Consommation des drogues de synthèse et étendue du problème
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Consommation des drogues de synthèse et étendue du problème
Consommation des drogues de synthèse et étendue du problème avec un accent sur les conséquences médicales *) Noms des auteurs: Jean-Sébastien Fallu1,2,3 et Jürgen Rehm1,2 Institution(s): 1Institut für Suchtforschung, Zürich, Suisse 2 Center for addiction and mental health, Toronto, Canada 3 Université de Montréal, Montréal, Canada Résumé Ce texte vise à décrire la prévalence de la consommation des drogues de synthèse en Europe en portant un regard particulièrement attentif à la situation qui prévaut en Suisse, en Allemagne, en Italie et en France. La prévalence de consommation de ces drogues demeure relativement faible dans la population générale (1 à 3 %), mais assez élevée dans les cultures techno-rave (20 à 50 %). De façon générale, la consommation est stable ou en augmentation et indique quelques tendances à surveiller. En terme de conséquences médicales on voit qu’elles sont souvent inconnues, principalement bénignes ou dues à l’interaction avec l’environnement ou la prise d’autres drogues. Enfin, il est recommandé d’éviter de « démoniser » le phénomène et de mettre en place ou de consolider les actions de réduction des méfaits et d’intervention en milieu festif, le monitoring et l’analyse de substance tout comme poursuivre la recherche et traiter principalement le problème comme relevant de la santé plutôt que de la sécurité publique. Key Words: Synthetic drugs, Europe, prevalence, risk factors, health, harm, prevention 1. Introduction Ce texte vise à décrire la prévalence de la consommation des drogues de synthèse en Europe en portant un regard particulièrement attentif à la situation qui prévaut en Suisse, en Allemagne, en Italie et en France. L’article brosse aussi un portrait des différents profils de consommations observés, de l’étiologie de la consommation de drogues de synthèse et des conséquences de leur consommation. Enfin, quelques brèves recommandations sont émises en guise de conclusion. 2. Déroulement de l’étude/Méthode Cette étude émane d’une recension des écrits et ne comporte donc pas d’information pour cette section. Soulignons simplement qu’en plus de la « littérature grise » et des rapports gouvernementaux sur le sujet, les bases de données Psychinfo©, Medline© et Embase© ont été interrogées avec l’aide de plusieurs mots-clés synonymes de « drogues de synthèse », « prévalence », « facteur de risque » et « conséquences ». 3. Résultats 3.1. Définition Les drogues de synthèse sont considérées comme étant des substances synthétisés de toute pièce par l’humain et qui ne consiste pas en une transformation d’une molécule existant naturellement. Voici par exemple les substances que nous avons considéré comme tel: 3,4Méthylmétilènedioxyméthamphétamine (MDMA, Ecstasy, X, E, Adam, Love, etc.), amphétamine et méthamphétamine (Speed, Crystal, Crys, Jib, Meth, etc.), kétamine (Kit-Kat, *) Ce projet a été soutenu par le contrat de recherche 03.001065 / 2.24.02.-234 (Projekt 02.001452 / Wissenstransfer Sucht) de l’Office fédéral de la santé publique. Special K, etc.), gamma-hydroxybutyrate (GHB, G, Liquid ecstasy, Griveous Bodily Harm, etc.), 2-CB (Nexus), 4-PMA, LSD, PCP et Rohypnol. 3.2. Prévalence dans le monde et en Europe La consommation de drogues de synthèse est devenu un phénomène planétaire. Les amphétamines et l’ecstasy se situent respectivement au 2ième et 3ième rang des substances illégales les plus consommées dans le monde (dépasse la cocaïne, l’héroïne et le LSD). Selon la méthode de mesure utilisée, la prévalence de consommateurs d’ecstasy dans le monde varie entre 1 % et 10 % chez des populations de jeunes non ciblées et entre 20 % et 95 % dans des populations de jeunes ciblés. La consommation à vie, en 2000-2001, concerne environ 1 % de la population mondiale de 15 ans et plus, ce qui représente environ 40 millions de personnes. L’ecstasy compte pour 2 % de ce nombre. Au cours de la dernière décennie, cette consommation a généralement continué d’augmenter sans égard à