Voyages - Louvre

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Voyages - Louvre
Dossier de presse
Exposition
du 27 novembre 2014
au 23 février 2015
Aile Sully, 2e étage,
Salles 20 à 23
Philippe Djian
Voyages
Sommaire
Communiqué de presse
page 2
Un week-end avec Philippe Djian
À l’auditorium du Louvre
page 3
Préface de Jean-Luc Martinez
page 5
Voyages. Itinéraires d’une exposition
par Pascal Torres
page 6
Le voyage en quelques textes
page 7
Regards sur quelques œuvres
page 12
Publication
page 15
Liste des œuvres exposées
page 16
Visuels disponibles pour la presse
page 24
1
Philippe Djian
Communiqué de presse
Exposition
Voyages
27 novembre 2014 23 février 2015
Aile Sully, 2e étage,
salles 20-23
Philippe Djian propose un voyage onirique dans les arts et la
littérature. Si le goût pour l’Ailleurs, le désir de passer au-delà
des frontières, a marqué la civilisation occidentale, dont l’un des
premiers grands textes littéraires – L’Odyssée – est illustré par
des antiques grecs choisis dans les collections du musée, des
textes plus anciens illustrent un désir universel de découvrir de
nouvelles terres.
Carnets de voyages, notes dessinées ou écrites, peintures,
antiques et sculptures jalonnent le parcours de l’exposition et
nous invitent à une confrontation avec des œuvres souvent issues
de l’art sacré dans lesquelles la notion de voyage cède le pas à
celle de la transhumance des âmes.
Car la curiosité pour l’au-delà des frontières du monde connu
trahit souvent de façon symptomatique une universelle
interrogation humaine sur l’avenir de l’individu ou de l’espèce.
Et peut-être bien que la littérature, conçue comme le laboratoire
d’un voyage intérieur, perpétue l’une des plus profondes
pulsions de l’humanité qui est d’interroger son destin.
Commissaire de l’exposition : Pascal Torres, conservateur en chef,
directeur scientifique de Louvre Conseil.
Albrecht Dürer, Costume de dame ou Dame de
Livonie. Plume, encre brune, aquarelle. Musée
du Louvre © RMN (musée du Louvre) / Thierry
Le Mage
Publication
Voyages. Philippe Djian. Coédition Gallimard / musée du Louvre
éditions
162 pages, 70 illustrations, prix de vente : 29 €, dimensions 185 x
235 mm
A l’auditorium du Louvre
Un week-end avec Philippe Djian
Cette exposition bénéficie du généreux
soutien de Louis Vuitton.
Entouré de quelques invités, Philippe Djian prolongera les 16, 17 et
18 janvier 2015 ses Voyages dans les domaines de la musique, de la
littérature et du cinéma (détails en page 3).
Dans la salle audiovisuelle
Le vendredi de 10h à 20h / Accueil des groupes
Dans le sillage d’Ulysse. De Jean Baronnet.. 56 min, 1997.
Voyages Exquis. Œuvre collective sous la coordination de Loic
Djian, par Année 15, Virginie Despentes, Arnaud et Jean-Marie
Larrieu, Valérie Mréjen, Jean-Philippe Toussaint… 8 min, 2014.
Direction des Relations extérieures
Anne-Laure Béatrix, directrice
Adel Ziane, sous-directeur de la communication
Sophie Grange, chef du service de presse
Contact presse
Céline Dauvergne
[email protected] - Tél. 01 40 20 84 66
2
Le goût pour l’Ailleurs (salle 20)
Pour évoquer le désir de connaître un au-delà des frontières, la
première salle accueille le Panorama de Constantinople de
Prévost (1818), le Cratère des Prétendants du Peintre d’Ixion et
l’Œnochoé à figures noires d’Ulysse et Polyphème du Peintre du
Vatican. L’Odyssée offre le point de départ de la relation entre
voyage et littérature. Au centre de la salle est présentée, sous
vitrine, une accumulation de livres qui sont des relations de
voyages (en Syrie, en Terre Sainte – par Jacques Callot – en
Italie, en Egypte). Le thème du voyageur occidental est évoqué
sous maints aspects par des estampes de Schongauer, un dessin
de Dürer, des œuvres italiennes du XVe siècle montrant
l’importance de la thématique du voyageur (ou du pèlerin) et son
essor à partir de la seconde moitié du XVe siècle. Deux tablettes
babyloniennes exceptionnelles apportent deux témoignages
antiques inédits, l'un consacré à des conseils donnés à un roi
voyageur en char, l'autre est sans doute l'un des premiers
paysages littéraires (anonyme) d'un individu souhaitant monter
aux cieux pour se rendre immortel et qui prend plaisir lors de
son ascension à dresser un paysage aérien de Babylone et de
l'Euphrate.
Œnochoé à figures noires. Ulysse et
Polyphème, musée du Louvre © RMN-Grand
Palais / Hervé Lewandowski
Informations pratiques
Lieu
Aile Sully, 2e étage, salles 20 à 23
Horaires
Tous les jours de 9h à 17h30, sauf le mardi.
Nocturne les mercredi et vendredi jusqu’à 21h30.
Tarifs
Accès avec le billet d’entrée au musée : 12 €.
Gratuit pour les moins de 18 ans, les moins de
26 ans résidents de l’U.E., les enseignants
titulaires du pass education, les demandeurs
d’emploi, les adhérents des cartes Louvre
familles, Louvre jeunes, Louvre professionnels et
Amis du Louvre, ainsi que le premier dimanche du
mois pour tous.
Renseignements
www.louvre.fr
Le voyage comme transhumance des âmes (salle 21)
Y sont rassemblés des carnets de voyages d’artistes occidentaux
des XVIIIe et XIXe siècles (Gros en Italie, Delacroix au Maroc,
Gauguin à Tahiti), ainsi que des ouvrages renaissants qui
ouvrent la perspective vers le voyage pris comme thème de culte
ou de croyance liée ou non à la transhumance des âmes : le
premier ouvrage illustré de la Comédie de Dante par Baccio
Baldini et Sandro Botticelli, l’Hypnerotomachia Poliphili de
Colonna, etc. Cette même salle accueille aussi un Livre des
Morts de l’Ancienne Egypte tel le Livre des Morts anonyme
(N 3073) ainsi qu’un modèle de bateau du Moyen Empire.
Le voyage intérieur. Le voyage forcé (salle 22)
Cette salle envisage le voyage non plus comme vue de l’ailleurs,
non plus comme voyage cultuel ou mystique mais comme
création littéraire, « voyage dans une chambre » pourrions-nous
dire, ou dans une œuvre (nous présentons en trois planches la
transformation du chef-d’œuvre d’Hercule Seghers – Tobie et
l’ange – en un nouveau chef-d’œuvre gravé par Rembrandt : la
Fuite en Egypte). Ici prennent place plusieurs registres de la
création littéraire et artistique, autour de dessins de Victor Hugo,
d’estampes d’Alechinsky ou de Louise Bourgeois, une grande
encre d'Henri Michaux, enfin une œuvre contemporaine, du
Collectif anonyme défendu par Vincent Sator, consacrée à la
Cartographie littéraire de Guy Debord.
Une sculpture de Martin Salazar, artiste franco-péruvien
contemporain, intitulée Exil, aborde le voyage forcé, en quelque
sorte, venant faire écho au voyage mental de Victor Hugo,
d’Allen Ginsberg ou de Michaux. Nous présentons aussi dans
cette salle un cadavre-exquis vidéo d’une durée de 5 minutes
tournant en boucle sur moniteur – moment de création libre par
des cinéastes et artistes vidéo souhaitant mettre en scène la
relation entre la feuille, la route, le voyage et la littérature.
Une installation vidéo de Bill Viola conclut l’exposition
Voyages dans la salle 23.
3
Un week-end avec Philippe Djian
A l’auditorium du Louvre
16-17-18 janvier 2015
Vendredi 16 janvier à 20h30
On the road again : un voyage musical avec Philippe Djian
Séance Clip & Clap animée par Philippe Djian et mise en musique
par Nicolas Repac
La musique est une invitation au voyage, elle accompagne
l’errance de ceux qui explorent les marges ; elle favorise aussi les
voyages intérieurs et le dépassement de nos propres frontières.
Schubert, Dylan, Springsteen et bien d’autres ont mis en musique
ces transgressions, commentées ici par Philippe Djian, avec des
documents audiovisuels et des séquences live de Nicolas Repac,
musicien multi-instrumentiste connu notamment pour ses
collaborations avec Arthur H.
Philippe Djian © C. Hélie Gallimard
Samedi 17 janvier à 20h30
Philippe Djian : portrait de l’artiste en voyageur
Lectures, discussions, projections et concerts avec Philippe Djian,
Mathieu Amalric, Pascal Torres, Frédéric Bonnaud, Professeur
Inlassable et John Greaves
Ouvrir un roman de Philippe Djian, c’est faire route vers l’inconnu.
Cette logique d’incertitude s’applique également à cette soirée
protéiforme qui réunit autour de l’écrivain voyageur et mélomane
des personnalités issues de différents horizons culturels. Bien sûr,
il sera question de littérature, de musique et de son exposition au
Louvre… mais le voyage réserve quelques surprises !
Dimanche18 janvier à 16h
Caravaggio joue L'Amour est un crime parfait d’Arnaud &
Jean-Marie Larrieu
Ciné-concert avec Bruno Chevillon (basse, contrebasse), Eric
Echampard (batterie, percussions), Benjamin de la Fuente (violon,
guitare électrique), Samuel Sighicelli (orgue Hammond,
synthétiseurs) et les frères Larrieu (mixage en direct des dialogues
du film).
Le groupe Caravaggio a collaboré avec les frères Larrieu pour
composer la musique de L'Amour est un crime parfait (2014) –
thriller fantasmagorique réalisé d’après le roman Incidences de
Philippe Djian. Ensemble ils prolongent l’aventure sur scène en
proposant une expérience musicale et cinématographique aussi
inédite que passionnante.
4
Préface
par Jean-Luc Martinez,
président-directeur du musée du Louvre
Convoquer l’imaginaire, réunir dans un espace consacré aux arts
visuels la littérature et les arts plastiques, proposer au public un
parcours singulier au travers d’un thème choisi par l’un des
écrivains français contemporains les plus populaires, tels sont les
défis de l’exposition « Philippe Djian. Voyages ».
