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CLYSTERE
E-revue mensuelle illustrée
Histoire des objets et instruments médicaux
Histoire de la santé
NUMERO SPECIAL GRANDE GUERRE 1914-1918
Editorial
Hommage à l’action de Georges Villain (18811938), professeur à l’école dentaire de Paris
pendant la Grande Guerre (Xavier Riaud)
Brève de tranchées (Les poilus du Vaucluse)
Les voitures de radiologie (René Van Tiggelen)
Le formolateur (Jacques Delenne)
L’irrigateur de plaies de Carrel (Carlos Agustin
Rodriguez-Paz)
Kinésithérapie de la Grande Guerre : la mécanothérapie à bas coût (Bernard Petitdant)
Le pied de tranchées : une exception française ?
(Alain Sauvaget)
Alain Fournier, du Grand Meaulnes à l’ostéoarchéologie : la bataille de l’honneur retrouvé
(Gilbert Guiraud)
L’Australian Imperial Force (AIF) face aux maladies vénériennes et à la grippe espagnole lors de
son cantonnement en 1918/19 dans la région de
Charleroi en Belgique (Claire Dujardin)
Conception –réalisation : © Dr Jean-Pierre Martin – Centre hospitalier Jean Leclaire – 24200 Sarlat-la-Canéda, France.
Abonnement gratuit sur : www.clystere.com
Numéro 30 – Mai 2014
ISSN 2257-7459
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EDITORIAL
C’est Bernard Petitdant qui est l’initiateur de ce numéro spécial sur la Grande Guerre. Il était donc tout naturel
de lui céder la place d’éditorialiste pour ouvrir ce numéro.
Jean Pierre Martin m’ouvre son édito …
« Ouverture » terme peut-être galvaudé par le politique, mais s’il s’agit de l’ouverture de l’esprit, de l’ouverture
à l’autre c’est une fenêtre sur la Culture. Cette ouverture nous a tous fait lire des articles éloignés de nos spécialités respectives ou de notre période historique préférée. L’absence d’ouverture d’esprit, d’ouverture à l’autre
est source de conflit. En 2014 nous célébrons justement le centenaire d’un douloureux conflit. Ce numéro spécial
est, dans son domaine d’intérêt, la participation de Clystère aux commémorations de ce centenaire.
Ouvrons des fenêtres plutôt que de construire des murs ou de creuser des tranchées !
Ouvrez aussi et savourez ce numéro pour découvrir les auteurs qui nous ouvrent leurs archives et leurs collections.
… et reprend le clavier pour…
Remercier chaleureusement les auteurs, dont pour la plupart, c’est le baptême de la plume dans Clystère. Ils
nous offrent un numéro riche (72 pages !), richement illustré, et abordent des thèmes variés autour de cette
guerre effroyable qui fit près de 20 millions de victimes civiles et militaires.
Les soignants furent, comme les combattants, en première ligne et subirent de lourdes pertes.
Que ce numéro soit un hommage à leur dévouement et à leur courage.
Bonne lecture.
01 mai 2014
Et n’oubliez pas, Clystère a besoin de votre participation, même modeste, pour continuer !
www.clystere.com / n° 30.
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HOMMAGE A L’ACTION DE GEORGES VILLAIN (1881-1938),
PROFESSEUR A L’ECOLE DENTAIRE DE PARIS PENDANT LA GRANDE GUERRE.
Xavier RIAUD
Centre François Viète d’Histoire des Sciences et des Techniques de Nantes (EA-1161).
145, route de Vannes, 44800 Saint Herblain.
E-mail : [email protected]
Etudiant globe-trotter
Georges Villain [Fig. 1] naît à Paris, le 31 mai 1881. D’une famille modeste et ayant perdu son père de très
bonne heure, il entre comme apprenti mécanicien chez Georges Viau, un dentiste parisien. Puis, son apprentissage fini, il part étudier en Angleterre chez un dentiste qui devient ainsi son précepteur. Durant son séjour, il
acquiert une solide connaissance de l’anglais. En 1902, de retour à Paris, il entre à l’Ecole dentaire de Paris [Fig.
4]. En 1903, il obtient la qualification de chirurgien-dentiste à la Faculté de médecine de Paris. En 1902, il est
préparateur du cours d’orthodontie de l’Ecole dentaire de Paris, puis, démonstrateur en 1904. En 1905, Charles
Godon, fondateur en 1880 et directeur de l’Ecole dentaire de Paris, pressentant l’excellence chez le jeune
homme, le décide à entreprendre un séjour aux Etats-Unis pour y poursuivre ses études. Une fois là-bas, il
s’inscrit à l’Université de Pennsylvanie. Il obtient son DDS (Doctor of Dental Surgery) en 1906 [1].
Une carrière d’enseignant
De retour à Paris, il devient l’assistant d’Isaac Davenport, dentiste américain installé dans la capitale, et reprend
sa place dans le corps enseignant de l’Ecole dentaire de Paris. En 1907, il est reçu au concours de chef de clinique de prothèse, puis à celui de professeur de clinique de couronnes et bridges, et orthodontie en 1908. En
1909, il est nommé professeur du cours théorique de prothèse, bridge et orthodontie, fonction à laquelle il se consacre jusqu’à la fin de sa vie. Déployant des
qualités pédagogiques remarquables, il laisse chez tous les élèves qu’il a formés une empreinte des plus profondes et un souvenir reconnaissant pour un
homme si enthousiaste, si affable envers ses étudiants [1].
Entré en 1907 au conseil d’administration de l’école, il y occupe le poste de
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secrétaire général de 1910 à 1919. Cette année-là, il est nommé directeur de
l’enseignement. Sous son autorité, les programmes sont révisés. Il joue un rôle
prépondérant dans le développement de l’enseignement sur fantôme (= mannequin) et dans l’enseignement de la prothèse clinique, et de laboratoire. En
Figure 1 : Professeur Georges
Villain [4].
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1920, il devient directeur adjoint, puis en 1926, il est le nouveau directeur de
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l’Ecole dentaire de Paris. Il le demeure jusqu’à sa mort [2].
Successeur de Charles Godon (1854-1923)
Digne successeur de Charles Godon, il concentre ses efforts dans le maintien du renom mondial du titre « Diplômé de l’Ecole dentaire de Paris ». D’ailleurs, lorsque Godon prend sa retraite, c’est à Georges Villain et à Léon
Frey qu’il confie la direction de la Bibliothèque du chirurgien-dentiste qu’il avait fondée [3].
Auteur de très nombreuses communications à la Société odontologique de Paris, il prend sa vice-présidence en
1913, puis sa présidence en 1920. Cette même année, il prend aussi la vice-présidence de la section odontologique de l’Association française pour l’avancement des Sciences, qu’il finit par diriger en 1921 [1, 2].
Travailleur infatigable
Apportant une ardeur et une générosité sans égales dans la diffusion de ses idées basées sur des connaissances
étendues dans tous les domaines de l’Odontologie, Villain a produit une œuvre considérable. Il a été également
membre du comité de rédaction du journal L’Odontologie et l’est resté pendant 30 années [1].
« En février 1923, Georges Villain présente un nouveau procédé d’immobilisation des dents en mettant au point
ce qui sera communément appelé le stellite de contention. » A la fin de sa carrière, il s’intéresse tout particulièrement aux pressions occlusales exercées sur les dents [5].
Spécialiste de l’orthodontie
Maître de l’orthodontie, il poursuit une œuvre de vulgarisation des plus persévérantes en vue de la prophylaxie
des malformations dento-maxillaires, qui l’amène tout naturellement à présider les Congrès d’orthopédie maxillo-faciale de 1924 et de 1933. Entre-temps, il prend les commandes de l’European Orthodontological Society en
1932 et en préside son meeting l’année suivante. De 1934 à 1937, il dirige l’International College of Dentists [1].
Le chirurgien-dentiste français au début de la Première Guerre mondiale
La guerre éclate en 1914. C’est une profession balbutiante qui entame le conflit. En effet, la Loi Brouardel du
professeur de médecine du même nom vient tout juste de lui conférer un statut légitime en 1892. Les dentistes
d’ailleurs n’occupent que des fonctions subalternes au début des combats. Ils sont brancardiers ou infirmiers.
Comme beaucoup d’autres, ces soldats se distinguent par leur bravoure, souvent au prix de leurs vies. Jean Piel
Melcion d’Arc, appartenant à un régiment de marche de zouaves, « s’est fait tuer héroïquement le 13 novembre
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1914, en repoussant une attaque allemande qui tentait de franchir un pont (bataille de l’Yser). » Il est porté à
l’ordre du régiment [6,7].
ème
Adrien Audefroy de la 44
batterie du 28ème régiment d’artillerie est porté à l’ordre du jour de l’Armée. « Sous
un feu violent subi par sa pièce pendant deux journées consécutives, (il) a réussi par son sang-froid à assurer, à
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la fois le service de sa pièce et celui du téléphone, a communiqué sa confiance à ses hommes, et a contribué
ainsi à infliger aux objectifs des dégâts sérieux [6, 8]. »
Le 15 octobre 1914, une circulaire ministérielle permet que les chirurgiensdentistes soient incorporés dans les sections d’infirmiers militaires afin d’y
exercer leur métier pour les soins d’urgence aux combattants, mais toujours
en tant que soldats [Fig. 2]. Le même jour, le premier cabinet dentaire de
campagne voit le jour à Clermont-en-Argonne sous la direction du médecin
ère
aide-major de 1
classe Armand Lévy. Le 30 octobre, de nombreuses pétitions
pour la création d’un dentiste militaire sont signées par les dentistes et autres
associations dentaires. Le 10 novembre, une autre circulaire, la n°14 198 C/7,
décrète l’ouverture de trois centres de stomatologie et de prothèse maxillofaciale à Paris, Lyon, et Bordeaux, celui du Val-de-Grâce dans la capitale étant Figure 2 : Un dentiste opère sur le
le premier [6, 9]. Le 21 décembre, un chirurgien-dentiste prothésiste, recruté
seuil d’un poste de secours [6].
dans les formations sanitaires ou les corps de troupe, est affecté dans les hôpitaux d’évacuation. Sa mission
consiste à appliquer des pansements spéciaux et des appareils provisoires de contention aux blessés atteints de
mutilations de la face et des mâchoires. De plus, il est préconisé qu’à l’avant, des dentistes qualifiés puissent
donner aux soldats les soins nécessités par des affections dentaires. Le 24 décembre, une nouvelle circulaire
autorise les « Directeurs régionaux du Service de Santé à faire appel aux concours bénévoles pour assurer le
fonctionnement des cabinets dentaires de garnison là où ils ne trouveront pas de dentistes mobilisés [8, 10]. »
Le 10 mars 1915, le Journal Officiel publie les décisions de la commission supérieure consultative du Service de
santé, mais ses décisions ne sont pas appliquées tout de suite. Un chirurgien-dentiste est affecté dans chaque
régiment au service dentaire [Fig. 3]. Une automobile dentaire, composée d’un chirurgien-dentiste et d’un technicien dentaire, est affectée dans un corps de troupe [7]. Les chirurgiens-dentistes sans affectation font partie
du contingent des infirmiers militaires. Le 14 avril, le ministre de la Guerre Alexandre Millerand accepte par
lettre officielle, la coopération de l’Ecole dentaire de Paris pour les soins à donner aux militaires. Le 10 mai, celle
du Comité de secours pour les blessés des maxillaires et de la face est approuvée par le même ministre. Le 11
juin, l’école doit assurer le service d’une ambulance de 200 lits pour les mutilés de la face, créée à l’hôpital des
convalescents du Lycée Michelet de Vanves. Ce service est pourvu en personnel et en matériel provenant de
er
l’école. A ce moment précis, Georges Villain est déjà sur tous les fronts [11]. Le 1 juillet, Justin Godart devient
Sous-secrétaire d’Etat au Service de Santé. Le 31 juillet, il visite la première automobile dentaire. Le même jour,
Godart émet une circulaire qui décide l’appareillage des édentés en quinze à vingt jours. Le 25 août, Justin Godart visite l’hôpital du Lycée Michelet à Vanves, antenne de l’Ecole dentaire de Paris. Confronté à l’abnégation
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de ces hommes, des journaux s’émeuvent de l’absence des dentistes au sein des équipes de stomatologie (Petit
Journal (20/08/1915), France de demain (21/08/1915) et L’Humanité (29/08/1915) [12].
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Mobilisé…
Revenons à Georges Villain et concentrons-nous sur l’action de cet homme à l’aube de la Der des Der. Professeur de prothèse dentaire à l’Ecole dentaire de Paris au début de la Première Guerre mondiale, Georges Villain
ème
est mobilisé le 2 août 1914, en tant qu’auxiliaire au dépôt du 13
régiment d’artillerie à Vincennes. Il y crée un
service dentaire qui se charge de la remise en
état de la bouche de chaque homme avant son
départ au front. En septembre 1914, il fonde le
premier service d’appareillage des édentés (E. D.
P. V. G. 88). Dans le même temps, il dirige le
service dentaire de garnison de l’Ecole dentaire
de Paris (D. M. 45) [14].
Figure 3 : Dentiste au front, près du « Chemin des
Dames. » Septembre 1917 [13]
Grand organisateur
Il administre depuis leur fondation, les services de prothèse maxillo-faciale du Dispensaire militaire V. G. 88
(1915), de l’hôpital Michelet (1915), du service de chirurgie et de prothèse maxillo-faciale de l’hôpital canadien
de Saint-Cloud (1916), de l’hôpital 112 à Saint-Ouen (1917) et de l’hôpital Edith Cavell (1917) [1, 14]. En 1916, il
organise l’école de rééducation des mutilés de l’Ecole dentaire de Paris. Il est nommé dentiste militaire à la
création du grade. Il est chargé de la section de prothèse dentaire de l’Ecole Rachel entièrement consacrée aux
veuves et aux orphelins. Il met en place le service dentaire d’usine. Il officie notamment dans les usines Renault
et Citroën [14]. En 1917, il est l’initiateur des équipes volantes exprimant ainsi un vœu formulé au Congrès dentaire interallié de 1916. Il s’occupe de leur première application en situation au camp de Mailly en juillet. Le
commandement lui adresse des lettres de félicitations concernant le fonctionnement des diverses cliniques installées dans ce camp, qui ont permis d’assurer la remise en état des bouches et l’appareillage dentaire de 3 000
hommes en moins de cinq semaines, sans retarder leur instruction militaire. Cette même année, il gère le service
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d’assistance dentaire aux réformés n°2 à l’Ecole dentaire de Paris [1].
Figure 4 : Ecole dentaire de Paris en 1890 [4].
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Il milite pour un dentiste militaire.
Secrétaire à la Fédération dentaire nationale (FDN), il travaille à la reconnaissance dans l’armée, du statut et du
grade de dentiste militaire. Le 9 septembre 1915, Villain envoie un rapport commandé le 31 août par Justin
Godart, Sous-secrétaire d’Etat au Service de Santé des Armées de 1915 à 1918, au nom de la FDN, au ministre
de la Guerre Gallieni demandant l’institution de dentistes militaires sur le front [7]. Le 13 septembre, Godart
rencontre Villain de nouveau au cours de sa visite de l’Ecole dentaire de Paris. Le 26 février 1916, après de nombreux entretiens avec Blatter et Villain, le ministre de la Guerre Joseph Galliéni demande la création d’un dentiste militaire dans l’armée de terre au président de la République Raymond Poincaré. Le jour même, Raymond
Poincaré ordonne par décret la création d’un corps de dentistes militaires et pour la durée de la guerre seulement. Ce texte paraît au Journal Officiel, le 3 mars [8]. Le 27 février, Godart précise qu’ils seront 1 000, avec le
grade d’adjudant. Leur tenue est celle de l’adjudant-infirmier avec un caducée argent complété de la lettre D
haute de 1 cm. Ils sont rattachés aux ministères des Armées et de l’Intérieur, et placés sous les ordres du médecin-chef de leur unité. Ils sont porteurs du brassard prévu par la Convention de Genève signée par les Français,
le 22 septembre 1864 [6, 7]. Villain triomphe.
Au préalable, en janvier 1916, Blatter, président de la FDN, et Georges Villain, représentant l’Ecole dentaire de
Paris, se rendent à plusieurs reprises auprès de Lacaze, ministre de la Marine, pour attirer l’attention de ce dernier sur la nécessité de créer un corps de dentistes militaires dans la Marine. Lacaze envoie aussi son rapport au
er
Président Poincaré qui donne son accord aussitôt, le 1 mars 1916. Les dentistes de la Marine sont assimilés aux
médecins auxiliaires, avec la même tenue et les mêmes insignes. Les deux décrets parus au Journal Officiel, la
FDN s’empresse alors d’envoyer le texte à tous les chirurgiens-dentistes français dans une lettre datée du 3
mars 1916. Blatter, le président de la FDN, et Villain, son
secrétaire général, en sont les signataires [8]. Le 4 mars,
le Journal Officiel publie un autre décret qui précise que
le ministre de la Marine, l’amiral Lacaze, est autorisé à
recruter des chirurgiens-dentistes pour seconder les
médecins de la Marine sous les ordres desquels ils sont
placés. Un décret à la même date ordonne que les dentistes non gradés soient affectés à des sections
d’infirmiers. Le 9 juin, l’instruction ministérielle sur les
services de stomatologie, n° 8119 3/7, véritable charte
des dentistes militaires, établit de façon complète et
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suffisamment détaillée, l’organisation des centres de
chirurgie et de prothèse maxillo-faciale, des centres
d’édentés, et des cabinets dentaires de garnison [8, 10].
A partir de 1917, les écoles dentaires organisent des
Figure 5 : Décret du 26 février 1916 de Raymond Poincaré
centres d’appareillage pour les malades ambulatoires,
ordonnant la création d’un dentiste militaire dans l’armée
en liaison avec hôpitaux militaires et centres de stomafrançaise [8].
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tologie. Le 10 mars, Villain est inépuisable et n’a de cesse de tarauder Godart qui décrète la gratuité des appareils dentaires pour les soldats et les sous-officiers. Le 7 avril, le dentiste militaire régimentaire voit le jour. A la
fin 1917, 50 dentistes militaires sont recensés. Le 3 juillet, une circulaire informe les dentistes qu’ils recevront
er
tout le matériel nécessaire à leur exercice à compter du 1 septembre [8, 10].
Les pourparlers avec Godart se poursuivent jusqu’à son départ le 8 février 1918. La FDN salue son départ et le
remercie pour son travail remarquable au service de la profession.
