1 L`Observatoire portugais de la jeunesse – un volet important de

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1 L`Observatoire portugais de la jeunesse – un volet important de
L’Observatoire portugais de la jeunesse
– un volet important de la politique portugaise en faveur de la jeunesse
José Machado Pais
Coordinateur de l’Observatoire de la jeunesse
Chercheur à l’Institut des sciences sociales
Université de Lisbonne
Lisbonne
(http://www-jose-machado-pais.net)
1. Un peu d’histoire
L’Observatoire de la jeunesse est un programme d’étude entrepris en vertu d’un accord
entre l’Instituto Português da Juventude (Institut portugais pour la jeunesse, IPJ) et
l’Instituto de Ciências Sociais (Institut des sciences sociales, ICS) de l’Université de
Lisbonne. L’IPJ a un intérêt évident pour les connaissances sur la jeunesse, sa sphère de
compétence, et souhaite grâce à elles pouvoir appliquer des mesures plus adaptées.
Quant à l’ICS, qui possède une longue expérience de la recherche sur les questions de
jeunesse, son ambition est de poursuivre la recherche universitaire dans ce domaine.
Il existe donc un accord institutionnel dont les bénéfices découlent des effets indirects et
multiplicateurs de la combinaison des intérêts politiques, des connaissances
scientifiques et de l’expertise accumulée au cours des années, et qui se traduit par une
somme importante de publications.
La coopération entre ces deux institutions dans le domaine de la recherche sur la
jeunesse remonte à 1986, lorsqu’elles ont collaboré à une enquête nationale sur la
jeunesse au Portugal. A l’issue de cette enquête, huit monographies sur la jeunesse
portugaise ont été publiées dans la collection « Portuguese Youth : Situations,
Problems, Aspirations ».
En octobre 1989, le lien entre l’Institut portugais pour la jeunesse et l’Institut des
sciences sociales de l’Université de Lisbonne a été renoué, avec la signature d’un accord
mettant en place l’Observatoire de la jeunesse. La première phase de ce programme
d’étude a donné lieu à plusieurs projets de recherche, dont les conclusions ont été
publiées dans Estudos de Juventude (Etudes sur la jeunesse).
En 1996, les travaux ont démarré avec le développement d’une importante base de
données longitudinale sur la situation sociale des jeunes au Portugal, à partir de la
collecte et de l’organisation systématique de statistiques tirées de diverses sources
portugaises officielles et remontant à 1960. Les données ont été réorganisées de façon
longitudinale et par thème : démographie, vie conjugale et famille, éducation et
formation professionnelle, emploi et chômage, santé et comportements à risque, taux
d’accidents et, enfin, justice. Actualisées en 2006, ces données forment à présent un
stock précieux d’indicateurs sociaux sur les conditions de vie des jeunes Portugais, tout
en reflétant leur diversité et les tendances sociales qui influent sur leurs spécificités et
les transforment.
L’Observatoire de la jeunesse a conduit à la fois des enquêtes nationales et des études
monographiques qualitatives (études de cas). Les thèmes suivants ont notamment été
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abordés : Symétries et identités : les jeunes Noirs au Portugal ; Le monde artistique des
jeunes : acteurs, lieux et fondements ; Diversité à l’université : enquête sur les étudiants
de licence ; Comportements à risque, pratiques culturelles et attitudes à l’égard du
corps ; Conscience historique et identité : les jeunes Portugais dans le contexte
européen ; Les jeunes Portugais d’aujourd’hui ; Générations et valeurs dans la société
portugaise contemporaine ; La participation des jeunes aux associations et la
citoyenneté politique ; La condition de la jeunesse portugaise au tournant du millénaire.
Bien que l’Observatoire de la jeunesse fasse partie de l’Université de Lisbonne, il a
bénéficié des contributions de chercheurs d’autres universités portugaises.
L’Observatoire s’est efforcé de maintenir un relatif niveau d’indépendance à l’égard des
autorités politiques et gouvernementales, même si ses conclusions ont naturellement
servi de matières premières pour les interventions politiques.