Réunies par la seule force de leurs correspondances, les œuvres
présentées acquièrent une identité nouvelle, reposant sur la
pérennité d’un thème – le voyage – qui a marqué la civilisation
depuis la plus haute Antiquité jusqu’à nos jours.
On ne sera pas surpris que Philippe Djian, dont l’une des sources
d’inspiration demeure l’immense liberté créatrice défendue par la
Beat Generation, ait tenu à accorder une place primordiale à
l’évocation de la route, du voyage, du déplacement du sujet – tant
réel que métaphorique. Mais la surprise demeure entière dans
l’extrême complexité de ses choix qui s’impose au regard dans une
évidence onirique.
De l’ancienne Assyrie aux créations vidéo contemporaines, une
voix se fait entendre : celle de la littérature vécue comme l’une des
expressions les plus sincères de l’aspiration de l’homme à mener sa
mission civilisatrice. Mais par-delà cette nécessité d’essence, la
voix de la liberté s’impose au spectateur tel le propre hasard de
l’errance, manifestation immémoriale du désir.
Je remercie Philippe Djian de nous inviter à suivre ce parcours
inattendu où l’érudition ne cède en rien à la puissance de
l’imagination. Je tiens enfin à souligner l’importance du travail
réalisé par le commissaire de l’exposition, Pascal Torres, en
collaboration avec l’équipe de la collection Edmond de Rothschild
au département des Arts graphiques ; l’acuité du regard des
conservateurs des départements des Antiquités orientales, des
Antiquités égyptiennes, des Antiquités grecque étrusque et romaine
ainsi que le département des Peintures.
Puisse le public prendre un plaisir rénové à découvrir sous un jour
nouveau des œuvres du musée du Louvre qu’il aura parfois
admirées dans des contextes bien différents.
Sauf mention contraire, les textes sont extraits de Philippe Djian. Voyages. Coédition Gallimard / musée du Louvre
éditions
5
Voyages. Itinéraire d’une exposition
par Pascal Torres
Texte introductif du catalogue
L’exposition Voyages propose un choix d’œuvres hétéroclite
réalisé par Philippe Djian à partir des collections de plusieurs
départements du musée du Louvre. Il s’agit d’une confrontation
d’œuvres dont le choix repose sur quelques thèmes récurrents,
sources de réflexion, parfois d’inspiration, pour l’écrivain.
Nombreuses sont les manières d’aborder l’œuvre d’art. Ici, les
formes, les techniques, l’antiquité ou la contemporanéité des pièces
ont été appréhendées – par-delà les différences des contextes, des
époques et de la volonté créatrice des artistes qui en sont les auteurs
– au seul regard d’un ensemble cohérent qui interroge, plus qu’il
n’analyse, une relation de l’homme, de l’écrivain et de l’artiste au
voyage.
Suivre, dans la plus grande liberté, l’itinéraire que propose Philippe
Djian dans les méandres labyrinthiques des collections du musée
du Louvre – tel est le propos.
Les arts plastiques se trouvent ici célébrés dans une étroite union
avec le texte littéraire : des fragments de lecture y scandent à
dessein de surprenants fragments du visible. L’exposition Voyages
s’inscrira peut-être, bien que de façon détournée, dans la tradition
du livre illustré.
6
Le voyage en quelques textes
Une sélection de Philippe Djian et Pascal Torres
Textes des panneaux de l’exposition
« Je suis sorti de ma maison ; mon bac me fait traverser, Thot
me fait aborder comme il fait aborder l’œil d’Horus qui était sans
bac ; il n’existe pas d’œil d’Horus sans bac, aussi n’existe-t-il pas
non plus que je sois sans bac.
Ô celui qui descend et remonte le Nil tandis que je suis sans
bac, amène-le moi, afin que je puisse aborder ! Je viens avec cette
châsse des dieux ; ce coffret des dieux fut ouvert quand je descendis
à Dep ; alors mon bac fut préparé à Héliopolis, mes cordages furent
noués à Busiris. Amène-le-moi, car je suis sans rien.
Si maintenant tu me l’amènes, et que les rames de la barque
divine n’ont pas été brisées, que son gréement n’a pas été cassé, que
la drisse n’a pas été brisée, que le câble n’a pas été coupé chez les
deux équipages de Rê, le gouvernail étant Nout, je le conduirai avec
vous, le gouvernail étant Isis. Je suis celui à qui a été amenée cette
barque, pour qui a été enfoncé le piquet d’amarrage, pour qui a été
mise en place la passerelle. Car je suis vraiment l’héritier de son
père, qui m’a amené à cet abri, absolument seul. Ô ce dieu, amènele moi. »
Textes des sarcophages égyptiens du Moyen Empire, formule
(spell) 182. Traduction de Paul Barguet, les éditions du Cerf, 1986.
« Je parcourus de nouveaux royaumes, de nouveaux empires. Au
cours de l’automne 1066, je combattis au pont de Stamford ; je ne
me souviens pas maintenant si ce fut dans l’armée d’Harold, lequel
ne tarda pas à trouver son destin, ou dans celle de l’infortuné Harald
Hardrada qui conquit six pieds de terre anglaise, ou un peu plus. Au
VIIe siècle de l’Hégire, dans le faubourg de Būlāq, je transcrivis
avec une calligraphie pausée, en une langue que j’ai oubliée, dans
un alphabet que j’ignore, les sept voyages de Sindbad et l’histoire
de la Cité de Bronze. Dans une cour de la prison de Samarcande,
j’ai beaucoup joué aux échecs. A Bikanir, j’ai professé l’astrologie ;
et aussi en Bohême. En 1638, j’étais à Kolozsvar, puis à Leipzig. A
Aberdeen, en 1714, je souscrivis aux six volumes de L’Illiade de
Pope ; je sais que je les fréquentais avec délices. […] Quand
s’approche la fin, il ne reste plus d’images du souvenir ; il ne reste
que des mots. Il n’est pas étrange que le temps ait confondu ceux
qui furent symboles du sort de l’homme qui m’accompagna tant de
siècles. J’ai été Homère ; bientôt je serai Personne, comme Ulysse ;
bientôt je serai tout le monde : je serai mort. »
Jorge Luis Borges, L’Aleph, « L’immortel ». (trad. Roger Caillois,
Gallimard)
7
« C’est l’homme aux mille tour, Muse, qu’il faut me raconter,
Celui qui tant erra quand, de Troade, il eut pillé la ville sainte,
Celui qui visita les cités de tant d’hommes et connut leur esprit,
Celui qui, sur les mers, passa par tant d’angoisses,
en luttant pour survivre et ramener ses gens.
Hélas ! même à ce prix, tout son désir ne put sauver son équipage :
ils ne durent la mort qu’à leur propre sottise, ces fous qui,
du soleil, avaient mangé les bœufs ; c’est lui, le fils d’en haut,
qui raya de leur vie la journée du retour.
Viens, ô fille de Zeus, nous dire, à nous aussi, quelqu’un de ses
exploits ».
Homère, Odyssée, I, vers 1-10.
« Nous avions déjà visité Milan et Gênes. Nous étions à Pise
depuis deux jours lorsque je décidai de partir pour Florence.
Jacqueline était d’accord. Elle était d’ailleurs toujours d’accord.
C’était la deuxième année de la paix. Il n’y avait pas de place
dans les trains. A toutes les heures, sur tous les trajets, les trains
étaient pleins. Voyager était devenu un sport comme un autre et
nous le pratiquions de mieux en mieux. Mais cette fois, à Pise,
lorsque nous arrivâmes à la gare, les guichets étaient fermés, on ne
délivrait même plus de billets pour aucun des trains en partance.
Nous pensâmes aux cars. Mais pour les cars non plus on ne délivrait
plus de billets. Malgré ces empêchements je me jurai de gagner
Florence dans la journée. Quand je voyageais j’avais toujours de
ces acharnements-là, il me fallait toujours voyager davantage, et ce
jour-là, la seule idée d’attendre au lendemain pour voir Florence
m’était insupportable. Je n’aurais sans doute pas su dire pourquoi,
ce que j’attendais de cette ville, quelle révélation, quel répit j’en
espérais. »
Marguerite Duras, Le Marin de Gibraltar, Première partie
Gallimard, Paris, 1952
« Quand tu aimes il faut partir
Quitte ta femme quitte ton enfant
Quitte ton ami quitte ton amie
Quitte ton amante quitte ton amant
Quand tu aimes il faut partir
Le monde est plein de nègres et de négresses
Des femmes des hommes des hommes des femmes
Regarde les beaux magasins
Ce fiacre cet homme cette femme ce fiacre
Et toutes les belles marchandises
II y a l'air il y a le vent
Les montagnes l'eau le ciel la terre
Les enfants les animaux
Les plantes et le charbon de terre
Apprends à vendre à acheter à revendre
Donne prends donne prends
Quand tu aimes il faut savoir
Chanter courir manger boire
Siffler
Et apprendre à travailler
8
Quand tu aimes il faut partir
Ne larmoie pas en souriant
Ne te niche pas entre deux seins
Respire marche pars va-t'en
Je prends mon bain et je regarde
Je vois la bouche que je connais
La main la jambe l'œil
Je prends mon bain et je regarde
Le monde entier est toujours là
La vie pleine de choses surprenantes
Je sors de la pharmacie
Je descends juste de la bascule
Je pèse mes 80 kilos
Je t'aime »
Blaise Cendrars, Feuilles de route, 1924
« Au milieu du chemin de notre vie, je me retrouvai dans une forêt
obscure, car j’avais perdu la voie droite.
Ah combien il est dur de dire ce qu’elle était, cette forêt âpre et
rude, dont le souvenir renouvelle ma peur !
Elle est si amère que la mort ne l’est guère davantage ; mais pour
traiter du bien que j’y trouvai, je parlerai des autres choses que j’y
ai découvertes.
Je ne sais pas bien redire comment j’y entrai, tant j’étais plein de
sommeil au moment où j’abandonnais la voie vraie. »
Dante, La Divine Comédie, L’Enfer, I, 1-12.
