CR Montparnasse
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CR Montparnasse
12 juillet 2011 (CALM R&V) Montparnasse et les années folles Notre visite nous conduit dans le milieu des artistes du quartier Montparnasse des Années Folles où sont construits des milliers d’ateliers. Cité Nicolas Poussin (240 boulevard Raspail) C’est un ensemble d’ateliers d’artistes conduit en 1905, tout en béton, nouveau matériau de l’époque, mais entièrement recouvert d’enduit afin de lui donner un aspect ancien. La caractéristique de tous les ateliers que nous allons découvrir, est qu’ils présentent de grands volumes et beaucoup de grandes fenêtres toutes exposées au Nord. Ils se situent non loin de la place Vavin où se tenait le "marché aux modèles". Les modèles, plutôt des femmes, s’y exposaient pour être choisis par les artistes. Pablo Picasso a vécu dans l’un des ces ateliers quand il a quitté le Bateau Lavoir à Montmartre. Sa notoriété aidant, il s’installe, ensuite dans un immeuble avec tout le confort rue Victor Schœlcher. Ces ateliers ont été utilisés jusque dans les années 1980 avant d’être transformés en appartement ou bureaux. Passage d’Enfer En même temps que la modernisation de Paris par le Baron Haussmann, Napoléon III fait construire sur la base d’un concours d’architectes, un parc immobilier destiné à loger les petits ménages (LPM) d’employés notamment ceux des grands magasins à proximité. Avant la construction de ses 150 logements, le passage d’Enfer coincé entre le Boulevard Raspail et la rue Campagne Première était un véritable coupe gorge (d’où son nom). L’ensemble a été entièrement rénové en 1980 puis a été vendu en copropriété. En 2008, il se vendait à 9000 € le m². On est bien loin des logements pour les petits employés… Cité Taberlet Cette cité construite par l’architecte Taberlet, dont elle porte aujourd’hui le nom, avec des matériaux de récupération des pavillons de l’Exposition Universelle de 1889, compte une centaine d’ateliers clairs et bon marché. Matisse, De Vlaminck, … y ont travaillé. Opposés aux impressionnistes, ils préfèrent la peinture vive directement sorti du tube, finis les petites touches de mélange de couleur ! On les appelle "les Fauves". On crée dans les ateliers et on expose aux terrasses des cafés, on en parle, on fait venir des artistes étrangers notamment Chagall. Il n’y a pas que des peintres, on rencontre également des écrivains tel Rainer Maria Rilke qui vivra ici avant de devenir le secrétaire de Rodin. Actuellement, il reste encore de nombreux ateliers d’origine et d’autres qui ont été transformés en appartements. Au 8 bis rue Campagne première s’ouvre une petite impasse dans laquelle furent construites des HBM (Habitation à Bon Marché) à la fin du 19ème / début du 20ème siècle. Elles sont devenues copropriétés et plus vraiment bon marché. Un véritable havre de paix au beau milieu de Paris. 31 rue Campagne Première : Cet atelier fut un des premiers construits en béton (1914) mais à cette époque où l’art nouveau était finissant et où l’art déco pointait son nez, il fut recouvert de grès flammé avec des fleurs stylisées et des motifs géométriques. Au rez-dechaussée, on trouve les ateliers réservés aux sculpteurs, ceux des étages étant pour les peintres, photographes, … Man Ray, Foujita, Kiki de Montparnasse belle bourguignonne qui fut modèle, muse et chanteuse. 126 boulevard du Montparnasse Cet ensemble, construit dans les années 1920, contient un hôtel particulier sur le boulevard et une série d’ateliers d’artistes à l’arrière en lieu et place du bal de la Grande Chaumière. Les façades sont très sobres mais on y trouve des courbes les adoucissant. Tous les ateliers ont un appartement attenant. Leur superficie fait rêver : de 350 à 480 m²… Maintenant habités par des gens de théâtre, de la comédie et de l’édition, il conserve un jardin de près de 800 m². Montparnasse est le véritable lieu de la libération de la femme (Simone de Beauvoir par exemple), elles sont peintres, se maquillent, se