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EXTREME 14-17 Pipin-Cameron 21/11/03 8:22 Page 2 Pipin : Nouveau Record d’Apnée No Limit à -170m, filmé par James Cameron L’apnéiste Pipin a établi un nouveau record mondial d’apnée No Limit à –170 mètres, lors de l’Operation Audrey, filmé par le célèbre cinéaste James Cameron, auteur entre autres de “Titanic” et “Abyss”. Il prépare actuellement le film « The Dive », sur l’histoire de pipin et d’Audrey, disparue l’an dernier lors d’une apnée record à -170m. ctobre 2003,Cabo San Lucas,sur la côte pacifique du Mexique. -163 mètres. Une minute déjà que j’attends sur la plateforme qui leste le cable de Pipin. Habituellement, il fait nuit noire à cette profondeur. Mais aujourd’hui, comme sur la plongée précédente, j’y vois comme en plein jour, éclairé par les spots ultra puissants d’un sous marin ! Dans la bulle, le pilote et son co-pilote, qui n’est autre que James Cameron, réalisateur entre autre d’Abyss, Titanic, True Lies, Les Fantômes du Titanic et l’un des films Alien ». Là, évidemment, c’est plutôt ambiance Abyss ! Nous sommes dans un Canyon parfois étroit, dont les parois sont dangereusement proches (5 mètres au sonar du sous marin !), surtout quand la plateforme bouge un peu trop! Lors d’un précédent record à Cabo, Pipin s’était d’ailleurs arraché une manche de la combinaison en raclant la paroi à la remontée. Pour O 14 ces dernières plongées, nous avons changé la place de la barge en surface et un sous marin vérifie la situation au fond avant la plongée, histoire d’éviter les mauvaises surprises. Pour l’instant, je fais des signes pour rassurer James et son pilote, toujours inquiets pour Hubert et moi. John, le frère de James Cameron, qui supervise les opérations en surface, pourtant un ancien “Marine”, nous a surnomés Crazy 1 et Crazy 2 (fou 1 et 2: qui est le 1 ou le 2 ?). J’entends alors Hubert qui signale à Pipin qu’il passe à son niveau (-130 mètres) en frappant contre sa bouteille avec une clé à mollette, afin qu’il commence à freiner en mettant un peu d’air dans le ballon. Quelques secondes,j e le vois arriver, rapide et silencieux. Il touche le disque, qui pendule fortement de droite à gauche. Le sous-marin qui filme à quelques mètres seulement doit reculer rapidement pour éviter toute collision. Le temps de réaliser et Pipin commence déjà à remonter. J’amorce donc tranquillement mon ascension, suivi de près par le Deep Rover. James Cameron et son pilote ont été durant toutes les parties profondes de nos plongées de vrai «nounous». Très soucieux de notre sécurité, du bon déroulement de notre remontée et de notre décompression. Un vrai plaisir pour nous, pourtant habitués à la solitude de nos plongées autonomes en grotte ! Dès notre première rencontre, James Cameron nous a simplement demandé comment nous plongions et comment nous voyions la cohabitation avec les sous marins et le ROV. Nous n’avons pas caché une certaine appréhension. Beaucoup de questions se posaient sur la maniabilité des Deep Rover et celle du gros ROV supposé filmer l’intégralité de la descente et de la remontéee de Pipin en vitesse réelle, soit moins de 2 minutes 39 secondes pour descendre à –170 mètres et remonter. Quand on sait que la visibilité se OCTOPUS N°46 - décembre 2003/janvier 2004 Pip dé qu au mo cam Ca 14-17 Pipin-Cameron 21/11/03 8:22 Page 3 ROV a été abandonné. Puis nous avons plongé avec un sous marin, puis deux. Et là, la crainte de plonger à proximité de ces deux monstres s’est métamorphosée en joie pure et simple, et même plus ! D’abord nous avons été très agréablement surpris par l’extraordinaire maniabilité de ces engins et la compétence des pilotes . Ensuite par leur préoccupation constante de ne pas nous nuire ou même nous géner par leurs Pipin juste avant le départ. Dans quelques minutes, il aura battu le record mondial, devant les caméras de