Médicaments Rennes 1 mars 2010 [Mode de compatibilité]
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Médicaments Rennes 1 mars 2010 [Mode de compatibilité]
01/03/2010 GENERALITES EVALUATION DES RISQUES LIES AU REJET DE RESIDUS DE MEDICAMENTS DANS L’ENVIRONNEMENT Thème initié dans le cadre de la Commission Santé – Environnement de l’Académie nationale de Pharmacie Progrès de l’analyse physicophysico-chimique Jean Marie HAGUENOER Rennes le 1 mars 2010 La consommation de médicaments 1-Médicaments à usage humain Ne pas oublier l’apport des médicaments dans l’amélioration de la santé et de l’espérance de vie La consommation de médicaments Surtout les pays industrialisés: industrialisés: Europe, Amérique du Nord, Japon 80% consommation mondiale Statistiques en millions $, pas en tonnage difficultés pour l’évaluation des risques ↓ limites de détection ng/L Même ordre de grandeur des concentrations 2-Médicaments à usage vétérinaire 388.281 millions $ dans le monde en 2006 (IMS Health 2008) Pas de publications quantitatives 1 article donne des tonnages d’antibiotiques (surtout Tétracyclynes, Sulfamides, Macrolides et βlactamines), antiparasitaires et hormones (Kools et al 2008) En France: Le cycle de vie des substances médicamenteuses → rejets à tous les stades 1-Conception des molécules 2-Fabrication des principes actifs 3-Fabrication des spécialités pharmaceutiques 4-Utilisations en médecine humaine en médecine vétérinaire en élevage industriel animal ou piscicole 5-Médicaments Non Utilisés 6-Rejets dans l’environnement 7- Devenir et effets dans l’environnement (biodégradabilité…) AB……..1179t/an sur 2855t/an /8 pays UE les + utilisateurs AP……….28t/an sur 61,4t/an/8 pays Hormones 0,7t/an sur 1,46 t/an/8 pays Classes de substances médicamenteuses concernées Agents de contraste Analgésiques-- antalgiques Analgésiques Antagonistes angiotensine II Anti--acides Anti Anti--arythmiques Anti Anti--asthmatiques Anti Antibiotiques Anticancéreux Anticoagulants Anti--convulsivants Anti Antidépresseurs Antidiabétiques Antifongiques Anti--hypertenseurs Anti AINS Anti--ischémiques Anti Antiparasitaires Antipsychotiques Antiseptiques Anti--ulcéreux Anti β- bloquants Bloquants des canaux Ca++ Broncho--dilatateurs Broncho Diurétiques Produits de diagnostic Radionucléides Régulateurs lipidiques Stéroïdes et hormones Stimulants cardiaques Stimulants du SNC Substances illicites …. 1 01/03/2010 Les classes d’antibiotiques concernées Aminoglycosides Béta--lactames Béta Céphalosporines Sulfonamides Fluoroquinolones Macrolides Lincosamides Phénicoles Triméthoprim Polyéthers ionophores Le constat de la contamination environnementale Les sols Fortes concentrations locales Entraînement par les pluies eaux souterraines ou de surface: exemple d’une décharge au Danemark pendant 45 ans [ppm] eaux de ruissellement (barbituriques et sulfonamides) Modifications dans les purins purins:: -Les milieux concernés Les milieux aquatiques rejets continus « pseudo – persistance » selon les propriétés physicophysico-chimiques (mais données encore parcellaires) Les eaux résiduaires : quelques exemples Les anticancéreux Eaux d’égouts domestiques et municipales (1/2 vie assez longue) Effluents des établissements de soins: Cyclophosphamide (moyenne 146 ng/L – pics à 4500 ng/L)ng/L)ifosfamide (moyenne 109 ng/L – pics à 3000 ng/L)ng/L)Platine (pics à 3000 ng/L) – Tamoxifène (146 à 369 ng/L) glucuronides du chloramphénicol et de la sulfadimidine convertis en molécules mères idem pour chlorotétracycline Action des médicaments sur les composants écologiques (microflore) Transfert de résistance microflore des organes de volaille ou des porcs Le constat de la contamination environnementale Les eaux résiduaires : quelques exemples Les antibiotiques Lisiers ex: tétracyclines (mg/g) Piscicultures antibiotiques présents dans l’alimentation l’alimentation teneurs élevées (Thurman et al 2003): oxytétracycline 