors des rêves. Aujourd’hui nos concitoyens dépensent plus d’argent dans les jeux que dans l’achat de livres, de disques ou de places de cinéma. C’est devenu le premier poste de " dépense culturelle " des ménages. Peut-être le jeu prend-il une place de plus en plus importante dans la vie de chacun, car nous avons besoin de rêver d’avantage. Il y a toute une mythologie autour du jeu. Le gagnant qui devient milliardaire fait rêver, le perdant qui entraîne sa famille à la ruine repousse. Mais j’ai choisi d’employer le ton de la comédie, d’offrir la vision " claire " plutôt que la vision " ténébreuse " du phénomène. Si j’avais fait un film sombre du début jusqu’à la fin, je me serais éloigné de cet aspect du jeu qui est important pour moi à savoir enfance, plaisir. Et d’une certaine manière j’aurais été à l’encontre de mon caractère, le film aurait été moins sincère. À partir du moment où cette direction était empruntée tout ce qui était de l’ordre de la mise en scène, devait aller dans ce sens. J’ai voulu tirer les choses vers le haut, à commencer par les décors, jusqu’à la fantaisie. Le labo high-tech de la brigade en est l’illustration. De même les casinos sont beaux et étincelants, ce ne sont pas des rades avec de la moquette élimée, des éclairages pauvres. Les personnages sont glamour, les vêtements qu’ils portent sont chics. Je voulais qu’Elsa Zylberstein, sorte du quotidien du policier de base, elle est nettement mieux habillée que sa solde de fonctionnaire le lui permettrait en théorie et doit avoir un gros découvert en banque. Cela fait partie des conventions qui vont avec le jeu et avec ce genre de film. Il y avait longtemps que j’avais envie d’aborder ce thème mais je ne savais pas comment m’y prendre, et puis j’ai eu l’idée que le film devait être lui même un jeu, proposer au spectateur un défi à résoudre, des règles à suivre. Enfin, il me fallait arriver à trouver ce qui pouvait définir un joueur aussi bien pour celui qui tente sa chance au loto, que pour le champion de bridge, l’amateur de Monopoly ou l’accro de la roulette. Il nous est apparu pendant la phase de préparation à l’écriture, que le point commun à tous les joueurs était de posséder une expertise en maîtrise du hasard. Dès lors, le personnage du joueur expert était créé, il n’y avait plus qu’à articuler l’histoire autour de cette colonne vertébrale. Pour le personnage joué par Thierry Lhermitte, j’ai imaginé qu’à un moment il avait été riche. On le voit avec des costumes superbes sauf qu’ils sont élimés. Ses chemises magnifiques sont usées à la trame. Son appartement Hausmannien est somptueux, mais vide. Il a certainement vendu tous ses meubles. 2/ Pour vous le jeu appartient-il à l’enfance ? Il m’arrive de me demander si je ne passe pas plus de temps à jouer maintenant que je suis adulte, que lorsque j’étais enfant. Je vois le jeu comme quelque chose de positif, un amusement, une évasion, comme un plaisir. Dans ce sens, cela se rapproche de l’enfance. Plus tard, à l’adolescence ou en devenant adulte, cette vision du jeu tend à disparaître lorsqu’on se laisse dépasser par l’enjeu, pouvant mener à des comportements d’addiction. Mais au fond le jeu est l’un des terrains privilégiés d’épanouissement de l’imaginaire, et cela concerne autant l’enfant que l’adulte. J’ai apporté du soin au niveau technique, l’outil cinématographique s’est mis à la disposition de l’élégance, la lumière est bien travaillée, le son est ciselé, la musique symphonique donne du souffle, tout cela concorde avec le sujet et correspond à la manière dont je voulais en parler. 4 Ensuite, la forme même du scénario est ludique. On prend le spectateur et on l’entraîne dans un jeu sans qu’il en ait forcément conscience. Il n’en comprendra les règles que bien plus tard. Au fond, pour que " Qui perd gagne " soit un vrai film sur le jeu, il fallait que la partie se déroule ailleurs, hors des salles de jeux des casinos, hors du loto, qu’elle révèle d’autres enjeux. Le personnage de Jacques joue avec la loi, les sentiments, sa propre vie, il manipule. L’échiquier sur lequel il joue est une métaphore de sa propre existence, du terrain plus vaste où se déroule la vraie partie. être entraînés, mais également que la première partie que nous avons à gagner se déroule en dehors du tapis vert, au jour le jour, avec nous mêmes et notre entourage. Il était aussi important pour moi de faire découvrir une partie des coulisses des