53m® Année IV 40 Samedi 18 Mai 1889 M . JOSEPH M A R T I N

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53m® Année IV 40 Samedi 18 Mai 1889 M . JOSEPH M A R T I N
53m® Année
IV 4 0
Samedi 18 Mai 1889
JOURNAL
POLITIQUE,
RÉDACTION:
E.-J.
SAVIGNÉ, imprimeur-Editeur
Rédacteur on Chel
Place de l'Hôtel - de - Ville , n° 1 3
à, Vienne
M . JOSEPH
EXPLORATEUR
N03
SIBÉRIEN,
COMPATRIOTES
M. JOSEPH
MARTIN
Nous nous faisons un plaisir de
reproduire le portrait d'un de nos
distingués compatriotes, M . Joseph
Martin, portrait que nous devons à la
gracieuse obligeance de notre confrère
le Vrai Français.
Le même journal lui a consacré un
article biographique très intéressant
que nous sommes aussi heureux de
reproduire:
« M. Martin a trente-huit a n s , il
est né à Vienne (Isère), de parents
lyonnais, a éié élevé à Lyon et a fait
ses études à St-Etienne et à Paris. En
1870, il s'engagea dans les tirailleurs
algériens et fit vaillamment la campagne dans l'armée de l'Est.
« Il alla ensuite en Russie et fut
attaché à l'état-major du grand duc
Michelavec lequel il combattit. Chargé
d'une mission par la compagnie Barinowski pour la recherche des gisements aurifères, il partit de là pour
son grand voyage en Sibérie.
« M. Martin a reçu de nombreux
honneurs en Russie ; les Sociétés de
géographie de P a r i s et de Lyon lui
ont décerné leur plus haute récompensense : la grande médaille d'or.
« Les collections minéralogiques
recueillies pendant ses voyages ont
figuré récemment à l'exposition du
Trocadéro, où elles ont été admirées
à juste titre.
« Ajoutons que M . Martin était
accompagné d'un Toungouze, Boritz
Griechnoulcin, son fidèle serviteur,
dont le gouvernement français a
récompensé le dévouement en lui
décernant une médaille d'or de première classe.
« Nos concitoyens n'ont pas oublié
l'intéressante conférence du 27 octobre 1887, dans laquelle M. Joseph
Martin a raconté les péripéties de son
principal voyage dans la Sibérie
orientale, au milieu d'un pays absolument inexploré jusqu'alors.
« 35 à 40,000 kilomètres » c'est le
chiffre exact du chemin qu'a parcouru
l'intrépide explorateur pour aller au
JUDICIAIRE,
VIENNE
COMUERC1AL
ABONNEMENT:
Pour un an
10 fr.
Pour 6 mois
6 fr.
Pour 3 mois
3 fr.
2 fr. en sus par la poste
MARTIN
N É A VIENNE
(ISÈRE)
Japon, en comprenant ses pérégrinations dans la région des mines de
la Léna et ses marches et contremarches au sud et à l'est du Baikal.
« Sur ce nombre, les trajets en
chemin de fer et en bateau à vapeur
entrent pour 2,300 kilomètres , le
tarantass ou le traîneau pour 5,500
kilomètres, le cheval et le chameau
pour 2,500 kilomètres et enfin les
courses à pied pour 4,000 kilomètres.
« M. Martin traversa d'abord S t Pétersbourg et Moscou, dévora en
chemin de fer le trajet de Moscou à
Nijni-Novgorod et, après avoir descendu le Volgajusqu'àKazan,remonta
la Kama jusqu'à Perm et franchit
l'Oural par un chemin de fer qui
s'arrête à Fioume. il s'engagea alors
dans l'inextricable réseau de fleuves
qui assureraient à la Sibérie un admirable avenir s'ils ne débouchaient
dans des mers glacées fort souvent.
« D'Itisch à Tomsk, le service est
fait par des vapeurs marchands. A
T o m s k commencent les plateaux de
la Mongolie d'une viabilité fort pénible ; puis on arrive à Irkoutsk —
le clou de Michel Strogoff— détruite
par un incendie, en 1879, est reconstruite aujourd'hui à peu près sur le
plan ancien : c'est la résidence d u
gouverneur des provinces de Baïkal,
d'Yénisseï et d'Yakoutsk.