Dès le 20 mars 1918, Lucien Mourier, successeur de Justin Godart, reçoit en audience Blatter et Villain, et leur
confirme le prochain dépôt du projet de loi en vue de la création d’officiers dentistes. Le 25 mars 1918, il est
déposé à la Chambre des députés, au nom du ministre de la Guerre et du ministre des Finances. Le 25 avril
1918, une délégation composée de Blatter et de Villain pour la FDN, et des trois directeurs des écoles de Lyon et
de Paris, rencontre Mourier et discute de certaines clauses du projet de loi, comme notamment les insignes
distinctifs des futurs officiers. Tout au long du mois de mai, les plus hautes instances de la profession s’unissent
pour s’assurer du concours actif du rapporteur M. Lorimy et de la commission de l’armée de la Chambre des
députés. Cette dernière adopte le 5 juillet 1918, une loi par laquelle un corps d’officiers dentistes est définitivement constitué sans limitation de durée. Ils pourront
accéder au rang de lieutenant et de sous-lieutenant. Le
mardi 8 octobre 1918, le Sénat approuve cette loi. Le 18
octobre 1918, le Parlement vote la loi en question qui
paraît au Journal Officiel, le 20 octobre 1918 [8].
De 1914 à 1918, 88 dentistes sont morts sur le front. 156
citations ont été délivrées à des dentistes [6, 8, 10].
Après l’armistice…
A la suite de la démobilisation, il n’y a plus de dentiste
militaire dans l’armée active. Aussi, le 23 octobre 1919,
Mourier décide de solliciter les dentistes civils en leur
offrant des conditions de rémunération tout à fait intéressantes. La FDN, par l’intermédiaire de Villain, se mobilise
afin que les praticiens puissent poursuivre leur action
auprès des grands blessés de la face. De plus, il insiste sur
Figure 6 : Décret du 1er mars 1916 de Raymond Poincaré
l’importance de l’engagement pris par l’Etat de soigner et ordonnant la création d’un dentiste militaire dans la
d’appareiller les blessés de la face, leur vie durant. Enfin, il marine française [8].
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fait appel au sens patriotique et professionnel de ses confrères civils afin qu’ils mettent au service de l’intérêt
national, « leur science, leur conscience et leur dévouement [8]. » « Redevenus civils, nous devons continuer le
rôle actif et méritoire que notre profession a joué pendant la guerre par devoir patriotique et professionnel, afin
de permettre à nos organisations professionnelles de poursuivre leur action jusqu’à complète satisfaction de nos
revendications équitables [15]. »
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Le Congrès dentaire interallié
Le 9 novembre 1916, se déroule à Paris le Congrès dentaire interallié qui tient ses séances du 9 au 13 novembre
pour les démonstrations et communications, et du 14 au 18 pour les visites dans les divers services, et les différentes formations de Paris s’occupant de prothèses, et de restaurations maxillo-faciales. C’est le lundi 13 novembre qu’a lieu l’assemblée générale. Villain en est l’initiateur [7].
Des conférences et des travaux pratiques, comme aussi des présentations de malades, sont faites par les congressistes au siège de l’Ecole dentaire de Paris, au 45, rue de la Tour d’Auvergne [6]. Il s’y tient une exposition
très complète des divers moulages et appareils de contention temporaire ou définitive, d’appareils de redressement, de blocage des mâchoires, de dilatation pour les divers trismus, les atrésies labiales et buccales. Après la
séance solennelle présidée par le Sous-secrétaire d’Etat du Service de Santé des Armées, Justin Godart, de nombreux rapports et des communications sont lus sur le traitement des fractures des maxillaires, et en particulier
du maxillaire inférieur. Dans ces différents travaux, tous les cas sont considérés depuis les fractures sans perte
appréciable de substance osseuse et sans trop grands délabrements, jusqu’à la perte complète de la mandibule,
les pseudarthroses ostéofibreuses, les ostéosynthèses, les greffes osseuses,… Les conduites à tenir dans chaque
cas, les techniques de premiers soins, les divers systèmes de blocage ou d’immobilisation sont également présentés. La question des édentés figure aussi au programme, ainsi que des études concernant l’organisation des
services dentaires du front et les services des régions [16, 17, 18, 19, 20].
Si le congrès ralentit l’action de la plupart des services de stomatologie en France puisque de nombreux dentistes de garnison y assistent [21], à l’issue du colloque, Villain est unanimement applaudi. Ce congrès connaît
un succès considérable [8, 10].
Les actes du congrès ont tous été publiés par Georges Villain en 1917. Ils représentent deux tomes, 1 600 pages
et 1 100 figures. Villain les publie en moins d’un an sans négliger un instant ses diverses responsabilités [14, 20].
Missionné par le gouvernement
Pendant la guerre, il est chargé de missions par Godart, en Angleterre, auprès de la British Dental Association
en juin 1916, ensuite en Amérique, à Chicago, au congrès mixte de la Canadian Dental Association et de la National Dental Association des Etats-Unis, en juillet 1918. A la demande de l’American Institut of Dental Teachers,
il assiste à sa réunion qui a lieu à Atlanta en janvier 1919, et fait une série de conférences axées sur les lésions
traumatiques de la face, et des maxillaires, dans trente Facultés dentaires des Etats-Unis, et du Canada [1, 2,
22].
En 1917, il est demandé par l’armée américaine pour faire des cours aux Medical Training Schools de Langres en
France et du camp de Greenleaf de Chattanooga aux Etats-Unis. Par la suite, il est de nouveau délégué par le
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gouvernement français aux Etats-Unis et au Canada en 1919, puis en 1933, à Chicago [1, 2, 22].
FDN et FDI
Il apparaît parmi les membres de la Fédération dentaire nationale pour la première fois en 1907 et en prend la
présidence de 1924 jusqu’à sa mort. De même, il rejoint la Fédération dentaire internationale (FDI) en 1908 et
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assiste à partir de cette date à toutes les manifestations de cette société [2]. Sa place y est prépondérante. Il en
devient le secrétaire adjoint en 1914, le secrétaire général en 1926. Fortement impliqué dans ses travaux, il est
le président du VIII
ème
Congrès dentaire international tenu à Paris, en 1931. Il a déployé lors de cette grande
réunion une activité si formidable que le congrès a été une des plus belles manifestations scientifiques de
l’époque. 3 000 congressistes se sont réunis pour l’occasion, qui l’ont acclamé président de la FDI, fonction qu’il
occupe jusqu’en 1936 où il en devient président d’honneur. Il en est le troisième président français après Charles
Godon, le premier et fondateur, qui l’a présidé deux mandats durant, de 1901 à 1904, puis de 1909 à 1910, et E.
Sauvez, de 1907 à 1909 [23]. L’ensemble des rapports et travaux qui y ont été présentés ont fait l’objet de deux
gros volumes de plus de 3 000 pages dont Villain a assuré la publication. A l’issue du congrès dont l’organisation
s’est révélée remarquable en tous points, lors du repas de gala, une plaquette en bronze lui est remise par
l’ensemble des adhérents pour son œuvre remarquable [1].
Villain et le nazisme
Le 28 juillet 1933, lors du congrès annuel de la Fédération dentaire internationale à Edimbourg, Georges Villain,
alors son président, prononce un discours tonitruant qui fustige les crimes du régime nazi. Par son ardeur à
défendre la liberté et l’idée de démocratie, affichant ouvertement son souhait d’aider les dentistes juifs allemands en pleine détresse, associé à Maurice Roy, son grand ami, il fait adopter par le comité exécutif de la FDI,
une motion déclarant « Le conseil exécutif de la FDI, dûment rassemblé en session à Edimbourg, le 28 juillet
1933, considérant uniquement la protection des droits acquis par les dentistes du monde entier par leurs diplômes accordés par des autorités compétentes dans leurs pays respectifs, déclare qu’en aucun cas, une question de race, de religion ou de politique ne peut restreindre la liberté et l’exercice de la profession de nos collègues dûment qualifiés. De même, aucune restriction ne peut leur être imposée qui pourrait les pousser à des
manquements quant à leurs obligations morales et professionnelles. » Celle-ci est adoptée à l’unanimité, moins
les Allemands qui se retirent de la FDI [23]. Jusqu’à sa mort, il a essayé d’aider, puis de sauver les dentistes juifs
du joug hitlérien.
Des honneurs unanimes …
Membre d’honneur de nombreux congrès étrangers, un grand nombre de sociétés ont tenu à le voir figurer dans
leurs membres honoraires : l’Association générale des dentistes de Belgique, la Société odontologique Finlandaise, la Royal Society of Medicine, la Société dentaire de Montréal, la Sociedad Dental de Caracas (Vénézuela),
la Dansk Tandloegeforeing (Danemark), la Société hellénique odonto-stomatologique, la Academia de Estoma-
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tologia del Peru, la Sociedad Odontologico de Valapraiso et celle du Chili, la Federacion Dental Mexicana, la
Société dentaire nippone, la Kaiserlich Deutsche Leopoldina Akademie der Naturforscher (Allemagne), l’Union
des chirurgiens-dentistes de Bulgarie, l’Association des stomatologistes de Lwow (Pologne), l’Association des
dentistes autrichiens, [1, 2]…
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Il est nommé aussi docteur en chirurgie dentaire (honoris causa) et professeur honoraire de l’Université Laval de
Montréal, docteur ès sciences (honoris causa) de l’Université de Pennsylvanie, et docteur en droit (honoris causa) de l’Université Loyola de Chicago [1].
… Et des décorations internationales
En outre, il est fait chevalier de la Légion d’honneur en 1923, puis officier en 1936. Il est aussi commandeur de
l’Ordre d’Isabelle la Catholique en 1925, chevalier de l’Ordre du Roi Léopold en 1933 et commandeur du Mérite
autrichien en 1937 [2].
Des hommages mondiaux lui sont rendus à son décès.
Il décède tragiquement suite à un accident d’automobile à l’âge de 57 ans. A cette heure, il est une des plus
importantes figures de la dentisterie française. Il laisse derrière lui, 241 publications en français, en anglais et en
allemand. Il a effectué 129 communications en français et en anglais, dans le monde entier. Les hommages
commémorant sa mort se multiplient dans le monde entier, dans tous les journaux confraternels et toutes les
langues [1, 3].
Un buste est inauguré en son honneur le 23 juillet 1939, à l’Ecole dentaire de Paris, au 45, rue de la Tour
e
d’Auvergne, dans le IX arrondissement de Paris [1].
Aujourd’hui, un prix de la FDI destiné à récompenser certains travaux scientifiques porte encore son nom.
Remerciements
Avec tous mes remerciements au professeur Michel Germain et au docteur André Fabre pour leur amitié et leur
soutien.
Bibliographie
[1] VILLAIN G. (MME) - Georges Villain (1881-1938), In Memoriam. N°864/1000, Paris, 1947.
[2] ROY M. - Georges Villain, sa vie, son œuvre. In L’Odontologie, 1938.
[3] RIAUD X. - Pionniers de la chirurgie maxillo-faciale (1914-1918). L’Harmattan (éd.), Collection Médecine à
travers les siècles, Paris, 2010.
[4] BIUSANTE - http://www.bium.univ-paris5.fr, communication personnelle, Paris, 2008.
[5] ZIMMER M. - Petite histoire de l’Art dentaire du XVIIIème siècle à 1950. In Actes de la Société française
d’histoire de l’art dentaire. http://www.bium.univ-paris5.fr, Paris, sans date.
01 mai 2014
[6] MUSÉE DU SERVICE DE SANTÉ DES ARMÉES DU VAL-DE-GRÂCE, communication personnelle, Paris, 2006.
[7] RIAUD X. - Première Guerre mondiale et stomatologie : des praticiens d’exception. L’Harmattan (éd.), Collection Médecine à travers les siècles, Paris, 2008.
[8] AUGIER S. - Les chirurgiens-dentistes français aux Armées pendant la Première Guerre mondiale (1914-1918),
Organisation d’un service dentaire et stomatologique. Thèse Doct. Chir. Dent., Lyon I, 1986.
[9] FERRET-DUSSART K. - La chirurgie maxillo-faciale à travers l’histoire. Glyphe et Biotem (éd.), Collection Société,
histoire et médecine, Paris, 2004.
[10] CALIOT V. - Rôle des chirurgiens-dentistes français aux Armées durant la Première Guerre mondiale (19141918). Thèse Doct. Chir. Dent., Bordeaux II, 1993.
www.clystere.com / n° 30.
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[11] KONIECZNY B. - Le chirurgien-dentiste dans le Service de Santé des Armées françaises durant les guerres modernes, Thèse Doct. Chir. Dent., Nantes, 1992.
[12] BÉCAVIN G. - De l’utilité du dentiste aux armées. In Congrès dentaire interallié 1914-1917, G. Villain (éd.), Paris, 1917, 2, 1177-1178.
[13] BIBLIOTHEQUE NATIONALE DE FRANCE - communication personnelle, Paris, 2007.
[14] ANONYME - Georges Villain, dentiste militaire. In Le Dentiste Militaire, mai 1938.
[15] VILLAIN G. - Les services dentaires de l’Armée et le concours des civils. In L’Odontologie, 30/12/1919, 552558.
[16] BRUSCHERA L. - Les services dentaires aux armées (zone de l’avant). In Congrès dentaire interallié 1914-1917,
G. Villain (éd.), Paris, 1917, 2, 1235-1236.
[17] COUSIN P. - Fonctionnement du service dentaire dans une division d’infanterie. In Congrès dentaire
interallié 1914-1917, G. Villain (éd.), Paris, 1917, 2, 1186-1187.
[18] EUDLITZ - Communication du rôle du dentiste à l’avant, ce qu’il pourrait être. In Congrès dentaire interallié
1914-1917, G. Villain (éd.), Paris, 1917, 2, 1327-1330.
[19] GAIGNON A. - Communication de la pratique dentaire sur le front. In Congrès dentaire interallié 1914-1917,
G. Villain (éd.), Paris, 1917, 2, 1305-1310.
[20] VILLAIN G.- Rapport « Conclusion ». In Congrès dentaire interallié 1914-1917, G. Villain (éd.), Paris,
1917, 2, 1478-1489.
[21] SAUTIEUX P. - Rapport sur le fonctionnement du Centre d’édenté de la Région du Nord. Boulognesur-Mer, décembre 1916.
[22] DERANIAN M. - Miracle Man of the Western Front, Chandler House Press, 2007.
[23] ENNIS J. - The Story of the Fédération Dentaire Internationale (1900-1962). FDI (ed.), Londres, 1967.
Toute référence à cet article doit préciser :
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Riaud X. : Hommage à l’action de Georges Villain (1881-1938), professeur à l’école dentaire de Paris pendant la
Grande Guerre. Clystère (www.clystere.com), n° 30, 2014.
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par Les Poilus du Vaucluse
Dans son étude faite en 1915 sur son activité chirurgicale le docteur André LAPOINTE écrit :
" Ainsi, chose à peine croyable à notre époque, sur 13 amputés de cuisse pour fracas du fémur, 12 sont morts, et
des 8 blessés auxquels j'ai dû pratiquer l'amputation d'emblée, aucun n'a survécu
Au total, sur 84 blessés atteints de fractures avec fracas du fémur de toutes variétés, 41 sont morts, près de la
moitié.
C'est l'opprobre de ma statistique !
Un autre facteur de gravité, dont l'importance est énorme, à mon avis, c'est cette espèce de renoncement fataliste aux pratiques les plus élémentaires de l’hygiène et de la propreté corporelle, auquel nos hommes se laissent aller, si le commandement n'y prend pas garde, après plusieurs mois de vie dans les tranchées. Je ne veux
pas seulement parler de la boue dont les vêtements sont imprégnés. Je pense surtout au « péril fécal » dont nos
camarades de l'active se préoccupent pour la prophylaxie de la fièvre typhoïde. La « diarrhée des tranchées »,
qui est très fréquente, est redoutable aussi au point de vue chirurgical et j'en ai vu les traces innommables,
anciennes et indélébiles sur la peau d'un grand nombre de mes opérés.
N'est-ce pas une des raisons, la principale peut-être, de ces infections foudroyantes, que j'ai observées en si
grand nombre au membre inférieur et tout à la cuisse."
L'importante différence du nombre de décès par infection avec les blessures des autres parties du corps était
donc due à une hygiène presque impossible à observer dans les tranchées. Une chose simple, mais des milliers
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de poilus en sont morts...
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VOITURES DE RADIOLOGIE
René VAN TIGGELEN
MD, Curator, Belgian Museum for Radiology
Contact : [email protected]
Avant la Grande Guerre, certains belligérants disposent de véhicules de radiologie, d’abord hippomobiles [1]
puis automobiles.
Rappelons que l’armée
allemande dès 1902
s'est équipée de voitures hippomobiles où
tout le matériel radiologique transporté est
parfaitement
rangé
[Fig. 1] : une table
radiologique
pliante,
un porte-tube radiogène démontable et
surtout une génératrice d’électricité. Tout ceci permet le déploiement d’une section radiologique dans les plus brefs délais [2].
En Belgique le service de santé dispose, déjà en temps de paix, du
matériel radiologique transportable par chemin de fer ou par véhicule d’ambulance, [Fig. 2] mais pas de matériel radiologique et de
véhicule hippomobile spécifique malgré l’insistance des radiologues
militaires belges de l’époque, en particulier du médecin E. Dupont
Figure 1 : Voiture de radiologie de l’armée
allemande. Niehues, 1900 [2]
(1914) [3, 4].
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N’oublions pas que le service militaire (un fils par famille) devient obligatoire en 1909 et que les budgets du
ministre de la Guerre sont de préférence utilisés pour l’équipement et l’armement des troupes de conscrits. De
plus, les problèmes du service de santé sont probablement la dernière priorité des états-majors ; rien de neuf
sous le soleil !
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L'armée belge dispose en 1905 de matériel [Fig. 3 et 4] de la firme
française Gaiffe. Il se compose de trois coffres [5].
Le premier, pesant 29,5 kg, comprend une bobine de 25 centimètres d’étincelle avec rupteur, un spintermètre, un ampèremètre
et un voltmètre apériodiques, un renverseur de courant, un commutateur, des fusibles.
Figure 2 : Voiture hippomobile belge transportant le matériel radiologique.
Le deuxième coffre, pesant 20 kilos, renferme un écran fluorescent de 24x30 cm,
chambre noire pliante, un pied support de
tube, un châssis radiographique de 30 x 40
cm, une série d’enveloppes doubles, un
chalumeau à gaz avec tube de caout-
Figure 3 : Matériel radiologique transpor-
chouc, une lampe à alcool, un radio- table de la société française Gaiffe. Bobine
chronomètre de Benoist, un tube Cha- de Rochefort (A), bonnette permettant la
scopie (B), pupitre de commande (C). ©
baud à osmo-régulateur, un tube ordi- Belgian Museum of Radiology.
naire et deux paires de conducteurs
bien isolés. Le troisième coffre, pesant 19 kilos, renferme six accumulateurs de
20 ampères-heure, capables de faire fonctionner la bobine pendant quatre
heures consécutives. Ce matériel, par son faible poids, sa grande puissance et
son encombrement relatif mérite d’être considéré, à l'époque, parmi les meilleurs de ce genre d’appareils.
En France la situation est fort similaire. Le matériel
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provient également de la firme Gaiffe. Il est transportable, à dos de mulets, dans des caisses en bois.
Il a largement été utilisé, avec succès d’ailleurs,
pendant les opérations militaires au Maroc.
