2.1: Introduction au processus de photo
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2.1: Introduction au processus de photo
2.1: Introduction au processus de photo-interprétation et d’analyse d’image Le processus mental pour la photo-interprétation se décompose en une série d’opérations plus ou moins conscientes, distinctes mais reliées: 1- Détection : Distinguer un objet ou un élément parmi ceux qui l’entourent. En plus de voir l’objet, il faut aussi évaluer son importance par rapport à d’autres. Ex: points blancs répétés zone claire près de l’eau points noirs serrés Cette première étape dépend beaucoup de l’échelle et de la qualité de la photo. 2- Identification : Consiste à identifier un ou plusieurs objets clairement visibles en raison de leur ressemblance avec des choses connues. Cette étape dépend du modèle conceptuel que possède le photo-interprète. Ex: → pierres dans les champs → plage sableuse → conifères Durant cette étape on attribue une étiquette aux objets reconnus. 3- Analyse : Groupement en zones d’objets ou d’éléments de même nature. C’est aussi la délimitation des différentes zones. Même si l’identité de la zone n’est pas établie, elle est délimitée. Ex: délimitation d’une zone de teinte précise: boisé dans un champ 4- Déduction : L’information obtenue à cette étape n’est pas directement observable sur la photo et repose sur des hypothèses. Ce sont les connaissances du photointerprète et les informations provenant d’autres sources qui interviennent. Ex: Identification d’une association végétale sur pente selon diverses observations 1- Observations générales visibles: peuplement coniférien 2- Observations spécifiques non-visbles: ces types de pente et de roches supportent mal aaaaaaaaal’épinette blanche 3- Observations locales non-visibles: les pentes calcaires de la région sont couvertes en aaaaaaaaagénéral de thuya et de sapin baumier → Déduction: le thuya et le sapin forment l’association végétale de cette zone. Plus la déduction repose sur des éléments non-visibles, plus elle est incertaine. Elle doit aaaaaadonc s’appuyer par des vérifications sur le terrain. 5- Classification : Description précise et systématique des surfaces délimitées par l’analyse. On peut exclure les éléments mineurs mais il est nécessaire d’apporter une grande précision aux éléments jugés d’importance majeure. - Description des différentes zones - Présenter ces zones selon un schéma précis (implique une codification et l’utilisation d’un aaaaacode taxonomique). 6- Validation : Consiste à effectuer un contrôle sur le terrain. Il s’agit ici de vérifier l’identification de certains éléments non-connus, ou encore de vérifier une déduction reposant majoritairement sur des éléments non-visibles. Après avoir 75 effectué la validation, il sera important de revoir la classification pour vérifier son exactitude. Dans ce qui suit nous décrirons plus en détails les étapes 1 à 6 en utilisant notamment un modèle conceptuel (fig.2.2-1) unifiant l’analyse manuelle des images par le processus de photo-interprétation à celui de l’analyse assistée par ordinateur. Afin d’alléger le texte qui suit, nous utiliserons le terme image pour désigner tout autant l’image satellitale que la photographie aérienne. 2.1.1: Les tâches en analyse d’images1 La différence entre la détection et l’identification d’un objet a déjà été décrite aux pages 45 et 46. En photo-interprétation, les processus de détection et d’identification sont difficiles à départager et à décrire car chaque individu perçoit différemment le terrain à interpréter selon son expérience et de sa connaissance intime de la zone d’intérêt. Pour un cas d’indentification donné, une personne pourrait se baser sur des indices comme la taille et la situation alors qu’une autre trouverait la texture plus utile. L’interprète répond mentalement aux stimulis de l’image en identifiant d’abord les objets, en leur apposant une étiquette, puis en les regroupant dans des classes. Les interprètes mesurent les objets sur une base spatiale ou spectrale. Les mesures peuvent aller de la simple estimation visuelle de la taille, de la forme ou de la couleur d’un objet aux calculs précis de ses dimensions spatiales ou encore de sa teinte / couleur. Ces mesures sont importantes lors du processus d’identification et peuvent être critiques lors du processus de résolution d’un problème. Lors de la réalisation d’une photointerprétation, le photo-interprète peut-être amené à identifier un objet à partir de l’examen de d’autres objets ou phénomènes, cette approche constitue l’une des premières formes du processus de résolution d’un problème. Mais la plupart des problèmes d’analyses requièrent de l’interprète des connaissances autres que celles directement obtenues à partir de l’analyse de l’image. 2.1.2: Procédures d’analyse manuelle Les procédures d’analyse manuelle impliquent les processus qui, une fois complétés, résultent en un étiquetage des objets ou des phénomènes qui sont d’intérêt pour le photointerprète en vue de la réalisation d’une photo-interprétation. Ces processus peuvent impliquer des processus décisionnels simples ou complexes. Un processus de décision simple fait appel à la reconnaissance d’une teinte, d’un ensemble de patron de pixel et fait directement appel à un modèle perceptuel que le photo-interprète possède déjà. Identifier les masses d’eau ou les bâtiments sur une photographie à grande échelle ne constitue pas un processus de raisonnement complexe. 1 Les sections 2.1.1 à 2.1.3 sont fortement inspirées de Estes & al.(1983), vous retrouverez la notice complète dans la bibliographie à la fin de ce document 76 Figure 2.1-1 : Modèle conceptuel général de l’analyse d’une image (photographie aérienne ou image satellitale) Source : Estes & al.(1983), fig.24-1, p.989. (Traduction libre par Gabriel Gosselin). 77 Le processus de décision complexe doit faire appel à une série de raisonnements successifs et à des hypothèses pour résoudre le problème d’identification. Nous décrirons brièvement trois approches pour résoudre un tel problème: La mise à l’épreuve d’une hypothèse, la ligne de raisonnement et la convergence des évidences. Ce sont des outils que l’interprète utilise plus ou moins consciemment pour résoudre un problème d’interprétation. 2.1.2.1: La mise à l’épreuve d’une hypothèse Etablir et vérifier des hypothèses est l’une des actions fondamentales en science. Fondamentalement, une hypothèse est une réponse potentielle à une question ou une solution à un problème. Le photo-interprète entreprend rarement une tâche de photointerprétation sans avoir une idée de ce qu’il cherche, sinon cette entreprise n’aurait aucun sens, l’hypothèse est donc une “supposition éclairée”, certaines suppositions sont correctes, d’autres pas. L’hypothèse sera mise à l’épreuve en déterminant si une observation (interprétation) confirme ou infirme cette dernière, ou encore sur une base probabiliste en établissant la fréquence des observations qui la confirme ou l’infirme. Lorsque la solution à un problème d’interprétation s’avère satisfaisante, l’hypothèse est vérifiée et cette nouvelle connaissance acquise s’ajoute au modèle perceptuel de l’interprète. 