Du sommeil qui prit à Poliphile et comme il lui sembla en dormant
qu’il était en un pays désert, puis entrait en une forêt obscure
« Par un matin du mois d’avril, environ l’aube du jour, je, Poliphile,
étais en mon lit, sans autre compagnie que de ma loyale garde
Agrypnie, laquelle m’avait entretenu toute celle nuit en plusieurs
propos et mis peine de me consoler : car je lui avais déclaré
l’occasion de mes soupirs. (…)
Ô Jupiter, souverain dieu, appellerai-je cette vision heureuse,
merveilleuse ou terrible, qui est telle qu’en moi n’y a partie si petite
qui ne tremble et arde en y pensant ? Il me sembla que j’étais en
une plaine spacieuse, semée de fleurs et de verdure. Le temps était
serein et atrempé, le soleil clair et adouci d’un vent gracieux :
parquoi tout y était merveilleusement paisible et en silence : dont je
fus saisis d’admiration craintive : car je n’apercevais aucun signe
d’habitation d’hommes, ni même repaire de bêtes ; qui me fit bien
hâter mes pas, regardant deçà et delà. Toutefois, je ne sus voir autre
chose sinon feuilles et rameaux qui point ne se mouvaient.
Mais enfin je cheminais tant que je me trouvais en une forêt grande
et obscure, et ne me puis aviser ni souvenir en quelle manière je me
pouvais être fourvoyé. »
Francesco Colonna, Hypnerotomachie ou discours du Songe de
Poliphile déduisant comme Amour le combat à l’occasion de Polia,
traduction de l’Hypnerotomachia Poliphili, par Jean Martin, Paris,
Edition de Jacques Keruer, 1546. Livre I, chapitre I.
9
« J’ai rencontré rencontré [sic] Neal pas très longtemps après la
mort de mon père… Je venais de me remettre d’une grave maladie
que je ne raconterai pas en détail, sauf à dire qu’elle était liée à la
mort de mon père, justement, et à ce sentiment affreux que tout
était mort. Avec l’arrivée de Neal a commencé cette partie de ma
vie qu’on pourrait appeler ma vie sur la route. Avant, j’avais
toujours fait de vagues projets, mais sans jamais démarrer, quoi, ce
qui s’appelle démarrer. Neal, c’était le type idéal, pour la route,
parce que lui, il y est né, sur la route, en 1926, pendant que ses
parents traversaient Salt Lake City en bagnole pour aller à Los
Angeles… »
Jack Kerouac, Sur la route (traduction du rouleau original par
Josée Kamoun, éd. Gallimard, folio 5388)
«Prologue,
Déclaration du désabusé
Musique de Nicolas de Pelken pour
soprane, flûte, récitant et deux
orquestres à cordes
Alors nous crûmes que tout serait différent là-bas en andromède
mais bien vite nous voulûmes nous en aller ailleurs
vers une autre pièce de l’horloge planétaire d’où l’éternité jaillit à
chaque seconde
par exemple en bérénice qui se coiffe les siècles bissextiles ou plus
loin encore
plus loin que la terre orange bleue belle au-dessous du ciel
aussi intacte que sa lune (on sait bien qu’elle est atroce) de pierre
ponce
beaucoup plus loin encore là où les généraux ne peuvent aller
ces ânes à la mâchoire de Caïn
pour écrire aussi la nouvelle histoire des constellations
à coups de crosse comme dans l’autre monde
afin que l’homme demeure leur ordonnance
mais même ainsi il n’ y a pas de hasard même nous
clowns d’aluminium et de scaphandre clowns
qui changeons d’astre comme de masque
parce que nous ne pûmes pas supprimer une seule souffrance
nous savons qu’il n’y a pas d’audace dans l’aventure de l’oubli
d’ailleurs il n’y a pas d’oubli sans adieux »
Jorgenrique Adoum
Curriculum mortis, 1973, in Poesía hasta hoy, tome II (19492008), Éditions Archipiélago, Quito, Équateur, 2008
Traduction de Pascal Torres
10
J’ai vu les plus grands esprits de ma génération détruits par
la Folie, affamés hystériques nus,
se traînant à l’aube dans les rues nègres à la recherche d’une
furieuse piqûre,
initiés à tête d’ange brûlant pour la liaison céleste ancienne
avec la dynamo étoilée dans la mécanique nocturne,
qui pauvreté et haillons et oeil creux et défoncés restèrent
debout en fumant dans l’obscurité surnaturelle des chambres
bon marché flottant par-dessus le sommet des villes
en contemplant du jazz,
qui ont mis à nu leurs cerveaux aux Cieux sous le Métro
Aérien et vu des anges d’Islam titubant illuminés sur
les toits des taudis,
qui ont passé à travers des universités avec des yeux radieux
froids hallucinant l’Arkansas et des tragédies à la Blake
parmi les érudits de la guerre,
qui ont été expulsés des académies pour folie et pour publication
d’odes obscènes sur les fenêtres du crâne,
qui se sont blottis en sous-vêtements dans des chambres pas
rasés brûlant leur argent dans des corbeilles à papier
et écoutant la Terreur à travers le mur,
qui furent arrêtés dans leurs barbes pubiennes en revenant
de Laredo avec une ceinture de marihuana pour New
York,
qui mangèrent du feu dans des hôtels à peinture ou burent
de la térébenthine dans Paradise Alley, la mort ou leurs
torses purgatoirés nuit après nuit,
avec des rêves, avec de la drogue, avec des cauchemars qui
marchent, l’alcool la queue les baisades sans fin
Allen Ginsberg, Howl, traduction de Robert Cordier et JeanJacques Lebel, Christian Bourgeois éditeur, 1977
11
Regards sur quelques œuvres
Modèle de barque
Ancien Empire ; fin de la 6e dynastie, vers 2140 av. J.-C.
Bois peint
H. 21 ; L. 135 ; L. 11 cm
Paris, musée du Louvre, département des Antiquités
égyptiennes. E 32566
Ce modèle de barque appartenait au mobilier funéraire
déposé auprès du sarcophage du défunt dans le caveau.
La barque comporte un équipage de neuf rangs de rameurs. À sa proue, un personnage isolé est chargé de
sonder la profondeur du fleuve. À l’arrière, le défunt est représenté sous une sorte de dais dont il manque la
partie supérieure. Le barreur, le gouvernail et les rames sont manquants. Le modèle représente avec fidélité un
transport fluvial. Le Nil, axe majeur de circulation pour l’Égypte, est le moyen le plus simple et le plus rapide
pour gagner les différentes provinces du pays. Que l’on descende le courant, ou qu’on le remonte en hissant les
voiles pour bénéficier du vent du nord, le fleuve reste durant les cinq mille années de la civilisation égyptienne
synonyme de déplacement et de voyage. Même le dernier voyage est mis en rapport avec un déplacement
nautique. « Mourir » en égyptien peut se dire « aborder », faisant référence à la traversée d’est en ouest du
fleuve pour gagner les nécropoles situées dans les déserts occidentaux. Ce modèle, pour sa part, fait référence à
un autre voyage que le défunt se devait d’accomplir : le pèlerinage symbolique vers les deux grands
sanctuaires du dieu des morts Osiris, Busiris dans le delta au nord et Abydos dans le sud.
Anonyme vénitien XVe siècle
Vaisseau voguant à gauche
Vers 1470-1480
Burin
Epreuve unique
H. 22 cm ; L. 17,5 cm
Musée du Louvre, département des Arts graphiques, Collection
Edmond de Rothschild. 3710 LR
Cette très rare estampe vénitienne, dont il existe seulement un
exemplaire conservé à la collection du baron Edmond de
Rothschild au musée du Louvre, représente une Cocca Veneta, ou
« vaisseau rond », navire de petit tonnage le plus souvent utilisé par
la flotte vénitienne pour le commerce avec le Levant.
La très haute proue en forme de bec d’oiseau, la poupe très élevée,
l’absence de canons ainsi que la grande maniabilité des voiles
constituaient les principales caractéristiques de ces vaisseaux longs
d’environ trente mètres et dotés d’un déplacement d’environ 200
tonneaux.
L’importance du commerce maritime pour la République de
Venise explique assez aisément que les marines et les représentations de navires aient très tôt inspiré les
graveurs vénitiens.
12
Albrecht Dürer (1471-1528)
Costume de dame de Livonie
1521
Plume et encre brune, aquarelle
H. 28,1 ; L. 18,2 cm
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques,
collection Edmond de Rothschild. 19 DR
La collection Edmond de Rothschild conserve trois dessins des
« Dames de Livonie ». Il s’agit de dessins à caractère
ethnographique réalisés par l’artiste lors de son voyage aux PaysBas (de juillet 1520 à juillet 1521).
Le cosmopolitisme d’Anvers offrit d’autres modèles à Dürer, des
« gens de guerre en Irlande derrière l’Angleterre », des « paysans
irlandais » ou encore la « Négresse Catherine », servante du
Portugais Bradao. Ces œuvres sont aujourd’hui conservées à
Berlin et à Florence.
Pierre Alechinsky (1927)
Le pinceau voyageur
1998
Eau-forte et aquatinte sur cuivre
H. 55,1 ; L. 68,6 cm
Paris, musée du Louvre, département des Arts
graphiques, Chalcographie. 11134 C
Commandée par la Chalcographie du musée du
Louvre en 1998, cette estampe est une véritable
invitation au voyage, et semble avoir été créée d’un
seul trait. L’œil du spectateur chemine d’une case à
l’autre – « remarques marginales » comme les
appelle l’artiste –, autour de la composition centrale
du bateau qui navigue au milieu de l’océan.
Alechinsky est l’une des principales figures du
mouvement Cobra. Il s’installe a Paris ou il étudia la
gravure. Il découvrit la calligraphie lors de son premier séjour au Japon, en 1955, après une longue traversée
en navire. Autant d’éléments biographiques qui, dans ce voyage du pinceau, dont la fumée du bateau n’est pas
sans rappeler le parcours sinueux du calligraphe sur la feuille de papier, invitent encore et toujours au voyage.
