La grosse jambe - Swiss Medical Forum
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CABINET «La grosse jambe»* B. Frauchigera, J. Zuberb Introduction La «grosse jambe» représente tant dans la pratique privée du médecin généraliste ou spécialiste que dans le cadre hospitalier un défi quotidien et important. Comme le spectre des diagnostics peut varier de la situation bénigne des contusions ou d’autres status post traumatismes légers de l’appareil locomoteur à celle, potentiellement mortelle, de la thrombose veineuse ou de l’infection ascendante foudroyante, un tri clinique permettant de déterminer l’urgence décisionnelle et thérapeutique est de première importance. Dans cet article, l’accent doit être mis sur la tuméfaction jambière unilatérale. En effet, la problématique de la tuméfaction jambière bilatérale, ou celle des œdèmes généralisés a déjà été traitée il y a peu de temps de cela dans cette revue [1]. Conformément au flux des patients concernés dans notre système de santé publique, la thématique suivante doit être traitée, et ceci tant du point de vue du soignant de première intention que de celui du spécialiste ou du médecin hospitalier. La «grosse jambe» dans la pratique privée Le patient consultant pour une jambe tuméfiée représente un cas de figure fréquent au cabinet * Résumé du workshop de formation continue de la SSMI du 28 avril 2001 à Saint-Gall. a b Service de médecine, hôpital cantonal, Frauenfeld Cabinet de groupe Schlossberg, Frauenfeld Tableau 1. Mécanismes pathogénétiques importants de la tuméfaction jambière. Elévation de la pression veineuse Trouble de la résorption lymphatique Diminution de la pression oncotique Trouble hormonal ou électrolytique Correspondance: Dr Beat Frauchiger Chefarzt Medizinische Klinik Kantonsspital CH-8500 Frauenfeld [email protected] Lésion de la paroi capillaire Inflammation Dysplasie Facteurs externes Forum Med Suisse No 31 1er août 2001 784 du praticien et constitue en principe une situation que le médecin traitant doit, en raison du danger potentiel, clarifier et traiter rapidement. Le tableau 1 présente les principaux mécanismes pathophysiologiques intervenant dans la jambe tuméfiée. De très nombreuses causes pour une «grosse jambe» peuvent être déjà définitivement classifiées au moyen d’une anamnèse ciblée et d’un examen clinique précis. En ce qui concerne quelques diagnostics importants, de simples examens de laboratoire effectués en cabinet ainsi qu’un examen ultrasonographique sont d’une aide précieuse permettant de les conforter et d’ainsi pouvoir débuter le traitement. Anamnèse Afin de pouvoir préciser les causes d’une tuméfaction unilatérale de la jambe, certaines questions-clés doivent être posées lors de l’anamnèse: – Chronologie: quand la tuméfaction est-elle apparue? Quelle a été son évolution? – Est-elle douloureuse? – Existe-t’il des maladies ou un traumatisme concomitants? On peut déjà en fonction du déroulement temporel fréquemment estimer le degré d’urgence requis pour agir. Les tuméfactions aiguës sont souvent également douloureuses et le patient s’attend à une aide rapide. Les tuméfactions aiguës peuvent résulter d’un trouble circulatoire dans le cadre d’une thrombose veineuse, d’un hématome étendu dû à un traumatisme ou d’un processus expansif du type kyste de Baker. Des inflammations aiguës telles un érysipèle apparaissent également rapidement. Les tuméfactions chroniques, en revanche, sont souvent précédées d’une insuffisance veineuse chronique dans le cadre d’un status variqueux ou post thrombose. Lors de malformations, la tuméfaction peut même remonter jusqu’au moment de la naissance. Les lymphœdèmes évoluent chroniquement, sont initialement unilatéraux et réversibles à la surélévation de la jambe; ils ont tendance par la suite à s’étendre. Un lipœdème met plusieurs années à se développer et se présente souvent bilatéralement. Des douleurs accompagnent fréquemment les tuméfactions jambières surtout en phase aiguë ou inflammatoire. De fortes douleurs chroniques se rencontrent avant tout dans les pathologies touchant l’appareil locomoteur telles la gonarthrose ou la maladie de Sudeck. Les lymphœdèmes sont eux indolores, le lipœdème n’est douloureux qu’à la palpation. Les maladies associées donnent souvent des indices sur la cause de la tuméfaction. Ainsi il faut CABINET toujours rechercher activement un traumatisme préalable. Chez les personnes âgées, le moindre faux pas ou mise en charge involontaire peuvent déjà conduire à un claquage musculaire. Chez les jeunes gens, le port de chaussures ou d’une charge inhabituels (école de recrue) peuvent mener à des douleurs et tuméfactions dans la région de la loge tibiale antérieure de type ténopériostite. Une intervention chirurgicale dans la région abdominale ou de la jambe concernée, peu de temps auparavant, augmente le risque d’une thrombose veineuse profonde de la jambe. Des problèmes sur l’appareil locomoteur conduisent fréquemment à