2.1.2.2: La ligne de raisonnement La ligne de raisonnement implique une série de raisonnements logiques menant à une conclusion, c'est-à-dire à une identification. La ligne de raisonnement fait essentiellement appel à une série de raisonnements dichotomiques du type “ si… alors…”. La clé d’identification dichotomique représente l’extension directe de la ligne de raisonnement. 2.1.2.3: La convergence des évidences L’analyse manuelle des images constitue principalement une approche déductive, l’identification des objets connus menant à l’identification des objets qui ne le sont pas. Même si tout les objets et processus d’un paysage sont interreliés1 , il faut commencer l’analyse à quelque part, généralement par les objets qui nous sont les mieux connus (donc en fonction de l’expérience particulière du photo-interprète). Le réseau hydrographique, l’occupation du sol dominante pour une région, l’organisation du patron urbain peuvent être des éléments de départ pour déduire, par exemple, la fonction d’un territoire. Les données auxiliaires permettent également d’accumuler un certain nombre d’évidences. Le principe de la convergence des évidences mène à la conclusion que toutes les interprétations sont fausses ou peu probables sauf une. La plus grande difficulté dans le processus d’interprétation consiste à juger les degrés de probabilité (que telle 1 Est-ce là l’un des postulats de base de la géographie ? À vous d’y réfléchir ! 78 teinte soit attribuable à tel phénomène, que tel type d’arbre se retrouve sur tel terrain, qu’il y ait une usine à proximité d’un quartier résidentiel, e.t.c. ). 2.1.3 : Aides et techniques à l’analyse manuelle des images La photo-interprétation a été définie comme l’acte d’examiner des photographies et / ou des images dans le but d’identifier des objets ou des phénomènes pour juger leur signification ou leur importance. Il est important que le photo-interprète ait une vision claire de l’utilisation que l’on fera de son travail, car la qualité et la pertinence de sa photo-interprétation en dépend. Il doit donc saisir le contexte général dans lequel s’inscrit son travail. Cette connaissance du “but final” constitue l’assise d’un modèle perceptuel que l’interprète utilisera pour mieux juger de la pertinence des objets et des phénomènes qu’il perçoit. Le modèle perceptuel évolue et s’affine avec l’expérience du photo-interprète. Plus le photo-interprète est conscient du potentiel et des limites des différentes images dont il dispose, de même que ceux associés aux techniques d’analyses d’image dont il dispose2, meilleur analyste il sera. L’interprète doit également acquérir une expertise à l’intérieur de la discipline dans laquelle s’inscrit son champ d’action. Ainsi, il est préférable que les gens formés en foresterie réalisent les cartes forestières et laisser le soin aux géographes d’établir des cartes traitant de la transformation régionale de l’utilisation du sol3. Modèle perceptuel = Informations + expérience + connaissances 2.1.3.1: Données auxiliaires Il existe plusieurs sources de données auxiliaires que l’interprète peut utiliser pour l’aider à réaliser une tâche donnée soit : • Du matériel provenant de la littérature ouverte : Livres, articles scientifiques, rapports techniques, cartes topographiques et thématiques, donnés de recensement…; • Des mesures effectuées en laboratoire; • L’utilisation d’une clé d’interprétation (clé d’élimination, sélective ou descriptive); • Les résultats provenant des travaux faits sur le terrain; • D’autres images. 2 Cela est particulièrement vrai pour l’analyse assistée par ordinateur où il est facile d’utiliser des algorithmes sans vraiment connaître leurs modes de fonctionnement. Dans cette situation il est difficile de juger de la pertinence des résultats du au phénomène de la “boite noire”. 3 Voir l’annexe 1 pour un résumé des champs de compétence du géographe en photo-interprétation. 79 Mais le photo-interprète doit être conscient de la validité des données auxiliaires utilisées et des types d’erreurs (et leur magnitude) qu’elles peuvent contenir. Bien que ces données soient souvent considérées comme une “vérité terrain” à partir de laquelle on valide la photo-interprétation, il faut garder en mémoire en cas de contradiction que le résultat de la photo-interprétation peut-être plus précis ou plus à jours que le document auxiliaire. 2.1.3.2 : Vision stéréoscopique Nous sommes habitués à une perception tridimensionnelle et oblique de notre environnement alors que la photo-interprétation s’effectue sur un document à deux dimensions et à partir d’une vue verticale. Même si l’ombrage porté par les objets permet d’ajouter de la profondeur à l’image et ainsi procurer une “sensation tridimensionnelle”, ce n’est qu’avec l’utilisation d’un couple d’images stéréoscopiques qu’il est possible de récupérer la troisième dimension. La troisième dimension est souvent une information essentielle sans laquelle certaines tâches seraient très difficiles, par exemple l’établissement des cartes forestières ou encore les cartes d’utilisation du sol en milieu urbain à moyenne échelle. Il existe quelques types de représentation tridimensionnelle de l’image: L’utilisation d’un stéréoscope et d’un couple d’image, l’utilisation d’une anaglyphe ou d’une image polarisée ou encore “draper” une image sur un modèle numérique d’élévation (MNÉ). 2.1.3.3 : Méthode de recherche Le photo-interprète doit acquérir une méthode de recherche de l’information pertinente qui l’aidera dans son processus d’étiquetage, de classification et de résolution de problème. Il existe essentielle deux méthodes de recherches: La chasse au détail et la recherche logique. Les images contiennent une grande quantité de détails et contiennent beaucoup de surprises (i.e. des objets ou phénomènes inattendus). La tentation est alors grande d’examiner en détails toutes les images pour s’assurer de ne rien manquer. C’est ce que l’on appelle la chasse au détail4, une méthode de recherche fréquemment utilisé et qui procure une grande quantité d’informations (de détails), incluant aussi celles qui ne sont pas pertinentes concernant la tâche à accomplir. Cette méthode nécessite aussi beaucoup de temps, souvent plus que celui dont dispose le photo-interprète. En ayant recours aux probabilités, le photo-interprète peut travailler plus efficacement à l’intérieur du temps dont il dispose. Il n’investiguera que les zones où il est susceptible de retrouver les objets d’intérêts tout en laissant de coté de grandes régions où l’information qu’il recherche n’est pas susceptible d’être retrouvée. Un photo-interprète bien informé commencera typiquement sa tâche par un examen détaillé de tout les détails qu’il juge pertinent, le photo-interprète d’expérience préfèrera débuter par un examen général de la 4 Ou encore analyse non structurée. 