La liaison et le discours présidentiel Face à la Crise de Nicolas

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La liaison et le discours présidentiel Face à la Crise de Nicolas
La liaison et le discours présidentiel
La liaison au secours de la fonction présidentielle
La façon de parler de Nicolas Sarkozy a donné lieu à bien des commentaires. Quoi ? Un président de la République qui
dit « chais pas » ou « Mâme Chabot » ou encore « chuis pas venu pour ça »… Mais ça va pas du tout avec la fonction !
Le « casse-toi pauv’con » lancé à un agriculteur en février 2008 a occupé les médias pendant plusieurs semaines et fait
partie désormais des citations célèbres qu’on peut recycler dans de nombreuses circonstances.
D’où ma surprise, en écoutant le très pédagogique omniprésident jeudi soir lors de sa prestation télévisée consacrée à
la Crise. Certes, il y a toujours le style Sarkozy qui vise à capter au maximum l’attention des téléspectateurs :
«(respiration) ya quelqu’chose que j’veux dire aux Français, tout de suite (silence) ». Style taxé de « popu de droite »
par le linguiste Louis-Jean Calvet ou alors de « langue du cœur » par les supporters présidentiels.
Mais j’entends aussi : « c’est la première fois dans l’histoire de la mondialisation qu’une crise frappe tous les pays «
sanz » exceptions ». Plutôt que de suivre les règles usuelles d’enchainement et de liaison des syllabes en français et de
dire « san-zek-cep-tion », il fait ce que l’on appelle dans le jargon une « liaison sans enchainement ». Et une autre
encore, quelques secondes plus tard ! « ça c’est la réalité, cette réalité, elle « ète » (petite pause) incontournable »
(enchainement usuel: « e-lé-tin-con-tour-nabl »).
Cette façon de parler met en évidence la liaison, qui est facultative dans ce contexte. C’est le signe d’une bonne maitrise
de la langue mais surtout d’une appartenance à l’élite cultivée de la société.
Accusé de faire à la fois dans le popu de droite et le bling-bling nouveau riche, Sarkozy chercherait-il à redorer son
blason présidentiel en montrant qu’il peut parler comme ses prédécesseurs, tous brillants acrobates de la liaison sans
enchainement ?
Marinette Matthey, Chronique parue dans le Matin Dimanche du 8 février 2009)
Face à la Crise de Nicolas Sarkozy avec les journalistes David Pujadas, Laurence Ferrari, Guy
Lagache et Alain Duhamel, le jeudi 5 février 2009- France 2
http://www.tuxboard.com/nicolas-sarkozy-face-a-la-crise-5-fevrier-2009-video/
L. F. voilà M. le Président vous venez d’entendre les Français ils sont inquiets mécontents ils ont le
sentiment de vivre plus mal et surtout ils ont un sentiment très fort d’injustice par rapport aux
milliards d’euros qui sont donnés aux banques et qui ont du mal à boucler leurs fins de mois
qu’est-ce que vous avez à répondre concrètement à leur demande de pouvoir d’achat et par
ailleurs est-ce que vous avez été impressionné par les manifestations
N. S. d’abord que les Français soient inquiets c’est normal comment pourrait-il en être autrement
cette crise que nous connaissons c’est une crise comme le monde n’en a jamais connu depuis un
siècle que les gens soient inquiets je le comprends je l’entends et c’est un phénomène
parfaitement naturel une dame a dit quelque chose qui est tout à fait exact elle dit on est pour
rien dans la crise et c’est nous qui allons payer c’est vrai elle a raison
pourquoi cette crise c’est la crise du siècle qu’est-ce qui se passe c’est la première fois dans
l’histoire de la mondialisation qu’une crise frappe tous les pays sans aucune exception dans les
crises que nous avons connues jusqu’à présent il y avait telle ou telle région du monde qui était
frappée par la récession voire la dépression mais tous en même temps ça ne s’était jamais produit
jamais c’est une crise qui est sans précédent parce qu’elle est d’abord financière c’est donc une
crise de confiance qu’elle est ensuite économique qu’elle est d’une brutalité totale et qu’elle
correspond à des caractéristiques qu’on n’a jamais vues ça c’est une réalité cette réalité elle est
incontournable je dois en tenir compte et je dois faire en sorte que la France rentre le plus tard
possible dans la crise et sorte le plus tôt possible de la crise et je dois en plus protéger au
maximum ceux qui déjà dans la croissance mondiale étaient exposés ...

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