il faut libérer tarek aziz
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il faut libérer tarek aziz
IL FAUT LIBÉRER TAREK AZIZ et les prisonniers politiques irakiens Introduction de Maître Jacques Vergès Dossier (Septembre 2008) Sommaire - Lettre aux Parlementaires : « Le Président Nicolas Sarkozy doit demander aux Etats-Unis de libérer Tarek Aziz et les prisonnier politiques irakiens » - Introduction de Maître Jacques Vergès : « Ils veulent réduire Tarek Aziz au silence… » - Tarek Aziz menacé de mort - Personnalités se proposant d’accompagner Maître Jacques Vergès à Bagdad - « Le disparu », par Pierre Tarnac (pseudonyme d’un diplomate français) - L’Indépendance – novembre 2003 - Bagdad, le tribunal de la honte, par le Père Jean-Marie Benjamin - « Tarek Aziz, l’homme qui en sait trop », par Gilles Munier (Afrique Asie– juin 2008) - « Le noble et l’ignoble », par Abdel Bari-Atwan, directeur d'Al Quds al-Arabi (1 er mai 2008) - Appels pour la libération de Tarek Aziz (2003 et 2005) : liste des signataires Documents : Communiqués de presse Communiqués des Amitiés franco-irakiennes et de la Commission Liberté et Justice (CEACS) Interviews de Tarek Aziz (Extraits) Le complot pour faire éclater les pays arabes existants, interview par Paul Balta (Le Monde -17/9/82) Aux origines de la guerre Iran-Irak, propos recueillis par Gilles Munier (Paris Bagdad Magazine – septembre 1987) Tarek Aziz est jugé en même temps que sept autres dirigeants irakiens : Watban I. al-Hassan (demi-frère de Saddam Hussein), ancien ministre de l’Intérieur - Sabaawi I. alHassan, (demi-frère de Saddam Hussein), ancien chef de la Sécurité - Ali Hassan al-Majid - Mizban Khidr Hadi, membre du Conseil de Commandement de la Révolution - Abd Hamid, secrétaire du Président Saddam Hussein - Ahmad Hussein, ancien ministre des Finances - Issam Hweich, Président de la Banque centrale 2 AMITIES FRANCO - IRAKIENNES Le Président Nicolas Sarkozy doit demander aux Etats-Unis de libérer Tarek Aziz et les prisonniers politiques irakiens Objet : Appel urgent Mesdames et Messieurs les Parlementaires, Ce qui se passe en Irak depuis avril 2003 n’a rien à voir avec la démocratie ni la justice. Vous trouverez dans le dossier ci-joint, adressé également en pièce jointe PDF, un certain nombre de réactions suscitées par la détention et par le procès intenté à Monsieur Tarek Aziz, vice-Premier ministre irakien. Ce procès n’a qu’un but dit Jacques Vergès, son avocat, dans son introduction : « le réduire au silence ». Depuis la fin août, les séances se tiennent sans la présence d’avocats de la défense – tous menacés de mort - et dans le silence des médias. Tarek Aziz encourt la peine de mort ou la prison à perpétuité, ce qui dans son cas équivaut au même car il est gravement malade. Nous vous demandons de bien vouloir intervenir auprès de Monsieur Nicolas Sarkozy, Président de la République, pour obtenir sa libération et celle des prisonniers politiques irakiens ou, tout du moins, des procès dignes de ce nom, c'est-à-dire justes et équitables. Dans l’attente d’une réponse de votre part, veuillez agréer, Mesdames et Messieurs les Parlementaires, l’expression de ma considération distinguée, Rennes, le 11 septembre 2008 Gilles Munier Secrétaire général Courriel : [email protected] Adresse : Gilles Munier - 7, rue de Sarzeau – 35700 – Rennes 3 ILS VEULENT RÉDUIRE TAREK AZIZ AU SILENCE… par Maître Jacques Vergès Si les juges le condamnaient à mort, ils auraient à en répondre un jour ou l’autre, et là, en l’absence de loi intermédiaire, ils encourront la peine de mort… Depuis le 29 Avril, Tarek Aziz est censé être jugé. Personne n’a eu de nouvelles de lui. Il est sans avocat. Son avocat irakien Maître Badie a été expulsé de son propre pays. Les demandes que j’ai faites auprès de l’ambassade d’Irak pour avoir un visa et auprès de l’ambassade américaine pour être autorisé à voir mon client sont restées sans réponse. C’est un huis clos complet. *** Il ne faut pas que la voix de Tarek Aziz en effet soit entendue. Ministre des affaires étrangères du Président Saddam Hussein, il a rencontré tous les chefs d’Etat d’Occident qui ont armé l’Irak au temps où ils pensaient trouver en lui un allié docile. Tarek Aziz connaît trop de secrets compromettants. Il faut le faire taire définitivement mais, avant de le pendre et le faire taire à jamais, le Tribunal est là pour le condamner déjà au silence. Il faut que sa voix, tant qu’il est encore vivant, soit étouffée. Pour le pendre, les occupants et leurs valets ne peuvent invoquer son activité de ministre qui les met en cause. Alors ils le rendent, lui ministre des affaires étrangères, responsable de la condamnation à mort de trafiquants de marché noir par des tribunaux dont il ne faisait pas partie. *** Tout cela se fait dans la plus grande illégalité. Nos défenseurs brevetés des droits de l’Homme se taisent et pourtant, comme me l’écrivait M. Gourdault-Montagne au nom de M. Chirac que j’avais saisi en son temps des conditions de détention de M. Tarek Aziz : « S’agissant des garanties judiciaires auxquelles peut prétendre M. Tarek Aziz, je relève que l’Irak est partie au Pacte des Nations Unies de 1966 sur les droits civils et politiques qui reconnaît à toute personne le bénéfice de garanties judiciaires procédurales. Les autorités irakiennes ont, certes, le droit d’adopter des mesures qui dérogeraient aux obligations qu’impose cet instrument mais seulement en cas de danger public exceptionnel menaçant l’existence de la Nation et sous réserve de l’accomplissement de certaines formalités d’information des autres parties au Pacte, par l’intermédiaire du Secrétaire Général des Nations Unies. Or, à ce jour, les autorités iraquiennes n’ont pas signalé aux autres Etats parties l’adoption de mesures dérogatoires. M. Tarek Aziz bénéficie donc, dans ses relations avec les autorités iraquiennes, de la protection que lui offre le Pacte des Nations Unies de 1966 précité. » Ce procès sans avocat se déroule donc en violation du Pacte des Nations Unies sur les droits civils et politiques. *** Le tribunal qui « juge » Tarek Aziz est le même qui a condamné à mort Saddam Hussein, sans qu’aucune voix ne s’élève contre l’illégalité de cette décision. En effet, si la peine de mort existait dans le code irakien au moment de la commission des faits reprochés à Saddam Hussein comme à Tarek Aziz, elle a été suspendue par le décret n°1 du 9 Juin 2003 par l’Autorité provisoire de la Coalition. « La peine de mort est suspendue. Chaque fois que la peine de mort est la seule peine applicable à l’infraction, le tribunal peut y substituer la peine plus douce de la prison à vie, ou toute autre peine plus douce prévue par le Code Pénal. » Le gouvernement Irakien a rétabli la peine de mort le 8 Août 2004. Or l’article 2 du Code pénal irakien pose le principe commun à tous les Etats de droit de l’application de la loi pénale plus douce (lex mitior), ce qui signifie que si la loi a changé plusieurs fois depuis la commission d’une infraction, on doit appliquer la loi la plus favorable et pas seulement la dernière en date. La loi intermédiaire interdisait au tribunal de condamner Saddam Hussein à la peine de mort. Ils peuvent invoquer pour excuser leur ignorance du droit que l’argument n’a pas été soulevé par les avocats irakiens, français et américains de Saddam Hussein. Ils ne pourront invoquer ces circonstances atténuantes en ce qui concerne Tarek Aziz car ils savent désormais que si nonobstant cette mise en garde, ils le condamnaient à mort, ils auraient à en répondre un jour ou l’autre, et là, en l’absence de loi intermédiaire, ils encourront la peine de mort. 4 TAREK AZIZ MENACÉ DE MORT N°25 du « jeu de cartes » de Donald Rumsfeld. Né en 1936 à Tell Kaif, Irak, près de Mossoul – 72 ans Journaliste. A été directeur d’Al Thawra, quotidien du parti Baas, ministre de l’Information, ministre des Affaires étrangères et Vice-Premier ministre à deux reprises. Emprisonné depuis 5 ans, sans jugement ni charge, comme des milliers d’Irakiens. Détenu au Camp Cropper, près de l’aéroport de Bagdad, dans une cellule de 2m sur 1, en fait un ancien local pour chiens. Etat de santé fragile. Il a été victime de plusieurs alertes cardiaques. Il a été hospitalisé d’urgence l’an dernier après avoir perdu connaissance. Jusqu’à l’ouverture de son procès, aucune charge n’était retenue contre lui. A chaque fois qu’il a été question de le libérer pour raison de santé, les pro-iraniens au pouvoir en inventaient une pour le maintenir en prison : - participation à l’exécution de l’ayatollah Mohammad Bakr Al Sadr en avril 1980, fondateur d’Al-Dawa, le parti de Nouri Al-Maliki - participation à la répression de complots internes dans les années 70 et 8O - participation à la répression du soulèvement sudiste de 1991 et enfin : participation à l’exécution de 42 commerçants en 1992, alors que le commerce n’a jamais été son secteur d’activité et qu’il était hors d’Irak lorsque les faits se sont déroulés. - Introduction du nom de Saddam Hussein dans le sermon de la prière du Vendredi. Aucune charge ne correspond à la réalité. 5 COMITÉ POUR LA DÉFENSE DE TAREK AZIZ ET DES PRISONNIERS POLITIQUES IRAKIENS Noms des personnalités françaises qui se proposent d’accompagner Maître Vergès à Bagdad pour y manifester, par leur présence, leur solidarité avec Tarek Aziz Jean-Marie Benjamin Prêtre, ancien conseiller de Mgr Casarolli, organisateur de la rencontre de Tarek Aziz avec le Pape JeanPaul II en février 2003, Ecrivain (www..jmbenjamin.org) Yves Bonnet Ancien directeur de la DST, ancien député UDF Colonel Alain Corvez (er) Conseiller en stratégie internationale Amiral Michel Debray (en 2ème section), Ancien commandant du porte-avion Foch, Ancien Président de l’Institut Charles de Gaulle Philippe de Saint Robert Ecrivain, journaliste, Ancien Haut-commissaire à la Langue française Karim Lakjaa Ancien Vice-doyen de la Faculté de Droit de Reims Membre fondateur du RISPRI (réseau international de solidarité des chercheurs irakiens pour la paix et les recherches interdisciplinaires) Paris, le 2 juin 2003 6 LE DISPARU par Pierre Tarnac Pseudonyme d’un diplomate français qui eut à connaître des affaires relatées ici, mais qui préfère garder l’anonymat ( L’Indépendance - La Lettre de la Souveraineté - novembre 2003) « Cet homme… est aujourd’hui au secret. Que lui reproche-t-on ?