80 zone d’intérêt. Ils sont alors préparés pour une recherche logique qui suit les grandes étapes suivantes: • Procéder des considérations générales aux détails spécifiques; • Procéder du connu à l’inconnu; • Travailler méthodiquement. Travailler du connu vers l’inconnu est commun à toutes les sciences. Souvent les objets ou phénomènes connus, une fois identifiés, procurerons des indices importants sur la nature et la signifiance des objets ou phénomènes inconnus. Finalement en travaillant méthodiquement, il y a moins de chance que l’interprète oublie des objets importants lors de son analyse ou commette d’importantes erreurs. 2.1.4 : La distinction entre l’étiquette d’un objet et sa classe d’appartenance. Nous sommes en mesure d’attribuer une étiquette à un objet ou à un ensemble d’objet. Par exemple il est facile d’identifier sur la photographie panchromatique à grande échelle un bâtiment (1), un stationnement (2) comprenant des voitures et une surface réfléchissante, une autre surface réfléchissante (3), un boisé (4), des terrains de tennis (5), une piste d’athlétisme (6) et des terrains de baseball (7). La forme trapue du bâtiment et la complexité de son toit, de même que sa taille pourraient indiquer une usine ou encore un centre d’achat. Pour résoudre ce problème d’identification nous ferons appel tout aussi bien à la convergence des évidences qu’à une ligne de raisonnement. D’une part le stationnement est trop petit pour que le bâtiment soit un centre d’achat, d’autre part on remarque l’absence de matériaux ouvrés ou bruts, de cheminés, il ne peut s’agir d’une usine. Cette série d’évidence est confirmée par la situation géographique du bâtiment qui est ceinturé de quartiers résidentiels (fig. 2.1-2b). La présence des terrains de baseball et de tennis de même que de la piste d’athlétisme laisser penser que ce bâtiment est une école même si cette forme trapue est pour le moins inhabituelle. Ainsi le stationnement est pour les professeurs, il est possible également d’émettre l’hypothèse que la deuxième surface réfléchissante (3), qui n’est pas une rue, est un débarcadère pour les autobus amenant les élèves. Si l’heure de prise de vue aurait coïncidé avec l’arrivée des étudiants, la fonction de cette surface aurait été identifiée de prime abord sans passer par une série de déductions. En effet on y aurait identifié une autre classe d’objet, les autobus. La taille du bâtiment laisse supposer qu’il s’agit plutôt d’une polyvalente que d’une école. On peut aussi émettre l’hypothèse supplémentaire que la forme trapue abrite une piscine, un auditorium et autres salles qui nécessitent beaucoup d’espace. Finalement les étiquettes désignant les objets, ou ensembles d’objets, numérotées de 1 à 7, peuvent êtres regroupés pour former la classe d’occupation du sol particulière. Un objet identifié possède une étiquette qui le définit et cet objet peut appartenir à plusieurs classes d’utilisation du sol selon son site et son association avec d’autres objets. 81 Figure 2.1-2 : Comparaison entre une photo-interprétation et une classification non supervisée. A) Photographie aérienne panchromatique C) Image satellitale Quickbird B) La situation géographique du bâtiment élimine quelques possibilitées quant à sa fonction. D) Résultat de la classification non supervisée de l’imagette C. → Nous pouvons comparer cette analyse manuelle avec une analyse automatisée reposant sur la classification des objets à partir de leur couleur. La classification présentée à la figure 2.1-2d est une classification de type non supervisée. À partir d’un algorithme, l’ordinateur a utilisé une série de critères statistiques pour regrouper les pixels de l’image ayant les mêmes caractéristiques. Dans le cas présent les pixels ont été regroupés en classes de brillances, le classificateur non supervisé à déterminé qu’il y avait 82 statistiquement 10 classes de brillances distinctes dans cette imagette. On voit aisément que l’analyse automatisée, par son faible pouvoir de raisonnement symbolique et spatial, confond aisément la notion d’objet avec celle du pixel et que la seule information dont il dispose est la signature spectrale du pixel. 2.1.5: Analyses assistée par ordinateur La section précédente laisse entrevoir les difficultés liées à une analyse assistée par ordinateur et, si l’on poursuit le raisonnement, qu’elle n’est guère utile. Mais ce serait là sous-estimer cette approche et passer outre ses qualités qui tiennent essentiellement en deux points (Estes.1983) soit : • La puissance de calcul : Il est possible grâce aux analyses assistées par ordinateur de traiter un large volume de données qui serait impossible à traiter à l’aide des procédures manuelles. L’ordinateur peut également tenir compte simultanément d’une multitude de critères (couches d’informations) lors du processus de décision. L’ordinateur est également supérieur en analyse quantitative. • La répétitivité des résultats: L’analyse assistée par ordinateur permet la standardisation des processus d’analyses et par conséquent celui des résultats. La photo-interprétation qui est une approche essentiellement qualitative est sujette à l’expérience du photo-interprète et se base sur son modèle conceptuel qui lui est propre. Le résultat d’une photo-interprétation peut par conséquent varier d’une personne à l’autre pour un même territoire (avec le même objectif de départ) . La figure 2.1-1 à montré quatre types d’analyses assistées par ordinateur qui ont été présentées par degrés de complexité. Le premier degré regroupe les analyses basées sur les statistiques multivariées que l’on nomme communément classification. Il existe principalement deux types de classification soit : • Les classifications dirigées: L’utilisateur doit fournit une connaissance à priori du territoire à classifier en spécifiant des sites d’entraînement correspondant aux classes d’utilisation du sol désirées. • Les classifications non dirigées: Elles sont uniquement basées sur les statistiques de l’image sans avoir recours à des sites d’entraînement. Il existe des algorithmes qui décident seuls du nombre final de classes et d’autres qui tiennent compte du nombre de classes désirées par l’utilisateur. Le point commun entre ces deux approches est que seule l’information concernant la teinte ou la couleur est utilisée. Parfois des images de texture issues de la relation spatiale entre les teintes de gris des pixels sont utilisées pour tenter d’améliorer le résultat d’une classification (fig.2.1-3). Le deuxième degré comprend les classifications syntaxiques. Cette approche tente de reconnaître des formes précises contenues dans l’image pour ensuite associer ces formes afin de reconnaître certains types d’objets. La reconnaissance automatisée des routes et 83 des réseaux hydrographiques constitue deux exemples d’applications ayant utilisées une approche syntaxique. Une approche émergente appelée “classification orientée objet” segmente d’abord l’image en régions homogènes selon des critères de couleurs, de taille et de forme. Chaque région homogène devient un objet et la classification se fait au niveau de l’objet et non plus à celui du pixel (fig.2.1-3). L’un des avantages de cette approche est qu’il est possible de tenir compte de la relation spatiale entre les objets à l’aide de critères comme la proximité, l’adjacence ou la distance à un autre objet. Le contexte spatial est ainsi un peu mieux assumé. Figure 2.1-3 : Informations spatiales dérivées de la couleur. A) Exemple