0,17 à 10 µg/L, sulfadiméthoxine 0,10 à 15µg/L, tétracycline 0,10 à 0,61 µg/L Sources: Aliments Déjections des animaux traités Épandage des boues des STEP, fumiers, purins avec fortes concentrations locales Le constat de la contamination environnementale Conséquences: L’atmosphère Les sols Le constat de la contamination environnementale -Les milieux concernés Le constat de la contamination environnementale les eaux résiduaires: quelques exemples Les hormones Concentrations supérieures dans les effluents domestiques/effluents industriels Adsorption sur les sédiments, accumulation possible dans les organismes des poissons et autres espèces Adsorption sur les boues des STEP Déconjugaison et oxydation de métabolites d’oestrogènes avec reformation des molécules libres → oestrone systématiquement retrouvée dans les échantillons de la Seine, Marne , Oise (Branchereau et al 2006) 2 01/03/2010 Le constat de la contamination environnementale Le constat de la contamination environnementale Les eaux résiduaires: quelques exemples Hypolipémiants Les eaux résiduaires: quelques exemples Anticonvulsivants: carbamazépine mal éliminée dans les STEP clofibrate→ acide clofibrique (acide 2,4clofibrate→ 2,4-dichloro phénoxyphénoxy-2méthylpropanoïque) proche du 2,42,4-D (acide 2,42,4-dichlorodichlorophénoxyacétique) → présent dans toutes les eaux résiduaires à la mer (1 à 2 ng/L dans la mer du Nord soit 50 à 100 tonnes par an !) La quantité stable dans un lac en Suisse serait d’environ 19 kg (Buser et al. 1998) -----NB. NB. Structure # 2,42,4-D Produits Analgésiques et antipyrétiques: effluents hospitaliers (Feldman et al 2007) Métamizole et métabolites 1° 1°aminoantipyrine, 2° 2° 4-acétylacétylaminoantipyrine → 6529g/ semaine, 3° 4-formylformyl-aminoantipyrine → 1898 à 3103 g/semaine AINS Diclofénac:: élimination variable dans les STEP 17 à 70% Diclofénac Ibuprofène: eaux usées urbaines 1,7 à 3,8µg/L Ibuprofène: 3,8µg/L Hilton et al. 2003 éliminé des STEP à >95% (Buser et al 1999) Acide acétylsalicylique: assez facilement dégradé mais taux d’acide salicylique élevés dans les affluents des STEP (54µg/L) (54µg/L) Les Les stations d’épuration Déconjugaison de molécules → retour aux molécules actives Conversion partielle du 1717-β-estradiol en estrone Réduction de médicaments acides Absence d’absorption des substances les + hydrophiles par les boues Concentration des substances les +lipophiles dans les boues → problème sanitaire potentiel si épandage à des fins agricoles Efficacité réduite en cas de temps très pluvieux de 60 à <5% (Ternes 1998) Rejets directs des résidus de médicaments Rejets par les effluents des STEP →[ ] diminuent Produits présents Anticancéreux : PEC 0,8 ng/L pour l’ifosfamide (Kümmerer et al. 1997) Antibiotiques : macrolides, fluoroquinones, tétracyclines, sulfonamides Sur le territoire américain: 50% des eaux de 139 sites traces d’antibiotiques (Kolpin et al. 2002) Produits de contraste : peu métabolisés, rendement de ± 10% des STEP Modélisation possible sur la base des qtés consommées, élimination chez l’homme, devenir dans les STEP, ½ vie : exemple du : Diclofénac :Évaluation 2087 à 3360 g / semaine Mesurage 2192 g/ semaine Carbamazépine : 4353 à 5047 g/semaine calculés 3219 mesurés Concentrations extrêmes (ng/L) mesurées dans les différents estuaires en France (Budzinski et Togola 2006). (ld : limite de détection) Aspirine Caféine Diclofénac Gemfibrozil Ibuprofène Kétoprofène Naproxène Carbamazépine produits de contraste : composés iodés organiques Iopamidol, iopromide, ioméprol, iohexol→ eaux résiduaires des hôpitaux avec [ ] très élevées→ 130µg à 10mg Iode/L Les eaux de surface Elles n’ont pas été conçues spécifiquement pour les médicaments ou des produits particuliers Elles éliminent environ 60 à 70% des médicaments, médicaments, avec des rendements très variables de 88-10% à 97% Elles peuvent avoir des effets néfastes: néfastes: de diagnostic (Gd) et radionucléides I131, Tc 99m :hopitaux Gironde Loire Adour Seine ld-0 ld-5 ld-1 ld-1 ld-2 ld-3 ld-1 ld-2 ld-27 ld-73 ld-6 ld-2 ld-9 ld-9 ld-8 ld-228 8-28 0-2 8-23 1-9 14-37 0-0 1-6 0-8 0-0 40-860 0-28 0-15 0-45 0-12 0-103 9-132 Les eaux marines Un cas américain entre 1972 et 1983: site d’enfouissement de déchets en eaux profondes établi en « offshore » à 74 km d’Arecibo (Porto Rico)recevait de 30 à 280 millions de litres de déchets pharmaceutiques par an. Il couvrait 500 km2 → aucune étude ! Calanque de Cortiou (France) concentrations entre 200 et 8000 ng/L pour l’aspirine, diclofénac, naproxène, ibuprofène, kétoprofène, caféine et entre 33-100 ng/L pour diazépam, nordiazépam, amitriptyline, carbamazépine, gemfibrozil (Budzinski et Togola 2006) Mer du Nord 1 à 2 ng/L d’acide clofibrique Problème des antibiotiques utilisés dans les élevages de crevettes et de saumons 3 01/03/2010 Les eaux souterraines Heberer et al. (1997, 2002) dans les eaux souterraines destinées à alimenter une usine de potabilisation: -diclofénac nd – 380 ng/L -gemfibrozil nd – 340 ng/L -ibuprofène nd – 200 ng/L -kétoprofène nd – 30 ng/L -primidone nd – 690 ng/L -phénazone nd -1250 ng/L -propylphénazone nd -1465 ng/L -N-méthylphénacétine nd – 470 ng/L -acide salicylique nd -1225 ng/L -acide gentisique nd – 540 ng/L -fénofibrate nd – 45ng/L -acide clofibrique nd -7300 ng/L Les eaux destinées à la consommation humaine A priori: priori: l’eau est un solvant et dissout tout ce qu’elle peut sur son parcours. Dans la majorité des cas → pas de résidus pharmaceutiques Mais parfois oui: Anticancéreux (methothrexate et bleomycine) Aherme et al 1985, Ternes 1998 Carbamazépine et gemfibrozil (Drewes et al 2002, Stan et al 1994) Diazépam (Zuccato et al 2000) Revue dans le monde par Jones et al. (2005): [ng/L] max: bezafibrate 27 (D) bléomycine 13 (UK), acide clofibrique 270 (D), carbamazépine 258 (USA), diazépam 23,5 (I), diclofénac 6 (D), gemfibrosil 70 (Canada), phénazone 400 (D), propylphénazone 120 (D), tylosine 1,7 (I) Togola et Budzinski 2008: 2008: [ng/L] Amitryptiline (nd -1,4), carbamazépine (nd(nd- 43,2), diclofénac (nd(nd-2,5), ibuprofène (nd(nd-0,6), kétoprofène (nd(nd-3,0), naproxène (nd(nd-0,2), paracétamol (nd(nd- 211), caféine (nd (nd--22,9) Les sédiments Concentrations élevées d’antibiotiques dans les sédiments des rivières et marins Demi Demi--vies de l’ordre de 300 jours : oxytétracycline, acide oxolinique, Les aliments fluméquine, sarafloxine dans les sédiments les plus profonds (Hektoen et al 1995) Autour de fermes d’élevage de poissons Antibiotiques (Zuccato et al. 2000) 1- Sources diffuses Tylosine jusqu’à 578 et 2640 ng/kg Erythromycine 400 à 600 ng/kg dans le Pô Spiramycine → 2000 ng/kg dans la Lambro LES SOURCES DE CONTAMINATION Oxytétracycline : 0,1 à 4,9 mg/kg matière sèche avec effets antimicrobiens pendant 12 semaines après administration (Jacobsen et Berglin 1998) Risques : altération de la microflore et sélection de bactéries antibiorésistantes (Cabello 2006) Très peu d’études mais présence probable dans les aliments d’origine animale ou végétale, malgré les textes réglementaires sur la sécurité sanitaire Médicaments administrés à des fins de production comme les antibiotiques et les hormones → présence dans la chair, le lait et produits dérivés, Sols contaminés par les excréments d’animaux parfois utilisés pour des productions végétales, Sols contaminés par les médicaments et produits de transformation présents dans les boues des STEP Nécessité d’établir un bilan des transferts pour évaluer les risques LES SOURCES DE CONTAMINATION Résidus du métabolisme par les personnes traitées Voies pulmonaire, digestive, urinaire Résidus du métabolisme par les animaux traités Médicaments non utilisés (MNU) En tenant compte du métabolisme des médicaments et du taux d’efficacité moyen des STEP, Bound et Voulvoulis (2005) ont évalué les