La Haine : Transcript - French Film Learning Initiative

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La Haine : Transcript - French Film Learning Initiative
La Haine : Transcript
La Haine et la Question de L’identité
Je vais parler du film La Haine et l’identité des banlieues et des jeunes qui habitent les
banlieues. Premièrement, je vais introduire le contexte des banlieues et après, je vais parler de
l’identité des jeunes et la représentation des banlieues dans ce film.
Au cours du 20ème siècle, l’industrialisation et l’influx d’immigrés ouvriers menaient à une
croissance énorme de la population. Pour mieux loger ces nouveaux habitants, on a construit
des villes industrielles en périphérie des grandes villes. Ces villes, dites bidonvilles ou
banlieues, poussaient près des usines et des secteurs économiques, et les logements peu chers
offraient aux ouvriers et leurs familles l’opportunité de s’installer, travailler, et s’intégrer
dans la population française.
Malheureusement, vers les années soixante-dix, le secteur faiblissait, menant au licenciement
de ses ouvriers. La situation s’empirait, et beaucoup des grandes usines au cœur de ces villes
- construites spécialement pour fournir la main d’œuvre - fermaient définitivement. Les gens,
maintenant au chômage, habitant des bâtiments devenant rapidement inadéquats et impropres,
devenaient un problème aigu pour la France.
Pendant les années 80 et 90, les banlieues sont devenues des centres de chômage, de crime,
d’ennui, de drogue et de violence. D’après les grandes villes, les banlieues sont devenues
étrangères, autres, différentes du reste de la France. Encouragé par Le Pen et le Front
National, le racisme devenait courant, et les banlieusards (ceux qui habitent les banlieues)
sont marqués de stéréotypes dégradants et injustes. Le manque d’intégration montrait la
différence entre les gens de banlieue et les gens bourgeois qui habitaient le centre-ville.
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L’assimilation devenait un rêve inimaginable, et le fossé entre les riches et les pauvres
s’agrandissait. Le racisme est devenu un problème de classe, et non simplement de couleur ou
d’origine, avec les habitants des banlieues vus comme un obstacle et un embarras au
développement de l’Hexagone.
Malgré des initiatives fournies au cours de la fin du siècle, le problème des banlieues
persistait. Les Présidents Mitterrand, Chirac et Sarkozy s’assuraient des plans et des projets
pour mieux intégrer les banlieues en France et mettre fin au désenclavement de la périphérie,
mais chacun échouait.
Pendant les années 80 et 90, les jeunes des banlieues, désemparés et sans espoir ni avenir
s’ennuyaient et, se sentant lâchés par le gouvernement et les autorités françaises, se sont
soulevés contre ce silence. Des émeutes attirait l’attention de la France et du monde mais ne
parvenait pas à améliorer la situation en banlieue. Suite aux morts ‘accidentelles’ de Malik
Oussekine et d’Abdel Benyahia aux mains de la police, une rupture s’est présentée entre les
banlieues et les autorités censées les protéger.
En 1993, Makomé, un jeune détenu en garde à vue, est blessé mortellement par un policier.
La ‘bavure policière,’ dernière d’une longue liste d’accidents et d’erreurs mortelles, surtout
en banlieue, est censée être l’inspiration pour le film, sorti deux ans plus tard : La Haine.
Réalisé par Mathieu Kassovitz, le film est sorti en 1995 et a reconnu un incroyable succès
populaire. Apparemment faisant parti du genre nouveau de films qui abordent le sujet des
banlieues, La Haine a reconnu un succès national et international qui dépassait tous les autres
films du même thème. Projeté au festival de Cannes où il a gagné plusieurs prix, le film a fini
l’année au numéro 13 du box-office français. Sorti en Grande-Bretagne six mois plus tard, il
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a encore reconnu un grand succès au box-office, ce qui était exceptionnel pour un film de
langue étrangère. L’année d’après le film est sorti aux Etats-Unis, où il est soutenu et promu
par Jody Foster. Aujourd’hui, La Haine est devenu un film culte : on peut acheter le scénario
du film, ainsi que deux CD – un de la musique de la bande sonore originale, et l’autre de la
musique ‘inspiré par’ le film et qui comporte quelques nouvelles chansons de rap. En outre,
Kassovitz a été offert l’opportunité de produire une ligne de vêtements, ce qu’il a refusé, et le
film a même été projeté aux hommes politiques pour leur enseigner la soi-disant ‘vérité’ des
banlieues.