D’une manière générale, et peut-être du fait de l’influence des médias, les politiques et
la recherche concernant la jeunesse se sont centrées sur ce que l’on appelle « les
problèmes des jeunes », qui se traduisent principalement par des dysfonctionnements
sociaux – comme l’échec scolaire, les difficultés d’intégration dans la vie
professionnelle, la délinquance, la marginalité et d’autres comportements ou formes de
prise de risque (toxicomanie, sexualité/VIH, délinquance) – qui, perçus comme des
menaces pour le tissu social, ont généré une certaine « panique morale ».
L’Observatoire de la jeunesse a certes accordé toute l’attention nécessaire à ces
« problèmes », mais ses travaux vont bien au-delà car les questions de jeunesse ne
peuvent se réduire à un « problème social ».
2. La pertinence de la recherche pour la politique de jeunesse
Récemment, lors de la Rencontre internationale des chercheurs sur la jeunesse organisée
à Vienne en décembre 2006 par le ministère fédéral de la Sécurité sociale, des
Générations et de la Protection des consommateurs, j’ai défendu une idée simple. En
m’inspirant du titre d’un roman « The Ground beneath her Feet », j’ai posé la question
suivante : Alors que tant d’initiatives politiques ciblent les jeunes, pourquoi sont-elles si
rares à être efficaces ? Autrement dit, pourquoi des politiques apparemment efficaces
sur le papier (en termes législatifs) ne produisent-elles pas les effets attendus (en termes
pratiques) ? Se peut-il que les politiques de jeunesse soient planifiées sans aucune prise
en compte de la réalité dans laquelle elles seront appliquées ? (« the ground beneath
their feet », en français « le sol sous leurs pieds »).
En fait, je pense qu’il est crucial que les décideurs soient en mesure de planifier leurs
interventions efficacement. Avec quels outils ? L’étymologie du verbe « planifier »
nous amène à un autre mot, de la même famille, « expliquer ». Expliquer est une
condition nécessaire à la planification. Cela signifie qu’un bon pronostic (pour l’action
politique) doit être basé sur un bon diagnostic (à partir de la recherche). Les politiques
risquent d’être mal évaluées faute d’être ancrées dans une étude rigoureuse de la réalité.
Donc, par analogie avec la formulation de « théories ancrées », on peut proposer le
concept de « politiques ancrées », autrement dit, des politiques qui restent « accrochées
au sol sous leurs pieds ». Les interventions risquent d’être inefficaces si elles ne se
fondent pas sur des recherches systématiques.
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Je vais à présent vous donner quelques exemples de la façon de régler la politique de
jeunesse sur la recherche conduite dans le cadre de l’Observatoire de la jeunesse et de
mettre en place un dialogue productif entre politique et recherche.
Pour commencer, revenons à la base de données que j’évoquais précédemment, qui
réunit quantité de statistiques sur la jeunesse au Portugal depuis les années 60. C’est un
exemple probant d’un investissement producteur d’un gain collectif : d’abord pour les
chercheurs en sciences sociales, car ils disposent ainsi d’une somme d’informations
avec lesquelles décrire, classer et interpréter la diversité des situations des jeunes, de
manière à la fois extensive et longitudinale, ensuite pour les responsables politiques qui,
grâce à un accès à une meilleure évaluation des principaux indicateurs sociaux, peuvent
agir plus efficacement. En bref, cette base de données est au service non seulement de la
connaissance, mais aussi de l’action politique, dont elle accroît l’efficacité.
Ensuite, l’un des principaux aspects structurels des politiques de jeunesse actuelles
concerne leur nature qualifiée de « transversale ». Les connaissances sur la vie des
jeunes, qui proviennent de l’alignement d’indicateurs couvrant un large éventail de
domaines statistiques (démographie, vie conjugale et famille, éducation et formation
professionnelle, emploi et chômage, santé et comportements à risque, taux d’accidents
et, enfin, justice), sont évidemment un outil précieux pour des politiques de jeunesse qui
ambitionnent une réelle transversalité.
Venons-en à présent à un autre exemple du lien entre recherche et action politique.
L’une des études menées par l’Observatoire de la jeunesse, sur la question des
générations et des valeurs, a révélé que le plus grand fossé entre les générations
concernait la sexualité.
Tout d’abord, les jeunes d’aujourd’hui perdent leur virginité bien plus tôt que leurs
parents. Parmi les personnes appartenant à ce que l’on appelle la Génération de la
Grande Guerre (nées avant 1941), seules 20% déclaraient avoir eu des relations
sexuelles avant l’âge de 18 ans ; en revanche, les personnes de la Génération de la
Révolution d’avril (nées après 1971) étaient 67% à avoir eu leur première expérience
sexuelle à cet âge.
