banque club paris
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Lundi 11 janvier 2016 | Numéro 6 | Créé en 1950 | Vendu en kiosques et par abonnement | Prix 4,50 CHF (TVA 2,5% incl.) - 4,50 EUR | [email protected] | Rédacteur en chef: François Schaller JA-PP/JOURNAL — CASE POSTALE 5031 — CH-1002 LAUSANNE Jugements favorables Progression des actifs au négociant en art malgré l’effet franc YVES BOUVIER. La Cour d’appel de Singapour s’interroge sur les motivations du milliardaire Rybolovlev. IAN HAMEL Le 12 mars 2015, peu après l’inculpation à Monaco du Suisse Yves Bouvier pour escroquerie et complicité de blanchiment, la Haute Cour de Singapour ordonne le gel mondial des avoirs du dirigeant de Natural Le Coultre à Genève (demandé par l’oligarque russe Dmitri Rybolovlev). Yves Bouvier dispose d’un permis de résidence permanente dans la Cité-Etat. Le négociant et spécialiste du transport et de l’entreposage d’œuvres d’art bénéficie d’une levée partielle le 25 mars, puis totale de son patrimoine, le 21 août 2015. Quelques jours plus tard, la justice de Hongkong ordonne à son tour la levée du gel de ses avoirs. La société MEI Invest Limited, appartenant à Yves Bouvier, utilisée pour les transactions avec Dmitri Rybolovlev, est enregistrée dans la région administrative spéciale de Hongkong. Dans un document de 89 pages, que L’Agefi a pu consulter, la Cour d’appel ne se contente pas d’argumenter sa décision. Elle évoque le fond du litige et balaie la plupart des arguments avancée par Dmitri Rybolovlev. Dont le principal, qui affirme que Bouvier, agissant en tant que mandataire, ne devait percevoir que 2% de commissions. SUITE PAGE 8 PÂRIS BERTRAND STURDZA. La plus récente des banques genevoises gère 4 milliards et s’implante au Luxembourg. Après six ans d’existence, la banque Pâris Bertrand Sturdza (PBS) acquiert une nouvelle envergure. Entre la licence obtenue au Luxembourg, la poursuite de la croissance et la reconnaissance de l’industrie. A plus de quatre milliards de francs, la masse sous gestion de PBS a progressé l’an dernier, grâce à 600 millions de net new money. en particulier. L’établissement de la rue De-Candolle vient d’obtenir une licence au Luxembourg, et pourrait réaliser une acquisition à Genève cette année. Dans la clientèle privée, son attractivité a été renforcée par les club deals qu’elle propose à ses OLIVIER BERTRAND. PBS pour- clients. Certains en exclusivité, dans l’immobilier avec le groupe de Bernard Arnault (propriétaire de LVMH notamment). Son modèle a reçu plusieurs distinctions l’an dernier. PAGE 5 SUISSE lundi 11 janvier 2016 PAGE 5 La licence obtenue au Luxembourg PÂRIS BERTRAND STURDZA. Augmentation des actifs à plus de 4 milliards l’an dernier malgré la fin du plancher. Une acquisition est possible en 2016. SÉBASTIEN RUCHE La Banque Pâris Bertrand Sturdza a augmenté ses actifs sous gestion l’an dernier, malgré le franc fort. Ils atteignent dorénavant 4 milliards de francs (dont environ un tiers de fonds institutionnels), contre 3,5 milliards un an plus tôt. L’une des plus récente banque créée à Genève a par ailleurs reçu une licence au Luxembourg en décembre et engagé une dizaine de nouveaux collaborateurs l’an dernier. Après six ans d’existence, elle semble avoir atteint une nouvelle envergure, si l’on en juge par certains investissements qu’elle propose dorénavant et les récompenses qu’elle a reçues. Il y a un an (L’Agefi du 22 janvier), les dirigeants de Pâris Bertrand Sturdza (PBS) avaient préparé deux plans stratégiques pour les cinq années à venir. Lequel ontils finalement appliqué, entre celui qui prévoyait une accélération de la croissance grâce à des acquisitions et l’autre qui reposait sur une continuité du développement précédent? «Nous avons privilégié une croissance organique maitrisée par rapport à une croissance externe, révèle Olivier Bertrand, l’un des fondateurs de la banque avec Pierre Pâris. Nous sommes restés fidèles à la prudence qui nous caractérise depuis le début. Il est cependant possible que nous effectuions notre première acquisition cette année.» PBS