Bruxelles, l`etrange(re

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BRUXELLES, L'ÉTRANGÈ(RE)
Berceau de l'Europe, la capitale belge ? Repaire de stagiaires ou eldorado des sans papiers,
la belle flamande ne cesse de se réinventer. Bonne vivante et eurocrate, provinciale et
cosmopolite, Bruxelles a l'identité plurielle. Non sans difficultés.
CHERCHE STAGE AU PARLEMENT
Giulio Zucchini - Bruxelles - 18.10.2006
Traduction : Catherine Pierret
Un stage à bruxelles : c'est l'objectif de milliers d’étudiants européens. À la recherche d'une
expérience qualifiante. Et d’un carnet d’adresse bien rempli.
Le siège du Parlement européen à Bruxelles est devenu un lieu de stage toujours plus recherché par les jeunes du
Vieux Continent. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : en 2001, près de 2000 candidatures parvenaient au Bureau des
stages du Parlement. En 2005, elles sont multipliées par 3 et frisent dorénavant les 6500 lettres de motivations
envoyées. Mais malgré la hausse incroyable de la demande, les postes disponibles sont limités 600 places environ.
Pas de salaire mais un coup de pouce
«Je n'avais aucun contact lorsque j'ai transmis ma candidature par courrier électronique. Mais elle a été
acceptée. J’ai par la suite remarqué que cela ne se passe pas toujours de cette manière », explique Julian Boecker,
un jeune Allemand de 23 ans, actuellement en stage auprès du Parti populaire européen ( PPE).
Car contrairement à la Commission européenne où le nombre de stagiaires est strictement réglementé, les
eurodéputés jouissent d'une liberté totale de choix concernant le nombre d' « assistants » souhaités. Une latitude
qui s’applique aussi à la rémunération. «Je perçois un salaire mensuel tout juste suffisant à payer mon loyer et
quelques autres dépenses », affirme Jens Jonatan Steen, stagiaire danois auprès du Parti socialiste européen (PSE),
avant d'ajouter : «le Parlement devrait mettre en place des normes communes afin de réglementer le statut de
stagiaire».
Maria Formisano, étudiante italienne à Sciences Po Paris effectue ici son premier stage auprès de la délégation du
PSE : «je ne suis pas payée, » dit-elle, « mais j'ai accepté parce que l'enjeu est plus élevé : j'ai accès à de précieuses
informations, je peux m'informer librement sur les thèmes qui m'intéressent. Et surtout, je suis en contact avec les
personnes qui comptent».
Les ex-stagiaires veulent rester dans le circuit, depuis 1966
Le fameux carnet d’adresses. Passer quelques mois dans les couloirs
froids du Parlement à Bruxelles équivaut donc à rencontrer des
personnes susceptibles d’être utiles à son avenir professionnel. Le stage
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devient alors synonyme d'investissement pour un emploi ultérieur,
voire un autre stage au sein d'une ONG ou d'une autre institution
européenne.
Parce qu'après trois ou six mois maximum, l’expérience s’achève : «j'aimerai beaucoup rester mais il n'y a pas de
place», explique Barbara Renna, stagiaire pour le compte de l’eurodéputée de droite Adriana Poli Bortone. «En
général, les stagiaires deviennent assistants d’eurodéputés à condition que l'assistant en charge termine son
mandat, laissant son poste vacant».
Être bien informés et « rester dans le circuit » s'avère donc fondamental. C'est pour cette raison qu’existe, depuis
1966, 'Adek International', l’association des ex-stagiaires de l’Union européenne. Le but ? Maintenir un rapport
étroit entre les anciens assistants et les institutions européennes.
«Je n'ai même pas l'impression de vivre en Belgique»
«Mon rapport avec Bruxelles est pratiquement nul. Je n'ai même pas
la sensation de vivre en Belgique », confie le Danois Jens Jonatan.
«J'aimerais avoir une vie sociale plus européenne, plus internationale.
Mais je n'ai pas le temps ». Jens vit en effet avec huit compatriotes et
son environnement reste exclusivement danois.
Stella Duzhar et Christoph Kopp, autres stagiaires hongrois pour le
compte du Parti populaire européen (PPE), se sentent également étrangers aux dynamiques et aux activités de la
ville. «Nous nous contentons de jouer les touristes le week-end. Mais pour nous, Hongrois, Bruxelles est une ville
très chère».
