Tour de France

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ENQUÊTE
Dans les
de
INVITÉ
Alain Chaillé,
vice-président pour
l’Europe du sud
de Fedex
■
■ FOCUS
Baromètre du moral
des logisticiens
PRODUITS
STVA certifié
en management
environnemental
la Grande
Pour la 93è édition du Tour, le Journal
de la Logistique s'est glissé dans
les roues des organisateurs.
Au départ de l'étape Beauvais-Caen,
puis à l'arrivée du contre-la-montre
■
de Rennes, le magazine a arpenté
les coulisses de la Grande Boucle.
ENQUÊTE
Dans les lacets de
la Grande Boucle
■
DR JDL
PRESTATAIRES
LOGISTIQUES
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Cette année, au menu, la société du et autres Opens de golf), le Tour de
Tour de France proposait 3 600 kilo- France reste son principal rejeton.
mètres de course à avaler en 21 jour- « Le cyclisme générant à lui seul
nées de forçats. Événement de répu- 70 % des 135 millions d'euros de
tation mondiale, la caravane jaune chiffre d'affaires du groupe », explique
lessive les jambes des cyclistes et Christophe Marchadier, responsable
ébulle l'esprit des téléspectateurs. communication d'ASO. On peut imaDeux milliards de contacts télés, giner que la Grande Boucle entre
des amateurs localisés jusqu'en dans une part non pas moins large.
Nouvelle-Zélande et des norias d'ac- L'amateurisme n'a pas sa place.
crocs massés au bord des routes. Une telle compétition, cela se
prépare longtemps
Pour éviter que ce
Sur la Grande
à l'avance. Son tracé
grand cirque ambulant ne déraille, il Boucle, les équipes est l'œuvre de JeanFrançois Pescheux.
faut une logistique
logistiques
Ancien coureur cycapable d'anticiper
sont scindées
le moindre gravillon.
cliste, ses coups de
Telle est la gageure
crayon noircissent
en deux.
des organisateurs.
depuis plus de 25 ans
Tamisée par plus de dix années les cartes routières hexagonales, à
de professionnalisation de l'évène- la recherche du lacet inédit. Dès à
ment, ASO fait montre de son suc- présent en repérage pour l'édition
cès. L'Amaury Sport Organisation 2007, il opère en binôme pour recons'est structuré pour répondre aux naître physiquement le parcours.
attentes et aux besoins gloutons des C'est ensuite au tour de Jean-Louis
publicitaires. Si les organisateurs ne Pages d'entrer dans la danse. A
se cantonnent pas uniquement au l'œuvre sur la présente édition pour
vélo (il compte dans son escarcelle veiller à la bonne exécution des
le Paris-Dakar, le marathon de Paris plans, le directeur des sites du
(
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LE JOURNAL DE LA LOGISTIQUE
)
Tour discute avec les municipalités
futures des lieux d'implantation
idoines. Rien n'est laissé au hasard.
Tout est anticipé suivant un ordre de
route bien précis. Sur la Grande
Boucle, les équipes logistiques sont
scindées en deux. Une pour la ligne
de départ, l'autre pour l'arrivée.
Entre les deux points, le parcours est
balisé par les municipalités, l'autorité publique. Restent les balises
métriques et autres sponsors.
Les lieux de vie du Tour se construisent sur un même plan, adapté à la
topographie des lieux. Ensuite, chaque
prestataire connaît son rôle sur
le bout des pédales et l'exécute de
façon quasi autonome. Si, au quotidien, ASO emploie une vingtaine de
personnes, il change de plateau
au moment de l'épreuve pour compter près de 200 unités supplémentaires : vacataires, manutentionnaires et hôtes d'accueil. Pour le
reste, la société pratique l'externalisation avec des partenaires de longue
date. Il y a Norbert Dentressangle, le
transporteur historique, Doublet, le
spécialiste de la logistique sportive,
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ENQUÊTE
lacets
Boucle
A
DR JDL
Enquête réalisée par
Xavier Mesme
DU CÔTÉ DES ÉQUIPES CYCLISTES
Cette année, 22 équipes
cyclistes ont engagé neuf
coureurs chacun, soit 198 au
pour les équipes cyclistes.