… Quel crime a-t-il commis ?… Sur les dizaines, centaines, milliers peut-être d’hommes politiques occidentaux qui l’ont reçu, parfois flatté, parfois sollicité, personne apparemment ne se soucie de son sort ou du moins ne manifeste publiquement une ombre d’interrogation… » Il a été reçu dans les palais nationaux : tapis rouge, huissiers empressés, attachés de cabinets affairés, virevoltant devant, derrière. Dans les salons s’entassaient les fonctionnaires (hauts), cous tendus, oreilles écartées, doigts fébriles sur le carnet de notes où se griffonnaient au vol les échanges louangeurs. Il était reçu aux Nations Unies. Le Secrétaire Général, les délégués, hors l’américain et le britannique, croisaient les doigts : pourvu qu’il acceptât de venir, de s’asseoir, de discuter. Certes, il était souriant mais dur, courtois mais rigoureux. Mais enfin son pays, sur sa recommandation sans doute, avait accepté le premier la résolution après sept ans de guerre avec les Mollahs, bien avant ceux-ci qui firent encore traîner douze mois les tueries. Il était reçu au Vatican. Oh certes ! Sa religion affichée – qui l’inscrivait au rang des rares fidèles d’une chrétienté en peau de chagrin – devait être d’avantage de convenance que foi vécue et prodiguée. Mais enfin son pays, si vite aujourd’hui qualifié de barbare, tyrannique, était l’un des rares où celui qui n’est pas musulman respirait librement, ne se sentait ni écarté, ni toléré gentiment mais de haut en bas et le Cardinal envoyé par le Saint Père était sans doute bien heureux, quelques jours plus tard, de le revoir, de lui parler et d’obtenir par son truchement une audience du dictateur local. Que se sont- ils dit ? Nul ne le saura. Mais au printemps de cette année alors que d’autres se préparaient à tuer, il reste que le Saint-Siège ne jugeait pas anormal qu’un entretien eût lieu et qu’un visiteur, le dernier des Occidentaux, fut un Prince de l’Eglise, français de surcroît. Est-ce ceci qui fit bondir la collaboratrice, au doux nom de tsarine orthodoxe, d’un grand journal autrefois réputé pour ses opinions modérées, sa prose tempéré ? Mais voilà que quelques semaines après le déclenchement de la guerre, cette journaliste donna dans le massacre épistolier. La haine coula à ras bord. Tout y passa, sans grande élégance : les traits physiques – vilain nez, épaisses lunettes, l’allure vestimentaire – le cigare, le tout ramené sous un titre définitif, quelque chose comme le dernier des « Caïmans ». Aimable désignation pour qualifier un homme qui depuis des années plaidait la cause certes difficile, mais aussi plaidable que celle des régimes hypocrites qui l’entouraient, de son pays. « Il prenait des risques mais il sauvait des vies. » Il le faisait pour des raisons simples qui conduisent les hommes depuis toujours à défendre leur pays parce qu’ils préfèrent pour le diriger quelqu’un de leur sol plutôt qu’un martien hurlant des borborygmes qu’il croit être un langage universel, bardé de mitrailleuses. Tremblant peut-être mais allant jusqu’au bout, il recommandait à son dictateur d’accepter en fin de compte la mise en œuvre d’exigences hautaines des Nations unies, de passer sous les fourches caudines de la résolution pétrole contre nourriture, si désinvolte pour la souveraineté et la dignité du peuple irakien. Il prenait des risques mais il sauvait des vies. Ces vies sauvées, la France en compta aussi, grâce à lui. Le sait-elle ? Cette brillante journaliste qui fut toute saisie ce dernier printemps d’une vigoureuse haine contre celui par qui des vies, la sienne pourquoi pas, innocente parisienne, furent épargnées, se souvient-elle ? 1986, l’année commence mal en France. On s’épuise à libérer des otages français pris au Liban. Le gouvernement détient deux individus, deux Irakiens mais ennemis farouches de Saddam Hussein, membres d’un mouvement islamiste radical et terroriste opérant à l’extérieur de l’Irak. Le gouvernement veut se débarrasser de ces hommes dont il redoute l’activité en France. Mais il commet une lourde erreur. Au lieu de les expédier dans quelque lointaine terre d’exil, il les réexpédie à Bagdad, chez le tyran, le barbare absolu. Fureur de toutes les bonnes âmes et en premier chef du mouvement islamiste. Personne ne doute que les personnes sont torturées, tronçonnées, hachées, ou vont l’être aussitôt. Le mouvement islamiste, de sa base orientale, annonce, comme première représailles, la mise à mort d’un otage français. Toutes affaires cessantes, le gouvernement français dépêche à Bagdad deux émissaires qui implorent ce régime abominable de pouvoir, si quelque chance existe encore, rapporter la preuve que les deux extrémistes sont encore en vie. On ne donne pas cher de la mission des diplomates. Or, stupeur et tremblement… Les opposants sont montrés vivants aux émissaires qui n’en croient pas leurs yeux et publient la nouvelle… Menaces et représailles cessent. Mais reviennent, quelques semaines plus tard, pour éprouver le nouveau gouvernement français. Août 1986 n’est pas si vieux. Se rappelle-t-on la série d’attentats, les sirènes, les ambulances, les morts, à Paris, dans l’indifférence d’ailleurs complète de nos partenaires et amis atlantiques ? 7 « Et les attentats cessèrent… » La France était seule, bien seule face au terrorisme. Seule, mais il y avait cet homme, ce fameux « caïman » dont parle la collaboratrice d’un journal équilibré. A New York, en septembre 1986, en marge d’une rentrée des Nations Unies, des Français le rencontrèrent. Ils lui demandèrent l’impossible : qu’un gouvernement souverain qui a quelque raison de garder sous contrôle deux extrémistes, membres d’une organisation étrangère terroriste qui a juré sa perte, que ce gouvernement abdique sa souveraineté, libère les deux hommes et non seulement les libère mais leur permette de trouver refuge en France ; tout ceci pour tenter de mettre fin à une campagne d’attentats menée sur le sol français par la maison mère de ces extrémistes. Voilà tout bonnement ce que demandaient ces Français en tournant leurs bérets entre leurs doigts, plutôt humblement et sans se faire grande illusion. Pensez donc : l’Irak, la barbarie, la tyrannie etc… Le « caïman » aux grosses lunettes, au cuir épais de séide obtus, écouta, un peu bougon il est vrai. La demande était quand même exorbitante. Mais il répondit que malgré la dureté de son cœur, la réputation détestable bien établie de son régime, il plaiderait. Et il obtint satisfaction du dictateur sanguinaire. Et les deux opposants quittèrent l’Irak et revinrent en France (où ils s’inscrivirent, dit-on, à un cours de philosophie). Et les attentats cessèrent. Et vie fut laissée à de braves gens qui prenaient le métro, allaient au restaurant, faisaient des courses, parmi lesquels certains ou certaines qui plus tard cracheront leur venin, manière à eux d’exprimer leur reconnaissance, contre le dernier des « caïmans ». Cet homme, on l’aura reconnu, est aujourd’hui au secret. Que lui reproche-t-on depuis le jour pas si ancien où personne ne reprochait au Saint Père de la recevoir ? Quel crime a-t-il commis entre le jour où il reçut lui-même à Bagdad un cardinal français et celui où il fut mis au trou ? Sur les dizaines, centaines, milliers peut-être d’hommes politiques occidentaux qui l’ont reçu, parfois flatté, parfois sollicité, personne apparemment ne se soucie de son sort ou du moins ne manifeste publiquement une ombre d’interrogation. Mais il fallait que le nom de Tarek Aziz fût rappelé. Qu’en osant réclamer de Saddam Hussein qu’il fit acte de pardon, il épargna des vies françaises. Nul, semble-t-il, n’en a parlé depuis sa reddition au lendemain de l’effondrement de Bagdad. Silence. L’Indépendance - 288, Bd Saint-Germain - 75007 Paris Courriel : [email protected] 8 BAGDAD, LE TRIBUNAL DE LA HONTE Déclarations de l’avocat irakien Badie Aref Izzat, défenseur de Tarek Aziz. par Jean-Marie Benjamin * Depuis l’arrestation du Vice premier ministre de l’Irak Tarek Aziz par les forces américaines d’occupation, en avril 2003, son avocat à Bagdad, M. Badie Aref Izzat a échappé à plusieurs attentats; ses deux fils ont été kidnappés et après que l’avocat eut payé une forte somme, ont été relâchés. Entre 2003 et 2007, Badie Aref Izzat a été le seul autorisé a rencontrer Tarek Aziz, un homme qui en cinq an a perdu plus de vingt cinq kilos, malade du coeur, il s’est difficilement remis de plusieurs attaques cardiaques. Voilà cinq ans qu’un ancien premier ministre d’un pays membre fondateur de l’ONU est séquestré dans une pièce de cinq mètres sur trois, dans des conditions de détention non seulement humiliantes mais inhumaines. Aujourd’hui le procès de Tarek Aziz s’est ouvert à Bagdad, accusé d’avoir fait condamner à mort une trentaine de commerçants malhonnêtes, durant la période de l’embargo entre 1991 et 2003. En Irak, un enfant de dix ans sait qu’un ministre de Saddam Hussein n’avait absolument pas le pouvoir ni l’autorité de prononcer de telles sentences de mort. Les commerçants en question ont été jugés par un Tribunal, lequel magistrat de ce tribunal a prononcé la sentence. Si ce n’était pas le tribunal, la sentence était prononcée par le Haut Commandement du Conseil de la Révolution. Tarek Aziz n’avait donc aucune responsabilité dans cette affaire. Laisser cet homme lentement agonir en prison pendant cinq ans pour en arriver à prononcer contre lui un chef d’accusation aussi absurde illustre le grotesque de cette mascarade de procès. Aujourd’hui, alors que