James Cameron réduisait parfois à quelques mètres et qu’on doit s’éloigner du cable pour laisser Pipin passer à toute vitesse, se retrouver pris entre ces deux ascenseurs ultra rapides, éloignés de seulement quelques mètres, ne nous disait rien qui vaille... James nous a donc écoutés avec beaucoup d’attention, pris des notes, demandé des croquis pour être sûr de ne rien laisser au hasard et affirmé qu’il ne ferait rien qui puisse nuire à notre sécurité. C’était inespéré et pour tout dire presque douteux. Il a tenu parole au délà de toute espérance. Après quelques tests en grandeur nature et malgré l’investissement énorme qu’il représentait, l’usage du lumières ou mouvements. Ils ont été jusqu’à nous mettre des bouteilles de sécurité en cas de pépin dans le panier de prélèvements à l’avant du sous marin. Je vous le disais, de vrais nounous ! Le seul fait d’avoir des amis à quelques mètres, près à intervenir, a été un énorme réconfort, d’autant plus que nous avions élaboré ensemble plusieurs plans d’assistance en cas de problème. Comme par exemple rechercher au sonar un plongeur profond (pas difficile avec 4 ou 5 bouteilles chacun, les masses métalliques représentant des cibles de choix) ayant perdu le cable, puis le raccompagner sur le cable et/ou éventuellement lui procurer une bou- OCTOPUS N°46 - décembre 2003/janvier 2004 teille de gaz pour continuer la remontée. Ainsi, à chaque plongée au moins un sous-marin me surveillait au fond tout en filmant Pipin, ce qui était le but premier, puis durant toute la remontée jusqu’à la zone des premiers paliers (zone des 100 à 60 mètres) et des premières bouteilles de décompression. Ensuite, dès que possible, le Deep Rover remontait lentement vérifier le bon déroulement de la décompression d’Hubert. C’est seulement après quelques aller-retours entre nous deux et la certitude que tout était OK, que le submersible regagnait la surface, laissant la place aux plongeurs de sécurité. A –50/-60 mètres, un petit coucou trés rapide de Guido, photographe et cameraman de l’équipe. 30/-40 mètres, visite de Marine, une sympathique française vivant sur place sur un magnifique voilier de 16 mètres et travaillant comme monitrice de plongée pour Tio, le «sponsor» plongée de Pipin sur Cabo. Elle était chargée de la gestion de notre sécurité. Ensuite, plus près de la surface les apnéiste prenaient la relève. Tata, cubain ami d’enfance de Pipin, ancien triathlète de haut niveau et chasseur sous marin professionnel au Mexique, chargé de la sécurité de Pipin. Il vient nous voir parfois jusqu’à –50 mètres. Son record en Cenote se situant bien plus profond... Kim Mac Coy, californien parlant une dizaine de langues différentes, est ingénieur océanographe, président d’Ocean Sensor, la firme qui fabrique la sonde océanographique vérifiant très précisément la profondeur des records de Pipin. A plus de 50 ans, Kim descend tranquillement à –20/30mètres, prend des nouvelles, me donne une banane, une bouteille d’eau, puis remonte avec une bouteille de décompression vide ! Depuis des années, les compétences et le dévouement de Tata et de Kim n’ont d’égal que leur gentillesse, sur tous les records de Pipin ou d’Audrey. La plongée d’aujourd’hui termine la série de plongées d’entrainement avec la gueuse. Une demi-douzaine en tout entre –100 et –163 mètres, entre Miami et Cabo, sur deux semaines. Mais depuis plusieurs mois déjà, Pipin s’entraine particulièrement sérieusement. Quotidiennement. Course à pieds, musculation ou chasse sous marine (son premier métier et sa passion de toujours) pendant des heures jusqu’à –40/-50 mètres. Tata, son compagnon d’entrainement, affirme qu’il n’a jamais vu Pipin autant en forme. Un peu plus tard, de retour à l’hôtel, Pipin me confiera lui même que ce jour-là, sur cette descente plus profonde d’un mètres qu’à Cozumel (162 mètres en 2000), il avait eu d’excellentes