Chez AG2R, chaque cycliste dispose
B
de trois vélos de route, d'un vélo pour
total. Durant 21 jours, l’intendance assu-
le contre-la-montre. L'équipe possède
re la subsistance de toute l’équipe. Un
50 paires de roues traditionnelles, 11
bus est loué pour transporter les cou-
roues lenticulaires, 12 paires de roues
reurs de l'hôtel jusqu'au départ. Chez
à bâtons, et 60 pneus de rechange.
AG2R, il a coûté 320 000 euros, amé-
Concernant l'alimentation, les coureurs
nagement compris. A cela s'ajoute un
avalent le contenu de 10 musettes par
camion atelier, dans lequel les mécani-
jour, ce qui représente 1 000 pâtes de
nique, mise au supplice cinq heures
fruit, 1 500 barres de céréales, 2 000
DR JDL
ciens s'adonnent aux joies de la méca-
bidons remplis en course d'eau, de
par jours durant. L'équipe AG2R dis-
sirop de glucose ou sels minéraux.
A
L’équipe Discovery, orpheline
de Lance Armstrong, septuple
vainqueur du Tour
B
Le car de l’équipe française
AG2R se gare sur le parking
« équipe » deux heures
avant le départ
pose d'un fourgon servant d'entrepôt
C
roulant pour les bidons d'eau. Il
Celui de l’équipe Phonak,
équipe de Floyd Landis,
futur ex vainqueur
du Tour de France
exécutera un aller-retour à mi-Tour
pour refaire les stocks. Enfin, neuf
voitures de courses se répartissent
entre les directeurs sportifs, le méde-
D
cin, les assistants kinés. Le partenaire officiel du Tour, l'automobiliste Skoda, pratique à ce
propos des tarifs privilégiés
DR JDL
DR JDL
C
D
Thor Hushovd de l’équipe
Crédit Agricole, ne le sait
pas encore. Il remportera
la dernière étape sur les
Champs Elysées
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LE JOURNAL DE LA LOGISTIQUE
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DR JDL
E
DR JDL
ENQUÊTE
Les chiffres publiés par ASO témoi-
couleur rouge pour la direction, les
gnent de l'engouement mondial.
commissaires, quatre de robe bleue
75 chaînes couvrant 72 pays, 1 200
pour les relations extérieurs.
journalistes présents, pour deux mil-
Bruno Lebon explique également que
liards de contact TV dans le monde.
trois avions survolent le parcours de
Aujourd'hui, cela fait beaucoup d'an-
l'étape. « Le premier tourne au dessus
tennes au mètre carré dans un peloton
de la ligne de départ, le second sur-
composé de cyclistes à oreillettes, de
vole le peloton, et enfin le troisième
motos journalistes, de voitures équipes,
fait la boucle autour de la ligne d'arri-
et de véhicules des organisateurs. Pour
vée ». C'est à ce prix que les équipes
relier ce beau monde urbi et orbi, ASO
peuvent communiquer en permanence
a monté quatre voitures relais. Grises
▲
comme la plupart des voitures d'ASO,
elles se couvrent au moment de la course d'une forêt d'antennes. Bruno Lebon
est « liaison radio » depuis 1997. Croisé
Bruno Le Bon,
« liaison radio »
sur le Tour
depuis 1997
DR JDL
MÉDIA : LE FIL D’ARIANE
(
Le service
transmission
équipe près de
60 véhicules
)
sur le circuit tôt le matin de la 5è étape,
il lustre sa voiture avant d'y planter
de vérifier le bon fonctionnement de
DR JDL
une forêt d'antennes. « Je suis chargé
cas de pépin, nous intervenons. » Les
avec leurs cyclistes et obtenir la
deux voitures assignées, une à l'avant
moindre donnée concernant les écarts.
et l'autre à l'arrière, sont truffées d'élec-
Quant au téléspectateur, c'en est fini
tronique. Le service transmission équi-
des jurons quand le faisceau coupait en
pe près de 60 véhicules : 27 motos et
pleine ascension des Pyrénées. De la
25 voitures. Le spectateur
neige en plein été sur les écrans, ce
peut croiser les voitures
n'était pas très vendeur ...