« D'Irkoutslc on gagne, en trois
jours, les bords de la Léna, dont le
courant conduit aux résidences minières de Wilim, de Nolctouisk et du
bassin de l'Olevima.
i Que de richesses enfouies dans
le sol : des schistes, des pyrites de
fer, des croûtes de quartz et d e s
dépôts aurifères sous forme de paillettes et de pépites. Ces derniers seuls
sont exploités et donnent une grande
production.
« La plus grande partie du travail
des mines est faite par des condamnés Russes et quelques Jakoutes et
Toungouzes chargés, pendant l'hiver, des transports du matériel. Les
vols d'or — cependant punis de la
peine des travaux forcés — sont
fréquents. L'or est échangé par les
ouvriers contre de l'alcool.
« L'extraction del'orestfortpénible
et quelquefois il faut dégeler le sol
EX
ANNONCES:
Diverses, 40 centimes
LA. LIONE
Judiciaires, 2 5 centimes
LA LIONE
LITTÉRAIHË
M. HA VAS, rue Joquelot, 13, et MM. L A F F I T E et Oie
place de la Bourse, 8
sont seuls chargés, à Paris, de recovoir les annonces
Pour Lyon et le Rhône, s'adresser à M. Victor FOURNIER
rue Confort, 14
enallumant de grands feux à la surface.
« Là commençait la région inconnue. M. Martin eut l'idée d e la
visiter et, avec ses seules ressources,
forma une caravane pour effectuer ce
voyage que l'explorateur fixait à la
durée de dix mois.
• Ce fut une dure et pénible expédition dans une région montagneuse;
il fallut franchir d e s glaces, des
marais, des vallées détrempées, des
torrents débordés, où les rennes
comme les chevaux, ou s'abattaient,
ou s'enfonçaient au milieu des glaçons. Il fallait les abandonner sur
place ou quelquefois les manger.
« En trois semaines, l'explorateur
avait longé la vallée marécageuse de
l a J o u ï a ; au lac Nitschatka, long de
10 à 15 kilomètres, M . M a r t i n faillit
périr et crut que son voyage allait
s'achever d'une façon dramatique.
11 traversa les crevasses de la vallée
du Wilim et de 'a Tschara, où il dut
se livrer à une véritable bataille contre sept ours énormes. Deux T o u n gouzes furent blessés et plusieurs
chiens tués.
« Au-delà du Nitschatka s'étend
une région montagneuse à travers
laquelle l'expédition eut grand'peine
à se frayer une roule. La vallée de
Tschara offrit de grandes ressources
d'alimentation à la caravane. Au
cours de ce voyage, des bandes de
plus .de cinq cents loups noirs vin,
rent attaquer les voyageurs et enlevèrent plusieurs rennes.
« L'explorateur visita alors le plateau de l'Olekma, le lac Amadas, la
vallée de Tschara, le plateau du Kalar,
le lac Dwajang, le lac Martin (du
nom de l'explorateur) et le reste de
ce bassin dans lequel notre compatriote,résolu à marcher dans la direction du sud-est, fut abandonné par
ses Toungouzes. Après six mois de
fatigues, il arriva cependant au pied
des monts Slanovoï, d'où il descendit
par la vallée des Funkis avec des
traîneaux jusqu'au fleuve Amour.
« Tel fut le premier voyage de M.
Martin, qui revint à Irkoutsk et de là
en Russie, où il reçut l'accueil le plus
flatteur. Les cartes et itinéraires qu'il
rapporta lui valurent plusieurs récompenses du Gouvernement.
•
•
« Ce premier succès l'engagea à
reprendre son exploration encouragée
par M. de Baranowski. Il fallait entrer dans la région minière de la
Transbaïkalie.
» Le départ eut lieu d'Albazine et
la route se continua par la vallée de
la Zéa, peuplée de tumuli jakoutes et
mandchou*.
« M. Mar'.in remonta dans le nord
aux riches pêcheries de Nikolaïewslc,
suivît le grand fleuve, puis l'Ossouri,
atteignit le lac Khautra et Vladivostok,
où il examina les mines chinoises, fit
une navigation à vapeur sur les côtes
orientales de la Corée, et, après un
séjour dans quelques villes du Japon,
une visite à Iielung, aux Pescadores,
où il rencontra la flotte de l'amiral
Courbet, il rentra à St-Pétersbourg,
où il fut admirablement accueilli.