Figure 4 : Tube radiogène à gaz. Gaiffe. © Belgian Museum of
Radiology.
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Figure 4 : Voiture automobile Gaiffe-Panhard de radiologie à
propulsion par chaîne. G. Chalmarès, 1905 [6].
L'idée de l'automobile fait également son chemin. F. Olier [7, 8] décrit en 2008, les différents modèles proposés.
La voiture radiologique "Gaiffe", modèle 1904, [Fig. 4] est construite sur châssis Panhard et Levassor 10 cv avec
carrosserie Driguet et dotée d'un équipement radiologique d'Arsonval-Gaiffe [6, 8].
Ce véhicule radiologique fonctionne, en septembre 1904, aux manœuvres de l'Est. Le rapport de fin de mission
et les propositions techniques quant à son utilité, sont rédigés le 15 octobre 1904 par le médecin major O. Jacob
de l'école du Val-de-Grâce. Ils ne sont pas suivis d'effet. Par contre, le service de santé de l'armée allemande est
lui aussi intéressé par la question ! [8]
La voiture radiologique "Lesage" (1907) [Fig.
5 et 6] est conçue par le docteur Lesage sur
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châssis De Dion-Bouton 16-24 hp [8, 9] .
Figure 5 : Voiture radiologique du Docteur Lesage. Sur cette photo, le
docteur Lesage et son chauffeur. Le matériel de radiologie a été déployé
sous un hangar. P. Busquet, 1913 [9].
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Ce véhicule testé au cours des manœuvres
du service de santé de 1911, 1912 et 1913,
est également présenté à l'exposition internationale de Washington en 1912 où il
obtient le grand prix de la Croix-Rouge. Par
ailleurs, il est acquis par le gouvernement
grec et utilisé pendant la guerre des Balkans
(1913).
Le service de santé militaire français se
déclare intéressé et envisage de la comparer à la voiture radiologique Massiot (voir Figure 6 : Le matériel de radiologie du Dr Lessage, déployé dans un
plus loin) lors des manœuvres de 1914! En hangar. P. Busquet, 1913 [9].
1914, il existe plusieurs voitures radiologiques "Lesage". La De Dion-Bouton 30 hp, à carrosserie torpédo, 2 places, fait l'objet d'une réquisition. Elle
devient, aux armées françaises, l'équipage radiologique n° 2 [8].
La voiture radiologique "Massiot" sur châssis de Dietrich 12 cv, modèle 1912 avec équipement type RadiguetMassiot est construite par G. Massiot pour concurrencer le modèle "Lesage".
La voiture doit participer aux manœuvres du 1er corps d'armée (15 juin 1914). À la mobilisation, la décision du
conseil consultatif de santé est toujours dans l'expectative... Massiot ou Lesage? La décision ne doit être prise
qu'en septembre...!! [8]
A la mobilisation, la voiture radiologique
Massiot rejoint la 1ère armée sous la dénomination d'équipage radioscopique n°1. Son
concepteur, G. Massiot, l'accompagne, mobilisé comme manipulateur avec le grade de
sergent [Fig. 7-8-9] [10].
Bien que des essais très réussis soient réalisés avec des véhicules radiologiques auto01 mai 2014
mobiles dès 1904, l’armée française, n'en
dispose d’aucun lors de la déclaration de la
Figure 7 : Voiture radiologique équipée par Massiot et Radiguet sur
guerre en août 1914. Aussi réquisitionne-tchassis De Dietrich. Photo G. Massiot et Biquard, 1915 [10].
elle, dès le début des hostilités, les quelques
voitures radiologiques de démonstration existantes pour les transformer en équipages radiologiques militaires.
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Figure 8 : Détail d’une voiture radiologique
Massiot et Radiguet. G. Massiot et Biquard,
1915 [10].
Figure 9 : Voiture radiologique Massiot et Radiguet. La
tente a été déployée sur le côté de la voiture, protégeant
le lit Massiot-Radiguet permettant la radiographie et la
scopie (l’ampoule est alors placée sous la table et le
patient. G. Massiot et Biquard, 1915 [10].
C’est ici qu’intervient Madame Marie Curie. Chargée de la direction technique de l'œuvre radiologique du Patronage National des blessés, elle crée un service de radiologie auxiliaire du service de santé militaire français.
Vu sa notoriété (Prix Nobel de Physique en 1903 et Prix Nobel de Chimie en 1911), elle parvient à récolter
d’importantes sommes d’argent permettant d’augmenter considérablement le nombre de véhicules que l’on
surnomme les "petites curies" ! [11]
Marie Curie ne conçoit pas seulement
l’aménagement intérieur des véhicules de
radiologie mais les conduit [Fig. 10] fréquemment
au
front
pour
expliquer
l’utilisation de l’équipement radiologique aux
médecins, encore peu initiés à cette nouvelle
technologie [12].
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De plus elle enseigne des notions de radiologie à "l'Hôpital école Edith Cavell" [Fig. 11],
Figure 10 : Marie Curie conduit parfois elle-même la voiture automobile 40 rue Amyot à Paris, à l'intention tant du
de radiologie. Des vingt voitures que la physicienne met en service, ellemême en conserve une pour son usage « personnel », une voiture Re- personnel paramédical civil que militaire
nault à capot « crocodile », carrossée comme un camion de livraison. [11]. Les cours sont donnés à partir du mois
Octobre 1917. © Musée Curie (Paris).
de septembre 1916. A la date du mois de
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novembre 1918, 120 manipulatrices ont bénéficié de cet enseignement [8].
Figure 11 : Marie Curie (debout à droite) en conversation avec une femme médecin, Mme GirardMangin (assise), directrice de l’hôpital école Edith
Cavell (Paris). © Musée Curie (Paris).
Enfin Madame Curie, accompagnée à trois
reprises par sa fille Irène (également prix Nobel de Chimie en 1935), n'hésite pas à venir à
proximité du front de l'Yser pour apporter du
matériel radiologique. Elles viennent en décembre 1914 à Furnes (Veurne) [Fig. 12], en
janvier 1915 à Poperinge et Hesdin ainsi qu'en
septembre 1915 à Hoogstade. C'est à Hoogstade, que Marie Curie rencontre le Roi Albert
Figure 12 : Madame Curie et sa fille Irène en visite à l’hôpital anglais 1er.
« Belgian field hospital », installé à Furnes, fin 1914. Souttard H., 1915
Comme les blessés arrivent parfois plusieurs
[12].
jours après leur traumatisme avant d’être
soignés ils présentent d’importantes hémorragies et des plaies très infectées. (N’oublions pas que les antibiotiques n’existent pas encore et que les projectiles, surtout les "shrapnels" sont presque toujours source
d’infection). En 1915, on voit apparaître les solutions anti-infectieuses mises au point par H. Dakin et A. Carrel
[13]. La stratégie médicale change alors radicalement. C’est ainsi que sur le front belge, les hôpitaux militaires
et ceux de la Croix-Rouge sont installés dans une zone très proche du front, heureusement stable pendant plusieurs années. De plus, des postes
chirurgicaux avancés voient le jour.
Chaque hôpital doit assurer l’appui de
son poste avancé.
Pour ce faire, il
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dispose d’un véhicule chirurgical, d’un
véhicule logistique et technique… ainsi
que d’un véhicule de radiologie [Fig.
Figure 13 : Voiture de radiologie militaire VinotDeguingan. A l’avant-plan, sur la table radiologique démontable, on retrouve la bonnette de
Dessane et le matériel radiologique Gaiffe décrit
précédemment. Coll. privée.
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13] qu’il envoie, avec le personnel, selon les nécessités médicales. Ce détachement automobile peut aussi renforcer, occasionnellement, les postes de secours.
Cette doctrine de traitement primaire au front, bien sûr améliorée et perfectionnée, prévaut encore de nos
jours.
Références :
1-Niewenglowski G. H.: Les rayons X et le radium. Paris, Hachette, 1924, 184 pp.
2-Niehues: Ueber den heutigen Stand der Verwendung von Röntgenstrahlen im Kriege. Berl Klin Wochenschr,
1909, 51: 2293-2296.
3-Dupont E.: De l'utilisation des rayons Röntgen dans l'Armée. Archives médicales belges, 1900, 16: 330-335.
4-Dupont E.: Les applications des rayons de Röntgen dans l'armée. Revue de l'armée belge, 1914, 2/1: 83-97.
5-Dupont E.: Revue de Radiologie. Archives médicales belges, 1901, 247-251.
6-Chalmarès G.: La radiographie aux armées en campagne. La nature, 1905, 99-102.
7-Olier F. et Quénec'hdu J. - L.: Hôpitaux militaires dans la Guerre 1914-1918 (Tome 1: Nord - Ouest), Louviers,
Ysec, 2009, 300 pp. (cinq volumes prévus).
8-Olier F.: Notes sur l'origine des équipages radiologiques dans l'armée française en 1914-1918. Communications personnelles.
9-Busquet P.: De la radiologie dans les armées en campagne. La presse médicale (Paris), 1913, 102: 1465-1470.
10-Massiot G. et Biquard: La radiologie de guerre. Manuel Pratique du Manipulateur Radiologiste. Paris,
Maloine A, 1915, 224 p.
11-Pallardy G., Pallardy M.-J., Wackenheim A.: Histoire illustrée de la Radiologie. Paris, Roger Dacosta, 1989,
542 pp.
12-Souttar H.S.: A surgeon in Belgium. London, Edward Arnold, 1915, 217 pp.
13-Thiery M.: Carrel A. (1873-1944) en de wondbehandeling van Carrel. Belgisch Tijdschrift Geneeskunde, 2009,
65: 154-157.
Toute référence à cet article doit préciser :
01 mai 2014
Van Tiggelen R. : Les voitures radiologiques. Clystère (www.clystere.com), n° 30, 2014.
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LE FORMOLATEUR
Jacques DELENNE
Contact : [email protected]
Le formolateur était un appareil de désinfection, sur lequel
est écrit qu’il a été admis officiellement dans les services
publics par décision ministérielle du 24 décembre 1904.
On mettait un ou plusieurs comprimés de formol dans cette
sorte de panier en haut de la cheminée et on allumait le
réchaud qui était placé sur la coupelle inférieure.
C'était l'ancêtre du Paragerme qui était utilisé dans les années 60-70 pour la désinfection des chambres de malade et il
devait côtoyer les
gros
pulvérisateurs LUCASCHAMPIONNIERE. Il a probablement été utilisé dans les
hôpitaux militaires en 14-18.
Cet objet doit être relativement rare car je n'en ai vu que 3.
Avec deux j'ai pu en faire un complet, celui-ci.
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Figure 1 : Formolateur de marque Hélios. © Jacques
Delenne, 2014.
Figure 2 : Formolateur de marque Hélios démonté. © Jacques Delenne, 2014.
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Figure 3 : Publicité pour trois modèles de formolateurs de marque Hélios. © Jacques Delenne, 2014.
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Delenne J. : Le formolateur. Clystère (www.clystere.com), n° 30, 2014.
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L’IRRIGATEUR DE PLAIES DE CARREL
Carlos Agustín RODRIGUEZ-PAZ
Chirurgien Général, Professeur d’Anatomie & Chirurgie.
Université Cuauhtémoc, San Luis Potosí, Mexique.
Chirurgien de Staff, Hôpital de Spécialités Médicales de la Santé et
Hôpital Général de Zone 50 de l’IMSS.
Contact : [email protected]
(Traduction de l’espagnol : Nelly Martin)
La Première Guerre mondiale, a été, dans de nombreux domaines, une période de transition entre les thérapies
pré-antiseptiques et l’innovation découlant de la microbiologie. Parmi les nouvelles blessures de guerre avec des
processus d’écrasement et de désarticulation, l’importance de la destruction des tissus causée par les bombes et
e
les projectiles plus agressifs qu’au XIX siècle, les infections étaient finalement le processus le plus redouté, en
l’absence d’un remède efficace.
Ce phénomène fut remarqué par le chirurgien français Alexis Carrel lequel, quelques années auparavant, avait
reçu le Prix Nobel pour sa contribution aux anastomoses vasculaires. Il décida de quitter l’Institut Rockefeller
aux Etats-Unis pour coopérer avec son pays dans la convalescence des blessés de guerre. Il rejoignit le Service de
Santé Militaire à l’hôpital provisoire n°21, parrainé par la Fondation Rockefeller. Là, il réalisa non seulement des
procédés admirables pour prévenir les amputations des soldats, mais il fit aussi une analyse de ses observations
relatives aux agents infectieux des plaies de guerre, qu’il compila dans un ouvrage « le traitement des plaies
infectées » [1]. Ses observations furent confortées par la présentation des essais réalisés par le chimiste anglais
Henry Drysdale Dakin (1880-1952). En 1915, la communauté française adopta les principes de Lister et d’autres
médecins comme Perret, Dupuy, Lemaire, Hornus, Perrin, Vignes, Moyround entre autres, qui avaient démontré
la capacité de certaines substances déterminées à éviter l’infection des plaies, spécialement celles de guerre.
L’expérience avait également été faite au Mexique par le Dr Francisco Montes de Oca depuis 1874, soutenue
par les travaux du Dr Manuel Soriano [2].
Carrel décrivit un système d’irrigation qui fut en son temps une innovation dans la prise en charge des plaies
infectées et qui indirectement contribua à la compréhension et à l’acceptation par la communauté médicale du
processus des infections (bien qu’en 1927, la théorie des infections et de leur prise en charge n’était pas totale-
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ment acceptée dans le monde [3]).
Avec la collaboration d’un autre génie de la médecine, Dakin, un liquide fut mis au point à base d’une solution
chlorée qui permit de faire le lavage des plaies de manière continue. Le système consistait en un flacon stérilisé
connecté à un système de tubes de caoutchouc stériles, lui-même relié à une série de tubes rigides fenêtrés
insérés entre les fascias des membres, du thorax ou du pelvis, selon la localisation de la lésion. La pose des tubes
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fenêtrés nécessitait une intervention chirurgicale, et, au fur et à mesure de la cicatrisation de la plaie, ils étaient
retirés, sans signe d’infection.
Cette méthode fut complétée par les principes de Depage (déjà mentionnés depuis Guy de Chauliac au XIV
e
e
siècle et Agustìn Farfàn au XVI siècle), de réaliser un lavage étendu de la plaie et de retirer les corps étrangers.
A la différence de ses prédécesseurs, Depage recommanda les incisions larges par le moyen de fasciotomies
abordant les parties plus profondes, afin de retirer tout débris osseux et de vêtement, et de retirer le tissu dévitalisé et nécrotique.
Alexis Carrel pour sa part, recommanda de ne pas amputer, de retirer les esquilles d’os, d’introduire les tubes
fenêtrés en profondeur, d’explorer les aponévroses où était passé le projectile. Si nécessaire une radiographie
était réalisée pour repérer les esquilles et diagnostiquer les fractures. Il recommandait l’anesthésie générale
avec l’éther ou le chloroforme, après débridement des parties molles, puis une incision large, qui une fois la
plaie nettoyée, se refermait.
Le système commençait
par la pose du ou des
tubes à l’intérieur de la
plaie, connectés à un
système de tubes de cristal stériles distributeurs à
une ou plusieurs branches
[Fig.1], le tout relié à une
ampoule d’un litre [Fig.2]
, dont le débit était régulé
par la pince de Mohr
[Fig.3] et mesuré par le
compte-gouttes de GenFigure 1 : Tubes de cristal type connecteurs et distributeurs de Carrel.
tile [Fig.4]. Ainsi on pouvait irriguer sur un même
patient une ou plusieurs plaies [Fig.5]. Dans les cas où l’on pénétrait jusqu’à l’os, on multipliait les tubes et les
enveloppements par des compresses [Fig.6].
Carrel estimait que dans les dix jours la plaie devait être exempte de germes et au bout de douze jours devait
être fermée. S’il y avait un échec, c’était dû à une mauvaise technique. Le suivi quotidien consistait en des prélèvements des tissus traités (il ne mentionne pas avec quel colorant il les étudiait). Au bout de dix à douze jours,
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les germes avaient suffisamment diminué pour fermer la plaie.
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Au début du XXIe siècle on
reprit avec enthousiasme
un système de principe
similaire : le système de
pression négative ou VAC
[4], ayant ses origines
dans le principe mécanique du système de Carrel-Dakin.
Bien que la méthode fut
finalement oubliée dans
les années 1930 en raison
de l’utilisation des antibiotiques, elle a été une Figure 2 : Système d’irrigateur, géré par une infirmière. A la partie supérieure, ampoule d’un
étape importante dans le
litre.
passage de l’ère de la contamination à celle des antibiotiques.
Figure 3 : Pince de Mohr pour régler le débit du
liquide instillé dans les plaies.
Elle a démontré la réalité de la théorie microbienne de Pasteur, ainsi que l’efficacité des méthodes chirurgicales
pour le contrôle des infections. Elle a aussi servi de lien entre l’ère des solutions chimiques (telles que la liqueur
de Labarraque et les solutions antiseptiques) et l’ère des solutions ioniques hydroxyles et les pansements à pres-
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sion négative.
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Figure 4 : Compte-gouttes, modèle Gentile.
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Figure 5 : Irrigation du bras avec le système de tubes multiples maintenus par un bandage.
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Figure 6 : Irrigation entre les fascias du membre pelvien.
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4- Gabriel A, Shores J, Bernstein B, de León J, Kamepalli R, Wolvos T, Baharestani M.M, Gupta S. A clinical review
of infected wound treatment with Vacuum Assisted closure ® (V.A.C. ®) Therapy: experience and case series. Int
Wound J. 2009; 6 (Suppl): 1 – 25.
5- Rodríguez-Paz C.A. El licor de Labarraque, primer antiséptico de los cirujanos mexicanos del siglo XIX. Cir Gral.
(En soumission).
Toute référence à cet article doit préciser :
01 mai 2014
Rodriguez-Paz C.A. : L’irrigateur de plaie de Carrel. Clystère (www.clystere.com), n° 30, 2014.
www.clystere.com / n° 30.
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KINESITHERAPIE DE LA GRANDE GUERRE : LA MECANOTHERAPIE A BAS COUT
Bernard PETITDANT
Contact : [email protected]
Introduction
Le terme « kinésithérapie », néologisme proposé en 1847 par Georgii [1], s’est progressivement imposé au point
e
que ses détracteurs du début du XX siècle n’espèrent plus le faire disparaître [2]. A cette époque, sous ce terme,
sont regroupés les traitements physiques comme la massothérapie, la mobilisation méthodique c’est à dire la
mobilisation manuelle passive, la mécanothérapie, la rééducation motrice c’est à dire active des membres et de
e
la marche. La mécanothérapie, en plein essor au début du XX siècle, est dominée par les appareils de Zander et
équivalents [2, 3] [Fig. 1 et 2].
Figure 2 : Appareil de Rossel, Schwartz et Cie pour
l’abduction-adduction horizontale des membres supérieurs.
