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18 Vie des filières PRODUCTION ANIMALE Vendredi 11 novembre 2011 Agri SANTÉ DES VEAUX (1/6) Pierres angulaires d’un élevage réussi Des vêlages sans souci et des veaux en bonne santé, ce n’est pas toujours une évidence. Le respect de certaines recommandations permet d’assurer la réussite de l’élevage. LA SANTÉ DES VEAUX EN SÉRIE L 800 à 900 g de GMQ en première année L’élevage des jeunes génisses détermine leur future carrière de laitières. Un âge au premier vêlage de 24 à 26 mois est idéal pour les races laitières. Les risques de complications augmentent lorsque l’âge au premier vêlage est de moins de 24 mois ou de plus de 28 mois. Une première année d’élevage intensive et une seconde plus restrictive préparent idéalement au vêlage. Un élevage intensif en première année détermine les conditions corporelles (taille, cadre) idéales pour un déroulement sans problème du vêlage. Il favorise aussi une haute capacité d’ingestion. Des gains moyens quotidiens (GMQ) de 800 à 900 g sont recommandés dans cette phase. Les jeunes animaux ont une haute capacité d’assimilation des protéines; il n’y a dès lors pas de risque d’engraissement excessif, même à ce niveau. En revanche, l’apport énergétique doit être réduit en deuxième année. Le risque d’engraissement, et donc de complications au vêlage, y est plus important. Un GMQ de 750 g est idéal. Dès les 18 mois CL. QUARTIER a naissance de veaux sains, vifs, ayant bon appétit est le prérequis pour un élevage ou un engraissement couronné de succès. C’est en effet seulement à ces conditions qu’ils absorberont le colostrum assez tôt et en suffisance. La clé de ce succès: l’analyse de tous les aspects de l’élevage qui ont une influence sur le veau à naître ainsi que sur le déroulement du vêlage. L’intensité de l’élevage, qui conditionne également l’âge au premier vêlage, le choix d’un taureau adapté, le mode de garde et d’alimentation pendant la gestation et le suivi du vêlage en font également partie. Dans ses prochains numéros, Agri publiera encore cinq articles sur la santé des veaux. Cette série, réalisée par le Service sanitaire bovin (SSB), a déjà fait l’objet d’une parution en allemand dans Die Grüne au printemps et à l’été 2011. Agri la reprend et la traduit pour ses lecteurs romands. Le premier volet traite du bon démarrage de l’élevage des veaux. Les prochains dossiers porteront sur les thèmes suivants: les gestes importants au début de la vie des veaux, l’affouragement correct des veaux d’élevage et d’engraissement, l’hygiène en élevage, le climat de l’étable des veaux, et enfin la prévention et les soins en cas de maladie. Pour les races laitières, l’âge au premier vêlage se situe idéalement entre 24 et 26 mois. de l’animal, la condition corporelle peut être contrôlée, par exemple au moyen du BCS (Body Condition Scoring). Elle permet de corriger l’alimentation si nécessaire. Vêlages difficiles, mortalité accrue Les veaux nés d’un vêlage difficile ont un risque douze fois plus élevé de mourir lors de la naissance ou dans les premières quarante-huit heures de vie. Il est donc important de couvrir les génisses et les vaches de petit format avec des taureaux adaptés. Ceux qui transmettent une durée normale de gestation et des veaux de format adapté sont à privilégier. Des minéraux lors du tarissement Chez les génisses, l’affouragement devrait être restrictif jusqu’à deux mois avant le vêlage. Seuls les besoins d’entretien et de croissance doivent alors être couverts. Durant les deux derniers mois s’ajoute le besoin de gestation. Il correspond, lors du dernier mois, à une production de lait de 6 à 8 kg par jour. Les génisses sont plus exigeantes que les vaches en ce qui concerne la préparation à l’alimentation postvêlage. Elles ont en effet une moindre capacité d’ingestion et doivent toujours couvrir leur besoin de croissance. De manière générale, les génisses comme les vaches devraient vêler avec un BCS de 3,25 à 3,75. Par contre, si les animaux sont trop gras, ce n’est pas lors des dernières semaines avant le vêlage qu’ils doivent perdre de la condition pour atteindre ce score. L’apport en minéraux et en oligo-éléments est essentiel, car certains d’entre eux sont déficitaires dans la ration de base. Du sel bétail et de l’eau fraîche doivent également toujours être à disposition. Si la mère reçoit suffisamment de vitamine A, Bêta carotène, vitamine D, E, sélénium et fer, la vitalité du veau et la qualité du colostrum n’en seront que meilleures. La fièvre du lait est à surveiller chez les vaches âgées. L’administration de vitamine D sous forme de piqûre est recommandée cinq jours avant la date prévue du vêlage. Elle peut être renouvelée une fois. Les tampons sont par contre déconseillés. Box de vêlage irréprochable Les veaux nouveaux-nés sont extrêmement sensibles aux agents pathogènes de l’environnement tant qu’ils n’ont pas absorbé le colostrum. L’aire de vêlage doit donc être irréprochable. Il est indispensable de placer la vache dans un endroit propre avant le vêlage. Un box de vêlage sera obligatoire dans les stabulations libres dès 2014. D’une surface d’au moins 10 m2, il devra avoir une largeur de 2,5 mètres pour permettre à l’animal de se mouvoir sans risque de blessure. Si l’exploitation ne connaît pas de problème, le nettoyage (au karcher) suivi d’un paillage frais peut intervenir tous les trois vêlages. Les box de vêlage ne devraient