Par ailleurs, Stella insiste sur le problème de la spéculation immobilière des Belges : « lorsque je suis ici arrivée, je
n'avais aucune idée des prix et j'ai trouvé un logement sur Internet ; je paie 1300 euros par mois. Ce n'est
qu'après mon arrivée que j'ai découvert l'escroquerie ».
C'est justement pour aider les nombreux stagiaires débarquant chaque mois de l'Europe entière que l'association
‘Trainees in Brussels’ a été créée et propose d'offrir des solutions de logement à ceux ayant besoin d'une chambre,
d'un hébergement en auberge de jeunesse ou auprès d'une famille. Mais les prix de la capitale belge n'ont pas
encore atteint les niveaux de villes comme Milan ou Paris.
Jérôme Boniface, 28 ans, arrive justement de la Ville Lumière avec un Master du Collège de l'Europe de Varsovie en
poche. Sa copine italienne travaille pour la Commission et il est arrivé à Bruxelles la semaine dernière à la recherche
d'un emploi. « À chaque angle de rue, tu rencontres un polyglotte bardé de diplômes, la concurrence est rude »,
avoue-t-il. «Je sollicite des amis et je cherche sur Internet. Au pire, je chercherai moi aussi un stage ».
Crédit photos : Giulio Zucchini
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LOBBIES : L’ATTRACTION DU POUVOIR
Marc Serena - Barcelona - 18.10.2006
Traduction : Delfabbro Damien
Ils sont 15 000 et veulent influencer les décisions prises quotidiennement à Bruxelles. C'est dans le
quartier européen que lobbies et groupes de pression ont établi leur quartier général.
L’importance des institutions se remarque aux alentours du
rond-point Schuman de Bruxelles. Au cœur du quartier
européen, des centaines de personnes en costume cravate
déambulent dans tous les sens et on entend des bribes de
conversation dans n’importe quelle langue, même si l’anglais
et le français dominent. L’agitation que l’on ressent pendant
les jours de travail contraste totalement avec le week-end,
lorsque rues et bureaux sont déserts.
« Dans cette ville, on prend tous les jours des décisions à
très haut niveau, j’aime dire que nous sommes dans la
cuisine de l’Europe. Qui pourrait se passer d’être ici ? Les
lobbies sont arrivés depuis pas mal de temps et leur présense est tout à fait logique », confesse Jos Chabert,
premier vice-président du parlement de la région Bruxelles-Capitale. Selon des estimations, 70% des lobbies à
Bruxelles travailleraient pour une entreprise, 20% pour des régions, des villes et des institutions internationales et
seulement 10% pour des ONG.
Quand certains font pression pour les droits de la femme, d’autres dénoncent l’introduction d’OGM ou tentent
d'imposer de nouvelles normes pharmaceutiques. Ces groupes de pression tentent d’avoir une influence sur les
centres de pouvoir législatif ou exécutif dans le but de favoriser leurs propres intérêts.
Leurs stratégies sont variées mais quelques principes restent essentiels. Echanger des informations et avoir une
parfaite connaissance du réseau de relations de pouvoir dans la zone sur laquelle on souhaite avoir une influence.
Déterminer des objectifs clairement définis et élaborer un plan d’action. Les lobbies ont aujourd’hui un fort impact
sur les domaines constamment soumis au processus législatif, comme l’informatique ou la biotechnologie.
Une porte ouverte pour les régions
Longtemps, Bruxelles a accueilli les groupes d’influence des entreprises. Aujourd’hui, elle est le berceau de ceux qui
représentent les intérêts des gouvernement régionaux de toute l’Europe : 250 représentants régionaux ont leur
bureau permanent dans la capitale belge. Patiemment, ils attendent les sessions parlementaires pour les projets
régionaux afin de pouvoir bénéficier des fonds européens.
C’est le cas par exemple du gouvernement finlandais : « nous avons mis en place une délégation pour promouvoir
la région d’Helsinki comme centre important et compétitif et cité sûre et agréable », explique Eija Nylund, à la tête
du projet.