proportions de médicaments retrouvés dans les eaux de surface : Ex :le métoprolol (β-bloquant) pour 100 unités vendues Dispersion par les déchets ménagers Rejets dans les toilettes et égouts 73,4 sont utilisés 10% dans toilettes ou égouts…………….7,3 unités 26,6 non utilisés 4,4 dans les pharmacies 4,4 dans les toilettes……………………..4,4 unités 17,7 dans déchets ménagers…………? Total affluant vers les STEP………………...11,7 unités Total effluent des STEP (efficacité 83%)……..2,0 83%)……..2,0 unités Ne tient pas compte des transferts dans les aliments par épandage des boues 4 01/03/2010 LES SOURCES DE CONTAMINATION 2-Les sources ponctuelles LES SOURCES DE CONTAMINATION 1- Industrie chimique fine 3- Les établissements de soins Rejets possibles de médicaments et des produits chimiques utilisés en synthèse Aucune information sur les rejets car la réglementation est basée sur des paramètres trop globaux 2- Industrie pharmaceutique Idem Des rejets ont été constatés dans le Main, le Rhin en relation avec ces industries (45kg/j diclofénac - Ternes 2001) LES SOURCES DE CONTAMINATION 4-Les élevages industriels animaux 5-Les élevages industriels piscicoles (suite) Utilisation d’antibiotiques à titre préventif ( en ↓) du fait: - de l’absence de barrière sanitaire - du stress→ ↓ efficacité du système immunitaire → risques de colonisation bactérienne et d’infection Surtout les tétracyclines incorporées à l’alimentation Contamination des eaux par Les aliments non consommés Les rejets de médicaments métabolisés ou non 70 à 80% des antibactériens utilisés → retrouvés dans l ’environnement avec des concentrations élevées dans les écosystèmes à proximité des fermes piscicoles → [ ] dans les sédiments oxytétracycline et fluméquine jusqu’à 246 et 579 µg/kg dans les fermes aquicoles italiennes (Garric et Ferrari 2004) → transport sur de longues distances → ingestion par les poissons sauvages et les coquillages (Hektoen et al 1995, Kerry et al 1996, Coyne et al 1997, Holten et al 1999, Sorum 2000, 2006, Sorum et L’Abée 2002, Boxal et al 2004) L’EVALUATION DES RISQUES LIES A LA PRESENCE DE RESIDUS DE MEDICAMENTS DANS L’ENVIRONNEMENT Appauvrissement de la flore microbienne et du plancton, amplifié par l’eutrophisation produite par les gros apports en nutriments (C,N,P) générés par l’alimentation non ingérée et les déjections des poissons (Goldburg et al 2001, Cabello 2003) → altération des équilibres écologiques Contamination des poissons et coquillages commercialisés → ingestion inconsciente d’antibiotiques par l’homme : → présence de bactéries antibiorésistantes → altération de la flore intestinale normale → ↑ susceptibilité aux infections → ↑ des risques allergiques et toxiques dont le diagnostic est difficile faute d’information sur cette ingestion « aveugle » (Grave et al 1996,1997, Halderman et Hastings 1998, Mc Dermot et al 2002, Goldburg et al 2001, Greenless 2003, Cabello 2003, 2004, Angulo et al. 2004, Salyers et al 2004) Eaux résiduaires différentes des eaux usées municipales 5- Les élevages industriels piscicoles Contamination directe des sols : 100millions T/an de matières fécales et urines émis par les 60 millions de porcs aux USA (Sarmah et al 2006) Contamination indirecte par épandage de lisiers et purins Liens avec antibiorésistance en aval d’élevages industriels de porcs (entérocoques résistants à l’érythromycine et à la tétracycline 4 à 33 fois> /amont –Sapkota et al. 2007) Pratique d’utilisation de doses non thérapeutiques pour l’élevage des porcs → sélection de bactéries résistantes dans le tube digestif et rejets massifs par les excréta dans les lisiers, fumiers et purins→ sols et les eaux (Aarestrup et al.2000, Bager et al 1997, Chee--Sandford et al.2001,Haack et Andrews 2000, Parveen et al 2006, Chee Wegener et al 2003) LES SOURCES DE CONTAMINATION Concentrations dans les effluents Hospitaliers → 4500 ng/L cyclophosphamide,, 3000ng/L ifosfamide cyclophosphamide