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Figure 1 : Appareils de Zander A9 et A10 combinés pour la flexion extension active de l’avantbras sur le bras.
La gymnastique de Ling et les appareils de Zander
Ling est né en 1777 et décède le 3 mai 1839. Dans sa jeunesse, atteint d’une maladie pulmonaire considérée
comme incurable, il observe sur lui-même les bienfaits du mouvement. Il élabora sa méthode de 1802 à 1813.
En 1814, il fonde un institut avec la protection du roi de Suède où tous les genres de gymnastique sont représentés. Il l’agrandit vingt ans plus tard. Il divise son système en 4 branches : la gymnastique pédagogique, la gym-
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nastique militaire, la gymnastique médicale et la gymnastique esthétique. Le point qui lui importait avant tout
était l’exécution intelligente et précise des mouvements. Ce n’est qu’en 1836 et à titre posthume en 1840 que
Ling publia sur sa méthode. Le système de Ling se fonde sur des bases anatomiques et physiologiques de
l’époque en éliminant toute machine, poids, ressorts. Il les remplace par la main de l’homme. Pour tous les
mouvements passifs ou actifs, une stricte observance de leur direction, de leur rythme, de leur force doit être de
mise. Pour Ling, l’exercice doit toujours être dosé et localisé. Doser l’exercice c’est mesurer son intensité pour
avoir un effet utile, le localiser c’est limiter son effet à une région précise [1, 3, 4, 5].
A l’inverse un autre Suédois, Gustav Zander, né en 1835, commence à élaborer sa méthode de gymnastique
médicale réalisée par des appareils en 1857. Les appareils sont là pour remplacer le médecin qui dose l’exercice.
Il est nommé professeur agrégé de gymnastique médicale à l’Ecole de médecine de Stockholm en 1880. Il crée
son « institut médico-mécanique » en 1865. Les appareils portant son nom sont les plus répandus au début du
e
XX siècle. Il existe des appareils actifs mûs par le patient et des appareils passifs entraînés par des machines à
vapeur, à gaz ou à l’électricité. Les appareils actifs sont référencés de A à C : A pour le membre supérieur, B pour
le membre inférieur, C pour le tronc. Chaque lettre est suivie d’un chiffre qui référence le mouvement articulaire
réalisé [Fig. 1]. Le référencement par des lettres se poursuit pour les appareils passifs de D à J en fonction de
l’action réalisée par l’appareil suivi encore d’un chiffre en fonction de la localisation de cette action : balancement, mouvement passif, vibration, percussion, pétrissage, frottement. Il existe encore des appareils K et L toujours suivis d’un chiffre pour le redressement passif et actif du tronc avec ou sans correction.
Pour accueillir plus d’une centaine de machines actives et passives mues par un moteur à gaz à l’Institut Zander
d’Aix les Bains, 2 salles carrées de 12m de côtés et 7m de haut sont nécessaires [6]. La société anonyme Göranssons Mekaniska Verkstadt, seul fabriquant des appareils Zander, indiquait que l’ensemble complet de 73 appareils coutait en 1896 environ 50000 francs [7]. Nous ne pouvons actualiser cette somme qu’avec une approxie
e
mation car le convertisseur INSEE [8] ne fonctionne que sur le XX et XXI siècle en années pleines. Il n’a donc pu
que nous convertir des francs 1901 en euro 2012, 50000 francs 1901 représentent 19 074 275,85 euros 2012
soit environ 261291 euros par appareil.
Mécanothérapie à bas coût
Les auteurs consultés ne cherchent pas à imiter les appareils de mécanothérapie du commerce, ils imaginent
des instruments à bas coût réalisés avec des matériaux facilement disponibles (planches, cordes, poulies). Un
artisan menuisier peut les réaliser facilement, c’est pourquoi tous proposent des plans parfois très précis avec
indication des cotes dans le texte. Ces appareils peuvent être utilisés par les patients comme par des infirmiers
sans formation particulière.
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Ces appareils peuvent être classés en :
-
instruments rythmés.
-
appareils à extension continue.
-
appareils activo-passifs.
-
appareils actifs.
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Les instruments rythmés sont utilisés pour réaliser un assouplissement ou une mobilisation douce d’une articulation. Les appareils à extension continue sont proposés pour étirer les structures péri-articulaires rétractées.
Les appareils activo-passifs permettent un mouvement actif d’un groupe musculaire et les antagonistes reçoivent passivement le mouvement. Les appareils actifs mis en œuvre par le patient terminent le traitement.
Kouindjy [2] présente de nombreux traitements
avec les appareils de mécanothérapie du commerce fabriqués non seulement par Zander mais
aussi pas ses concurrents. Il a une vision très
actuelle de la mécanothérapie qu’il considère
seulement comme un adjuvant à la mobilisation
manuelle. Pour lui la mécanothérapie n’est utile
qu’adjointe à la mobilisation méthodique, au
massage et à l’électrothérapie. Il compare également des appareils à bas coût et des appareils
de mécanothérapie du commerce. Il cherche à
donner des usages multiples à ses appareils. Par
exemple cet appareil actif ou activo-passif, consFigure 3 : Schéma de l’appareil à
double poulie de Kouindjy.
Figure 4 : L’appareil à double
poulies de Kouindjy utilisé pour
un travail actif concentrique
(moteur) et excentrique (freinateur) des adducteurs du
membre supérieur
titué d’une double poulie [Fig. 3], peut être utilisé, en fonction de la position du patient, pour
différents degrés de liberté d’une articulation
[Fig. 4] ou pour combiner un mouvement dans
plusieurs articulations [Fig. 5]. Il peut être utilisé pour le membre supérieur comme pour le membre inférieur
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[Fig. 6]. Le même appareil peut également être utilisé comme appareil d’extension continue [Fig. 7].
Figure 5 : L’appareil à double poulie
de Kouindjy utilisé pour l’extension
du coude et de l’épaule contre résistance.
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Figure 6 : L’appareil à
double poulie de Kouindjy
utilisé pour l’extension du
membre inférieur contre
résistance.
Figure 7 : L’appareil à double
poulie de Kouindjy utilisé pour
posturer le membre inférieur en
flexion de hanche et extension du
genou.
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Privat [9] préconise la mobilisation précoce pour éviter les ankyloses. Il déplore qu’elles s’installent cependant et
se propose de les traiter avec des poulies, des filins et des sangles qui tractent les segments de membre. Il ne
nous propose que des instruments rythmés ou des montages d’extension continue. Il expérimente ses montages
d’instruments rythmés et nous démontre leurs intérêts avec des pesons à ressort [Fig. 8a] pour différentes articulations [Fig. 8b].
Figure 8a : Expérimentation d’un montage de traction
avec peson à ressort.
Figure 8b : Montage pour posture en extension du genou,
le patient imprime des oscillations au poids ce qui fait
varier l’intensité de la traction.
Le simple balancement du poids fait varier les
indications du peson et donc la traction sur
l’articulation passera par un maximum et un minimum qui la rendra plus tolérable, d’où
l’appellation instruments rythmés. Plus simplement il propose aussi, pour posturer chaque articulation, des systèmes de traction associée à des
contre-tractions pour éviter les compensations des
Figure 9 : Traction de l’épaule en abduction et contre tractions de articulations de voisinage ou contro-latérales [Fig.
stabilisation.
9]. Privat associe à ses descriptions de nombreux
conseils pratiques pour rendre le traitement le plus
supportable possible.
Cololian [10] avec des planches, des courroies, des cordes, des poulies, des ressorts de sommier propose non
seulement des plans d’appareils mais montre leur réalisation. Il détaille les pathologies qui conduisent à les
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utiliser, les indications et contre-indications. Il chiffre le prix de chacun de ses appareils entre 5 et 15 francs. Le
même convertisseur [8] nous indique que 15 francs 1916 correspondent à 3721,33 euros.
Cololian [10] a construit des appareils pour toutes les articulations même celles des doigts [Fig. 10 et 11].
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Figure 10 : Schéma de l’appareil de mobilisation passive et de
posture des doigts longs en flexion. a : au repos, b : en fonction.
Figure 11 : L’appareil de mobilisation et de posture des doigts longs. a : présentation, b : en
fonction.
Il ajoute une dimension supplémentaire avec la mesure des amplitudes utiles à la fois pour le médecin pour
tracer l’intérêt de l’appareil de mécanothérapie et les progrès du patient mais aussi pour le patient qui visualise
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ses progrès [Fig. 12 a, b, c].
Figure 12a : Schéma de l’appareil de mobilisa- Figure 12b : Appareil de mobi- Figure 12c : Appareil de mobilisation
tion passive et posture du coude. Noter le lisation passive et posture du passive et posture du coude utilisé.
goniomètre incorporé.
coude au repos.
Noter l’intérêt du goniomètre incorporé.
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Pour illustrer les appareils d’extension continue, nous proposons cet appareil de posture du poignet en extension [Fig. 13]. Le poids muni d’une tige filetée coulisse dans la rainure. Il est fixé à la distance voulue par un
écrou à oreille, plus il sera distal sur le bras de levier plus la force exercée pour posturer le poignet sera grande.
Là encore un goniomètre indique l’amplitude.
Figure 13 : Appareil d’extension continue du
poignet.
Cet auteur, très inventif, a mis en place des appareils activo-passifs ou actifs plus complexes. Comme pour certains appareils de Kouindjy [2], en fonction de la position du patient par rapport à l’appareil, différentes amplitudes sont sollicitées. Ici un chariot sur rails supporte le pied du membre inférieur à travailler. Il est déplacé sur 2
rails et permet de solliciter abduction ou flexion, voire extension de hanche. Fidèle à ses principes, Cololian [10]
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précise que le rail gauche est porteur d’une échelle centimétrique [Fig. 14 a, b].
Figure 14a : Les différentes amplitudes de
hanche sont travaillées en fonction de la position
du patient par rapport à l’appareil.
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Figure 14b : Appareil utilisé pour l’abduction de
hanche.
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En supprimant la selle, avec sa « bicyclette de bois » [Fig. 15] Cololian pourrait passer pour l’inventeur du stepper ! C’est bien sûr un appareil actif pour le renforcement musculaire des membres inférieurs et la rééducation à
la marche.
S’il est indécent de nos jours d’oser évoquer qu’un patient puisse « profiter du système », ici au contraire, tous
les auteurs s’accordent pour reconnaître que la mécanothérapie en général et les appareils d’extension continue
en particulier permettent de confondre un simulateur. Il luttera tout d’abord et la contraction des muscles antagonistes sera visible, puis ils se tétaniseront et la
fatigue fera finalement céder ces muscles et le
simulateur se trahira lui-même.
Figure 15 : Appareil plus complexe
dit « bicyclette de bois » pour un travail
actif bilatéral des membres inférieurs.
Conclusion
Par ces quelques exemples, en variant les articulations traitées et les types d’appareils, nous avons tenté de
montrer que les grosses articulations d’un membre comme les petites articulations de la main avaient fait
l’objet de traitements de mécanothérapie à bas coût.
Ces auteurs citent, bien sûr, des cas flatteurs de récupération fonctionnelle. Cependant, l’ingéniosité des médecins militaires d’active ou de la territoriale ou celle des médecins civils qui les ont formés en rééducation a permis d’éviter des séquelles encore plus invalidantes.
Le prix des appareils en 1916 ramené à une valeur actuelle semble toujours important. L’inflation, les dévaluations ont conduit à une telle différence en valeur constante de la monnaie. Cololian [10] donne les dimensions
précises des planches de bois, ses plans ou ceux d’autres auteurs montrent le matériel nécessaire (charnières,
poulies, vis, corde, etc.). Le prix de ces planches, de cette quincaillerie, de ce cordage recherché dans des catalogues modernes de bricolage nous a conduits à un total de 20 à 30 euro de fourniture pour la plupart des appa-
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reils. Hors main-d’œuvre ces appareils restent donc bien à bas coût.
Références
1 – GEORGII A. : Kinésithérapie ou traitement des maladies par le mouvement selon la méthode de Ling – Paris :
Germer Baillière, 1847
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56859395.r=kinesitherapie+georgii.langFR
2 – KOUINDJI P. : La Kinésithérapie de guerre, la mobilisation méthodique, la massothérapie, la mécanothéra-
www.clystere.com / n° 30.
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pie, la rééducation – Paris : Maloine, 1916
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57255542.r=kinesitherapie+KOUINDJI+P.langFR
3 – FRAIKIN, GRENIER DE CARDENAL, CONSTENSOUX, TISSIE, DELAGENIERE, PARISET : Mécanothérapie – Hydrothérapie – Paris : J.-B. Baillière et fils, 1909
4 – CHANCEREL G. : Historique de la gymnastique médicale – Paris : Adrien Delahaye, 1864
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6147745q.r=CHANCEREL.langFR
5 – MEDING H.L. : Institut médico-gymnastique suédois du Docteur Méding. Traitement des affections chroniques par le mouvement ou gymnastique rationnelle dite suédoise selon la méthode Ling – Paris : Maloine,
1863
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k61477234.r=Institut+médicogymnastique+suédois+du+Docteur+Méding.langFR
6 – GUYENOT P. : La Mécanothérapie à l’institut Zander d’Aix les Bains – Paris : Maloine, 1916
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57280726.r=La+Mécanothérapie+à+l’institut+Zander+d’Aix+les+Bains+.la
ngFR
7 – LEVERTIN A., HEILIGENTHAL F., SCHUTZ G., ZANDER G. : La gymnastique médico-mécanique de Zander, ses
principes, ses applications suivis de quelques indications sur la création d’établissements gymniques d’après
cette méthode – Stockholm : Imprimerie royale, Norstedt et Söner, 1896
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5686448q.r=La+gymnastique+médicomécanique+de+Zander%2C+ses+principes%2C+ses+applications.langFR
8 – http://www.insee.fr/fr/themes/calcul-pouvoir-achat.asp
9 – PRIVAT J. : La Mécanothérapie de guerre – Paris : Maloine, 1915
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6526249r.r=La+Mécanothérapie+de+guerre+.langFR
10 – COLOLIAN P. : La Mécanothérapie de guerre avec les appareils de fortune – Paris : Fournier, 1916
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56138435.r=La+Mécanothérapie+de+guerre+avec+les+appareils+de+fort
une+.langFR
Toute référence à cet article doit préciser :
01 mai 2014
Petitdant B. : Kinésithérapie de la Grande Guerre : la mécanothérapie à bas coût. Clystère (www.clystere.com),
n° 30, 2014.
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LE PIED DE TRANCHEE : UNE EXCEPTION FRANÇAISE ?
Alain SAUVAGET
Association « Les poilus du Vaucluse »
https://sites.google.com/site/lespoilusduvaucluse/home
E-Mail : [email protected]
Dans les premiers jours de l’année 1914-1915 sont apparues dans les armées des pathologies qui ont de prime
abord dérouté les médecins par leur complexité apparente. Des soldats étaient atteints de gonflements des
pieds avec des lésions cutanées suivies de mortification plus ou moins étendue des tissus. Il ne s’agissait pas de
simples gelures aux pieds mais pour les médecins de l’époque d’une maladie spécifique plus complexe qu’il convenait d’appeler : Le pied de tranchée (PDT) [1]. Je n’ai pas trouvé le nombre total des soldats ayant souffert de
ce problème, ni la répartition par régiments ou par type de soldats. Le phénomène était fréquent comme en
er
e
témoigne les 233 évacuations pour engelures aux pieds du 1 au 20 avril au 53 Régiment d’Infanterie Colo-
niale, donc en 19 jours seulement ! Le PDT affecta jusqu’à 1 % des combattants du front soit rien que pour le
front occidental plus de 200.000 hommes. Plus de 202 textes et publications médicales traitent de ce problème
entre 1914 et 1917. [2]
Quatre exemples vécus et racontés par nos poilus.
1) « Ce matin, j’ai eu la frousse d’avoir des pieds gelés dans ma section : il y avait sur la gadoue une couche de
glace qu’on brisait en avançant ; heureusement, les poilus qui avaient passé la nuit dehors s’étaient arrangés
pour avoir les jambes émergeantes : ils avaient fabriqué de petits îlots avec des sacs et des débris divers. Je n’ai
eu qu’un homme dont les pieds aient été sérieusement atteints, et encore guérissables. » [3]
2) 57e RIC. Bataillons de Sénégalais. Chemin des Dames début avril.
Serait arrivé le 2 avril au front selon Diagne. Effectif le 2 avril : 654 Européens et 2324 indigènes. 233 évacua-
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er
tions pour engelures aux pieds du 1 au 20 avril, et 93 pour affections pulmonaires.
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3) « Le 25, nous lançons toute la matinée des bombes et des pétards sur
la tranchée adverse et sur les levées de terre fraîche que nous repérons
en face de nous. J'ai les pieds complètement glacés. Je ne les sens plus.
J'ai l'impression très nette que ma sensibilité s'arrête à hauteur des
chevilles. Voilà trois jours et trois nuits que mes pieds végètent dans la
boue liquide et il n'y a pas un mètre carré de sols secs où je puisse les
sortir de ce bain forcé. Si, pendant le jour, je peux encore remuer mes
orteils et agiter dans la boue mes pauvres membres engourdis, en revanche les nuits sont particulièrement douloureuses, car je dors les
pieds dans l'eau et leur immobilité totale les anesthésie lentement mais
inexorablement. » [4].
4) Quelques extraits des Carnets de Victorin Bès.
Figure 1 : Carte d’évacuation du blessé
Jean PETIT, atteint de gelure des pieds.
Fiche établie à l’ambulance divisionnaire
de Florent (Marne) le 27 janvier 1915.
20 avril 1916 : « Violent bombardement ce matin à 4 h sur ma compagnie. 25 tués en 1h ! Décidément, les Boches en veulent à ma tête : un éclat a fendu le rebord de mon casque »
« Nous avons du froid et de la neige : quelques évacués pour pieds gelés. De les voir partir ces jours derniers vers
l’arrière, la mine réjouie malgré la gravité de leur mal, d’entendre leur dire ou de leur avoir moi-même dit :
« Veinard, t’as le filon ! » cela m’avait donné un noir cafard. Vers minuit, ma résolution était prise : demain
j’aurai les pieds gelés (Victorin Bès passe à l’acte, et trempe son pied droit dans l’eau glacée). La douleur se fait
atroce, ma volonté faiblit, je souffre trop... je me rechausse. Merde, merde, et mille fois merde. Tant pis, je crèverai d’un obus ou d’une balle, mais je n’ai pas le courage de me faire geler le pied. Si d’un point de vue patriotique, la mutilation volontaire est une lâcheté, moi qui suis un combattant involontaire, j’affirmerai désormais
qu’il faut être rudement courageux et solidement trempé de volonté pour accomplir cet acte de désespoir »
Les différentes formes du pied de tranchée.
D’après le médecin Major RAYMOND, professeur agrégé au Val de Grâce, le pied de tranchée évolue en trois
formes.