jeux, ceux des casinos ou encore les coulisses mathématiques des jeux de tirage. Je trouve fascinant d’aborder la question des statistiques et des probabilités. On n’a quasiment aucune chance de gagner au loto en jouant tous les mercredis et pourtant tous les mercredis, il y a un gagnant. Ce paradoxe, qui n’en est pas un, est explicable par les mathématiques. Mais si on formule la phrase de cette manière, ça devient un paradoxe. Savoir qu’il y a des policiers qui appartiennent au Renseignements Généraux dont le métier est d’aller fureter dans les casinos, ça aussi c’est paradoxal et amusant. Cela met en lumière le rapport entre les jeux d’argent et l’état. D’ailleurs un de mes personnages parle de l’état croupier. Il peut paraître difficile à appréhender au début pour le spectateur, mais cela fait partie des arcanes du scénario. Pendant une bonne partie du film, il avance masqué. 4/ Y a –t-il des films qui vous ont inspiré ? " L’Arnaque ", " Casino ", et dans un genre différent " La Baie des Anges "... certains films de David Mamet aussi " La Prisonnière Espagnole " "Engrenages ", et " Ocean Eleven " qui est sorti pendant que je préparais le film. Je ne dirais pas que je m’en suis inspiré, ce sont des films qui me touchent, que j’ai vus ou revus après avoir écrit le scénario mais j’aime ces films simplement en tant que spectateur-joueur. Je considère qu’une des plus belles choses écrites sur le jeu est " La musique du hasard ". Je fais référence, ici, au roman de Paul Auster, et justement pas au film qui en a été tiré. Dans ce roman, une partie de poker occupe la première partie de la narration. Mais la deuxième partie raconte le châtiment des joueurs qui ont perdu. Ils doivent construire un mur et se retrouvent, face à eux mêmes, devant un ouvrage impossible qui va les révéler en tant qu’hommes. Ce livre dit beaucoup du jeu, de la pente sur laquelle certains joueurs peuvent parfois 5 5/ Comme décririez-vous le personnage de Jacques ? Jacques est le pilier du film. C’est vraiment autour de lui que tout s’est construit. C’est un vrai joueur, qui joue avec les règles de la société, avec la loi, avec l’amour. Il va loin. Sa vie a déjà été mise en péril et ça pourrait lui arriver encore. Par ailleurs, j’ai voulu qu’il ait quelque chose en plus qui fasse de lui un héros. Il fallait qu’il ait un don, un talent presque surnaturel. Il est hyper mnésique. Grâce à ce don, il défie les casinos, la société, il est seul contre les autres. Comme je ne voulais pas que cela fonctionne comme un gadget, je souhaitais glisser dans le film à minima ce que peuvent être les conséquences d’une hypermnésie au quotidien. Je dis " à minima " parce que je tenais à rester malgré tout dans le divertissement et la fantaisie. Dans la réalité, il est terrible de vivre en se rappelant de tout. Cela s’apparente plutôt à une maladie. La première condition nécessaire pour que l’on puisse se rappeler des choses dont on a besoin pour mener une existence normale est que l’on doit pouvoir oublier 99 % de ce que l’on a vécu. Ce don nous donne aussi des indications supplémentaires sur le personnage. On sait qu’il se soigne. On sait qu’il a des crises de mémoire qui peuvent le rendre fou. Enfin cette caractéristique de Jacques nous conduit au personnage de l’enfant, le petit Joseph, sorte de mini-jacques, qui rappelle qu’à un moment donné notre héros a aussi été enfermé, soigné par des médecins, et isolé dans une institution. Dans le film, Jacques joue une partie à longue haleine. Il est patient et joue de nombreux coups bien à l’avance. Il est dans l’attente. Il ne pouvait pas arriver avec un gros nez rouge par rapport au but qu’il s’était fixé. Je le répète, il avance masqué. Par moments, il apparaît sans masque, notamment avec l’enfant. Une complicité les unit. Il a aussi de vrais moments de sincérité dans les scènes d’amour avec Angèle. La claudication de Jacques comptait également beaucoup pour moi. Dès les premiers rendez vous avec Thierry, je lui avais parlé de cela. Au bout du compte, cela en fait quelqu’un de discret, cassé, il a une vraie blessure, et un don qui souvent est aussi un handicap. Jacques est un personnage complexe, tout en nuance. Angèle est en contravention avec sa déontologie dès le début de cette histoire d’amour, et si elle est plus décryptable que Jacques au départ du film, elle se complexifie au fil du récit, pour devenir à la fin, le personnage le plus " double " des deux. 8/ Comment s’est déroulée votre rencontre avec Thierry ? En aucun cas je ne voulais en faire un flambeur. 