Le film raconte 24 heures dans la vie de trois jeunes hommes d’une banlieue Parisienne. Les
trois, sans travail, sans éducation et sans espoir en l’avenir, représentent la population des
banlieues en général. Vinz, joué par Vincent Cassel, est juif et blanc, très agressif et voulant
être connu en banlieue. Hubert, joué par Hubert Koundé, semble plus âgé, et représente la
population africaine et noire. Saïd, joué par Saïd Taghmaoui, est d’origine maghrébine, ou
beur selon la langue courante de la banlieue.
Le film s’ouvre avec une image du monde en couleurs et la voix off d’Hubert pendant qu’on
voit un cocktail Molotov qui tombe vers le monde et explose. La citation en voix off est
devenue une des plus célèbres citations du film et est répétée trois fois au total :
C’est l’histoire d’un homme qui tombe d’un immeuble de
cinquante étages. Le mec, au fur et à mesure de sa chute se
répète sans cesse pour se rassurer : jusqu’ici tout va bien,
jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien. Mais l'important
c’est pas la chute, c’est l’atterrissage.
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Les flammes s’amoindrissent et on voit des séquences documentaires des émeutes à Paris et à
travers la France. Ces images suggèrent la réalité du film, et présentent un moyen d’introduire
l’histoire dite ‘fictive’ des trois jeunes comme une histoire qui pourrait être vraie. La brutalité
policière est évidente parmi ces séquences et elles soutiennent le prétendu aveu du réalisateur
qu’il a voulu faire un film ‘anti-policier’.
Le film à proprement parler commence dans les banlieues, à 10 :38 du matin, et fixe les yeux
de Saïd qui s’ouvrent. Comme est souvent le cas, quelques événements se sont déjà passés
avant le commencement du film : principalement, l’état critique d’Abdel Ichaha, un habitant
de la même banlieue, hospitalisé lors d’une bavure policière. Suite à cet événement, des
émeutes ont éclatées en banlieue, et Vinz y participait trouvant, pendant la mêlé, l’arme d’un
policier. La gym d’Hubert, et une école, ont été réduites en cendres pendant ces émeutes.
Le film suit des mouvements des trois jeunes, qui veulent rendre visite à Abdel à l’hôpital
(bien qu’ils avouent ne pas le connaître) et plus tard leur trajet à Paris, où Saïd veut récupérer
de l’argent d’un prétendu Astérix. Au cours de ces événements, les trois jeunes participent à
divers incidents bizarres, comiques, et terrifiants. A un pique-nique sur le toit de l’immeuble
d’Hubert, ils sont chassés par la police, et à Paris, aux toilettes d’un bistrot, ils écoutent
l’histoire insensée de la mort peu digne de Grunwalski, racontée par un vieux polonais et juif.
Encore à Paris, en sortant du bâtiment d’Astérix, Hubert et Saïd sont arrêtés par la police,
tandis que Vinz réussit à s’évader, et pendant que Vinz erre, Hubert et Saïd sont soumis aux
méthodes brutales de la police. Ayant raté le dernier train pour rentrer aux banlieues, les trois
draguent des filles, essayent de voler une voiture, et faillent à tuer un skinhead.
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Expulsés de l’hôpital où Saïd est arrêté, et marqué par la haine, Vinz jure que si Abdel meurt,
il tuera un policier pour se venger. Le film se déroule dans l’attente de cette promesse,
souligné par l’apparition persistante de l’horloge mais, suite à la mort d’Abdel, c’est Vinz luimême qui est tué accidentellement par un policier. Les dernières images du film, entre 6h du
matin le jour suivant et 6h01, montrent une confrontation entre Hubert, armé avec le pistolet
trouvé par Vinz, et le policier qui vient de le tuer. On entend une seule détonation, et le film
finit sur les yeux clos de Saïd, reflétant exactement le commencement, et créant un cercle
vicieux au cœur du film.