plus de 150 avocats dans le monde sont disposés à défendre l’ancien Vice premier ministre irakien, non seulement aucun de ces avocats n’a été autorisé à ce rendre à Bagdad pour défendre leur client, mais le propre avocat irakien de Tarek Aziz a été expulsé et interdit de séjour en Irak pour avoir critiqué devant la presse internationale les procédés illégaux et les débauches du Ministère de la Justice, la corruption de certains fonctionnaire et les mensonges du gouvernement irakien. La famille de Badie Aref Izzat a également été contrainte à fuir le pays. A ce jour, Tarek Aziz se retrouve sans aucun avocat pour sa défense. Le porte parole du Tribunal a affirmé que Tarek Aziz souhaitait se défendre tout seul. Selon sa famille, ceci est totalement faux. Tous les dossiers des avocats dans le monde entier qui ont été présentés au Ministère de la Justice irakien pour la défense de Tarek Aziz n’ont jamais reçu de suivi et de réponse. Avec les avocats italiens de Tarek Aziz nous avons organisé à Amman une rencontre de travail avec Badie Aref Izzat. A cette occasion nous avons filmé plusieurs déclarations de l’avocat. A la demande de nous dire comment il était convoqué et par qui pour rencontrer Tarek Aziz, il répond: « Pour rencontrer Tarek Aziz je n’ai jamais reçu de convocation officielle, même pas un morceau de papier. Je recevais un coup de téléphone. C’est tout. En trois ans, deux fois seulement j’ai été convoqué par le Ministère de la Justice, toutes les autres fois ce sont les américains qui m’ont contacté, me demandant de me présenter le lendemain à un check-point pour me transporte jusqu’à la prison de Tarek Aziz, dans la zone de l’aéroport de Bagdad. Souvent on ne me donnait que cinq minutes pour parler à mon client. J’ai souvent été menacé, poursuit Badie Aref Izzat, de me voir retirer la possibilité de rencontrer Tarek Aziz si jamais nous échangions des petits mots écrits à la main. J’ai aussi été informé par le Tribunal que celui-ci a la faculté de m’enlever la défense de Tarek Aziz à tout moment, sans justification ni explication ». A la demande comment se passait la conversation, Badie Aref Izzat répond: « Nous parlions à voix passe parce que deux hommes se tenaient devant la porte d’entrée de la pièce, qui déjà est une petite pièce. Tarek Aziz est très malade, il est diabétique, il souffre du coeur, quelque fois sa langue est noire et il a quelque difficulté à s’exprimer. Comment voulez-vous organiser et construire la défense d’un client que l’on m’accordait de voir que peu et vite, sans pouvoir échanger de document, prendre des notes, parler ouvertement, en étant constamment surveillé. Ils n’ont pas de chef d’accusation sérieux contre Tarek Aziz qui était un diplomate, un homme intègre, un homme de paix. Alors ils font traîner les choses pour le laisser mourir en prison. Tarek Aziz sait trop de choses. En Europe et aux Etats Unis, il y a des personnalités importantes qui ne veulent pas que Tarek Aziz sorte de prison, celui-ci pourrait révéler des choses terribles. Par exemple, pendant les années de l’embargo contre l’Irak, il y a deux chefs d’Etats de deux pays européens qui ont fait des affaires avec Saddam Hussein, ou si ce n’est pas avec lui directement, avec son gouvernement, » Pouvez-vous nous dire de qui il s’agit ? « Impossible, répond Izzat préoccupé, ma vie et celle de ma famille sont déjà en danger, ce serait pour moi signer un arrêt de mort ». Puis il ajoute, comme pour anticiper la réponse à une autre question « Ce ne sont pas les chefs d’Etats des deux pays, France et Allemagne, qui se sont le plus opposé à l’invasion américaine de l’Irak, Mais il n’y a pas que cette affaire, il y a beaucoup d’autres choses scandaleuses que les américains ne veulent pas entendre sortir de la bouche de Tarek Aziz et encore moins les hommes actuellement au pouvoir à Bagdad». Avez-vous pu informer Tarek Aziz de ce qui se passe en Irak ? « J’ai essayé à plusieurs reprises, répond Izzat, ce n’était pas facile, les deux hommes postés devant la porte entendaient ce que nous nous disions et comprenaient l’arabe. Je suis parvenu toutefois à l’informer sur la résistance irakienne, celle des Sunnites, du partie Baat’h, de la résistance de certains groupes Chiites, des Tributs et des volontaire 9 arabes. Par deux fois un des hommes postés devant la porte a interrompu notre conversation en menaçant de suspendre ma visite. L’homme était très nerveux. J’ai aussi demandé à Tarek Aziz, c’était le 23 décembre 2004 et cette fois-ci j’ai pu obtenir une visite à mon client qui a duré six heures, j’ai demandé s’il était disposé à témoigner contre Saddam Hussein. Il m’a aussitôt répondu, sans hésiter, que se serait une chose indigne de lui, aussi pour une question morale, une telle déclaration n’était pas possible. Saddam est le président de tout les irakien, a-t-il ajouté, et le pays est occupé par des forces militaires étrangères. » En mars 2007, le Groupe de travail de la Commission des Droits de l’Homme à Genève a publié un document dans lequel la détention de M. Tarek Aziz est considérée arbitraire et en violation avec plusieurs articles de la Convention de Genève et de la Charte des droits de l’Homme. En un mot, cette détention est définie comme un séquestre de personne. Cette même commission de l’ONU a envoyé ce document officiel aux gouvernements irakien et à celui des Etats Unis d’Amérique. Ni l’un ni l’autre n’ont jamais répondu. Le patriarche de Bagdad, Cardinal Emmanuel III Delhi a écrit au Premier ministre irakien Al Maliki pour solliciter la libération de Tarek Aziz. Il n’a jamais reçu de réponse. Les avocats de nombreux pays n’ont jamais reçu de réponse aux lettres qu’ils ont adressées au gouvernement irakien. Le régime de Bagdad mis en place par les américains fait condamner à mort des citoyens irakiens, sans procès légal, sans permettre aux accusés de se défense et d’être assisté par un avocat de leurs choix. Un régime qui pratique sous les yeux du monde entier une dictature de la vengeance et de la haine. (*) Prêtre catholique. Auteur de trois livres sur l’Irak “Ce que Bush ne dit pas” aux Editions LCD, Paris 2003 ; “Irak l’apocalypse” aux Editions Favre, Lausanne 1999 ; “Obiettivo Iraq”, Editori Riuniti, Rome 2002. Il a réalis é trois films documentaire sur l’Iraq et organisé la rencontre de Tarek Aziz avec le Pape Jean-Paul II, février 2003 (www.jmbenjamin.org). 10 Tarek Aziz, l’homme qui en sait trop par Gilles Munier (Afrique Asie – juin 2008) Un nationaliste arabe de la génération 58 Tarek Aziz - huit de pique du jeu de cartes du Pentagone - est la personnalité irakienne la plus connue, avec Saddam Hussein. Il est né en 1936 à Tel Keyf, près de Mossoul, dans une famille chrétienne chaldéenne. Peu pratiquant, il se considère comme Arabe avant tout, son prénom ayant été choisi en mémoire de Tariq Ibn Ziad, conquérant de l’Andalousie au 8ème siècle. Lecteur dans sa jeunesse d’Hegel, de Marx et de Nietzsche, féru d’histoire arabe, il a adhéré tôt au parti Baas. Fidèle au courant originel dirigé par Michel Aflak, il a été emprisonné un an en Syrie, en 1966, avant le coup d’Etat d’Hafez al-Assad. Après la Révolution baasiste en Irak de 1968, il a été directeur d’Al-Thawra - quotidien du parti ministre de l’Information et de la Culture, des Affaires étrangères, et vice-Premier ministre à deux reprises. Il est membre du Commandement régional (irakien) du parti depuis 1974, et du Conseil de Commandement de la Révolution depuis 1977. Le 1 er avril 1980, il a été blessé lors d’un attentat faisant plusieurs morts à l’Université Moustansirya de Bagdad. Les terroristes d’Al-Dawa, basé à Téhéran, voyait déjà en lui un des ses principaux ennemis. Tarek Aziz est un des plus grands diplomates arabes contemporains. Il a été de tous les combats : pour la libération de la Palestine, contre l’apartheid et l’impérialisme américain dans le Tiers monde. Les Anglosaxons lui reprochent d’être un des artisans de la « politique française de l’Irak ». Il a présidé la Conférence de Bagdad qui réunissait tous les 6 mois plusieurs centaines de partis et d’organisations luttant pour la levée de l’embargo. Les Américains ne veulent pas que Tarek Aziz parle des relations irako-américaines sous Reagan et au début du mandat de Bush père. Les Iraniens et leurs alliés miliciens se vengent d’un baasiste emblématique et d’un chrétien indocile Le 29 avril dernier, dans le box du Haut tribunal pénal de la Zone verte, le vice-Premier ministre irakien Tarek Aziz est apparu fatigué, malade, amaigri par 5 ans d’incarcération au Camp Cropper, près de l’aéroport de Bagdad . Le juge kurde Raouf Abdel Rahmane, connu pour avoir condamné à mort Saddam Hussein, l’accuse d’avoir participé, en 1992, à la décision d’exécuter 42 grossistes qui spéculaient sur le prix des denrées alimentaires. Ceux qui sont allé à Bagdad cette année là savent dans quelle situation dramatique se débattaient les Irakiens. En raison de l’embargo, le dollar dépassait les 3000 dinars, alors qu’en 1990 il en fallait trois pour avoir un dinar. Les denrées alimentaires et les médicaments manquaient ou étaient hors de prix. Cela dit - et quelle que soit l’opinion portée sur la rigueur de la justice irakienne en temps de guerre - il faut préciser que Tarek Aziz ne s’occupait ni des questions de sécurité, ni du commerce. De plus, il n’a pas participé - selon son fils Ziad, réfugié en Jordanie - à la réunion du Conseil de Commandement de la Révolution – organe suprême du pays, dont il était membre - qui a étudié le dossier des grossistes. Le vice-Premier ministre avait en charge les relations internationales et la levée du blocus. Les accusations portées aujourd’hui contre lui ne sont pas crédibles. Personne n’a d’ailleurs jamais déposé de plainte contre lui. Tarek Aziz, dit-on en Irak, « n’a pas de sang sur les mains ». Incarcéré dans la « cellule des chiens » Depuis sa reddition, en avril 2003, son dossier