6/ Est-ce que vous vous retrouvez dans ce personnage ? Je lui ai envoyé le scénario. Il l’a lu et a été rapidement intéressé par le sujet. Mais, il avait une vraie interrogation, une crainte même. Celle que le film défende l’idée qu’il existerait une vraie solution mathématique pour gagner au loto. Thierry est quelqu’un de très rationnel, rationaliste même. Pour lui, ce genre de martingale n’existe pas et ceux qui tentent de le faire croire sont des mystificateurs. Je ne pense pas que le film tende vers cette théorie. D’ailleurs il y a un certain nombre de personnages qui n’arrêtent pas de répéter que ce n’est pas possible. Donc je l’ai rassuré sur ce point. Curieusement sa crainte m’a poussé à creuser d’avantage le personnage de Vaudier, afin qu’il ne risque pas de passer pour un fumiste, un charlatan. Il fallait faire en sorte qu’on puisse penser que ce professeur de mathématiques avait véritablement trouvé la solution. C’est une des raison qui explique les références à la théorie du chaos ou à celle de la relativité. L’idée que les mathématiciens pourraient voir leurs équations remises en question, comme l’ont été celles des physiciens à un moment donné, par un travail qui considérerait le temps comme une donnée, non fixe. Là aussi j’y vais doucement, j’effleure. Ce n’est pas un film qui prétend exposer une théorie. Je l’ai dit je suis joueur, mais je n’aurais pas le cran de jouer aussi loin que lui. Moi je suis un petit joueur ! Je peux partager avec Jacques la patience, et le fait d’être séduit à l’idée de jouer des parties longues. Nous avons également en commun cette manière de mener des choses dans nos vies sans prendre en compte l’enjeu. C’est une des caractéristiques du joueur. Au poker si un joueur est taraudé par l’idée de perdre de l’argent, il n’a aucune chance d’en gagner. Il faut savoir oublier l’enjeu, pour être au maximum de ses capacités. Quand on joue, peu m’importe de gagner ou de perdre, à condition que la partie soit belle. Bien sûr, tous les joueurs préfèrent gagner, mais au fond il ne s’agit là que d’une cerise sur le gâteau. Sinon, pourquoi tous les joueurs, quelque soit le jeu, recommenceraient-ils à jouer, alors que l’on perd plus souvent qu’on ne gagne ? 7/ Qui est Angèle ? Contrairement à Jacques, Angèle avance au grand jour. Elle représente l’ordre. Elle est gradée dans les Renseignements Généraux. Néanmoins, elle ne répugne pas à mener une certain jeu elle aussi, pour obliger Jacques à collaborer. C’est la preuve que les comédiens sont d’excellents intervenants, à un moment donné, dans le scénario. Ils sont extrêmement préoccupés par la crédibilité de leur personnage, ou des situations dans lesquelles ils évoluent, car ce sont eux qui montent en première ligne pour les défendre. Au début du film, elle est malmenée, elle a le rôle de l’amoureuse ballottée. Jacques et Angèle sont unis par une passion, ils se connaissent depuis longtemps. Dans le film, elle dit qu’elle le surveille depuis 8 ans. Une scène illustre particulièrement ce que peut être leur relation. Celle où ils font l’amour dans le bureau. La passion les entraîne, les réunit après une violente dispute et les pousse dans les bras l’un de l’autre. Ces deux-là s’aiment beaucoup et vraiment. C’est un couple qui se respecte énormément, elle admire le joueur qui a souffert et lui c’est la femme forte qu’il admire, celle qui travaille dans un milieu d’hommes et les mène à la baguette. Pourtant, tout les oppose, elle est flic, il est tricheur. Elle représente l’ordre, il fait un peu désordre. 9/ Comment avez-vous travaillé avec Thierry ? En dehors de ces discussions sur le scénario, j’ai assez peu travaillé avec lui. Son personnage avance masqué, tout se passe à l’intérieur. À l’extérieur ce qui devait dominer était le mystère, l’énigme. De la part de Thierry, cela supposait un jeu sobre, à l’économie. Dès le début il était dedans. Pourtant, pendant les premières semaines de tournage, il était désarçonné car il avait du mal à saisir son personnage. Je ne l’ai pas aidé à ce moment-là, parce que je trouvais qu’il parvenait parfaitement à 6 faire sentir cette distance que Jacques Loriot peut avoir avec la vie. Et moi je voulais exactement ça. Je crois que le trouble de Thierry était inhérent à la construction même du film. Car on ne saisit véritablement