Ensuite, nous avons constaté que le choix du premier partenaire était une question de
génération. Pour les plus de 45 ans, le mari/la femme était généralement le premier
partenaire. Ceux qui avaient perdu leur virginité avec leur fiancé(e) formaient un groupe
légèrement moins important. En revanche, pour les jeunes générations, l’initiation
sexuelle se fait avec un/une petit(e) ami(e) ou un/une ami(e). (Données de Inquérito às
Gerações et de Inquérito à Juventude Portuguesa de Hoje, 1977).
La coexistence d’éthiques sexuelles différentes – celle, plus conservatrice, des parents et
celle, plus hédoniste, de leurs enfants – peut expliquer que la sexualité soit un problème
pour certains jeunes. Et ce n’est certainement pas une coïncidence si le Portugal fait
partie des pays affichant les plus forts pourcentages de mères adolescentes dans l’Union
européenne. Dans l’étude de 1997, nous avons aussi constaté que 11% des jeunes
femmes ayant eu une expérience sexuelle étaient tombées enceintes sans le désirer
(chiffre qui atteint 20% dans les échelons inférieurs de l’échelle sociale).
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Comment interpréter cette donnée ? Il est possible que certains jeunes (les filles
notamment) continuent d’être éduqués selon une morale conservatrice qui fait de la
sexualité une question tabou. La recherche montre que les parents évitent de parler de
sexualité avec leurs enfants et que les enseignants éludent aussi la question (en partie
parce que le programme scolaire ne les encourage pas à l’aborder). Autrement dit, il
n’existe pas d’éducation sexuelle pour les jeunes.
Néanmoins, la vie sexuelle des jeunes n’est pas dénuée de risque. Parmi ceux ayant
déclaré avoir déjà eu des relations sexuelles, seuls 66% ont affirmé avoir utilisé une
contraception ; 19% des 15-24 ans ont déclaré ne jamais avoir utilisé de méthodes
contraceptives. Au même moment, un jeune Portugais sur quatre dit pratiquer le coït
interrompu. Dans une enquête précédente, menée dans la municipalité de Loures, nous
avions constaté que pratiquement 37% des jeunes recouraient à cette méthode – ce qui
suggère qu’ils développent une sexualité dominée par la frustration, l’interruption du
plaisir, avec toutes les inhibitions et les peurs qui peuvent aller de pair.
Naturellement, les jeunes intériorisent les contraintes qui modèlent leur expérience de la
sexualité. Les effets de ces formes de socialisation apparaissent dans les réponses à une
question posée dans une étude européenne sur la conscience historique des jeunes
(Historical Consciousness amongst Young People1) : Imaginez que vous êtes un jeune
homme/une jeune femme vivant au XVe siècle. Votre père vous ordonne de vous marier
avec Jean/Catherine, le fils/la fille d’un fermier aussi fortuné que lui, vivant dans un
village voisin. Vous n’aimez pas, voire ne connaissez pas vraiment votre futur(e)
mari/femme. Comment réagiriez-vous? Nous avons observé que les plus opposés au
mariage forcé – parce que, selon eux, « il est inhumain, immoral et illégitime de forcer
quelqu’un à se marier sans véritable amour » – étaient précisément ceux dont les valeurs
à la fois traditionalistes et religieuses étaient les plus profondes : autrement dit, les
jeunes de Grèce, Portugal, Espagne, Italie, Turquie et Pologne. Probablement parce que
encore prisonniers des chaînes du traditionalisme, ces jeunes étaient les plus fermement
opposés au mariage forcé ; il leur était difficile de remonter dans le passé, en tous cas
sans y associer leurs problèmes du présent. A contrario, les jeunes des pays plus
séculaires (Danemark, Grande-Bretagne, Norvège) étaient en mesure de prendre
davantage de distance par rapport au passé et de faire preuve d’une conscience
historique qui accepte les « déterminismes idéologiques » du passé.