sensations dans l’eau, peut-être la meilleure plongée de sa carrière... Le record prévu deux jours plus tard s’annonçait plutôt bien. Le dimanche donc, en début d’après midi, tout le monde s’est trouvé réuni une dernière fois pour l’Opération Audrey, en l’honneur et en la mémoire d’Audrey Mestre-Ferreras, l’épouse de Pipin, décédée un an plus tôt lors d’une plongée No limit à –170 mètres, en République Dominicaine. A l’entrainement, quelques jours plus tôt, elle avait été la première apnéiste au monde à atteindre la profondeur de –166, puis de –170 mètres, à l’entrainement, mais avec trois profondimètres, un cable mesuré selon les règles et de nombreux témoins à la surface et dans l’eau (jusqu’à –170 mètres). Le record avait donc été homologué à titre posthume par l’International Assiociation of Free Divers. Le but de Pipin, ce jour là, en toute humilité, était donc tout simplement d’égaler l’incroyable performance d’Audrey. Ambiance des grands jours, mer calme et temps ensoleillé. Les deux équipes s’affairent, chacune sur sa barge. Cameron dirige les opérations, filme lui même un maximum de choses. Pipin, de son côté vérifie les derniers détails techniques, puis se met dans un coin et commence à se concentrer. Avec Hubert et Marine, l’habitude aidant, nous sommes prêts assez vite. La ligne de décompression reste en surface pour éviter les risques d’emmêlage avec le cable de Pipin. Mais elle est entièrement prête à être rapidement immergée par Marine. Sur les 90 mètres de corde, solidement accrochées avec des mousquetons spéciaux PETZL, de nombreuses bouteilles contenant du mélange à base d’hélium, du nitrox, puis de l’oxygène pur, pour les trois plongeurs trimix prévus pour l’assistance ce jour : Chris Brandon, canadien sympa venu des Iles Cayman, à –70 mètres, Hubert Foucart, plongeur spéléo de longue date, à –140 mètres et moi même au fond avec Pipin et le Deep Rover (-170 mètres). Puis entre –40 mètres et la surface, Guido, allemand vivant aux USA, un jeune américain et Tata. A présent tout est prêt, et nous voilà arrivés au traditionnel dernier compte à rebours annoncé en anglais et espagnol par Kim. Moins cinq minutes. Hubert et moi même entamons une descente lente pendant laquelle se refont les ultimes vérifications. James Cameron, en simple tee shirt filme à quelques mètres sous la surface. Comme je vais plus profond, je prends de la vitesse pour atteindre les –170 mètres en cinq minutes 15 EXTREME 14-17 Pipin-Cameron 21/11/03 8:22 maximum. Après une centaine de mètres, c’est l’obscurité totale constellée de milliers de minuscules particules blanches. Mes deux petites lampes à led, même puissantes, me semblent un peu dérisoires. Mais toujours le même plaisir à glisser rapidement le long du cable. J’arrive en vue de la plateforme terminale et je suis encore une fois ravi par le spectacle du Deep Rover silencieusement stabilisé face au disque, toutes lampes allumées. je freine pour les rejoindre en douceur et leur fais signe que tout va bien. Et comme sur les plongées précédentes, Pipin arrive à toute vitesse, éclairé par les deux spots de la gueuse de chaque côté de la caméra. Il touche le disque à –170 mètres. Profondeur attestée par la mesure du cable, deux profondimètres (dont la sonde ultra précise d’Ocean Sensor), ma présence et celle du sous marin avec le pilote, un cameraman et les instruments de bord ! La scène est surréaliste. Pipin juste en combinaison jaune commençant Page 4 en plus pour l’avion, en compagnie d’un Hubert radieux et me voilà en surface avec toute l’équipe qui plie déjà bagages. La sympathique équipe médicale, après un check up complet, nous trouve en pleine forme. Prêts pour les séances de photos et la soirée d’au Pipin remercie ses partenaires en particulier Mares et la Ville de Cabo sans Lucas. Hubert Foucart et Pascal Bernabé remercient les magasins Plongée