qui est Jacques qu’à la fin. actrice qui en fait beaucoup. Il m’est arrivé de tourner plusieurs versions d’une même scène, une pour Elsa, une pour moi, où elle interprétait nos deux visions. Notamment lorsqu’elle proposait une émotion forte à des endroits où moi je n’en voyais pas autant. Je reconnais qu’au montage, avec un autre regard sur le film en train de s’élaborer, j’ai parfois pris ses versions et jeté les miennes. Je n’aime pas m’étendre sur les profondes motivations psychologiques des personnages. Je crois qu’un personnage devient la somme des scènes qu’il traverse au fur et à mesure du film. Le spectateur de son côté rajoute la plus value psychologique en y projetant son propre vécu, sa propre interprétation de ce qui se voit. Je ne suis pas partisan de tenir des fiches pour chaque personnage qui expliquent d’où ils viennent, où ils vont…Par contre je suis très à cheval sur le fait que la situation écrite doit être interprétée telle qu’elle est. 12/Le film est très dialogué, est ce que cela a eu une influence sur le jeu des acteurs, ou sur la mise en scène ? Sur la mise en scène certainement. J’aime les films dialogués. Le dialogue réussi est un bon vecteur de comédie et je ne voulais pas me priver de ça. En même temps, j’estime qu’il n’y a pas d’opposition entre un cinéma dialogué et un cinéma de pure mise en scène. Les deux sont compatibles. Et j’essaye de faire les deux. 10/ Comment s’est passée votre rencontre avec Elsa ? Elle s’est passée assez rapidement et assez simplement aussi. Les discussions avec Elsa ont porté sur le type de flic qu’elle allait interpréter. On a parlé des actrices de comédie américaine, de Julia Roberts à Audrey Hepburn, je voulais éviter le personnage de femme flic trop traditionnel. On avait envie tous les deux qu’Angèle soit élégante et chic. On a parlé costumes, coiffure, on a fait une lecture et il s’est confirmé qu’elle avait l’autorité et la force du personnage, sans jamais perdre la grâce et la séduction. Le film est complexe dans sa structure narrative et pour bien comprendre le déroulement de l’histoire un bon nombre informations passe au-travers du dialogue. Conscient de cela, j’étais plus attentif au rythme. Je ne voulais pas que le film paraisse bavard. Je voulais un tempo soutenu, que le film soit en mouvement. Un mouvement qui entraîne le spectateur jusqu’au dénouement, sans jamais verser dans l’hystérie. 11/ Comment avez-vous travaillé avec Elsa ? Si j’avais à choisir entre être aveugle ou être sourd pour faire de la mise en scène de cinéma, je choisirais d’être aveugle. Je juge le rythme du ballet qui se met en place entre la caméra et les acteurs, à l’oreille. Si une scène n’est pas juste à l’oreille, elle n’est pas juste tout court. Avec elle j’ai plus discuté du personnage, et accompli un travail de direction d’acteur un peu plus visible. Bien souvent, cela consistait à lui rappeler des choses qu’on s’était dites à la lecture, loin du plateau de tournage. Son personnage est moins énigmatique à appréhender que celui de Thierry. Elle avance sans masque. Elle est d’abord une femme amoureuse, ballottée par ses sentiments et puis ensuite, une fonctionnaire d’un service de renseignements. Elle n’avait qu’une crainte, c’était de composer un personnage dur et sans nuances, une commissaire standard, alors qu’il n’y avait pas le moindre risque. Elle me faisait penser à un peintre qui utiliserait sur sa toile des dizaines de couleurs différentes, les plus variées, et viendrait vous demander à la fin si le résultat n’est pas un peu trop monochrome. Je suis ouvert aux propositions, et Elsa est une Je vois la mise en scène comme quelque chose qui est l’ordre de la chorégraphie et de l’écoute. Puis, au montage, j’étais à l’affût de la moindre redite. J’étais impitoyable. J’ai enlevé de nombreux dialogues, dégraissé les séquences de manière à ce que le rythme soit toujours fluide et rapide. C’est intéressant de constater à quel point l’image réagit différemment du texte. Souvent elle est plus éloquente. Ainsi ce qui avait pu me paraître indispensable à l’écriture du scénario pouvait parfois devenir redondant, une fois filmé. Je savais également que ce film ne devait pas être trop long, j’en avais l’intuition depuis le début. 