Les données sur la sexualité des jeunes Portugais interrogent indubitablement les
autorités politiques. Récemment, le Gouvernement portugais a constitué un groupe de
travail chargé d’examiner l’éventuelle introduction de l’éducation sexuelle dans les
programmes de l’enseignement secondaire. L’Institut portugais pour la jeunesse a passé
des accords de coopération avec des organismes publics et privés travaillant dans les
secteurs de la santé et de la sexualité. Plusieurs bureaux d’aide sont à la disposition des
jeunes qui souhaitent s’informer sur la sexualité, dans diverses régions du pays. Par
ailleurs, des permanences téléphoniques ont été mises en place pour apporter conseil et
soutien ; entre autres exemples, on peut citer Sexualidade em Linha (« Conseil et
assistance ») et la Linha AIDS (« Parlez… Demandez »).
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Magne Angvik, Bodo Von Borries (Ed.), Youth and History. A Comparative European Survey among
Adolescents, Hamburg, Körber-Stiftung, 1997.
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Une autre étude conduite sous les auspices de l’Observatoire de la jeunesse a attiré
l’attention sur une multitude de paradoxes dans les domaines de l’éducation et du
chômage des jeunes.
Quantité de réformes éducatives bien intentionnées ont tenté de libéraliser l’accès à
l’éducation dans l’objectif de la démocratiser. Mais une situation paradoxale en découle,
à savoir que les étudiants sont considérés comme égaux alors, qu’en réalité, ils sont
différents.
Des données de Inquérito à Juventude Portuguesa ont montré que, durant leur parcours
éducatif, 64% des jeunes interrogés ont échoué à une année au moins une fois. De plus,
sachant que 21% d’entre eux ont quitté le système éducatif avant la fin de
l’enseignement obligatoire, nous en avons conclu que libéraliser l’accès à l’éducation ne
garantissait pas nécessairement une démocratisation de la réussite scolaire. En réalité,
plus de 50% des jeunes Portugais ne sont pas allés au-delà de l’enseignement
obligatoire. Les plus concernés par l’échec scolaire sont ceux dont les parents ont les
plus faibles niveaux d’instruction : 77% des jeunes recalés avaient des parents n’ayant
pas dépassé l’enseignement obligatoire.
Un autre paradoxe étonnant provient du fait que les jeunes Portugais en possession des
niveaux d’instruction les plus élevés, autrement dit ceux qui sont allés au bout du cycle
de l’enseignement secondaire, sont précisément ceux qui – dans le contexte de l’Union
européenne – sont les plus susceptibles d’être au chômage faute d’avoir décroché un
premier emploi. Or, on aurait pu penser que cette forme de chômage toucherait en
priorité les jeunes avec les niveaux d’instruction les plus bas.
Il est aussi probable que les jeunes les plus qualifiés soient plus sélectifs en matière
d’emplois. Ainsi, dans un contexte de pression sur le marché du travail, ils sont moins
susceptibles d’être sous-employés que sans emploi. De fait, les diplômés universitaires
ont davantage la possibilité de compter sur le soutien ou les ressources familiales qui
leur permettront plus facilement de résister à des emplois non qualifiés et précaires.
En outre, qu’est-ce qui peut expliquer le cas de ces très nombreux jeunes Portugais qui,
en dépit de faibles niveaux d’instruction, semblent plus capables d’éviter le chômage
que la plupart de leurs pairs plus diplômés ?
Ces situations nous amènent à débattre des politiques en faveur de l’emploi. Comment
expliquer les faibles taux de chômage au Portugal comparés à ceux affichés par la
plupart des Etats membres de l’Union européenne ? Il est fortement probable qu’ils
reflètent un certain sous-développement et la pression considérable qu’exercent sur les
segments non qualifiés du marché du travail ces jeunes Portugais qui quittent l’école
prématurément (et ils sont nombreux à continuer à le faire) avec le sentiment d’une
responsabilité sociale, celle de devoir se mettre au travail rapidement. Et, dans la mesure
où les offres d’emplois stables ne sont pas à la portée de tous, ils préfèrent saisir la
première opportunité qui se présente. Il est vrai que les segments les moins spécialisés
du marché du travail sont ceux qui font le plus appel à une main-d’œuvre migrante
illégale, formée d’Africains, de Brésiliens et d’immigrés d’Europe de l’Est.