sous-marine Boutique et Airmatech à Toulouse pour la mise à dispo- sition de matériel technique, dont en particulier d’excellents détendeurs utilisés au fond pour les plongées d’assistance (Aqualung). Pascal Bernabé et Pipin, la complicité entre deux recordmen, dans des spécialités bien différentes Pascal Bernabé, l’ange gardien des grands fonds Les Deep Rover à remonter tiré par son ballon qu’il a fini de gonfler, et en arrière plan, le Deep Rover vert fluo surveillant et filmant. Et moi, bardé de blocs, en apesanteur entre les deux, prêt à intervenir. Puis une dernière fois je remonte accompagné et filmé par le submersible avec de fréquents échanges de signes de victoire. Au fond, c’était un instant magique. Reste à connaître le résultat à l’arrivée. Une syncope reste toujours possible et ce n’est jamais gagné. Je savoure ces derniers instants avec Le Deep Rover et ses occupants. Vers une vingtaine de mètres, James Cameron arrive avec son énorme caméra et filme nos paliers et le sous-marin. Je sais depuis un moment que Pipin a réussi son pari, l’eau des 12 degrés du fond est passée à 28 degrés en se rapprochant de la surface, bref la vie est belle et mes trois heures de décompression passent incroyablement vite, entre les bananes de Kim, les visites de Marine et les exploits de Malko (SAS pour les connaisseurs). Un peu d’oxy 16 En 1992, Christian Pétron, directeur de la photo sous marine pour Luc Besson, sur le Grand Bleu et Atlantis, rêve depuis bien longtemps de filmer les grands fonds et leur faune. La chaine de télévision Canal plus décide de financer ce projet. C’est aux Etats Unis que Pétron part superviser la conception, puis la réalisation des deux sous-marins. Les Deep Rover, biplaces, sont prévus pour descendre et se mouvoir avec la plus grande précision (comme nous avons pu le vérifier à Cabo) à mille mètres de profondeur, et ce pendant six heures. Plus tard Canal Plus abandonnera le projet. Les Deep Rover se caractérisent par leur bulle en acrylique transparente qui permet une vision à 360 degrés. Leur vitesse de déplacement est de 2.5 nœuds à l’horizontale et de un mètre par seconde à la verticale.Ils sont incroyablement maniables. Chaque submersible autorise l’utilisation de quatre caméras TVHD (dans des caissons en titane) en même temps. revoir... Mais Pipin, même s’il est plus serein, semble avoir la tête ailleurs. Robert Margaillan, ami photographe suivant Pipin et Audrey depuis de nombreuses années, me parlera d’une grande émotion sur la barge, après l’exploit, d’un Pipin qui Hubert Foucard et Pascal Bernabé devant les sous-marins Deep Rover a dû s’isoler par pudeur. Et ce soir là, attablés avec Cameron, Pipin, Kim, son épouse Marianne, Robert et Hubert nos toasts iront autant à Pipin, salué pour son exploit exeptionnel, qu’à la mémoire d’Audrey, dont la classe, la gentillesse et l’humilité restera à jamais gravés dans nos cœurs. RÉCIT PASCAL BERNABÉ PHOTOS ROBERT MARGAILLAN DE OCTOPUS N°46 - décembre 2003/janvier 2004 14-17 Pipin-Cameron 21/11/03 8:22 Page 5 Avant son arrivée à Cabo San Lucas, on racontait beaucoup de chose sur James Cameron. Par exemple, qu’il ne reculerait devant rien pour avoir les images, surtout compte tenu des investissement engagé, qu’il serait froid et mégalo, etc... Foutaises ! La première poignée de main fut chaleureuse. Nous avions devant nous quelqu’un de professionnel et d’exigeant, on s’en doute, mais tout a fait capable d’écouter, de s’adapter et de rester humble. Sûrement pas évident lorsqu’on est le réalisateur de films comme Titanic, True Lies, Les Fantômes du Titanic, Alien et Abyss, qui a ravi tant de plongeurs, par son originalité et son ambiance. Nous avions surtout devant nous un passionné de l’univers sous marin. Et ça, ce fut une excellente nouvelle. Il avait beaucoup investi pour ce tournage: les deux Deep Rover, le gros ROV, et au