en justice était vide. Il n’était accusé de crime, périodiquement, que lorsqu’il était question de le libérer pour raisons de santé. Le régime de Bagdad, s’y refusant obstinément, l’a ainsi accusé d’avoir participé à la condamnation à mort, en avril 1980, de l’Ayatollah Muhammad Baqer al-Sadr, fondateur d’Al-Dawa, puis à la répression de complots internes au parti Baas dans les années 70 et 80, et enfin à celle du soulèvement sudiste de 1991, après la première guerre du Golfe. Les Américains, véritables organisateurs des procès de Bagdad, ne lui pardonnent pas d’avoir refusé de témoigner contre Saddam Hussein - y compris en échange de sa libération - et son intervention en faveur du Président irakien et des autres accusés au procès. Washington craint aussi les révélations qu’il pourrait faire sur les dessous de la politique moyen-orientale américaine du temps de Reagan et au début du mandat de Bush père. Il peut évoquer le scandale étouffé de la BCCI, ou l’Iraqgate avec le détournement de subventions agricoles pour vendre des produits chimiques à double emploi, ou encore le versement de commissions aux partis Républicain et Démocrate lors d’achats massifs de blé ! Les Iraniens et Al-Dawa se vengent d’un baasiste emblématique et d’un chrétien indocile. Abdul-Aziz Al-Hakim, chef du Conseil suprême de la révolution islamique en Irak, a déclaré que la présence de chiites parmi les commerçants exécutés aggravait son cas. 11 Au Camp Cropper, au début de sa détention, Tarek Aziz était enfermé dans une pièce d’un mètre sur deux, appelée « « cellule des chiens », réservée jadis à ceux des services de sécurité de l’aéroport. Malgré ses problèmes cardiaques – il a été hospitalisé d’urgence deux fois - malgré les interrogatoires ponctués d’insultes et de menaces, il n’a pas craqué. En 2005, trompant l’attention de ses gardiens, il a griffonné un appel sur le carnet de Badie Aref, son avocat irakien. Il demandait à l’opinion publique internationale un « traitement équitable, un procès équitable précédé d’un enquête équitable ». Depuis, son avocat a été menacé de mort et s’est réfugié à Amman. Les Américains l’ont informé qu’ils n’assuraient plus sa sécurité et un juge a lancé un mandat d’arrêt contre lui, sous prétexte qu’il ne partage pas son avis sur le soulèvement sudiste de 1991. « Que sont mes amis devenus ? » L’annonce du procès de Tarek Aziz n’a pas encore soulevé de protestations d’importance au niveau mondial, ni ému, semble-t-il, les personnalités qui faisaient des pieds et des mains pour entrer dans son bureau à Bagdad ou pour le rencontrer lors de ses déplacements à l’étranger. A Paris, sa suite à l’hôtel Meurice ne désemplissait pas de solliciteurs, toutes tendances confondues. Nicolas Sarkozy, interrogé en janvier 1995 sur la visite à Paris de Tarek Aziz – c'est-à-dire après les faits qui lui sont aujourd’hui reprochés – avait déclaré que la France avait le droit « de recevoir qui elle veut, quant elle veut ». Lionel Jospin, Alain Juppé, Charles Pasqua, l’avaient reçu. Il s’était même entretenu discrètement avec le Président Chirac. Que sont tous ses amis devenus ? L’appel lancé en mai 2003 pour la libération de Tarek Aziz par les Amitiés franco-irakiennes, relancé en 2005 par le parlementaire britannique George Galloway a certes réuni plus de 250 signatures - notamment celles de Jean- Pierre Chevènement et du Président Ahmed Ben Bella – mais il est demeuré sans effet. Un Comité de défense de Tarek Aziz et des prisonniers politiques irakiens a été créé fin avril dernier, sans trop d’illusions sur l’attitude que vont adopter ses « amis » politiques français. Certains - comme Roselyne Bachelot qui présidait le Groupe d’Etudes France-Irak à l’Assemblée nationale - sont aujourd’hui au pouvoir… et bien silencieux. La France se tait La défense de Tarek Aziz, au niveau international, est assurée par Jacques Vergès. L’avocat a demandé un visa pour s’entretenir avec son client. Il veut faire le procès de l’invasion et de ses crimes. Il mettra en cause la légalité du Haut tribunal spécial, notamment au regard des conventions internationales sur le traitement des prisonniers de guerre. On comprend pourquoi les autorités de la Zone verte – comme on dit à Bagdad – font la sourde oreille à sa demande. Quelle que soit la réponse américaine, se pose déjà des problèmes de sécurité. Au procès de Saddam, des avocats ont été menacés. L’un d’eux a été assassiné. Des témoins de la défense, effrayés, ont refusé de comparaître. La France qui a voté, le 16 octobre 2003, la résolution 1511 du Conseil de sécurité avalisant l’occupation de l’Irak, a plus qu’un mot à dire sur ce qui s’y passe depuis. Elle doit veiller, entre autre, au bon déroulement du procès de Tarek Aziz. Le silence du Quai d’Orsay, en la circonstance, signifierait complicité. *** Que sont mes amis devenus Que sont mes amis devenus Que j'avais de si près tenus Et tant aimés Ils ont été trop clairsemés Je crois le vent les a ôtés L'amour est morte Ce sont amis que vent emporte Et il ventait devant ma porte Les emporta Rutebeuf (1230-1285) 12 Procès de Tarek Aziz : Il est noble, ils sont ignobles…. par Abd Elbari Atwan - Al Quds al-Arabi (1er mai 2008) Je n’ai jamais rencontré monsieur Tarek Aziz, ex vice-Premier ministre et ministre des Affaires Etrangères irakien. Nous n’avons pas eu de contact téléphonique ou autre, comme avec tous les précédents responsables irakiens, même si, en raison de sa vaste culture et de ses fonctions de ministre de l’Information et de la Culture pendant plusieurs années, cet homme avait instauré de solides relations avec des dizaines, voire des centaines d’écrivains, de journalistes et d’intellectuels. Je ne le connaissais pas mais j’avoue que j’ai éprouvé un sentiment d’humiliation et une vive souffrance à voir cet homme dans le box des accusés, sous le coup d’une accusation mensongère - le meurtre de quarante commerçants-, devant un tribunal de comédie, révélant à quel point dans le nouvel Irak américain, les valeurs et la morale étaient en faillite, sinon complètement abolies. Monsieur Aziz n’a pas tué une mouche de sa vie, dans le cadre du pouvoir ou en dehors, parce qu’il n’a exercé aucune fonction exécutive; il a toujours représenté le visage civilisé non seulement du régime, mais de l’Irak entier, dans toute sa diversité, car c’était un homme connu pour son immense civilité, sa vaste culture, la qualité de son expression, sa douceur de caractère, qui imposait le respect à tous, amis ou ennemis. Excellent orateur, il défendait, au cours des réunions internationales, les causes de la nation arabe et la souveraineté de l’Irak, dans un anglais parfait. Les nouveaux dirigeants de l’Irak ne possèdent pas la moindre de ses qualités, ils ne connaissent que la langue du meurtre, de l’effusion de sang, de la purification ethnique en Irak, et c’est peut-être pour cela qu’ils ont voulu le juger et éventuellement le condamner à mort. Ce n’est pas ces gens-là que nous blâmons, car leur caractère malfaisant, leur obscénité sont devenus évidents ; les Irakiens et nous avons tous constaté les catastrophes qui ont frappé l’Irak à cause d’eux; c’est le monde occidental que nous blâmons: hypocrite, il nous rebat les oreilles depuis plus de cinquante ans avec la démocratie, les droits de l’homme, la justice indépendante, le voilà qui se tait quand un homme malade est mis au secret pendant plus de cinq ans, sans procès, pour finir par accepter qu’il soit jugé, sur une accusation dont il sait très bien qu’elle est falsifiée et mensongère, au même titre que les armes de destruction massive. Ce n’est pas monsieur Tarek Aziz qui mérite de se tenir dans le box des accusés, mais tous les individus du groupe qui - avant et après - ont été complices de l’occupation américaine et lui ont fourni une couverture légale pour tuer un million et demi d’Irakiens innocents, en déplacer cinq millions d’autres, faire des Irakiens qui restent un champ d’expérimentation pour différentes armes de destruction américaines et les priver des services élémentaires. Monsieur Tarek Aziz n’a pas comploté avec les ennemis pour livrer le territoire de son pays à l’invasion, il ne l’a pas transformé en fosse commune, ce n’est pas grâce à lui que l’Irak figure au premier rang des pays les plus corrompus au monde. Il n’a ni pillé ni participé au pillage de 84 milliards de dollars grâce auxquels les personnalités de l’Irak nouveau et leurs familles se prélassent dans les capitales européennes. Le problème de monsieur Aziz, c’est que c’est un homme exemplaire pour sa loyauté envers sa patrie : il a refusé de fuir et de s’exiler vers un lieu sûr, alors qu’il le pouvait et y était invité, comme il a refusé toutes les offres et les incitations à coopérer avec l’occupation, contre son Président, ses compagnons et sa famille ; il a refusé de renier ses valeurs, ses principes et sa morale, et a préféré rester derrière les barreaux, endurant la maladie, l’enfermement et les outrages des geôliers américains, plutôt que d’être remis en liberté, déshonoré par une accusation de trahison et de complot. Curieusement, ceux qui parlent de tribunaux justes et de loi souveraine, n’ont engagé de poursuite contre aucun des meurtriers qui ont coupé les têtes, les ont trouées à la perceuse, ou contre ceux qui ont volé l’argent public, ou transformé les sous-sols du Ministère de l’Intérieur en cellules de tortures et de mises à mort. Leur justice est truquée, confessionnelle, politique, elle est au service de l’occupation et des dirigeants qui collaborent avec l’occupation; il n’y a qu’à se reporter aux propos de monsieur Moaffaq alRoubaï, conseiller à la sécurité nationale (quelle sécurité ?) lors d’une interview: c’est lui, dit- il, qui a demandé à la famille al-Khoei de relancer la question du mandat d’amener visant Moqtada Sadr afin qu’il soit poursuivi pour le meurtre de monsieur Majid al-Khoei, au retour de son exil londonien. Pourquoi avoir gelé ce procès et demander qu’il soit de nouveau à l’ordre du jour ? En tout point, ils sont un mauvais exemple, ceux qui ont promis d’apporter aux Irakiens la paix et la sécurité, le bien-être économique, et ce qu’il y a de mieux en matière de justice équitable et indépendante. Nous n’avons pas été surpris quand le juge Raouf Abdel Rahman, qui a prononcé la condamnation à mort du Président Saddam Hussein, lors du procès de Dujail, a reconnu que l’exécution du verdict n’avait pas été civilisée, qu’elle était arriérée, et que la loi irakienne, depuis la fondation de l’état irakien, ne prévoyait nullement pareille mise à mort, publiquement, un jour de fête et de festivité nationale, les jours de fêtes étant placés sous le signe de l’affection et de la réconciliation, et non de l’anéantissement. 