Exposition Couleur femme 10-22 Mars 2010

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Exposition Couleur femme 10-22 Mars 2010
COULEUR
FEMME
Hôpital Plaisir Grignon
10
10--22 mars 2010
Dominique LAMY - Service d’Accompagnement et de Suite
D. LAMY
L’exposition « couleur femme » est
constituée de dessins des résidents
de l’Hôpital de Plaisir Grignon et de
poèmes composés pour la Maison de
la poésie de Saint Quentin en
Yvelines.
La Maison de la poésie de Saint
Quentin en Yvelines a pour vocation
de faire découvrir et partager la
poésie. Un partenariat a été établi
dans cette perspective avec l’Hôpital
de Plaisir Grignon.
Les dessins des résidents ont été
réalisés dans le cadre des ateliers
d’expression de l’établissement.
L’atelier dessin, animé par Madame
Elisabeth DORVAL, permet aux
résidents de réaliser des dessins et
des croquis. Des dessins ont été
sélectionnés autour du thème
« couleur femme ». La manifestation
nationale du printemps des poètes a,
en effet, pour sa 12ème édition, pris
cette thématique comme référence
en 2010.
Cette rencontre entre
les dessins des résidents et les poèmes
témoigne de la créativité
de l’hôpital de Plaisir Grignon.
D. LAMY
Elle avait cherché dans le jour
son quart d’heure de joie.
À ratisser l’herbe brûlée l’été
ou les feuilles en automne,
elle l’avait trouvé au plus bas.
Avec les brindilles parfois lui venaient
sous les griffes de l’instrument des pensées,
réminiscences de paroles :
poètes ou sages qui disaient
le bien du geste nonchalant.
Et dans le tas de feuilles sèches
le soleil froid bientôt se couchait.
© Judith CHAVANNE
France, 1967
Un seul bruissement, Le Bois d’Orion (F), 2009 ; Le don de solitude,
L’Arrière-Pays (F), 2003
D. LAMY
Pétales blancs
à fleur d'étang
au fil de l'eau
des dentelles
oubliées.
Viviane CARMEILLES - Service d’Accompagnement et de Suite
© Sylvie LATRILLE
France, 1950
Surgie des sables, toujours vive, Images : Sarah Wiame, Céphéides (F), 2004 ; Sur le
chemin des merles, l’épi de seigle (F), 2003
Ni la parole ni le silence
Je ne veux nommer ni la parole ni le silence
juste l’espace nécessaire à leur chant :
- Car elle chante, la rosée sur les feuilles d’alchémille
Car elles chantent, les gouttes
lorsqu’elles roulent et s’écoulent
Ne nommer ni la parole, ni le silence
juste l’espace nécessaire à leur danse
- Car elles dansent, les avoines
quand elles s’enlacent aux coquelicots
et valsent dans le vent
Ni la parole, ni le silence
juste l’espace nécessaire à leur jeu
- Car elle joue, la poussière
lorsqu’elle tournoie dans la lumière
et jette de la poudre au soleil
V. CARMEILLES
© Solange JEANBERNÉ
France, 1962
D. LAMY
Vieille échelle en bois
veille
dans la remise de l’automne
Potager sommeille
Un chien aveugle
se cogne
aux meubles complices
La table est dressée
dans la petite salle à manger
du cœur
Et le ciel forain
tourne
comme vanneaux
au-dessus des vignes
© Anne-Marielle WILWERTH
Belgique, 1953
Sources de sel, le Coudrier (B), 2007 ; L’ébéniste du temps, Henry (F),
2005
Cette Visite
La porte de la Roseraie est belle et ancienne.
Je sonne à peine et mon cœur bat
Le vestibule encaustiqué où je suspends mon souffle
Elle m’attend derrière le portail d’un autre siècle
Seize heures tapantes elle est à l’heure c’est une princesse
Je suis à l’heure aussi comme elle me l’a appris au pensionnat.
Son regard bleu et droit traverse mon passé
Elle a l’âge du siècle qui s’achève pourtant elle est intacte
Moi la vie m’a ensablé
Je lui donne des fleurs
Elle me conduit vers la statue qui trône sur son dernier couvent
« C’est Notre Dame des Miracles ».
Je la crois comme je l’ai crue au long de l’enfance égyptienne
Règne le temps d’une visite un Caire ensoleillé de souvenirs
Quand je repars Lyon est gris
Patrick MARCHAND - Ferronnerie
© Mona LATIF-GHATTAS
Égypte – Canada, 1946
Les chants modernes au bien-aimé, Mémoire d’encrier (Can), 2008 ; Ces jardins-là, Le
Grand Incendie (F), 2009
Heddy MARECK - Ferronnerie
Puise autrement en cet air dévoré.