13
Martin Salazar (né à Callao, Pérou, 1964)
Exil
2013-2014
Bois de chêne coloré, poutres anciennes
Sculpteur, Martin Salazar pratique la taille directe du bois. Son œuvre, le plus souvent onirique, puise aux
sources de l’art classique qu’il métamorphose en une matière pleinement contemporaine où formes et couleurs
subtilement se complètent. Exil appartient à un ensemble de pièces en bois polychromes réalisées par Salazar à
Paris en 2013-2014, faisant écho à l’ensemble monumental réalisé et présenté à la Galerie Xin Dong Chen à
Pékin en juin 2010 sous le titre de Mythologies. Au sujet de son oeuvre intitulée Exil, Martin Salazar, qui vit et
travaille à Paris et à Pékin exposait : « L’une (la fille) part vite, très vite, elle s’enfuit ; l’autre – un garçon
solide, bien planté – s’apprête à rentrer, revenir. J’ai voulu, en sculptant une paire de personnages représentés à
mi-corps signaler la dualité qui souvent est celle de l’exilé : partir/rentrer, changer/demeurer… Le travail de
création est peut-être, en un sens, une forme d’exil intérieur : on revient sans cesse sur le sujet, sur la forme…
Quant à la contrainte inhérente à l’exil, elle persiste. Elle n’est plus cette dynamique extérieure à soi, mais
s’intériorise. On se force à l’isolement. Changer sans (se) briser, est inhérent au travail sur une matière
organique comme le bois. Organique et historique : j’ai utilisé des poutres d’un vieil immeuble de Paris pour
les jambes du garçon, des poutres d’un manoir bourguignon pour celles de la jeune fille. »
14
Au musée du Louvre, Philippe Djian propose, le temps d’une exposition, un voyage onirique
dans les arts et la littérature. Goût pour l’ailleurs, désir de passer au-delà des frontières, le
voyage se découvre aussi comme une universelle interrogation humaine sur l’avenir de
l’individu ou de l’espèce, une transhumance des âmes, un exil intérieur, une forme de la
création littéraire.
Le texte de Philippe Djian, écrit pour le livre qui accompagne l’exposition, ne sera pas un
commentaire des œuvres qu’il a choisies mais un ensemble autonome qui pourrait être lu
seul. Il précède les reproductions des œuvres présentées, puisées par l'auteur dans le fonds
de la collection Edmond de Rothschild conservé au musée du Louvre.
De nombreux dessins et estampes de Dürer, Rembrandt, Seghers et bien d’autres, des livres,
des carnets de voyages d’artistes occidentaux des xviiie et xixe siècles, seront accompagnés
de dessins de Victor Hugo, d’estampes de Pierre Alechinsky ou de Louise Bourgeois, une
vidéo de Bill Viola, une grande encre d'Henri Michaux, enfin une œuvre contemporaine
consacrée, par le Collectif anonyme défendu par Vincent Sator, à la Cartographie littéraire de
Guy Debord. Sera également présentée une œuvre spécialement créée pour cette occasion,
un cadavre-exquis vidéo d’une durée de 5 minutes tournant en boucle sur moniteur moment de création libre par des cinéastes et artistes vidéo souhaitant mettre en scène la
relation entre la feuille, la route, le voyage et la littérature.
Du 16 au 18 janvier 2015, à l’auditorium du Louvre, Philippe Djian, entouré de quelques
invités, prolongera ses « Voyages » dans les domaines de la musique, de la littérature et du
cinéma.
Gallimard | Musée du Louvre éditions
n Descriptif
Gallimard | Musée du Louvre éditions
Voyages
3
PhiliPPe Djian
VoyAges
PhiliPPe Djian
VoyAges
Philippe Djian
Exposition
Musée du Louvre, Paris
du 27 novembre 2014
au 23 février 2015
Format
185 x 235 mm
Nombre de pages
192
Nombre d'illustrations
80
Prix
29 €
Date de parution
5 décembre 2014
SERVICES DE PRESSE
gallimard
presse nationale
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Françoise Issaurat - 01 49 54 43 21
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presse régionale / étrangère
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[email protected]
assisté de
n Du même auteur :
Vanessa Nahon - 01 49 54 43 89
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relations libraires - salons
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Musée du Louvre
Contact presse
Céline Dauvergne - 01 40 20 84 66
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Gallimard
Philippe Djian
Chéri-Chéri
Philippe Djian
Love Song
Philippe Djian
"Oh..."
isbn 978-2-07-014318-4 / 18,50 €
isbn 978-2-07-012215-8 / 18,90 e
isbn 978-2-07-076650-5 / 6,80 e
Liste des œuvres exposées
Albert Dürer
Saint-Christophe
1511
Bois
Saint Christophe, patron des voyageurs fut fréquemment
représenté par les graveurs. Dürer en réalisa quatre
interprétations distinctes, sur bois mais aussi au burin. La
figure du passeur, béni par le Christ qu’il porte sur les
épaules, trouve sa source dans la Légende dorée de
Jacques de Voragine.
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques,
Collection Edmond de Rothschild. L36 LR folio 193
Hercules Pietersz Seghers (1589/1590 - vers 1638)
Tobie et l’Ange
1511
Eau-forte, impression en brun-verdâtre. Filigrane : Folie
Cette représentation de Tobie et l’archange Raphaël
reprend une gravure de Hendrick Goudt réalisée d’après
une peinture d’Adam Elsheimer aujourd’hui perdue.
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques,
Collection Edmond de Rothschild. 2368 LR
Rembrandt Harmensz van Rijn (1606 -1669)
La Fuite en Egypte, effet de nuit
1651
Eau-forte avec des retouches au burin et à la pointe sèche
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques,
Collection Edmond de Rothschild. 2367 LR
Rembrandt Harmensz van Rijn (1606 -1669) d’après
Hercules Pietersz Seghers
La Fuite en Egypte
Vers 1653
Épreuve du 6e état. Eau-forte avec des retouches au burin
et pointe sèche.
Dans le sixième état de la planche de Rembrandt, le
paysage apparaît dans une plus grande lumière. Rembrandt
a éclairci l’œuvre au brunissoir.
Paris, musée du Louvre, Département des Arts graphiques,
Collection Edmond de Rothschild. 2369 LR
Anonyme vénitien XVe siècle
Vaisseau voguant à gauche
Vers 1470-1480
Burin. Épreuve unique
Cette très rare estampe vénitienne, dont il n’existe qu’un
exemplaire unique conservé à la collection du baron
Edmond de Rothschild au musée du Louvre, représente
une Cocca Veneta, ou « vaisseau rond », navire de petit
tonnage le plus souvent utilisé par la flotte vénitienne pour
le commerce avec le Levant. La proue très haute en forme
de bec d’oiseau, la poupe très élevée, l’absence de canons
ainsi que la grande maniabilité des voiles constituaient les
principales caractéristiques de ces vaisseaux longs
d’environ trente mètres et dotés d’un déplacement
d’environ 200 tonneaux.
L’importance du commerce maritime pour la République de
Venise explique assez aisément que les marines et les
représentations de navires aient très tôt inspiré les graveurs
vénitiens.
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques,
Collection Edmond de Rothschild. 3710 LR
Agostino dei Musi (vers 1490- vers 1540)
Portrait de Soliman Ier, dit « le Magnifique »
1535
Burin. Signé du monogramme ‘A. V.’ et daté de 1535
Dans ce portrait au burin de Soliman Ier, dit le Magnifique
(1494-1566), le sultan, rival de Charles Quint et du pape
Clément VII, porte une inusuelle tiare en or à quatre
couronnes rehaussée d’une plume et parsemée de rubis,
d’émeraudes, de turquoises, de diamants et de perles. Offerte
par l’ambassadeur français Antoine de Rincon en 1532, la
couronne est l’œuvre d’un orfèvre vénitien. Elle rappelle le
goût de Soliman pour les joyaux.
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques,
Collection Edmond de Rothschild. 4285 LR
Jost Amman (1539-1591) d’après Albrecht Dürer (14711528)
Femmes de Livonie
1521
Bois
Jost Amman grava plusieurs bois d’après les dessins exécutés
par Albrecht Dürer lors de son séjour anversois de 1521. Ces
planches furent publiées par Hans Weigel à Nuremberg en
1577, sous le titre Habitus praecipuorum popularum tam
vivorum, quam foeminarum singulari arte depicti.
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques,
collection Edmond de Rothschild. L 234 LR, folio 56
Albrecht Dürer (1471- 1528)
Costume d’une dame de Livonie
1521
Plume et encre brune, aquarelle
La collection Edmond de Rothschild conserve 3 dessins des
« Dames de Livonie ». Il s’agit de dessins à caractère
ethnographique réalisés par l’artiste lors de son voyage aux
Pays-Bas (de juillet 1520 à juillet 1521). Le cosmopolitisme
d’Anvers offrit d’autres modèles à Dürer, des « gens de guerre
en Irlande derrière l’Angleterre », des « paysans irlandais » ou
encore la « Négresse Catherine », servante du Portugais
Bradao.
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques,
collection Edmond de Rothschild. 19 DR
16
Pieter Bruegel le Vieux (vers 1525-1569)
Vue d’un village au bord d’une rivière
Vers 1553-1555
Plume et encre brune sur papier beige
Peter Bruegel le Vieux réalisa de nombreux dessins de
paysages, le plus souvent représentant des vues en
perspective depuis une barque, où les lignes des rives
convergent et s’entrecoupent à l’arrière-plan. Il s’agit
vraisemblablement d’une vue des environs de la ville de
Dendermonde sur la rive sud du fleuve Scheldt en
Flandres. Un superbe filigrane, une licorne, permet, quant
à lui, de donner l’origine géographique du papier fabriqué
dans un moulin dans le Bas-Rhin ainsi que sa datation vers
1553.
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques,
collection Edmond de Rothschild. 3513 DR
Jacob Isaacksz van Ruisdael (vers 1628-1682)
Les Voyageurs
Eau-forte. Épreuve unique du 2e état.
L’œuvre gravé de Jacob van Ruisdael bien que réduit –
l’artiste réalisa seulement 13 eaux fortes –, est empreinte
d’une grande beauté et d’une liberté d’exécution
remarquable, caractéristiques des œuvres de la maturité de
l’artiste (exécutées à partir des années 1650). C’est à cette
période qu’appartient cette feuille.
Dans ce deuxième état (épreuve unique), l’artiste affine
son travail par rapport au premier état de l’œuvre (3504
LR) en ajoutant des hachures sur l’étang et sur le grand
chêne qui domine la composition.
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques,
collection Edmond de Rothschild. 3505 LR
Attribué à Jacob II de Gheyn (1565-1629)
Trois voleurs pillant un cavalier
Plume et encre brune
Parmi les mésaventures du voyageur, les scènes de
brigandage sont les plus souvent représentées. Dans cette
encre délicate, l’artiste demeure fidèle à la manière de De
Gheyn, qui marque une transition entre le maniérisme de
son maître Goltzius et le premier naturalisme du XVIIe
siècle.
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques,
collection Edmond de Rothschild. 572 DR
Claude Gellée, dit Le Lorrain (1600-1682)
Scène de brigands
1633
Eau-forte
Très populaires au XVIe et XVIIe siècles, les
représentations des brigands attaquant des voyageurs sont
nombreuses comme en attestent les estampes de Salvator
Rosa, de Paul Bril ou de Pieter van Laer. Le Lorrain place
sa Scène de brigands dans un paysage idéal et
mélancolique, où le palmier qui y occupe une place
importante sublime l’exotisme supposé de la scène.