ifosfamide,, 3000 ng/L Pt LES SOURCES DE CONTAMINATION Surtout antibiotiques, antiparasitaires, hormones Utilisation concentrée de médicaments, produits de diagnostic, biocides, réactifs de labo, cosmétiques et produits phytosanitaires → élimination directe par les personnels → élimination indirecte par les excréta des malades Principaux responsables des rejets de produits radiopharmaceutiques et anticancéreux Les 4 étapes de l’évaluation des risques 1- identification des dangers (nocivité intrinsèque) 2- évaluation des effets (relations dosedose-réponse, probabilité de survenue) 3- évaluation des expositions (en fonction des voies et doses reçues) 4- caractérisation qualitative ou quantitative du risque pour aider à la gestion du risque Revues générales surtout sur les expositions dans l’environnement aquatique (Halling (Halling--Sorensen et al. 1998, Jorgensen et al. 2000, Jones et al 2001, Kümmerer 2001, Garric et Ferrari 2004 ) 5 01/03/2010 1- LES RISQUES POUR L’ENVIRONNEMENT 1- Données générales 1- LES RISQUES POUR L’ENVIRONNEMENT Nécessité de prendre en compte l’ensemble des systèmes écologiques → difficile (le plus souvent un seul maillon et un seul médicament alors qu’il y a des effets additifs, synergiques et antagonistes) La nocivité et l’évaluation des dangers Les cibles et sources de données Animaux traités Écosystèmes et organismes constitutifs Modèles écoéco-systémiques d’étude de la nocivité en laboratoire Pour mesurer les expositions, il est nécessaire d’évaluer : Effets observés par biobio-surveillance ou épidémiologie animale pas spécifiques des médicaments Bactéries, algues, crustacés, poissons Lombrics Végétaux → toxicité aiguë ou subaiguë non adaptée au chronique Étude des mécanismes d’action (plutôt à court terme) Relations doses – effets ou doses - réponses Les expositions des organismes vivants dans l’environnement → dossier AMM concerne les animaux d’intérêt économique et peu les composantes environnementales → données sur les imprégnations animales très rares (utiles pour l’homme) Les modèles toxicologiques in vivo et in vitro Les [ ] dans les milieux Les [ ] dans les organismes (plantes, animaux d’intérêt alimentaire pour l’ animal et l’homme) Utilisation des données de laboratoire mais comparer les concentrations et conditions d’exposition / réalité environnementale Utilisation de données provenant de la modélisation 1- LES RISQUES POUR L’ENVIRONNEMENT Cas particuliers Problématique du transfert d’antibiorésistance qui pourrait être abordé dans le volet environnement du dossier d’AMM des antibiotiques Comportement des écosystèmes des procédés de traitement des eaux face aux médicaments et à leurs biotransformations en relation avec les diverses techniques utilisées: lits bactériens, boues activées, lagunage, assainissement autonome… 1- LES RISQUES POUR L’ENVIRONNEMENT Les antibiotiques (suite) → évaluation à faire: faire: relation avec la présence de bactéries antibiorésistantes dans: ■ les eaux usées d’élevage (Koenraad et al 1994), ■ les eaux adjacentes à des sols ayant fait l’objet d’épandages de boues de STEP (Selvaratnam et Kunberger 2004), ■ les rejets de cliniques (Volkmann et al 2004), ■ les eaux de mer (Junco et al 2001), ■ les eaux souterraines (Mc Keon et al 1995), ■ les eaux potables (Leclerc et al 1978), ■ et même les eaux embouteillées (Massa et al 1995) → échanges de gènes de résistance entre bactéries de l’environnement des fermes piscicoles et bactéries de l’environnement terrestre. Ex Aeromonas Aeromonas,, pathogènes pour les poissons, peuvent transmettre et partager des déterminants de résistance aux antibiotiques avec des E. coli isolés chez l’homme (Rhodes et al 2000, Sorum 2000, 2006, L’Abée Lund et Sorum 2001, 2002) 1- LES RISQUES POUR L’ENVIRONNEMENT 2-Risques pour l’environnement selon les classes thérapeutiques : quelques exemples Les anticancéreux → composés CMR mal éliminés par les