une petite entaille - éditions Théâtrales
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une petite entaille - éditions Théâtrales
UNE PETITE ENTAILLE Du même auteur aux éditions Théâtrales bal-trap/une envie de tuer sur le bout de la langue, 1994 chroniques des jours entiers, des nuits entières, 1996 confession, in petites pièces d’auteurs, 1998 surfeurs, 1998 22.34/la quille, 1999 fidélité, in petites pièces d’auteurs 2, 2000 la nuit À l’envers/ex-voto, 2000 la promise, 2001 chroniques 2, quoi dire de plus du coq ?, 2002 histoires d’hommes, 2003 XAVIER DURRINGER UNE PETITE ENTAILLE Comédie dramatique nouvelle édition revue et corrigée ouvrage publié avec le concours du centre national du livre éditions THEATRALES Les éditions THEÂTRALES bénéficient d’une aide de la La représentation des pièces de théâtre est soumise à l’autorisation de l’auteur ou de ses ayants droit. Avant le début des répétitions, une demande d’autorisation devra être déposée auprès de la SACD. © 1997, pour la première édition © 2004, pour la nouvelle édition, Éditions THEÂTRALES 38, rue du Faubourg-Saint-Jacques, 75014 Paris La loi du 11 mars 1957 interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. ISBN : 2-84260-165-3 XAVIER DURRINGER Né à Paris en 1963, il dirige une compagnie de théâtre, La Lézarde, pour laquelle il écrit et met en scène. Il écrit et réalise aussi pour le cinéma. Écriture et mise en scène de : Théâtre UNE ROSE SOUS LA PEAU, 1988 – publiée aux éditions Théâtrales, 2000 1989 – publiée aux éditions Théâtrales, 2000 22/34, 1989 – publiée aux éditions Théâtrales, 1999 BAL-TRAP, 1989 – publiée aux éditions Théâtrales, 1994 EX-VOTO, 1990 – publiée aux éditions Théâtrales, 2000 UNE PETITE ENTAILLE, 1990 – publiée aux éditions Théâtrales, 1997 UNE ENVIE DE TUER SUR LE BOUT DE LA LANGUE, 1991 – publiée aux éditions Théâtrales, 1994 LA QUILLE, 1993 – publiée aux éditions Théâtrales, 1999 QUAND LE PÈRE DU PÈRE DE MON PÈRE, 1994 – montage de textes en français, cajun, créole et américain POLAROÏD , 1995 – publiée aux éditions Théâtrales sous le titre CHRONIQUES DES JOURS ENTIERS, DES NUITS ENTIÈRES, 1996 SURFEURS, 1998 – publiée aux éditions Théâtrales la même année LES DÉPLACÉS, 2000 – inédit LA PROMISE, 2001 – publiée aux éditions Théâtrales la même année CHRONIQUES 2, QUOI DIRE DE PLUS DU COQ ?, 2002 – publiée aux éditions Théâtrales la même année HISTOIRES D’HOMMES, 2003 – publiée aux éditions Théâtrales la même année LA TERRE INTERMINABLE, 2004 LA NUIT À L’ENVERS, SURFEURS et LA PROMISE ont été programmés au Festival in d’Avignon. La plupart des pièces de Durringer sont fréquemment rejouées dans différentes mises en scène en France. Ces succès se prolongent également à l’étranger, dans les langues où elles sont déjà traduites (allemand, anglais, arabe, bulgare, catalan, grec, espagnol, hongrois, italien, lituanien, néerlandais, polonais, portugais, roumain, slovaque, tchèque). Mise en scène de : OH ! PARDON, TU DORMAIS, de et avec Jane Birkin, 1999 Longs métrages (écriture et réalisation) : Cinéma LA NAGE INDIENNE, 1993 J’IRAI AU PARADIS... CAR L’ENFER EST ICI, CHOK-DEE, 2004 LES VILAINS, Fiction TV 1999 – Arte LES OREILLES SUR LE DOS, LE FLIC, 1997 2001 – Arte/France 3 1996 – dans le cadre des « 3 000 scénarios contre un virus » Courts-métrages PETITS RIENS, AUDIT, 2000 – dans le cadre de « Dire et faire contre le racisme » de Bernard Lavilliers – février 1998 Vidéo-clips DEBOUT, de Johnny Halliday – mars 1998 Création en 2000 avec Bruno Petit de Septième Apache Films, société de production pour le développement à l’écriture de projets de jeunes auteurs réalisateurs et leur mise en production. UNE PETITE ENTAILLE PERSONNAGES slim, 25-30 ans. Tout tourne autour de lui. lisa, belle du village. mathilde, mère de Slim. lugano, 50-60 ans, voisin de Mathilde. max, meilleur ami de Slim. Copain d’usine, manager de Bonze. bonze, boxeur. marco, ami d’enfance de Slim. Copain d’usine. joseph dit jo, magouilleur, ancien mec de Lisa. Mec de Maria. Grande gueule, chef de bande. maria, fiancée de Jo. rosa et margot, copines de Lisa, pipelettes. gabrielle, comme un ange, amie de Slim. DÉCOR Une place de village. Bruit de sirène comme un long hurlement. 1 Ils se repassent une bouteille, jusqu’à la vider. max.– À celle qui nous a fait naître ! ! ! slim.– À celle qui nous fera mourir ! ! ! max.– Ouais ! slim.