Forme n° 1 : La forme légère du pied de tranchée
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C’est la forme la plus fréquente, 85 à 90 % des cas. Elle se caractérise par tout d’abord un endormissement
douloureux du pied (anesthésie), avec des troubles de la marche et un œdème du pied (gonflement) :
-
Endormissement ou anesthésie des pieds : Elle est totale, le malade ne ressent ni la piqûre ni le contact.
Elle est profonde, le Docteur Raymond a soigné des blessés des pieds par éclats d’obus qui ne ressentaient aucune douleur à cause de leur Pied de Tranchée.
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-
Douleurs et troubles moteurs : Ils surviennent par crises aiguës, sont augmentés par la chaleur et la position couchée et rendent la marche impossible.
-
Œdème mou du pied avec des orteils boudinés, avec des zones très blanches et d’autres rouges violacées.
Figure 2 : Engelures, déformations, contractures et lésions trophiques sur « pieds de tranchées ». Source image : Comptes-rendus de la conférence chirurgicale interalliée pour
l'étude des plaies de guerre 4è session, 11-15 mars 1918.
Forme n ° 2 : La forme sérieuse du pied de tranchée.
Elle se caractérise par l’apparition de phlyctènes (ampoules) et ultérieurement d’escarres (partie d’aspect noirâtre ou la peau et les tissus sous-jacents sont nécrosés, morts). Elle représente 13 à 14 % des cas.
Phlyctènes : Elles se produisent sur les régions œdémateuses ou peuvent apparaître un ou deux jours après.
Leurs localisations préférées sont les orteils, le dos du pied et plus rarement le talon. Leur volume est variable.
Leur contenu est très particulier. Quand on les ouvre, il s’écoule un liquide citrin et dessous on trouve le derme
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mis à nu. Elles peuvent guérir spontanément dans quelques rares cas.
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Escarres : l’escarre noire n’a
aucune tendance à la chute
spontanée. Si on l’enlève on
trouve dessous un tissu ayant
l’aspect et la consistance des
putrilages que les anciens auteurs décrivaient comme étant
la pourriture d’hôpital. Ce putrilage détruit de proche en
proche tous les tissus et finalement atteint le squelette et
les articulations.
Phénomènes généraux : fièvre
de 38.5 à 39.5%, troubles digestifs.
Figure 15 : Lésions trophiques, phlyctènes et escarres. Source images : Comptes-rendus
de la conférence chirurgicale interalliée pour l'étude des plaies de guerre 4è session,
11-15 mars 1918.
Forme n° 3 : La forme grave du pied de tranchée.
1 % des cas en moyenne. Elle s’observe en particulier chez les indigènes et surtout chez les noirs. Elle se caractérise par l’étendue des lésions qui affecte souvent le type de la gangrène humide et par l’apparition de phénomènes d’infection généralisée qui entraîne souvent la mort des blessés. Quand elle guérit elle laisse des mutilations importantes avec une amputation spontanée des parties atteintes. La forme grave du pied de tranchée
s’accompagne souvent de phénomènes généraux très accusés, en particulier chez les indigènes et peut prendre
la forme d’une septicémie avec une fièvre à 40°. Les complications qui peuvent surgir sont toutes redoutables :
tétanos, gangrène gazeuse, septicémie généralisée.
Le pied de tranchée avait une nette tendance à la récidive, des malades ayant eu plusieurs atteintes au cours de
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l’hiver.
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Figure 16 : Formes sévères du pied de tranchée. Gangrène et amputation spontanée des pieds. Source images :
Comptes-rendus de la conférence chirurgicale interalliée pour l'étude des plaies de guerre 4è session, 11-15 mars
1918.
Causes générales du pied de tranchée d’après les médecins militaires.
L’immense majorité des cas concerne des soldats ayant passé un temps plus ou moins long dans les tranchées. Il
faut 3 ou 4 jours pour que le mal apparaisse et s’observe surtout après 8 à 10 jours. Les séjours antérieurs sont
un facteur de sensibilisation. Il survient par bouffées, en très peu de temps et presque simultanément un grand
nombre de soldats en sont atteints. Surtout au commencement et à la fin de l’hiver où les pluies sont les plus
abondantes. L’âge des soldats joue un rôle et curieusement les plus jeunes sont les plus touchés.
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Les facteurs favorisants retenus par les médecins militaires étaient les suivants :
-
La race semblait être un facteur déterminant. Les Arabes étaient moins touchés que les Noirs mais plus
atteints que les Français.
-
Le froid a été le premier incriminé, mais il y a eu des cas avec des températures positives et même en
plein été (Août 1917. Armée des Flandres).
-
La stase sanguine par la station debout prolongée.
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-
Les bandes molletières ont été signalées par la compression qu’elles entraînent.
-
La marche prolongée.
-
Mais la cause essentielle restait pour les médecins l’humidité froide.
Mesures préventives à prendre
Elles étaient collectives et individuelles : Assainissement des tranchées, création de rigoles d’écoulement, utilisation de pompes pour vider l’eau. Chemins en caillebotis et surtout création d’abris secs et chauffés où les soldats
pouvaient changer de chaussettes et graisser leurs pieds et leurs chaussures.
Traitements
Ils allaient du pansement simple à la cure chirurgicale en fonction des lésions. L’amputation était parfois nécessaire avec un taux de guérison totale de : 95 % pour les Noirs, 95 % pour les Arabes, 99,6 % pour les Européens.
Le pied de tranchée dans les autres armées alliées.
Armée belge :
Le Docteur DEPAGE médecin principal belge, avançait que l’absence de pied de tranchée dans l’armée belge
était due à l’interdiction des bandes molletières. Il l’avait signalé à maintes reprises que pendant la guerre des
Balkans, il avait pu observer l’influence néfaste de ces bandes molletières qui se rétrécissaient en séchant et
compromettaient la circulation en entraînant la gangrène. Un autre médecin belge, M. J. VONCKEN, fit remarquer que pour toute l’armée belge et il n’y a eu que quatre cas de gelures légères et un seul cas de gangrène du
gros orteil par gelure, et ce, malgré les conditions climatiques très rudes et avec des régiments occupant des
tranchées proches géographiquement de celles des Français et pendant la même période de l’hiver 1914-1915.
Dans l’armée belge, le port des bandes molletières était sévèrement défendu. Le soldat belge portait une petite
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guêtre de cuir très évasée à sa partie supérieure pour éviter toute constriction de la circulation. Le port de la
chaussette de laine était généralisé.
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Armée italienne :
Le médecin inspecteur L. BONOMO, confirme également que les bandes molletières avaient été complètement
supprimées dans l’armée Italienne et remplacées par des guêtres tricotées. Les Italiens n’eurent pas autant de
problèmes de pied de tranchée que les Français et le lieutenant-colonel médecin Castellani confirma : « Les
molletières sont à rejeter et on devrait les faire complètement disparaître de l’habillement du soldat »
Conclusion
Malgré la démonstration tout à fait concluante des médecins belges et italiens, la conférence chirurgicale interalliée, dans ses conclusions des séances du 11 au 15 mars 1918, ne préconisa pas la suppression des bandes
molletières mais simplement leur surveillance. Il semble donc bien que les médecins français aient très largement sous-estimé les conséquences néfastes provoquées par le port des bandes molletières et se soient trompés
sur les causes réelles en privilégiant à tort l’humidité froide et les facteurs de race.
Références :
1- Comptes-rendus de la conférence chirurgicale interalliée pour l’étude des plaies de guerre. 4ème session, 11-15
mars 1918. Archives de santé et de pharmacie militaire, Hôpital du Val-de-Grâce.
2- Regnier : Le pied de tranchées controverses étiologiques. Histoire des sciences médicales
Année 2004, volume 38, numéro 3.
3- Lettres de Marcel Papillon à ses parents, Marthe, Joseph, Lucien, Marcel Papillon, « Si je reviens comme je
l’espère » Lettres du front et de l’arrière 1914-1918, Paris, Grasset, 2004, p. 124-125.
4- Mémoires de Guerre de Jean Petit.
http://xn--pass-prsent-futur-de-stphane-ercdq.com/mmoiresdejeanpet14-18/index.html
Toute référence à cet article doit préciser :
01 mai 2014
Sauvaget A. : Le pied de tranchée : une exception française ? Clystère (www.clystere.com), n° 30, 2014.
www.clystere.com / n° 30.
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ALAIN FOURNIER, DU GRAND MEAULNES A L’OSTEO-ARCHEOLOGIE :
LA BATAILLE DE L’HONNEUR RETROUVE
Gilbert GUIRAUD
Muret-en-Comminges
Ce jour-là, François Seurel, Augustin, Yvonne de Galais, Valentine, François, Frantz, Sainte Agathe, le domaine
des Sablonnières n’occupent plus les pensées d’Alain-Fournier. C’est l’enfer et la mort, abandonné de tous. S’estil seulement souvenu une dernière fois d’Yvonne de Quiévrecourt, son premier et grand amour repoussé ?
« Il arriva chez nous un dimanche de novembre….. »
e
e
e
Le 22 septembre 1914, au cours de la bataille des Hauts-de-Meuse, les 22 et 23 compagnies du 288 Régiment
d’Infanterie de Mirande (Gers) partent en mission de reconnaissance dans les bois de St Rémy-la-Calonne près
e
de Verdun. Le Journal des Marches et Opérations du 288 rapporte de façon très sommaire les évènements, s’en
tenant surtout à la liste des tués dont le capitaine Boubée de Gramont, le lieutenant Alain-Fournier, matricule
e
112, âgé de 28 ans, qui commande la 23 compagnie depuis quelques jours seulement, le sous-lieutenant Imbert
et une grande partie des hommes sous leur ordre. Alain-Fournier meurt quelques jours avant de fêter ses 28 ans
et quelques mois seulement après la publication de son unique roman Le Grand Meaulnes.
Faute d’un rapport explicite les circonstances des évènements donneront lieu à plusieurs versions. On parle
d’abord d’une simple reconnaissance des positions ennemies qui serait tombée sur une embuscade, on évoque
e
aussi le récit d’un rescapé bien longtemps après, avec une 22 compagnie qui n’aurait pas hésité, contrairement
aux lois de la guerre, à tirer sur un poste de secours allemand ce qui aurait entraîné une contre-attaque
e
qu’aurait affronté seule une partie de la 23 compagnie pour couvrir la fuite de leurs compagnons d’armes. Le
port d’armes par les brancardiers allemands, mais aussi français, peut expliquer peut-être la méprise des comème
battants de la 22
compagnie. Un compte rendu allemand dont l’authenticité reste discutable évoque lui aussi
un manquement manifeste à l’honneur : « Une troupe d’environ vingt Français, dirigée par deux officiers, tire à
cinquante mètres sur nos brancardiers et nos blessés. Cela, bien que tous portent le brassard blanc à croix rouge
et que l’ambulance arbore le même emblème. Personne n’aurait échappé au massacre si une patrouille n’était
survenue pour refouler les assaillants, puis ayant reçu des renforts, encercler et fouiller le bois. Deux officiers et
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une dizaine de soldats sont découverts et se rendent sans difficulté. Ayant reconnu l’attaque de l’ambulance ils
sont fusillés séance tenante » [1].
Au total, des témoignages différents et contradictoires, avec le soupçon d’une agression d’un poste de secours
par une compagnie française, donc une image fortement déshonorante en ce tout début de la guerre.
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Ce ne sera que le 7 février 1916 qu’Alain-Fournier
sera officiellement porté disparu. En 1918 le ministère de la Guerre confirme qu’Alain-Fournier est
« présumé tué » et « Mort pour la France », sans
que l’on puisse préciser à la famille le lieu éventuel
de son inhumation. En 1920 le capitaine Boubée de
Gramont et tous les soldats disparus cette aprèsmidi du 22 septembre seront déclarés « Tués à
l’ennemi ». Il faudra toutefois attendre 77 ans pour
que l’on retrouve la fosse commune où avaient été
enterrés les trois officiers et 18 hommes de troupe.
Une fouille systématique de la fosse fut alors entreprise et l’étude paléo-pathologique fût menée sous
Figure 1 : Lieutenant Alain Fournier. (Domaine public)
l’autorité d’un archéologue reconnu dans le domaine de l’archéologie funéraire et récente, Frédéric Adam [2].
Un long travail d’identification permit de reconnaître 19 individus sur 21 dont Alain-Fournier. L’âge moyen de
ces hommes était de 29 ans, la plupart d’origine paysanne. L’étude ostéo-archéologique va mettre en évidence
des signes « dégénératifs » non péjoratifs : ostéophytes surtout fréquents au niveau des vertèbres thoraciques
et spicules enthésopathiques témoignant chez ces jeunes réservistes gersois du métier de paysan fortement
sollicitant sur le plan physique. C’est seulement sur le sujet âgé de 48 ans que seront notés des signes
de « polissage articulaire » au niveau de vertèbres lombaires essentiellement. Mais le résultat le plus intéresème
sant et surtout le plus attendu était la cause du décès des soldats de la 23
compagnie. L’analyse ostéologique
va montrer que toutes les parties du squelette sont atteintes sur la plupart des cadavres par des impacts de
balles parfaitement identifiées donnant lieu à des fractures multiples. A cette analyse archéologique il faut
ajouter l’étude balistique et le recoupement de différents récits. C’est l’ensemble de ces données qui témoignent
ème
in fine que tous ces hommes sont bien morts au combat, face aux grenadiers de la 4
Compagnie du 6ème Ré-
giment.
Le lieutenant Alain-Fournier a bien été lui aussi tué au combat par une balle en pleine poitrine, comme en témoignent les récits à la fois d’un capitaine français et allemand et surtout l’étude ostéo-archéologique de son
squelette. Frédéric Adam confirme au terme de son enquête : « Ils n’ont été ni fusillés ni massacrés…. mais sont
ème
bien morts au combat après que les hommes de la 22
compagnie aient attaqué une ambulance militaire ».
Comme cela aurait réconforté Isabelle-Rivière sa sœur qui n’a jamais pu croire et accepter que son frère ait pu
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se déshonorer en attaquant une ambulance.
La seule analyse ostéologique est sûrement insuffisante pour se faire une idée du statut sanitaire de ces
hommes. Leur mauvais état dentaire témoigne de l’insuffisance de la prise en charge à cette époque, surtout à
la campagne, des soins dentaires élémentaires que tentera de corriger l’Ecole dentaire de Paris. La présence
d’ostéophytes si elle permet de parler d’arthrose ne signifie pas pour autant que ces jeunes paysans en souffraient, tellement l’absence de parallélisme anatomo-clinique est grand dans l’arthrose. Quant aux « tasse-
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ments » vertébraux signalés ils peuvent simplement être la conséquence de séquelles d’une épiphysose vertébrale de croissance souvent peu voire non symptomatique. Adam signale enfin la présence de fractures consolidées dont la topographie explique le peu de retentissement fonctionnel, excepté peut-être une fracture bimalléolaire de la cheville.
e
Le 10 novembre 1992, les 21 soldats du 288 R.I de Mirande furent inhumés dans la nécropole de Saint-Rémy-laCalonne et déclarés morts pour la France.
Références :
1- France-Soir, 14/11/1991.
2- Adam Frédéric, Alain-Fournier et ses compagnons d’arme. Ed. Serpenoise, Metz, 2006.
Toute référence à cet article doit préciser :
01 mai 2014
Guiraud G. : Alain-Fournier, du grand Meaulnes à l’ostéo-archéologie : la bataille de l’honneur retrouvé. Clystère
(www.clystere.com), n° 30, 2014.
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L’Australian Imperial Force (AIF) face aux maladies vénériennes et à la grippe espagnole
lors de son cantonnement en 1918/19 dans la région de Charleroi en Belgique.
Claire DUJARDIN
Licenciée et agrégée en Histoire
Avenue Paul Pastur, 279/024
B. 6032 Mont-sur-Marchienne
Belgique
« Blue Light » [1]
A l’instar de l’alcoolisme et de la tuberculose, les maladies
vénériennes appelées « maladies honteuses » représentaient un risque de « dégénérescence » physique et morale
pour les générations à venir.
e
Depuis la fin du XIX siècle et, plus encore pendant la Pre-
mière Guerre mondiale, ce problème engendra des débats
au sein des gouvernements des pays belligérants, partagés
entre moralité et prévention [2].
Dès le début du conflit, des mesures prophylactiques furent
adoptées par l’A.I.F. Elles consistaient dans l’organisation de
conférences où les soldats étaient informés des dangers de
En ce qui concerne les centres de « Blue
Lights » le Colonel G.W. Barber, Deputy
Director of Medical Sevice, rapporta que
les centres de " Blue Light" étaient établis
dans toutes les villes visitées par les troupes
incluant Bruxelles, Namur et Charleroi. Lors
d’une inspection de trois centres à Charleroi,
il apparut qu’ils avaient traité 12.000 patients (australiens, britanniques et canadiens)
dans la semaine précédente, montrant donc
leur nécessité et qu’ils étaient pleinement
appréciés par les troupes ».
BUTLER (A.G.), Official History of the Australian
Army Medical Services, 1914-1918, vol. III “Special
st
problems and Services”, 1 edition, 1943, p.184.
ces maladies et dans l’installation de « Blue Light depots »
dans chaque camp militaire ainsi que dans les villes de l’arrière fréquentées par les troupes en permission.
Ces endroits, facilement repérables la nuit grâce aux lampes bleues pendues à l’extérieur, étaient accessibles à
n’importe quelle heure pour que tout soldat puisse s’y désinfecter aussi tôt que possible après une relation
sexuelle.
En outre, des trousses nommées également « Blue Light » [3] contenant notamment des tubes de calomel [4],
des tablettes de permanganate de potassium [5] et des tampons d’ouate leur étaient également fournies. Les
condoms s’obtenaient facilement, mais ce moyen de prévention suscitait la polémique puisqu’il présentait le
« désavantage » d’être un moyen anticonceptionnel [6].
Après l’Armistice, les troupes cantonnées en Entre-Sambre-et-Meuse bénéficièrent de permissions largement
accordées par les autorités militaires. Dès lors, le gouvernement australien fut encore davantage préoccupé par
nde
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la crainte des maladies vénériennes. Le 9 décembre, deux officiers du corps médical de la 2
division, les Ma-
jors Beamish et Wall, furent envoyés en éclaireurs pour enquêter sur l’état sanitaire de Charleroi et de ses environs [7].
Le 14 décembre 1918, le Lieutenant-colonel A.M. Wilson [8] rédigea un rapport concernant les péripatéticiennes de la région de Charleroi : « Dans le secteur de Charleroi vivent environ 400 prostituées reconnues par
les autorités… Aussi loin que l’on puisse être informé, il n’y a pas une forte proportion de maladies vénériennes
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parmi ces femmes. Le plus grand danger vient des prostituées non recensées qui fréquentent les rues. Un
grand nombre de ces femmes ont des maladies vénériennes et elles ne sont soumises à aucun examen médical… Toutes les troupes cantonnées aussi loin dans ce secteur ont souffert sévèrement des ravages de cette
maladie et à présent, il existe beaucoup de cas dans l’hôpital militaire isolés pour cas vénériens ».