coupent les cheveux, fument et font du sport. Notre visite nous conduit à l’angle de la rue Delambre où on remarque un immeuble en pierre de taille qui abrite le restaurant Le Dôme, très différent du style haussmannien. Il est pourvu de tout le confort et notamment d’un ascenseur ce qui permet d’habiter à tous les étages (pas de chambres de bonnes dans les combles). Cet immeuble aurait servi de modèle au Flatiron de New-York (et non l’inverse comme on le pense souvent !). Nous voici maintenant dans le quartier de la Gaité. C’était la campagne au 19ème siècle : les filles de joie étaient nombreuses ainsi que les bals. On y trouve également de nombreux théâtres dont le Café d’Edgar qui s’est installé dans un ancien lupanar : à l’origine, les filles venaient s’y produire et les artistes les croquaient ‘’à poil’’. En 1819, le cimetière du Montparnasse est créé, au dam des tenanciers qui pensaient que cette présence allait faire fuir la clientèle. Il y a toujours de petits théâtres qui vivotent tant bien que mal. De nos jours, tous les dimanches se tient encore le marché des artistes, peut-être aurez-vous la chance d’acquérir un tableau d’un artiste méconnu qui deviendra célèbre ? Chemin du Montparnasse Cette impasse est un ancien relais de poste du 18ème siècle transformé en atelier à la fin du 19ème / début du 20ème siècle. C’est le seul qui reste dans cette partie du quartier situé de l’autre côté de la gare. En effet, dans les années 70, le déplacement de la gare et la construction de la Tour ont considérablement modifié la physionomie de cette parcelle qui a perdu tout son charme. Cette allée pavée est bordée d'ateliers d'artistes construits avec des matériaux de l'Exposition Universelle de 1900. Pendant la première guerre mondiale, la peintre russe Marie Vassilieff ouvre dans son atelier, au fond de l’impasse, la "cantine des artistes", où tous les artistes désargentés viennent se restaurer. Des repas mémorables où se côtoient Picasso, Braque, Modigliani, Léger, Cendrars, Max Jacob, Cocteau, Matisse, Zadkine... L'atelier abrite désormais le Musée de Montparnasse... Malheureusement, l’accès nous y est interdit en raison de la présence d’un tournage avec Martine Aubry… De retour sur le boulevard du Montparnasse, nous nous arrêtons devant La Coupole, célèbre enseigne depuis 1929. Ce café restaurant, à l’allure d’un hall de gare, a été décoré par les artistes de l’époque et peut accueillir 3000 personnes. Tous les ateliers s’y retrouvent. C’est le 1er établissement à ouvrir un dancing ce qui entrainera la fermeture de tous les bals de Montparnasse. Les gigolos viennent y chercher fortune auprès des vieilles dames. A l’origine chantier de bois et de charbon, ce restaurant avait un toit ouvrant permettant d’admirer les étoiles qui a été supprimé à la fin du 20ème siècle par la construction d’un immeuble au dessus. Les artistes, alors inconnus, y présentaient leurs œuvres (Picasso, Soutine, …). Nous pénétrons dans le Montparnasse embourgeoisé du 19ème siècle. Ce ne sont plus de petits ateliers mais de véritables hôtels particuliers surmontés d’un atelier de peinture. De nombreuses académies libres de peinture voient également le jour. L’enseignement de la peinture, et des arts en général met en avant la créativité des artistes sans pour autant le faire entrer dans un carcan contrairement à l’Académie des Beaux Arts. Chacun doit donner libre cours à son imagination, tous les styles sont permis. Académie de la Grande Chaumière Né en 1904, cet atelier qui n’a volontairement jamais été rénové, est toujours un lieu d’enseignement ouvert à tous. On y travaille sur le modèle vivant nu (masculin, féminin, jeune, âgé). L’enseignement porte également sur la sculpture, la photographie, la mise en scène, la scénographie. Elle prépare aussi aux concours des grandes écoles d’art. Pierre Charpentier a sauvé cet atelier de la destruction après la 2nde guerre mondiale, il porte désormais son nom. Photos : Jean-Paul GAUCHET Texte : Annie GAUCHET