F
des officiels. Quatorze de
E
France Télévisions, partenaire
historique du Tour de France
F
DR JDL
Les voitures officielles
le hollandais Movico et ses tribunes
amovibles. Voilà pour le montage
de la ligne de départ, d'arrivée, et
du village.
Ogre médiatique la zone technique
se déploie sur une aire impressionnante. Survolés par trois avions
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chaque voiture, nous confie-t-il. En
relayeurs, les semi-remorques
truffées d'électronique assurent la
bonne retransmission des images.
Les équipes de France Télévisions
ont acquis un haut degré autonomie.
Partenaires de longue date, ils participent à la coordination de l'en-
semble. Se greffent autour, radios et
télévisions étrangères, plateaux
télés ou points radios.
Ultime maillon, la caravane publicitaire fait aussi l'objet d'une logistique affinée. Limité cette année à
220 véhicules, le défilé de marques
(48 au total) génère ses propres
impératifs d'ordonnancement, de
rupture de charge et de réapprovisionnement. Interrogez un prestataire, 15 millions d'objets publicitaires à distribuer, cela tient de
la gageure. Toute cette mécanique
invisible, ce travail d'hommes de
l'ombre illustre le métier de logisticien : les mains dans le cambouis,
toujours en danseuse. Car la chaîne
huilée du Tour ne peut se permettre
de dérailler.
■
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ENQUÊTE
Un nouveau départ
Xavier Mesme interviewant
Mickael Hinault, responsable
village du Tour de France
▲
Jeudi 6 juillet, le Tour s’élance de Beauvais.
DR JDL
groupe électrogène, nous
sommes indépendants »,
explique-t-il. Après un
conciliabule avec les officiers de la
gendarmerie, ce sont eux qui placent
les barrières le long du tracé, il est
temps d'accueillir les prestataires
logistiques. ASO fait confiance à
France Location, à qui ils ont presté
une bonne partie de leur activité.
Huit camions placent les semiremorques de cuisine et lingerie par
B
C
▲
A
Antony
Danguillaume,
le responsable
logistique du Tour
de France
DR JDL
Midi sonne au clocher. Le dernier
véhicule de la caravane du Tour a
quitté les lieux il y moins d'une demiheure. En l'espace de quelques
minutes, les rues se vident. Le temps
d'apercevoir le peloton prendre
le départ fictif (le départ réel de la
course a lieu plus tard, hors agglomération, ndlr) de la sixième étape
entre la capitale administrative
de l'Oise et Caen, quelques coups
de pédales, des traînées vertes,
oranges, bleues, des sourires fugaces
de champions, des clameurs. Et puis
le calme d'après tempête. Place
Malherbes, le village du Tour ferme
ses portes. VIP, organisateurs et
sponsors partenaires ont pris la roue
du peloton. Attablé, Michaël Hinault
savoure un instant de repos. Accort,
le coordinateur village achève une
matinée entamée à l'aube. « Je travaille en décalage complet avec le
Tour, je ne suis aucune course»,
explique Mickael Hinault. De fait, il
précède les étapes et investit la veille
au soir la ville de départ pendant que
la caravane fend la ligne d'arrivée.
Inscrite au programme, une réunion
à 19H00 avec les services municipaux. « Il faut dessiner le plan du
village en fonction de la place échue,
repérer les points d'eau. Pour le
DR JDL
le village du Tour distrait les VIP.