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Les maladies vénériennes : prévention et prophylaxie.
Figure 1 : Instructions du Lieutenant- Colonel A.M. Wilson distribuées, cinq jours avant l’arrivée des troupes dans la
région de Charleroi, aux 5th, 6th, 7th Australian Field Ambulances ainsi qu’à tous les R(egimental) M(edical) O(fficer)s
de la 2nd Australian Division. Auparavant, le Lieutenant- Colonel Wilson avait servi auprès de la 7th field Ambulance
et, le 12 décembre 1918, il était détaché au Quartier général de la 2nd Australian Division.
( http://www.naa.gov.au/collection/recordsearch)
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Les autorités australiennes, par le biais de conférences, instruisaient les soldats sur les risques que
présentaient les maladies vénériennes pour la santé des futures générations.
Le document ci-dessous montre que la prévention passait par une mise en garde à l’égard des prostituées de la région de Charleroi, et plus particulièrement celles qui n’étaient pas enregistrées et également par l’utilisation du préservatif ou « French Letters ».
Figure 2 : Instructions pour lutter contre les maladies vénériennes. (AWM,collection, First World War,
Australian Army War Diaries, Assistant Director of Medical Services, 2nd Australian Division, 26/19/36,
December 1918).Traduction ci-après.
Il proposait diverses mesures pour remédier à ce danger sanitaire :
« 1° Une propagande vigoureuse doit être menée parmi les hommes pour mettre l’accent sur le grand danger
de contracter des maladies vénériennes à Charleroi spécialement chez les femmes non recensées.
2° Des dispositions spéciales doivent être prises pour s’assurer que tous les hommes se rendent immédiatement dans les établissements « Blue Light » après avoir subi un risque d’infection, un délai de quelques heures
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est fatal au succès du traitement.
3° Le risque est fortement accru chez les hommes par l’action combinée de leurs plaisirs sexuels avec l’alcool.
4° L’installation immédiate des établissements « Blue Light » dans le nouveau secteur et la communication à
tous les rangs de l’emplacement de ces « Blue Light » à Charleroi.
5° La grande utilité des « Lettres françaises » (préservatifs) en prévention contre les maladies vénériennes [10].
(Celles-ci étaient vendues au détail, «au prix de » 3 pour un franc) [11].
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De fait, les ordres donnés aux différents bataillons mentionnaient précisément les endroits où les soldats pouvaient se rendre à Charleroi pour y subir des
soins préventifs. Plusieurs jours avant l’arrivée
des troupes, des officiers avaient sélectionné les
sites les plus appropriés pour les établissements
de « Blue Light ». Celui réservé à la 1st Division était situé « Moulin de la Sambre, rue Desandrouin (…sur la rive de la rivière près de
l’Expeditionary Force Canteen (E.F.C.) » et
celui de la 2nd Division au « n° 3, Place du
Centre » [12], « … au premier étage de la
Bourse [de Commerce et d’Industrie] (à la sortie
sud de la seule arcade dans la ville) » [13].
Pendant les hostilités, blessés et malades recevaient les
premiers soins, près de la ligne de front, dans un Aid Post
(poste de secours). Relativement proche de la zone des
combats, la Field Ambulance, mobile, attachée à une
brigade, traitait les malades et les soldats dont les blessures, moins sévères, leur permettaient de rejoindre leur
unité après avoir reçu des soins. Le plus souvent, sa tâche
consistait à préparer les hommes pour les amener vers
une Casualty Clearing Station située près d’une voie de
chemin de fer. Très bien équipée, la Casualty Clearing
Station était en mesure de soigner des cas plus sérieux.
Quant aux blessés touchés plus gravement, ils étaient
évacués vers un Base Hospital situé à une plus grande
distance du front.
Mont-sur-Marchienne disposait d’un « Blue
Light » au 17, rue de Charleroi (Avenue P.
Pastur) et l’unique « Blue Light » de Bruxelles
était situé au 24, rue Neuve où une centaine de
Le 20 décembre 1918, la 7th Australian Field Ambulance
établit ses quartiers à Mont- sur-Marchienne, au 17 de la
rue Petites Pâtures. Dès le lendemain, un hôpital capable
d’accueillir 50 patients fut installé dans un vaste hall.
cas étaient traités quotidiennement [14].
La police belge surveillait cette zone sensible de
Charleroi. En outre, dans des « établissements
(AWM, collections, First World War, Australian Army War Diaries, Medical, Dental and Nursing, 7th Australian Field Ambulance, 26/50/34, December 1918).
interlopes …on offrait aux soldats de la cocaïne
à priser » [15]. La Gazette de Charleroi rapporte que la police australienne dut intervenir pour maîtriser un Australien pris de colère après avoir prisé de la cocaïne au Palais de Cristal [16].
La cocaïne était utilisée à des fins médicales, mais il semblerait qu’elle fût également consommée par des soldats de diverses armées. A la fin du XIXe siècle, la substance avait déjà été expérimentée sur des soldats allemands. Freud avait mis ses effets en évidence. Elle permet une résistance accrue à la fatigue et à la douleur
surtout combinée à l’alcool. Par courriel, nous avons posé la question aux historiens de l’Australian War Memorial qui n’ont jamais eu connaissance d’une consommation de cocaïne dans l’A.I.F. Nous avons toutefois retrouvé dans les « Carnets de guerre de Louis Barthas » [17] une allusion à la consommation de cocaïne pendant la
première guerre car, « Le 4 décembre 1916, un caporal nommé Muller, un Parisien, ayant tous les vices et pratiquant toutes les débauches des bas-fonds de la capitale, alcoolique, inverti, amateur de cocaïne, tua d’un
coup de revolver une jeune fille de quinze ans dont la grand-mère tenait un estaminet et le père était au
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front ».
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Figure 3 : Mont-sur-Marchienne, décembre 1918 (Coll. Frans Bondroit). Des membres de la 7th Australian
Field Ambulance posent devant cinq de leurs ambulances motorisées, garées sur la Place du Wez (Place des
Essarts) devant le Carmel (Musée de la photographie). Les ambulances portaient chacune un numéro, visible
sur le capot du moteur et les modèles utilisés étaient des Sunbeam, des Daimler et des Ford. L’état parfois
désastreux des routes causait des dégâts aux véhicules. Parallèlement, des ambulances tractées par des chevaux rendaient de précieux services, notamment l’hiver, lorsque les chaussées étaient verglacées. Les chevaux
étaient parqués dans des bâtiments appartenant aux Usines et Aciéries Allard. Les officiers et les membres de
la 7th Field Ambulance célébrèrent leur premier Noël de paix au Café du Théâtre, aidés par la population locale, tandis que l’orchestre de la Société d’Harmonie accompagnait agréablement le repas de fête.
Nous avons également lu dans le journal Cairns Post [18] cette information intéressante « La période de guerre
a développé une nouvelle habitude malsaine à Londres. Quand les contingents canadiens arrivèrent ici ils amenèrent avec eux un grand nombre d’hommes qui s’adonnaient eux-mêmes à la pratique de la drogue avec la
cocaïne. L’usage de la cocaïne se propagea très tôt parmi les autres groupes de militaires ».
L’Argus [19] explique que « (…) Il y a peu d’années la cocaïne était considérée comme une habitude transatlantique. En 1911 et 1912 la "coco" circulant dans des tabatières devint à la mode dans les clubs nocturnes du
quartier Montmartre à Paris et depuis que la guerre a commencé, les priseurs ont augmenté dans un certain
milieu amateur de plaisir à Londres ».
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Le West Australian [20] signale que « (…) La cocaïne était connue parmi les hommes (= les soldats) comme
"neige". »
C’est à Londres principalement que les soldats australiens furent mis en contact avec cette drogue. Le gouvernement anglais en interdit la vente et cette mesure «… a eu un excellent résultat et le dopage des soldats a
pratiquement cessé » selon le journal Barrier Miner [21].
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A la veille de la démobilisation et du retour en Australie, il était
important, dans un souci de santé publique, de renforcer les mesures de prévention.
La police australienne contrôlait
Un rapport de 1919 du Président Waldorf Astor de l’ « Interdepartmental committee on infectious diseases in connection with
demobilisation » au sujet de la « Prophylaxis against venereal disease », précise les méthodes adoptées dans l’A.I.F. :
bad character ». Le 26 février, après
« … Les hommes sont complètement instruits au sujet des maladies
vénériennes, leurs dangers et prévention. L’instruction est spécialement poussée lorsque les troupes arrivent en Angleterre : dans
l’intervalle, des conférences sont aussi données en France. Tous les
hommes partant en permission sont vus avant le départ (march out)
pour instruction sur les M.V. Des trousses de "Blue Ligth" leur sont
offertes et des trousses supplémentaires en usage peuvent être obtenues à tout moment dans les établissements "Blue Light". Ils sont
avisés d’utiliser des préservatifs (est) comme précaution additionnelle. Ceux-ci peuvent être obtenus dans tous les centres "Blue Light"
et cantines au prix de 3d chacun.
Les trousses "Blue Light" contenaient trois tubes de calomel (chlorure
mercureux) avec du camphre et de l’acide carbonique ; un sachet de
tablettes de permanganate de potassium (antiseptique dermatologique) ; des tampons d’ouate en coton et un mode d’emploi. Une
bouteille est aussi fournie pour faire la solution de permanganate.
Les instructions contenues dans la trousse sont d’utiliser la pommade
de calomel avant l’exposition à l’infection et aussi immédiatement
après, au maximum dans l’espace d’une heure ; ceci protège principalement contre la syphilis ; l’usage du permanganate comme une protection contre la gonorrhée est aussi recommandé.
(Note by the Chairman of the Committee, the Hon. Waldorf Astor M.P. to the
Minister of Health on Prophylaxis against venereal disease presented to
Parliament by command of His Majesty.AWM41 894, appendix 5).
Cependant, l’utilisation de chlorure mercureux entraîne parfois des
effets secondaires fâcheux puisque les « complications, notamment
au niveau de la bouche [stomatite] et des reins [néphrite] sont redoutables et, à juste titre, redoutées des malades » .
01 mai 2014
(Amours, guerres et sexualité. 1914-1945. Sous la direction de ROUQUET (F.),
VIRGILI (F.), VOLDMAN (D.), Gallimard, BDIC/Musée de l’Armée, Paris, 2007,
p.91)
également ces endroits à la recherche des déserteurs ou « men of
19 heures, au Palais des Roses « un
bordel de la ville de mauvaise réputation », un fantassin australien du
48th Battalion qui avait été repéré,
nd
fut abattu par le 2
Lieutenant
Mott alors qu’il tentait d’attaquer
le Lieutenant Shanks. Le Lieutenant
nd
Réginald Roy Shanks et le 2 Lieutenant
Herbert
William
Mott
avaient reçu l’ordre d’un officier,
Arthur Allen, de capturer le soldat
Percy Stafford, mort ou vif. Ce dernier, engagé en 1915, détenait un
fameux palmarès ! Son cas embarrassait ses supérieurs. Jamais il ne
vit une tranchée de la ligne de front
en raison d’une mauvaise conduite
qui l’amena à passer la guerre dans
les prisons [22]. A la veille de
l’Armistice, il fut arrêté à Paris pour
désertion entre le 19 août et le 4
novembre 1918. D’autres faits
graves lui étaient aussi reprochés
car il avait …menacé avec son ree
volver un officier du 48 bataillon et
était suspecté du meurtre d’un
Français à Bruxelles… un homme
avec lequel on ne pouvait prendre
aucun risque » [23]. En accomplissant cet acte, ils avaient restauré
l’honneur du bataillon [24]. Selon le
War Diary « Stafford tenta de dégainer son revolver. Il fut immédiatement tué par le Lieut. Mott ». Voici la
version des faits selon La Gazette de Charleroi du 28 février 1919 en page 2 « Dès qu’elle (la police australienne)
arriva, le brouhaha fut général au point que se croyant en danger, elle somma les soldats qui se trouvaient là
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de lever les mains. L’un d’eux eut un instant d’hésitation. L’officier de police lui logea deux balles dans la tête ».
Stafford fut enterré dans le cimetière communal.
Une grande exposition anatomique ouverte au public permit aux soldats de se rendre compte des ravages occasionnés par les maladies vénériennes grâce aux moulages en plâtres [25]. Nul doute que cette visite éducative
produisit davantage d’effet que tous les conseils prodigués par les médecins militaires. Fortement impressionné,
le Lieutenant Percy Smythe, décrit ce qu’il vit : « Entre les murs une collection très abondante de figures en cire
et revêtements colorés montrant les nombreuses différentes étapes et variétés de la syphilis. C’était assez pour
donner une de ces horreurs que de telles vues. Les autres variétés de maladies vénériennes et leurs effets
étaient aussi montrés. L’ensemble concerné ressemblait à un horrible cauchemar » [26].
Figure 4 : L’exposition anatomique de Charleroi (sans date). Les troupes britanniques défilent devant la foule amassée le
long des trottoirs. Un militaire belge et l’officier dirigeant la musique militaire exécutent un salut militaire. A l’arrière-plan,
nous pouvons lire sur la banderole « Exposition anatomique ».
Les soldats qui négligeaient les soins préventifs des « Blue Light depots » devaient être évacués vers des hôpitaux militaires où ils restaient en général une vingtaine de jours et parfois davantage. En conséquence, afin de
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préserver la santé publique, tous les hommes infectés ou mal guéris durent impérativement, avant leur retour
au pays, se soumettre à un traitement de 6 semaines consistant en injections de « novarsenobillon » et de
« mercure cream » [27]. Un médecin militaire délivrait une attestation de guérison permettant au soldat
d’embarquer à bord d’un navire transportant des troupes.
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Spanish influenza (grippe espagnole)
Dans le monde, la pandémie de grippe
espagnole fit encore beaucoup plus de
victimes que la guerre. Dénommée
« espagnole », car l’Espagne, pays
neutre, fut le premier pays à en relater
la gravité dans ses journaux non soumis à la censure comme ceux des pays
en guerre qui évitaient, de cette façon,
de divulguer des informations sur l’état
des pertes pouvant être récupérées par
l’ennemi. Il était aussi important de
préserver le moral des troupes et de
l’arrière. La grippe sévit en plusieurs
Figure 5 : Certificat de décès du Dvr Harold Claude Albert Perkins, 4th Aust. vagues. Les deux premières, l’une au
MT Coy, décédé des suites de complications pulmonaires dues à la grippe printemps et l’autre à l’automne de
espagnole à la 20th CCS. Sa photo est accessible sur le site de l’AWM, collection, Charleroi, First World War, p.8, n° H01421. (Archives de la Ville de
1918, frappèrent l’Amérique du nord
Charleroi, farde « Grippe espagnole »).
et l’Europe.
En effet, les troupes américaines débarquées à Brest propagèrent le virus en France puis en Grande-Bretagne et,
enfin, dans le reste de l’Europe et du monde. La troisième vague, sans doute la plus mortelle, se répandit après
l’Armistice du 11 novembre 1918.
En février 1919, après deux mois d’accalmie, l’épidémie reprit de la vigueur. Elle fut particulièrement virulente
chez les jeunes adultes en raison de leur métabolisme qui faisait évoluer une infection virale en maladie mortelle
[28, 29, 30].
Tout soldat ressentant les premiers symptômes de la grippe, soit un mal de tête, des frissons et de la fièvre, était
tenu d’en faire immédiatement la déclaration. L’incubation était de courte durée et la contamination très rapide
[31].
Fréquemment, les complications pleuro- pulmonaires et des troubles cardiaques entraînaient la mort des malades [32].
L’infection résistait aux différents traitements notamment la quinine ou l’aspirine [33]. En prévention, le gargarisme au permanganate de potassium, le port de vêtements chauds de jour comme de nuit, la ventilation des
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lieux d’hébergement furent recommandés aux soldats australiens [34]. Au début, le malade recevait du lait, de
l’eau à laquelle on ajoutait une tranche de citron ou encore du jus d’orange. Par la suite, si le patient résistait à
la maladie, une nourriture plus consistante était introduite avec du potage, des œufs… [35].
Après un passage par une « Field Ambulance » [36] les cas jugés sérieux étaient transportés dans une « Casualty Clearing Station » (Hôpital militaire bien équipé du point de vue médical et parfois spécialisé dans les maladies
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infectieuses,
les
dé-
sordres nerveux etc.)
où ils étaient isolés des
autres patients [37].
Admis avec une P.U.O.
(pyrexia
uncertain
origine)
(fièvre
d’origine incertaine),
ils étaient, peu de
temps après leur arrivée,
généralement
déclarés « dangerously
ill » (… dangereusement malade ) et la
mort survenait alors
très rapidement. Ce
fut, hélas, le cas notamment pour George
BOWLBY (26th Australian Infantry Battalion)
cantonné
à
Marchienne-au-Pont
et un officier, le Lieutenant Kenneth BANKS
(7th Australian Infantry Battalion ), très
apprécié
de
ses
hommes et de Belges
01 mai 2014
avec lesquels il avait
Figure 6 : Graphique établi par le Captain Gladtworthy, officier en charge de l’hôpital de la 2nd
Field Ambulance montrant le nombre des admissions à la Casualty Clearing Station de Charleroi
pour y recevoir un traitement, principalement, contre la grippe espagnole ou les maladies vénériennes. (AWM, collections, First World War, Australian Army War Diaries, Medical, Dental,
nd
Nursing, 2 Field Ambulance, 26/45/41, February 1919, appendix 5).
sympathisé à Couillet.
Ils eurent droit aux
honneurs militaires lors
de
leurs
funérailles
(L’unique raison pour
laquelle nous citons ces deux soldats est que leurs noms apparaissent dans les War Diaries contrairement aux
nombreux autres que nous avons recensés) [38]. Comme eux, beaucoup de soldats mourront des suites de cette
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P a g e | 54
épidémie dans les hôpitaux militaires de Charleroi. Il s’agissait, en l’occurrence, de la « 20th Casualty Clearing
Station » qui occupait les locaux de l’Athénée Royal situé au boulevard Audent (aujourd’hui Boulevard Emile
Devreux ). Les élèves de cet établissement scolaire suivaient leurs cours dans les locaux de l’Université du Travail. Pour les deux écoles réunies, le nombre d’élèves était estimé à environ deux mille [39].
Prévention et soins donnés aux malades atteints de grippe espagnole.
1. « …Les fenêtres ouvertes de préférence avec le patient baigné dans un courant d’air frais donnent les meilleurs résultats, le patient étant gardé au chaud par des bouteilles chaudes et, si nécessaire, un bonnet. (…) Le
traitement habituel avait été de séparer [ceux atteints] d’influenza des autres patients et ceux avec complications de ceux atteints d’influenza sans complications.
La majorité prend 15 gr d’aspirine avec 10 gr de poudre de Douvre et du cognac chaud si c’était admis, étant
enveloppé dans une couverture pour encourager la sudation.