Les données que je viens de présenter suggèrent que les politiques de l’éducation et de
l’emploi ne peuvent être conçues sans référence à des modèles guidant l’économie du
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pays. Il ne peut y avoir de politique éducative qui réussisse alors que la structure
économique résiste à la modernisation et s’entête dans la compétition internationale en
faisant valoir l’utilisation intensive d’une main-d’œuvre bon marché. Les politiques
éducatives et de l’emploi doivent progresser main dans la main, sur la même voie vers
la modernisation.
Les besoins de formation professionnelle fournissent l’exemple d’une telle convergence.
Des données issues de la même étude ont montré que seuls 14% des jeunes interrogés
(de 15 à 19 ans) avaient suivi un stage de formation professionnelle. Parmi ceux qui ne
l’avaient pas fait, seuls 10% envisageaient cette possibilité. Autrement dit, pour la
plupart des jeunes, la formation professionnelle ne faisait pas partie de leurs projets de
développement personnel.
Ces données nous invitent à réfléchir aux politiques engagées pour combattre le
chômage. Doivent-elles être orientées sur la formation ? Et comment ? Ou bien doiventelles privilégier directement la création d’emplois ? Ou encore, une stratégie à deux
volets serait-elle plus adaptée ? Indubitablement, les changements structurels intervenus
dans le monde du travail exigent de nouvelles capacités de la part de la main-d’œuvre et
une formation professionnelle appropriée. L’économie ne peut se moderniser qu’avec
des ressources humaines qualifiées ; d’où la nécessité de fournir la formation requise, et
des mesures ont d’ailleurs été prises dans ce sens. Mais, comme l’ont reconnu les jeunes
Portugais dans l’enquête, les problèmes de l’intégration sur le marché de l’emploi ne
proviennent pas uniquement d’une mauvaise adéquation entre le système d’éducation et
de formation, d’une part, et le système de production, d’autre part.
Pour les jeunes, le chômage s’explique par « le manque d’emplois ». Selon eux, les
causes individuelles du chômage sont largement surpassées par les causes structurelles.
Qui plus est, peu d’entre eux adhèrent à l’affirmation selon laquelle « l’éducation ne
prépare pas correctement au travail » (11%). En majorité, ils estiment que s’il y a du
chômage, c’est simplement parce que « il y a de moins en moins de travail ». Nous nous
trouvons probablement dans un cercle vicieux dont nous devons sortir : il n’y a pas de
travail à cause du manque de formation professionnelle, et la formation professionnelle
ne sert pas à grand-chose si l’économie ne manifeste pas la moindre intention
d’absorber la main-d’œuvre formée. Ce constat ouvre un vaste champ de possibilités
pour les politiques de jeunesse s’agissant d’encourager l’esprit d’entreprise et
d’initiative chez les jeunes.
Une des lignes de force du Programme national pour la jeunesse (2007-2013) lancé par
le ministère de la Jeunesse et des Sports, par le biais de l’Institut portugais pour la
jeunesse, est la volonté d’émanciper les jeunes en contribuant au développement de leur
esprit d’initiative, de créativité et d’innovation. Il faut aussi mentionner la détermination
affichée d’encourager les jeunes à s’engager dans des associations, le bénévolat et les
préoccupations sociales.
L’une des plus récentes études conduites par l’Observatoire de la jeunesse (La
participation de la jeunesse aux associations et la citoyenneté politique, 2006) a révélé
que très peu de jeunes étaient actifs au sein d’associations ou de structures de bénévolat.
Elle a aussi conclu que nombre d’entre eux étaient exclus des mouvements politiques.
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L’une des conclusions significatives de cette étude est que, pour la plupart des jeunes
Portugais, la participation civile est synonyme de travail volontaire au niveau local.
Autrement dit, leur idée de citoyenneté semble correspondre à un sentiment de
responsabilité et d’intervention dans l’espace de vie dans lequel ils peuvent le plus
efficacement et effectivement mener leur propre vie. Le fort sentiment d’appartenance
des jeunes à leur espace de vie quotidien suggère que l’on devrait parvenir plus
sûrement à développer leur citoyenneté et leur participation sociale en leur permettant
de les exercer au niveau local. Il s’ensuit que les politiques de jeunesse ne doivent pas
perdre de vue les contextes réels de leur mise en œuvre ; d’où mon appel à des
politiques ancrées, autrement dit, des politiques qui prennent systématiquement pour
référence le sol sous leurs pieds. Et, une recherche sérieuse est la seule façon de rester
en contact avec ce sol.
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