En Belgique, la Loi est simple, claire et sans ambages : le travail des

Transcription

En Belgique, la Loi est simple, claire et sans ambages : le travail des
La lutte contre le travail des enfants.
En Belgique, la Loi est simple, claire et sans ambages : le
travail des enfants est interdit. La scolarisation est un
facteur d’émancipation et d’amélioration des conditions de vie
trop importante pour être empêchée. Dans le monde cependant,
il y a près de 215 millions d’enfants qui travaillent, selon
le Bureau International du Travail. L’abolition effective du
travail des enfants reste l’un des plus urgents défis de notre
époque, ainsi que le relève le BIT.
Dès 1889, en Belgique, le Législateur a pris des dispositions
réglementaires afin d’interdire le travail pour les enfants de
moins de 12 ans et par la suite à tous les enfants en âge de
scolarité à temps plein (15 ans). Aujourd’hui, des modalités
sont venues compléter ces dispositions. L’interdiction reste
générale, mais des activités qui rentrent dans le cadre de
l’éducation ou qui sont exceptionnelles sont
toutefois
1
permises . Il en va ainsi d’un nombre limité de participations
à des manifestations à caractère culturel, scientifique,
éducatif ou artistique. Mais il reste avant tout interdit de
faire ou laisser exercer des activités qui peuvent avoir une
influence désavantageuse pour le développement pédagogique,
intellectuel ou social de l’enfant ou qui mettent en danger
son intégrité physique, psychique ou morale. Les conditions de
travail y sont strictement encadrées et des règles spéciales
s’appliquent pour les rémunérations. En bref, un dispositif
réglementaire est mis en œuvre pour éliminer autant que faire
se peut les dérives d’une utilisation des enfants dans le
circuit de production. Les pires formes du travail pour les
enfants sont sans doute généralement évitées pour la plupart
en Belgique.
Dans le monde, chaque année, la journée mondiale des enfants
est célébrée. Elle nous rappelle que la réalité du travail des
enfants dans le monde est malheureusement loin de la réalité
belge. 215 millions d’enfants travaillent et 115 millions de
ceux-ci sont exposés aux pires formes de travail définies dans
la Convention 182 de l’OIT sur les pires formes du travail des
enfants. Il en va par exemple de la servitude pour dettes,
l’esclavage, la production et le trafic de stupéfiants ou
l’engagement dans un conflit armé.
Le travail des enfants freine le développement d’un pays. Il
entretient le cycle de la pauvreté. Comme l’a rappelé Marie
BUKURU de la FNTT-COSYBU, au Burundi, un de nos partenaires du
1
Voir SPF Emploi, Travail et Concertation sociale, Clé pour la réglementation du
travail des enfants, 2009.
Sud, si l’accès à l’enseignement public obligatoire est
gratuit, la grande pauvreté pousse les enfants à travailler.
Le travail législatif doit alors aussi se poursuivre pour les
nombreuses pratiques de mise au travail des enfants qui
restent impunies.
Le message du dernier rapport global du plan d’action mondial
de l’OIT2, le troisième, offre un bilan global plutôt mitigé.
Des tendances positives se poursuivent. 172 Etats parties ont
ratifié la Convention 182 sur les pires formes du travail des
enfants. Dans la tranche d’âge des 5-14 ans, le travail des
enfants a baissé de 10% et le travail dangereux de 31%. Les
filles en âge de scolarité travaillent moins (-15 %).
Toutefois, la situation s’est aggravée pour les 15-17 ans qui
ont atteint l’âge légal de travail et qui sont employés dans
des conditions dangereuses (+20%). A ce rythme par trop
modeste, l’objectif 2016 d’élimination des pires formes de
travail des enfants ne pourra pas être atteint.
Cette année 2010, à La Haye, une conférence internationale
tripartite a adopté une feuille de route pour atteindre
l’objectif 2016 en mettant l’accent sur l’importance d’actions
sectorielles (agriculture et service) et dans l’économie
informelle en générale.
Si l’indifférence et le déni ne sont plus possibles,
l’engagement reste un indispensable corollaire. Des actions
complémentaires
doivent
être
entreprises
pour
renforcer
l’accès à l’éducation de base pour tous, instaurer un socle
universel de protection sociale et promouvoir des politiques
d’emploi productif pour ne pas devoir contraindre les enfants
à travailler. Impliquer les partenaires sociaux reste alors
ici l’assurance d’une mise en œuvre concrète, suivie et
efficace. Le dialogue social est un instrument de progrès.
Depuis 20 ans, le programme IPEC de l’OIT est le référent
mondial pour un soutien des efforts entrepris pour éliminer
toutes les formes de travail des enfants. Il est opérationnel
dans 88 pays avec un budget dépassant les 60 millions de
dollars en 2008. Ces efforts peuvent également être renforcés
dans le cadre d’un dialogue syndical Nord-Sud.
Enfin, ce n’est pas la crise mondiale, économique et sociale
actuelle qui doit ralentir les efforts globaux. Plus loin
même, une éducation universelle d’ici 2015 est un Objectif du
Millénaire qui repose sur l’abolition du travail des enfants
et vice-versa. Un monde sans travail des enfants, c’est un
monde qui éduque la société des travailleurs de demain et les
acteurs d’un développement réellement durable.
2
BIT, Intensifier la lutte contre le travail des enfants, Rapport Global en vertu
du suivi de la Déclaration de l’OIT relative aux principes et droits fondamentaux
au travail, 2010.

Documents pareils