d’image de texture artificielle générée à partir de l’imagette 2.1-2c. B) Exemple d’une segmentation de l’image en objet menant à une classification “orientée objet”. Le troisième degré comprend les arbres décisionnels qui peuvent être plus ou moins complexes. Il s’agit ici de classifier l’image à partir d’une série de critères de décision suivant un ordre hiérarchique. Ainsi on ne tente pas de classifier l’image “d’un seul coup” (contrairement au premier degré) mais par étapes avec des procédures qui peuvent différer pour chaque branche de l’arbre. Cette approche permet également de faire intervenir plus facilement des données auxiliaires dans le processus de décision. Le défaut de cette approche est que l’arbre décisionnel est rigide et peu adaptable, c'est-àdire qu’il faut souvent en construire un nouveau pour chaque image nouvelle image. La forme évoluée de l’arbre décisionnel est le système expert5. Le quatrième niveau fait appel au raisonnement symbolique et concerne le domaine de l’intelligence artificielle. Il s’agit d’amener l’ordinateur à “comprendre l’image” et à le doter d’un pouvoir d’apprentissage autonome. Certaines classifications orientées objet 5 D'une manière générale, un système expert est un outil capable de reproduire les mécanismes cognitifs d'un expert, dans un domaine particulier. Plus précisément, un système expert est un logiciel capable de répondre à des questions, en effectuant un raisonnement à partir de faits et de règles connus (Wikipédia, l’encyclopédie libre). 84 font appel à des critères de décision qui vont au-delà de la simple position spatiale entre les objets et s’approchent en ce sens du raisonnement symbolique. Ce domaine de recherche de pointe se situe à la frontière de la télédétection, des systèmes d’information géographique (SIG), de l’informatique et des mathématiques (spécialement la topologie et la théorie des ensembles). Il n’existe pas encore de procédure de classification agissant complètement à ce niveau. 2.2 : Les critères de photo-interprétation. La photo-interprétation ne se limite donc pas aux premières étapes (détection, identification) que certains auteurs qualifient d’analyse empirique ou encore de raisonnement inductif (Bérard.1977). La photo-interprétation fait aussi appel au raisonnement déductif qui lui fait appel à des outils d’investigation que sont les critères de photo-interprétation. Le nombre de critères varie d’un auteur à l’autre mais certains sont fondamentaux soit la teinte (ou la couleur), la forme, la taille, la texture, l’ombre, le patron spatial et l’association des formes. À ces critères nous pouvons ajouter l’effet stéréoscopique (Gagnon.1974) et la position (Spurr.1960, Jensen.2000). Carré (1971) classe les critères de photo-interprétation en deux types: • Les critères directs, utilisant des caractères propres à l’objet lui-même : Taille, forme, teinte, ombre; • Les critères indirects, faisant appel à l’environnement de l’objet pour en tirer des conclusions logiques: Patron, site, association des formes. Mentionnons que la reconnaissance d’un objet ou d’une classe d’occupation du sol nécessite parfois qu’un seul critère mais que la plupart du temps une interprétation satisfaisante aura recours simultanément à plusieurs critères. La figure 2.2-1 montre une classification hiérarchisée des critères de photo-interprétation et montre que la classification des images satellitales se repose principalement sur les critères primaires alors que le photo-interprète tire plutôt profit des critères complexes pour réaliser une photo-interprétation. 85 Figure 2.2-1 : Hiérarchie des critères de photo-interprétation Source: Estes & al.(1983), fig.24-2, p.994. (figure traduite et modifiée par Gabriel Gosselin). La table 2.2-1 présente une synthèse des critères de photo-interprétation en proposant une courte définition, quelques épithètes permettant de nommer le critère et quelques exemples visuels. 86 Table 2.2-1 : Résumé des critères de photo-interprétation. 1-Teinte et couleur Définition de base : La photo noir et blanc traduit les phénomènes en grisés allant du très pâle au très foncé. Ces différences de grisé résultent de la réflexion des rayons solaires par les différentes surfaces. La teinte sur un film panchromatique est liée à la brillance des couleurs naturelles, une couleur brillante donnera une teinte brillante et vice versa. La teinte d’un objet est fonction de plusieurs critères se rapportant soit à la réflectivité de l’objet ou à son environnement : Épithètes: Toute la gamme des qualificatifs se situant entre très brillant (blanc) et très sombre (noir). Il est possible de qualifier une teinte de régulière ou irrégulière. Un photo-interprète est en mesure de discriminer une trentaine de teintes de grisés mais plusieurs dizaines de milliers de couleurs. En photo-interprétation, la teinte (ou la couleur) est un critère essentiellement qualitatif. En analyse assistée par ordinateur, la teinte (ou la couleur) est traitée quantitativement. Les films infrarouges couleurs sont surtout utilisés pour les applications reliées aux ressources naturelles. Ces films sont plus sensibles aux différences d’humidité (des sols, des végétaux) et facilitent l’identification des types de végétaux. À gauche, la couleur de l’eau dépend du composé coloré utilisé. Dans le composé en couleurs naturelles (A), les eaux chargées de sédiments et la faible profondeur du lac de Montigny (flèche jaune) lui donne une couleur pâle qui contraste avec celles du lac Blouin (flèche rouge) d’un bleu foncé. Si nous retenons que l’infrarouge (D), la forte absorption par l’eau de cette longueur d’onde donne une teinte noire aux deux lacs. Extraits d’une image satellitale Landsat-TM acquise en 2001 au dessus de la ville de Val-d’Or. 87 2- Forme Définition de base: Permet de reconnaître plusieurs détails significatifs. On distingue les routes à leur tracé rectiligne et à leurs courbes régulières. Les champs cultivés ont des formes carrées ou rectangulaires très régulières. La forme est un élément indispensable pour découvrir la fonction des édifices en milieu urbain. Épithètes : La forme peut être compacte, allongée, carrée, ovale, ronde, triangulaire, rectangulaire, ponctuelle, linéaire, surfacique, régulière ou irrégulière, e.t.c. Les formes régulières sont généralement attribuable à l’homme alors que les formes irrégulières (ou encore l’absence de formes distinctes) sont se rencontre dans la nature. ← Deux exemples où la forme exprime la topographie. L’extrait de gauche montre des champs en terrasse qui épousent le relief local et là où la topographie devient plane, les champs reprennent une forme rectangulaire. Dans l’extrait de droite, les champs B et C présentent le patron typique d’un verger. La forme circulaire du verger C suit les courbes de niveaux d’une petite butte alors que le verger B en terrain plat est rectangulaire. (Bas à gauche) La forme des routes permet leur hiérarchisation. Les autoroutes présentent des formes curvilinéaires amples permettant de maintenir une vitesse élevée dans les courbes. En contraste, remarquez le l’angle obtus de petit chemin de campagne (flèche noire). Les champs agricoles présentent entre eux des teintes très variées mais le photo-interprète les repères facilement vu leur forme rectangulaire régulière. Imagettes Landsat au 1: 100 000. La forme irrégulière du lac à gauche suggère une inondation artificielle du territoire (réservoir hydroélectrique) alors que la forme ronde du lac à droite suggère un lac peu profond issu du remplissage d’une dépression naturelle (cuvette). 