STEP → peu biodégradables → échantillons d’eaux usées hospitalières à potentiel génotoxique sans effet cytotoxique (Giuliani 1996) Les antibiotiques Impacts sur les écosystèmes aquatiques → capacité de bioconcentration BCF ≈ 3 (amoxycilline, oxytétracycline dans Microcystis aeruginosa) mais 45,3 pour l’érythromycine (Jones et al 2002) → influence sur les biomasses bactériennes (sols, eaux, STEP…) LES RISQUES POUR L’ENVIRONNEMENT Les hormones et composés apparentés Découvertes dans les STEP dès 1970 (Tabak et Bunch) Les plus présents dans les eaux usées domestiques (Desbrow et al 1998, Johnson et al 2000, Niven et al 2001, Komori et al 2004, Cargou¨¨rt et al 2004) Cargou -le 17 17ββ-estradiol (<1 à 48 ng/L), -l’estrone (1 à 76 ng/L), -le 17 17αα-éthinyl éthinyl--estradiol <1 à7ng/L Bioaccumulation très forte BFC=228 pour l’estrone chez Daphnia magna par intermédiaire de Chlorella vulgaris Activités biologiques à très faibles doses → susceptibles d’affecter la reproduction et le développement des invertébrés Présence de poissons hermaphrodites dans un grand nombre de pays est associée à la proximité de sources d’eaux usées – taux élevé de vitellogénine chez des poissons mâles avec baisse de la fertilité 6 01/03/2010 1- LES RISQUES POUR L’ENVIRONNEMENT 1- LES RISQUES POUR L’ENVIRONNEMENT Les hormones et composés apparentés (suite) Induction de la vitellogénine pour des concentrations de - 0,001 à 0,01 µg/L de 1717-β-estradiol - 0,025 à 0,05 µg/L d’ estrone - 0,001 à 0,002 µg/L de 1717-α-éthinyléthinyl-estradiol - NB: Potentialisation entre 17 17--β-estradiol et estrone chez la truite arc en ciel (Purdom et al 1994, Jobling et al 1996, Routledge et al 1998) Féminisation observée aussi dans les espèces marines Rôle de l’éthinyll’éthinyl-estradiol qui agit sur les récepteurs œstrogéniques et sur les gènes stéroïdiens du cerveau et des reins des saumons juvéniles (Lyssimachou et Arukwe2007) Les hormones et composés apparentés (suite) 2- LES RISQUES POUR L’HOMME 1- la nocivité 2- LES RISQUES POUR L’HOMME 3- les risques pour l’homme D’après Joyeux (2006), avec une consommation d’eau du robinet de 2 litres / jour pendant 70 ans, la dose cumulée est très < 1 dose thérapeutique (10 (10--4 à 10 10--9), sauf pour : Le clenbutérol……………… 25,5 Le cyclophosphamide……… 2,5 Le salbutamol……………… 2,5 Le 17α 17α-éthinyl éthinyl--estradiol…… 2,5 La terbutaline……………… 2,1 Doivent tenir compte des voies d’absorption Inhalation : négligeable Contact cutanéocutanéo-muqueux :négligeable (sauf professions élevage, STEP…) Absorption des eaux destinées à la consommation humaine : Risque global -Il est totalement inconnu pour les petites doses répétées pendant la vie entière avec des mélanges effets synergiques éventuels. -Il y a relativement peu de cas identifiés de contamination de l’eau du robinet mais, dans le monde, les eaux ne sont pas toujours traitées. - Données des dossiers AMM concernent les doses efficaces et toxiques pour des effets à court et moyen terme mais pas à long terme ou à petites doses toute la vie (+ rien sur les mélanges). 2- les expositions humaines [ ] x T → évaluation des doses journalières ou vie entière. Consommation d’aliments contaminés du fait des traitements des animaux ou de la contamination des végétaux par les boues de STEP → pas de données sur “le panier de la ménagère”. Mais les apports liés aux éventuels transferts alimentaires ne sont pas pris en compte… Aucun bilan complet des apports à l’homme → évaluation très difficile 2- LES RISQUES POUR L’HOMME Risques par rapport à quelques classes thérapeutiques Les anticancéreux Présence parfois dans les eaux de surface, souterraines et plus rarement dans l’eau du robinet nécessité d’évaluer Peu de données sur l’évaluation des risques (Rullis et al 1989, Munro et al 1996): -si exposition à 1,5 µg/jour d’une substance chimique de toxicité non connue→ 96% de chances de ne pas provoquer d’excès de