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques,
collection Edmond de Rothschild. 4980 LR
Jacques Callot (1592-1635) d’après Bernardino Amico
Da Gallipoli
Voyage en Terre Sainte, 36e planche : Plan de la ville de
Jérusalem
Eau-forte avec quelques reprises au burin
La dédicace de l’ouvrage est adressée au grand-duc de
Toscane, Cosme II de Médicis, et datée à Florence du 20
novembre 1619. Jacques Callot illustra par une suite de
quarante-sept estampes (quarante-six vues et plans des
« édifices sacrés de la Terre Sainte » plus une planche de
frontispice et titre) les dessins que le frère Bernardino Amico
da Gallipoli exécuta au cours de son voyage sur les Lieux
saints. Réalisant un travail d’interprétation de dessins
exécutés dans des lieux qu’il ne visita jamais, on peut
apprécier Callot travaillant comme pur interprète de modèles
sans doute parfois assez imprécis, et rectifiant, dans un art
ferme et concis, les faiblesses d’exécution de Gallipoli.
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques,
collection Edmond de Rothschild. L43 LR, folio 483
Charles Nicolas Cochin (1715-1790) inspiré d’Aignan
Thomas Desfriches (1715-1800)
1. Deux hommes, l’un à dos d’âne, l’autre marchant près
de son âne
2. Un homme aide un jeune homme à descendre d’une
charrette
3. Scène dans une écurie
4. Jeune homme dégringolant au bas d’un talus
Plume, encre noire et lavis gris sur esquisse à la mine de
plomb
Le peintre orléanais Aignan Thomas Desfriches traduisit par
quatre dessins le poème de son neveu Pierre Honoré Robbé
de Beauveset (1714-1794) Mon Odyssée ou Journal de mon
retour de Saintonge. Poème à Chloé, publié en 1760.
Charles Nicolas Cochin reprit à l’eau-forte les multiples
péripéties de ce voyage à travers les provinces françaises, à
la demande de son ami Desfriches. Ces quatre beaux lavis,
respectivement préparatoires aux illustrations des chants I et
IV, s’inspirent de compositions dessinées par le peintre.
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques,
cabinet des Dessins. RF 14883, RF 14884,
RF 14885 et RF14886.
Charles Nicolas Cochin (1715-1790)
et Jacques Philippe Lebas (1707-1783)
L’Intérieur du port de Marseille
Eau-forte et burin. Signée en bas de la composition à droite :
« Peint par Joseph / Vernet à Marseille /en 1754 ».
En septembre 1753, Louis XV commande au peintre Joseph
Vernet des vues des ports de France. Philippe Lebas et
Charles Nicolas Cochin ont la charge de diffuser par le
moyen de l’estampe une série de quinze représentations très
fidèles aux peintures. Certaines d’entre elles porteront une
dédicace au marquis de Marigny, qui fut à l’origine de ce
projet d’édition et à qui les graveurs présentèrent leur projet
de souscription. Le Port de Marseille fera l’objet de deux
vues distinctes, l’une prise du haut du pavillon de l’Horloge
et la seconde depuis le promontoire de la Tête de More.
Marseille était alors le plus important port de France.
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques,
collection Edmond de Rothschild. 27508 LR
17
Charles Nicolas Cochin (1715-1790) et Jacques
Philippe Lebas (1707-1783) d’après Claude Joseph
Vernet (1714-1789)
Le Port d’Antibes, vu du côté de la terre
Eau-forte pure. Signée en bas de la composition à droite
« Peint par Joseph Vernet à Marseille en 1756 ».
La collection E. de Rothschild conserve une trentaine
d’épreuves des Ports de France, à divers états de leur
réalisation, allant de l’eau-forte pure, tel ce premier état du
Port d’Antibes, à des épreuves du troisième état, ornées
aux armes de France.
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques,
collection Edmond de Rothschild. 27517 LR
Pierre Prévost (1764-1823)
Panorama de Constantinople
1818
Huile sur toile
Paris, musée du Louvre, département des Peintures. INV
20828
La technique du panorama fut mise au point par l’artiste
britannique Robert Barker, qui en déposa le brevet en
1787. Les peintures étaient exécutées selon des mesures
mathématiques, puis présentées dans des salles en rotonde
afin d’offrir une vue approchant les 360°. Attractions du
public, les panoramas suscitèrent rapidement un
engouement remarqué.
Pierre Prévost s’illustra avec la réalisation du Panorama
de Tilsitt que Napoléon Ier admira en septembre 1808. Il
réalisa des panoramas de Naples, Amsterdam, Boulogne,
Wagram (peint à l’occasion du premier anniversaire de la
bataille), Anvers, Calais. Après la chute de l’Empire,
Prévost composa un Panorama de Londres qui fut exposé
dans la rotonde du boulevard des Capucines en juin 1817.
Ayant conquis le public européen, Prévost entreprit un
tour d’Orient et rejoignit, accompagné de son neveu et
collaborateur Léon Cochereau, l’expédition organisée par
le comte de Forbin (1777-1841), peintre et ancien élève de
David, alors directeur des Musées royaux, qui publiera à
l’issue de ce tour d’Orient le Voyage dans le Levant, édité
par l’Imprimerie royale. L’expédition de Forbin consistait
en une mission archéologique et d’acquisition d’antiques
au profit des collections du musée du Louvre.
Prévost effectua des relevés de Jérusalem, du Caire,
d’Alexandrie. En avril 1818, il embarqua, depuis
Alexandrie, pour Smyrne puis Constantinople.
Rentré en France, débarqué à Marseille le 10 septembre
1818, l’artiste inaugura à Paris, dès le 20 avril 1819 son
Panorama de Jérusalem. Le succès fut immense, suivi par
le Panorama d’Athènes qui enthousiasma les foules alors
que la Grèce initiait sa Guerre d’indépendance.
Ce Panorama de Constantinople, demeuré inachevé, fut la
dernière œuvre de Prévost qui mourut le 9 janvier 1823
alors qu’il y travaillait encore d’après les relevés effectués
lors de son expédition avec le comte de Forbin. Après la
mort de l’artiste, son frère Jean Prévost et le peintre
Guillaume Frédéric Ronmy achevèrent l’ouvrage, qui fut
présenté au public parisien le 20 mars 1825.
Louis François Cassas (1756-1827)
Voyage pittoresque de la Syrie, de la Phénicie, de la
Palestine et de la Basse Égypte
Trois volumes
C’est en voyageur averti que Louis François Cassas part de
Toulon, en 1784, pour découvrir la Syrie et l’Égypte.
Auparavant il avait prouvé ses talents de dessinateur lors de
son séjour en Italie, en Istrie, en Grèce et en Dalmatie. Cette
fois, le périple comportait les dangers de la traversée des
contrées les plus reculées de l’Empire ottoman, qui lui firent
modifier son parcours à plusieurs reprises.
De retour à Constantinople, Cassas rapporta une série de
portefeuilles contenant des dessins qu’il reprit ensuite à
Rome où il travailla à l’ensemble des illustrations. Environ
quatre-vingts artistes exécutèrent les 330 planches de ce
Voyage pittoresque, commandé par le comte de ChoiseulGouffier, ambassadeur auprès de la Sublime Porte. Les
volumes furent publiés entre 1798 et 1804, mais l’ouvrage
demeura inachevé.
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques,
collection Edmond de Rothschild. L 352 LR, L 353 LR, et L
354 LR
Eugène Delacroix (1798-1863)
Études d’après des figures orientales et des motifs
décoratifs
Crayon de graphite et rehauts d’aquarelle
Cette aquarelle fait partie d’une série de figures copiées par
Delacroix d’après des miniatures perses. Elle s’inscrit dans
la période où l’artiste travailla aux Massacres de Scio puis à
La Mort de Sardanapale. Delacroix s’inspira également
d’illustrations qu’il aurait pu voir sur les estampes du
Voyage pittoresque de la Syrie, de la Phénicie, de la
Palestine, et de la Basse Égypte d’après des dessins de
Louis-François Cassas. Ce carnet préfigure, en quelque
sorte, les célèbres carnets de voyage de l’artiste et trahit son
goût pour l’orientalisme que les voyages du Maroc et
d’Algérie allaient illustrer de façon spectaculaire.
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques,
cabinet des Dessins. RF 23355, 34, folio 28
Antoine-Jean Gros (1771-1835)
Paysage
Vers 1793-1800
Plume et encre brune, lavis brun et gris, pierre noire
Au cours des troubles révolutionnaires, Gros quitta Paris. Il
trouva refuge en Italie lors d’un long séjour (1793-1800).
Cette période italienne permit à Gros de s’émanciper du
classicisme de son maître parisien David et de développer
une voie plus personnelle après sa découverte de Rubens et
des coloristes vénitiens.
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques,
cabinet des Dessins.
RF 29955, folio 16
18
Voyage pittoresque ou Description des Royaumes de
Naples et de Sicile
Le Voyage pittoresque ou Description des Royaumes de
Naples et de Sicile fut publié à Paris en cinq volumes de
1781 à 1786. La collection Edmond de Rothschild en
conserve les quatre premiers tomes.
L’abbé Saint-Non (Jean-Claude Richard de Saint-Non,
1727-1791), graveur, dessinateur et amateur d’art français
entretint des relations très étroites avec Fragonard et
Hubert Robert, avec lesquels il fit le voyage d’Italie. Dès
son retour en France, il entreprit de publier les ouvrages. Il
coordonna le travail des meilleurs graveurs du moment qui
exécutèrent les 542 planches et vignettes d’après ses
dessins et ceux de ses compagnons de voyage. Dans le
premier volume, une longue dédicace à « Madame la
Reine », Marie-Antoinette, prend place après le
frontispice.
L’ensemble de ces livres dresse un état des lieux des deux
royaumes. L’artiste y privilégie la géographie et les
particularités naturelles du sud de l’Italie – une large place
est ainsi accordée au Vésuve – mais y traite également de
l’histoire et de l’architecture. Les volumes de ce voyage
pittoresque abordent également les usages et les mœurs de
la population, en accordant enfin une importante place aux
poètes, peintres et musiciens célèbres.