Les thèmes principaux abordés dans le film relient avec la question de l’identité qui est
forcément impliqué dans le film. Les thèmes des banlieues elles-mêmes, ainsi que les femmes
et la famille, la pauvreté, le chômage, l’ennui, la drogue, la violence, le racisme et la police
sont tous évidents dans ce film. Pour simplifier cette discussion, je vais discuter de l’identité
individuelle, sociale, et nationale - ou des banlieues elles-mêmes.
L’identité individuelle
Les trois jeunes s’introduisent au film par des marques visuelles : Saïd peint son prénom sur
l’arrière d’un véhicule blindé de police, Vinz porte une bague où est écrit son prénom, et
Hubert est présenté sur une publicité pour un match de boxe. Notamment, les trois
personnages portent les mêmes prénoms que les acteurs qui les jouent : ce qui représente que
les personnages pourraient être n’importe qui, et ajoute un aspect de réalité et de vérité au
film.
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Tous apparemment au chômage, on a le sentiment que les trois sont désemparés : sans emploi
ils sont perdus, sans avenir. Hubert, qui travaillait longtemps pour obtenir de l’argent pour sa
gym la voit réduite en cendres.
Quant au thème du racisme qui parcourt le film, il serait facile d’identifier les trois
appartenant selon leurs liens d’ethnicité. Chez Vinz, sa grand-mère lui rappelle ses origines
juives, et chez Hubert on voit des posters des hommes noirs-américains et il écoute de la
musique afro-américaine. Pourtant, les liens avec leur patrimoine s’arrêtent là, et il me
semble qu’ils ont beau vouloir s’identifier comme juif ou africain, ils n’en appartiennent pas.
En même temps, ils ne se sentent pas vraiment français, à cause de l’isolation des banlieues et
leur disparité.
On ne voit jamais chez Saïd, et bien qu’il représente la majorité des habitants des banlieues
(c’est-à-dire des maghrébins) on voit que lui aussi n’a pas d’identité fixe. Au pique-nique sur
le toit, on le traite de ‘pseudo-Arabe’ mais au commissariat de Paris, les policiers
l’interrogent sur ses origines non-françaises. Ni français ni étrangers, ces jeunes issus
de l’immigration n’appartiennent nulle part, et ce manque d’identité renforce leur invisibilité
et impossibilité de s’intégrer en France. L’insertion des influences américaines ne servent
qu’à augmenter ce sentiment de désaccord : le rap, le hip-hop, et les anglicismes qui
parsèment la langue ajoutent au fossé entre la France et les banlieues.
Du coup, la langue parlée dans le film soutient cet écart entre la France et les banlieues.
Parlant un mélange d’argot et de verlan – une forme d’argot qui renverse les syllabes des
mots – la langue devient très différente du français correct. A Paris, Saïd reconnaît le français
correct du policier qui utilise ‘vous’ au lieu de ‘tu’ en s’adressant à lui. Mais les
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conversations parsemées d’injures et de gros mots créent une sensation d’hostilité et de
violence, et soutiennent l’identité imposée sur les jeunes des banlieues par les Français, et
l’écart au sein de la France.
L’identité sociale
Il est frappant qu’on ne voit aucune figure paternelle tout au long du film. Aucun des trois
jeunes n’a un père chez lui, ce qui est souligné par le manque de nom de famille porté par les
jeunes et sert à couper les liens de paternité. Du coup, les trois jeunes n’ont personne à qui
s’identifier, et il tombe à eux de jouer les rôles de père, de frère, et de fils à la fois.
L’absence de femmes dans ce film est importante : quand on les voit, elles sont à domicile, à
cuisiner ou à coudre, enceinte dans le cas de la mère d’Hubert. Saïd, Vinz, et Hubert se
préoccupent de l’éducation de leurs sœurs cadettes : Vinz demande à sa sœur pourquoi elle
n’est pas à l’école, la sœur d’Hubert lui demande de l’aide avec ses devoirs bien qu’il ne
puisse pas l’aider, et celle de Saïd aussi traîne loin de l’école, ce qui l’énerve.
La société de la banlieue est représentée comme une société masculine, même les injures
portent souvent sur les femmes, et surtout la mère ou la sœur. A Paris, les femmes ont plus
d’autonomie, mais l’interaction des jeunes avec les filles de l’exposition qu’ils essaient de
draguer démontre une violence inséparable de la société macho des banlieues.
