LA DÉCOLONISATION APRÈS 1945 : LES PRINCIPAUX

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LA DÉCOLONISATION APRÈS 1945 : LES PRINCIPAUX
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LA DÉCOLONISATION APRÈS 1945 : LES PRINCIPAUX FACTEURS.
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A. FACTEURS INTERNES.
1. Aux colonies.
a) Les mouvements nationalistes issus d’élites formées par le Colonisateur lui-même,
parfois dans la métropole, dont les valeurs et l’histoire leur ouvrent les yeux. Ils espèrent
voir accéder leur pays à l’autonomie, notamment en reconnaissance de l’aide apportée
dans l’effort de guerre, ou à la suite de promesses plus ou moins explicites et sincères….
b) Le clergé local, ainsi qu’une minorité d’expatriés.
Le clergé local est propagateur d’une religion valorisant la dignité de tout être humain,
ainsi que l’égalité et la justice. Travaillant sur le terrain, ces catégories connaissent mieux
les problèmes coloniaux que les responsables politiques métropolitains, et ils sont témoins
d’abus…
2. Dans les métropoles.
a) les forces de gauche, pour des raisons idéologiques, font pression sur leurs
gouvernements et sur l’opinion publique.
b) les carences des responsables politiques et économiques dans l’anticipation des
événements vont contribuer à accélérer le processus et à le compliquer.
B. FACTEURS EXTERNES.
1. Discrédit renforcé de l’Europe qui, à l’occasion des deux guerres mondiales, a mis ses
colonies à contribution et surtout s’est trouvée définitivement déconsidérée en tant que
puissance civilisatrice dans une optique paternaliste.
2. Intervention du Japon dans les pays qu’il a occupés en Asie pendant la guerre : il a appelé
ces peuples à s’unir contre les colonisateurs blancs, et il leur accorde l’indépendance juste
avant de se retirer.
3. Avènement de l’Organisation des Nations-Unies (O.N.U.), où tous les pays sont censés
adhérer à des valeurs communes prônées par l’Occident et auxquelles ils ont souscrit. Ils y
sont représentés sur un pied d’égalité. L’organisation professe le droit des peuples à disposer
d’eux-mêmes, un droit qui n’avait que très partiellement été pris en considération à l’issue du
premier conflit mondial. En outre, il faut souligner le rôle important que jouera la
Déclaration universelle des droits de l'homme (10 décembre 1948) comme ressort de
l'émancipation des colonies.
4. Pressions des Etats-Unis d’Amérique.
L’anticolonialisme américain est fondé sur :
a) la tradition nationale : les Etats-Unis sont nés de l’émancipation des treize colonies
britanniques d’Amérique du Nord (1776-1783).
b) les valeurs fondamentales de la Nation : liberté, égalité, justice, libéralisme tant politique
qu’économique (opposé au pacte colonial), démocratie.
c) la défense des intérêts nationaux : il faut mettre fin au régime de monopole ou de
privilèges économiques des métropoles (Grande-Bretagne et France essentiellement) au
profit de la libre concurrence. Ceci ne pourra que profiter aux Etats-Unis, puissance
non-colonisatrice (à l’exception des Philippines,et de Porto Rico, auxquels ils
s’empressent d'accorder l’indépendance, respectivement en 1946 et en 1952) et
constituent une grande puissance économique peu touchée - au contraire des métropoles
européennes - par les dégâts de la seconde guerre mondiale. Les Etats-Unis ont tout
intérêt à accélérer la relance économique d’après-guerre en multipliant les partenaires
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commerciaux (ceci explique aussi, en partie, l’aide massive qu’ils apporteront à la
reconstruction de l’Europe).
N.B. L’anticolonialisme des Etats-Unis est mitigé, voire contredit, par :
1/ leur propre comportement, à l’échelle nationale, vis-à-vis des populations
indiennes et de la communauté noire (racisme, discrimination, ségrégation…).
2/ la tutelle politique et économique qu’ils ont imposée à l’ensemble du continent
américain (Amérique latine surtout), et qui s’apparente à une colonisation plus ou
moins déguisée.