DR JDL
DR JDL
Pendant que les coureurs se préparent,
ANTHONY DANGUILLAUME, PREMIER DE CORDÉE
Anthony Danguillaume a intégré le team
Dentressangle… 300 à 400 personnes
cyclisme il y a un peu plus d’un an.
travaillent directement pour la logis-
Issu du département marathon, le res-
tique. Trois jours avant le début de la
ponsable logistique peut se prévaloir
compétition, ce beau monde se réunit
d'un certain atavisme : son père était
pour « les alerter sur l'itinérant, les infor-
coureur cycliste. Son rôle consiste
mations impromptues ». Les cinq pre-
essentiellement à gérer en amont les
miers jours de course sont l'occasion
prestataires : « ce sont des contrats
pour le responsable logistique de faire
annuels, explique-t-il. Mais exception-
le tour des municipalités avec les
nellement, nous pouvons les allonger
prestataires et des équipementiers,
de deux ans ». Le jeune homme de tren-
histoire de vérifier si tout roule. Il est
te-deux ans lance les appels d'offres
alors temps de revenir soit aux
sur toutes les parties structures, le
bureaux à Issy-les-Moulineaux ou de
matériel et les équipes. Une trentaine
suivre plus en détente le Tour. Et de
de prestataires officient sur la Grande
préparer la 94è édition.
exemple. Deux bus couchettes servent de nid douillet au personnel.
Les partenaires sponsors, Café
Grand-mère, Aquarel, et autres
grands noms de l'alimentaire paient
pour achalander la vitrine qu’offre le
village. Journalistes, grands noms
de la télévision ou du show-biz, officiels et invités déambulent entre les
stands. Au menu, spécialités régionales et rendez-vous d'affaires.
Ceint par 350 barrières, le village
est constamment cerné par les
curieux. À l'intérieur, des acrobates,
de grands échalas peinturlurés font
aujourd'hui le spectacle. Rien de
bien extraordinaire pour le fils de
Bernard Hinault, en contact avec
le Tour depuis son enfance. Non, ce
qui lui importe, c'est de coordonner
le démontage, « qui dure quatre, cinq
heures tout au plus ». D'ici là, le
coordinateur aura déjà pris la poudre
d'escampette. Il doit partir bien
avant, rejoindre le point de départ de
la prochaine étape, à Caen. À 19H00,
■
une autre réunion l'attend.
A
Le départ fictif est donné.
La scène dure quelques
minutes pour une nuit
de travail
B
Le village du Tour de France,
dédié aux officiels.
C
Une nuit pour le montage,
quatre pour le démontage.
Le village aura vécu l’espace
d’une matinée
Boucle. Doublet, Movico, Norbert
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A
ENQUÊTE
Une course-contre
la montre quotidienne
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Le montage de la ligne d'arrivée de
Rennes débute tôt dans la nuit. Ballet
d’arrivée, auquel sont
tenus de se conformer
les équipes de montage
A
Cinq heures du matin,
les premiers camions arrivés
dans la nuit prennent possession
du complexe Beaulieu à Rennes
B
C’est au tour de France
Télévision d’investir les lieux
C
La ligne d’arrivée sous le crachin
rennais. Les manutentionnaires
installent les barrières bandeaux
D
La ligne d’arrivée à 06h30,
07h30 et 08h30
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Le grand manitou de la ligne d'arrivée, c'est lui. Pull rose, barbe de
baroudeur, regard clair et pattes
d'oie du bonheur aux coins des yeux.
Jean-Louis Pages gère son monde
le ton ferme, la gestuelle martiale.