13 Si monsieur Raouf reconnaît que ces agissements sont étrangers à la loi irakienne, donc à toute loi en vigueur, pourquoi accepte-t-il de présider à nouveau un tribunal de farce, après avoir vu, comme des centaines de millions de gens, l’exécution criminelle et barbare d’un président irakien qui a préservé, pendant plus de trente ans, l’unité, l’indépendance, la sécurité de l’Irak et érigé une nation forte et respectée ? Nous le reconnaissions naguère, ce n’était pas un démocrate et il a commis de nombreux excès envers ses adversaires; mais est-ce que monsieur Maliki et ses collègues au pouvoir lancent des roses, du myrte et du riz sur les partisans de Sadr et sur ceux qui, à leurs yeux, commettent le crime de demander la fin de l’occupation américaine? A-t-il traité les insurgés de Bassorah sans commettre de massacre ni de destruction, sans recourir aux chars américains pour les écraser ? Pour finir, nous demandons à monsieur Maliki et à ses collègues : ont-ils déféré plus de 500 membres de l’organisation chiite salafiste des Soldats du Ciel devant un tribunal équitable ? ou se sont-ils empressés de tous les anéantir le jour de l’Achoura et de les ensevelir dans une fosse commune ? Monsieur Moaffaq al-Roubaï a dévoilé une fois encore la nature du système judiciaire et de ses exécutants lorsqu’il est revenu sur le récit qu’il avait fait sur CNN de l’exécution du Président Saddam Hussein, le décrivant comme abattu. Le même monsieur Roubaï déclare dans une interview à la presse que le Président irakien lui a dit : « N’aie pas peur !». Nous comprenons que c’est lui qui avait peur, et non cet homme fier, qui s’avançait d’un pas sûr vers la guillotine, plein d’une extraordinaire assurance, récusant les témoignages, convaincu de l’arabité de l’Irak et de la victoire de la Palestine arabe. Ajoutons que monsieur Roubaï a reconnu également que les gardiens de la justice s’étaient livrés à des actes choquants sur le cadavre du Président après son exécution, actes qu’il désavoue tout en se gardant bien de les rappeler. Monsieur Tarek Aziz appartient à une autre époque, à un autre Irak, l’Irak noble, authentique, indépendant, l’Irak non confessionnel, où coexistent différentes croyances et ethnies, l’Irak du temps où les Irakiens dormaient les portes grandes ouvertes. Dans cet Irak, le peuple recevait de façon égalitaire sa ration alimentaire au début de chaque mois, sans diminution ni retard, en dépit du blocus féroce; dans cet Irak, les maisons étaient abondamment fournies en eau et en électricité, les services de base étaient assurés et, dans les morgues des hôpitaux, il n’y avait pas de cadavres non identifiés et défigurés par la torture. Alors qu’il supervisait lui-même la répartition des bons de pétrole (dans le cadre de la résolution « pétrole contre nourriture », ndt), le seul honneur qu’en retirait monsieur Aziz, c’est que sa famille vivotait dans la capitale jordanienne; lorsque son fils Ziyad, soupçonné de corruption a été arrêté, il n’est pas du tout intervenu auprès du président Saddam Hussein, son ami intime, contrairement aux familles des nouveaux dirigeants de l’Irak qui vivent dans le luxe grâce aux milliards qu’ils ont volés, parfois après avoir occupé quelques mois seulement des postes ministériels. C’est que pour eux l’Irak est une affaire transitoire, qui consiste à piller le plus possible de richesses avant de retourner rapidement en Europe où ils vivaient en exil depuis longtemps, se lamentant, faisant porter au régime précédent la responsabilité de leur départ, nostalgiques de Bagdad, ses terrasses et ses splendides nuits de lune. Si j’avais un conseil à donner à l’avocat de Tarek Aziz, ce serait de s’imposer un silence total, en signe de mépris pour ce tribunal, ses juges, ses témoins et ses invités, parce que cet homme ne peut être accusé, il n’a commis aucun crime ni délit. Ce sont eux les accusés. C’est un homme de trop de valeur pour plaider sa cause devant ceux qui ne sont rien d’autre que les instruments de l’occupation américaine, dont ils essaient d’embellir le visage monstrueux. Ces gens-là et leurs maîtres redoutent même les prisonniers et ne sont pas capables de juger un seul des soldats qui, au service d’une société de sécurité américaine, ont tué des dizaines d’Irakiens et violé nombre d’Irakiennes. Monsieur Tarek Aziz n’a pas besoin d’avocat pour le défendre devant une justice corrompue, vénale, dépourvue de légitimité, il est trop honnête pour que cette justice l’innocente. Sa mise en accusation est le plus grand des hommages, car il restera noble, et eux ignobles. Traduction : Anne-Marie Luginbuhl 14 Mai 2003 Appel des Amitiés franco-irakiennes Comité pour la libération des Irakiens séquestrés par les troupes d'occupation américaines en Irak APPEL POUR LA LIBÉRATION DE TAREK AZIZ La guerre conduite par les Etats-Unis contre l'Irak étant illégale au regard du droit international, la séquestration de dirigeants, de civils et de militaires irakiens l'est tout autant. Les forces d'occupation américaines détiennent d'anciens dirigeants irakiens et de nombreux civils en des lieux tenus secrets. Ces personnes ne connaissent pas le motif de leur arrestation et les Américains leur refusent l'assistance d'un avocat. Ils ne peuvent recevoir ni leur famille, ni un représentant du Croissant Rouge International. L'association Amnesty International fait état de tortures infligées par les forces américaines et britanniques à des détenus irakiens, militaires et civils (AFP et AP du 16 mai 2003). Nous lançons un appel pour que les dirigeants irakiens, les civils et les militaires arrêtés depuis le début de l'invasion du pays, soient traités comme le prévoient les conventions internationales et les règles les plus élémentaires des droits de l'homme, si ce n'est libérés. Nous demandons la stricte application des Conventions de Genève afin que le CICR puisse visiter les prisonniers de guerre, les détenus et les internés civils et veiller à ce qu'ils bénéficient d'un traitement humain. Ayant appris que le Vice - Premier ministre Tarek Aziz a récemment été victime de deux alertes cardiaques, qu'il risque une hémiplégie et que son état de santé est alarmant, nous réclamons sa libération immédiate. Le 19 mai 2003 Liste des premiers signataires Parlementaires: Pierre Biarnès (sénateur des Français de l'étranger) - Paul- Marie Couteaux (député français au Parlement européen) - Jean- Claude Fortuit (ancien député- France) - George Galloway (député britannique) - Didier Julia (député de Seine et Marne - France). Personnalités politiques / Associations: Dirk Adriaensens (président SOS Irak- Belgique) - Jaime Ballesteros (président de l'Organisation de Solidarité avec les Peuples d'Asie, d'Afrique et d'Amérique Latine- OSPAAL- Espagne) - Brahim Attalah (Président Amicale des Algériens- Rhône) - Nelson Chavez (Secrétaire pour les relations internationales du Mouvement révolutionnaire de 8 octobre " MR8 " - Brésil) - Michel Collon (écrivain et journaliste Belgique) - Amaury Couderc (ex-élu régional maire) - Szabó Erzsébet (vice-president of Hungarian-Iraqi Historical Society) - Michel Grimard (président du Mouvement Chrétien Vème République) - Izabella Király (president of Party of Hungarian Interest) - Marie Lussan (présidente de Fraternité irako- française) Prince Armand de Merode (président du Forum Belgo- Irakien pour le Commerce et l'Industrie- FORBICI) Gilles Munier (SG des Amitiés franco- irakiennes) - Pierre-Alexandre Orsoni (président de la Maison d'Orient à Marseille) - Niculae Pavelescu (secrétaire du Comité central du Parti du Travail roumain) Elisabeth Schneider (membre du PDS / Landes-und Kreisvorstand) / Allemagne) - Hadj Toua (président de " Pour la Palestine- Contre les USA ") . Personnalités religieuses: Jean-Marie Benjamin (prêtre- Italie) - Michel Lelong (prêtre- France). Défense: Alain Corvez (Colonel- ER) - Michel Debray (Vice- Amiral en 2ème section, conseiller municipal de Senlis, ancien président de l'Institut Charles de Gaulle) - Général Pierre Gallois (CR) - Claude Gaucherand (Contre-amiral en 2ème section). Droits de l'Homme / Nations Unies: Hans von Sponeck (Coordinateur du Programme " Pétrole contre nourriture " en Irak de 1998 à 2000). 