Un profil de grimpeurAfin de conseiller au mieux les nouveaux arrivants, Pascal
Goergen a récemment publié ‘Le lobbying des villes et des régions auprès de l’Union
européenne’, un ouvrage dans lequel il revient sur l’apparition du concept de
lobbying aux Etats-Unis au XIXème siècle. Issu du mot anglais « lobby », qui
signifie couloir, le terme qualifie la majorité des décisions prises dans les couloirs
des cercles de pouvoir. « C’est à partir de la Seconde Guerre Mondiale que ces
groupes de pression sont devenus plus en plus populaires en Europe, jusqu’à
atteindre une certaine hégémonie comme aujourd’hui », glisse Goergen.
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« Cependant, ce terme semble toujours un peu obscur, et en tout cas mal compris.
Les lobbyistes apparaissent généralement comme de fins stratèges, flexibles, avec
un certain bagage politique, » explique Bertrand Deprez, jeune lobbyiste. Ils sont
également attentifs et méfiants face à la concurrence « qui fait rage » dans ce
secteur.
La mauvaise réputation
La plupart des lobbyistes n’aiment pas dire ce qu’ils
font, en raison notamment des connotations
négatives attribuées à leur profession. Souvent
accusés d’avoir recours à des pratiques illégales, les
lobbies ont la réputation d’être un foyer de
corruption. «La vérité c’est qu’il s’agit d’un univers
transparent où il n’y a pas de place pour le mystère.
Cette mauvaise image est injustifiée », affirme Paul Adamson, lobbyiste endurci et fondateur du ‘think tank’ et
bureau-conseil ‘The Centre’. « Un think tank, c’est un groupe de spécialistes de haut vol qui propose des idées et
conseille les hommes politiques. Notre façon de travailler est beaucoup moins agressive qu’à Londres ou
Washington », assure t-il.
Selon Adamson, fondateur de la revue d'affaires européennes E ! Sharp, un lobby est souvent directement lié à une
entreprise alors que les dénommés ‘bureaux-conseil’ s’occupent de différent clients en conservant une marge de
manœuvre plus importante. « Dans notre cas, nous sommes aussi un ‘think tank’ : nous essayons donc de
favoriser les débats et de créer des contacts ».
L’expérience d’Adamson à Bruxelles lui a permis d’observer l’évolution du secteur. « Il y a eu une croissance
énorme, et maintenant il est paralysé. Certains politiques reçoivent tant de convocations pour des réunions qu’ils
n’ont pas le temps d’y assister matériellement ». Adamson souligne en outre les progrès réalisés depuis l’abandon
des énormes dossiers en papier. « A présent, les objectifs sont résumés sur quelques pages traduites en différents
langues. Cela a été un changement remarquable », déclare t-il.
Le cas de Toyota
Geoffrey Peeters est un bon exemple de lobbyiste avéré. Il fait partie de la division des affaires gouvernementales
chez Toyota. Responsable de la sécurité en matière d’automobiles il entend «promouvoir les intérêts de l’entreprise
dans les institutions bruxelloises. Nous voulons sensibiliser les gens dans les domaines de l’environnement et de
la sécurité. L’essentiel restant de maintenir de bonnes relations. Nous nous réunissons avec leurs représentants,
nous les conseillons et multiplions les discussions informelles… »
Le but n’est pas de confronter des positions mais bien de collaborer. « Nous connaissons bien ce domaine, nous
sommes des spécialistes. Il est important que notre point de vue soit pris en considération ».
Peeters pense également que la mauvaise réputation liée aux lobbies est profondèment injuste. « Dans une Europe
où les Etats membres sont si nombreux avec autant de compétitivité, il faut être attentif. Si un fonctionnaire
européen est censé légiférer dans un domaine concret, il est normal qu’il consulte les personnes les plus
compétentes dans ce domaine ». Peters explique que son but est de travailler de la « manière la plus transparente
possible » mais admet que c’est « l’ignorance des gens à l’égard de cette profession qui contribue à créer ce climat
de mystère ».
Avec la collaboration de Vanessa Witkowski et Graziella Jost, de la rédaction locale de Bruxelles
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Crédit photos : Marc Serena
Traduction du catalan au castillan : Alexia Bos Solé
Les lobbies européens
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DE TINTIN À TORGAL, LA BD COMME
RELIGION
Inga Pietrusińska - Varsovie - 18.10.2006
Traduction : Inga Pietrusinska
A Bruxelles, le 9ème art n’est pas uniquement une forme d’expression artistique : elle est partie
intégrante de la ville et de ses habitants.