l’âge, au genre, à la nationalité ou au revenu et ce surtout dans les pays où ces substances sont facilement accessibles (amph. : 40 % et ecstasy 70 % d’augmentation) et existe dans pratiquement tous les pays de l’UE (ODCNU, 2003). On note aussi un passage d’ « ouest en est ». Bien que la consommation d’ecstasy et de STA ait continué d’augmenter presque partout, il existe des différences parfois importantes d’un pays à l’autre. Les pays où la fréquence de consommation d’ecstasy est la plus élevée sont l’Angleterre, les Pays-Bas et l’Espagne. La consommation d’ecstasy a augmenté dans sept pays de l’ouest et 10 de l’est, est stable dans cinq pays de l’ouest et 1 de l’est et a diminué dans un pays de l’ouest et aucun de l’est. Quant aux amphétamines, leur consommation a augmenté dans quatre pays de l’ouest et trois de l’est, est stable dans six pays de l’ouest et quatre de l’est et est en diminution dans deux pays de l’ouest et quatre de l’est. 3.3. Prévalence en Suisse Les données sont plutôt rares en Suisse. La très grande majorité des étudiants de 15-16 ans ont entendu parlé de l’ecstasy (80,9 % des garçons et 87,8 % des filles), mais seulement une minorité l’a déjà utilisé (1,5 % des garçons et 1,4 % des filles). L’ecstasy est particulièrement associée à une image de dangerosité. Par ailleurs, plus de 14 % des jeunes croient que l’ecstasy est très ou assez facile à obtenir. Ces chiffres ne signifient toutefois pas qu’il n’existe pas de marché de vente d’ecstasy, surtout pour les jeunes plus âgés dans la scène techno-rave (voir Fallu, Rehm et Zähringer, 2003). 3.4. Prévalence dans les pays limitrophes (Allemagne, France et Italie) Allemagne: Chez les 18-59 ans, la consommation d’amphétamines et d’ecstasy à vie semblent stable actuellement à 2,3 et 1,6 % respectivement alors que chez les 15-34 ans, la prévalence à vie d’ecstasy augmente et est actuellement près de 3,7 %, alors que celle d’amphétamine est stable actuellement près de 3,4 %. Chez les ravers, la consommation à vie d’ecstasy, d’amphétamines et de LSD varierait entre 40 et 50 % (voir Fallu et al., 2003). France: Les 15-64 ans rapportent une consommation à vie d’ecstasy et d’amphétamine stables à 0,9 et 0,4 % respectivement, alors que les 15-34 ans rapporte une consommation d’ecstasy qui augmente actuellement à 1,9 % et d’amphétamine qui est stable à 0,1 % (voir Fallu et al., 2003). Italie: La consommation d’ecstasy et d’amphétamine à vie en Italie chez les 15 ans et plus est de 0,1 % et 0,3 % respectivement. Chez les 15-34 ans, ces proportions sont de 2,9 % et de 1,7 %. Chez les jeunes étudiants de 15-16 ans, la consommation d’ecstasy a diminué il y a quelques années, mais augmente actuellement à 2,7%, même chose pour les amphétamines à 2,6 % et le LSD à 3,0 %. Enfin, les ravers rapportent des prévalence de consommation à vie de 20 à 30 % prévalence à vie de d’ecstasy, d’amphétamines et de LSD (voir Fallu et al., 2003). 3.5. Profils et tendances D’un point de vue sociologique, trois types de consommateurs d’ecstasy ont été identifiés : The Dancer qui est motivé par la danse en soi, The Seeker, qui est motivé par les expériences nouvelles et la spiritualité et The Hedonist qui est motivé par la quête du plaisir. Généralement, les profils d’utilisation d’ecstasy tendent à montrer que celle-ci est rarement associée à une dépendance, mais que les usagers sont très souvent des poly consommateurs et quelques-uns uns progressent vers un usage problématique, la majorité des consommateurs cessant leur consommation de manière totalement spontanée dans la vingtaine. Les amphétamines et les méthamphétamines, souvent indifférenciées au niveau de la rue, sont plus fréquemment associées à un usage lourd et sont souvent injectées, prisées ou fumées. Heureusement, cette route d’administration de la drogue s’est accompagnée d’une diminution de son injection. En terme de poly consommation, outre celle involontaire occasionnée par la prise de pilules adultérées, les consommateurs de drogues de synthèse sont très peu à ne pas avoir consommé d’autre substances illégales et sont très nombreux à consommer des substances simultanément, ou