Une fausse bonne idée
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Une fausse bonne idée
COMMUNIQUE DE PRESSE L’élargissement de la centrale des crédits : Une fausse bonne idée Depuis plus de 10 ans, la plateforme “Journée Sans Crédit” sensibilise le public aux dangers des crédits faciles. Cette année, c’est contre les solutions simplistes aux problèmes d’endettement que nous nous insurgeons. L’accord gouvernemental fédéral et la déclaration politique Economie et Consommateurs estiment en effet que la création d’une centrale de l’endettement est la manière idéale de “résoudre le problème du surendettement”. Cette centrale de l’endettement enregistrerait non seulement les dettes de crédit, mais également les dettes d’énergie, de télécom, etc. Si cette mesure est présentée comme une solution miracle très simple, sa mise en œuvre soulève des questions importantes. Par exemple: Comment garantir que l’enregistrement des données sur tous ces types de dettes se fera correctement et que ce sont toujours les paiements encore dus les plus récents qui seront enregistrés? Des expériences du passé, quand il existait une liste noire pour les dettes de télécom sous le nom de “Preventel”, nous ont appris que les risques d’enregistrements non justifiés, erronés ou sur base de données obsolètes sont réels. En outre, une fois qu’un consommateur était repris sur cette liste, il n’était pas évident pour lui de redorer son blason et de faire supprimer son nom. Par ailleurs, puisqu’il est question dans le projet gouvernemental d’un enregistrement massif d’un grand nombre de données relatives à des dettes diverses et par de multiples acteurs, les risques d’enregistrements non justifiés sont logiquement d’autant plus énormes. Notons aussi que les exemples de l’étranger ne prouvent pas qu’une telle centrale de l’endettement serait un outil efficace pour la prévention du surendettement. Risques d’exclusion L’expérience de la liste Préventel a montré que ce système sert de moyen de pression envers les consommateurs pour leur faire payer des dettes contestées. Autre conséquence : des consommateurs ayant continué à contester une dette et étant repris sur cette liste, ne pouvaient se diriger vers aucun autre opérateur télécom. Qui garantit que la mise en place d’une nouvelle méga centrale de l’endettement ne mènera pas à nouveau à diverses formes d’exclusion, même dans le cas d’une contestation justifiée de la dette? Superflu Par ailleurs, il existe déjà une base de données qui contient déjà toutes les dettes et où il est certain que les dettes ne sont pas contestées : Il s’agit du « fichier central des avis de saisies ». Il s’agit d’une base de données informatisée qui reprend les dettes dès qu’un huissier de Justice notifie un commandement de payer ou effectue une saisie, quel que soit le type de dette. Cela suppose que ces dettes ont déjà été reconnues par un titre exécutoire (p.ex. un jugement) et qu’un huissier entreprend donc à ce stade des démarches d’exécution forcée (à savoir notifier un commandement de payer ou une saisie). La certitude que l’on a dans ce cas est que la dette a déjà été entérinée par un juge ; cela signifie que des enregistrements non justifiés se produiront nettement moins. Cette base de données contient également de nombreuses dispositions concernant la protection de la vie privée. Pourquoi les prêteurs n’utilisent-ils pas cette base de données? Nécessité d’une analyse de solvabilité personnalisée et active Selon nous, l’objectif de prévenir efficacement le surendettement peut être réalisé plus facilement en prenant suffisamment de temps pour analyser de manière personnalisée et approfondie la solvabilité du consommateur, et ce pour chaque demande de crédit. Cette obligation est d’ailleurs déjà stipulée dans la loi et les prêteurs disposent dans ce cadre de la possibilité de demander au consommateur des preuves récentes de ses revenus et de ses dépenses. Une analyse personnalisée de la solvabilité donne beaucoup plus la garantie au prêteur d’être en possession d’informations actualisées et correctes que de compter sur l’output automatique de données par une centrale de l’endettement. La technique prônée par les prêteurs (ardents défenseurs de la Centrale de l’endettement ) consiste à prédire statistiquement si le candidat-emprunteur est oui ou non une personne solvable en lui attribuant un score automatique (et donc extrêmement rapide) sur base d’informations fournies par une base de données. Cette technique comprend un double risque : que des personnes solvables ne puissent pas obtenir de crédit et, dans le sens inverse, qu’un crédit soit quand même octroyé à des personnes insolvables. Opter pour de vraies solutions Pour toutes ces raisons, la plateforme Journée Sans Crédit dit NON à la création d’une centrale de l’endettement. Simultanément, nous insistons auprès du gouvernement fédéral pour qu’il prenne des mesures qui puissent réellement prévenir les problèmes d’endettement. Ainsi, les pratiques de vente alléchantes et parfois agressives dans le secteur des télécom et du crédit devraient être combattues de manière plus active et sanctionnées plus sévèrement. Des mystery shoppers devraient vérifier, de manière proactive, si l’obligation d’informer et de conseiller correctement les consommateurs est bien respectée. Par ailleurs, tous les intermédiaires de crédit doivent être bien formés de sorte qu’ils puissent satisfaire à l’obligation d’octroyer et d’expliquer le crédit le plus approprié aux consommateurs. Cette année encore, les associations organisatrices de la Journée sans crédit lancent un message fort aux consommateurs : “Ne signez pas n’importe quoi!”. Les actions qui auront lieu ce samedi 29 novembre 2014 seront là pour le rappeler… Contact: Anne Defossez, Centre d’appui médiation de dettes (0473/69.06.51) Monique Van Dieren, Equipes Populaires (0478/59.94.20)