large, sur leur bateau support, les deux sous marins russes MIR 1 et 2, capables de filmer jusqu’à 6000 mètres. Mais dès le départ, la sécurité de Pipin et de son équipe a été l’une de ses préoccupations principales. Pour la première fois pour un magazine de plongée français, il a accepté de bonne grâce de discuter avec Pascal Bernabé pour Octopus de sa passion pour la plongée et de quelques unes de ses expériences dans ce domaine. Cette conversation plutôt informelle a eu lieu juste après le record de Pipin. - Pascal Bernabé : quand et comment as-tu commencé la plongée? - James Cameron : j’ai appris à plonger en scaphandre en 1969, j’ai été certifié open water par YMCA. L’entrainement était plutôt sérieux. Par exemple on devait apprendre à respirer sur une bouteille sans détendeur, et avancer comme ça ! Je plongeais pas mal à l’époque, mais maintenant, malheureusement avec les films, je plonge beaucoup moins. Mais j’aime probablement plus être sous l’eau qu’à la surface ! - PB : tu continue quand même ? - JC : pas autant que je le voudrais pour le plaisir ! Autrefois je plongeais 5 semaines par an. A présent c’est une semaine par an. En croisière-plongée, souvent sur épave. - PB : sur épave, tu aimes vraiment ça ? - JC : ah oui, j’adore plonger sur les épaves, le challenge que ça peut représenter, l’aspect mystérieux, l’histoire qu’il y a derrière, la découverte. - PB : et tu as déjà plongé sous terre ? - JC : non pas encore, mais il faut que j’essaye. Je veux faire un film de plongée spéléo, spécialement en 3D. Nous avons une nouvelle caméra 3D, que nous allons essayer demain profond, au large, avec les sous marins russes, les MIR. Je veux vraiment faire un film en 3D et cela rendra particulièrement bien en plongée souterraine car on y évolue dans un univers tridimensionnel, en apesanteur entre le sol et le plafond. Et puis il y a la similitude avec l’espace. - PB : pourquoi fais-tu tant de films incluant plus ou moins de la plongée ? - JC : d’abord à cause de mon intêret pour la plongée. Ensuite pour le challenge que cela représente. Je veux dire tu t’entraines pour devenir aussi bon que possible sous l’eau. C’est aussi une manière de s’améliorer. J’aime être en première ligne et tu ne OCTOPUS N°46 - décembre 2003/janvier 2004 James Cameron, plongeur - JC : à -22 mètres. Et quand je l’ai vu remonter, il y avait tant de bulles que j’essayais de le voir tout en peux pas diriger des scènes sous marines sans être filmant. sous l’eau et y prendre du plaisir. Je pense qu’à Tu sais pourquoi Pipin ne voulais pas que ta ligne de Hollywood, les gens ne relèvent pas tellement de décompression soit dans l’eau avant ou pendant sa descente ? défis, les réalisateurs, les cameramen. Et tu dois réellement être concerné par la sécurité, - PB : parce qu’il a peur d’un twist entre les deux lignes. Et on est supposés être des plongeurs de bien préparer les briefings. sécurité, pas un risque supplémentaire ! Mais on - PB : oui, ça a été un bonne surprise pour nous ! - JC : l’ironie de tout ça,c’est que dans ce contexte, arrive toujours à discuter et à trouver un compromis je veux dire le record de Pipin, personne ne pense pour qu’il se sente à l’aise et qu’on plonge en sécuau fait que toi aussi, pour assurer sa sécurité, tu fais rité. un truc incroyable. Tu travailles dans des conditions - JC : oui, c’était du bon boulot. très difficiles, à la limite extrème de la plongée tech- - PB : d’autant plus que les gens ont fait attention à nique. J’ai compris que tu as besoin de beaucoup de nous. gaz, de longues décompressions dans l’eau (Rires). Bon, peux-tu nous dire un mot au sujet du film sur J’aimerais bien faire de la plongée technique, peut- Pipin et Audrey ou est-ce secret ? être pas à –170 mètres, mais peut-être à 100 mètres, - JC : Non, sur le plan général, c’est possible. Ce sera une fiction, avec des acteurs (Salma