risque de cancer de 1.101.10-6 - si exposition à 0,15 µg/jour → probabilité = 99% Mais pas prise en compte des interactions entre substances chimiques ni des possibilités de réparation des lésions Globalement le risque est très faible voire absent comme dans l’évaluation de Schulman et al (2002) pour le cyclophosphamide selon la méthodologie de l’US EPA sur la base des expositions humaines aux eaux contaminées et l’accumulation dans les poissons Action combinée de nombreux composés chimiques disrupteurs endocriniens (PCB, phtalates, pesticides, bisphénol A…) sur les mêmes cibles avec effets significatifs alors qu’isolément les concentrations peuvent être insuffisantes → difficultés de la gestion ! Sans oublier les phythormones naturelles des légumineuses (génistéine, daidzéine, glycitéine)… Hormones thyroïdiennes pas de données…mais lipophiles → boues Vigilance si remplacement des hormones peptidiques (insuline p.ex) par des molécules non peptidiques risques d’absorption des résidus par voie orale 2- LES RISQUES POUR L’HOMME Les antibiotiques Nocivité directe pour les personnels travaillant dans les élevages : → résistance aux quinolones (Piddock et al 1996, 1998) → résistance aux glycopeptides (Van den Boggaert et al 1997) → résistance de tous les E. coli isolés des fécès des éleveurs de poulets après seulement 1 semaine de supplémentation par la tétracycline (Levy et al 1976). Risque d’ingestion de résidus par les coquillages commercialisés et risque de sélection de bactéries antibiorésistantes (Grave et al 1996, 1999, Alderman et Hastings 1998, Mc dermott et al 2002,Greenless 2003, Cabello 2004, Saliers et al 2004) → risque d’allergie et de toxicité difficiles à diagnostiquer, faute d’information préventive Évaluation pour la Pénicilline V (Christensen 1998): -10 unités( 5,9 5,9µg µg)) nécessaires pour provoquer une réaction allergique -calcul de l’absorption journalière dans un scénario local (et sans biodégradation): 4,2 µg/jour pas de problème significatif. 7 01/03/2010 2- LES RISQUES POUR L’HOMME 2- LES RISQUES POUR L’HOMME Les antibiotiques (suite) Nocivité indirecte → sécurité alimentaire: le risque principal ne vient pas des résidus eux eux--mêmes mais de la sélection des bactéries résistantes susceptibles de se transmettre à l’homme par l’alimentation ou des transferts de gènes de résistance. Quelques exemples: Au Danemark → 2 morts par infection avec S. typhimurium DT 104 ← viande de porc (Moubarek et al 2003) Aux USA → utilisation de fluoroquinones a sélectionné un réservoir de Campylobacter jejuni résistants → augmentation des infections parallèle (Smith et al (1999) Les dérivés hormonaux Le développement humain peut être affecté par la présence de substances oestrogéniques Les produits affectant la faune sauvage peuvent aussi affecter le développement des organes féminins et la lactation et jouer un rôle dans l’apparition de la fibrose utérine et de l’endométriose (Mc Lachlan et al 2006) Passage des déterminants de la résistance de l’environnement aquatique → terrestre : restriction d’usages des AB en aquaculture dans de nombreux pays (les quinolones efficaces chez l’homme ont été bannies en élevage) Nécessité de contrôles de qualité des aliments → ↓ expositions humaines CONCLUSION 2- LES RISQUES POUR L’HOMME Étude de Christensen (1998): évaluation des rejets environnementaux naturels 5% Retient le 17 17αα-ethinyl ethinyl--estradiol (contraceptif oral) en tenant compte de: La formation de métabolites hydrosolubles L’hydrolyse dans les STEP La répartition environnementale: -eau 55-6% -légumes racines 12% -légumes feuilles 3% -poissons 80% (accumulation) Soit la dose journalière de 0,0632 µg /kg/(scenario le plus exposant) ou 44 ng/jour La production journalière d’E2 - chez le garçon pré pré--pubère ≈ 6µg /jour (150 fois) - chez l’adulte ≈ 45 - 48 48µg µg /jour Conclusion de l’auteur: effets néfastes improbables LES MEDICAMENTS