L’espace entre nous est un monde
sauf de chair et d’amour anxieux.
As-tu froid que je vienne produire ma chaleur
comme un tout en pagaille ?
Toi seul es le lien ensemble et ensemble.
Sourire est le voile par lequel on s’appelle.
Mes cheveux,
Comprends-tu, à nouer
Pèsent lourd et tes mains
Engourdies, maladroit
Pour l’action
© Marie-Noëlle AGNIAU
France, 1973
Balade en limousin, Alexandrines (F), 2009 ; Faisons les morts sous la
fourrure, Encres
Vives (F), 2010
Capture mutuelle
parfaite soudure à l'horizon
le ciel et la mer s'aiment.
L'immensité impose son bleu de plomb.
Se fondre là
on se sent à sa place quand on ne se voit pas.
Muette d'infini
l'enfant posée en moi sourit.
En moi la femme toujours s'étonne
qu'après l'amour la terre ne tremble.
Par vagues l'océan hausse les épaules.
D. LAMY
© Guénane CADE
France, 1943
Couleur Femme, Rougerie (F), 2007 ; L'Océan te
DE COEUR EN CHOEUR
Nom de Zeus, nom d’un chien
Nom de Nom…
Ce nom-là est le mien,
car il contient l’aurore
et la rosée du matin
et puis aussi le crépuscule
avec ses milliers de couchers de soleils.
Je les partage avec les oiseaux
et ces étranges créatures
qui bien souvent n’ont guère
les pieds sur terre
et que l’on nomme les humains.
Ma voix se mêle alors aux autres voix
en une aimable symphonie
de cœur en chœur.
Luciole
© Lucile TRÉVOUX
France, 1945
D. LAMY
PARTITION
Chrysalide maman
Berceuse a cappella
Voix minuscule – corps
Tu ne dors pas –
Les mots – fils enfouis dans l’enfance
mêlée aux fleurs closes Cléopâtre
Ton chant secret – Pyramide
à degrés – Où berceau s’ouvre
sans clé – Seule la formule
Sotto voce déchiffre – la partition :
Signes blancs sur noir sostenuto
Chrysanthèmes – Croix sur ton nom
Richard SMITH - Service d’accompagnement et de suite.
© Isabelle RAVIOLO
France, 1973
COULEUR FEMME
Battements de cœur
Au diapason de rêves en déshérence
Débris de souvenirs doux et lumineux
Exhumés de mémoire d’horreurs traversées
Femme rescapée de l’ombre des morts
Miroir brisé d’oppressions multiples
Sans cesse en question l’origine
Offre prétexte à humiliation
Les yeux fous du néant
Allument les incendies de l’exil
Quand donc seras-tu libre de t’appartenir
Ton monde intérieur résiste à la peur
Femme enracinée en dissidence
Regarde une levée de cerfs-volants
Peuple le bleu à l’infini
© Dominique AGUESSY
France, 1937
La soif des oasis, éditions du Cygne (F), 2008 ; Comme un Souffle
D. LAMY
Vie trahie
« Melancholia » de Karen Knorr
Le paon amputé de quelques couleurs – de sa splendeur.
Fissures sur le mur : son squelette, dressé
Memento mori.
Le singe et moi : faux regards croisés.
Séduction d’un empaillé
Photographié !
Le paon et le singe s’ignorent :
Faute d’un arbre, de vraie paille ?
Ci-gît la nature, musée calciné.