Hayek, quelque chose comme ça. - PB : pourquoi pas, mais il faut être lent dans sa présente le jour du record devrait tenir le rôle progression. Et puis la plongée doit rester un outil d’Audrey). On doit travailler encore sur le script. Et j’étais ici pour voir de près ce qu’est une tentative, d’exploration. - JC : oui, moi j’irai voir la partie la plus profonde m’imprégner du sujet. Mais les images qu’on a faites d’une épave. Mais c’est vrai, ces plongées ont des ici en haute définition pourront être réutilisées pour le film, à condition que l’acteur utilise James Cameron répond aux questions de la même combinaison que Pipin, au Pascal Bernabé même titre que des images réelles de requins, baleines ou raies mantas. Je pense que ça va être un film sympa. On peut jouer sur le contraste entre Pipin, chasseur sous marin acharné et Audrey, en communion spirituelle avec la mer. C’est amusant car ils ont tous les deux des personnalitées si différentes ! - PB : avais-tu rencontré Audrey? - JC : non. Mais j’ai un peu ce sentiment car Pipin m’a montré beaucoup de films ou interwiews d’elle. Mais de toute manière, tu ne connais jamais réellement quelqu’un, même si tu le connais depuis des années et que tu penses tout savoir de lui, même si tu es marié avec ! (rires) Mais chacun peut se reconnaître un peu dans similitudes. Dans les plongées avec décompression, l’autre, et c’est l’intêret de l’histoire. c’est comme si tu avais un plafond au dessus de la - PB : tu veux arrêter ?J’imagine que tu as beaucoup de chose à faire ! tête. - PB : Quand tu étais au fond,dans le sous - JC : non, c’est bon, le seul truc que j’ai réellement à faire, c’est de regarder ce qu’on a filmé aujourmarin,qu’as-tu ressenti en voyant Pipin arriver? - JC : Incroyable ! Pendant que je filmais avec une d’hui du record ! (rires) petite caméra de l’intérieur du sous marin, Pipin est A propos tu devrais regarder mon dernier film sorti arrivé et je me suis dis:incroyable ! j’ai sous les en France «Ghost of the Abyss», «Les fantômes du yeux l’homme en apnée le plus profond du monde ! Titanic» (il le dis en français), c’est un nouveau film - PB : j’ai exactement le même sentiment. C’est un en 3D. Et on a utilisé un petit Remote Operated moment unique ! Je m’en rapellerai toute ma vie Vehicle (ROV) pour explorer l’épave dans ses pour Pipin ou Audrey. Et je me dis que j’ai beaucoup moindres détails : les salles, cabines, escaliers, à de chance d’être là, d’être le témoin de ce moment partir du sous marin (MIR). - PB : et tu étais dans l’un des sous marins ? unique. - JC : oui, témoin de cette chose incroyable. Et il - JC : Absolument. Et je pilotais l’un des ROV dans tous ces endroits à l’aide d’un plan avec une impresmet sa vie entre tes mains. - PB : ce n’est pas la partie du boulot la plus facile. sion de «déjà vu» (en français). OK, je descends là, - JC : oui, je sais. Est-ce que tu te sens soulagé à je tourne à gauche au coin. C’ était très étrange ! Nous voulons aussi faire l’exploration du Britannic, présent ? - PB : oui, c’est sûr, mais aujourd’hui, je me sentais le sistership du Titanic qui est entre –100/-120 déjà mieux, qu’il y a deux jours, avant la plongée de mètres, en Grèce, avec des plongeurs tek et des Pipin à –163 mètres. Je savais que tout était prêt. ROV, qui travailleraient ensemble. Cette expédition J’avais confiance en Pipin, même si je sais, encore devrait avoir lieu dans les deux années à venir. Si tu plus depuis l’accident d’Audrey, que jusqu’au der- veux y participer ça pourrait être sympa. On attend les autorisations du gouvernement grec... nier moment, tout peut arriver. - JC : d’autant plus que peu de gens réalisent à quel PROPOS RECUEILLIS point la descente et la remontée de Pipin sont rapides.C’est extrèmement dangereux. PAR PASCAL BERNABÉ POUR OCTOPUS - PB : où étais-tu lors de sa remontée ? PHOTOS ROBERT MARGAILLAN 17