Habituellement, ceci aboutit à un soulagement marqué de la douleur et est suivi par un mélange sudorifique
contenant 5gr de salicylate de sodium, 4 toutes les heures. (…) Pour les cas présentant des complications pulmonaires ou dans lesquels des complications peuvent survenir et ceux avec de mauvaises couleurs souvent
sans complications démontables on administre un laxatif et un mélange contenant tr digitaline M 15 et tr nux
vomica M 10, 4 toutes les heures pendant environ trois jours. Ceci est d’habitude donné avec 5 gr de
l’ammonium carbonicum, mais, plus tard, un mélange acide a semblé se révéler plus efficace. (…) Du cognac a
été utilisé franchement, librement et apparemment avec profit (…) ».
(AWM, collection, First World War, Australian Army War Diaries, 3rd Australian Casualty Clearing Station, 26/64/29, February 1919, appendix 3).
Au boulevard Paul Janson, l’hôpital civil accueillait la « 55th Casualty Clearing Station ». D’autres soldats furent
parfois amenés dans un autre hôpital sis au 17 de la rue de la Digue [40] (Nous avons pu localiser avec précision
ces C.C.S. grâce aux rapports de décès dressés par les médecins militaires. Ces documents sont (ou étaient…)
conservés dans la farde « Grippe espagnole » aux Archives de Charleroi).
01 mai 2014
Dès le mois de novembre 1918, deux Casualty Clearing Stations commencèrent à fonctionner à Charleroi, la
20th CCS et la 48th CCS. Au mois de décembre, la 55th CCS remplaça la 48th CCS qui se déplaça alors à Namur.
Grâce aux registres de décès de Charleroi, nous avons trouvé les adresses précises de ces Casualty Clearing
Stations. La 20th CCS occupait les locaux de l’Athénée (Athénée Solvay) au boulevard Audent, tandis que la
55th CCS s’établit au n° 92 du boulevard Janson, c’est-à-dire à l’hôpital civil. Un troisième hôpital fonctionna
également au 17 de la rue de la Digue. Certains décès ont été déclarés également à l’Université du Travail,
rue Zénobe Gramme, aux Jésuites, lazaret allemand pendant l’occupation ainsi qu’à l’école moyenne pour
filles, boulevard Defontaine. Nous pensons que pendant l’épidémie de grippe espagnole, les hôpitaux de
Charleroi furent débordés et qu’il fallut trouver d’autres lieux pour faire face à l’afflux de malades tant civils
que militaires.
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P a g e | 55
Figure 7 : L’Athénée au début du XXème siècle. La 20th CCS fonctionna du mois de novembre 1918 au mois
d’août 1919. (Archives de la ville de Charleroi).
Figure 8 : L’hôpital civil au début du XXe siècle. La 55th CCS s’y établit du mois de décembre 1918 au mois de
mai 1919. Elle reprit ensuite l’activité de la 20th CCS d’août à novembre 1919.
Pourtant, dans leurs rapports, les officiers faisaient souvent état d’une assez bonne résistance de leurs soldats
01 mai 2014
face à l’épidémie qui faisait rage parmi la population locale entraînant de nombreux décès [41].
Afin de limiter la propagation de la grippe, les autorités militaires australiennes interdirent toutes les manifestations favorisant la promiscuité, c’est-à-dire les bals, les concerts, les rencontres sportives et les séances de cinéma. Quant aux services religieux, ils se déroulèrent désormais au grand air [42].
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P a g e | 56
Toutes ces mesures s’estompèrent au début du mois de mars, et, comme le nota un officier du 56th Australian
Infantry Battalion, le 5 mars 1919, « Ces restrictions ont maintenant heureusement cessé » [43].
Toutefois, des soldats restèrent soumis à des inoculations au mois d’avril [44] et même durant le voyage de
retour car « Tous reçurent l’inoculation pour l’influenza » [45] inscrit, dans son dernier carnet, à la date du 22
juin 1919, Alexander Mactaggart.
Battalion order n° 499
Mont-sut-Marchienne, 23/02/19
L’Australie touchée par la grippe espagnole imposa des mesures strictes de quarantaine [46] (« … et à la fin de 1919,
plus de 12 000 Australiens avaient perdu la vie à cause de
« A partir du 23 février (inclus) jusqu’à un
avis ultérieur, les lieux publics de divertissements seront interdits à toutes les troupes.
Les cinémas militaires et les grandes salles
de divertissements seront fermés et les offices des cultes religieux se dérouleront en
plein air ».
(AWM, collection, First World War, Australian
War Diaries, 27th Australian Battalion, 23/44/42,
February 1919, appendix 28).
l’épidémie » et « … les procédures de quarantaine furent
introduites à tous les ports australiens en octobre 1918… ») à
l’égard des bateaux où un ou des cas d’influenza s’étai (en) t
déclarés. Aussi, en arrivant à destination, les soldats rapatriés étaient parfois obligés de rester à bord pendant le
nombre de jours réglementaires. Cette attente supplémentaire avant de revoir leurs proches les frustrait beaucoup
[47], mais tout était mis en œuvre pour les distraire et les
occuper [48].
Les décès civils et militaires en graphiques.
Ravages causés par la grippe espagnole au sein de la population civile et des troupes stationnées dans la
région.
Les Australian War Diaries font souvent état d’une assez bonne résistance des soldats face à la grippe espagnole comparée à celle la population civile.
« …La grippe sévissait encore parmi la population et il se passait à peine un jour sans avoir trois ou quatre
funérailles au cimetière de la localité. (…) Par bonheur, le bataillon a été en comparaison épargné par la
maladie (…) un grand nombre avait eu de mauvais rhumes. La santé des troupes a été généralement bonne
(…) ».
(AWM, collections, First World War, Australian War Diaries, 26th Infantry Battalion, 23/43/42, February 1919).
Par contre, dans un « Battalion Order », le capitaine R.D. Southon du 27th Battalion cantonné à Mont-surMarchienne ne peut s’empêcher de reconnaître que: « …Cette maladie , fréquemment compliquée d’une
pneumonie, est à nouveau répandue dans la zone de l’armée et elle est suivie avec sérieux et , dans un
nombre de cas, avec des issues fatales ».
01 mai 2014
(AWM, collection, First World War, Australian War Diaries, 27th Infantry Battalion, 23/44/42, February 1919, appendix
28).
Ce commentaire extrait du War Diary de février 1919 et relatif au 26th Australian Battalion, cantonné à Marchienne-au-Pont, nous poussa à vérifier ces affirmations. En dépouillant les registres d’Etat- civil des communes
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de Marchienne-au-Pont, Mont-sur-Marchienne et Charleroi, d’octobre 1916 à avril 1919, nous disposions de
données portant sur trois hivers consécutifs afin de mieux mesurer l’impact de la grippe espagnole sur la population et les troupes alliées.
ème
Relevé du mois de février 1919, alors que sévit la 3 vague de la grippe
espagnole, des malades admis à la 7th Field Ambulance de Mont-surMarchienne et évacués ensuite vers une CCS de Charleroi.
Dates
01.02.1919
02.02.1919
03.02.1919
04.02.1919
05.02.1919
06.02.1919
07.02.1919
08.02.1919
09.02.1919
10.02.1919
11.02.1919
12.02.1919
13.02.1919
14.02.1919
15.02.1919
16.02.1919
17.02.1919
18.02.1919
19.02.1919
20.02.1919
21.02.1919
22.02.1919
23.02.1919
24.02.1919
25.02.1919
26.02.1919
27.02.1919
28.02.1919
Admis malades
9
13
8
11
9
11
5
14
6
17
11
13
9
10
18
14
7
13
9
16
6
8
18
12
12
5
12
Hôpital repris
Evacués vers une CCS
9
4
8
10
12
12
6
18
11
17
24
12
17
15
13
6
8
18
4
9
14
11
10
11
3
5
7
par la 5th F. Ambul.
A quelques exceptions près, les évacuations progressèrent entre le 4 et 24
février 1919.
01 mai 2014
(AWM, collections, First World War, Australian Army War Diaries, Medical, Dental,
and Nursing, 7th Australian Field Ambulance, 26/50/36, February 1919).
Notons, toutefois, que les hôpitaux militaires allemands durant la guerre jusqu’en novembre 1918 ainsi que les
hôpitaux de l’armée britannique, de novembre 1918 à la fin de 1919, furent établis à Charleroi. Ceci explique
donc la raison pour laquelle les décès des soldats allemands ou alliés furent enregistrés à l’Etat-civil carolorégien, à quelques rares exceptions près. Généralement, les décès des soldats britanniques étaient déclarés un ou
deux jours après la mort dans un des hôpitaux militaires.
Les militaires, victimes d’accidents, étaient transportés, blessés ou morts, à l’hôpital. Chaque cas faisait l’objet
d’une enquête approfondie, voire d’une autopsie, pour faire la lumière sur les causes exactes de l’accident afin
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P a g e | 58
d’examiner la responsabilité du soldat, toujours en activité de service, et auquel une pension pouvait être accordée ou non.
Pour une meilleure lisibilité du graphique sur Charleroi, nous avons volontairement écarté les décès de prisonniers de guerre (sauf les Australiens), avant et après l’Armistice.
En novembre 1918, la population de Charleroi comptait 27.827 habitants [49] tandis 21.635 habitants étaient
recensés à Marchienne-au-Pont et 9.180 à Mont-sur-Marchienne en 1910 [50].
Marchienne-au-Pont
Décès civils
120
100
80
60
40
20
0
octobre
novembre
décembre
janvier
février
mars
avril
mai
juin
juillet
août
septembre
octobre
novembre
décembre
janvier
février
mars
avril
mai
juin
juillet
août
septembre
octobre
novembre
décembre
janvier
février
mars
avril
Décès civils
1916
1917
1918
1919
Mont-sur-Marchienne
35
30
25
20
Décès civils
sold.allem
15
10
01 mai 2014
0
octobre
novembre
décembre
janvier
février
mars
avril
mai
juin
juillet
août
septembre
octobre
novembre
décembre
janvier
février
mars
avril
mai
juin
juillet
août
septembre
octobre
novembre
décembre
janvier
février
mars
avril
5
1916
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1917
1918
1919
P a g e | 59
Charleroi
300
250
Décès civils
Allemands
Anglais
Australiens
Canadiens
Néo-Zéland
200
150
100
50
octobre
novembre
décembre
janvier
février
mars
avril
mai
juin
juillet
août
septembre
octobre
novembre
décembre
janvier
février
mars
avril
mai
juin
juillet
août
septembre
octobre
novembre
décembre
janvier
février
mars
avril
0
1916
1917
1918
1919
La comparaison entre les trois graphiques révèle une hausse très nette des décès en octobre 1918 correspondant à la seconde attaque de la grippe espagnole après une première offensive au printemps. Toutefois, nous
observons qu’à Mont-sur-Marchienne, le nombre de décès s’est accru au mois de novembre alors qu’il diminuait
à Marchienne et Charleroi.
01 mai 2014
Pour
ce
mois
d’octobre,
le
chiffre des décès
de soldats allemands est assez
impressionnant car
il s’élève à 274. Les
soldats
étaient
amenés dans les
lazarets (hôpitaux)
carolorégiens situés dans les locaux du Collège du
Sacré-Cœur et de
l’Université
du
Travail ainsi qu’à
l’Hôpital civil.
Les décès, parmi la
population civile,
s’élevèrent respectivement à 137
pour Charleroi, à
101 pour Mar-
La mortalité à Charleroi, en 1917 et 1918, mérite quelques explications supplémentaires.
Concernant l’année 1917, outre les décès de prisonniers de guerre de plusieurs nationalités, notre attention fut attirée par des décès, souvent de personnes âgées et
d’enfants en bas âge, originaires de Saint- Quentin. Les décès enregistrés se produisirent, à partir du mois de mars jusqu’au mois de décembre 1917, dans les hôpitaux du
boulevard Janson et de la rue de la Digue.
En effet, la construction de la ligne Hindenburg à peine terminée, les autorités allemandes avaient ordonné le déplacement des habitants des villes proches de la zone
des combats, dont Saint- Quentin, vers la Belgique ou le Nord-est de la France
(http://memchau.free.fr/victimes_oubliees). L’évacuation de la population commença
en février 1917 dans des conditions climatiques particulièrement rigoureuses et
éprouvantes.
A la gare du Sud de Charleroi, située sur le trajet de lignes de chemin de fer reliant le
Nord de la France à l’Allemagne, des prisonniers blessés ou malades ainsi que les personnes déplacées dont l’état nécessitait des soins, étaient débarqués pour être transportés ensuite ans un des hôpitaux de la ville.
En 1918, sur 110 personnes décédées, 31 ont perdu la vie dans la nuit du 9 au 10 novembre lors du bombardement, par l’aviation anglaise, des voies ferrées à Charleroi*.
Selon un A.R. du 17 juillet 1918, ces victimes avaient droit à la mention de « Mort pour
la Belgique ».
(AWM, collections, First World War, Australian War Diaries, Formation Headquarters, General
Staff, Headquarters 4th Army, november 1918, 1/14/13).
www.clystere.com / n° 30.
P a g e | 60
chienne et à 23 pour Mont-sur-Marchienne. Trente morts furent déclarés le mois suivant dans cette dernière
localité.
Une troisième vague de la grippe sévit au cours de l’hiver 1918/1919 et, au mois de février 1919, la mortalité
repartit à la hausse sans atteindre, toutefois, celle d’octobre 1918. A Marchienne, 52 décès furent enregistrés et
24 à Mont-sur-Marchienne. A Charleroi, le registre d’Etat-civil témoigne du décès de 58 civils, de 65 soldats
anglais, de 46 soldats australiens et de 9 soldats canadiens.
Une des caractéristiques principales de la grippe espagnole, mises à part ses complications broncho- pulmonaires, tint dans le fait qu’elle faucha plus particulièrement la tranche d’âge de jeunes de 20 à 35 ans.
Liste de soldats australiens décédés de la grippe espagnole et de broncho-pneumonie en
Entre- Sambre- et- Meuse en 1919.
Pour établir la liste, nous avons consulté la base de données du site de la Commonwealth War Graves Commission et vérifié, ensuite, les causes exactes des décès dans les dossiers militaires et les certificats établis par les
médecins militaires conservés dans une farde « Grippe espagnole » aux Archives de la Ville de Charleroi.
01 mai 2014
CHARLEROI
AITKEN William
5th Field Coy Australian Engineers
Sapper
30.01.1919
ARTHUR David William
57th Bn. Australian
Infantry
Private
18.02.1919
BANKS James Oliver
2nd Div. Ammunition
Col. Australian Field
Artillery
Gunner
20.01.1919
BANKS Kenneth
George
7th Bn.Australian
Infantry
Lieutenant
03.03.1919
BARBER Herbert
Arthur
1st Bn.Australian
Infantry
Private
21.02.1919
BARR James William
Bozeir
2nd Bn.Australian
Machine gun
Private
12.02.1919
BEAUMONT Henry
2 Coy australian
Tunnelling Corps
nd
Sapper
26.02.1919
BLENKINSOP Michael
Arthur
2 Div.Train Australian Army Service
Corps
nd
Corporal
26.02.1919
BOWERS Harry
16th Bn.Australian
Infantry
Private
21.02.1919
BOWLBY George
26th Bn.Australian
Infantry
Private
01.02.1919
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01 mai 2014
P a g e | 61
BRADLEY Hugh
Australian Army
Medical Corps
Private
02.02.1919
BROWN Stanley
13th Bn.Australian
Infantry
Driver
21.02.1919
CHEWINGS Harold
Thomas
59th Bn.Australian
Infantry
Private
10.03.1919
COLLINGE Robert
4th Div.Mechanical
Transport Coy.
Australian Army
Service Corps
Driver
01.03.1919
COOK William
1st Div.Signal Coy.
Australian Engineers
Driver
01.03.1919
CREBER William
James Worth
23rd ou 28th
Bn.Australian Infantry
Private
19.02.1919
CROWE Arthur Albert
1st Coy. Australian
Machine Gun Corps
Lance Corporal
19.02.1919
DAY John Charles
(served as ANDERSON)
33rd Bn. Australain
Infantry
Private
12.03.1919
DICKSON Thomas
Grant
3rd Sqdn Australian
Flying Corps
Air Mechanic 1st
Class
04.03.1919
DINHAM-PEREN
Burchall
Australian Engineers
Sapper
04.03.1919
DOALMAN William
Francis
4th Field Coy. Australian Engineers
Lance Corporal
16.02.1919
DUSCHKE William
Arthur Oliver
6th Bn. Australian
Infantry
Private
15.02.1919
ETHERIDGE Cyril
6th Field
Coy.Australian Engineers
Sapper
11.02.1919
FERGUSSON Edward
Charles
48th Bn. Australian
Infantry
Lance Corporal
06.02.1919
FERRICKS Austin
Francis
1st Coy. Australian
Machine Gun Corps
Corporal
21.03.1919
FINCHAM Charles
William Vacher
2nd Mechanical
Transport Coy.
Corporal
18.02.1919
Australian Army
Service Corps
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P a g e | 62
FORREST Charles
Australian Army
Service Corps
Driver
15.02.1919
FORREST Henry Becher
1st Div. Signal Coy.
Australian Engineers
Sapper
11.02.1919
GIBSON Joseph Lobb
1st Div.Signal Coy.