Coordonner 150 camions, orchestrer
la sarabande d'une noria de techniciens exige une poigne d'acier sous
le velours du gant. « Non, il n'a rien
à faire ici, je ne vais pas le répéter »,
tonne-t-il tout en traçant la ligne
d'arrivée à la craie. Le « il », c'est
une camionnette venue se garer sur
une plate-bande. Dans la pénombre
du samedi matin rennais, les environs du Complexe universitaire de
Beaulieu s'éveillent lentement à la
lumière des feux de croisement des
forme de paternalisme font le succès de chaque arrivée. Tout s'organise dès l'arrivée des équipes à
23H00, la veille.
Un peu plus loin, Jean-Claude Cabo,
régisseur chez France Télévisions
s'affaire à placer les véhicules du
groupe de télévision. « 18 camions :
nous avons en rotation les
deux cars régie de France
D
Télévisions Lyon et Toulouse,
DR JDL
■ Plan type de la ligne
DR JDL
un car dit « Eurovision », un
véhicule HF SFP, un car B
montage VCF, les petites
porteurs, le camion commentateur
d'Henri Sannier et Laurent Fignon,
la grue de 53 mètres, etc. » Il existe
un ordre d'arrivée pour que les éléments techniques s'accordent. Ainsi,
commencer à monter le plateau
avant l'installation de Lumex, (fournisseur d'éclairage), n'a pas de sens.
Et dans ce cirque aux allures de
joyeuse pagaille, chaque véhicule
prend une place tacitement assignée. Comme la voiture et la tente
de la chaine radio RMC, floquées
aux couleurs du commentateur
Laurent Jalabert.
DR JDL
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camions du Tour. Le directeur site
d'ASO gère en solo le montage de
la ligne d'arrivée depuis 23 ans.
« Pourtant, je n'aime pas le vélo »,
annonce-t-il en préambule. Ancien
professeur d'Histoire-Géographie,
il a pris la Boucle un beau jour. Et
depuis, c'est la Boucle qui l'a pris.
Son expérience et son charisme
fonctionnent sur les lieux. Partout on
l'écoute, il salue, il indique. Tous les
prestataires présents connaissent la
musique. Il fait office de patriarche,
de « cette grande famille », explique
Philippe Marceau, chef de
projet chez Doublet. De la
C
rigueur et une certaine
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sans heurts avec des équipes rodées.
DR JDL
énigmatique, la coordination s'effectue
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G
F
DR JDL
DR JDL
ENQUÊTE
A sept heures du matin,
lorsque le ciel rennais se
décide à baigner de lumière la ligne
d'arrivée, la plupart des camions
de Norbert Dentressangle ont pris
possession des lieux. Les 24 semiremorques du transporteur déversent leurs kilomètres de barrières,
que les gens de Doublet se chargeront de positionner. André Le
Bon, directeur du site de Norbert
Dentressangle à Soissons, s'occupe
du Tour de France depuis plus de
21 ans. Le logisticien aux couleurs
gueule et argent a récupéré le Tour
dans la besace de United Savam,
un prestataire absorbé en 2001.
Ils acheminent le podium de protocole, le chronopôle, quelques élé-
E
ments de la caravane et quatre à
cinq camions de réapprovisionnement. Ils embarquent également
sept chariots élévateurs. Une grande partie des barrières de la ligne
d'arrivée, qui remonte sur un kilomètre, ensuite c'est pris en charge
par la municipalité. Le rôle de Doublet
et de Philippe Marceau, chef de projet chez le prestataire. 95 personnes,
30 véhicules. Ils placent les barrières
de sprint, intermédiaire et sprint
final, règle les soucis d'embouche
(publicité non désirée), et équipe une
partie de la caravane. Doublet
fabrique également une partie du
banderolage, s'étendant pour certains sur 25 mètres. Mais déjà la
cabine du commentateur crache ses
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premiers décibels. Autour, les premiers journalistes errent en quête
de la salle de presse. Elle est installée un peu plus loin. Les organisateurs et les hôtes achèvent de placer
les pions, d'installer le Wifi.