en séquence, pour améliorer, contrôler ou encore complémenter les effets de chacune des drogues. Les substances les plus souvent prises avant ou après l’usage d’ecstasy sont le cannabis, l’alcool, les amphétamines, la cocaïne, les hallucinogènes et 34,5 % prennent deux autres substances en plus de l’ecstasy lors d’un épisode de consommation (voir Fallu et al., 2003 ; ODCNU, 2003). Les développements récents montrent une diversification des produits et des contextes d’utilisation. La consommation ne se retrouve pas seulement dans les scènes et événements techno-rave. Et généralement, différentes sous-cultures techno-rave peuvent présenter différents profils de consommation (ODCNU, 2003). Une tendance alarmante, à cause des risques pour la santé qui lui sont associés, identifiée entre autre en Australie et en Angleterre, consiste à consommer l’ecstasy par voie intraveineuse (Gowing et al., 2002; Olin & Plaisait, 2003). On identifie aussi une augmentation du nombre de pilules consommées en un épisode de consommation et une diminution de la quantité de MDMA jumelée à une augmentation d’amphétamine contenue dans les comprimés d’ecstasy ainsi qu’un déplacement de la consommation vers les amphétamines dans certains cas et vers le LSD et les champignons dans d’autres cas. L’alcool, qui était relativement absent jusqu’ici dans les fêtes techno, se retrouve maintenant sous forme de cocktail et de bière. Et la clientèle serait aussi de plus en plus jeune (voir Fallu et al., 2003). 3.6. Facteurs de risque Encore très peu d’études ont tenté d’identifier les facteurs de risque de l’usage des drogues de synthèse et encore moins de leur abus ou dépendance. Cependant, au-delà des facteurs de risque généralement reconnus en terme de consommation de drogues illicites, quelques études ont identifié les facteurs sociodémographiques, interpersonnels et individuels suivants: genre masculin (souvent n.s. en multivarié cependant), caucasien, faible religiosité, scolarité élevée de la mère, niveau socioéconomique plutôt élevé, citadins, consommation dans la famille, consommation chez les pairs, consommation antérieure et consommation d’autres substances psychotropes, fréquentation des événements techno, perception de contrôle, attitudes favorables envers la consommation, perception de la norme de consommation, rendement scolaire élevé, mais absentéisme et échec scolaire, homo- ou bisexualité, nombre élevé de partenaires sexuels, déviance et problèmes de santé mentale. Certains auteurs soulignent aussi l’importance de certainse fonctions attribuées à l’usage pour en prédire les patterns de consommation (voir Fallu et al., 2003). 3.7. Conséquences médicales Concernant l’ecstasy, les conséquences psychiatriques potentielles identifiées incluent la persistance de troubles de l’humeur, l’anxiété, les problèmes mnémoniques, les problèmes d’attention et de sommeil et l’impulsivité (Montoya et al., 2002). Une étude a démontré que la sévérité des conséquences serait reliée au niveau de consommation (Parrott et al., 2002). Tout au plus, cependant, l’ensemble des études montrent que si de véritables conséquences pour la cognition (mémoire et attention) existaient, elles seraient subtiles et n’atteindraient pas des niveaux pathologiques (Concar & Ainsworth, 2002). Au niveau neurologique, malgré une reconnaissance générale de l’existence d’une toxicité sérotoninergique potentielle, une récente étude vient même remettre en question cette idée (Kish, 2002) et malgré 20 ans de recherche, les mécanismes de cette toxicité potentielle sont toujours inconnus (Lyles & Cadet, 2003). Par ailleurs, contrairement à l’information qui circule encore trop souvent, aucune toxicité dopaminergique n’a été identifiée à ce jour (voir Ricaurte et al., 2003). Au niveau physiologique toutefois, l’évidence de conséquences de la consommation est mieux documentée. En effet l’ecstasy même pure peut provoquer une hémorragie cérébrale, un infarctus, des problèmes valvulaires cardiaques, une hypertension pulmonaire, une hyperthermie, une hépatotoxicité, une hyponatrémie (pénurie de sels dans le sang) et une rétention urinaire (Cole & Sumnall, 2003). Cependant, ces conséquences ne sont que peu prévalentes. Enfin, une conséquence physiologique plus grave et extrême concerne les décès. En effet, 27 ont été recensés en 2000 en Angleterre, le nombre le plus élevé de l’Union Européenne. Plusieurs de ces décès sont conséquent à l’interaction avec des facteurs environnementaux et auraient facilement pu être évités. Malgré ces décès, les risques de mourir suite à la prise de solvants, d’anti-douleurs, de cocaïne (2X) et d’héroïne (20X) sont encore plus élevés et beaucoup des décès sont dus au contexte de consommation. Même le ski de descente tue plus de personne (Concar & Ainsworth, 2002). Contrairement au MDMA, les amphétamines et les méthamphétamines ont démontré une toxicité plus accrue à plusieurs niveaux, principalement neurotoxique. En effet, il semble qu’elles peuvent beaucoup plus facilement induire la dépendance et même la psychose. De plus, la consommation d’amphétamine est associée à un profil d’usage favorisant souvent une consommation excessive suivie d’une descente caractérisée par de l’anxiété, l’agitation et la dépression. Les effets somatiques dans le cas des amphétamines sont en grande partie similaire à ceux de l’ecstasy ou sont reliés aux modes d’administration nasal et intraveineux. Les amphétamines semblent aussi être surtout toxiques dans un environnement chaud et pendant l’activité prolongée qui augmentent les risques de déshydratation et d’hyperthermie, donc de décès. Encore, la consommation d’amphétamines peut aussi provoquer des ulcères et des problèmes dentaires (à cause du bruxisme), des maux de tête, des nausées, des vomissements, une vision floue et des mouvements répétitifs. Quant à ceux qui utilisent l’injection pour s’intoxiquer, ils s’exposent aux mêmes risques associés à la consommation de drogues par voie intraveineuse, c’est-à-dire l’exposition aux virus de l’hépatite C et du SIDA. Pour ce qui est de l’usage nasal, il peut trouer les voies nasales ou occasionner une rhinite chronique. Des doses très élevées peuvent aussi provoquer une tachycardie, des convulsions, des coups de chaleurs, le coma et la mort. Cependant, soulignons que la consommation non intraveineuse d’amphétamine est très rarement associée à des décès. Les effets déplaisants de la descente peuvent aussi pousser l’individu à consommer une autre drogue pour en alléger les effets déplaisants, ce qui peut évidemment augmenter les risques de problèmes physiologiques. Enfin, contrairement à l’ecstasy, il est clairement démontré que des doses élevées (particulièrement de méthamphétamine) sont toxiques pour les neurones dopaminergiques, et dans une moindre mesure, pour celles sérotoninergiques (Griffiths et al., 1997; ODCNU, 2003). Finalement, pour ce qui est des conséquences psychiatriques de la consommation de LSD, des attaques de panique et des bad trips sont souvent rapportés. Généralement, ces effets ne persistent pas dans le temps, mais peuvent prendre la forme d’un syndrome de stress post traumatique pour certains individus. L’usage chronique peut être suivi d’une dépression sévère et de tentatives de suicide ou pourrait déclencher un épisode psychotique. Cependant, il est tout à fait possible que de tels désordres existent déjà chez les individus avant la consommation. D’autre part, la consommation de LSD peut augmenter les comportements à risque et les risques d’accident. Par ailleurs, il peut créer une ataxie, des crampes musculaires, des accidents/suicide (comme se jeter en bas d’un bâtiment en croyant que l’on peut voler, ce qui est toutefois très rare). Dans toute l’histoire de la consommation de cette substance, un seul cas d’overdose a été documenté, et ce suite à l’injection d’une dose importante. Quelques rares cas de convulsions et d’hyperprexie ont aussi été rapportés. Enfin, le LSD ne semble présenter aucune neurotoxicité (Griffiths et al., 1997). 3.8. Conséquences sociales Très peu de connaissances spécifiques aux drogues de synthèse existent en terme de conséquences sociales, mais il est possible de souligner la judiciarisation, les pertes d’emploi et de productivité et la désocialisation (voir Fallu et al., 2003). 