Un auteur qui attire l`attention.

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Un auteur qui attire l`attention.
Un auteur qui attire l'attention.
Nous avons rencontré en ce Vendredi 5 Février au collège de Confolens
Eric Sanvoisin, auteur depuis 40 ans, qui vient de Bretagne.
Le trajet de vie de notre interlocuteur
Eric Sanvoisin a commencé à écrire des livres fantastiques depuis qu'il a 10 ans. Il nous a affirmé qu'il a
choisi ce style par « fainéantise » puisqu'il préfère inventer son roman plutôt que de se documenter. Il aime
écrire seulement pour donner à ses lecteurs l'envie de lire, dans un vocabulaire courant et sans trop de
complications.
Un nouveau livre bouclé
« Le parloir » reste aujourd'hui son dernier chef d’œuvre, qui fut publié en 2012. Ce livre traite de l'histoire
d'un jeune garçon appelé Yan, qui est incarcéré, accusé du meurtre du père de sa petite amie, Déborah. Depuis
qu'il est en prison, Yan ne parle pas, ce qui est certainement le plus intrigant dans ce livre puisque ce
personnage ne prononça qu'un seul mot tout au long de l'histoire.
Sanvoisin a mis environ six mois à
mais qu'elle ait l'air d'être sûre que c'est
écrire ce roman soit deux mois de
son petit copain. Finalement la mort de son
recherches et quatre mois d'écriture.
père était un accident pour se protéger et
« J'écris le plus souvent le matin de cinq
elle semblait persuadée qu'elle est
à sept heures tous les jours sauf le
innocente du meurtre se son père, dont
dimanche. » nous avait-il affirmé. Il n'a
l'auteur serait Yan. C'est pourquoi le
jamais pris de risque durant ses
lecteur reste dans le doute jusqu'à la fin
recherches. Pourquoi Eric Sanvoisin a-tmais nous explique que Sanvoisin
il choisi de parler de la vie d'un jeun
mentionne son livre qu'elle est fragile
garçon à l'intérieur d'une prison ? Sa
mentalement ; elle ne peut pas accepter
réponse est brève et simple : très peu de
inconsciemment la mort de son père et se
textes parlent de l'intérieur d'une prison.
protège de cette tragique réalité en se
Cela l'a décidé à ajouter beaucoup de
mentant à elle même. Il y a un troisième
détails très réalistes de la vie des prisonniers.
personnage important. Abou. « Ce
personnage est lumineux mais secondaire »
Du fantastique au réel
nous a expliqué Eric Sanvoisin. Et enfin un
Il privilégie habituellement les récits fantastiques aux faits réels
dernier personnage ; la juge. L'auteur a
mais il nous a expliqué qu'au fil de sa vie, son attirance pour les
décidé de créer ce personnage pas très
histoires vraies est amplifiée.
aimable pour faire ressentir le peu de
Quinze ans de travail en tant que bibliothécaire dans une maison
chance qu'a Yan dans cette histoire.
d'arrêt l'ont aidé à se motiver pour écrire « Le Parloir ». C'était
pour lui « un autre monde ». Il nous a bien signifié qu'il n'avait
Un style d'écriture intéressant
jamais été incarcéré, ni aucun de ses proches. Il n'a jamais visité
Sanvoisin affirme que le style d'écriture
le parloir non plus lorsqu'il travaillait dans la prison.
lacunaire qu'il a choisi était important pour
toucher tous ses lecteurs d'une certaine
Des personnages pas banals
manière : les nombres d'ellipse lui
Yan, le personnage principal est muet. Eric a trouvé ce handicap
permettent de ne pas raconter des passages
intéressant car il a aimé se mettre cette barrière et se dire que le
inintéressants de rester constamment dans
personnage le plus important frustrerait ses lecteurs. Il semblerait
son sujet : le parloir.
qu'il justifie son idée par un traumatisme durant la nuit du
meurtre du père de Déborah. Ce jeune garçon parait prêt à tout
Une fin frustrante
pour aider ceux qu'il aime : il s'est dénoncé à la police pour
Le livre se termine sur une fin ouverte
sauver sa copine Déborah, qui est, finalement la véritable
pour attirer d’avantage l’attention du
meurtrière. Justement, nous nous sommes penchés sur le cas
lecteur et pour développer son imaginaire.
particulier de cette jeune adolescente. Beaucoup de questions ont
Malgré la demande d’un certain nombre de
été posés à son sujet notamment sur le fait qu'elle ait tué son père
ses fans, il n’a pas prévu de suite car il
avait peur que le résultat de ce deuxième tome affaiblisse
l’effet produit par le 1er. Néanmoins, s’il devait y avoir une
suite, ce serait à propos d’Abou dans un livre qui parlerait
de pères qui ont perdu la garde de leurs enfants et font tout
pour la retrouver. On lui a demandé pourquoi Yan
dominait la scène du meurtre à la fin au lieu de parler pour
expliquer enfin ce qui s’était passé. On
découvre
finalement Deborah est coupable mais que ce meurtre était
un accident, cassé par sa volonté de se protéger des
violences de son père. Le dessin de la fin lui a servi à faire
entrer une nouvelle technique de langage et permet au
personnage de s’exprimer autrement que par les paroles. Il
ne voulait pas vraiment faire passer de message à travers
ce livre pour ne pas se montrer comme un juge face aux
situations des prisons et des prisonniers mais s’il devait en
passer un, ce serait de dévoiler la réalité sur les conditions
de la prison.
Une édition difficile à trouver
Eric Sanvoisin, après avoir terminé l'écriture de
ce roman, a évidemment recherché un éditeur.
Seulement, ce roman a été refusé une trentaine
de fois avant d'être enfin accepté. La couverture
du roman vous étonnera peut-être ? On y voit
des trous qui évoquent la vitre d’un parloir,
c’était justement l'idée de son nouvel éditeur
ainsi que la phrase placée sous le titre « Les
silences y sont souvent plus forts que les
mots... ». Au départ, Eric Sanvoisin voulait
intituler son livre « Le silencieux du parloir ».
Mais l'éditeur trouvant cela trop long, le
surnomma « Le parloir »... Au final, cela leur
semble un peu court.
Le prochain roman de cet auteur sera t-il aussi
attrayant que ce dernier ?
M. P & P. B