Cameroun Intersyndicale au Cameroun disent

Transcription

Cameroun Intersyndicale au Cameroun disent
Suppression de la subvention aux produits pétroliers :
Position de l’intersyndicale du Cameroun
Suite au projet du gouvernement du Cameroun de supprimer la subvention aux
produits pétroliers et de revoir à la hausse le prix des hydrocarbures a la pompe :
L’intersyndicale du Cameroun dit :
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non à l’augmentation du prix du litre de carburant à la pompe
non à l’augmentation des prix des denrées de première nécessité
non à plus de paupérisation des travailleurs et des populations
non à la gabegie et à l’utilisation abusive des fonds publics
oui à une réduction du prix du litre de carburant a la pompe
oui à un relèvement substantiel du SMIG
oui à l’augmentation des salaires dans la fonction publique
oui à la suppression des bons de carburant
oui à la suppression des droits universitaires dans les universités d’Etat
oui au retour dans l’économie des fonds publics détournés
Déclaration des confédérations syndicales des travailleurs du Cameroun
réunies au sein de l’intersyndicale relative au débat sur la suppression de
la subvention de l’Etat en faveur de la société nationale de raffinage
(SONARA)
Contexte
En fin d’année 2011, le Gouvernement du Cameroun avait déjà projeté d’augmenter
le prix des hydrocarbures à la pompe et envisager de procéder à une suppression de la
subvention qui, selon lui, est destinée à maintenir les prix de ces produits à leur
niveau actuel.
D’après les pouvoirs publics, le budget de l’Etat a supporté à hauteur de 323
milliards de FCFA la subvention au carburant en 2011, soit une dépense de 337 FCFA
par litre de pétrole lampant et 238 FCFA par litre d’essence et de gasoil, pour un
coût de plus de 700 milliards de FCFA de 2008 à 2010, à raison d’un peu plus de 250
milliards par an, dans le soutien des prix à la pompe. La subvention pour 2012 est
prévue à hauteur de 400 milliards de FCFA, selon les mêmes sources.
Les explications constamment diffusées pour justifier le lien entre la subvention et la
hausse du prix du carburant à la pompe s’articulent autour :
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Des difficultés de fonctionnement de La Société Nationale de Raffinage
(SONARA) qui vend à perte et ne compte que sur la subvention de l’Etat. Or
ce dernier rencontrerait des difficultés budgétaires, d’où son incapacité à
continuer de supporter cette subvention ;
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De la pression internationale due à la flambée du prix du pétrole sur le marché
mondial, avec des cours en hausse devant se répercuter sur le marché interne ;
De la mobilisation de ressources financières pour réaliser les projets
d’investissement.
Le mois de janvier 2012 avait été annoncé pour la mise en œuvre de cette hausse des
prix mais de multiples réactions de mécontentement ont amené les pouvoirs publics à
suspendre la mesure envisagée.
Cependant, sans y avoir renoncé, ils sont revenus à la charge. C’est ainsi que des
révélations persistantes au courant de cette année 2012, de sources concordantes,
font état de ce que cette mesure pourrait entrée en vigueur dès la fin du mois de
juillet 2012.
Ce qui s’est concrétisé par des sorties médiatiques et publiques des partisans et des
opposants à cette hausse probable du prix du litre de carburant à la pompe.
Pour une certaine opinion favorable à la suppression de la subvention, ces
subventions qui sont allouées à la SONARA devraient être réaffectées au
développement infrastructurel et à d’autres secteurs d’activités créatrices de richesses
qui n’ont pas bénéficié d’appuis consistants et permanents de l’Etat pour leur essor.
Une posture issue d’une posture d’adhésion à un discours officiel tenant lieu d’un
chantage qui consiste à attribuer au maintien de la subvention, l’absence à l’avenir de
construction d’infrastructures de base (Routes, écoles, hôpitaux…).
A contrario, pour une large frange de l’opinion, aucune hausse des prix n’est
envisageable (opportune) car ceux pratiqués actuellement sont suffisamment
prohibitifs pour les catégories sociales les plus vulnérables et leur augmentation
entraînerait un surenchérissement des produits de consommation courante.
