Les"hypothèses"dupompier d`Avignon piégé parsonADN
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Les"hypothèses"dupompier d`Avignon piégé parsonADN
EN BREF 4FAIT DIVERS Une fillette de 3 ans enfermée dans un car Une enfant de trois ans a passé une journée entière enfermée dans le car de ramassage scolaire qui la conduisait à son école maternelle de Vensac (Gironde) avant que le chauffeur ne découvre sa présence. Originaire du village voisin de Grayan-et-L’Hôpital, la petite Léa est restée dans le noir d’un hangar pendant de longues heures, le 1er avril, avant d'être libérée par le chauffeur. 4ENQUÊTES Tombes profanées à La Rochelle Des actes de profanations et des dégradations ont été commis dans la nuit de samedi à dimanche sur plusieurs sépultures du cimetière de Saint-Eloi à La Rochelle. "Une trentaine de croix ont été déplacées et retournées et l’une d’entre elles a été cassée", a indiqué le procureur de la République. "Plusieurs inscriptions à caractère satanique ont été faites sur le sol", a-t-il précisé et "la fosse commune des enfants a subi des dégradations". Dans le cimetière militaire de Notre-Dame-de-Lorette, près d’Arras, 148 tombes du carré musulman ont également été profanées entre samedi et dimanche (lire La Provence du 7 avril). Un rassemblement multiconfessionnel a d’ailleurs eu lieu hier dans ce cimetière militaire alors que l’enquête privilégie la mouvance skinhead. Après le dépôt d’une gerbe de fleurs devant les sépultures souillées de sigles nazis ou de lettres noires, les musulmans ont dit une prière aux morts, les paumes tournées vers le ciel. PROCÈS / Robert Greiner admet une relation sexuelle mais nie toujours le meurtre d’Evelyne Boucher Les "hypothèses" du pompier d’Avignon piégé par son ADN “ Par Luc Leroux Je suis victime d’une grave erreur judiciaire. Ce qui m’arrive aujourd’hui peut arriver à tout le monde.” [email protected] I ls ont tous vingt ans de plus. Le petit ami est aujourd’hui un homme costaud et la copine de lycée une femme mûre. Sous les cheveux grisonnants de l’accusé, on cherche ce qu’il reste des traits du séducteur, de l’homme à femmes qu’il fut. Seule la victime garde, sur les photos, son visage épanoui d’adolescente, casqué de longs cheveux bruns. Evelyne Boucher aurait eu 37 ans ce vendredi. En dépit des vingt années écoulées depuis la découverte du corps de cette lycéenne de 16 ans, aux Angles dans le Gard, le face à face entre sa mère et Robert Greiner conserve toute son intensité. "Madame, je n’ai pas violé, je n’ai pas tué votre fille. Je n’ai pas le souvenir de l’avoir connue", lance ce pompier avignonnais, aujourd’hui retraité. "Vous êtes un menteur", rétorque Gisèle Cronier. Depuis le début de l’audience, cette mère, serrée entre son compagnon et sa seconde fille, dévisage l’accusé, perché là-haut dans son box. Elle le scrute comme pour percer ses secrets. Mais sur ce visage imperturbable qui s’anime seulement pour crier son innocence et dire "le calvaire" enduré pour "un crime qu’(il) n’a pas commis", on ne lit rien. Est-ce parce que cet homme de 55 ans, père de deux garçons, mineur de fond dans la Ruhr puis pompier durant deux grandes décennies à Avignon apparaît Robert Greiner, accusé 0L’accusé, Robert Greiner, a cédé du terrain hier, en reconnaissant l’éventualité de sa rencontre / Photo Jérôme Rey avec la victime. Dont il dit, aussi, ne pas se souvenir. “ Il a des traits de personnalité marqués par des mécanismes de défense psychique basés sur le déni, l’égocentrisme...” Mireille Laurent, psychologue comme déjà condamné ? Entre le sperme qui souillait le corps de la victime et son ADN, il y a une concordance absolue. "À 99,99 %", a-t-on entendu lire le greffier. Condamné en 2004 pour une altercation sur le parking du Pont du Gard, il avait dû donner son ADN pour l’insérer dans le fichier national des empreintes génétiques. Les ordinateurs ont fait le reste. Confronté à une telle preuve, "la reine des preuves", toute défense semblerait vaine. Mais Robert Greiner n’en déploie que plus d’énergie. Depuis son interpellation, en juin 2006, dix-neuf ans après les faits, il a opposé des versions évolutives. Longtemps, l’ancien pompier a crié au feu : "C’est une erreur scientifique monumentale". Aux jurés du Gard, il fait part de ses deux dernières hypothèses : "N’importe qui a pu ramasser un préservatif que j’ai utilisé et l’a mis sur la victime. Ou j’ai eu moi-même un rapport avec cette person ASSISES Michel Fourniret: "On ne demande pas pardon pour l’impardonnable" La cour d'assises des Ardennes a examiné hier les viol et meurtre de Fabienne Leroy, une étudiante de 20 ans. Michel Fourniret continue de refuser de s’exprimer tandis que Monique Olivier cherche à minimiser son implication. Il s’agit, avec l’examen du viol et du meurtre de Fabienne Leroy, du deuxième des sept meurtres aggravés reprochés à Michel Fourniret. Dans ce dossier, son épouse est accusée de complicité d’enlèvement, de viol et de meurtre. Dès le matin, le principal accusé, qui a reconnu laconiquement les faits, a refusé de s’expliquer. Il a réitéré son exigence de correction de l’acte d’accusation, un "torchon" selon lui, pour justifier son mutisme. L’après-midi, la tentative de M e Gérard Chemla, un avocat de la famille Leroy, 27 FRANCE Mardi 8 Avril 2008 www.laprovence.com 0L’avocat de la famille