une tuméfaction unilatérale de la jambe. Une gonarthrose préexistante laisse par exemple suspecter un kyste de Baker. Lors de paralysies de la jambe ou d’ankyloses de l’articulation tibio-tarsienne, l’effet de pompe musculaire manque au mollet si bien qu’un soi-disant «dependency» œdème en résulte. Dans le cadre de tuméfactions de la jambe d’origine indéterminée, il est utile de préciser l’existence d’une anamnèse familiale positive pour une thrombose indicatrice d’une possible thrombophilie. Examen clinique Après l’anamnèse, l’examen clinique doit également contenir des éléments-clés importants. – Localisation de la tuméfaction – Qualité de la tuméfaction – Dyscolorations ou modifications cutanées – Fonctionnement de l’appareil locomoteur Le patient ne doit pas être examiné en position couchée seulement, mais également debout afin de pouvoir observer un status variqueux ou une circulation accessoire. Des varices atypiques associées à une différence de longueur de la jambe concernée orientent le diagnostic vers une angiodysplasie congénitale comme, par exemple, un syndrome de Klippel-Trenaunay. Lors de l’examen clinique la différence de circonférence des jambes au niveau de son diamètre maximal ainsi que 15 cm au-dessus de la fente articulaire du genou devrait être mesurée. Une différence de plus de 1 cm est pathologique. Cette mesure de la circonférence jambière est également très importante dans l’évolution de la maladie. La localisation de la tuméfaction permet d’en préciser l’origine proprement dite qui est souvent proximale au tissu atteint. En cas de thrombose veineuse du bassin on trouve en plus de la tuméfaction de la cuisse, la présence d’une circulation veineuse accessoire dans la région prépubienne ou inguinale. Le lymphœdème primaire se manifeste typiquement au niveau des orteils et du dos du pied. Les lipœdèmes, en revanche, épargnent les pieds et ont Forum Med Suisse No 31 1er août 2001 785 tendance à débuter proximalement à la cheville. Si un cordon dur et douloureux est palpable le long d’une varice préexistante, le diagnostic de thrombophlébite superficielle est hautement probable. En présence d’une tuméfaction s’accentuant dans une région articulaire, ces dernières doivent être soigneusement examinées. Un kyste de Baker n’est cependant que rarement palpable cliniquement. La qualité de la tuméfaction peut être évaluée grâce à une palpation précise. Le lymphœdème est typiquement dépressible, ferme et indolore. Il contient une collection de liquide très visqueux et protéique. Le lipœdème n’est pas dépressible non plus mais est, en revanche, douloureux à la palpation. En cas de thrombose ou d’hématome intramusculaire, un œdème initial typique est palpable sous le fascia. La plupart des tuméfactions s’étendent également en dehors des fascias et sont alors souples et dépressibles. Une dyscoloration «rouge-flamme» éventuellement associée à un état fébrile laisse plutôt évoquer un processus inflammatoire. Dans le cadre d’un érysipèle, l’érythème est bien délimité et éventuellement à départ de mycose interdigitale. L’acrodermatite chronique atrophiante dans sa phase inflammatoire se présente sous forme d’érythème en plaques. L’érythème noueux impressionne par ses nodules sous-cutanés rougeâtres douloureux situés sur la face des extenseurs du mollet. Des pigments brunâtres parlent en faveur d’une stase veineuse chronique. Les érythrocytes extravasés produisent des dépôts cutanés d’hémosidérine. En cas d’insuffisance veineuse chronique, on peut, de plus, rencontrer des complications sous forme d’infiltrats inflammatoires de type hypodermite ou encore des modifications cutanées type œdème de stase. Le lymphœdème et le lipœdème sont généralement pâles. Des cicatrices peuvent également être indicatrices d’un lymphœdème distal secondaire. Un cordon sinueux peut être suspect de stase par obstruction. Des troubles de la fonction de l’appareil locomoteur sont une cause fréquente de tuméfaction jambière unilatérale. Ainsi une gonarthrose associée à un kyste de Baker dans le creux poplité peuvent mener à des troubles circulatoires lymphatiques et veineux au niveau de la jambe. La paralysie de la musculature du mollet en cas de paraplégie, quant à elle, entraîne une tuméfaction de la jambe et du pied. En cas d’ankylose de l’articulation tibio-tarsienne ou d’hémiplégie, l’action décongestionnante de la pompe musculaire du mollet n’est plus active si bien qu’un œdème peut s’y installer. Dans le cas de maladie de Sudeck, d’arthrite de l’articulation tibio-tarsienne ou de l’articulation proximale du gros orteil atteint de goutte, les tuméfactions peuvent s’étendre dans la jambe distalement. CABINET Examens complémentaires Les examens complémentaires servent à confirmer l’hypothèse diagnostique provenant de l’anamnèse et de l’examen. Examens de laboratoire Dans la pratique privée, la CRP, le taux d’hémoglobine et la formule sanguine complète peuvent permettre de confirmer ou