« La bande dessinée, c’est la caricature de la vie. La première phrase que j’ai appris en français c’est ‘Fanfreluche
est une poupée’ grâce à la bande dessinée ‘ Bob et Bobette’ figurant dans le livre d’apprentissage du français, » se
souvient Tine Anthoni, employée au Centre belge de la bande dessinée (CBBD).
Les héros des bandes dessinées se retrouvent sur les timbres postaux, les affiches, les tracts ou dans des publicités
retransmises à la télévision. En traversant la capitale belge à pieds, le visiteur a l’occasion de voir à chaque pas les
traces laissées par cette culture à part, sur des fresques colorées ou dans des librairies spécialisées.
A la recherche de Tintin
Certains ont fait remonter les origines de la bande dessinée à Lascaux,
aux fresques égyptiennes ou à la tapisserie de Bayeux. C’est au USA que
la B.D. éclate et se répand vraiment, surtout grâce à la presse : en 1896,
‘The Yellow Kid’ est la première série publiée et connaît un énorme
succès avec pour la première fois l’utilisation de bulles. Superman naît
en 1938.
Dans les années 1940, beaucoup de gags en une bande, comme celui de
'Calvin et Hobbes' sont publiés dans la presse américaine ou dans des
comic books. Comics aux États-Unis -parce que les premières B.D.
étaient toutes comiques-, historieta [petite histoire] en Espagne, fumetti
[petites fumées, à cause des ballons ] en Italie...
En Europe, c’est le Belge Hergé qui lance le phénomène des « illustrés » en inventant les aventures du jeune
reporter Tintin. Par la suite, le magazine ‘Tintin’ publié par Reymond Leblanc en 1946 joue un rôle primordial dans
la popularisation sur le Vieux continent de ce qu’on appelle encore « l’art séquentiel ». En 3 jours, près 60 0000
exemplaires sont vendus.
« Au début les lecteurs étaient principalement des garçons qui adoraient les intrigues policières. Puis, dans les
années 60, la première héroine, Natasha, apparaît pour attirer le public féminin », explique Francois Deneyer,
collectionneur acharné et directeur de la Maison de la bande dessinée de Bruxelles.
« Certains personnages restent de grands classiques et ne cessent d’être réédités », glisse Michel le Loup, le
directeur du Centre belge de la bande dessinée. Spirou, Thorgal ou les schtroumpfs sont ainsi rapidement devenus
des icônes. « Le succès international des schtroumpf est attribuable à leurs traits humains, bien que leur
silhouette soit bleue et à leur vie dans un contexte indéfini : une forêt qui peut exister partout », glisse Le Loup.
BD de riche
Sur le marché belge paraissent chaque année presque 3 000 titres, dont
2 000 sont des nouveautés. « En 2006, il y a 20 % de titres en plus par
rapport à l’année précédente. Nous risquons de perdre des clients à
cause de cet afflux de nouveautés. La BD est devenue un produit cher,
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de luxe presque : soit les maisons d’édition baissent les prix, soit ils
diminuent le nombre de titres », explique Jeremy Rommes,
propriétaire de la librairie ‘Multi BD’.
Un lecteur lambda, qu’il soit fan de littérature illustrée ou non, est
incapable d’acheter toutes les nouveautés publiées au prix standard de
20 euros par album. Cette quantité de nouveautés offre un large panel
de choix au lecteur mais explique aussi le fait qu’une grande partie de
dessinateurs ou de titres passent inaperçus ou soient ensuite
sous-estimés. « Trop de nouveautés implique une baisse des ventes car le choix des clients va se focaliser sur un
seul auteur, » prétend Francois Deneyer.
Des libraires, grands enfants
La BD, ce ne sont pas seulement des histoires illustrées mais bel et bien
un style de vie. En Belgique, de nombreux festivals de BD sont organisés
pour présenter des nouveautés et les auteurs. Les rencontre avec les
dessinateurs sont assez populaires dans les librairies de Bruxelles où il
n’est pas rare de les croiser, discutant avec leurs fans dans une
ambiance amicale.