90 minutes, pas plus. 7 13/ N’avez-vous pas peur que le spectateur soit perdu face à cette complexité ? J’espère avoir trouvé le bon dosage entre complexité narrative et lisibilité immédiate. La compréhension sans être didactique. En tous cas je ne me suis jamais empêché de faire un choix de mise en scène, au prétexte qu’il demanderait trop d’effort d’attention au spectateur. Je n’ai pas peur de faire le pari que le spectateur a la capacité d’emmagasiner ces informations. Si le film propose également un jeu d’esprit, tant mieux. 14/ Vous êtes aussi écrivain et producteur, comment arrivez-vous à concilier ces trois activités. Surtout comment influencent-elles votre travail de réalisateur ? Plus le temps passe et plus lorsque j’écris un livre je suis purement romancier. Et quand je fais un film je suis uniquement réalisateur. Pour mon premier film, j’étais un écrivain qui utilisait l’outil cinématographique pour décalquer ce qu’il avait écrit. Aujourd’hui, quand je tourne, j’écris directement avec la caméra. Si bien que lorsque j’ai envie d’aborder un sujet, je le pense d’emblée comme un film ou comme un livre, le média s’impose de lui même en fonction de la nature du sujet. Je ne conçois pas de passerelle de l’un à l’autre. Pourtant j’ai adapté une fois, un de mes romans : " Au petit Marguery ", mais ce fut l’exception qui confirmera peut-être la règle. J’ai envie de séparer très nettement les deux activités. Le cinéma ce sont d’abord des acteurs, une caméra, une équipe avec lesquels on raconte une histoire. Dans l’écriture, il n’y à personne, que mon papier ou mon ordinateur. Dans un cas je crée avec toute une équipe, dans l’autre je suis seul, endossant tour à tour le rôle de scénariste, d’acteur, de metteur en mots et de monteur du récit. J’ai absolument besoin d’aller de l’un à l’autre. Après deux ou trois années passées sur un film, à voir beaucoup de gens, je ressens un besoin impérieux de me plonger dans l’écriture d’un livre. Quant à l’influence de mon métier de producteur sur celui de réalisateur, elle est différente, mais elle existe quand même. 8 J’ai toujours eu conscience que le cinéma était l’art qui demandait le plus de moyen financier. Quand on pratique le cinéma dans un pays occidental on comprend rapidement que la censure économique est bien plus forte que la censure idéologique. Si on a envie de faire du cinéma, on ne peut pas faire abstraction du poids de l’argent. Ce sont les raisons qui m’ont amené à être producteur. Néanmoins quand je mets en scène un film, j’enlève ma casquette de producteur et je délègue complètement aux personnes dont le rôle est de s’occuper de la production. Mais je reste conscient du fait qu’à un moment donné un budget est une enveloppe fermée et que des arbitrages vont être nécessaires entre des choix difficiles. Il vaut alors mieux être au fait des réalités de la production pour effectuer les meilleurs arbitrages. En d’autres termes, et c’est un producteur qui le dit, il vaut mieux que le metteur en scène fasse ses choix plutôt qu’on lui impose. 15/ Quelle signification a ce titre " Qui perd gagne !" ? " Qui perd gagne ! ", ça veut dire que parfois les apparences sont trompeuses. C’est aussi une philosophie de la vie qui s’applique à la genèse de ce film. Longtemps j’ai cru qu’il ne se tournerait jamais. J’étais donné perdant ! Et puis finalement il existe. Ce titre fait référence à la patience aussi. Ce n’est pas parce qu’à un moment donné les événements ne se passent pas comme prévu que tout est perdu. Au contraire. Il faut se battre et rebondir. Je crois que les vraies victoires ne sont pas les victoires les plus faciles. J’aime bien l’idée des causes perdues qui finalement triomphent de l’arrogance. " Qui perd gagne ! " c’est quand même plus humaniste que " Qui gagne, gagne " ! 16/ Au final comment regardez-vous votre film ? Pour être franc, je ne le regarde pas encore. Je serais malhonnête de dire, alors que le film est en train de se terminer que je vois comment il est. L’expérience m’a montré que c’est souvent après avoir parlé avec les spectateurs que l’on commence à avoir une idée juste, et éloignée de la théorie, de ce qu’on a fait. J’aime l’idée qu’on ne maîtrise pas tout, que le film peut raconter aux autres des choses différentes de ce que vous aviez conçu. Interview Thierry LHERMITTE 1/ Le personnage que vous jouez est peu ordinaire uniquement parce qu’il est arrivé à ses fins ! Son étrangeté s’explique par le fait qu’il est hypermnésique. A priori, cette maladie semble sympathique. On imagine qu’il est agréable d’avoir une mémoire absolue. Mais, en fait c’est