ONT PROLONGE LA VIE DE L’HOMME LES RISQUES A LONG TERME SONT POSSIBLES pour l’ HOMME, CERTAINS DANS L’ENVIRONNEMENT L’ L’évaluation évaluation des risques pour l’homme est actuellement impossible, faute de données suffisantes impossible, La présence de résidus dans les aliments n’a fait l’objet d’aucune évaluation La présence de certaines classes de médicaments dans l’environnement est préoccupante (anticancéreux, AB, hormones) Des effets perturbateurs endocriniens chez l’homme sont possibles, en association avec d’autres substances chimiques déjà connues pour ces effets. Des résistances aux antibiotiques ont été observées RECOMMANDATIONS de l’AnP LIMITER et CONTRÔLER les REJETS 1- Optimiser la fabrication par l’industrie chimique de substances actives à usage médicamenteux, la fabrication des médicaments euxeux-mêmes par l’industrie pharmaceutique, ainsi que la collecte et la destruction des MNU, en vue de limiter au maximum les rejets dans l’environnement de substances biologiquement actives, et plus particulièrement: 1-1- pour l’industrie de chimie pharmaceutique, pharmaceutique, utiliser les technologies les plus respectueuses de l’environnement dans ses unités de recherche et de production 1-2- sur les sites de production chimique et pharmaceutique, poursuivre et amplifier les efforts de certification environnementale 1-3- mettre en place des stratégies de prévention (usages, décontamination,etc.) pour minimiser les rejets de substances médicamenteuses et de leurs métabolites, en particulier dans les établissements de soin et dans les élevages, mais aussi dans le cadre familial RECOMMANDATIONS de l’AnP LIMITER et CONTRÔLER LES REJETS (suite) 1-4-anticiper les conséquences environnementales éventuelles des nouvelles technologies comme celles utilisant les nanoparticules au service des médicaments 2- Renforcer la surveillance environnementale des rejets des industries chimiques et pharmaceutiques, des établissements de soin, des élevages industriels et piscicoles, de toutes les activités pouvant être à l’origine de rejets de substances médicamenteuses ou de leurs résidus et améliorer les traitements de ces rejets ponctuels. 3- Développer des programmes d’optimisation de l’efficacité des stations d’épuration des eaux résiduaires et de traitement des eaux potables afin qu’elles soient mieux adaptées au problème des résidus de substances médicamenteuses 8 01/03/2010 RECOMMANDATIONS de l’AnP EVALUER LES RISQUES LIES AUX REJETS 4- Renforcer la prise en compte, compte, dans les dossiers d’ AMM, des impacts environnementaux aigus et chroniques des médicaments 5- Développer des programmes de recherche fondamentale et finalisée sur les risques pour l’homme et pour l’environnement liés aux résidus des substances médicamenteuses présentes dans les eaux et dans les sols et dans les denrées végétales et animales, 6- prendre en compte les effets liés à la multiplicité des substances présentes dans les rejets en développant des tests globaux de toxicité, toxicité, en particulier pour les substances cancérigènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction RECOMMANDATIONS de l’AnP DEVELOPPER DES ACTIONS DE FORMATION ET D’ EDUCATION 7- Sensibiliser tous les étudiants qui se destinent à la chimie pharmaceutique et aux professions de santé par une formation concernant le problème des résidus de substances médicamenteuses dans l’environnement. 8- A titre de rappel, éviter , par principe, toute surconsommation de substances médicamenteuses à usage humain et vétérinaire, qui ne peut qu’aggraver la contamination environnementale. 9- Développer, comme pour les médecins et les vétérinaires, le rôle des pharmaciens d’officine dans la sensibilisation et l’éducation thérapeutique et environnementale du public. public. MERCI POUR VOTRE ATTENTION Pour plus d’informations, le rapport « Médicaments et environnement » est disponible sur www.acadpharm.org 9