«Au commencement de l'année 1889,
M. Joseph Martin a quitté SaintPétersbourg pour une nouvelle expédition scientifique à travers la Chine
centrale, le Thibet oriental, la Mongolie et l'Annam.
« Il est accompagné d'une petite
escorte qu'augmenteront les indigènes recrutés dans les pays parcourus.
« La durée du voyage étant évaluée
à trois ans, l'expédition emporte un
abondant matériel topographique et
astronomique.
« Arrivé au terme de son voyage,
M. Joseph Martin se rendra probablement à Pékin par mer.
« Nous souhaitons à notre courageux compatriote le plus grand
succès dans celte entreprise de longue
haleine.
«La science française devra certainement à M Joseph Martin de nouvelles et précieuses découvertes.
« H. R. ».
CHRONIQUE
LOCALE
Un concours pour la nomination de
deux médecins - chirurgiens - sup pléants des Hospices de Vienne sera
ouvert lundi 85 novembre prochain, à
8 heures du matin, à l'Hôlel-DIeu de
Lyon.
Ce concours, qui comprendra cinq
séances, aura lieu devant la Commission administrative des Hospices de
Vienne, ou son délégué, assisté d'un
Jury médico-chirurgical.
Jeudi matin, est arrivé dans notre
ville un détachement du 118 bataillon
d'artillerie de forteresse, fort de 250
hommes, venant de Lyon, et se rendant au camp de Chambarand, afin
d'accomplir une période d'exercice
de tir à longue portée.
Mercredi, dans l'après-midi, un
grave accident est arrivé au nommé
Dient, âgé de 40 ans, contremaître
chez M. Florentin, entrepreneur.
Plusieurs ouvriers
charpentiers,
occupés à démolir une maison Cour
Saint-Pierre, jetaient du haut de ce
bâtiment les pieces de hois, quand
une ue ces dernières, lancée m a l a droitement, tomba sur une échelle où
était monté le malheureux Dient et
l'entraîna dans les décombres d'une
hauteur de 7 mètres.
Dans cette chute, il s'est fracturé la
jambe droite au-dessus de la cheville, et s'est fait une forte contusion
dans les reins.
Relevé immédiatement et transporté à son domicile, les soins les
plus intelligents lui ont été prodigués par MM. les docteurs Brottet et
Lafaye.
Dans la nuit de jeudi à vendredi,
vers deux heures, un immense incendie a éclaté dans l'usine de M. Vial,
fabricant de chapeaux de paille, à StGeorges-d'Espéranche.
L'alarme aussitôt donnée, on s'occupa surtout de protéger le château
qui est contigu à cette fabrique.
Les dégâts sont considérables. Une
partie de l'usine est complètement
détruite.
80 ouvriers sont sans travail.
Les pertes sont couvertes par différentes compagnies d'assurance.
Le nommé Régis B . . . , âgé de 45
ans, menuisier, demeurant au Péagede-Roussillon, a été trouvé pendu
dans une petite baraque a u bois
Imbert.
Ce malheureux laisse une veuve et
quatre enfants en bas âge.
Nous recevons la lettre suivante :
« Vienne, le 16 mai 1889.
« Monsieur le Directeur,
« Je lis dans le Journal de Vienne
du 15 mai, la lettre que vous a adressée M. Lombard, Député: c'est la
réponseàcelle que je lui ai écrite le 9.
« Dans cette lettre, agrémentée de
pasquinades, dont je suis le premier
à rire, M. Lombard, faisant allusion
à ses démarches pour me faire n o m mer, avec M. Brocard, membre du
Jury des récompenses de l'Exposition,
s'exprime ainsi :
« Mes démarches ont-elles réussi,
« ou plutôt réussiront-elles? Ceci e s t
« une autre affaire et j'avoue humble« ment que je n'en sais rien, ['Officiel
« étant resté muet, jusqu'à présent,
« aussi bien sur le nom de M. Bro« card que sur celui de M. Bouvier.»
« Que m ' a - 1 - i l dit dans notre
entretien du 9 mai '?
« D'abord : « Je regrette de n'avoir
« pu vous faire nommer membre du
a Jury des récompenses. »