insupportable et Jacques, mon personnage, en pâtit énormément. L’hypermnésie le conduit à avoir des rapports très calculés avec les autres. Il les manipule à la fois pour se venger et pour gagner l’amour d’Angèle. Cette histoire d’amour est un peu un combat des chefs : la chef-flic autoritaire face au chef-manipulateur indomptable. Elle veut le faire entrer dans son monde et lui également. Mais, au final, ils ont gagné tous les deux : Angèle est ravie, quant à Jacques, il a réussi son coup. 2/ Comment avez-vous appréhendé le rôle de Jacques ? Je l’ai cerné presque de manière inconsciente. Je me disais que ce type devait être cassé moralement et physiquement. C’était plus intuitif que rationnel. Je ne cherche jamais à catégoriser un personnage, comme s’il rentrait dans une catégorie prédéfinie. Sinon je verserais dans le cliché. En général, je travaille le texte et puis ça vient tout seul. Je me suis donc créé une image de Jacques au travers de ce qu’il dit et de ce qu’il fait. Je devais trouver l’équilibre entre la légèreté du film et un certain réalisme, puisque j’incarne un homme qui souffre et qui prend des médicaments. 3/ Qu’est ce qui vous a attiré dans ce personnage ? Je trouvais amusant de jouer un homme qui se souvient de tout. Cela donne lieu à des scènes marrantes. J’aime bien chez Jacques le mélange de fragilité et de force. Sa maladie est un vrai cauchemar, mais il s’en sert pour atteindre le but qu’il s’est fixé. C’est un personnage qui évolue peu au cours de l’histoire : il a monté son plan dès le début et c’est ce qui va motiver toutes ses actions. A partir de là, il manipule, il n’est jamais surpris par ce qui se passe. Et à un moment ou un autre, tout le monde est obligé d’avancer ses pions sans réaliser que c’est Jacques qui en a décidé ainsi. Aux échecs, on appelle ça un " coup forcé ". 4/ Jacques ne contrôle quand même pas complètement son histoire d’amour ! C’est vrai, sa relation avec Angèle évolue. D’abord, il ne lâche rien et, petit à petit, il finit par céder. Mais 9 5/ C’est le moment de nous dire un petit mot sur Elsa, votre partenaire ? Elle est vraiment super. C’est une actrice à la fois belle et forte, ce qui la rend très crédible dans son rôle de femme-flic. Sur le tournage, j’étais content dès le premier jour, car Elsa joue à fond d’entrée. Et cela en toute simplicité et en s’amusant. Franchement, c’est le genre de comportement que j’aime bien. 6/ Comment s’est passé le tournage avec Laurent ? Je me suis laissé guider par lui. Il avait une vision très nette dupersonnage. Pour ce qui est de mon jeu, Laurent m’a toujours assuré qu’il était content de ce qu’il voyait. Cela m’a mis en confiance et je suis vraiment entré dans le rôle. J’ai beaucoup apprécié de travailler avec Laurent, car il sait ce qu’il veut. Je lui faisais souvent des propositions, mais il était rarement d’accord car il voyait autre chose. Je trouve ce genre d’attitude très respectable, surtout qu’il ne se comporte pas en dictateur. Il est simple et souriant. C’était sympa d’être dans les mains d’un tel metteur en scène. 7) Qu’elles sont vos impressions sur le film, quels sont ses atouts ? C’est un film léger avec une bonne dose de suspens et d’humour, très alléchant. En plus, les dialogues sont bien ciselés. J’ai aussi été épaté par l’élégance du film à tout point de vue, qu’il s’agisse de la mise en scène, de l’image ou du scénario. C’est vraiment un film épatant, bluffant même. Interview Elsa ZYLBERSTEIN 3/ Le scénario est très écrit, comment avez-vous fait pour apporter cette fragilité qui caractérise Angèle ? 1/ Quel genre de femme est Angèle ? Apparemment c’est une fille qui est assez dans le concret. Elle aime ce qu’elle fait. Et puis à mesure que l’histoire avance, Angèle est déstabilisée, elle n’a plus les clefs pour comprendre cette histoire de tricherie et cette histoire de loto. Du coup, elle demande à l’homme qu’elle aime, qui est un tricheur, de l’aider. Paradoxalement c’est un homme qu’elle déteste aussi. Angèle est amoureuse de sa faiblesse. C’est-à-dire elle aime un homme qui joue et qui fraude, alors qu’elle est sencée représenter la loi. C’est vraiment le nœud du personnage. Angèle est un mélange de force, d’ambition, de masculinité et en même temps de fragilité, d’amour et de féminité. C’est quelqu’un qui vit dans un monde d’hommes et qui est habituée à être dure, à affronter les situations difficiles. Je voulais aller au-delà des