88 Forme (suite) Dans les extraits qui suivent, nous avons tenté d’isoler les bâtiments de leur contexte (taille et associations des formes) afin de souligner l’importance de leur forme. Les bâtiments ci-hauts sont caractérisés par une forme trapue destinée à maximiser l’aire intérieure. Ce sont souvent des centres d’achats ou des usines. Les bâtiments à “ailes” minimisent l’aire intérieure mais maximisent le périmètre ce qui permet un meilleur accès à la lumière. Ce sont souvent des écoles, des hôpitaux, les couvents et monastères, les bâtiments administratifs. À droite, quelques exemples de formes géométriques simples caractérisant les petites manufactures et les entreprises de services. . Les églises catholiques sont très souvent caractérisées par un transept qui coupe la nef principale pour donner à l’église la forme symbolique d’une croix. À l’extrême droite de l’imagette, les plus petites formes rectangulaires corresponde à une série de maisons attachées (duplex et triplex). Dans ce cas la taille relative permet de départager les entreprises des maisons. 89 3-Taille Définition de base : Permet, par la comparaison avec certains objets de dimensions connues, une évaluation précise des dimensions spatiales des autres objets. Souvent, en milieu urbain, des surfaces de dimensions connues permettent des évaluations très précises : un terrain de football canadien (4500 m2) ou un court de tennis (250 m2). Type : Taille relative ou taille absolue. La taille absolue implique la mesure d’une longueur, d’un périmètre ou d’une aire. Épithètes : Petite taille, taille moyenne, grande taille, taille régulière, taille irrégulière. La taille relative permet une évaluation qualitative de la taille des objets les uns par rapports aux autres. Par exemple, la présence d’automobiles nous permet une évaluation qualitative et instinctive de la taille des autres objets situés à proximité. À droite, les deux extraits sont à la même échelle et présentent des formes rectangulaires similaires. La taille des voitures et la largeur des rues permettent d’évaluer la taille relative des formes rectangulaires, dans le premiers cas il s’agit de maisons mobiles, dans le deuxième cas des conteneurs et des remorques. Sachant que la largeur standard d’une aire de stationnement est de 3m, il est possible de mesurer la taille absolue des objets sur les deux extraits. 4- Texture Définition de base: La texture se définie comme étant la fréquence des changements des tons à l’intérieur de l’image produits par l’agrégation d’un ensemble d’objets trop petits pour êtres individuellement discernables à l’œil nu (Ray.1960). Remarques : 1- Veuillez vous fier à votre expérience tactile, “imaginez que vous passiez votre doit sur l’image”; 2-La description d’une texture est essentiellement comparative, c'est-à-dire que l’on décrit une texture par rapport à une autre. Par exemple une texture est lisse tant et aussi longtemps qu’un autre objet ne présente pas une texture plus lisse; 3-Une masse d’eau présente la texture la plus lisse (uniforme) qui soit, dans le cas le plus lisse (sans vents) il s’agit essentiellement d’une teinte. 4-Lorsque qu’il est possible de détecter les objets sur une base individuelle, la texture “cesse d’exister” et le patron apparaît. Épithètes : Ils sont très nombreux ! “La texture peut être uniforme (eau calme, neige fraîche, toits d’asphalte) ou très grossière (pâturage naturel, mais à maturité, till morainique ondulé)(Gagnon.1974)”. “Une texture peut être homogène, hétérogène, striée… (Chevalier.1971)”. “On décrira la texture comme étant : grossière, fine, rugueuse, tachetée, striée, ouatée, rubanée, etc (Bérard. 1977)”. “…la texture qui peut être fine, moyenne, grossière, pointillée, tachetée, floue… (Avery & Berlin.1982). 90 Texture (suite) Représentation de l’expérience tactile ! Quartier résidentiel / Eau (Texture striée) (Texture lisse) Les imagettes A et D ne montrent ni patron ni texture, nous sommes trop près des objets pour que ces critères s’expriment bien et nous observons plutôt des teintes. L’imagette B présente deux utilisation du sol, un verger et une forêt. Alors que la forêt présente une texture moutonnée, le verger exprime plutôt un patron plus ou moins régulier. L’imagette E présente une portion du centre ville de Beijing. Les quartiers d’habitations traditionnels (flèche noire) présentent une texture hétérogène alors que la forme des grands bâtiments, soulignée par l’ombrage, est encore visible. Ces quartiers ne présentent pas de texture. L’imagette C qui contient l’imagette B (carré rouge) et qui est présenté à plus grande échelle (≈1:25000) montre que le verger présente maintenant une texture qui diffère de celle de la forêt. La texture de la forêt est maintenant douce et régulière alors que celle du verger est hétérogène et rugueuse. Notez aussi la texture lisse des champs avoisinants. L’imagette F (≈1:100 000) présente maintenant une texture pour toutes les utilisations du sol. Les quartiers résidentiels traditionnels (flèche noire) se distinguent des quartiers contenant de plus gros bâtiments (flèches blanches) par une texture plus uniforme. 91 5-Ombre Définition de base : Elles donnent de la profondeur à la photo sans faire appel au stéréoscope en projetant la au sol la silhouette des objets. Elles permettent aussi d’effectuer certaines mesures quantitatives concernant la hauteur des objets. Épithètes : Il n’existe pas vraiment d’épithètes pour décrire l’ombre. Effet de l’ombre sur la perception du relief. Remarques : 1-L’ombre portée par les bâtiments de haute taille et à grande échelle permet une évaluation de la densité du bâtit (beaucoup d’ombre→ forte densité); 2-L’ombre souligne la topographie, surtout à la fin de l’automne et en hiver lorsque que l’élévation solaire est basse et les terrains dénudés. 3-L’ombre permet parfois la détection et l’identification d’objets plus petits ou équivalent à la résolution spatiale. 4-L’ombre permet parfois une identification précise de la fonction d’un bâtiment ou de la nature d’un objet en révélant une forme non visible à partir de la vue verticale. La basilique Notre-Dame de Montréal. Il aurait été possible d’identifier ce lieu de culte par l’association de la cour intérieure jouxtant le bâtiment principal (flèche blanche), mais pour ce cas l’ombre (flèche noire) s’est révélée être un critère plus rapide pour identifier la fonction de ce bâtiment. Attention ! Il faut être en mesure d’évaluer la source de l’éclairement solaire pour les photographies à petite échelle car l’orientation de l’ombrage peut créer une inversion du relief. L’imagette de droite est la même que l’imagette de gauche sauf qu’elle a subie une rotation de 180º, les vallées de cette mesa apparaissent maintenant comme des collines. Source de l’imagette : NASA (surface de mars). Quelques exemples où l’ombrage a permis une identification de l’objet. Notez que sans l’ombrage il aurait été difficile d’identifier le lampadaire (flèche blanche) ou le panier de basket-ball sur l’imagette de droite. La forme de la cime et la hauteur de l’arbre fait penser à un peuplier ou à un tilleul. 