Il convient de rappeler que la SONARA qui ne raffinerait qu’à peine 6% du pétrole
produit au Cameroun, en exporte plus de 50%. Au nom des travailleurs et
travailleuses Camerounais, les produits pétroliers utilisent les subventions, fruit de la
collecte des impôts et taxes auprès du contribuable, pour financer l’importation à 90
% des produits pétroliers provenant du Nigéria, de la Guinée Equatoriale et d’autres
sources, destinés à la consommation locale. Des importations qui représentent à elle
seules 40 % de l’ensemble des produits importés au Cameroun.
A travers leurs déclarations, les Dirigeants du pays ont beau jeu d’indiquer d’avoir
effectué des dépenses pour appuyer la production et la distribution du carburant,
mais omettent volontairement de révéler les bénéfices tirés de l’exploitation
pétrolière.
Or d’après des données financières officielles et des études menées par nos experts
commis et des institutions crédibles, le pétrole a généré au Cameroun 1766,852
Milliards de FCFA en 2008-2010, pendant la période où le carburant était
subventionné à plus de 700 Milliards de FCFA, et 4 978 726 838 FCFA en 2011 avec
une hausse à 38, 48% de la vente des bruts et des transferts à l’Etat établis à 572,674
milliards de FCFA, soit une progression de 36,3%. Des chiffres qui ne tiennent pas
compte des prélèvements fiscaux et douaniers induits.
De même, des études comparatives avec certains pays africains ayant le même
potentiel énergétique et/ou économique que le Cameroun sinon moins, il se dégage
que :
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Au Gabon, le super se vend à 535 FCFA/l, le gasoil à 470 FCFA/l et le pétrole
lampant à 275 FCFA /l ;
Au Nigéria, le prix du litre de super à la pompe est de 296 FCFA pour des
subventions annuelles du carburant à hauteur de 8 milliards de dollars ;
Au Tchad, le litre de super coûte 380 FCFA/l, 520FCFA/l pour le gasoil et
375 FCFA/l pour le pétrole lampant ;
En Angola, le litre de carburant est obtenu à 325 FCFA ;
En Algérie, 156 FCFA pour le litre de super et 85 FCFA par litre de gasoil ;
Au Ghana, le super et le gasoil coûtent respectivement 392 FCFA/l et 450
FCFA/l ;
En Tunisie, 448 FCFA/l, 330 FCFA/l et 265 FCFA/l respectivement pour le
super, le gasoil et le pétrole lampant.
Les cinq premiers pays présentent des prix à la pompe plus bas que ceux du
Cameroun grâce à un apport concret et soutenu de la rente pétrolière à la
consommation, matérialisant ainsi leur statut de pays producteurs de combustibles
fossiles.
S’agissant des deux derniers, ils ne jouissent pas du même statut mais compensent
ce désavantage naturel par l’instauration de mesures sociales rendant les prix à la
pompe également bas et les services et produits de première nécessité accessibles aux
moins nantis.
Si l’Etat du Cameroun éprouve donc des difficultés à traduire son potentiel
économique par l’exploitation et la transformation de ses richesses énergétiques en
investissements palpables et visibles au profit immédiat et prioritaire des
populations, il ne doit pas sans cesse en refléter la conséquence, au motif de vouloir
renflouer les caisses, par un acharnement systématique et une pression permanente
sur les bourses déjà vulnérables de la majorité des Camerounais vulnérables.
Ceux-ci endurent déjà au quotidien
supportable, marquée
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une
inflation de la
vie à la limite du
Par la cherté des denrées de première nécessité ;
Un pouvoir d’achat des plus faibles caractérisé par une ponction de 70% des
salaires dans la Fonction publique suivie de la dévaluation du FCFA depuis
1994,
Le SMIG le plus bas des pays d’Afrique Centrale (28 216 FCFA), derrière la
République Centrafricaine, le Tchad, le Congo Brazzaville la Guinée
Equatoriale et le Gabon aux Smig respectivement de 35 000 FCFA, 60 000
FCFA, 70 000 FCFA, 110 000 FCFA et 150 000 FCFA.
A cette inflation se rattachent un chômage galopant, un sous emploi exponentiel, une
précarité innommable : gages d’anéantissement des perspectives d’ascension sociale
à laquelle aspire légitimement chaque citoyen.