d’exclure une maladie inflammatoire. Si une acrodermatite chronique atrophiante est suspectée, des sérologies pour une borréliose doivent être effectuées. Les D-dimères sont des produits de la dégradation de la fibrine qui interviennent lors de l’activation de la coagulation. Si un processus thrombotique se déroule dans l’organisme, ces dernières sont élevées. La sensibilité de ce test, avec ses 98%, est très élevée. Un résultat négatif permet donc d’exclure avec un très haut degré de sécurité une thrombose veineuse de la jambe. Le test comprend cependant une faible spécificité pour le diagnsotic de thrombose veineuse car d’autres processus tels que des inflammations, tumeurs ou traumatismes peuvent également être à l’origine de valeurs élevées. Les D-dimères sont disponibles en tests rapides, mais ne figurent cependant pas dans la liste des analyses dans la prise en charge de première intention. Le sang doit donc être envoyé pour analyse en laboratoire externe, ce qui peut provoquer un délai dans la pose du diagnostic. Ultrasons/Doppler Avec l’avènement du Doppler continu (continuous-wave), il est possible à un examinateur entraîné de détecter les troubles circulatoires veineux. La sensibilité et spécificité de l’examen sont cependant insuffisants si bien que cette méthode est passée à l’arrière-plan. L’ultrason B-mode est très utile dans la recherche des causes potentielles d’une tuméfaction de la jambe en cabinet privé. Le Duplex est utilisé à la recherche d’une thrombose veineuse jambière. Les vaisseaux artériels et veineux se laissent bien visualiser en B-mode, en particulier, au niveau du pli inguinal, de la cuisse et du creux poplité. En présence d’une thrombose veineuse, la coupe transverse da la veine démontre un épaississement, le volume est alors rempli d’un matériel très échogène et non compressible. Une veine normale n’est pas échogène et bien compressible. La spécificité de cette examen est bonne si bien que nous sommes en mesure de diagnostiquer, le cas échéant, une thrombose. L’examen par ultra- Forum Med Suisse No 31 1er août 2001 786 son B-mode n’est cependant pas suffisant pour exclure une thrombose. Ceci surtout en cas de conditions d’examen difficiles d’une tuméfaction du mollet, où la sensibilité est alors insuffisante. C’est alors qu’intervient le spécialiste entraîné au domaine de l’examen ultrasonographique par Duplex. En pratique privée, l’ultrason B-mode reste néanmoins d’une grande utilité dans la recherche d’autres causes aux tuméfactions jambières. Il permet par la découverte d’un épanchement intra-articulaire, par exemple, de conforter le diagnostic. Par ailleurs, un hématome intramusculaire post-traumatique ou encore une déchirure musculaire des muscles jumeaux sont également visibles à l’ultrason. Grâce à l’ultrason, l’extension d’une thrombophlébite, importante à connaître dans la région de la grande veine saphène de la cuisse, peut être déterminée. Si l’étiologie de la tuméfaction reste indéterminée et s’étend jusque dans la cuisse, un examen ultrasonographique de l’abdomen peut être utile dans la détection d’une lésion expansive du petit bassin. Radiologie L’imagerie conventionnelle n’est utile dans la détermination de la cause d’une tuméfaction de la jambe que dans peu de situations. Elle donne avant tout une information sur des maladies supplémentaires telles une gonarthrose ou une arthrose de l’articulation tibio-tarsienne associées à une ankylose. L’ostéoporose focale périarticulaire est pathognomonique de la maladie de Sudeck. Le principal domaine de l’imagerie conventionnelle reste donc celui de la recherche de lésions osseuses lors de tuméfactions d’origine traumatique. On peut dire en résumé qu’un pourcentage élevé de tuméfactions unilatérales de la jambe peut être définitivement investigué en cabinet privé. Le but diagnostic dans la pratique privée étant celui du tri et de l’instauration précoce du traitement des tuméfactions de la jambe potentiellement dangereuses. La condition préalable à ceci consiste en une soigneuse anamnèse, des examens complémentaires et l’interprétation ciblée de leurs résultats. La figure 1 présente un algorythme possible à ce tri ainsi que les différents diagnostics différentiels correspondants. Si malgré ces moyens aucun diagnostic conclusif ne peut être posé, le patient doit alors être adressé à des spécialistes en milieu hospitalier, ceci en particulier lorsque le doute quant à une thrombose veineuse profonde, malgré des investigations négatives, subsiste. CABINET Figure 1. Algorithme permettant de déterminer le degré d’urgence diagnostique et thérapeutique de diverses étiologies de la tuméfaction jambière. Forum Med Suisse No 31 1er août 2001 787 Tuméfaction jambière unilatérale Tuméfaction d’apparition rapide? (<72 h) Fortes douleurs? Symptômes généraux? Circulation artérielle compromise? Situation à risque d’une embolie? oui non Causes de tuméfactions jambières nécessitant une prise en charge