Institut des études hispaniques - Université Paris

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Institut des études hispaniques - Université Paris
Histoire de l’institut d’Etudes Hispaniques
Sous l’impulsion de Carlos V. Ibáñez de Ibero et de Ernest Martinenche, l’Institut
d’Études Hispaniques, dont le nom fut officialisé par Conseil de l’Université de Paris le 17
mars 1917, et dont la mise en oeuvre date du 14 janvier 1918, est une émanation du Centre
d’Etudes franco-hispaniques qui avait été créé en 1912 à Paris. Sa création en pleine guerre
européenne était une façon de resserrer les liens avec l’Espagne et l’Amérique latine, mais
obéissait surtout à la nécessité pour l’Université de Paris de prendre une part active à
l’émergence de l’hispanisme sur un plan national (l’hispanisme universitaire français ayant
démarré dans les universités de Toulouse et Bordeaux), et international (l’Institut Ibéroaméricain de Berlin, l’Instituto de las Españas de New York). “Dans la pensée de ses
organisateurs, l’Institut est surtout appelé à devenir un Centre de hautes études au sein
duquel se développeront les recherches destinées à ouvrir la voie à une renaissance de
l’hispanisme et à cultiver plus étroitement les amitiés espagnoles”, pouvait-on lire dans le
premier numéro de la revue Hispania, revue créée en 1918, et qui en était le moyen
d’expression. Cette revue consacrée à la recherche et à l’érudition mais aussi orientée vers
les questions d’actualité, alors dirigée par l’écrivain péruvien García Calderón, a compté une
impressionnante liste de collaborateurs provenant des lettres (Azorín, Blasco Ibañez, Valle
Inclán, Álvarez Quintero, Rubén Darío, Gómez de la Serna, Unamuno), des études
universitaires (Altamira, Alfonso Reyes, Cassou, Pitollet, Cirot, Martinenche) et du monde
politique (Azaña, Ángel Marvaud). Elle cessa de paraître en 1923 pour s raisons financières.
Au-delà du développement de l’hispanisme, la création de l’Institut d’Études
Hispaniques s’inscrivait dans l’histoire du système universitaire français, avec l’essor, au sein
de la philologie de l’époque, des disciplines littéraires liées à l’étude des langues modernes :
germanisme, anglicisme, italianisme, etc. Elle prenait place en outre dans le cadre de la
réforme universitaire française du début du XXe siècle, qui s’accompagna de la création
d’instituts universitaires au sein de la Sorbonne.
La mission essentielle de l’Institut d’Études hispaniques, alors installé dans un
immeuble du 96 Boulevard Raspail, était d’offrir des cours officiels de langue et de
littérature espagnoles qui conduisent aux diplômes d’études supérieures, licence, certificat
secondaire et agrégation. Parallèlement à cette activité officielle avaient lieu les cours
spécifiques et les cycles de conférences. Les cours spécifiques traitaient de l’histoire de
l’Espagne, l’histoire de l’art, la législation et la géographie. Les conférences dépassaient le
cadre universitaire et s’adressaient au grand public. Elles étaient confiées à des professeurs
provenant d’Espagne et de l’étranger et qui étaient invités grâce au
soutien financier du Gouvernement espagnol. Des classes pratiques d’espagnol étaient
également offertes, de même que des cours complémentaires destinés aux élèves de
l’enseignement secondaire et de la primaire supérieure. À l’Institut ont ainsi exercé comme
lecteurs d’espagnol Pedro Salinas et Jorge Guillén, et comme professeurs Américo Castro,
Aurelio Viñas, y Rafael Lapesa, parmi d’autres.
Le nouvel édifice de l’IEH situé au 31 rue Gay-Lussac a été inauguré le 29 mai de 1929
par Gaston Doumergue, président de la République, en présence des autorités françaises et
espagnoles. La cérémonie fut l’occasion d’exalter l’amitié franco-espagnole, et on y aborda,
dans les discours, la nécessité d’améliorer la compréhension mutuelle et de dépasser les
malentendus et préjugés hérités du passé. Le principal donateur fut le marquis de Casa
Valdés. Les sociétés Peñarroya et Asturiana de Minas ont également donné une subvention.
L’inauguration intervint la même année que s’ouvraient deux grandes expositions
internationales à Barcelone et à Séville, et sept mois avant que n’ouvre ses portes la Casa de
Velázquez de Madrid.
Depuis lors, l’IEH a été l’institution qui a regroupé l’hispanisme parisien et l’un des
principaux centres de l’hispanisme international. Outre la formation de nombreuses
générations d’hispanistes, son rôle spécifique a été de cultiver les relations avec les
intellectuels espagnols et de faire très tôt preuve d’intérêt pour la culture latino-américaine.
Présentation du colloque :
Organisé à l’occasion du centenaire de l’Institut d’Études hispaniques, créé en 1917 au sein
de l’Université de Paris, ce colloque international vise à étudier l’émergence et la
construction, au sein de l’université, de nouveaux champs disciplinaires associés aux langues
vivantes, qui donneront naissance à de nouvelles disciplines scientifiques qui s’articulent
autour d’un espace linguistique et culturel. L’étude sera axée sur la naissance de
l’hispanisme dans les premières décennies du XXe siècle, les évolutions postérieures qu’il a
connues et les enjeux que soulève cette question selon une perspective à la fois
épistémologique, institutionnelle, sociologique, culturelle et politique. Ce colloque s’inscrit à
la fois dans l’histoire sociale des savoirs et dans l’histoire connectée, dans la mesure où la
naissance de l’hispanisme sera analysée depuis la France, mais aussi dans d’autres pays
(Allemagne, Angleterre, États-Unis) et en lien avec l’apparition contemporaine de disciplines
sœurs liées à d’autres langues vivantes. Un intérêt particulier sera porté à la perméabilité de
l’hispanisme et à son ouverture au lusisme et aux études latino-américaines.