15 Avocats / Juristes: Nasreddin Baggar (avocat) - Patrick Brunot (avocat) - Maurice Buttin (avocat) - Isabelle Coutant Peyre (avocat) - Xavière Jardez (juriste) - Jean-Pierre Lussan (avocat- conseiller régional) . Universités / Enseignement / Recherche: Aymeric Chauprade (universitaire) - Edmond Jouve (professeur à l'Université René Descartes- Paris V) Georges Labica (professeur émérite des universités) - Adeeb Mahmoud (universitaire) - Jean-Claude Manifacier (professeur des universités) - Nico Perrone (professeur à l'Université de Bari - Italie) - Bruno Roy (universitaire) et Pierre Barnéoud Rousset (enseignant retraité) - Marc- Antoine Coppo (chargé de Recherche au CNRS) Louis-Jean Duclos (chercheur) - Jacqueline Forestier (retraitée de l'enseignement) - Claude Karnoouh (chercheur CNRS) - Virginie Legrèle (professeur de Lettres) - Philippe Le Moller (professeur) - Maryvonne Mahmoud (enseignante) - Andrée Michel (directrice honoraire de recherche au CNRS) - Michel Ponte (enseignant). Journalistes / Ecrivains /Cinéma: Paul Balta (journaliste et écrivain) - Jean-Pierre Bastid (cinéaste et romancier) - Marc Boureau d'Argonne (producteur de films) - Jacques Borde (journaliste) - Alice Bséréni (écrivain) - Pierre-Henri Bunel (écrivain) - Jean-Paul Cruse (journaliste et écrivain) - Alain de Benoist (écrivain) - Adid Dimitri Boulos (écrivain) Abdulmagid Darhobi (journaliste - Libye) - Zein Houda (journaliste) - Jean-Loup Izambert (journaliste d'investigation) - Roland Laffitte (écrivain) - Madeleine Lafue- Véron (écrivain) - Christian Lançon (journaliste) - Patricia Latour (journaliste, écrivain) - Pierre Lévy (directeur de Bastille République Nation) - Gaelle Mann (auteur littéraire) - Hamida Na'ana (écrivain) - Abdelmajid Elamin Osman (journaliste) Pierre Pinta (écrivain) - Jean Picollec (éditeur) - Jallel Saada (directeur de la revue " Regarder l'Afrique ") Philippe de Saint Robert (écrivain) - Charles Saint- Prot (écrivain) - Yves Stalla- Bourdillon (homme de lettres) - Mondher Sfar (écrivain) - Mohamed Soualmia (poète -écrivain) - Jean-Claude Valla (journaliste) Robert Vial (journaliste) - Khaleel Torabulsy (réalisateur)- Giuseppe Zambon (éditeur - Allemagne) - Mohamed Zaroualete (journaliste) . Personnalités diverses: Gamal Alghitany (Egypte) - Amèle Bahri (informaticienne) - Séverine Balssa- Stitou (docteur en Science politique) - Manuela Barnéoud Rousset (travailleur social retraité) - Jean Beaudrillard (ingénieur retraité) Marie Thérèse Beaudrillard (retraitée) - Marcel Beaulieu (ingénieur) - Henry Bittar (médecin généraliste) Yves Brandého (agriculteur) - Maurice Cannet - Géo Chéron (SG du Comité International pour le Développement et la Coopération - CIDEC) - Sliman Doggui (neurologue) - Peter Duffy - Othman El Ghali Gérard Godfroy (secrétaire général honoraire de la Foire Internationale de Rennes) - César et Claudine Hernaez Pozzo - Béatrice Ivaldi - Colette Grisolle - Samir Khamassi - Charbel Kattar - Pierre Layssac (courtier d'art) - Marie-Rose Major (étudiante) - Jeanne-Marie Manuellan (retraitée) - Jean-François Marcellin - Michel Meillier (retraité) - Samira Messaoudene (microbiologiste) - Narmi Michejda (biochimiste - Pologne) - Fabrice Pisani (agent de développement) - Eric Prud'homme - Gérard Rouzade (consultant en tourisme) - Yannick Sauveur (directeur d'établissement médico-social) - Jean Serieys - Roger Stroope (étudiant - Texas, USA) - Michel Thibault (documentaliste) - Ouardia Yahyiaoui (secrétaire) - Brigitte Zali (médecin).... Juillet 2003 16 2005 Appel international de George Galloway, parlementaire britannique APPEL POUR LA LIBERATION DE TAREK AZIZ et de tous les prisonniers politiques en Irak Nous, les signataires, appelons à la libération de M. Tarik Aziz, Président de la Conférence de Bagdad, conférence qui coordonnait la campagne internationale contre les sanctions et la guerre contre l’Irak, que nous croyons être détenu par les forces d’occupation américaines, à l’aéroport de Bagdad. Il est soumis à des interrogatoires sans fin et cette détention permanente n’a aucune base légale légitime. Comme l’a déclaré Kofi Annan, Secrétaire Général de l’ONU, en septembre 2004, l’attaque contre l’Irak était illégale et il s’ensuit que l’arrestation et la détention ultérieure de M. Tarek Aziz sont tout aussi illégales. En conséquence, nous demandons la libération de Tarik Aziz et des milliers de prisonniers politiques détenus sans procès ou sans charges par les forces d’occupation américano-britanniques. We the Undersigned call for the release from custody of the Chairman of the Baghdad Conference - which coordinated the international campaign against sanctions and war on Iraq - Mr Tariq Aziz whom we believe to be held by the American Occupation Forces at the airport in Baghdad. He is being subject to endless interrogation. There is no legitimate legal basis for his continuing detention. As UN Secretary General Kofi Annan stated in September 2004, the attack upon Iraq was illegal and it follows that the arrest and subsequent imprisonment of Tariq Aziz was equally illegal. Consequently, we demand the release of Tariq Aziz and the thousands of political prisoners being held without trial or charge by the British and American Occupation forces Premiers signataires (18 mars 2005) The Undersigned: Ahmed Bin Bella: Former President of Algeria, Algeria - Jean – Pierre Chevènement: Mayor of Belfort & Former French Minister of Interior, France - The Rt. Hon Tony Benn: Former British Cabinet Minister, UK - George Galloway: Member of Parliament (RESPECT; the Unity Coalition), UK - Mahmood AlMaghribi: Former Prime Minister of Libya, UK - Ahmad Obeidat: Former Prime Minister of Jordan and Lawyer, Jordan - Mohsin Alaini: Former Prime Minister of Yemen, Yemen - Kerry Pollard: Member of Parliament (Labour), UK - Bob Wareing: Member of Parliament (Labour), UK - Lord Nazir Ahmed: Labour Member of the House of Lords, UK - Lord Rea: Labour Member of the House of Lords, UK - Abdel Barri Atwan: Chief Editor of Al Quds Al Arabi newspaper, UK - Maan Bashour: Head of the Arab National Institute, Lebanon - Mr Hamdeen Sabbahi: Member of Parliament, Egypt - Hans von Sponeck: Former UN Humanitarian Coordinator of the Oil For Food Programme in Iraq from 1998 to 2000 - Didier Julia: French Member of Parliament &Vice - President of the French – Iraqi Parliamentary Friendship Group, France - Lieth Shbelat: Former President of the Professional Union Association, Former Member of Parliament, Former President of Engineers Association and former Chairman of the Anti Corruption Parliamentary Committee, Jordan - Paul- Marie Couteaux: French Member of the European Parliament, Brussels - Dia El Dine Dawood: General Secretary Arab Nasserist Democratic Party, Egypt - Pierre Biarnès: Senator of French People Abroad, France - Michel Debray: Vice- Admiral in Second Section, Town Councillor in Senlis, Former Chair of the Charles de Gaulle Institute, France - Hani Al Khasawneh: Former Minister, Jordan - Dr Ali Bin Mohammed: Former Minister, Algeria - Maestro Angeles: Former Member of Parliament &Physician Specialist in Public health, Spain - Issam Naaman: Former Member of Parliament & Minister of Telecommunications, Lebanon - Jean- Claude Fortuit: Former Member of Parliament, France - Mansour Murad: Former Member of Parliament, Jordan - Dr. Ashraf El Bayoumi: Former Head of the Observation Team of the UN-WFP Oil for Food Programme in Iraq and Vice President of Alexandria Association of Human Rights Advocates, Egypt - Mohammed Bileid: Former Ambassador and Member of the Executive Committee of the Arab National Conference, Algeria - Dr. Sa’doon Al Zubaydi: Former Ambassador & English Literature Professor at Baghdad University, Iraq - Jihad G. Karam: Former Ambassador & Member of the Human Rights Committee of Lawyers “Barreau de Beyrouth”, Lebanon Jose Luis Galan Martin: Lawyer, Spain - Isabelle Coutant-Peyre: Barrister, France - Ahmed Najdawi: Lawyer, Jordan - General Pierre Gallois: France - Maria Abia: Lawyer, Spain - Amal Mahmood: Lawyer and Activist, Egypt - Father Antonie Daw: General Secretary of the Episcopal Commission for the Islamic – Christian dialogue, Lebanon - Father Jean-Marie Benjamin: Coordinator of the Defence Council of Lawyers, France - Raymond Coumont: Chairman of Christian employee Union of Belgium [CNE], Belgium - Michel Grimard: President of the Christian Movement, France - Michel Lelong: Priest, France - Elias Khouri: Representative of Union of Arab Jurists to the United Nations, Switzerland - 17 Sabah Al Mukhtar: President of the Arab Lawyers Association, UK - Elias Firzli: Local Consultant, politician and political writer, France - Dr Naser Al Saba: Legal Consultant, France - Alain Corvez (Colonel - er): International Strategy Advisor, France - Xaviere Jardez: Lawyer, France - Dr Adan Abdullah: Member of Medical Doctors Union , Jordan - Mohammed Abadneh: Member of Pharmacists Union, Jordan - Danielle Jauveau: President of the Humanitarian Association, France - Dr. Mohammed Al-Obaidi: Spokesman for the Iraqi People’s Struggle Movement, UK - Marie Lussan: President of France-Iraq Brotherhood Association, France - Dirk Adriaensens: President of Save Our Souls -Iraq (SOS Iraq), Belgium - Maher Makhloof: Member of the Executive Committee of the Nasserist Party and Member of the Cairo Conference, Egypt - Jeanne de Chantal Van de Cruys: Chairman of the European Committee for Peace and Solidarity with the Iraqi People [ECSI], Belgium - Dr Yaqoub Keswani: Chariman of Hamah Party and Chairman of Third World Economists Society, Jordan - Gilles Munier: Secretary General of the French Iraqi Friendship Organisation, France - Fawaz Zureikat: Chairman of Mariam Appeal, Jordan - Basem Qaqish: Member of the Campaign Against the Occupation and the Sovereignty of Iraq (CEOSI), Spain - Jean-Pierre Lussan: Former Regional Advisor-France/Iraq Brotherhood Association, France - Khalid Omar: Member of the Executive Committee of Arab Youth Club and Journalist, Egypt Carlos Varea: Campaign Coordinator of the Campaign Against the Occupation and the Sovereignty of Iraq (CEOSI), Spain - Loles Olivan: Member of the Campaign Against the Occupation and the Sovereignty of Iraq (CEOSI), Spain - Khaled Bensmain: General Secretary of the Movement for the Democracy of Algeria [MDA], Algeria - The Central Committee of Communist Party of Slovakia, Slovakia Antonio Loche: President of the Italian Institute for Asia, Italy - Dr Mohammed Said Edries: Deputy Manager of Al Ahram Centre for Political &Strategic Studies &Chief Editor of Iran Digest - Elsebaly Hamid: President of Babylon Group &Coordinator of the Cooperation Belo Iraqi Committee, Belgium - Nassr Shamaly: Member of the Arab National Congress and political writer, Syria - Sobhi Toma: President of the Anti War Committee, France - Yves Buannic: Founder and Honorary President of “Enfants du Monde Droits de L’Homme”, France - Tayseer Humsi: Chairman of the Jordanian Arabic Communist Baath Party, Jordan - Mohammed Zayan: Member of the Executive Committee of the Arab National Conference, UK - Bakir Ibrahim: Former Member of the Political Bureau of the Iraqi Communist Party & Political writer, Sweden - Awni Khrais: Member of the National Palestinian Committee of Jordan, Jordan - Jaime Ballesteros: President of OSPAAL (Organisation of Solidarity with the peoples of Africa, Asia and Latin America, SPAIN - Pierre Bercis: President of “Nouveaux Droits de L’Homme”, France - Dr Yousif Makki: Writer and Chief Editor of “Arab Renewal” website, Saudi Arabia - Roser Giros Tomas: Member of the Platform for Liberation &Sovereignty of Iraq [PASI], Spain. - Dr Fouad Elhage: Chairman of the Australian Iraqi Friendship Association and Editor in Chief of Al Moharer, Australia - Izabella Kiraly: President of the Party for Hungarian Interests, Hungary - Akram Humsi: Secretary General of Jajeera Club, Jordan - Pedro Ortiz Sanchez: Member of the Catalan Association of Squads to Nicaragua [ACBN], Spain - Hisham Najdawi: Chairman of the Iraq Universities and Institutes of Graduates Club of Jordan, Jordan - Paul Balta: Writer and Honorary Director of the Centre for Contemporary Oriental Studies, France - Dr Ali Mahafzah: Professor at the University of Jordan and former President of Mut’ah &Yarmouk Universities, Jordan - Sayed Nassar: Journalist and Researcher on Middle Eastern issues, Egypt - Dr. Mezri Haddad: Professor of Political Sciences, France - Edmond Jouve: Professor at René Descartes University, France - Claude Gaucherand: (Contre –admiral en 2ème section), France Mostafa Bakry: Chief Editor of Elosboa weekly newspaper, Egypt - Amaury Couderc: Lawyer, France Nasreddin Baggar: Lawyer, France - Patrick Brunot: Lawyer, France - Maurice Buttin: Lawyer, France - Jean-Pierre Lussan: Lawyer & Regional Councillor, France - Aymeric Chauprade: Academic, France Dr Ahmed El Sawy: Professor at the University of Cairo, Egypt - Yves Stalla Bourdillon: Philosopher and Writer, France - General Talaat Musalam: Director of Al Shaab newspaper, Egypt - Roland Lafitte: Writer &political analyst, France - Mr Hussein Abdel Razak: Academic and Political Writer, Egypt - Mrs Siham Najm: General Secretary of Arabic Net for Adult Education, Egypt - Marisa Elguero: Lawyer, Spain - Abdel Atheem Munaf: President and Chief Editor of Al Mawkef Al Araby magazine &Al Sawt Al Araby newspaper, Egypt - General Maurice Cannet, France - Alice Bséréni: Writer &political analyst, France - Dr Muhammad Musfir: Professor of Political Science at the University of Qatar, Qatar - Pierre Barneoud-Rousset: Retired lecturer, France - Nahed Hatar: Editor and Political Analyst of Arab Al Yayoum newspaper, Jordan - Jean-Loup-Izambert: Investigative Journalist and Writer, France - Ghaleb Fraijat: Academic, editor and Political analyst, Jordan - - Dr Severine Balssa-Stittou: Professor of Political Sciences, France - Brahim Attalah: Chair of the Algerian Association, France Communiqué de presse – Press realise George Galloway, député britannique, a lancé cette pétition pour la libération de Tarek Aziz et de tous les prisonniers politiques, en Irak. La pétition sera largement diffusée afin de recueillir le plus grand nombre de signatures de personnalités influentes. A la fin de l’année, la pétition sera adressée à l’ONU, au gouvernement britannique et au Congrès américain. George Galloway MP has launched this petition today f or the RELEASE OF TARIQ AZIZ and ALL POLITICAL PRISONERS in Iraq. The Petition will be widely circulated, in order to have the greatest number of prestigious and influential signatures. By the end of this year, the petition will be sent to the United Natio ns, the British Government, and the American Congress. 18 Communiqués de presse AMITIES FRANCO-IRAKIENNES 29 AVRIL 2008 : OUVERTURE DU PROCÈS DE TAREK AZIZ et de 7 autres dirigeants irakiens Déclaration de Gilles Munier, Secrétaire général J’ai appris que le procès du Vice-Premier ministre irakien Tarek Aziz s’ouvrira le mardi 29 avril 2008. Il sera jugé ainsi que et de 7 autres dirigeants irakiens, parmi lesquels deux demi-frères de Saddam Hussein, le directeur de la Banque centrale et un ancien ministre des Finances. Alors qu’aucune charge n’était retenue contre lui depuis son arrestation en avril 2003 par les troupes américaines, il est brusquement accusé d’avoir participé - en 1992 - à la décision de pendre 42 commerçants irakiens condamnés à mort pour avoir augmenté le prix de denrées alimentaires tandis que la population souffrait de l’embargo international. Me souvenant de ces événements survenus lors d’un de mes multiples séjours en Irak, je tiens à préciser que le commerce n’était pas du ressort de Tarek Aziz et que l’ordre d’exécuter la sentence n’a pas été pris à son niveau. Le procès étant présidé par le juge Raouf Abdul- Rahman, qui a condamné le Président Saddam Hussein à mort en 2006, il faut s’attendre à une parodie de justice suivie d’exécutions sommaires. Pour commencer, Maître Badie Aref, son avocat, ne pourra pas le défendre. Menacé de mort, il s’est réfugié en Jordanie après que les Américains l’aient prévenu qu’ils n’assureraient plus sa protection. En Irak, cela signifie le risque d’être enlevé, torturé et tué dans des conditions horribles, comme cela a été le cas de Khamis Al- Obeidi, un des avocats du Président Saddam Hussein. Parmi les accusés se trouve Mizban Khidr Hadi, membre du Conseil de Commandement de la Révolution. Je l’ai rencontré à Bagdad, un soir de septembre 1990, pendant la crise dite des otages précédant la première guerre du Golfe. Je lui avais demandé d’intervenir pour la libération de 9 Français dont j’avais remis la liste des noms au Vice-président irakien Taha Yassin Ramadan. Mizban avait fait en sorte que la demande soit étudiée en priorité, faisant placer le dossier sur le haut de la pile des affaires urgentes traitées par Président Saddam Hussein. Ils ont été autorisés à quitter Bagdad quelques jours plus tard. Le procès de Tarek Aziz et des 7 dirigeants irakiens est illégal. Il viole notamment les conventions de Genève de 1949. Qui parmi les chefs d’Etats, arabes ou non, osera condamner cette atteinte portée au traitement des prisonniers de guerre ? Quelles vont être les réactions des personnalités françaises, européennes ou russes qui connaissent bien le Vice-Premier ministre irakien? Auront-elles le courage d’intervenir en sa faveur ? Qu’on ne nous parle surtout pas, concernant la défense de Tarek Aziz, de « solidarité chrétienne ». Elle n’existe pas. L’embargo et la guerre d’Irak ont signé la disparition de cette communauté religieuse dans l’indifférence quasi générale. La libération de Tarek Aziz et des prisonniers politiques irakiens doit être exigée au nom des droits de l’homme. Les dirigeants chiites pro-iraniens et les officiers américains qui se rendraient complices de leur assassinat seront passibles d’une cour de justice spéciale pour crime de guerre. Il faut le leur signifier. Rennes, le 25 avril 2008 19 Commission Liberté et Justice (CEACS) Communiqué : Mettre un terme à l’élimination physique des dirigeants irakiens. Les forces étrangères occupant l’Irak ont enfin trouvé une charge à retenir contre Tarek Aziz،Vice-Premier ministre irakien emprisonné depuis 2003،sans procès ni motif autre qu’appartenant au gouvernement d’un pays conquis . Violant de nouveau les conventions internationales concernant les droits des prisonniers de guerre،les Etats-Unis ont décidé de remettre Tarek Aziz et 7 autres dirigeants irakiens،aux autorités qu’elles ont porté au pouvoir. Leur procès doit s’ouvrir le 29 avril . Comme cela a été le cas lors de la mascarade du procès du Président Saddam Hussein،tout laisse penser qu’ils sont jugés d’avance et qu’ils seront exécutés La Commission Liberté et Justice lance un appel aux responsables politiques européens et arabes،aux organisations internationales،ainsi qu'à la société civile partout dans le monde،pour que soit mis un terme à l’élimination physique des dirigeants irakiens . La Commission Liberté et Justice condamne par avance les décisions que prendra cette cour dite de justice،la considérant illégale et animée uniquement par un désir de vengeance politique . Les prisonniers politiques irakiens doivent être protégés de l’extermination par la communauté internationale respectueuse des droits de l’homme. Ils doivent être libérés . Paris, le 26 avril 2008 20 AMITIES FRANCO-IRAKIENNES Communiqué : Le régime de Bagdad veut confessionnaliser le procès de Tarek Aziz A la veille de la seconde audience du Procès de Tarek Aziz, prévue pour le 20 mai, le juge kurde Raouf Abdel Rahmane a inhumé une nouvelle charge contre le vice-Premier ministre irakien : il l’accuse d’avoir participé à une réunion au cours de laquelle a été décidé d’introduire un hommage au Président Saddam Hussein dans le sermon des mosquées, lors de la prière du Vendredi. Tarek Aziz a précisé qu’étant chrétien, il ne s’est jamais autorisé à décider quoi que ce soit dans les affaires religieuses musulmanes. Rappel : Tarek Aziz n’a jamais mis en avant son appartenance communautaire ou confessionnelle, se considérant comme nationaliste arabe avant tout. Son prénom Tarek lui a été donné en mémoire de Tarek Ibn Ziad, conquérant de l’Andalousie. Les milices chiites pro-iraniennes ont effectué le nettoyage ethnique et confessionnel de la rive gauche du Tigre sans que les troupes d’occupation américaines s’y opposent, tuant, violant et expulsant de leur domicile les habitants sunnites ou chrétiens qui y résidaient. Le tombeau de Michel Aflak – fondateur du parti Baas - , pourtant converti à l’islam, a été profané en 2003 avec l’accord des autorités