diagnostique et thérapeutique urgente (bilan et/ou traitement en urgence). Causes de tuméfactions jambières nécessitant une prise en charge diagnostique et thérapeutique de moyenne urgence Thrombose veineuse profonde Thrombophlébite superficielle avec extension dans le réseau veineux profond Erysipèle Cellulite Status variqueux «Dependency-œdème» Anomalies vasculaires congénitales associées à un hémangiome ou à un syndrome Arthrite infectieuse aiguë de Klippel-Trénaunay de syndrome des loges Tuméfactions en rapport avec une obstrucTuméfactions rapidement progressives en et/ou de fractures chronique et ou sans ulcères Lymphangite Syndrome des loges Stase par obstruction Tuméfactions post-traumatiques légères sans signe rapport avec une insuffisance veineuse Insuffisance veineuse chronique stable Fasciite nécrosante tion artérielle aiguë Lymphœdème primaire ou secondaire Arthrite chronique Acrodermatite atrophiante Gonarthrose chronique avec ou sans kyste de Baker Bilan négatif «La grosse jambe» chez le spécialiste et en milieu hospitalier Le procédé diagnostique et l’examen clinique du médecin de première intention ne se différencie pas fondamentalement de ceux du spécialiste. En milieu hospitalier, ou respectivement en cabinet hospitalier, une partie des patients est déjà présélectionnée et adressée par le médecin de première intention dans le but d’une poursuite de bilan ou d’un traitement. A Erythème noueux Lipœdème Dystrophie de Sudeck en phase aiguë mentionner les DD ci-dessus ce propos on peut partir du fait que parmi cette cohorte de patients pré-sélectionnés la proportion de causes potentiellement dangereuses à l’origine des tuméfactions jambières est plus élevé que dans tout autre groupe de patients consultant pour la première fois un médecin pour ce problème. C’est pourquoi la classification rapide et définitive en atteinte potentiellement dangereuse ou au contraire plutôt inoffensive, tant en pratique privée qu’en milieu hospitalier, est d’une importance capitale. CABINET Possibilités des suites de bilan en cabinet spécialisé ou en milieu hospitalier Dans ce qui suit, on doit se focaliser sur les causes potentiellement dangereuses ainsi que sur l’extrême urgence diagnostique et thérapeutique de la tuméfaction jambière. Débattre en revanche de toutes les possibilités d’évaluation des causes rares ou banales de la «grosse jambe» dépasserait le cadre de cet article. Des réflexions en rapport avec les présentations cliniques primaires les plus bénignes s’engagent pourtant continuellement, ceci en raison de la multiplicité des recoupements quant aux diagnostics différentiels. Suite aux évaluations anamnestiques et cliniques décrites plus haut, la question de la poursuite de bilans appropriés et rationnels, voire de leur nécessité, se pose de manière générale. Ainsi par exemple, l’érysipèle – qui représente une urgence diagnostique et thérapeutique absolue – est en général très facilement diagnostiqué de par ses données anamnestiques et sa présentation clinique typiques. En règle générale, il suffit de demander comme examens complémentaires une formule sanguine, une vitesse de sédimentation ou une CRP. Lorsque le tableau de l’érysipèle est très impressionnant, c’est-à-dire lorsqu’il s’associe à un état hautement fébrile et un mauvais état général, il faut penser à une dissémination septique et/ou à une propagation de l’infection dans le sens d’une cellulite ou même d’une fasciite nécrosante. Dans ce cas, des hémocultures ainsi qu’une imagerie de l’extrémité concernée sont impératives. Si disponible, l’IRM est l’examen de choix lors de suspicion de fasciite nécrosante. Elle a une sensibilité et spécificité supérieure à un scanner lors d’atteinte des tissus mous. L’évaluation et le traitement d’une thrombose veineuse profonde doivent être, quoi qu’il en soit, effectués de toute urgence. L’évolution d’une thrombose veineuse non ou insuffisamment traitée va du développement d’une insuffisance veineuse chronique à l’embolie pulmonaire mortelle. L’examen clinique est malheureusement pleinement insuffisant à la pose du diagnostic de thrombose veineuse profonde et est souvent comparé à un «jeu du pile ou face». Certains indices diagnostiques peuvent toutefois indiquer le degré de probabilité d’une thrombose aiguë. La présence de varices associées à une tuméfaction plus ou moins chronique, à une insuffisance veineuse chronique de stade I, II ou III avec une tendance à la tuméfaction chronique, parle généralement, en l’absence d’aggravation aiguë, plutôt contre une thrombose veineuse aiguë. Le cordon érythémateux très douloureux situé dans la région de la grande veine saphène ou l’une de ses Forum Med Suisse No 31 1er août 2001 788 collatérales, parlent en faveur d’une thrombophlébite superficielle. Si l’atteinte est faible et la tuméfaction localisée, un bilan complémentaire n’est pas indiqué; en revanche lorsque les modifications à la palpation et à l’examen clinique