92 6-Hauteur (déplacement radial et vision stéréoscopique) Définition de base: La géométrie propre aux photographies aériennes verticales, caractérisée par une symétrie radiale (projection centrale), a pour effet de créer un déplacement apparent des objets surélevés dans la photographie. Ce déplacement est appelé déplacement radial et il est proportionnel à la hauteur de l’objet et à son éloignement du point principal de la photographie. Cet effet de déplacement permet aussi la vision stéréoscopique du relief et des objets à partir de photographies aériennes successives ayant un certain taux de recouvrement (au minimum 60%) et constitue la base de la photogrammétrie (Bonn & Rochon.1996). Épithètes : Il n’existe pas vraiment d’épithètes pour décrire la hauteur. On distingue cependant l’information de type qualitative de celle quantitative. Il existe également quelques techniques pour visualiser la troisième dimension : L’utilisation d’un stéréoscope, l’anaglyphe, l’image polarisée et un modèle numérique d’élévation sur lequel on drape une photographie aérienne ou une image satellitale. Remarque : La hauteur du relief ou des objets perçue dans un couple stéréoscopique sera plus ou moins exagérée selon l’exagération verticale (EV) : B = base des photographies, c'est-à-dire la distance au sol entre le centre optique de deux photographies successives. B D AV Hm = Hauteur de l’avion au dessus du terrain. EV = Hm BO DAV = Distance apparente de vision stéréoscopique, correspondant à la distance apparente entre les lentilles du stéréoscope et le plan image des photographies telles que vues par l’observateur, soit une valeur moyenne de 45 cm. BO = Base oculaire, c'est-à-dire la distance entre les yeux de l’observateur, en moyenne 6,4 cm. À droite, le déplacement radial permet d’obtenir de l’information qualitative concernant les bâtiments en rendant visible leurs façades. Par contre le déplacement radial cache une partie de la photographie et ce particulièrement pour les grands centres urbains. Il est à noter que l’image de droite est composée de deux photographies aériennes (i.e. une mosaïque), c’est ce qui explique que le déplacement radial des bâtiments soit en sens inverse le long de la ligne blanche. 93 Hauteur (suite). Voici un exemple de modélisation en trois dimensions d’une partie de la ville de Québec. Voici un exemple d’anaglyphe produit à partir de deux photographies aériennes. Si vous vous trouvez une paire de lunette similaire à celle cicontre, vous verrez le terrain en trois dimensions. Ce modèle comprend 1- Un modèle numérique d’élévation (MNÉ) 2- Une photographie drapée sur le MNÉ 3- Des bâtiments modélisés en trois dimensions. Source: Centre de Recherches pour la Défense, Armée canadienne, Valcartier. 94 7- Patron Définition de base : C’est la disposition d’ensemble que présente l’organisation anthropique ou naturelle des phénomènes photographiés. En milieu urbain cet élément est particulièrement important. Épithètes : régulier, irrégulier, systématique, curvilinéaire, rectangulaire, circulaire, elliptique, centripète, striée… linéaire, parallèle, Autre définition “Les sciences de la terre (géographie, géologie) étudient avec intérêt la forme et la disposition spatiale des objets car ce sont des indices importants permettant de déduire l’origine et la fonction des formes. Les sciences sociales peuvent aussi être intéressées par l’analyse des patrons spatiaux à l’aide de la photointerprétation. Si les besoins fondamentaux de l’homme ne changent pas d’une culture à l’autre (boire, manger…), la façon dont il modèlera son environnement pour répondre à ces besoins changera d’une région à l’autre. Le sociologue, l’ethnologue, l’anthropologue aurons parfois recours aux P.A pour étudier le paysage car l’activité de l’homme, quelle qu’elle soit, laisse toujours des cicatrices sur la surface terrestre (Rabben.1960)”. Remarques : 1-Le patron diffère de l’association des formes au sens où le patron ne se définit pas par l’agencement et la proximité d’objets aux fonctions particulières mais par la répétition d’une forme ou de plusieurs formes similaires. Nous reconnaissons un champ par sa forme rectangulaire et par sa taille, peut-être même par sa texture, mais nous reconnaissons une subdivision cadastrale française par la répétition des champs étroits et rectangulaires qu’importe leur teinte, leur texture ou les bâtiments présents. Il en est de même pour le canton avec la répétition des champs de forme carrée. Exemple du patron des rues de Montréal. Certains quartiers de Montréal ont été isolés de tout contexte pour montrer à quel point le patron peut être révélateur. Chacune des imagettes de la figure 2.7-1 ne présentent pas de différences sur la forme; elles ne sont après tout qu’un ensemble de lignes droites et courbes. Mais la répétition de ces lignes selon des intervalles précis, de même que les angles auxquels elles se connectent, fera que ces “ensembles de lignes” évoqueront une réalité du territoire qui va bien au-delà de la forme seule. L’imagette 1 présente un exemple de quartier industriel occupé principalement par des entreprises de services et de distribution par lesquelles transitent les marchandises destinées aux marchés domestiques et/ou industriels (distributeurs de produits sanitaires, entreposage temporaire de la nourriture avant la distribution aux marchés d’alimentation…). Ces zones sont caractérisées par de larges bâtiments et de grandes cours ce qui explique la faible densité des rues et leur espacement par rapport aux autres imagettes. L’imagette 2 caractérise un quartier résidentiel à faible densité où la qualité de vie prime sur la fonctionnalité d’où l’apparition d’un “design” dans la forme des rues. Une maison unifamiliale est en général plus petite qu’un bloc appartement mais l’espacement entre les rues est quand même plus grand qu’à l’imagette 3. Les terrains, souvent plus vastes que la maison elle-même, compensent la petitesse de la maison. Les quartiers 2-La configuration d’un réseau hydrographique est l’une des représentations les plus convaincantes de la forme car elle permet d’identifier le type de substrat. Exemple du patron de quelques réseaux hydrographiques. Les imagettes E à J mettent en évidence la structure des couches géologique et la topographie dans la formation du patron des rivières. E- Nous observons un réseau dendritique qui se caractérise par trois densités différentes. Le granite ne se laisse pas facilement éroder et il en résulte un patron de drainage moins dense que pour les zones où le matériel est moins cohésif (Schistes et grès). F- L’épaisse couche de till très poreuse empêche la formation d’un réseau hydrographique consistant. Il se forme de petits lacs là où le calcaire a été dissous. G- Les roches métamorphiques comme le grès