procède actuellement à une due diligence sur une petite structure, dont on ne saura rien de plus. La croissance s’est effectivement poursuivie l’an dernier. De 3,5 milliards de francs sous gestion fin 2014, PBS est passée à plus de 4 milliards fin 2015. Grâce à un net new money de l’ordre de 600 millions et sans couvrir de nouveaux pays - ses marchés principaux demeurent la Suisse, l’Europe de l’Ouest et le Royaume-Uni. PBS compte environ 280 clients, soit une quarantaine de plus sur un an. «Ce nombre limité de clients que nous servons nous donne un fabuleux avantage compétitif: nous avons du temps pour servir au mieux nos clients», glisse au passage l’ancien managing director d’UBS Wealth Management. Alors que la place genevoise a plutôt vécu un tassement des avoirs l’an dernier, Olivier Bertrand explique la progression de PBS par le prolongement de ce qui avait été fait les années pré- cédentes: une approche qualitative avec un niveau d’expertise très élevé. L’activité institutionnelle s’est «encore très bien développée» l’an dernier, tandis que d’importantes familles privées ont rejoint la clientèle de l’établissement de la rue De-Candolle. Cette attractivité renforcée, PBS la doit notamment aux «club deals», des investissements directs qu’elle propose à ses clients, parfois en exclusivité pour la Suisse et l’Europe. L’an dernier, la banque a réalisé son deuxième projet avec la société L Real Estate, sponsorisée par le Groupe Arnault (propriétaire de LVMH notamment). «L’idée consiste à investir de manière très ciblée dans quatre ou cinq immeubles exclusifs bénéficiant d’une situation géographique exceptionnelle, poursuit Olivier Bertrand. Le groupe Arnault y installe ensuite ses boutiques, puis il est rejoint par d’autres marques très premium et finalement un quartier du luxe se crée.» Ce genre de projets, comme la banque en effectue un ou deux par an, constitue une remarquable carte de visite pour attirer une clientèle haut de gamme. En 2010, le premier de ces projets, de 500 millions, avait investi à Miami et Tokyo notamment, pour un rendement annuel à ce jour de l’ordre de 16%. L’an dernier, la banque avait aussi aidé les familles Louis-Dreyfus et Peugeot à créer une structure pour investir conjointement dans des navires vraquiers (dont une réplique est visible dans le hall de la banque). La gestion diversifiée de portefeuilles reste néanmoins le métier «cœur» de PBS. Pour 2016, PBS s’est dotée d’un moteur de croissance supplémentaire, avec la création d’une filiale au Luxembourg. «PBS Europe» a obtenu une licence en décembre dernier. En réflexion depuis plus de deux ans, le projet s’est concrétisé lorsque «les bons collaborateurs» ont pu être identifiés engagés. Des gestionnaires très seniors, tous locaux. Globalement, PBS a recruté une petite dizaine de personnes l’an dernier, dans toutes ses unités (relation clientèle, investissement, support), pour dépasser les quarante collaborateurs. Luc Denis, l’ancien CEO de Schroder en Suisse, a rejoint la banque en tant que «senior advisor», tandis que Pierre de Blonay a pris sa retraite du conseil d’administration (les candidatures ne devraient pas manquer pour le remplacer en 2016). Autre événement notable de 2015, PBS a opté pour un fournisseur unique pour son système informatique et son back office, choisissant la filiale de Crédit Agricole CAPBS. Finalement, le modèle et le développement de Pâris Bertrand Sturdza ont été récompensés l’an dernier. Wealth Briefing l’a classée deuxième meilleure banque privée européenne, tandis que la dernière étude de KPMG et de l’Université de Saint-Gall sur la gestion privée l’a placée dans les «top performers» (catégorie qui contient 19% des établissements suisses). Cette étude annuelle, très suivie par la profession, mentionnait en août dernier qu’environ un tiers des banques suisses ne sont pas profitables (L’Agefi du 26 août).n PÂRIS BERTRAND STURZA GÈRE PLUS DE QUATRE MILLIARDS DE FRANCS D’ACTIFS ET COMPTE UN PEU PLUS DE QUARANTE COLLABORATEURS POUR 280 CLIENTS ENVIRON. NET NEW MONEY DE 600 MILLIONS L’AN DERNIER.