sont proches de l’embouchure valvulaire de la grande veine saphène, un Duplex, en raison de l’atteinte concomitante du réseau profond, est nécessaire. Lors de faible suspicion clinique de thrombose veineuse, la détermination des D-dimères – si non réalisée en pratique privée – s’est établie durant ces dernières années comme examen de premier choix. [2] La mauvaise spécificité (d’environ 50%) nécessite cependant, en cas de résultat positif dans un contexte clinique peu évocateur, un bilan complémentaire. Lors de forte suspicion clinique de thrombose veineuse profonde ou, en cas d’extension indéterminée d’une thrombophlébite superficielle, l’ultrasonographie Duplex effectuée par le spécialiste constitue l’examen de choix. Cet examen a d’ailleurs presque totalement écarté le Doppler conventionnel ainsi que la phlébographie à la fois invasive et coûteuse. Utilisé par des mains expertes, aussi bien la sensibilité que la spécificité atteignent des valeurs de plus de 90%. Outre la précision diagnostique élevée, les possibilités de diagnostic différentiel ainsi que la non-invasivité de la méthode – permettant p.ex. de visualiser un hématome intramusculaire ou un kyste de Baker – constituent ses avantages majeurs. D’utilisation facile dans la région fémoro-poplitée, l’évaluation des veines du bassin est en revanche plus difficile. Par ailleurs, une bonne expérience de l’examinateur est requise ceci surtout pour l’examen des veines du bassin. Ces conditions d’examen et d’appareillage performants étant désormais remplies avec le Duplex, la phlébographie est devenue un examen rare. Elle est encore exceptionnellement utilisée en cas d’examen non conclusif du réseau veineux du mollet ou, à la rigueur, avant de procéder à une intervention de type thrombophlébectomie ou thrombolyse. Le bilan du lymphœdème mérite encore une mention spéciale. En effet, il faut justement en différencier la forme primaire de la forme secondaire. Le lymphœdème se manifeste pour la première fois à la puberté sous forme de tuméfaction encore réversible le plus souvent du dos du pied et touche plus féquemment les individus de sexe féminin que masculin. Par la suite apparaît une tuméfaction du pied et du mollet de plus en plus indurée. Le signe pathognomonique du lymphœdème est celui de Stemmer dans lequel, le pli cutané du dos du pied que l’on peut normalement palper, disparaît. Un bilan complémentaire n’est généralement pas nécessaire en cas de lymphœdème primaire. Dans de rares cas, la capillaroscopie ou microlymphangiographie permettant de vi- CABINET sualiser la raréfaction des vaisseaux lymphatiques collecteurs entrent en considération. Le lymphœdème secondaire se présente normalement un peu différemment. La tuméfaction, typiquement, débute au niveau de la cuisse puis s’étend, dans un second temps seulement, au mollet. Les causes les plus fréquentes sont dues à des troubles circulatoires du petit bassin. Le premier diagnostic différentiel, se pose alors entre des tumeurs ou leurs conséquences (opération ou irradiation). Le processus pathologique n’entraîne pas rarement non seulement un engorgement lymphatique mais encore une compression des veines du petit bassin menant à phleb- et lymphœdème. La poursuite du bilan dans laquelle le scanner et l’IRM sont au premier plan, est orientée en fonction des données cliniques. La lymphographie par moyen de contraste à base d’huile est devenue, quant à elle, obsolète. Lors de suspicion d’étiologie artérielle à la tuméfaction – après p.ex. une oblitération artérielle à bas bruit associée à une atteinte tissulaire, une fuite capillaire ainsi qu’un exsudat – les premières mesures diagnostiques devraient comprendre une mesure de pression par Doppler ainsi qu’une oscillométrie. Il est également impératif, dans le but d’une revascularisation, de procéder à une angiographie. Traitement de la tuméfaction jambière L’accent concernant la discussion de la thérapie doit être mis sur les cas représentant Tableau 2. Critères d’exclusion d’un traitement de la thrombose veineuse ambulatoire. Intervention chirurgicale durant les deux semaines précédentes Thrombocytes <75 000 g/L Accident vasculaire cérébral durant les six semaines précédentes Thrombocytopénie anamnestique induite par l’héparine Non-compliance Hémoglobine en-dessous de 7 g/L Risque de complications élevé (âge >75 ans, à définir individuellement) Symptômes ou diagnostic d’embolie pulmonaire Réserve cardio-pulmonaire limitée Haute suspicion clinique de malignité Hémodialyse Etendue clinique et patient invalidé Impossibillité de soins à domicile adéquats Forum Med Suisse No 31 1er août 2001 789 fondamentalement un danger ainsi que sur quelques un de ceux choisis dans la pratique quotidienne. De nos jours, la thrombose veineuse profonde peut, dans bien la moitié des cas, être traitée ambulatoirement. Une liste des critères d’exclusion pour un traitement ambulatoire restant à la fois plus économique et plus agréable vis