apparences, j’ai eu envie d’amener deux, trois moments où elle s’écroule, de montrer cette fragilité. En fait quand on prend un scénario, il y a plusieurs lectures possibles. Mais paradoxalement il y en a une qui s’impose avec les mots qu’on a à dire. Ce qui est intéressant est de chercher audelà des mots et de faire exister un personnage en l’enrichissant des premières idées qu’on a après la lecture du scénario. Angèle est aussi une joueuse. Je pense qu’Angèle aime jouer ou elle a aimé le jeu en tout cas. On ne se trouve pas commissaire à la division des jeux par hasard. Le jeu l’intrigue aussi. Elle a besoin d’être surprise. Et Jacques représente cela. Angèle est une joueuse en ce sens qu’elle joue l’affectif avec lui pour obtenir ce qu’elle veut. 2/ Pourquoi avoir voulu ajouter cette touche de fragilité ? Avec sa brigade, elle est forte et autoritaire. Elle connaît son métier, elle sait ce qu’elle veut. Ce qui m’intéresse c’est qu’il y ait l’autre facette. Quand on a commencé à travailler avec Laurent, je lui ai fait part de mon envie de montrer à deux trois reprises sa fragilité. Au moment du coup de fil qu’elle passe en sortant du bureau, je voulais montrer une amoureuse. Elle partait en vacances avec son fiancé, elle ne voulait plus entendre parler du boulot et il la plante. Il la trompe, avec le jeu. Je tenais à jouer une amoureuse comme une autre qui se retrouve, seule et blessée. Dans ce coup de fil, on sent qu’elle ne veut pas le perdre, qu’elle tient à lui. 10 Ce n’était pas évident à faire, car le scénario est d’une grande qualité, extrêmement bien écrit. C’était un gros travail de préparation que d’apprendre ce texte. Il ne fallait pas qu’il soit un obstacle pour pouvoir apporter ce décalage entre ce qui est écrit et ce que ressent le personnage. Il était important dans certaines scènes de resituer les émotions d’Angèle. La scène de la réunion avec la brigade par exemple. Je me disais que cette femme devait être malheureuse, d’avoir perdu son amoureux... Dans ce cas-là, on se moque des mots ! pour moi, c’est ce qu’elle ressent à ce moment précis qui est important. Je joue un état, pas un acte. Je suis malheureuse, j’ai envie de pleurer. Je suis vraiment avec elle et je suis obligée d’amener ça au personnage. Dès qu’il y avait un petit moment d’humanité, j’en profitais. J’avais envie de jouer une femme plus qu’une commissaire. 4/ Il n’y a pas que le texte qui soit précis la mise en scène l’est également. La mise en scène de Laurent est très précise, très chorégraphique, un peu comme une partition musicale. Il y avait beaucoup de plans séquences. C’était agréable, mais il fallait pouvoir rentrer dans ce rythme. Je ne pense pas que j’aurais pu faire ce film quand j’ai commencé. Cette mise en scène demandait une certaine aisance dans les déplacements, une certaine élégance pour dire le texte. En même temps il fallait le jouer. À mes débuts, je n’aurais pas su le faire. Maintenant quand je joue je suis tellement dans ma bulle. Une fois que j’intègre les mouvements, je suis avec moi-même, et avec mes partenaires. En fait, le cinéma c’est apprendre techniquement à trouver une grande liberté, à pouvoir émouvoir les gens dans ce carcan. 5/ Vous êtes depuis le début sur le projet du film, à un moment il a failli ne pas se faire, qu’est ce qui fait que vous avez tenu à jouer ce rôle ? Je sais depuis longtemps que quand on fait du cinéma, l’actrice ne décide pas de tout. Ce qui m’a amené à être présente dans ce projet, c’est le désir de Laurent. J’ai été très sensible au fait qu’il ait vraiment eu envie de moi. Le désir des metteurs en scène m’a toujours fait flancher. Je pourrais aller au bout du monde pour le désir d’un metteur en scène. Cela me donne des ailes. Pour moi, c’était aussi une question de fidélité. 