Leroy a bien tenté de nouer le dialogue avec l’accusé. En vain. / Photo AFP d’amorcer un dialogue avec l’accusé en lui proposant de répondre par des hochements de tête, a tourné court. "Si je mets le doigt dans l’engrenage, tout y passe. Je me connais", lui a lancé Michel Fourniret, après avoir répondu de cette manière à quatre questions. De son côté, Monique Olivier a été longuement interrogée sur sa participation dans ces faits qu’elle reconnaît, mais en éludant par des silences les questions sur les contradictions de ses différents témoignages, soulevées par l’avocat général et les avocats de la famille. Le 3 août 1998, Fabienne Leroy, en stage dans une entreprise à Châlons-en-Champagne (Marne), est abordée sur un parking par le couple Fourniret. Selon l’accusation, ils réussissent à faire monter la victime dans leur véhicule sous prétexte de la recherche d’un médecin alors que Mme Olivier est enceinte de huit mois. Dans un lieu isolé, la jeune fille, les poignets liés, est violée. Elle est ensuite abattue d’une balle dans la poitrine. Son corps est retrouvé le lendemain sur un terrain du camp militaire de Mourmelon-le-grand. Un jeune hom- me, proche de la victime, est placé en détention plusieurs mois avant de bénéficier d’un non-lieu en 1992. Depuis 2004, date de leurs aveux, les versions des époux Fourniret divergent sur les faits. Monique Olivier a affirmé hier n’avoir assisté ni au viol, ni au meurtre. Fermement interpellée par les avocats des parties civiles, elle a déclaré ne pas se souvenir que son état de grossesse ait servi de prétexte pour aborder la victime présumée. Elle a aussi nié avoir vérifié sa virginité, contrairement à ses déclarations lors de l’instruction. Interrogée sur son inertie devant le crime, Monique Olivier a invoqué la "peur". "On ne demande pas pardon pour l’impardonnable", a lancé Michel Fourniret à la mère de la jeune fille. "On s’attendait à des réponses, on n’y croit plus" a reconnu Mme Leroy. 3 ne". La malveillance, ça ne tient pas. Il en convient. Trop "malicieux", pas d’ennemis capables de faire ça. Une fois encore, Robert Greiner cède du terrain : "Si on retouve du sperme sur elle, c’est que je l’ai rencontrée". Une aventure sans lendemain pour ce pompier dans les bras duquel les femmes se jetaient? "Ça fait 22 mois que je regarde ce visage... Vingt ans en arrière, on vient dire : tu as couché avec une fille, on ne peut pas s’en souvenir". Au goût du président Maurice Bestagno, l’accusé en rajoute en décrivant la caserne d’Avignon, rue Carreterie, comme un lupanar où les femmes venaient céder aux char- mes de l’uniforme. L’avocate générale, Patricia Lafarie, doute : "Dans ces liaisons d’un jour, il y avait beaucoup de jeunes filles de seize ans ?" Pour la magistrate, tout cela n’est qu’"élucubrations". Le portrait dressé par un psychologue est tout sauf celui d’un détraqué sexuel. Aucune déviance, pas de lien entre sexualité et agressivité... "Il n’est pas un sadique, ne met pas en place des scénarios pervers. Un sujet normal", conclut le Dr Penin. "Si les faits sont établis, estime cet expert, ce serait l’œuvre d’un homme impulsif qui aurait pu supprimer la victime après l’avoir violée, de façon utilitaire pour éviter qu’elle ne témoigne". Manipulateur ? "Rien ne le laisse penser", selon Thierry Azéma, psychiatre. Alors le président pointe les aspérités de cette personnalité lisse : une intempérence qui le pousse à la bagarre, une impulsivité qui le fait se jeter sur les CRS lors des manifestations parisiennes de pompiers. "Calomnies !" tranche Pascale Greiner, épouse et plus fidèle soutien de l’accusé. 3 POLÉMIQUE Arche de Zoé: Breteau s’en prend à Rama Yade Le président de l’Arche de Zoé, Éric Breteau, a affirmé hier être "résolu" à attaquer en diffamation la secrétaire d’État aux droits de l’Homme Rama Yade pour ses critiques sur son opération. "Je suis résolu à porter plainte contre elle pour diffamation ainsi que pour atteinte à la présomption d’innocence, car elle s’est montrée indigne de sa fonction", a affirmé Éric Breteau dans un entretien au site lefigaro.fr. Le 26 octobre 2007, au lendemain de l’arrestation au Tchad des membres de l’Arche de Zoé, Rama Yade avait déclaré que le fait d’ "enlever" une centaine d’enfants -que l’association disait originaires du Darfour - était "illégal et irresponsable". Dans sa première interview depuis sa sortie de prison, le 31 mars, Éric Breteau s’en prend au gouvernement qu’il avait déjà accusé de "lâchage". Selon les propos rap- portés par lefigaro.fr, il assure que son opération avait été encouragée à l’été 2007 "par des conseillers de Nicolas Sarkozy et de Bernard Kouchner". "Il était même prévu que Cécilia Sarkozy et (Ndlr : la ministre de la Justice) Rachida Dati se déplacent en personne pour accueillir les 103 enfants à l’aéroport de Vatry", dans la Marne, affirme le président de l’Arche de Zoé, en précisant qu’il compte réclamer "la création d’une commission d’enquête parlementaire sur la gestion du dossier par les autorités françaises". Les six Français de l’Arche de Zoé, graciés par le président tchadien, ont été libérés le 31 mars. Éric Breteau a par ailleurs affirmé qu’il ne regrettait pas le rapatriement avorté de 103 enfants africains en France, assurant qu’il "le referait parce qu’(il) veut faire bouger la cause du Darfour". 3