donnent souvent des réseaux hydrographiques angulaires (ou rectangulaire). Les 95 résidentiels à haute densité (imagette 3) sont fonctionnels, les rues se recoupent à angle droit et les blocs appartements sont situés à proximité de la rue, les cours arrières sont très petites et donnent la plupart du temps sur des ruelles très étroites. Le vieux Montréal (imagette 4) présente un patron caractéristique des époques où l’automobile n’existait pas. Les rues sont étroites et le patron y est moins régulier, les pâtés de maisons sont petits. Les rues ne se recoupent pas toujours à angle droit et convergeant parfois vers des places centrales. plus grosses rivières suivent généralement une faille, un joint ou un plissement. H- Réseaux en treillis parallèles contrôlés localement par les plissements. Les rivières on facilement érodé les couches meubles et s’attaquent lentement aux couches plus cohésives. I- Les réseaux karstiques surviennent dans les régions calcareuses facilement solubles. Le réseau de surface disparaît dans des dépressions pour alimenter le réseau souterrain. J- Réseau radial se formant sur un dôme, souvent un volcan. Image Spot acquise le 24 mai 1998 (bande panchromatique) échelle approximative de 1 : 75 000. Avery & Berlin (1985), figure 12.4, p.361. 96 Patron (suite) Nous observons sur ce territoire deux types de perturbations causées par l’homme: Un réservoir artificiel crée par un barrage hydroélectrique identifiable à la forme irrégulière de son contour et des coupes forestières identifiables par la répétitions de formes plus claires. Deux patrons de coupes forestières sont identifiables, une coupe en damier (haut) et une coupe en mosaïque (bas). Image Landsat TM4-3-2 (2001), échelle de l’extrait de gauche 1:50 000 Vue à petite échelle des plaines du Kansas. Le climat est favorable aux cultures mais les précipitations y sont insuffisantes. La solution consiste à avoir recours à l’irrigation. Chaque cercle représente un champ dont le centre est occupé par un arrosoir rotatif relié à un puits artésien. La couleur permet de distinguer les champs qui ont été récolté des champs qui ne l’on pas encore été. La région contient également des zones au patron agricole carré. Image Landsat TM (25 septembre 2000) Échelle approximative 1: 150 000 97 8-Site, 9-Association des formes: Définition de base : Certaines surfaces sont caractérisées et identifiées par le regroupement de plusieurs objets. Par exemple un aéroport est reconnaissable par la présence d’avions, de hangars, de pelouses et de pistes d’atterrissage. L’association fait appel au jugement de l’interprète pour déduire la fonction des bâtiments et autres objets. Aussi, plus l’échelle est grande plus utile sera l’association des formes et les coûts relatifs à l’acquisition et au traitement des photographies aériennes seront compensés par la richesse du détail; il y a beaucoup plus de classes potentielles dans sur 1km2 de milieu urbain que dans 1km2 de forêt. Le site se réfère à la position géographique de l’objet ou de la zone d’étude. Par exemple si l’on effectue une photo-interprétation du couvert forestier de l’Abitibi à grande échelle, il est plus probable d’y retrouver des conifères que des feuillus. Si nous savons que telle zone est caractérisée par des sols sableux il est plus probable d’y retrouver des essences de pins et pour les sols mal drainés des épinettes. Le site est un critère à la base de la supposition éclairée (voir §2.1.2.1) Remarque : Nous savons maintenant que la teinte et la texture sont des éléments descriptifs particulièrement adaptés à la description des milieux naturels (forêts, eau, agriculture), que les caractéristiques permettant de discriminer les classes naturelles ressortent mieux aux moyennes échelles et petites échelles. L’association des formes se situe à l’opposé et est le critère primordial pour l’interprétation des milieux urbains à petite échelle. À gauche: L’Est de Montréal est caractérisé par les raffineries de pétroles, plusieurs grandes pétrolières y ont élues domicile (dont Ultramar et Pétro-Canada). Nous voyons aisément que les bâtiments ne constituent pas l’essentiel de ce type d’industrie. Ce sont plutôt les tuyaux, les pipelines, les tours de distillation (visibles par l’ombre effilée qu’elles projettent) et les réservoirs contenant les différents types de produits plus ou moins raffinés (du goudron aux essences pour avion). Ces usines de transformation sont énergétivores et il faut un poste de transformation électrique (flèche verte) pour adapter la tension du courant électrique à leurs besoins. 98 Identification d’un complexe industriel par association des formes. En haut à droite nous avons une usine de panneaux particules. Ces panneaux sont produits à partir de copeaux de bois (on voit l’amoncellement jaune derrière l’usine) et de divers produits chimiques. Nous voyons que cette usine possède deux parties distinctes, l’une faites de tuyaux et de cheminées où sont amalgamés les poussières de bois et les produits chimiques et l’autre partie où les panneaux sont taillés et entreposés. Une deuxième usine (cercle rouge) fabrique des produits chiques pour répondre aux besoins de l’usine de panneaux particules et on observe qu’elle y est directement reliée par un tuyau. La troisième usine est une scierie que l’on associe à son intrant principal : des billes de bois (cercle vert). Cette usine fabrique du papier journal et des panneaux gaufrés (planches de plywood). L’ensemble de la zone est desservi par un système ferroviaire. P.A panchromatique et obliques du parc industriel de la ville de Val-d’Or (1994). 99 2.3: Carte d’occupation et carte d’utilisation du sol Les classes d’occupation du sol se basent principalement sur la teinte, la couleur et la texture des objets, elles se basent donc sur des critères directs. On associe largement les classes d’occupation du sol aux classifications des images satellitales où les classes sont identifiées par leur signature spectrale dans une approche supervisée ou non. La classe d’occupation du sol tient difficilement compte du contexte de l’objet. Par exemple une surface gazonnée reste une surface gazonnée qu’elle soit un parc, l’intérieur d’une piste d’athlétisme, un terrain de soccer, le champ d’un terrain de base-ball ou la cours arrière d’une maison. La classe d’occupation du sol est essentiellement quantitative. Les classes d’utilisations du sol reposent sur une certaine quantité de déduction et requièrent souvent recours à l’association des formes. Distinguer un secteur d’utilité publique d’un secteur institutionnel suppose que l’on ait des photographies aériennes suffisamment détaillées pour être en mesure de distinguer une école d’un hôpital, un hôpital d’un complexe sportif, un terrain de soccer appartenant à une institution privée d’un terrain de soccer public. Les cartes d’utilisation du sol couvrent en général de petites superficies mais contiennent un grand nombre de classes qui regroupent un ensemble d’objets plus ou moins hétéroclites. Table 2.3-1 : Caractéristiques des cartes d’occupation et d’utilisation du sol. Repose principalement sur Échelles typiques Couverture typique Support typique Fonction des classes Carte d’occupation du sol Teinte / couleur / texture > 60 000 Grande, généralement pour une région, une province, un pays. Images satellitales du type orientés vers les ressources naturelles. Landsat, Spot,. IRS, Radarsat, Envisat. Gestion et inventaire des ressources naturelles, évolution du territoire / changements temporels. Carte d’utilisation du sol. Association / patron / site / forme < 60 000, typiquement entre 5000 et 20000. Faible, généralement réservée aux milieux urbains et à leurs banlieues Photographie aérienne, image satellitales du type Quickbird ou Ikonos Planification économique, évolution des zones urbaines, cadastre, travaux d’ingénierie. Le code taxonomique du USGS Développé à partir des travaux du professeur James R. Andersen au début des années 70, et coïncidant avec les premiers pas du programme Landsat, ce système taxonomique est de loin le plus populaire et le plus répandu en Amérique du nord. Dans Andersen (1971) vous trouverez la philosophie à la base de ce système taxonomique. 