américaines – il est situé dans la Zone verte - par un commando dirigé, selon des témoignages, par Abou Deraa surnommé plus tard le « Zarqaoui chiite ». Derrière la nouvelle charge retenue contre Tarek Aziz se profile la volonté des pro-iraniens et de leurs alliés de faire des chrétiens orientaux les acteurs d’un complot occidental contre l’islam, vieille accusation conspirationniste remontant à l’époque de l’empire perse safawide. Rennes, le 17 mai 2008 21 Commission Liberté et Justice (C.E.A.C.S) Communiqué : LES AMÉRICAINS VIOLENT IMPUNÉMENT LES CONVENTIONS DE GENÈVE La guerre d’Irak restera dans les mémoires non seulement comme le massacre d’un peuple et d’une culture, mais également comme le viol par la première puissance mondiale de la Charte des Nations unies et des Conventions de Genève. Les prisonniers de guerre irakiens - soit officiellement plus d’une vingtaine de mille, parmi lesquels des femmes et de nombreux enfants – devraient âtre livrés, en juin prochain, par les troupes d’occupation aux autorités pro-iraniennes que les Etats-Unis ont porté au pouvoir. Ce chiffre pourtant énorme ne comprend pas les prisonniers internés dans des prisons secrètes dont le sort est pire que tout ce qui peut être imaginé. La vie d'un grand nombre de ces prisonniers de guerre est en danger, notamment celle des dirigeants irakiens qui ont été torturés dans les prisons américaines et qui risquent maintenant de subir, aux mains des milices pro-iraniennes au pouvoir en Irak, les pires tortures avant d'être assassinés. Le transfert des prisonniers est contraire à l’esprit et à la lettre des Conventions de Genève de 1949 relatives au traitement des prisonniers de guerre. Les Etats-Unis qui veulent se décharger de la garde des prisonniers de guerre irakiens devraient les libérer, ou les remettre à une puissance neutre. Le procès de Tarek Aziz et de 7 dirigeants irakiens - tous prisonniers de guerre - par la soi disant justice irakienne est illégal au regard du droit international. La décision de remettre les prisonniers de guerre irakiens aux milices pro-iraniennes qui se partagent le pouvoir à Bagdad est non seulement illégale mais criminelle et honteuse, car c’est les livrer - en toute connaissance de cause - à la torture et au bourreau. Paris, le 22 mai 2008 22 ARCHIVES Interview de Tarek Aziz (extraits) LA GUERRE DU GOLFE ET L’AVENIR DE LA RÉGION par Paul Balta (Envoyé spécial à Bagdad – Le Monde - 17 août 1982) « Faire éclater les pays arabes existants… » Depuis la décennie 1970, la situation a grandement évolué, les pays arabes devenus indépendants ont atteint un assez bon niveau de développement et nombre d’entre eux sont devenus fort riches grâce, notamment, à l’augmentation du prix du pétrole survenue en 1973. « En 1970, tous les pays arabes réunis n’avaient sans doute pas autant d’ingénieurs que le petit Israël. Aujourd’hui, l’Irak à lui seul met tous les ans sur le marché deux mille ingénieurs, sans parler des techniciens qualifiés », indique Tarek Aziz, vicepremier ministre et idéologue du parti. Il ajoute : « En 1990, notre pays aura vingt millions d’habitants (quatorze actuellement et deux à trois millions de travailleurs immigrés), et son niveau sera comparable à celui de la Roumanie, voire de l’Espagne. A ce moment, Israël n’aura plus la suprématie, sauf sur le plan militaire, et il risque de la perdre, même dans ce secteur, en l’an 2000 ». Cela signifie, selon lui, que la légende du petit David invincible aura vécu, ce qui ne veut pas dire que l’Etat d’Israël disparaîtra « parce que c’est une entité internationale qui bénéficie du soutien des Etats- Unis et de la Diaspora, même si celle-ci se montre moins généreuse que dans le passé ». Pour les Irakiens, cet affaiblissement relatif ou, plus exactement, le renforcement des capacités arabes, empêchera Israël de poursuivre sa politique d’expansion. « Mais, disent-ils, les Israéliens ont fait eux aussi cette analyse, et depuis longtemps, et c’est pourquoi un de leurs objectifs a été, dès le début, de faire éclater la région en de minuscules Etats ethniques et confessionnels parce qu’un Etat juif s’y intégrerait plus facilement et qu’il conserverait la suprématie absolue ». Le schéma de cette « atomisation » serait, en gros, pour les Irakiens, le suivant : trois Etats en Irak, un kurde sunnite au nord, un sunnite arabe au centre et un chiite arabe au sud, trois ou quatre Syries dont un druze, une alaouite et une sunnite ; quatre ou cinq Liban répartis entre maronites et chrétiens, sunnites et chiites ; deux Jordanies, celle des Bédouins et celle des Palestiniens, sans parler de la Cisjordanie annexée par Israël. Quant à l’Arabie Saoudite, il conviendrait de la ramener à la mosaïque tribale qu’elle était avant la création du royaume en 1933, de façon qu’elle n’ait pas plus de poids que le Koweït, Bahrein, Qatar et les autres émirats du Golfe. (…) « Pour ce qui concerne l’Irak, précise M. Tarek Aziz, Israël ne cesse d’affirmer qu’une minorité arabe sunnite domine la majorité chiite et la minorité kurde. C’est oublier qu’un des fondateurs du Baas, M. Michel Aflak, est un chrétien, que les deux premiers secrétaires généraux du part, Fouad El Rikabi et Haem Jawad, étaient des chiites et que le troisième, Kamel Salah El Saadi, était d’origine kurde. » (…) Cela étant, les Irakiens estiment que l’ « atomisation » du Liban établirait l’acte de décès d’un « beau symbole », celui de la coexistence et de la tolérance. « Pour Israël, ajoutent-ils, le Liban n’est pas un champ de bataille mais un laboratoire où il travaille depuis 1970 en cherchant à prévoir les conséquences des différentes combinaisons. » (…) « Pour que le plan d’atomisation réussisse pleinement, affirme M. Tarek Aziz, il faut s’attaquer à la pièce maîtresse du dispositif, l’Irak, seul pays de la région qui possède en même temps l’eau et le pétrole et qui poursuit son développement avec détermination. Il faut donc commencer à ébranler l’Irak et c’est ce à quoi l’on s’emploie depuis plus de vingt ans, mais plus particulièrement depuis l’arrivée au pouvoir en 1966 du parti Baas qui propose un projet arabe socialiste et moderniste. » (propos recueillis par Paul Balta) 23 ARCHIVES Interview de Tarek Aziz (extraits) 8ème année de guerre Iran-Irak : Aux origines du conflit par Gilles Munier - Paris-Bagdad Magazine – septembre 1987 Tarek Aziz : (…) En avril 1980, le chef de l’Etat, Bani Sadr, déclarait que Saddam Hussein lui avait envoyé des émissaires à trois reprise pour lui proposer une médiation entre les deux pays. Avec l’arrogance qui est propre à certains Iraniens, il avait répondu que si l’armée iranienne faisait mouvement vers l’ouest, aucune force de terre ne pourrait l’empêcher d’entrer dans Bagdad. Pour nous, une telle déclaration n’est pas une provocation : c’est une déclaration de guerre. Gilles Munier : Vous pensez réellement qu’il était conscient de la portée d’une telle déclaration ? T.A : Lorsqu’un chef d’Etat menace d’envoyer une armée occuper la capitale d’un autre Etat, c’est plus qu’une provocation,. C’est une déclaration de guerre. Nous n’avons pas réagi, mais nous étions sur nos gardes. Bani Sadr n’est pas un mollah… C’est un homme instruit… Il a fait ses études en France, et y a passé son doctorat. Avant de faire cette déclaration, il avait été ministre des Affaires étrangères. Nous étions en droit de penser que si Bani Sadr disait cela, il exprimait d’une manière plus modérée ce qui était, en fait, le fond de la pensée de Khomeiny. Nous n’avons pas déclaré la guerre à l’Iran à la suite de cette déclaration. Ils ont cru que c’était parce que nous étions faibles ! GM : Les Iraniens avaient donc déjà mis en œ uvre leur programme de déstabilisation de l’Irak… Ils ont organisé des attentats et des sabotages dans notre pays. Ils ont tenté d’assassiner des responsables politiques irakiens. Ils ont incité nos soldats à déserter, ou à s’insurger contre le pouvoir. Finalement, les Iraniens sont arrivé à une première conclusion : le régime au pouvoir en Irak ne s’effondrerait pas sans un conflit entre les armées des deux pays. Ils pensaient en fait, que l’ouverture d’un conflit armé, donnerait la possibilité à l’armée irakienne de retourner ses armes contre le pouvoir qui la dirigeait. Ils se berçaient d’illusions, encore une fois. Mais, cette attitude prouve bien qu’ils oeuvraient pour la guerre. G.M : Finalement, l’Iran et l’Irak sont entré en guerre. Qui a commencé ? Pour nous la guerre a débuté le 4 septembre 1980, date à laquelle les Iraniens ont pilonné nos villes frontières avec leur artillerie lourde. C’était une déclaration de guerre. Si certains disent que cela n’en était pas une, je me demande ce qu’il leur faut ! Imaginez que l’Union soviétique tire un seul missile sur la France. Croyez vous que ces personnes oseraient parler d’autre chose que d’une déclaration de guerre ? Combien de bombes faut-il à ces gens là pour que l’on puisse parler de guerre ? Le gouvernement iranien avait manifesté son hostilité à notre égard, son chef d’Etat avait menacé d’occuper Bagdad, l’armée iranienne bombardait nos villes, des heurts étaient signalés aux frontières, la navigation dans le Chatt el Arab était menacée. Et, vous croyez que cette situation n’est pas la guerre ? Il aurait fallu peut être que nous attendions qu’ils soient aux portes de Bagdad ? La Grande-Bretagne a déclaré la guerre à l’Allemagne lorsque les troupes de ce pays ont pénétré en Pologne…. Les Etats-Unis sont entré en guerre sans avoir jamais été directement attaqué sur leur propre territoire… Alors que l’Iran bombardait nos villes, demandait nos têtes… De quel droit peut on parler de provocation après de tels agissements ? (…) (propos recueillis par Gilles Munier) Comité pour la libération de Tarek Aziz et des prisonniers politiques irakiens 7, rue de Sarzeau – 35700 Rennes - France Courriel : [email protected] Site : http://libertarek.blogspot.com 24