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques,
collection Edmond de Rothschild. L 465 LR, L 466LR, L
467LR et L 468LR
Paul Gauguin (1848-1903)
Noa Noa, voyage de Tahiti
Plusieurs personnes dans une barque
Aquarelle sur papier
Noa Noa, « odorant » ou « embaumé » en langue maorie,
relate le séjour de Paul Gauguin en Polynésie. Le
manuscrit (enrichi de dessins, d’aquarelles, de bois
imprimés en noir ou colorés, de photographies et
d’estampes en taille-douce) accompagna l’artiste jusqu’à
sa mort. De retour à Paris en 1893, Paul Gauguin inséra
dessins, estampes et photographies dans l’album Noa Noa
sans ordre apparent. Le fil conducteur qui relie ces inserts
semble être toutefois la volonté de Gauguin de diffuser les
traditions et le mode de vie du peuple polynésien auprès
du public français. Les textes composant le manuscrit et
relatant le séjour de l’artiste sont divisés en douze
chapitres (écrits à l’encre noire ou bleue). Gauguin
composa le Noa Noa en collaboration avec le poète
Charles Morice qui en remania certains passages et qu’il
publia dans La Revue Blanche (1897) puis dans La Plume
(1901).
Paris, musée d’Orsay, conservé au département des Arts
graphiques du musée du Louvre. RF 7259.56, folio 98
Paul Gauguin (1848-1903)
Paysage avec bateau, deux voitures à chevaux,
personnages et arbres
Crayon noir
Paris, musée d’Orsay, conservé au département des Arts
graphiques du musée du Louvre RF 29877,33
Paul Gauguin (1848-1903)
Croquis de paysage
Plume et encre brune
Paris, musée d’Orsay, conservé au département des Arts
graphiques du musée du Louvre. RF 29877,5
Ces deux feuilles appartiennent à une série de dessins que
Gauguin réalisa entre 1882 et sa période tahitienne. Les
récentes recherches d’Andrew Guion sur cet ensemble
indiquent qu’elles furent probablement données par le
peintre lui-même à son ami Francisco Durrio (1868-1940),
sculpteur espagnol résidant à Paris.
Dante
La Commedia
Huitième édition de la Divine Comédie.
Édité par Nicoló di Lorenzo. Commenté par Cristoforo
Landin. Gravé par Baccio Baldini, d’après Sandro
Botticelli.
Burin en manière fine
Florence, 30 août 1481
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques,
collection Edmond de Rothschild. L 58 LR, folio 15
Cristoforo Landino, professeur d’éloquence et de poésie à
l’université de Florence, membre de l’Académie
platonicienne fondée par Cosme de Médicis rédigea les
commentaires de la huitième édition de la Divine Comédie
par Nicoló di Lorenzo. Cette huitième édition du poème de
Dante fut aussi la première illustrée. Il s’agit du troisième
livre illustré par des gravures en taille-douce dans l’histoire
de l’édition.
Le livre est ouvert à la première page du texte de Dante :
une miniature présente un portrait du poète et la gravure de
Baldini illustre les premiers vers du chant I de l’Enfer :
Dante dans la forêt obscure. La forêt signale les péchés. La
grâce est symbolisée par la colline illuminée par le Soleil,
prémisses de l’itinéraire dantesque dans l’inframonde.
Trois bêtes féroces effraient le poète : la panthère (la
luxure), le lion (l’orgueil) et la louve (l’avarice). Le poète
Virgile apparaît à Dante, qu’il guidera dans la traversée de
l’Enfer.
Francesco Colonna
Hypnerotomachia Poliphili
Édition d’Alde Manuce, Trévise, 1499
Illustré par des bois gravés par un artiste anonyme vénitien
(fin du XVIe siècle)
Poliphile est conduit devant les portes du temple
d’Eleuthère
Bois
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques,
collection Edmond de Rothschild. L 63 LR, folio 62 recto
Hypnerotomachie ou Discours du songe de Poliphile,
deduisant comme Amour le combat à l’occasion de Polia.
Soubz la fiction de quoy l’aucteur monstrant que toutes
choses terrestres ne sont que vanité, traicte de plusieurs
matières profitables, et dignes de mémoire. Nouvellement
traduit de langage italien en francois
Édition de Jacques Kerver, Paris, 1546.
Traduction de Jean Martin
Illustré par des bois gravés par un artiste anonyme français
(début XVIe siècle)
Autel dédié au gardien des jardins
Bois
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques,
collection Edmond de Rothschild. L 124 LR, folio 75 recto
Dans la traduction française de Jean Martin, qui adaptera
également les éditions de Serlio, Alberti et Vitruve,
19
l’Hypnerotomachia Poliphili devient le Discours du Songe
de Poliphile. Le personnage se rend ainsi plus accessible et
familier au lecteur – et le demeurera jusque dans l’édition
de 1600. Presque cinquante ans après sa première parution,
le texte fut donc adapté. Son influence dans les domaines
de l’architecture, de l’interprétation de l’antique et des
jardins fut notoire. Jean Martin remploya certaines
gravures du Poliphile pour le décor de l’entrée de Henri II
à Paris en 1549.
Le songe de Poliphile ou Le tableau des riches inventions
couvertes du voile des feintes Amoureuses, qui sont
représentées dans le Songe de Poliphile Dévoilées des
ombres du Songe, & subtilement exposéespar Beroalde
De Verville
Édition de Mathieu Guillemot, Paris, 1600
Traduction revue et corrigée par François Béroalde de
Verville
Gravé par un anonyme français au début XVIIe siècle
Poliphile dans la forêt
Bois
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques,
collection Edmond de Rothschild. L 164 LR, folio 22
verso
La version de l’Hypnerotomachia Poliphili publiée par
François Béroalde de Verville (1556-1626) reprend
l’édition de Jacques Kerver et l’oriente vers un ésotérisme
plus aigu, quand même les illustrations insérées au fil du
texte respectent la maquette de l’édition de 1546. Le livre
publié par Verville s’apparente à un manuel de
l’architecture des jardins, dévoyant quelque peu l’intention
originale de Colonna. Le bois représente Poliphile dans la
forêt et puise son inspiration dans l’estampe de Baccio
Baldini d’après Botticelli, première illustration du Dante
de Nicoló di Lorenzo.
Federico Zuccaro (1542-1609)
Le Passage de l’Achéron
Pierre noire et sanguine
Le Passage de l’Achéron prend place au chant III de
l’Enfer. Les âmes des paresseux, des indifférents et des
lâches viennent échouer sur les eaux marécageuses de la
rivière. Dante et Virgile seront transportés sur l’autre rive
par Charon.
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques,
Cabinet des Dessins. Inv. 4561
Federico Zuccaro (1542-1609)
Dante et Virgile avec le chien Cerbère
Pierre noire et sanguine
Dante se réveille de son évanouissement dans le troisième
cercle, celui des gourmands qui seront écrasés par une
pluie violente, froide et intense. Cerbère les déchire avant
d’être trompé par Virgile qui lui lance pour pâture des
poignées de terre.
« […] Cerbère, bête étrange et cruelle,
Hurle avec trois gueules comme un chien
Sur les morts qui sont là submergés.
Ses yeux sont rouges, sa barbe grasse et noire,
Son ventre large, ses mains onglées ;
Il griffe les esprits, les écorche et dépèce.
La pluie les fait hurler avec les chiens […] »
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques,
Cabinet des Dessins. Inv. 4569
Federico Zuccaro composa, entre 1585 et 1588, une suite
de 87 dessins accompagnés de la transcription du texte de
Dante et de commentaires. Dans la suite dessinée de
Zuccaro, 29 dessins illustrent l’Enfer, 47 le Purgatoire et
11 seulement le Paradis.
Charles Frédéric Soehnée (1789-1878)
Voyage en Enfer
Vers 1820
Aquarelle sur papier
Charles Frédéric Soehnée, élève de Girodet, a souvent
recours dans ses aquarelles aux animaux et aux
architectures fantastiques tirés de l’univers de Jérôme
Bosch ou bien de Giovanni Battista Piranesi. Sur cette
feuille, une limace conduit un cortège de personnages vers
un lent voyage en Enfer.
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques,
Cabinet des Dessins. RF 54425
Georges Clairin (1843-1919)
Itinéraire d’un voyage de Copenhague à Bordighera
Pierre noire et rehauts de craie blanche sur papier coloré en
bleu
Peintre et illustrateur, élève de Picot et de Pils à l’École des
Beaux-Arts, Clairin fit ses débuts au Salon de 1866. Il
réalisa le plafond du palais Garnier, Opéra de Paris. Grand
voyageur, il parcourut l’Espagne et le Maroc en compagnie
de Regnault, travailla à Paris, Monte-Carlo, Tours et
Cherbourg.
« Ce n’est pas le voyage projeté », écrit Clairin dans les
commentaires de cette feuille humoristique, présentant son
Voyage de Copenhague à Bordighera comme un long
couloir d’embûches, lointain écho du parcours initiatique
d’un voyage dantesque.
Paris, musée d’Orsay, conservé au département des Arts
graphiques du musée du Louvre. RF 41923
Bill Viola (1951)
Ancestors
2012
Vidéo Color High-Definition sur écran plasma mural,
21,41 min.
Interprètes: Kwesi Dei, Sharon Ferguson.
Photos: Kira Perov
Louise Bourgeois (1911-2010)
Lacs de montagne
1997
Pointe sèche, burin, eau-forte et aquatinte sur cuivre, tirage
réalisé pour le département des Arts graphiques du musée
du Louvre, numéroté et signé.
Femme libre et personnalité charismatique de l’art
contemporain, Louise Bourgeois puise les thèmes de sa
création dans son enfance, le couple, le corps ou encore la
sexualité. Ce matériau autobiographique nourrit l’ensemble
de son œuvre. Reprise de souvenirs anciens attestés par
deux photographies (la première montre l’artiste petite fille
donnant la main à son père, lors d’une promenade sur un
sentier de montagne ; la seconde la montre sous les traits
d’une jeune femme, photographiée sur un bateau navigant
sur un lac, peut-être celui d’Annecy), cette estampe fait
signe vers un voyage « intérieur ».
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques,
Chalcographie 11083 C
20
Pierre Alechinsky (1927)
Le pinceau voyageur
1998
Eau-forte et aquatinte sur cuivre, tirage réalisé pour le
département des Arts graphiques du musée du Louvre,
numéroté et signé, exemplaire 4/9
Commandée par la Chalcographie du musée du Louvre en
1998, cette estampe est une véritable invitation au voyage.