3.9. Mise en garde Malgré toutes les conséquences potentielles soulignées précédemment, plusieurs limites importantes existent en ce qui concerne les études portant sur les effets du MDMA (Cole et al., 2002; Grob, 2002; Kish, 2002). D’abord, il est éthiquement impossible de procéder à un devis expérimental avec assignation aléatoire. Ensuite, les individus affirmant avoir consommé de l’ecstasy n’ont que très peu de certitudes face à cette affirmation et plus de 95% d’entre eux consomment aussi d’autres drogues volontairement. Par ailleurs, plusieurs études examinent des sujets volontaires qui peuvent êtres différents des autres consommateurs et très peu d’études tiennent compte des différences initiales entre les usagers et non usagers. Aussi, la quantité de drogue consommée est très difficile à estimer tout comme il est presque impossible de tenir compte du fait que les consommateurs d’ecstasy ont, en plus d’avoir consommé cette substance, eu des périodes prolongées d’absence de sommeil et une altération de leur cycle de consommation de nourriture. Enfin, la recension des écrits à ce sujet reste toujours incomplète à cause du problème du publication bias (non publication des études à résultats négatifs). 4. Discussion Bien que semblant se stabiliser dans certains pays, la consommation des drogues de synthèse semble bien ancrée dans les mœurs et les différents indices disponibles laissent présager une stabilisation et une diversification de l’usage de ces drogues. Ainsi, il apparaît essentiel d’investir adéquatement dans les systèmes de surveillance pour continuellement se mettre à jour concernant les nouvelles tendances. Sachant que l’ecstasy sort du rave par exemple, des interventions à l’extérieur du cadre de ces événements peuvent être envisagées. Enfin, étant donné l’échec évident des mesures répressives à empêcher la croissance de la consommation, il semble peu probable que nous soyons capables d’endiguer la consommation. Mais il semble tout à fait possible que nous puissions en réduire les conséquences négatives, celles-ci étant souvent évitables. Il faut donc investir dans les programmes de réduction des méfaits. Évidemment, il faudra évaluer l’efficacité de ces initiatives, mais il faudra aussi s’entendre sur les critères d’évaluation de cette efficacité. Que voulons nous prévenir au juste ? Quels sont les méfaits les plus graves et comment les prévenir efficacement ? 5. Conclusions La position politique la plus éthique est de réduire les conséquences négatives de la consommation tout en augmentant les standards nécessaires pour assurer une crédibilité aux études scientifiques (Grob, 2002). Un élément très important est aussi d’éviter les incohérences (interministérielle, inter acteurs, etc.) qui fomentent l’épine dorsale de toute politique ou intervention en matière de drogue. Peu importe le message envoyé, il se doit d’être clair et cohérent. La prévention en milieu festif avec des messages et supports adaptés à la clientèle et aux objectifs visés (e.g. Eve & Rave) est un autre élément d’importance à mettre en œuvre. Les systèmes de surveillance et l’analyse de substance (avec étude évaluative) doivent aussi être mis en place et soutenus. Il y a aussi encore beaucoup à faire en terme de recherche, autant au niveau de la recherche étiologique, biologique, clinique qu’épidémiologique. Enfin, il faut envisager la dépénalisation de l’usage à moyen terme et systématiser, en attendant, les peines alternatives à l’incarcération pour l’usage de drogues. L’usage de drogue et la toxicomanie sont davantage des problèmes de santé publique que de sécurité publique. 6. 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De plus, deux articles scientifiques sont prévus pour publication. 8. Impact Même si les résultats du rapport ont suscité un intérêt considérable, nous ne sommes pas en mesure de déterminer si les recommandations exprimées mènent présentement à un changement de comportement. Adresse pour correspondance: Jean-Sébastien Fallu Institut für Suchtforschung Konradstrasse 32, Postfach CH - 8031 Zürich [email protected]