R. SMITH
Musée de la chasse et de la nature,
11 novembre 2008,
« Nature fragile, le cabinet Deyrolle »
© Agnès ADDA
France, 1958
Tresse d’éveils, Éclats d’encre (F), 2001 ; L’oeil au miroir,
La Bartavelle (F), 2009
Des fleurs
Comme autant de signets
Croisant les attentes du jour
Gisent par terre
Une passante les séduit sans collier de bal
Forte d’une posture
Où s’égarent
Sur le chemin d’un retour au bercail
Les joutes prodigues des enfants de la mer
Quant aux morts ils ne dorment pas
Ils habitent des histoires
Qui sont autant de voyages
Sandrine BIZIEN - Service d’accompagnement et de suite
© Annick JUSTIN JOSEPH
France - Martinique, 1949
Tropiques blues, 1991 ; dans les anthologies Tisser les mots contre la nuit,
L’Harmattan
(F), 2000 et Antilles Guyane, Le Temps des cerises (F), 2006
À son balcon de neige
un lièvre me repérait boîteuse
dans les labours
J’avais grand mal
à réunir la compagnie de perdrix
ou le nuage d’étourneaux
Qu’ils m’emmènent
plus loin que ce clocher plus loin
que le silo bloqué
sur la ligne d’horizon où persévèrent les trains
Là-bas
je crus commencer un voyage tardif
dans un revenez-y d’amour
insolite
Le lièvre m’avait à l’œil
© Jeanine SALESSE
France, 1940
Une petite fille d’Alexandrie, Tarabuste (F), 2009 ;
Un mulet aux sabots de cuir, id., 2006
R. SMITH
Aujourd’hui elle n’attendrait pas longtemps pour être
Sans savoir s’il faut
Regarder le matin
Rencontrer des vivants
Ou bien courir, courir
Elle ne sait pas si les ailes sont ses alliées
Si les morts ont cru ou croient
Mais elle rit, elle rit
Parce qu’il n’y a rien d’autre pour se vêtir
Rien à engranger que des émois en bousculade
Rien à grappiller que des errances
Il y a bien des bannières de courage mais les livrées sont inutiles
Il y a que vivre est brutale
Il y a que vivre est douce
Il y a que vivre balaye les figures.
R. SMITH
© Hélène LANSCOTTE
France, 1960
Simplement descendu d’un étage, Cheyne éditeur (F), 2002 ; Portraits sauvages,
L’Escampette (F), 2007
D. LAMY
L’enfance s’est assoupie
en douceur.
Rangés les pelles et les râteaux,
finis les châteaux de sable.
Pourtant la nuit,
tu te lèves encore
pour guetter son souffle
la même peur au ventre :
la peur d’une mère pour son enfant.
© Chantal COULIOU
France, 1961
Une poignée de mots et un peu de vent, Les Carnets
du Dessert de Lune (B), 2009 ;
27 mai 2007
Ce matin, les montagnes, d’un coup
de reins hissées hors de la nuit,
splendides bêtes blanches, prêtes
au bond, un éclat de seconde, je
les vois galoper de toute la
longueur de leur échine longue. Et
dans le même temps à nouveau
debout dans la clarté, à baliser la
profondeur infinie, nous en
assurer.
Après tant de jours de pluie, une lumière de premier
jour, ou plutôt des premières heures du premier jour,
quand le ciel contraint consent à s’alléger mais que son
gris en lui le dispute encore à l’invasion du bleu. Du ciel
en lui luttant contre son ciel. C’est la corneille faste,
brin au bec, qui revient vers l’arche où se tenaient
flottant mes chagrins prisonniers. Et les voici un à un,
oiseaux libérés, pivert et
bergeronnette, merle et
mésange, et leurs familles, piquant bref dans la glaise
leur appétit d’infimes.
Dans la bataille, le ventre des nues se plombe. C’est le
gris qui l’emporte sous le vent. Ses oiseaux dispersés,
disparus, la déesse a fui. Et nous laisse, privés, transis.
Sans rien nous avoir dit de son secret. Les montagnes
s’engloutissent. L’aube s’est noyée dans les heures
fluviatiles.
D. LAMY
© Bernadette ENGEL-ROUX
France, 1952
Demeure de Mélancolie, La Pierre d’Alun (F), 2007 ; Hauts sont les Monts,
Grisée de bleu
Et quand elle eut passé la frontière
elle se mit à tirer sur le bleu et tout l’azur vint avec !
Elle fit salve d’étincelles de nuit – Elle fit feu de tout corps.
Elle déchaîna ses racines.
Elle libéra ses origines.
Chaîne et trame elle fusa.
Elle démaillota le réel.
Elle dénicha les violences les plus subtiles.
Elle détrempa l’univers de son encre sympathique.
La lumière passa
Plus rien de lisible si ce n’est le magma de l’oubli !
Et quand elle eut passé la frontière
elle se mit à détrousser l’aube, à détourner les territoires
à altérer toutes les portées et tous les chants
à griffonner les muqueuses de l’instant.
© Sylvie BRÈS
France, 1956
affleure l’abîme,
La Rumeur libre (F), 2009
COULEUR
FEMME
Hôpital Plaisir Grignon
10
10--22 mars 2010
P. MARCHAND

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