« Nous avons beaucoup de clients fidèles. Je connais bien leur goût : c’est pourquoi un libraire doit suivre avec
attention les nouveautés. Certains clients sont même mieux informés que moi. Dans ce métier, le plus difficile
reste de pouvoir lire tout ce qui paraît sur le marché », avoue Reynold, vendeur. Les libraires belges sont des
admirateurs et seulement après des vendeurs. Histoire de garder plus longtemps leur âme d’enfant.
Crédit photo : Inga Pietrusinska
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BRUXELLES À DÉCOUVERT
Marc Serena - Barcelona - 18.10.2006
Traduction : Prune Antoine
Balade alternative aux côtés de Stéphane Lambert, jeune écrivain belge prometteur qui nous fait
découvrir un Bruxelles secret et insolite.
Nombre d’habitants de Bruxelles sont clairement amoureux de la ville. C’est le
cas du jeune écrivain Stéphane Lambert , 31 ans, qui vient de publier plusieurs
ouvrages consacrés à la capitale belge. ’Bruxelles et l’amour’ (Racine-2005)
rassemble les affaires de cœur qui se sont nouées dans la belle flamande au fil des
siècles et Bruxelles, Identités plurielles (Racine-2006) met en évidence la
diversité culturelle et sociale de la ville.
« La première impression que le visiteur a de Bruxelles est souvent négative. Je
reconnais qu’il y a des choses à améliorer comme le réseau de transports
publics qui n'est pas terrible. La ville reste modeste et ne doit pas être jugée au
premier regard. » Tordant le cou aux préjugés, Stéphane Lambert n’hésite pas à défendre sa ville bec et ongles.
« Bruxelles a ce je-ne-sais-quoi de spécial qui la rend différente, bien que beaucoup pensent le contraire. Ici, il se
passe des choses plus excitantes qu’à Paris, bien plus en raison des initiatives individuelles que d’une action
politique claire d’ailleurs. »
Laboratoire culturel
Outre son travail d’écrivain, Stéphane Lambert vient d’être nommé directeur de la ‘ Maison du Spectacle - La
Bellone ’ (Rue de Flandre, 46), un lieu dédié aux arts scéniques à travers la promotion et un espace d’informations.
L’endroit (une façade du 17ème siècle) mérite une visite, qui peut s’achever par un petit verre au Bellone Café . « La
scène théâtrale bruxelloise est en pleine ébullition et c’est un véritable laboratoire d’expressions scéniques, »
souligne Lambert. « Une grande attention est aussi portée à la danse. Les manifestations artistiques sont bien
réparties à travers la ville. Nous avons en outre la cinémathèque la plus importante du monde et un centre d’art
contemporain original qui va naître. »
La zone de Saint-Gilles
Afin de démontrer la vitalité créatrice de Bruxelles, l’écrivain enchaîne immédiatement avec une visite dans le
quartier de Saint-Gilles , commune cosmopolite et bigarrée en bordure du centre. Les touristes qui y font un saut
visitent généralement le musée qui se trouve dans la maison de Victor Horta , considéré comme le père de l’ Art
nouveau.
Peu s’attardent dans les environs, une zone peuplée d’artistes et d’immigrés, venus du Portugal, Pologne, Espagne
ou du Maghreb. « C’est un quartier idéal pour partager un appartement à des prix accessibles, même si la
spéculation immobilières des cinq dernières années a rendu plus difficile le fait d’être propriétaire à Bruxelles , »
commente Lambert.
Mon interlocuteur suggère ensuite une halte au café Art Déco ‘La Porteuse d’Eau ’ (Av. Jean Volders, 48a de
Saint-Gilles). Nous nous dirigeons ensuite vers l’église en marge du parvis de Saint-Gilles, une large rue s’étire sous
nos pas où il est possible de déguster pour pas cher un couscous marocain (Rue de moscou) ou de boire un verre à
‘La Brasserie Verschueren’ ou au ‘Café de l'Union’. Si vous décidez d’aller faire un tour dans le coin le matin, vous y
trouverez un marché très animé. Non loin, la fontaine la 'Porteuse d’eau', le symbole du quartier et le très chic hôtel
de ville (Place van Meenen, 39).