100 Le système Taxonomique du USGS est habituellement présenté en quatre niveaux Les deux premiers niveaux sont plutôt standard, c’est à dire qu’ils sont valides qu’importe le territoire à interpréter (Arizona, nord du Québec, Floride, région de Montréal…). C’est surtout à partir des niveaux III et IV que le photo-interprète est invité à ajuster le contenu des classes (Avery & Berlin.1985) selon le territoire couvert et l’objectif de ses travaux. Finalement ce système taxonomique à la particularité de relier les classes d’utilisation du sol aux classes d’occupation du sol par une série de niveaux hiérarchiques qui sont fonction de l’échelle du document de base (table 2.3-2). Table 2.3-2 : Altitude [de l’avion] et échelle appropriée pour la photo-interprétation manuelle des classes d’occupation et d’utilisation du sol. Niveau Type de plate-forme ou altitude. Intervalle estimé des échelles correspondantes. I Satellites orientés vers les ressources naturelles. 1: 100 000 à 1: 3 000 000 II 9000-12 000 m 1: 60 000 à 1: 80 000 III 3000 – 9000 m 1: 20 000 à 1: 60 000 IV 1200 - 3000 m Inférieur à 1: 20 000 Source: Avery & Berlin (1985), table 8.2, page 256. On remarque que le niveau 1 correspond à des classes d’utilisation du sol qui sont en principe facilement discriminables à partir d’une image satellitale. Il est aussi possible d’atteindre certaines classes du niveau 2 à partir des images satellitales, notamment les classes forestières (4), des milieux humides (6) et des glaces et neiges persistantes (9). 101 Table 2.3-3 : Exemple de subdivision dans une classification à trois niveaux des utilisations et des occupations du sol. Niveau 1 Niveau 2 11-Résidentiel 12-Commercial, service et institutionnel 13-Industriel 1- Zones urbaines ou bâties 14-Transport, communications et autres installations. 15-Parc Industriel 16-Mixte 17-Autre Niveau 3 111- Rural 112- Base densité 113- Moyenne densité 114- Haute densité 121- Zone commerciale 122- Zone institutionnelle et de services 123- Autres À compléter 141-Autoroutes, 142-Installations ferroviaires, 143-Aéroport 144-Installations portuaires, 145-Installations pour l’entreposage des huiles et essences 146-Installations pour le traitement de l’eau, 147-Installation pour le traitement des eaux usées 148-Sites d’enfouissements (dépotoirs) 149-Autres Installations de communication et utilité 151-Parc industriel ou répartition du contenu dans les classes 12, 13 et 14. Non applicable niveau 2 seulement 171-Terrain de golf 172-Cimmetière 173-Autre 102 21- Terres d’assolement et pâturages 22-Vergers, vignes, pépinières et horticulture ornementale. 2-Milieux agricoles 3-Prairies naturelles (Rangeland2) 4-Forêts 5-Eau 23-Zones d’élevage confinées. 24-Autres terres agricoles 31-Prairies herbacées 32-Prairies d’arbrisseaux 33-Mixed Rangeland 41-Forêt décidue (Feuillus) 42-Forêt sempervirente (Conifères) 43-Forêt mixte 51-Rivières et canaux 52-Lacs 53-Baie et estuaires 54-Réservoirs 211-Terres d’assolement et pâturages (Cropland and pasture) 212-Paturages 221-Vergers1 222-Vignes 223-Pépinières et horticulture ornementale 224-Serres 231-Fermes laitières 232-Poulaillers, 233-Porcheries, 234-Élevage du bétail 235-Autres 240- Autres terres agricoles 310-Prairies herbac.es 320-(Shrub and brush rangeland) 330-Mixed Raggeland 411-Décidue, couverture de 10 à 50% 412-Décidue, couverture de 50% et + 421- Sempervirente, couverture de 10 à 50% 422- Sempervirente, couverture de 50% et + 431-Mixte, couverture de 10 à 50% 432-Mixte, couverture de 50% et + 510-Rivières et canaux 520-Lacs 531-Baies 532-Estuaires 540- Réservoirs 1 Au Québec et pour plusieurs personnes, le verger est confondu avec la pommeraie. Dans sa définition exacte, le verger est un lieu où l’on cultive et entretient des arbres fruitiers. Le verger désigne donc tout autant la pommeraie, l’orangeraie, la châtaigneraie, la cerisaie, e.t.c. 2 “Rangeland” est un terme d'origine américaine. Il désigne des terres dont le couvert végétal spontané est composé pour l'essentiel de graminées, d'herbacées, d’arbrisseaux et d'arbustes. 103 6-Milieux humides 7-Terre improductives 8-Toundra 9-Glaces et neiges persistantes 61-Marécage boisé (arbustif), tourbière (swamp) 62-Tourbières 63-Marais lacustres et salés 64-Prairies humides 72-Plages 73-Zone sableuse autre que les plages 75-Résidus d’extractions. 76-Zone de transition 81-Toundra arbustives 82-Toundra herbacée 83-Toundra de sol à nu 84-Toundra humide 91-Neiges persistantes 92-Glaciers 611- Marécage boisé, décidue (bog = tourbière arborée) 612- Marécage boisé, sempervirent 613- Marécage boisé, mixte 621-Tourbière ombrothophes (bogs) 622-Tourbière minérotrophes (fen) 631-Marécage non boisé d’eau douce 632-Marécage non boisée d’eau saumâtre ou salée 640-Prairies Humides 720-Plages 730- Zone sableuse autre que les plages 751-Sablière, gravière 752-Autres mines à ciel ouvert et carrière 760-Zone de transition 810-Toundra arbustives 820-Toundra herbacée 830-Toundra de sol à nu 840-Toundra humide 910-Neiges persistantes 920-Glaciers Source: Avery & Berlin (1985), tab.8.3, p.257. Traduction, modification et adaptation par Gabriel Gosselin. 104 BIBLIOGRAPHIE AVERY, T.E (1966). Interpretation of Aerial Photographs. Burgess Publishing Company, Minneapolis, USA, 193 pages. BRENAC, L (1965). La Photographie Aérienne et l’inventaire des forêts françaises. in Photographie aérienne : Panorama et inter technique. Pilote R Chevallier, rédacteur. Gauthiers-Villars Éditeurs, Paris, France.237 pages. BOMBERGER, E.H., DILL, H.W (1960). Photo Interpretation in Agriculture. Paru dans: Manual of Photographic Interpretation. American Society of Photogrammetry, Washington, USA. 868 pages. BONN, F., ROCHON, G (1996). Précis de télédétection, Volume 1 : Principes et méthodes. Presses de l’Université Laval, Sainte-Foy, Québec. 485 pages. BURGER, A (1957). Photographie Aériennes et Aménagement du Territoire. Éditions Dunod, Paris, France. 128 pages. CAMPBELL, J.B (2002). Introduction to Remote Sensing. 3ième edition. The Guilford Press, New York, USA. 620 pages. CARRÉ, J (1971). 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