L’œil du spectateur chemine d’une case à l’autre –
« remarques marginales » comme les appelle l’artiste –,
autour de la composition centrale du bateau qui navigue au
milieu de l’océan.
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques,
Chalcographie. 11134 C
Raphaël Denis et Gabriel Leger
En collaboration avec Aurélien Farina
Corps 1 : Guy Debord
En 1974, sur les deux feuillets d’un atlas anglais des
années 1930, Guy Debord inscrivait et classait, en fonction
de leur pays d’origine, les noms de soixante-dix auteurs ;
connue sous le titre de Géographie littéraire et conservée
à la Bibliothèque nationale de France, cette liste regroupe
les écrivains et penseurs qu’il présentait comme les
fondements de son œuvre.
Corps 1 : Guy Debord, réalisé en collaboration par
Raphaël Denis, Aurélien Farina et Gabriel Léger, regroupe
en un seul livre, grâce à une réduction extrême de la
typographie et à la suppression de toute tabulation, les
œuvres complètes de ces soixante-dix auteurs.
L’installation de l’ouvrage sur un socle de 33 000 feuilles
A4 permet de matérialiser la masse et la richesse des
sources revendiquées par Debord et met en avant son
ancrage profond dans l’histoire de la culture européenne.
Courtesy Collectif Anonyme
Victor Hugo (1802-1885)
Le Mirador
Plume et encre brune, lavis brun, rehauts de gouache
blanche, crayon de graphite, fusain, réserves, sur papier
beige
Ce dessin est présenté dans son cadre original, sur lequel
Victor Hugo a inscrit (au centre et en haut) « Jersey –
Marine Terrace ». Il ne s’agit pas d’un poste de
surveillance ou d’un mirador mais d’une pêcherie de l’île
de Jersey, la plus grande des îles Anglo-Normandes. Hugo
a inscrit ses initiales au cœur même de l’œuvre : la lettre V
est écrite sur la gauche, dans l’espace étroit formé entre le
mur de pierre et la baraque de bois, tandis que le H est
constitué de morceaux de bois rajoutés sur le pan de la
pêcherie. Le sujet Hugo, prisonnier de Jersey, devient ainsi
symbole de l’exil politique.
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques,
Cabinet des Dessins. RF 34770
Martin Salazar (1964)
Exil
2013-2014
Bois de chêne coloré, poutres anciennes
Sculpteur, Martin Salazar pratique la taille directe du bois.
Son œuvre, le plus souvent onirique, puise aux sources de
l’art classique qu’il métamorphose en une matière
pleinement contemporaine où formes et couleurs
subtilement se complètent. Exil appartient à un ensemble
de pièces en bois polychromes réalisées par Salazar à Paris
en 2013-2014, faisant écho à l’ensemble monumental
réalisé et présenté à la Galerie Xin Dong Chen à Pékin en
juin 2010 sous le titre Mythologies. Au sujet de son œuvre
intitulée Exil, Martin Salazar, qui vit et travaille à Paris et à
Pékin exposait : « L’une (la fille) s’enfuit ; l’autre – un
garçon solide, bien planté – s’apprête à rentrer, revenir. J’ai
voulu, en sculptant une paire de personnages représentés à
mi-corps signaler la dualité qui souvent est celle de l’exilé :
partir/rentrer, changer/demeurer… Le travail de création
est peut-être, en un sens, une forme d’exil intérieur : on
revient sans cesse sur le sujet, sur la forme… Quant à la
contrainte inhérente à l’exil, elle persiste. Elle n’est plus
cette dynamique extérieure à soi, mais s’intériorise. […]
J’ai utilisé des poutres d’un vieil immeuble de Paris pour
les jambes du garçon, des poutres d’un manoir
bourguignon pour celles de la jeune fille. »
Œuvre Collective par : Année 15, Patrick Dekeyser,
Virginie Despentes, Delphine Hallis, Erika Irmler,
Arnaud et Jean-Marie Larrieu, Thierry Le Nouvel,
Valérie Mréjen, Grégoire Perrier et Jean-Philippe
Toussaint, sous la coordination de Loïc Djian.
Voyages Exquis
Vidéo, format 16 : 9 (HD 1920x1080 - H264).
couleur et noir et blanc, muet / durée : 8 min.
Illustrant le thème du Voyage, des artistes contemporains,
cinéastes et plasticiens, ont livré une brève séquence vidéo
illustrée d’une citation d’un auteur de leur choix. Le
montage en boucle de ces fragments disparates épouse la
logique du cadavre exquis propre aux surréalistes.
Rituel de protection pour le voyage en char
Tablette fragmentaire, terre cuite, écrite en akkadien
(babylonien)
Époque séleucide, fin du Ier millénaire avant J.-C. (copie
d’un original babylonien plus ancien).
Uruk (Mésopotamie du sud) ; Acq. Dumani, 1918.
Quelques autres exemplaires de ce rituel apotropaïque
(namburbû) sont connus ; ils proviennent de la
bibliothèque du roi Assurbanipal d’Assyrie qui chercha, au
VIIe siècle avant J.-C., à rassembler dans sa capitale de
Ninive (région de Mossoul), les textes les plus précieux de
la littérature babylonienne. Ils furent eux-mêmes copiés sur
un original remontant probablement à l’époque du roi
Hammurabi de Babylone (XVIIIe siècle avant J.-C.). Dans
l’ancienne Mésopotamie, voyager sur les routes pouvait se
révéler dangereux, principalement lorsqu’il s’agissait d’une
expédition militaire. Chaque année, le roi partait en
campagne à la tête de ses troupes sur les chemins de son
royaume et dans les contrées étrangères, le plus souvent
hostiles. Il ne partait pas sans avoir pris les oracles et fait
exécuter un rituel de protection par le prêtre exorciste.
Paris, musée du Louvre, département des Antiquités
orientales. AO 6471
Mythe d’ascension mésopotamien : Etana, le roi qui
monta au ciel
Tablette fragmentaire, argile
Début du IIe millénaire avant J.-C.
Mythe mésopotamien, version susienne écrite akkadien
(babylonien)
Suse (Iran du sud-ouest), fouilles R. de Mecquenem.
Le mythe d’Etana était très populaire dans l’ancienne
21
Mésopotamie. Le texte en fut diffusé dans tout l’Orient
ancien parmi les chefs-d’œuvre de la grande littérature
babylonienne et plusieurs copies nous en sont parvenues.
La version susienne est la plus ancienne ; elle porte le
début du texte. Le thème de l’ascension au ciel aura une
longue fortune et ce poème inspira probablement le mythe
grec d’Icare.
Paris, musée du Louvre, département des Antiquités
orientales. Sb 9469
Réplique (d’un original) de Babylone. Ecrit et revu
conformément à l’original ancien.
Tablette de Nabû-ušallim, de la famille Egibi,
l’incantateur.
Si un Grand [roi ou prince] monte en char et que, pendant
qu’il est en route, le joug, le timon, la lance, ou quelque
partie de (la caisse) du char se brise, si le maître du char
le voit… un malaise persistant s’emparera de lui. Afin que
le présage concernant ce Grand et son pays ne se produise
pas, et pour faire passer son trouble, pour que… là où il
ira, il atteigne son but et afin qu’il revienne sain et sauf
dans son pays de l’expédition qu’il accomplit, aux grands
dieux, à Nergal [dieu de la steppe aride et hostile et des
Enfers] et aux dieux de la plaine, il offrira un sacrifice.
Les grands dieux, Nergal et les dieux de la plaine
prendront pitié du Grand qui voyage en char ; ils
l’épargneront, lui feront grâce, le sauveront.
Ce Grand, devant Shamash [le Soleil], prononcera une
bénédiction ; puis il offrira un sacrifice et accomplira les
rites de délivrance ; alors, il s’emparera de son ennemi.
Le Grand, qui aura vu le malheur, connaîtra l’apaisement.
Les grands dieux, Nergal et les dieux de la plaine lui
seront favorables, puis une expédition sans trouble ni
revers, à ce roi ils accorderont ; il s’emparera de son
ennemi.
[Instructions pour le prêtre, avant la description du rituel à
accomplir :] A l’égard de ton devoir ne soit pas négligent.
…
Si le roi ou un prince monte en char, puis que de ce char,
il tombe, afin d’accomplir
les rites de délivrance, afin que le malheur n’atteigne pas
roi ou le Grand et qu’il soit épargné,
pendant trois jours, l’incantateur (et) le roi ou le grand
personnage se purifieront ;
[suivent divers rites à accomplir].
Puis le roi ou le grand personnage prendra la parole en
ces termes : « O grands dieux, j’ai crié vers vous, faites
attention à ma voix, prêtez-moi l’oreille.
La faute que j’ai commise, dont je me suis rendu coupable
par négligence ou légèreté,
qu’on me la dise afin que je m’en garde. Sept fois il dira
cela...
Et alors les mauvais présages ne l’atteindront pas.
Le IVe chant décrit le vol de l’Aigle et d’Etana dans leur
aventureux voyage, tandis que le roi des oiseaux et le roi
de Kish commentent le paysage qui devient de plus en
plus petit, indistinct et lointain au fur et à mesure qu’ils
prennent de l’altitude :
« L’Aigle dit à Etana : “ Mon ami, splendides sont (les
régions du ciel)”…
Lorsqu’il l’eut fait monter à une double lieue, l’Aigle dit à
Etana :
«Regarde, mon ami, comment est le pays [la terre des
hommes] ?
Embrasse des yeux la mer, et cherche ses rivages.
_Le pays n’est plus qu’un sommet montagneux,
La mer est devenue un cours d’eau !»
Lorsqu’il l’eut fait monter à deux doubles lieues, l’Aigle
dit à Etana :
« Regarde, mon ami, comment est le pays [la terre des
hommes] ?
_ Le pays n’est plus qu’une colline !».
Lorsqu’il l’eut fait monter à trois doubles lieues, l’Aigle dit
à Etana :
« Regarde, mon ami, comment est le pays [la terre des
hommes] ?
_ La mer est devenue la rigole d’un jardinier !»
Après qu’ils eurent atteint les cieux d’Anu [le Ciel
divinisé],
Ils passèrent à travers la porte d’Anu, d’Enlil et d’Ea [la
triade divine suprême],
L’Aigle et Etana, ensemble se prosternèrent… ».
Feuillet du papyrus funéraire d’Imenemsaouf
Papyrus, pigments minéraux
Troisième période intermédiaire, 21e dynastie vers
1000 av. J.-C.