à vis des patients figure dans le tableau 2. L’introduction des héparines de bas poids moléculaire a sans aucun doute permis au traitement ambulatoire de voir le jour. Il est en effet possible, grâce à ces dernières, de dispenser le traitement antithrombotique par injections s.c. effectuées une à deux fois par jour ambulatoirement soit par le médecin traitant, soit par le système Spitex ou encore par les patients eux-même. Les contrôles réguliers de la crase pour les héparines de bas poids moléculaire ne sont, contrairement aux héparines non fractionnées, pas nécessaires. L’incidence des thrombopénies induites par l’héparine est également plus faible pour les héparines de bas poids moléculaire. Les récidives de thrombose sous héparines de bas poids moléculaire sont environ aussi fréquentes que sous héparine non fractionnée. Les complications hémorragiques sont en revanche un peu plus rares. Les inconvénients du traitement par les héparines de bas poids moléculaire résident dans leur mauvais antagonisme en cas de complications hémorragiques. Bien naturellement, les mesures de base du traitement d’une thrombose veineuse ne doivent pas pour autant être négligées lors de prise en charge ambulatoire: surélévation des extrémités et repos relatif jusqu’à ce qu’elles désenflent, bandages puis port de bas de compression de la classe II ou III. La compliance du patient envers ces mesures de surélévations de jambes, de la mise au repos relative ainsi que du traitement compressif est à surveiller attentivement par le médecin traitant. Le tableau 2 expose les principes thérapeutiques les plus importants concernant la thrombose veineuse. Il faut finalement encore insister sur le fait qu’un traitement ambulatoire n’a pas la même valeur qu’un traitement sans base diagnostique précise: en effet, le traitement par héparines de bas poids moléculaire instauré pour une suspicion clinique de thrombose ne doit pas mener à une anticoagulation de plusieurs mois! La thrombophlébite superficielle peu étendue ne concernant pas le système veineux profond peut être traitée par anti-rhumatismaux non stéroïdiens, application de froid locale et bandages de la jambe. S’il s’avère que la thrombophlébite superficielle s’étend au système veineux profond, ou que la thrombophlébite est à une distance de moins de 10 cm de l’embouchure valvulaire de la grande veine saphène, une anticoagulation doit être instaurée pour une durée de trois mois. CABINET Figure 2. Principes thérapeutiques de la thrombose veineuse profonde. Forum Med Suisse No 31 1er août 2001 790 Diagnostic avéré de thrombose veineuse Décision d’un traitement en milieu hospitalier Lors de risque hémorragique plutôt élevé Décision d’un traitement ambulatoire comme la surélévation de la jambe, le immédiatement l’anticoagulation: Hépa- repos relatif et la thérapie compressive. rine non fractionnée, 5000 U en bolus, 500 U par kg de poids corporel par jour, PTT poids corporel, au max. 18 000 UI, contrôle à 6h. Si faible risque hémorragi- seringues prêtes à l’emploi. que: Héparine de bas poids moléculaire, en traitement identique à celui prescrit ambulatoirement. Débuter avec le Marcoumar si la situation raisons diagnostiques ou chirurgicales. Débuter une anticoagulation orale (Marcoumar® p. ex.) clinique est clarifiée et que l’anticoagulation ne doit plus être stoppée pour des Héparine de bas poids moléculaire (HBPM) une fois par jour. Dose de 200 UI/kg de visé: 1,5–2 PTT de départ, premier Instruction sur les mesures générales entraînant la nécessité de pouvoir stopper Stopper les HBPM lorsque l’INR est thérapeutique. INR visé à 2,5–3,0. Lorsque la tuméfaction est réduite, Mesures de base et durée de l’anticoagulation correspondant au traitement ambulatoire. prescription de bas compressifs de la classe II–III. Durée de l’anticoagulation: 3 mois lors de thrombose uni-étagée ou lors de situation à risque de récidive. 6 mois lors de thrombose bi- ou quadriétagée. Anticoagulation à vie lors de 2e récidive d’une thrombose veineuse profonde, de 1ère rédicive d’une embolie pulmonaire ou de thrombophilie documentée comportant un risque élevé de récidive. La thérapie compressive occupe une place très importante dans le traitement de la tuméfaction jambière d’étiologie veineuse. Tant en cas de syndrome post-thrombotique que d’insuffisance veineuse chronique, dans le cadre, p.ex. de status variqueux ou d’insuffisance des veines perforantes, les patients bénéficient aussi bien subjectivement qu’objectivement du port de bas compressifs, de la classe III en particulier, lors de mauvaise tolérance de la classe II. En règle générale, un bas de contention au mollet, mieux toléré, suffit. Dans la phase aiguë de thrombose quadri-étagée ou de tuméfaction de la cuisse persistante, le port d’un collant de contention doit être, en tous cas, discuté. Le traitement du lymphœdème repose sur deux piliers principaux. D’une part, bien que le port d’un bas de contention soit