Lambert affirme que s’il devait choisir sa rue préférée à Bruxelles, il choisirait
l'avenue Jeff Lambeaux. Quant à la bière, on peut la déguster ‘Chez Moeder
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Lambic’ (68, rue de Savoie) : l’établissement offre plus de mille variétés
différentes du précieux breuvage.
L’un des pôles d’attraction culturel et nocturne
de Bruxelles se trouve à Ixelles. Le ‘Café Belge’
(Place Eugène Flagey Plein) est un bar réputé qui offre aussi une scène de concert.
« Le lieu est fréquenté par une majorité de jeunes et l’atmosphère est très
conviviale. Le seul point noir de l’endroit : qu’ils finissent enfin ces fichus travaux
sur la place, cela fait des années que cela dure. »
Café Belga Cuisine pour tous les goûts
« Cela fait très cliché mais c’est la vérité. Les Belges ont une grande passion pour la gastronomie. Evidemment,
Bruxelles connaît son lot de restaurants médiocres mais beaucoup sont excellents. » Lambert souligne que les
établissements thaï sont très à la mode actuellement. « C’est bizarre : je connais notamment un endroit tenu par
des Chinois qui est brusquement devenu thailandais. C’est peut-être mieux ainsi, » glisse t-il non sans ironie.
Notre guide nous conseille le ‘Tom Yam’ ’ (Chaussée de Boondael, 341), qui offre un excellent rapport qualité prix.
Et le japonais ‘Yamayu Santatsu’ (Chaussée d'Ixelles 141) permet « d’observer des Japonais cuisiner et manger, un
bon signe. »
Fêtes au cimetière
Curieusement, les meilleures fêtes ont lieu à côté d’un cimetière. C’est ce qui se produit chaque soir dans le quartier
universitaire de Bruxelles, près du cimetière d’Ixelles. « Il y a de nombreux étudiants étrangers à Bruxelles,
particulièrement dans les écoles d’art. Beaucoup d’entre eux restent ensuite ici. » La soirée débute généralement
chaussée Boondael. « Chaque soir, ça bouge, contrairement aux autres coins de Bruxelles où les gens ne sortent
qu’à partir du jeudi. »
Pour des nuits endiablées, on peut aussi tenter le quartier Dansaert, qui entoure la rue Antoine Dansaert, lieu
branché par excellence. Pour sortir : le ‘Dirty Dancing ’ (Chaussée de Louvain, 38), proche de la place Madou ; la
soirée gay mensuel de la boite héréro ‘Le Fuse’ (Rue Blaes, 208) ou ‘Le Cabaret’ (Galerie Louise, 1), autre référence
des noctambules locaux. Pour se tenir informé des festivités, Lambert conseille la lecture de la revue gratuite ’Zone
02’, distribuée dans la rue.
Autre bon plan pour les oiseaux de nuit, le bar ‘L’archiduc’ (Antoine Dansaert, 6) : l’endroit, fréquenté par un défilé
d’artistes, est idéal pour siroter un bon Bordeaux Clairet en assistant à un concert de jazz, le tout dans un décor
purement Art Déco.
Merci à la collaboration de Vanessa Witkowski et Graziella Jost et à la rédaction locale de Bruxelles
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QUELQUES GRAMMES DE FINESSE...
Inga Pietrusińska - Warszawa - 18.10.2006
Traduction : Jan Rosset
En plus de siroter d’innombrables variétés de bières ou de goûter aux moules frites, les gourmets
du monde entier peuvent se délecter de « pralines », les traditionnelles friandises belges,
considérées par certains comme les meilleurs chocolats au monde.
C’est au XVI ème siècle que le chocolat est arrivé en Europe, transporté d’Amérique du Sud par les navires de
Christophe Colomb. Connu d’abord uniquement en Espagne sous la forme d’une boisson aux fèves de cacao, il était
alors prescrit par les médecins pour guérir toutes sortes de symptômes liés à la dépression. Mais en raison de son
goût amer, il était peu répandu, restant confiné à l'univers médical.
C’est seulement lorsque l’on y a ajouté du sucre, que la boisson au cacao a gagné en popularité et fait son apparition
sur les tables européennes. Depuis des siècles, le chocolat constitue donc le doux objet d’une tentation à laquelle il
est difficile de résister mais aussi un remède contre la déprime. « Le chocolat règne en maître sur notre estomac »,
confesse d’ailleurs Josse Snakers, formateur et consultant actif dans la branche.