logiquement pas être utilisés comme infirmerie. Si c’est tout de même le ÉF cas, une désinfection s’impose avant tout nouveau vêlage. Laisser faire avant d’intervenir L’aide au vêlage intervient souvent trop rapidement et entraîne parfois paradoxalement des complications. Il faut laisser suffisamment de temps aux vaches! Deux à trois heures (trois à quatre chez les génisses) peuvent s’écouler entre la perte des eaux et la naissance du veau. Après ce délai, si aucune progression n’est observée, la position du veau doit être vérifiée. Une hygiène irréprochable est de mise: vêtements propres, nettoyage soigneux de la zone génitale de la vache, des mains et avant-bras. Le recours au vétérinaire s’impose en cas de doute. Les cordes ou chaînes de vêlage doivent être propres et utilisées correctement: traction limitée (maximum deux personnes) et coïncidant avec les poussées de la vache. Avec le respect de ces recommandations, le veau a de bonnes chances de prendre un bon départ et d’assurer la réussite de l’élevage. SSB-TRADUCTION ÉLISE FRIOUD L’avis d’un éleveur de veaux Philippe Collaud, éleveur à Saint-Aubin (FR): «En première année, nous distribuons un fourrage riche, digestible et structuré. Nous avons opté pour un mash. Chez nous, pour une question de place, le box de vêlage sert aussi d’infirmerie. Un nettoyage régulier – sans désinfection – fait ses preuves jusqu’à présent. L’âge au premier vêlage se situe entre 25 et 28 mois. Pour le vêlage, nous laissons beaucoup faire. Avec un troupeau d’une centaine de vaches, nous serions debout toutes les nuits! Les 80% des vaches, y compris les génisses, vêlent sans assistance. C’est un peu le «nez» qui nous dit quand intervenir». ÉF SANTÉ ANIMALE Tympanie: prévention et traitement La tympanie est une urgence au traitement délicat. Une bonne prévention permet de limiter les risques. L ors de la journée d’information d’Agroscope Liebefeld Posieux le 27 septembre 2011, Andreas Münger est revenu sur la tympanie, affection des ruminants aussi connue sous le nom de météorisation. Au cœur de sa présentation, des connaissances actuelles sur la prévention et le traitement de l’affection. La tympanie se présente sous deux formes. Dans la première forme, souvent le cas d’animaux isolés, une grande bulle de gaz se forme dans le rumen de l’animal. Les causes sont à chercher au niveau de l’animal (obstruction de l’œsophage, paralysie) dans la plupart des cas. Dans la seconde forme, il se produit une accumulation mousseuse de gaz dans l’ensemble du contenu ruminal. En général, plusieurs animaux sont concernés et les causes sont essentiellement alimentaires. Facteurs de risque multiples C’est la concordance de plusieurs facteurs qui conduit à la tympanie: des composants de la panse qui stabilisent la mousse, une fermentation ruminale intensive, avec formation de gaz, et l’empêchement de l’évacuation des gaz du rumen. Au niveau alimentaire, les légumineuses, notamment la luzerne pâturée, peuvent entraîner une tympanie mousseuse. Les céréales pâturées également, en raison de leur teneur en glucides facilement fermentescibles. Une attention particulière doit aussi être portée au fourrage gelé. Une vache qui souffre de tympanie se reconnaît distinctement. Elle est gonflée du côté gauche. Elle est inquiète, adopte une position caractéristique «en chevalet». Elle suffoque et respire par la bouche. Elle s’effondre, et une mort rapide est souvent l’issue. Une intervention rapide est alors indispensable. Il faut surélever la partie antérieure de l’animal pour faciliter l’évacuation des gaz. Pour la tympanie mousseuse, on peut introduire un bout de bois de travers dans la bouche de l’animal pour faciliter la salivation. L’application d’un agent antimousse est recommandée. Dans la tympanie gazeuse, la sonde œsophagienne permet d’évacuer les gaz bloqués dans le rumen. Elle nécessite toutefois une grande précision. En dernier recours, la ponction de la panse avec un trocart peut être entreprise. J.-R. STUCKI Elise Frioud Agir à titre préventif A titre de prévention, Andreas Münger a montré qu’il est possible d’agir à plusieurs niveaux. Le choix d’une pâture ou d’un lot de fourrage de composition moins problématique est une première étape. La mise à disposition de foin ou d’un fourrage similaire avant la pâture permet de freiner l’appétit et de stimuler la salivation. La pâture restreinte peut apporter un mieux, mais à terme les animaux risquent de se réserver pour les parcs les plus appétents qui sont justement ceux qui posent problème. La distribution pré- Lors du passage de la ration hivernale à la pâture, un affouragement à la crèche prévient la tympanie. ventive d’agents antimousse est une autre voie préventive. Elle soulève cependant plusieurs questions. Les différents modes d’administration (directe, sur le flanc, sur la pâture) présentent tous des inconvénients. L’administration même de produits synthétiques pose des problèmes de perception extérieure et de légalité. Sans parler des coûts de cette méthode. Pour finir, le chercheur a abordé une autre piste: la mise à disposition de plantes fourragères ou de composants alimentaires contenant des tanins condensés. L’esparcette, le lotier, la chicorée réduisent la dégradabilité des protéines et donc le risque de tympanie. Même s’il est difficile de recommander un dosage précis, une utilisation en tant que complément déshydraté à raison de 15% de la ration peut être conseillée.