Autant de facteurs qui accentuent la misère sociale, consolident les embûches que
rencontrent les Populations en général et les Travailleurs en particulier dans leur
quête de bien-être moral et matériel, et rendent vulnérables ces masses populaires et
laborieuses à toute insouciante réforme d’austérité.
POSITION SYNDICALE
De ce qui précède, nous, Confédérations Syndicales des Travailleurs du
Cameroun signataires réunies en « Intersyndicale » :
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Emettons de fortes réserves sur toute initiative d’augmentation du prix
du litre de carburant à la pompe ;
Affirmons que contrairement à l’état d’esprit dans lequel les autorités
veulent plonger l’opinion publique, une réduction ou une suppression de la
subvention aux produits pétroliers signifierait que les causes qui l’ont justifiée
sont partiellement résorbées ou n’existent plus.
DEMANDONS :
Une réduction des prix à la pompe à 407,61 FCFA/l de super ; 407,61 FCFA/l de
gasoil et 225,41 FCFA/l de pétrole lampant. La satisfaction à cette demande résultant
d’une véritable application de la politique de péréquation et de l’annulation d’un
certain nombre de postes figurant dans la structure du prix du carburant au
Cameroun, tel que le démontrent les documents fournis en annexe de la présente
déclaration ;
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La suppression de l’utilisation des bons de carburant qui instaurent de fait
sa consommation gratuite par les bénéficiaires ;
L’augmentation du tarif des vignettes sur les automobiles à forte
consommation de carburant.
PROPOSONS :
En revanche, si le Gouvernement persiste dans une option de réduction ou de
suppression de la subvention qui, au demeurant, ne bénéficie qu’à une extrême
minorité de Camerounais les plus aisés. Nous formulons, les propositions suivantes :
1. La suppression progressive de la subvention ;
2. L’Allocation d’une partie des fonds issus de ces opérations au financement
du budget des Universités d’Etat en vue de renforcer l’appui à la recherche et
supprimer le taux de paiement annuel des droits universitaires qui s’élèvent à
50 000 FCFA par étudiant ;
3. L’affectation d’une partie au développement infrastructurel et à d’autres
secteurs d’activités créatrices de richesses qui n’ont pas bénéficié d’appuis
consistants et permanents de l’Etat pour leur essor.
4. Le relèvement substantiel du SMIG (Salaire Minimum Inter
professionnel Garanti) ;
5. L’augmentation des salaires des travailleurs tous secteurs confondus ;
6. L’institutionnalisation du financement des programmes
d’éducation ouvrière des Confédérations Syndicales des Travailleurs à
l’instar de la plupart des pays du Continent Africain et du Monde ;
7. L’application effective des résolutions issues des négociations de Février
2008 ;
8. L’allègement des taxes et impôts sur les véhicules et engins de transport
publics ;
9. L’instauration d’un comité tripartite de suivi et d’évaluation des mesures à
arrêter.
Les Confédérations Syndicales des travailleurs signataires demandent instamment
au Gouvernement de prendre en compte la présente déclaration et restent disposées à
toutes négociations éventuelles aux mesures d’accompagnement préconisées cidessus.
IL Y VA DE LA PRESERVATION DE LA PAIX SOCIALE SI CHERE A TOUS !
LES CONFEDERATIONS SIGNATAIRES :
Pour l’Union des Syndicats Libres du Cameroun (USLC)
Le Président Confédéral : Longin BEDZIGA EYEBE
Pour la Confédération Camerounaise du Travail (CCT)
La Présidente Confédérale : Antoinette TANGONO Epse EKOAN
Pour la Confédération des Travailleurs Unis du Cameroun (CTUC)
Le Président Confédéral : Pierre ESSINDI MINKOULOU
Pour la Confédération Générale du Travail-Liberté (CGT-Liberté)
Le Président Confédéral : René Bernard EKEDI
Pour la Confédération Générale des Syndicats du Transport (CGSTC)
Le Président Confédéral : Pierre NYEMECK
Pour la Confédération Syndicale des Travailleurs du Cameroun(CSTC)
Le Président Confédéral : Maximilien NTONE DIBOTI
Pour la Confédération Entente des Travailleurs du Cameroun
(ENTENTE)
Le Président Confédéral : Benoît ESSIGA ANANGA
Pour la Confédération des Syndicats Autonomes du Cameroun (CSAC)
Le Secrétaire Général : Pierre Louis MOUANGUE