Sapper
26.02.1919
Australian Engineers
GREENWOOD William
1st Bn. Australian
Pioneers
Private
15.02.1919
HALL Henry James
William
HARPER Arthur
James
ILSLEY John
12th Bn. Australian
Infantry
10th Bde Australian
Field Artillery
1st Signal
Coy.Australian Engineers
1st Australian Pioneers
1st Bn Australian
Infantry
10th Bn Australian
Infantry
1st australian Field
Artillery
4th Bn Australian
Machine Gun Corps
4th Bde Australian
Field Artillery
Australian Army
Postal Corps
2nd Australian Pioneers
1st Coy.Australian
Tunnelling Corps
Australian Field
Artillery
26th Bn Australian
Infantry
1st Coy Australian
Tunneling Corps
Private
03 .02.1919
Bombardier
27.02.1919
Sapper
04.02.1919
Private
04 .02.1919
Corporal
17.02.1919
Private
03.02.1919
Gunner
12.03.1919
Private
19.01.1919
Driver
17.02.1919
Private
16.02.1919
Lance Corporal
05.02.1919
Sapper
08.02.1919
Driver
11.02.1919
Private
23.02.1919
Sapper
13.02.1919
MOORE Richard
Percy
MORTON William
Andrew
9th Bn Australian
Infantry
5th Div.Signal Coy
Australian Engineers
Private
21.02.1919
Sapper
15.02 .1919
NOONAN John Thomas
O’ CONNOR James
1st Bn Australian
Infantry
7th Bn australian
Infantry
24th Bn Australian
Infantry
1st Coy Australian
Tunneling Corps
1st BN Australian
Machine Gun Corps
16th Bn Australian
Infantry
1st australian Pioneers
Private
08.02.1919
Private
08.02.1919
Private
13.01.1919
Sapper
24.02.1919
Private
07.01.1919
Private
10.01.1919
Private
03 .02.1919
JOHNSEN Harry
KNOTT Samuel Stewart
LARKIN John Arthur
LARSEN Harry Edwin
LEYSLEY Frederick
Roy
Mc KAY George
Angus
MATTEWS Horace
MATTEWS Rupert
Theodore
Mc CROHON Henry
Louis
McDONALD D.James
Mc LEAN Alexander
01 mai 2014
MOODY Joseph
O’SULLIVAN Justin
Matthew
PALMER Oscar
PARSONS James
PEACOCK Bertie
Henry
PEMBERTON Bertie
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P a g e | 63
PERKINS Harold
Claude Albert
4th Div. Mechanical
Transport Coy Australian Army Service
Corps
6th Australian Field
Artillery Bde
Australian Gravces
Service
2nd Australian Division
Driver
26.02.1919
Driver
12.02.1919
Driver
18.04.1919
Gunner
30.01 .1919
26th Bn Australian
Infantry
2nd Australian Pioneers
4th Bde Australian
Field Artillery
1st Coy Australian
Tunneling Corps
7th Bn Australian
Infantry
48th Bn Australian
Infantry
Australian Flying
Corps
2nd H.Q. Australian
Division
1st Australian Pioneers
11th Bn Australian
Infantry
4th Bde Australian
Field Artillery
2nd Bn Australian
Machine Gun Corps
Private
18.03.1919
Private
08.02.1919
Sergeant
26.02 .1919
Sapper
06.02.1919
Private
04.02.1919
Private
29.12 .1919
Air Mechanic 2nd
Class
Private
19.02.1919
Private
11.02.1919
Private
15.02 .1919
Bombardier
13.02.1919
Private
14 .02.1919
ABBOTT Samuel
56th Bn Australian
Infantry
Private
16.03.1919
BUCKLAND William
Edward
8th Field Ambulance
Private
01.05.1919
CARSON Harold
Knight
2nd Div.
H.Q.Australian Provost Corps
Lance Corporal
05.04.1919
RUTT Edward Mark
50th Bn Australian
Infantry
Private
14.03.1919
BROWNE William
Thomas
48th Bn Australian
Infantry
Private
15.02.1919
HOLLWAY Evean
Thomas
11th Bde Australian
Field Artillery
Gunner
18.02.1919
LUCAS Bertie Oscar
48th Bn Australian
Infantry
Private
06.02.1919
PRICE Reginald
James
QUINN Trevor
RICHMAN Frederick
(served as RICHMOND)
ROBINSON George
William
ROSS William
SEALE Milton Harry
SPEIR James
TAYLOR George
Edward
TONKIN John James
TOOLE John Henry
TOUGH Francis
Robert
WADDELL James
Stephen
WALKER John Eardley
WARE Ernest Ivan
WHITE William John
MARCINELLE
01 mai 2014
BELGRADE
www.clystere.com / n° 30.
20.02.1919
Australian Army
Medical Corps
P a g e | 64
SUHARD Keith Raoul
Jack
48th Bn Australian
Infantry
Private
13.02.1919
En parcourant les états de service des soldats, nous avons constaté qu’un certain nombre d’entre eux développaient la maladie après leur retour de permission en Grande-Bretagne.
Autres causes de décès parmi les troupes australiennes
Cimetières
Noms
Unités
Rangs
Dates des
décès
Causes de la mort
d’après les états de
service
CHARLEROI
BIRD Henry*
48th Bn Australian
Infantry
Private
14.04.1917
Wounds received in
action and died whilst
being conveyed in train
to Kreigs Lazaret at
Charleroi
*P.O.W.
Fait prisonnier le
11/4/17 à Riencourt
Prisonnier de
guerre
(1ère bataille de
Bullecourt)
*P.O.W.
Prisonnier de
guerre
*P.O.W.
Prisonnier de
guerre
GLASSCOCK
George William*
13th Australian
Light Horse
Trooper
01.12.1918
Died of influenza at
Charleroi
TRESTRAIL Alfred
Bertram*
16th Bn Australian
Infantry
Private
14.04.1917
Died at Kriegs Lazaret
at Charleroi
Fait prisonnier le
11/4/17 à Riencourt
BELGRADE
STEWART John*
Australian Machine
Gun Corps
Lance Corporal
18.11.1918
Died of influenza whilst
prisonar at Namur
Military Hospital
NIVELLES
Mc NEIL Donald
Cleveland*
22nd Bn
Private
28.11.1918
Died of inflenza
Australian Infantry
Previous repatried
Prisonar of war Germany
DONLEN Owen
Joseph
01 mai 2014
DINANT
www.clystere.com / n° 30.
49th Bn Australian
Infantry
Private
22.12.1918
Drowned accidentally
in the river Meuse at
Bouvignes
P a g e | 65
MORVILLE
ASKEW
Alfred William
CHARLEROI
ABRAMOVITCH
Perez Othniel
ANDREASSEN
01 mai 2014
Staff Sergeant
(Mechanic)
25.12.1918
Accidentally killed by
electrocution, fracture
skull result of accidental fall
2nd Div. Signal Coy
Australian Engineers
Sapper
12.02.1919
Multiple injuries railway accident
nd
*Version de la Gazette
de Charleroi du
13.02.1919, p.1 Accident de tram : emporté
par des wagons qui
dévalaient car il n’y
avait plus de freins.
2 Australian Machine Gun Bn
Private
17.03.1919
Concussion brain after
accidentally injured at
Thuin
HAYDON Thomas
Reuben
1st Div.Ammunition
Col.Australian Field
Artillery
Gunner
06.02.1919
Asphyxiation by coal
gas (Bismes)
MERCER Charles
William
13th Bn Australian
Infantry
Private
08.02.1919
Injured with negligence- Compound
fracture leg
ROSE Sidney Frederick
1st Div. Ammunition
Col. Australian Field
Artillery
Gunner
06.02.1919
Asphyxiation by coal
gas (Biesmes)
STAFFORd Percy
George
48th Bn Australian
Infantry
Private
26.02.1919
Killed whilst resisting
arrest after absence
without leave
Found drowned by 20th
Casualty Clearing Station
Accidently killed –train
accident near Charleroi
station
Andrew
MARCINELLE
4th Mechanical
Transport Coy
BECK Stanley Apsley
1st Australian
Machine Gun Corps
Private
20.05.1919
DANAHER Michael
Timothy
58th Bn Australian
Infantry
2nd Lieutenant
11.04.1919
GAULEY
Driver
19.04.1919
Kenneth William
4th Mechanical
Transport Coy
Australian Army
Service Corps
Accidently killed –train
accident near Charleroi
station
HAINS Clarence
Cecil
Australian Army
Medical Corps
Captain
14.04.1919
Accidentally killed by an
ammunition explosion
and received injuries
(shell wound in head) at
Gougnies
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HENDERSON Robert
Clifton
Australian Army
Ordnance Corps
Sub-conductor
04.05.1919
PARRY Richard
Walter
13th Field Coy
Australian Engenners
nd
2 Div. Ammunition Col. Australian
Field Artillery
7th Bde Australian
Field Artillery
Australian
Army
Ordnance Corps
23rd Bn Australian
Infantry
Corporal
26.04.1919
Gunner
12.04.1919
Died of gunshot wound
chest penetrating
Gunner
20.04.1919
Corporal
10.04.1919
Lieutenant
28.12.1918
Accidental injuried- died
of burns
Died of compound
fracture femur
Killed whilst extracting
a detonator from a
German nose cap
PHYFFERS Arthur
Theodore (served
as COTTER)
SAVAGE Frederick
THOMSON Fred
Died of injuries which
could have been the
result of a fall
Gastro-enteritis
NALINNES Reburied at CEMENT
HOUSE
(Flanders)
CHATELET
Reburied at
TOURNAI in May
1930
SUMMERS Walter
Olveston
CAMPBELL Robert
12th Bn
Australian Infantry
Private
18.12.1918
Died from self inflicted
wounds
TOURNAI
JOHNSON William
Wilfred
9th Bn
Australian Infantry
Private
09.05 .1919
LA LOUVIERE
HUTTON George
Harrisson
PENNY Robert
Frederick
Australian Army
Service Corps
13th Australian
Light Horse
Driver
23.04.1919
Squadron
Quatermaster
Sergeant
26.12.1918
Died of accidental injuries caused by fall from
train
Killed by a fall from
train at Godarville
Acute heart failure
failure after an overdose of alcohol
HANTES WIHERIES
01 mai 2014
Pendant la guerre, des
cimetières se développèrent près des hôpitaux, à
l’arrière du front. Les soldats de l’armée britannique décédés dans une
des Casualty Clearing
Station de Charleroi furent enterrés au cimetière
communal de CharleroiNord ainsi qu’au cimetière
de Marcinelle.
Figure 4 : Deux tombes de soldats inhumés dans le carré militaire du cimetière de Charleroi- Nord réservé à la Commonwealth War Graves Commission. Le soldat Bowlby du 26th
Bn est mort, terrassé par la grippe espagnole tandis que Stafford du 48th Bn fut tué, dans
un établissement peu recommandable de Charleroi, par deux officiers alors qu’il tentait
de résister à son arrestation pour absence sans permission de longue durée. Nonobstant
les circonstances de sa mort, il eut cependant la même sépulture que les autres Diggers.
(Photos Claire Dujardin).
www.clystere.com / n° 30.
Nous ignorons pour quelle
raison 14 soldats australiens furent inhumés à
Marcinelle. Tous, excepté
un cas, ont été victimes
d’un accident. Dans un
premier temps, une simple
croix en bois, portant le
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nom et l’unité du militaire, marquait l’emplacement de la sépulture. Des tombes isolées furent transférées dans des cimetières plus importants. Après le départ officiel des troupes australiennes, une
section spéciale fut chargée de la construction des mémoriaux, de remplacer les croix de bois par des
pierres tombales blanches sur lesquelles le « rising sun » était gravé et de prendre des photos de la
sépulture pour les envoyer à la famille du défunt. Dans un souci d’égalité, tous les militaires, officiers
ou simples soldats, recevaient la même stèle funéraire. Les travaux durèrent pendant quelques années après la guerre.
01 mai 2014
Références :
1- Etablissement prophylactique.
2- LE NAOUR (J-Y.), Misères et tourments de la chair durant la Grande Guerre. Les mœurs sexuelles des Français 1914-1918, éd. Aubier, Paris, 2002, pp.127-131.
3- Ces trousses furent distribuées dans les armées des dominions (Australie, Nouvelle-Zélande, Canada) dès
1916 avant que le War Office ne donne son accord pour son introduction dans l’armée britannique.
LEVINE (Ph.), Prostitution, race and politics : policing venereal disease in the British Empire, New York, NY,
Routledge, 2003, p.148.
4- Chlorure mercureux à usage médical pour les traitements dermatologiques.
5- Diluées dans l’eau, elles permettaient d’obtenir une solution désinfectante.
6- AWM 41 894, Inter-departemental committee on infectious diseases in connection with demobilisation. Note
by the Chairman of the committee (the Hon. Waldorf Astor, M.P. on « Prophylaxis against venereal disease »,
London, His Majesty’s stationery office, 1919. LEVINE (Ph.), o.c.pp. 148, 153.
7- AWM, collections, First World War, Australian Army War Diaries, Assistant Director of Medical Services,
2nd Australian Division, 26/19/36, December 1918.
8- Commandant Assistant Director Medical Services de la 2nd Australian Division.
AWM, collections, First World War, Australian Army War Diaries, Assistant Director of Medical Services, 2nd
Australian Division, 26/19/36, December 1918, appendix 2.
BUTLER (A.G.),Official History of the Australian Army Medical Services,1914-1918,vol.III « Special problems
and Services », 1st edition, 1943,pp.183-184. http://www.awm.gov.au
10- AWM, collections, First World War, Australian Army War Diaries, Assistant Director of Medical Services
2nd Australian Division, 26/19/36, December 1918, appendix 4.
11- AWM, collections, First World War, Australian Army War Diaries, Assistant Director of Medical Service,
2nd Australian Division, 26/19/38, March 1919.
12- AWM, collections, First World War, Australian Army War Diaries, Assistant Director of Medical Services
2nd Australian Division, 26/19/36, December 1918.
13- AWM, collections, First World War, Australian Army War Diaries, 13th Infantry Battalion, 23/30/51,
January 1919, appendix 14 et 27th Infantry Battalion, 23/44/40, December 1918, appendix 21.
14- AWM, collections, First World War, Australian Army War Diaries, Assistant Director of Medical Services,
2nd Australian Division, 26/19/38, February 1919.
15- La Gazette de Charleroi du 4 mars 1919, p.3.
16- Gazette de Charleroi du 28 février 1919, p.2
17- Carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, 1914-1918, Paris, éd. La Découverte, 2003, p.416.
18- Journal Cairns Post (Qld. : 1909- 1954), 14 September 1916, p.3.
19- Melbourne, Vic. : 1848- 1954), 22 July 1916, p. 6.
20- West Australian (Perth, WA. : 1879- 1954), 12 February 1916, p.7.
21- Journal Barrier Miner (Broken Hill, NSW. : 1888- 1954), 4 August 1916, p. 1.
22- Ses états de service peuvent être consultés sur le site suivant http:// www.naa.gov.au
23- http://WWW.penrithcity.nsw.gov.au. STANLEY (P.), Bad characters. Sex, Crime, Mutiny, Murder and the
Australian Imperial Force, ed. Murdoch Books, Australia, 2010,pp.218-219
www.clystere.com / n° 30.
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24- AWM, collections, First World War, Australian Army War Diaries, 48th Australian Infantry, 23/65/37, February 1919.
25- AWM, collections, First World War, Australian Army War Diaries, Assistant Director of Medical Services, 2nd
Australian Division, 26/19/36, December 1918.
26- Percy Smythe Diary. http://www.smythe.id.au
27- BUTLER (A.G.), o. c. pp.183-184. http://www.awm.gov.au
28- LARCAN (A.), FERRANDIS (J-J.), Le service de santé aux armées pendant la Première Guerre mondiale, éd.
LBM, Paris, 2008, pp.460-462.
29- WINTER (J.), La grippe espagnole, dans l’Encyclopédie de la Grande Guerre sous la direction de AUDOUINROUZEAU (S.), Bayard, Paris, 2004, p.944.
30- Nous avons trouvé cette autre explication pour la grippe dite « espagnole ».En 1889, l’Espagne connut une
épidémie de grippe qui avait causé la mort de 200.000 personnes. Il se pourrait qu’on ait fait référence à cet
événement. L’Histoire, éd. Seuil, Paris, novembre 2003, n°281, pp. 82, 83.
31- L’Histoire, éd. Seuil, Paris, novembre 2003, n°281, p. 82.
32- AWM, collections, First World War, Australian Army War Diaries, 27th Infantry Battalion, 23/44/42,
February 1919, Appendix 28.
33- Les médecins militaires australiens ont utilisé en plus de ces substances un « médicament » sans doute plus
agréable au gout… « Du brandy a été employé assez librement et apparemment avec profit ». AWM,
collections, First World War, Australian Army War Diaries, 3rd Australian Casualty Clearing Station,
26/64/29, February 1919, appendix 3 Medical Report.
34- AWM, collections, First World War, Australian Army War Diaries, 49th Infantry Battalion, 23/66/33,
February 1919 et 27th Infantry Battalion, 23/44/42, February 1919, Appendix 28.
35- http://www.nzhistory.net.nz
36- Une « Field Ambulance » pouvait accueillir 50 patients. La 7th Field Ambulance fut aménagée à Mont-surMarchienne. AWM, collections, First World War, Australian Army War Diaries, Assistant Director of Medical
Services, 2nd Australian Division, 26/19/36, December 1918.
37- AWM, collections, First World War, Australian Army War Diaries, 27th Infantry Battalion, 23/44/42,
February 1919, Appendix 28.
38- AWM, collections, First World War, Australian Army War Diaries, 48th Infantry Battalion, 23/65/3, February 1919, Appendix Medical Report, 26th Infantry Battalion, 23/43/41, December 1918 et 7th Infantry Battalion, 23/24/49, March 1919.
39- La Gazette de Charleroi du 31 janvier 1919, p.1.
40- La 20th C.C.S. fonctionna du 23.11.1918 au 27.08.1919, la 55th C.C .S. du 08.12.1918 au 03.05.1919 et du
27.08.1919 au 14.11.1919. http://www.vlib.us
41- AWM, collections, First World War, Australian Army War Diaries, 14th Infantry Brigade, 23/14/36,
March 1919.
42- AWM, collections, First World War, Australian Army War Diaries, 6th Brigade, 23/6/42, February1919.
43- AWM, collections, First World War, Australian Army War Diaries, 56th Infantry Battalion 23/14/36
March 1919.
44- AWM, collections, First World War, Australian Army War Diaries, 56th Infantry Battalion, 23/14/36,
March 1919 et 17th Infantry Battalion, 23/34/43, April 1919.
45- Carnets d’Alexander Mactaggart, 2nd Light Trench Mortar Battery.
46- Mc CRACKEN (K), CURSON (P.), The Spanish influenza pandemic of 1918-19 : new perspectives, p.110.
http://www.jstor.org
47- Wartime, April 2009, issue 45, pp.22-25.
48- BEAN (C.E.W.), Anzac to amiens, o.c. p.519.
49- HASQUIN (R.P.), Charleroi, An 2000, Des rires et des larmes, éd. Scaillet, 2000, p.54.
50- H. HASQUIN : Charleroi 1911-2011 article, éd. à l’initiative de la Ville de Charleroi, p 31.
Toute référence à cet article doit préciser :
Dujardin C. : L’Australian Imperial Force (AIF) face aux maladies vénériennes et à la grippe espagnole lors de son
cantonnement en 1918/19 dans la région de Charleroi en Belgique. Clystère (www.clystere.com), n° 30, 2014.
www.clystere.com / n° 30.
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EN MUSARDANT SUR LA TOILE
Les hôpitaux en France et en Angleterre du corps expéditionnaire américain
http://www.worldwar1.com/dbc/basehosp.htm
THE ARMY VETERINARY SERVICE DURING THE GREAT WAR, WW1
http://freepages.genealogy.rootsweb.ancestry.com/~gregkrenzelok/veterinary%20corp%20in%20ww1/veterin
ary%20corp%20in%20ww1.html
avec des liens vers le service vétérinaire des armées anglaise, allemande et française.
Quelques liens vers british Pathé qui propose près de 90000 films numérisés. Quelques exemples de prothèses
qui pourraient plaire à Jacques Voinot même si elles ne sont pas lyonnaises :
http://www.britishpathe.com/video/artificial-arms
http://www.britishpathe.com/video/amputees-learn-to-use-artificial-limbs
http://www.britishpathe.com/video/war-veterans-leg-brace
01 mai 2014
Bernard Petidant.
Prochain numéro :
1er Juin 2014
www.clystere.com / n° 30.