"Certains jours j`ai rêvé d`une gomme à effacer l`immondice humaine
Transcription
"Certains jours j`ai rêvé d`une gomme à effacer l`immondice humaine
"Certains jours j'ai rêvé d'une gomme à effacer l'immondice humaine" Louis Aragon. Il me semble que cette phrase illustre parfaitement ce que je ressens depuis trois jours. J'aimerais bien que cette gomme existe, mais je me dis que si elle existait, le simple geste d'effacer l'immondice humaine voudrait dire exterminer l’espèce humaine. Les attentats réalisés le 13 novembre à Paris sont des crimes plus que regrettables et je ne peux que ressentir de la tristesse, je ne peux que dire que je suis de tout cœur avec les familles des victimes. Et pourtant, je ressens plus de colère que de tristesse. Oui, je suis énervée, je suis déçue, et j'en ai marre. Dans quel monde vivons-nous? Dans quel monde horrible est-il possible de tuer autant de personnes avec une telle facilité? Et l'erreur serait de se concentrer sur Paris. Bien que je sois triste pour les Français, je suis d'autant plus en colère avec les terroristes, avec les dictateurs, avec les narcotrafiquants, avec les politiciens corrompus, avec les juges achetés, les assassins, les voleurs, les violeurs. Avec les médias qui nous mentent et nous montrent une infime partie de ce qui se passe dans le monde. Dépitée parce que dans ce monde le mal semble dominer. Le mal gagne, et je ne suis pas pessimiste. Je pleure les Mexicains, les Français, les Syriens, les Libanais, les Iraniens, les Venezuéliens, les Palestiniens, les Soudanais et tous les autres. Je pleure l'homme. L'homme résidant dans la zone grise. L'homme mauvais, l'homme bon, qui aime, qui haït, qui s'énerve, qui se trompe, qui est indécis, qui doute. Je pleure parce que l'homme est capable de tuer l'homme, sans scrupules, sans remords. Mais ça suffit de pleurer, ne pleurons pas longtemps parce qu'au final pleurer ne résout pas grand-chose. Agir serait une solution, mais on se demande: que faire? Comment lutter contre ces gens? Ces idées? Ces grands gouffres idéologiques semblent infranchissables et pourtant... Pourtant notre bataille réside dans la zone grise, parce que l'homme n'est ni blanc ni noir. Quelques-uns disent que notre bataille est celle de tous les jours: ne pas mentir, ne pas voler, ne pas blesser, ne pas faire du mal, si insignifiant nous semble-t-il. Parce que de là tout découle, et ce n'est pas au nom d'Allah, de Dieu, de Bouddha, de Krishna qu'on fait le mal, c'est au nom de nous-mêmes parce que le mal est en nous. Il ne faut pas qu'il gagne. Aujourd'hui il ne suffit de ne pas faire le mal. Il faut vivre notre vie sans remords, sans regrets. Il faut vivre, aimer, pleurer, rire, tomber, se relever, faire des erreurs, les réparer, apprendre, partager, créer. Il ne faut pas avoir peur. Il faut vivre pour ceux qui ne peuvent pas vivre. Vivre pour ceux qui ne vivent plus et honorer leur mémoire en vivant pleinement: remplir nos poumons d'air, sourire et faire face à ce mal qui bouffe l'homme. Cet horrible monstre que l'on peut et l'on doit vaincre. Parce que je suis grise, parce que je peux être capable de faire n'importe quoi, mais je choisis. Parce que je choisis de prendre un crayon à papier au lieu d'une gomme et de redessiner le monde avec mes actions. Fandilla Furlan Gaona – Terminale S3