Un mélodisme enjôleur

Transcription

Un mélodisme enjôleur
Antonín Dvorák (1841-1904)
Sérénade pour cordes en mi majeur op. 22 (1875)
Un mélodisme enjôleur
Antonín Dvorák, l’un des musiciens les plus célèbres de son époque (la
fameuse Symphonie du Nouveau Monde), est considéré, avec Smetana,
dont il n’égale pas le génie, comme le plus éminent compositeur tchèque
du XIXe siècle. Sans doute en raison de sa très grande puissance créatrice
et de son éclectisme qui lui permirent d’assimiler des influences aussi
diverses que le classicisme allemand, la veine folklorique de l’âme slave
(qu’il insère dans la musique savante de son époque), la tradition chorale
britannique, voire le folklore américain. Le succès de sa musique est dû à
un pathos débridé, à un mélodisme enjôleur, à un sens très vif de la nature,
ou, comme dans cette Sérénade pour cordes, à une merveilleuse
atmosphère de ciel sans nuages, romantique voire passionnée, et une
verve rythmique respirant la joie de vivre. (Le compositeur vit de sa vie une
période heureuse : il vient de se marier, de recevoir une bourse de l’État
autrichien et, grâce à Brahms, commence de se faire connaître dans le
monde où sa musique est exécutée.)
Créée le 10 décembre 1876 à Prague sous la direction d’Adolf Cech, la
Sérénade op. 22 fut écrite en onze jours durant le mois de mai 1875. Elle
comprend cinq mouvements : 1. Moderato est fait d’une mélodie plaisante
avec une introduction en trois parties ; 2. Tempo di valse, entraînant à
souhait, mais mélancolique et doux-amer, qu’on dirait la pudeur de demiaveux ; sa partie centrale, en ré bémol majeur, est interrompue par des
tremblements dramatiques, sans jamais néanmoins se départir de l’esprit
dansant du premier mouvement ; 3. Le Scherzo constitue la pièce centrale
de l’œuvre qu’illustre une délicieuse cantilène de violons dans le trio ; 4. Le
quatrième mouvement, Larghetto, introduit un moment de tranquillité, ou de
fragilité, à la Tchaïkovsky, avant le fougueux et folklorique Finale, dernier
mouvement où le compositeur revisite des thèmes du Larghetto et du
premier mouvement.
Jean-Noël von der Weid
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Sur le site MusicaBohemica, partie consacrée à Dvorák :
http://musicabohemica.blogspot.fr/2007/10/dvorak.html