Quant aux manutentionnaires, ils
peuvent aller se restaurer et goûter
la crêpe saucisse locale. Pour eux,
un peu de répit avant que dans
quelques heures, les routes du Tour
ne les emmènent à Lorient.
■
Caravane : une manne bien lourde
La caravane publicitaire est le pendant
de l'épreuve sportive. Elle fait patienter
E
Et le public déjà massé pour
être aux premières loges
le public et ravit les annonceurs.
Sa coordination s'avère délicate.
Sur la ligne d’arrivée, s’échauffe
le commentateur avec
l’arrivée des équipes de cadets
et des vedettes « peoples »
G
La zone technique
accueille télévisions, radios
et personnels télécoms
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Cette année, ASO s'est montré raisonnable : Pas plus de 220 véhicules
publicitaires au départ. Le chiffre est
tout de même supérieur aux 198
cyclistes présents au départ ! 220
véhicules, cela donne une caravane
étalée sur vingt-cinq kilomètres.
Cyrille Tricast, responsable de la
caravane depuis 2003, veille « à ce
que les organisateurs puissent présenter un beau spectacle. » Pour
coordonner les camions Nesquik, les
carrosseries Cochonou ou les roadsters Vache qui rit, 600 personnes
veillent à son bon fonctionnement.
Chaque marque est responsable de
ses propres véhicules. Tous sont
regroupés au départ dans le par-
DR JDL
F
king technique. Les voitures et
camions ne remplissant pas aux
codes de la route sont acheminés
par semi-remorques. Quelques-uns
des engins sont pourvus de matériels des plus encombrants qui masquent la visibilité du conducteur.
La première difficulté de la journée
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(
Le réapprovisionnement en course
relève d’un
process délicat
)
DR JDL
A
DR JDL
Pour chaque marque, ASO
offre la liaison radio et exéB
cute un essai au kilomètre
zéro. Un point GPS est effectué en
début, en milieu et en fin de parcours. Pour encadrer la caravane,
treize motards de la Garde républicaine précèdent la tête de cortège
et veillent au déblaiement de la
route. Plus en amont, trois véhicules
« info sécurité » ressassent inlassablement au public les consignes
de sécurité. Un accident est très
vite arrivé, avec l'engouement populaire qu'il suscite. D'après les organisateurs, sur les 15 millions de
spectateurs, 55% des groupes de 5
personnes viennent accompagnés
d'enfants de moins de 15 ans.
Davantage qu'une avant-première,
le défilé de marques équivaut pour
moitié au spectacle offert. Pour
quelques secondes de peloton, la
caravane offre 45 minutes de spectacle. Inondés de messages radiophoniques, bombardés de couleurs
et logos vivaces, les spectateurs
massés le long des pistes reçoivent
15 millions d'objets publicitaires
distribués par les intermittents ou
étudiantes montés à bord des véhicules : petites saucisses, échantillons de café, mains géantes
vertes, bouteilles d'eau de source, de
quoi garnir les musettes. D'après
Cyrille Tricast, « il faut placer l'ensemble des 48 marques dans le
même ordre de défilé. Nous alternons pour éviter que deux couleurs
se suivent. On veille aussi à alterner
le nombre de véhicules par cortège.
Pour que l'ensemble rende une
impression d'homogénéité. »
Le réapprovisionnement en course
relève d’un process délicat. Il s'agit
d'un système de pick-and-stop, des
déposes à intervalles réguliers. Chez
LCL, par exemple, 8 véhicules composent la caravane. Six d'entre eux
s'arrêtent en cortège au niveau
des cartons. Il faut moins d'une
minute pour réaliser l'opération.
Enfin, si une panne vient ensabler
le rouage, alors une dépanneuse
(deux pour les étapes de montagne) secoure l'engin en délicatesse. Cette logistique fine est
nécessaire pour assurer la source de
revenus des organisateurs.