ici également un standard, il est indiqué de prescrire une contention élevée de la classe III ou IV. D’autre part, un drainage lymphatique, par intermittences, est également indiqué. Celui-ci devrait cependant être prodigué par des thérapeutes expérimentés connaissant la technique de Földi. Des CABINET drainages lymphatiques n’étant pas effectués dans les règles, mènent à une destruction des vaisseaux lymphatiques, et, à moyen terme, à une aggravation de l’œdème. L’érysipèle nécessite un traitement antibiothérapeutique immédiat. Certains cas légers et peu étendus, peuvent également être traités ambulatoirement par un repos relatif ainsi qu’une surélévation du membre atteint. L’antibiotique de choix dans le traitement d’infection par streptocoques de cas non compliqués reste la pénicilline à une dose de 4× 1 Mio. U. Les cas graves nécessitent, eux, une hospitalisation. Il s’agit alors en milieu hospitalier de décider si des investigations complémentaires dans l’éventualité d’une cellulite/fasciite nécrosante sont nécessaires. L’antibiothérapie initiale consiste en de hautes doses d’un large spectre pénicillase résistant. Il faut toujours rechercher la cause exacte d’un érysipèle. En cas d’érysipèle récidivant, il faut suspecter la présence d’un lymphœdème, dont la porte d’entrée fréquente est un Tinea pedis interdigital nécessitant un traitement ciblé. Le traitement des autres causes de tuméfaction jambière ne sera pas traité ici. Nouveautés de ces dernières années Les modifications majeures intervenues dans la prise en charge de la tuméfaction jambière sont sans aucun doute constituées par l’avènement des D-dimères, la vaste application de l’ultrasonographie Duplex et par l’élargissement du traitement ambulatoire de la thrombose veineuse profonde. Pour ce qui est des principes diagnostiques et thérapeutiques des autres causes de tuméfaction jambière unilatérale, aucun changement essentiel n’a été observé. Le test par D-dimères avec sa sensibilité et son taux prédictif négatif élevés, représente un enrichissement considérable dans le processus diagnostic de la jambe tuméfiée. En cas de faible suspicion de thrombose veineuse profonde, il constitue actuellement l’examen complémentaire de premier choix. Des D-dimères négatifs permettent d’exclure avec très grande sécurité une thrombose veineuse profonde floride L’ultrasonographie Duplex a élargi son succès et presque complètement remplacé les examens Doppler-continu et phlébographiques d’antan. En plus de la sensibilité et de la spécificité remarquables de cet examen effectué par des mains expertes à tous les étages de la thrombose veineuse, les possibilités diagnostiques différentielles de cette méthode sont convainquantes. Le traitement ambulatoire de la thrombose vei- Forum Med Suisse No 31 1er août 2001 791 neuse s’est, sans aucun doute, rapidement généralisé grâce à l’avènement des héparines de bas poids moléculaire. L’application sous-cutanée aisée, une à deux fois par jour, ne nécessitant pas de contrôle de la crase fut la condition préalable à la propagation rapide de la prise en charge ambulatoire. L’équivalence du traitement de la thrombose veineuse ambulatoire et hospitalier – sous observance des contre-indications et après pose du diagnostic correct – a pu être démontrée par plusieurs études randomisées de type «intention-to-treat». A ce propos, le dogme du repos au lit strict est également tombé. Dans la perspective de l’embolie pulmonaire mortelle après mobilisation des patients alités, p.ex. suite à des interventions chirurgicales conséquentes, un repos au lit strict de plusieurs jours voire de plusieurs semaines était prescrit, en cas de maladie thromboembolique, il y a encore peu de temps de cela. Un quelconque effet de ce repos au lit strict n’a put cependant jamais pu être prouvé et les nouvelles études avec mobilisation rapide menées chez des patients souffrant de maladies thromboemboliques, n’ont pas montré d’incidence plus élevée d’embolies pulmonaires mortelles [4]. La condition préalable à la mobilisation est le traitement antithrombotique immédiat et correct, que ce soit par héparine non fractionnées ou de bas poids moléculaire. Deux des dangers inhérent au développement de ces dernières années ne devraient cependant pas être omis. Ainsi, la facilité d’application en cabinet des héparines de bas poids moléculaire entraîne, pas rarement, l’instauration d’un traitement antithrombotique sans que le diagnostic correct de thrombose veineuse profonde n’est été posé. Il est bien entendu obsolète de soumettre un patient, sans preuve radiologique évidente de thrombose veineuse profonde, ceci, sur la base seule d’indices cliniques, à un traitement antithrombotique potentiellement dangereux pour une durée de trois à six mois. Le traitement ambulatoire comporte également le danger que les mesures générales appliquées en cas de thrombose veineuse soient négligées. Le repos et la surélévation de l’extrémité