3/ leur anticommunisme viscéral. Celui-ci sera un des principaux ressorts de la
guerre froide (où il a souvent semblé plus important d’affaiblir l’adversaire que de
se renforcer soi-même). Cet anticommunisme les amènera parfois à combattre
pour tenter de prendre la relève des anciennes tutelles coloniales (Corée, et
surtout Vietnam) - au nom, certes de la liberté, mais non sans arrière-pensées
d’ordre économique…-, pour contrer l’impérialisme soviétique ou chinois.
5. Pressions de l’Union soviétique.
L’anticolonialisme soviétique est fondé sur :
a) le socialisme, axé sur les valeurs de dignité de l’homme, d’égalité et de justice.
b) l’idéologie marxiste : elle stigmatise l’aliénation (la colonie est spoliée au niveau de ses
biens matériels et dépossédée de son identité) ; en outre, elle assimile la colonisation à
l’impérialisme, considéré comme le stade suprême du capitalisme. Celui-ci, renforcé du
fait des profits générés par l’exploitation des colonies, est un système de domination à
abattre partout. C’est la transposition à l’échelle mondiale du combat à mener contre
l’exploitation du plus faible dans le cadre de la lutte des classes.
c) la défense des intérêts soviétiques, considérés avant tout d’un point de vue idéologique.
En attendant (ou à défaut…) de pouvoir étendre au monde entier la révolution
prolétarienne - ou, de façon plus réaliste, le régime totalitaire fondé sur un capitalisme
d’Etat, comme le parti communiste l’a imposé à l’U.R.S.S. elle-même -, l’Union
soviétique doit mettre dans son camp (c’est-à-dire, en fait, sous sa tutelle politique et
économique) un maximum de pays, pour faire pièce aux puissances capitalistes.
N.B. L’anticolonialisme soviétique est mitigé, voire contredit, par :
1/ l’idéologie socialiste, qui s’oppose a priori aux mouvements nationalistes,
réputés ne pouvoir que favoriser le système capitaliste et la dictature bourgeoise, et
aussi générer des guerres qui sont tout profit pour les capitalistes et font les plus
nombreuses victimes parmi les “ petits “, les détournant en outre de la lutte contre
leur seul véritable ennemi : le grand capitalisme international.
2/ le comportement des autorités soviétiques elles-mêmes à l’échelon national, vis-àvis des nationalités et de la communauté juive.
3/ la tutelle politique et économique que l’Union soviétique a imposée à tous les pays
de l’Europe orientale, et qui s’apparente à une colonisation plus ou moins
déguisée…
4/ l’anti-capitalisme (et anti-américanisme) viscéral des responsables soviétiques.
Parallèle à l’anticommunisme américain, il sera au même titre un des principaux
facteurs de la guerre froide. Cet anti-capitalisme les amènera parfois à combattre
(ou à fournir une aide importante) pour tenter de prendre la relève des anciennes
tutelles coloniales - au nom, certes, de l’égalité et de la justice, mais non sans
arrière-pensées d’ordre économique, et avant tout pour étendre le communisme à
l’échelle mondiale -, à la fois pour contrer l’impérialisme des Etats-Unis et pour
rendre leur propre système plus crédible et respectable aux yeux de la
communauté internationale.
6. La Conférence de Bandoeng (Java, Indonésie, 1955). Rassemblant 29 pays d’Asie (parmi
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lesquels la Chine communiste) et d’Afrique, elle condamne solennellement l’impérialisme
colonial et la ségrégation raciale ; elle apporte son soutien aux revendications
d’indépendance du Maroc, de la Tunisie et de l’Algérie, ainsi qu’à la lutte des populations
arabes contre Israël.
7. Pressions des anciennes puissances colonisatrices elles-mêmes (la France en particulier, qui
s’est découvert tardivement une mission émancipatrice) : dès le moment qu’elles se sont de gré ou de force - désengagées, elles craignent d’être évincées par d’autres puissances qui
s’en trouveraient renforcées à leur détriment.
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