– Ouais ! marco.– À la tienne ! slim.– À la tienne ! marco.– Putain de truc qui te glace, ça ! slim.– Ah ça c’est de la prune, de la vraie… max.– Et dire qu’à voir comme ça on dirait de l’eau ! slim.– Ouais, je vais m’en remettre une petite coulée, comme de la lave. Oh je suis content que vous soyez là, je vous jure, ça fait plaisir ! max.– Tu vas voir, ça va te changer les idées. slim.– Si tu le dis, je te crois. bonze.– Bois bois ! slim.– Pourquoi tu bois pas toi ? bonze.– Pas le droit moi ! Ces choses-là… slim.– Un petit coup pour trinquer… bonze.– L’entraînement, y a que ça, c’est interdit même un petit coup… pas de feu, pas de femme ! slim.– Eh ben. bonze.– Une femme ça te mange de l’intérieur qu’y dit l’entraîneur. max.– (se moquant) Écoute-le, le Bonze ! (Bonze le boxe) Hola hola photo, photo ! (Bonze s’immobilise) Tu sais nous aussi ça nous emmerde aussi, faut pas croire… mais qu’est-ce que tu veux qu’on y X A V I E R D U R R I N G E R fasse, on y peut rien, tu vas nous manquer, hein c’est vrai, qu’il va nous manquer au boulot ? marco.– Ouais. max.– Le boulot sans toi, ça va devenir triste. C’est vrai. slim.– Ben je sais. max.– Je sais que c’est pas facile comme truc à accepter… slim.– C’est pas grave. max.– T’as raison, voilà, c’est pas grave ! Faut être positif, optimiste, regarder devant soi ! slim.– C’est juste un peu emmerdant comme un caillou dans une grolle. Faut juste enlever le caillou. bonze.– Exactement, chasser le truc de ta tête… faire l’essuie-glace, tu vois ce que je veux dire… gauche, gauche-droite ! Tu piques au foie et tu prends le menton en remontant ! slim.– Oui. marco.– Ouais comme on te dit. jo.– Ca fait une heure que vous dites des conneries, moi je dis rien, j’écoute, c’est tout, vous dites que des conneries, écoute-moi bien Slim. slim.– Oui. jo.– Il faut développer ses qualités naturelles, moi c’est mes mains et ma tête, faut faire marcher ta tête ! slim.– Oui. jo.– C’est pas grave, est-ce que je travaille moi ? Non. Faut seulement travailler avec sa tête, juste ça faire marcher le truc, tu comprends ? Même dans le grand silence, tu dois sentir un sifflement dans le crâne, c’est les idées qui se bousculent, et crois-moi des idées y en a, c’est pas ça qui manque. slim.– Oui. jo.– C’est pas compliqué y a plein de moyens d’avoir de la thune… plein, rempli, ça déborde de partout les bonnes idées… slim.– Oui. jo.– Faut seulement que tu fasses un plan de bataille… pour te refaire, tu te refais c’est tout… Tu veux que je te dise, le grand 10 U N E P E T I T E E N T A I L L E problème, je vais te le dire à toi moi ce que c’est, le grand truc, c’est que tu vois la vie, ça fonctionne comme ça, juste comme ça, à l’horizontale… jamais comme ça, jamais… On rencontre et on voit que des gens comme nous, les autres c’est comme s’ils habitaient sur la lune, dans une autre vie, ils nous voient presque pas, comme si on était des petites créatures, des petits animaux, ils ont pas l’impression qu’on peut penser, réfléchir, aimer et tout le bordel… Y a pas d’échanges dans ce sens-là… et tu sais pourquoi ? Les pesettes mon gars, les pesettes, ça là… si t’as ça, tu montes direct à la verticale dans un bel ascenseur doré et du jour au lendemain, une belle coupe de cheveux, un beau costard tout neuf, des belles bottes en peau de grenouille, tu montes plein ciel et les gens, tous les gens te regardent, comme ça, te soulèvent le chapeau… Bonjour, bonjour ! ! ! On te voit, on t’écoute, on fait biseness avec toi, et tu peux te permettre après de dire n’importe quoi ! Ça passe, ils mettent ça sur le compte de l’humour ha ha ha, moi je te le dis, monnaie, c’est de la monnaie qu’il te faut. slim.– Ouais je sais bien ça. jo.– Faut que tu te refasses, si tu veux je te prête un peu… quelques biffetons et au lieu de les garder dans ta poche et de les dépenser, tu leur fais faire des petits… slim.– Ben ouais. Jo sort de l’argent et lui donne. jo.– Ca ira ça ? slim.– Tu plaisantes ! jo.– L’argent c’est fait pour circuler pas vrai ? slim.– Oui ! Faut que ça circule ! jo.– Alors ! Tu me rendras quand ça ira… slim.– Sûr ! jo.– Mais c’est pas pressé, je t’ai donné assez pour que tu te refasses… slim.– Merci, merci bien… les gars. Faut que je rentre chez moi. jo.– Vas-y rentre chez toi… slim.– Faut que j’annonce ça à Mathilde et je sais pas par quel bout la prendre ma mère c’est vrai… 11