6/ Comment avez-vous travaillé avec Laurent ? Nous avons fait une lecture à la maison et puis le film s’est écroulé. On s’est revu de temps en temps. Quand la préparation du film a recommencé, on a surtout travaillé sur l’allure d’Angèle. Le travail intime finalement, c’est un travail qui t’appartient. Cette lecture a surtout permis à Laurent de voir dans quelle direction j’avais envie d’aller. Je voulais amener toute ma fragilité à ce personnage. Je me considère comme un instrument. Si on me choisit pour un rôle c’est parce qu’on sait que je vais apporter d’autres choses. Et j’ai besoin d’étonner les metteurs en scène. Je pensais que le personnage d’Angèle serait encore plus fort, encore plus autoritaire, plus masculin si on lui permettait d’être plus fragile à certains moments. Laurent et moi discutions beaucoup de cette fragilité. Pendant le tournage, il me disait de faire en sorte qu’elle ne soit pas trop fragile, de la jouer plus en demi-teinte. Alors que moi je souhaitais aller plus loin. J’ai besoin de proposer parce que je ne veux avoir aucun regret sur une scène. C’est important de ne pas être une bonne élève. Il faut savoir désobéir. Je mange le rôle, je l’ingurgite et je le ressors avec des interprétations et l’idée que j’en ai. Après, le metteur en scène accepte ou pas les propositions. Laurent est quelqu’un que j’aime profondément, il avait une vraie intelligence de son scénario. Attendre pour tourner son film a renforcé son envie, il savait exactement où il voulait aller et il avait une idée précise d’Angèle. J’avais la même mais avec des éléments en plus. 7/ Comment avez-vous construit ce personnage de commissaire pour qu’il ne ressemble pas à tant d’autres ? Je voulais absolument me décoller de toute règle. Et partir plus dans le fantasme, dans le rêve. En partant du fait qu’elle était commissaire, je me suis demandée quel type de vie elle pouvait mener, si elle aimait les vêtements. Je n’avais pas envie de faire une commissaire avec son gros pull, mal habillée comme on en voit dix à la télé. Ce sont des clichés. Je tenais à jouer une commissaire avec un style proche de ceux des comédies américaines des années 50 et à créer un personnage plus à la Audrey Hepburn. Même si elle n’a jamais joué ce genre de rôle. Je me suis dit qu’Angèle aime s’habiller, qu’elle est féminine. Je voulais plus la cibler en tant que femme. Certes elle est commissaire. Mais un métier ne peut définir un rôle, ça aide bien sûr. Le fait qu’elle travaille dans les casinos oblige aussi qu’elle soit bien habillée, il ne faut pas qu’elle soit repérée. 8/ Les comédies américaines c’est une référence en commun que vous avez avec Laurent ? C’est vrai qu’on s’est retrouvé là-dessus. Il disait qu’il 11 voulait une Angèle très stylée. Dès le départ, il m’a dit qu’il ne souhaitait pas que mon personnage soit négligé, avec un gros blouson en cuir. Très vite il m’a demandé de me couper les cheveux. Il voulait une coupe de cheveux courte avec du caractère. Nous sommes allés chez Chanel choisir des petits ensembles très prêts du corps, des petits costumes sexy. Laurent y tenait beaucoup. Il ne voulait pas qu’on soit dans le domaine réaliste, en tout cas dans des références réalistes. 9/ L’univers du jeu vous connaissiez ? Quand je suis dans un casino, j’aime bien jouer au Black jack mais sans plus. J’ai des périodes comme ça où ça peut m’amuser. J’ai rencontré une femme qui est commissaire à la brigade des jeux. J’ai beaucoup parlé avec elle. 10/ Comment décririez-vous l’histoire d’amour entre Jacques et Angèle ? On sent qu’il y a un vrai amour, que physiquement ils se plaisent. Elle essaye de le faire changer, en même temps on ne change pas quelqu’un qui joue. Elle est jalouse du jeu en fait, c’est comme une danseuse, comme une maîtresse. Ce sont deux orgueilleux qui ne veulent pas lâcher prise. Ils ont besoin chacun de garder le pouvoir. C’est un peu un rapport de force. Elle finit par être bluffé par Jacques. Car elle prend conscience que c’est lui le plus fort, c’est lui qui a le pouvoir. 11/ Comment avez-vous travaillé toi et Thierry ? Assez naturellement, on ne s’est pas posé de questions. Thierry est quelqu’un de très simple, vraiment pas pervers dans les rapports humains. Thierry est quelqu’un de gai aussi. On s’est vraiment retrouvé sur l’humour. Ensuite est née une vraie complicité dans le jeu et dans la vie. Sur un tournage, le metteur en scène donne le " la ". Comme Laurent est quelqu’un de très humain, de simple, qu’il est heureux de faire son film, tout se fait dans une très bonne humeur. 12/ Qu’est ce que ça vous a apporté de faire ce film en tant que comédienne ? Une rigueur, car il faut être très rigoureux avec ce genre de texte. La rencontre avec Laurent aussi. En tournant cette comédie élégante, il m’a fait un vrai cadeau. Cela ne m’était jamais arrivé. D’ailleurs, ce n’est pas vraiment une comédie, c’est plutôt un jeu de l’esprit. C’est un film sur le jeu où les acteurs jouent, où le public aussi va jouer en même temps qu’ils regardent le film pour essayer de comprendre ce qu’il se passe.