■
Les voitures sont garées
sur le parking technique,
en attendant leur longue
procession
B
La distribution des objets
publicitaires nécessite
une manutention amont
artisanale…
DR JDL
DR JDL
consiste à garer les véhicules dans
l'ordre de départ, ce qui n'est pas
une mince affaire, au vu du nombre.
Les camionnettes de réapprovisionnement peuvent boucher le trafic.
L'opération prend du temps, environ
40 minutes.
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A
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ENQUÊTE
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Le sponsoring
à l'affiche
Qui dit Tour de
France, dit sponsor.
Et qui dit sponsor,
dit visibilité. Si les
entreprises payent,
elles exigent en
contrepartie une
garnies par les officiels de la municipalité et leurs invités. Si la liste
s'avère trop longue, libre à eux d'en
installer une troisième. Les répercussions médiatiques sont énormes
et le siphon à public amazonien.
Il suffit de regarder les premiers
téléspectateurs accoudés aux barrières. Dans leur pare-vent jaune,
bravant le crachin breton, en famille ou en solo. La première course
du contre-la-montre est prévue
à 11H00. Elle draine des personna-
bonne couverture
publique et télévisée.
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DR JDL
Raymond Poulidor toujours
fidèle au Tour
X.M. ■
DR JDL
A
Pour satisfaire à la demande, ASO
fait appel à Carole Durant. Entrée
dans le pôle logistique en 2002,
elle coordonne les équipes parcourant le circuit à la recherche de
la bannière qui fâche. Au moment
de l’entrevue, justement, son téléphone sonne. Il manque des arceaux
à tel endroit. Coup de téléphone à
Philippe Marceau, chef de projet
chez Doublet, pour réparer l'impair.
Ces allers-retours sont nécessaires
pour veiller au bon affichage. « Nous
disposons de 500 barrières publicité,
1 100 barrières hautes (servant à
clore les espace privés, ndlr) et 200
barrières basses ». ASO fait appel à
trois prestataires différents. Doublet
s'occupe principalement des kakemono et des publicités latérales,
Movico installe la flamme rouge
(signalisation du dernier kilomètre),
ainsi que le dressage des deux
tribunes réservées aux officiels et
invités de la municipalité. Dernière
nouveauté, un camion antidopage
est installé par le prestataire
Toutenkamion, qui assure aussi la
maintenance du chronopôle et du
podium protocolaire.
09h00 : La tribune Eurovision, réservée aux commentateurs télés sort de
terre. En face les deux tribunes
Henri Desgrange et Géo Lefèvre
font de même. Movico, prestataire
hollandais fidèle au Tour active ses
hommes. Les deux tribunes seront
DR JDL
ASO veille au grain.
lités comme Guy Roux ou Bernard
Hinault.
En dehors de l'installation des
potences métriques, tous les 25
mètres à partir des derniers 150
mètres, des arches gonflables et des
barrières, Carole Durant lutte contre
une pratique bien plus sournoise.
« L'embouche consiste à supprimer
toute affichage sauvage. Des marques
de bouteilles d’eau, par exemple, qui
décident de faire le publicité sur le
tour ». Carole Durant se souvient
d'un épisode en 2002 plutôt révélateur de la difficulté à appliquer la loi
du Tour. «Un club de supporters
d'une équipe cycliste avait installé
sur l'un des versants de l'étape des
Deux-Alpes un gigantesque maillot.
Or les équipes ne payent pas pour
une publicité autre que celles portées par leurs coureurs. J’ai tenté de
l’enlever, mais devant la vivacité de
leur réaction, nous avons précipitamment battu en retraite ». Ces
évènements restent anecdotiques,
puisque comme le précise la responsable, il est difficile de faire respecter l'affichage sur tout le parcours.
Sauvagement combattu à l'étape
d'arrivée, ASO se résigne sur le
reste du parcours. La Grande Boucle
demeure un évènement populaire
s'il en est. Il appartient au peuple et
le « fliquer » lui nuirait à long terme.
A