Les formules du Livre des Morts permettent au défunt
d’aller et venir entre le monde des vivants et le monde des
morts. À partir de 1000 avant J.-C ., on y adjoint des
vignettes complexes où prédomine une iconographie à
connotation solaire. Ce fragment présente le destin du
défunt étroitement lié au voyage nocturne du soleil à
travers le monde souterrain. La progression des vignettes
se fait de la gauche vers la droite. Le défunt est représenté
agenouillé adorant la barque du soleil. Au centre figurent
des entités divines en rapport avec l’Au-delà et avec le ba
du défunt, élément immatériel qui survit au corps. La
grande vignette de la partie droite présente le défunt en
compagnie d’autres divinités à bord d’une barque. À sa
proue se trouve le dieu du savoir Thot à tête d’ibis.
Derrière lui est figuré Khepri la forme renaissante du soleil
figuré sous la forme d’un homme à tête de scarabée et aux
bras ailés. La barque solaire est placée sur le signe
hiéroglyphique du ciel au-dessus de l’image d’Apophis,
serpent monstrueux qui cherche à la faire chavirer pour
faire retourner le monde au chaos primordial. Lardé de
couteaux, le reptile vaincu ne peut ainsi entraver le cours
éternel du voyage du soleil et par conséquent la destinée
immortelle du propriétaire qui y est associée.
Paris, musée du Louvre, département des Antiquités
égyptiennes. N 3292
Élément de sarcophage au nom du chef du sceau et juge
Imenemipet dit Nakht-Khonsou-irou
Bois peint
Basse Epoque ; 25-26e dynasties vers le VIIe s av. J.-C.
Cet élément de sarcophage se trouvait originellement à la
partie inférieure de celui-ci et lui servait de semelle. Le
taureau porte sur son dos une effigie momiforme
recouverte d’un tissu. Il s’agit de la représentation d’un
taureau divin, le taureau Apis réplique terrestre du dieu
Ptah de Memphis dont il est l’animal sacré. Ce taureau est
reconnaissable aux marques distinctives de son pelage et
au cobra qu’il porte entre les cornes. L’iconographie
retenue ici fait directement référence à certaines versions
de la légende du dieu Osiris. Par assimilation le sarcophage
représenté ici fait écho à celui du défunt identifié à Osiris
dans son dernier voyage vers sa tombe.
22
Paris, musée du Louvre, département des Antiquités
égyptiennes. E 5534 bis
Élément de sarcophage
Bois peint
Époque ptolémaïque ; 330-30 av. J.-C.
FACE A : cette face présente le soleil sous la forme d’un
disque ailé pourvu d’ailes. Cette iconographie attestée
depuis 3200 av J.-C. est celle du soleil à son zénith et par
extension celle du soleil éclatant dans son trajet d’est en
ouest durant le jour. L’un des symboles du dieu des morts
Osiris, le pilier djed, est présente sous ce disque flanqué
par l’image de deux chacals.
FACE B : cette face représente un disque au milieu duquel
est assis un enfant placé sur une barque accompagnée
d’étoiles. Il s’agit de la lune, contrepartie nocturne du
soleil et dont la croissance et la complétion ont été
assimilées à la régénération du corps d’Osiris.
Paris, musée du Louvre, département des antiquités
égyptiennes. E 22342
Modèle de barque
Bois peint
Ancien Empire ; fin de la 6e dynastie vers 2140 av. J.-C.
Ce modèle de barque appartenait au mobilier funéraire
déposé auprès du sarcophage du défunt dans le caveau. La
barque comporte un équipage de neuf rangs de rameurs. À
sa proue un personnage isolé est chargé de sonder la
profondeur du fleuve. À l’arrière le défunt est représenté
sous une sorte de dais dont il manque la partie supérieure.
Le barreur, le gouvernail et les rames sont manquants. Le
modèle représente avec fidélité un transport fluvial. Le Nil
axe majeur de circulation pour l’Égypte est le moyen le
plus simple et le plus rapide pour gagner les différentes
provinces du pays. Le dernier voyage est mis en rapport
avec un déplacement nautique. « Mourir » en égyptien
peut se dire « aborder » faisant référence à la traversée
d’est en ouest du fleuve pour gagner les nécropoles situées
dans les déserts occidentaux.
Paris, musée du Louvre, département des Antiquités
égyptiennes. E 32566
Peintre d’Ixion
Cratère en cloche à figures rouges
Vers 330 av. J.C.
Campanie (Capoue ?)
Face A : Massacre des prétendants par Ulysse, Télémaque
et Eumée.
Face B : Deux jeunes gens et deux femmes.
Le chant XXII de L’Odyssée expose le massacre des
prétendants après le retour d’Ulysse dans son manoir
d’Ithaque. Aidé de Télémaque, d’Eumée et de Philoetios,
Ulysse exécute tous les prétendants « ainsi Ulysse et ses
compagnons se précipitant frappaient de tous côtés ;
affreuse était la plainte de ceux dont la tête éclatait sous les
coups ; tout le pavé bouillonnait de sang ».
Paris, musée du Louvre, département des Antiquités
grecques, étrusques et romaines. CA 7124
de l’antre du cyclope. Cette composition illustre le chant
IX de L’Odyssée, vers 440-480.
Paris, musée du Louvre, département des Antiquités
grecques, étrusques et romaines. Inv. A. 482
Anonyme du nord de l’Italie. XVe siècle
Voyage de trois pèlerins
Burin, manière fine. Épreuve unique.
Un jeune homme fut faussement accusé par un hôtelier et
sa femme d’avoir séduit leur fille et d’avoir volé un vase
d’argent que les délateurs avaient, par malice, caché dans
son sac. Le jeune homme fut condamné à la pendaison. Ses
parents vinrent trouver les juges qui placèrent deux poulets
sur une table et déclarèrent que leur fils serait reconnu
innocent si les poulets s’envolaient. Saint Jacques
accomplit un miracle : les poulets prirent leur envol. Le fils
fut arraché au gibet puis rendu en vie à ses parents.
L’estampe montre aussi le châtiment infligé à l’hôtelier et
son épouse : on y brûle leur maison, on y attache leur fille à
un bûcher, on y pend l’hôtelier et sa femme.
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques,
Collection Edmond de Rothschild. 3686 LR
Israël van Meckenem (vers 1440-45 – 1503)
Le couple mal-assorti
Burin
Cette pièce célèbre de la fin de la carrière d’Israël van
Meckenem appartient à une suite de 12 scènes de genre
présentant différents couples dans leur vie quotidienne. Ici,
Le couple mal assorti représente un vieil homme enlaçant
une jeune femme. Le titre sous lequel André Blum
catalogua cette pièce – Homme et Femme en habit de
voyage – fait référence, non pas à la fable morale moquant
l’inadéquation entre les âges de l’homme et de la femme,
mais à l’étude attentive des mœurs et des costumes que la
suite du graveur a abondamment nourrie.
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques,
Collection Edmond de Rothschild. 462 LR
Suiveur de Martin Schongauer
Le Voyageur
Burin
Collection Edmond de Rothschild, département des Arts
graphiques, Paris, musée du Louvre. 279 LR
Peintre du Vatican
Œnochoé à figures noires
Vers 500-480 av. J.C.
Provenance : Athènes
Ulysse, attaché sous la toison du bélier de Polyphème, sort
23
Visuels pour la presse
Philippe Djian. Voyages
L’utilisation des visuels a été négociée par le musée du Louvre, ils peuvent être utilisés avant, pendant et jusqu’à la fin de
l’exposition (27 novembre 2014 - 23 février 2015), et uniquement dans le cadre de la promotion de l’exposition.
Toute reproduction des œuvres des artistes référencés à l’ADAGP doit faire l’objet d’une demande d’autorisation
préalable auprès de l’ADAGP : 01 43 59 09 79 et les droits d’auteur devront être acquittés auprès de cet organisme.
Merci de mentionner le crédit photographique et de nous envoyer une copie de l’article à l’adresse
[email protected]
Peintre du Vatican, Œnochoé à figures
noires. Athènes, vers 500-480 av. J.-C.
H. 18,5 ; d. 9,8 cm. Paris, musée du Louvre,
département des Antiquités grecques,
étrusques et romaines. A 482 © RMN-Grand
Palais (musée du Louvre) / Hervé Lewandowski
Anonyme vénitien, Vaisseau voguant à gauche.
Vers 1470-1480. Burin. Épreuve unique. H. 22 cm ;
L. 17,5 cm. Paris, musée du Louvre, département des
Arts graphiques, collection Edmond de Rothschild.
3710 LR © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) /
Adrien Didierjean
24
Albrecht Dürer (1471-1528), Costume de dame de Livonie. 1521.
Plume et encre brune, aquarelle. H. 28,1 ; L. 18,2 cm. Paris, musée
du Louvre, département des Arts graphiques, collection Edmond de
Rothschild. 19 DR © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) /
Thierry Le Mage
Pieter Bruegel le Vieux (vers 1525-1569), Vue
d’un village au bord d’une rivière. Vers 15531555. Plume et encre brune sur papier beige.
H. 22 ; L. 28,5 cm. Paris, musée du Louvre,
département des Arts graphiques, collection
Edmond de Rothschild. 3513 DR © RMN-Grand
Palais (musée du Louvre) / Thierry Le Mage
Jacob Isaacksz van Ruisdael (vers 16281682), Les Voyageurs. Vers 1649 ? Eauforte. Épreuve unique du 2e état. H. 18,3 ;
L. 27 cm. Paris, musée du Louvre,
département des Arts graphiques, collection
Edmond de Rothschild 3505 LR © RMNGrand Palais (musée du Louvre) / Thierry
Le Mage
25
Louise Bourgeois (1911-2010), Lacs de montagne. 1997.
Pointe sèche, burin, eau-forte et aquatinte sur cuivre.
H. 45,5 ; L. 60,5 cm. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, Chalcographie. 11083 C ©
The Easton Foundation / ADAGP, Paris 2014
Pierre Alechinsky (1927), Le Pinceau voyageur. 1998.
Eau-forte et aquatinte sur cuivre. H. 55,1 ; L. 68,6 cm.
Paris, musée du Louvre, département des Arts
graphiques, Chalcographie. 11134 C © Adagp, Paris
2014
Martin Salazar (1964), Exil, 2013-2014. Bois
de chêne coloré, poutres anciennes © Martin
Salazar
26

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