concernée ainsi que le traitement compressif correct sont des éléments particulièrement importants dont il faut tenir compte lors d’une prise en charge ambulatoire de la thrombose veineuse profonde. S’ils ne sont pas pris en considération, le patient est nettement plus exposé à des complications post-thrombotiques telles que douleurs, tensions, œdème et finalement formation d’une insuffisance veineuse chronique. Aperçu Le traitement ambulatoire de la thrombose veineuse va garder toute son importance. Les CABINET Forum Med Suisse No 31 1er août 2001 Quintessence Beaucoup de causes d’une tuméfaction jambière unilatérale sont déjà détectables en pratique de par l’anamnèse, le status et des examens complémentaires simples. La question concernant l’urgence diagnostique et thérapeutique doit toujours être posée. L’urgence de la pose du diagnostic ainsi que du traitement sont au tout premier plan, en raison de leur fréquence, pour ce qui est de la thrombose veineuse et de l’érysipèle. Un résultat de D-dimères négatif exclut avec un degré de certitude élevé une thrombose veineuse. L’ultrasonographie Duplex actuellement l’examen le plus important en cas de suspicion moyen à élevé et permet, avec un haut degré de sécurité de mettre en évidence ou d’exclure une thrombose veineuse, ainsi que de donner un diagnostic différentiel. Les mesures thérapeutiques de base comprenant l’élévation et un traitement de contention sont à considérer de façon sérieuse lors de la prise en charge ambulatoire de la thrombose veineuse profonde. Le développement d’une insuffisance veineuse chronique peut être différée ou prévenue au moyen d’un traitement compressif à long terme. La thérapie compressive représente également, en plus du drainage, le fer de lance du traitement du lymphœdème. Le rôle de la thérapie invasive de la thrombose veineuse telle la fibrinolyse ou la thrombectomie reste actuellement non éclairci. La plupart des autres étiologies non veineuses et non lymphatiques de la tuméfaction jambière unilatérale, sont généralement régressives après le traitement de la maladie de base et ne nécessitent pas de thérapie à long terme. contre-indications relatives à un traitement ambulatoire vont avoir tendance à encore s’alléger. En particulier selon des données récentes, l’association d’une embolie pulmonaire 792 ne devrait, en présence d’une circulation et ventilation stables, plus représenter une indication absolue à l’hospitalisation. Il serait souhaitable que davantage de bonnes données concernant la marche à suivre lors de thrombose veineuse profonde soient disponibles. La fibrinolyse ainsi que la thrombectomie chirurgicale ne sont, en regard des résultats à long terme que peu prédictibles, et, actuellement, en cas de phlébite bleue ou de thrombose aiguë sévère tri- ou quadri-étagée, pas indiqués chez les patients jeunes. Il nous manque jusqu’alors des travaux «intention-totreat» prospectifs relevants comparant un traitement actif à un traitement conservateur. L’inconvénient du traitement thromboembolique actuel réside dans la nécessité, en raison de l’action lente des antagonistes de la vitamine K, d’instaurer initialement des médicaments antithrombotiques parentéraux. Il serait évidemment idéal de pouvoir simplifier cette phase initiale de traitement au moyen d’un anticoagulant per os agissant rapidement, sûrement et efficacement. Des études en phase III sur des antagonistes de la thrombine sont actuellement en cours. Si ces médicaments devaient s’avérer sûrs et efficaces, le traitement de la thrombose veineuse profonde serait encore simplifié. Il faut également mentionner les efforts entrepris afin de remplacer les héparines par des pentasaccharides synthétiques. Une étude comparative au moyen d’un pentasaccharide synthétique sous-cutané comparé à une héparine de bas poids moléculaire à raison de deux injections par jour, avait démontré une réduction significative des évènements thromboemboliques dans la prophylaxie thromboembolique post opération totale de hanche [5]. Dans la prise en charge diagnostique et thérapeutique de la tuméfaction jambière restant, on ne devrait pas voir de modifications fondamentales dans les années à venir. Références 1 Frauchiger B, Schihin K, Schmid HP, Hugentobler M, Delmore G, Reich J, Rochat Ph. Ödeme. Curriculum. Schweiz Med Forum 2001;1(25): 645-51. 2 Gorman WP, Davis KR, Donnelly R. Swollen lower limb-1: General assessment and deep vein thrombosis. BMJ 2000; 320: 1453-6. 3 Merli GJ, Spandorfer J. The Outpatient with unilateral leg swelling. Medial Clinics of North America 1995; 79: 435-7. 4 Aschwanden M, Labs KH, Engel H, Schwob A, Jeanneret C, MuellerBrand J, Jäger KA. Acute deep vein thrombosis: early mobilization does not increase the frequency of pulmonary embolism. Thromb Haemost 2001; 85: 42-6. 5 Turpie AG, Gallus AS, Hoek JA. A synthetic pentasaccharide for the prevention of deep-vein thrombosis after total hip replacement. NEJM 2001; 344: 619-25.