Les pralines, une fierté belge
Les vertus du chocolat n’ont pas échappé à Jean Neuhaus qui, en 1857, quitta la ville suisse de Neuchâtel pour
ouvrir, en compagnie de son frère, une pharmacie à Bruxelles, dans la Galerie de la Reine - actuellement le plus
ancien passage commercial couvert d’Europe-. Le chocolat, initialement vendu comme remède pour améliorer les
souffrances de l’âme, est rapidement devenu une friandise lorsqu’en 1912 Jean Neuhaus, le petit-fils du précédant,
inventa la recette d’un bonbon au chocolat, appelé « praline ».
Depuis lors, l’industrie du chocolat a fleuri en Belgique et les recettes, gardées secrètes, se transmettent de
génération en génération. « Heureusement, il y a à nouveau de nombreux jeunes qui se lancent dans
l’apprentissage du métier », souligne Jo Drap, directrice du Musée du Cacao et du Chocolat (MUCC) et maître
chocolatier depuis trois générations. « Leur transmettre ce savoir est un vrai plaisir et c’est aussi un motif de
fierté de savoir que notre tradition nationale se perpétue , » précise Snakers.
Aujourd’hui, il existe sur le marché 260 000 producteurs de chocolats en Belgique parmi lesquels des grandes
chaînes et des petits confiseurs locaux. ‘Mary’, ‘Neuhaus’, ‘Leonidas’ ou encore ‘Wittamer’ – le fournisseur officiel de
la cour de Belgique– font partie des plus connus. En fonction de la qualité des matières premières utilisées, les prix
des chocolats varient entre 20 et 60 euros le kilo et les entreprises présentes sur le marché se disent «
complémentaires », ne semblant pas redouter la concurrence de leurs pairs.
« Je ne me sens pas du tout menacé par les grandes entreprises car je produis selon des méthodes traditionnelles
des chocolats dont le goût est unique, » explique un vendeur de La Maison du chocolat artisanal. « Aussi bien mes
clients réguliers qui achètent environ 60 % de ma production que les touristes savent apprécier cela », poursuit-il.
Une question de goût
Les pralines sont des chocolats au lait ou blancs, fourrés au chocolat, à
la crème ou encore aux noisettes. Dans la mesure où chaque producteur
essaie d’élargir son offre au maximum, les consommateurs n’ont que
l’embarras du choix parmi plusieurs centaines, voire même des milliers
d’arômes différents. Dans la chocolaterie ‘Les Frères de Sadeleer’, on
peut même trouver des pralines au poivre et au piment.
Mais les Belges, qui mangent en moyenne neuf kilos de chocolat par an,
restent plutôt fidèles aux pralines traditionnelles et les nouveaux
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arômes apparaissent puis disparaissent au gré de la mode chocolatière
dont ils sont des épiphénomènes. « Le chocolat c’est également une
mode, un goût qui change au fil des ans. Le poivre que l’on ajoute à
l’heure actuelle aux ingrédients classiques des pralines est la
manifestation d’une nouvelle tendance mais les gens reviennent toujours vers un goût traditionnel », remarque
ainsi Jo Draps.
Tadeusz Tebinka, vendeur dans l’un des magasins ‘Neuhaus’, a pu observer que « les clients du Sud de l’Europe
tout comme les Belges préfèrent le chocolat noir tandis que les clients d’Europe centrale et septentrionale, de
même que ceux qui viennent d’Amérique, achètent plus fréquemment du chocolat au lait . »
Un peu de douceur dans un monde de brutes
Le chocolat fait partie du quotidien des habitants de la Belgique et, « grâce à l’existence de gammes et de prix
différenciés il est abordable pour toutes les classes sociales », estime Jo Draps. Mais c’est durant la période des
fêtes de fin d’année que les chocolatiers sont pris d’assaut par les amateurs. « Avant Noël, les Belges sont pris de
frénésie et achètent du chocolat par tonnes , confirme Tadeusz Tebinka.
Aujourd’hui, le chocolat n’est plus seulement une friandise mais aussi l’objet de festivals organisés dans toute la
Belgique, voire un matériau qui a inspiré certains couturiers à créer une collection de robes de soirée en chocolat.
Savourons donc le chocolat sous toutes ses formes !
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