Des problèmes personnels deviennent des problèmes sociaux, et l’inverse. Au début, à travers
des séquences documentaires des émeutes, on voyait la solidarité des jeunes de banlieue
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contre la police, mais à la fin, la lutte dirigée par ces jeunes s’arrête nette avec la mort de
Vinz, un individu puni pour les problèmes d’une société beaucoup plus grande.
En même temps, la société et l’individu sont opposément liés dans le refrain d’Hubert. Au
début et à Paris, Hubert raconte ‘l’histoire d’un homme qui tombe…’ mais la troisième et
dernière fois, tandis qu’Hubert et le policier se tiennent placés pour se tuer la voix off change
la citation, et l’histoire d’un homme devient ‘l’histoire d’une société qui tombe…’
La chute de l’individu devient la chute de toute une société, détournée vers l’extérieur et vers
le reste du monde. La première image qui ouvre le film, celle du monde éclaté par un cocktail
Molotov, lie à cette dernière réplique d’Hubert.
L’identité des banlieues
Mathieu Kassovitz a choisi de tourner son film dans une vraie banlieue de Paris. Il a choisi
celle de La Noë, à Chanteloup-les-Vignes comme exemple d’une banlieue moyenne.
Construite pour loger les ouvriers de Simca, une usine de voiture à la périphérie de Paris, la
fermeture de l’industrie menait au désœuvrement de la banlieue, reflétant l’histoire identique
des banlieues en général. Nommé Les Muguets dans le film, et appelé également la cité ou la
téci, la banlieue est vide et menaçante, envahie de bruits et de la musique. On voit l’espace
inoccupé, et souvent rien ne se passe, en effet, il y a des périodes du film ou les jeunes ne font
rien du tout, par exemple où le garçon leur raconte l’histoire de Caméra Cachée, ou assis dans
une aire de jeux avec rien à faire.
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Ils sont souvent seuls dans la banlieue, ce qui représente l’isolation de la ville et des jeunes.
Les enfants jouent avec des voitures brûlées et les commerces sont délabrés ou vides, alors
sans opportunité d’emploi. On voit la gym d’Hubert qui a été brûlée, et l’école de la sœur de
Vinz, brûlée aussi. Le seul lieu social est un toit où les jeunes peuvent regarder le va-et-vient
de leur cité.
Par contre, même à Paris, les trois jeunes sont toujours à l’extérieur des choses, chassés de
l’immeuble d’Astérix, cachés dans les toilettes d’un bistrot, enfermés à l’extérieur d’une boite
de nuit, ou errant dans une gare vide ou un centre commercial (Les Halles), inoccupé pendant
la nuit.
Kassovitz prétend qu’il a voulu créer un contraste entre Paris et la banlieue, mais les deux
lieux en noir et blanc, et les trois encore toujours enfermés dehors ou chassés des événements
prestigieux (comme l’ouverture d’une galerie d’art) démontrent l’impossibilité de
l’intégration des banlieusards en centre-ville, toujours incapable de s’adapter au niveau de vie
attendu. Côté cinématographique, Kassovitz utilise pleins de ‘travellings’ ; des images très
longues, sans coupures qui accentuent l’idée de l’ennui et de la lourdeur qui parcourt le film.
Souvent, des films de banlieue montrent des frontières ou des barricades, mais dans La Haine
on a le sentiment que Les Muguets est un autre monde, complètement désuni de Paris et
même de la France. On voit les trois dans un train pendant quelques minutes, avant d’être
installés à Paris, sans référence à la durée du voyage. Étant simplement à Paris ou en
banlieue, on a l’idée que la banlieue n’est pas du tout liée aux grandes villes ou à la France.
Les banlieues deviennent étrangères, ce qui renforce le sentiment de xénophobie et de
racisme qui ponctue l’image des banlieues.
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Les banlieues, comme les trois jeunes, manque d’identité définitive : on a le sentiment que
cette banlieue pourrait être n’importe où, que les trois jeunes pourraient être n’importe qui,
que les événements pourraient se passer n’importe quand, et que les 24heures indiquées par
l’horloge pourraient être n’importe lesquelles. L’historicité du film vient des références à
d’autres faits : les séquences des émeutes tout au début du film, l’histoire de Grunwalski qui
évoque les atrocités de la Shoah et des goulags staliniens, et l’image montrée en même temps
que l’actualité de la mort d’Abdel de la guerre en Bosnie, courante à l’heure de réalisation. Le
réplique d’Hubert : ‘la haine attire la haine’ n’est pas limitée aux banlieues, mais au monde
en général, et au cours de l’histoire.
Le message devient évident : ce film représente toutes ces atrocités, à travers l’histoire, et les
incidents évoqués dans le film signalent un problème beaucoup plus grand et plus répandu.
La fin du film, qui relie au début dans un cercle éternel, suggère que la fin n’est que le
commencement. La mort dite finale du film, celle de Vinz, provoquera encore des émeutes, et
la situation tourne sans cesse autour d’un axe violent. Hubert, qui dit à sa mère, ‘je veux
partir d’ici’ et qui veut vraiment s‘échapper au cercle vicieux, finit le film armé, en
confrontation avec la police, au bord de devenir un tueur, ou un tué, incapable de s’évader au
cercle de haine qui tourmente les banlieues.
Pistes à développer
Kassovitz a déclaré avoir voulu faire un film anti-policier, qui obligerait le grand public à
faire face aux bavures policières et l’enfermement, le racisme et l’isolation qui tourmentent
les jeunes des banlieues. Kassovitz et Cassel se sont vantés des effets profonds suscités par le
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film, et le succès du medium cinématographique d’atteindre beaucoup de gens en même
temps.
Mais est-ce que la situation des banlieues a-t-elle vraiment changé à cause de ce film ? En
vérité, rien n’a changé. En 2005 et 2007, la France a connu de bien pires émeutes à ce jour,
encore provoquées par des bavures policières et la mort de banlieusards. Même en
Angleterre, les émeutes de l’été 2011, suscitées une fois encore par la mort ‘accidentelle’ de
Mark Duggan, démontrent que les problèmes de chômage, de racisme, d’isolation et d’ennui
persistent, et dans le monde plus largement, la haine continue à attirer la haine.
En outre, le film n’a pas réussi à intégrer les banlieues au reste de la France, en effet, le
sensationnalisme et le spectacle crée par l’isolation fournie par la méthode de réalisation n’a
servi qu’à dissocier la banlieue encore plus loin de la ville. Même en mélangeant la réalité et
la fiction, Kassovitz a peut-être réussit à éloigner le public des problèmes qui résident à
proximité en nous permettant d’envisager les banlieues comme un lieu fictif et rêvé.
Pourtant, le film vise le grand public, et son succès international s’avère aux thèmes
reconnaissables à l’échelle mondiale. La fin ouverte, sans dénouement heureux, détourne les
problèmes vers l’extérieur, et vers le public, afin d’illustrer l’incapacité des banlieues de se
guérir toutes seules. Ce film marque un dialogue inachevé, une histoire à continuer, et une
solution à venir, espérée à l’avenir.
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Bibliographie et littérature supplémentaire
Conley, Tom. Cartographic Cinema. Minneapolis : University of Minnesota Press, 2007.
Siciliano, Amy. « La Haine : Framing the ‘Urban Outcasts.’ » Department of Geography,
University of Toronto ACME: An International E-Journal for Critical Geographies, 6(2007):
211-230. www.acme-journal.org/vol6/ASi
Stafford, Roy. « Notes on La Haine. » 2012. http://www.slideshare.net/mattheworegan/lahaine-rev. Accessed 5/7/14.
Vanderschelden, Isabelle. La Haine (1995) A Study Guide for Students of AS/A2 French.
Manchester: Cornerhouse, 2006.
Vincendeau, Ginette. « Designs on the banlieue : Mathieu Kassovitz’s La Haine (1995). » In
French Film : texts and contexts, edited by Susan Hayward and Ginette Vincendeau, 310327. 2nd ed. London : Routledge, 2000.
Filmographie
La Haine. DVD. Directed by Mathieu Kassovitz. Studio Canal, 2004. Distributed by
Optimum World. Original Release 1995.
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