Hors-série Les Signaux Numériques 2016

Transcription

Hors-série Les Signaux Numériques 2016
Hors série AEC
l’agence
aquitaine
du numérique
Édito
L’agence AEC est très heureuse de présenter son dossier hors-série AEC « Les Signaux Numériques 2016 »
réalisé dans la dynamique de la conférence annuelle dédiée à la veille et à la prospective numérique…
Une volonté de la part de l’agence aquitaine du numérique d’offrir aux participants une photographie de
nos sélections de sujets technologiques, économiques et sociaux qui font de 2016 et des temps à venir, des
terrains de jeu nouvelle génération, tant dans les usages que dans nos modes d’organisation.
Excellente lecture,
L’équipe AEC
Sommaire
1. Les Signaux Numériques 2016
5
1 - Accélération
7
xx Intelligence artificielle
xx Le contenu immersif, le chainon manquant entre physique et virtuel
xx De l’internet des objets à l’internet des services
xx Blockchain : les disrupteurs disruptés
- Transition
13
xLicornes
x
ou poneys : le risque de bulle des startups
2 - Transformation
14
xx Mutations des formes du travail et du salariat
xx Tirer profit des nouvelles opportunités offertes par le numérique
xx Vers une transformation en profondeur du marché de l’emploi
2. Les dossiers & notes de veille AEC
19
Les dossiers de veille, notre expertise à la portée de tous :
1 - La FinTech pour l’Aquitaine, Octobre 2015
21
2 - Blockchain: un disrupteur né?, Décembre 2015
25
Les notes de veille, notre expertise en faveur des membres et partenaires AEC :
3 - Accélération dans l’accélération, Janvier 2016 31
4 - ImmoTech: l’immobilier en chantier, Février 2016
33
5 - Le messaging: l’instantanéité au service de la relation client, Mars 2016
35
6 - DeliverTech: la course à la livraison, Avril 2016
37
3. [AEC x ISIC] Perspectives numériques 39
1 - Synthèse de l’ouvrage « La société automatique. 1,
l’avenir du travail » par Bernard Stieglerr 41
2 - Consultation de l’ensemble des restitutions d’ouvrages 45
Les Signaux
Numériques 2016
Accélération & Transformation
La conférence annuelle d’AEC vous délivre les résultats d’une année de veille et d’analyse
des tendances mondiales du numérique. Les Signaux Numériques permettent ainsi d’anticiper à court et à moyen terme les futurs enjeux technologiques, sociétaux et territoriaux
impulsés par le numérique.
Nouveauté de cette année, AEC propose un format alternatif et complémentaire à la conférence à travers ce dossier documentaire comportant les sujets et signaux phares issus de
notre veille des six derniers mois. En considérant l’analyse des technologies, des usages
et des services actuels, cette nouvelle édition des Signaux Numériques est indéniablement
sous le signe de deux paradigmes, celui de l’accélération et de la transformation de nos
sociétés.
dossier de
l’agence
aquitaine
du numérique
n°3 / Mai 2016
LES SIGNAUX NUMÉRIQUES 2016
Lors des Signaux numériques 2015, les maitres mots ont été « immédiateté » et « fluidification », la société
marquait alors son entrée dans l’ère de l’« ubérisation ».
Economie des services à la demande, marchandisation des actifs privés, la conférence des Signaux numériques s’inscrit définitivement dans les mécaniques observées en 2015. Cependant, 2016, marque une accélération notoire dans l’usage des technologies et dans leur appréhension. Blockchain, intelligence artificielle,
réalité virtuelle et augmentée, mais aussi internet des objets traduisent ces évolutions, cette transformation.
A l’aube de ce nouvel âge technologique, quelle place pour l’Homme dans la conception des usages et services
de demain ? Quels sont les impacts des opportunités d’innovation engendrés par le numérique sur nos modes d’organisation ?
Pour aborder la question de cette mutation et répondre plus largement aux problématiques qu’elle génère,
AEC a pris le parti d’expliciter les tendances accélératrices et transformatrices puis d’aborder leurs effets sur
le marché du travail.
I ACCÉLÉRATION
En 1965, Gordon Moore, cofondateur d’Intel, publie un article
dans la revue Electronics magazine. Selon ses observations, la
puissance des microprocesseurs
double alors tous les ans et le
mouvement est bien parti pour
se poursuivre. Si elle se fait par
l’amélioration des composants,
l’accélération passe également
par la conception de logiciels et
de technologies innovantes, par
la création de business model
« disruptants ».
Aujourd’hui, tout le monde
semble s’accorder sur le fait que
les choses évoluent vite, voir
s’accélèrent. Cette tendance se
vérifie par l’activité du service
veille AEC. On a ainsi vu en une
dizaine d’année, un temps entre
la captation d’une tendance et
son déploiement, passer progressivement de 3 ans, puis 18
mois, pour finalement se réduire
aujourd’hui à 6 mois.
Un exemple récent est celui de
la Blockchain qui est passée du
statut de technologie « OVNI » à
celui de technologie la plus en
vogue de 2016 et ce, en l’espace
de 6 mois. Elle est aujourd’hui au
cœur des stratégies des acteurs
souhaitant travailler sur leur
transformation numérique.
Mais accélérer, c’est aussi
prendre un risque, celui de ne
pas voir les évolutions, de ne pas
les sentir. L’exemple le plus emblématique est celui de Kodak,
qui a vu arriver le numérique
mais pas su en évaluer le potentiel.
1 Intelligence Artificielle
On l’a vu dernièrement dans les
journaux, Tay, une intelligence
artificielle (IA) issue des laboratoires de Microsoft, sensée
apprendre de ses interactions
avec les humains a dérapé sur
Twitter. Programme à la base
conçu pour être la représentation d’une adolescente et manipulé par les internautes, il s’est
rapidement transformé en un
« nazi » en puissance, tenant des
propos racistes et conspirationnistes. Il a dû rapidement être
mis hors ligne.
Un service avec le soutien de 7
« Désolée de ne pas être à la hauteur de tes standards incroyablement irréalistes. Connard. »
Tay IA, Microsoft.
Si l’exemple a pu être perçu
comme un échec, il fait état, en
réalité, d’une incroyable avancée
technologique. Kevin Kelly, fondateur de Wired, en est persuadé, l’IA est l’avenir des sociétés
numériques et technologiques,
“La formule gagnante des 10.000
prochaines start-ups est simple,
prenez X et ajoutez IA “.
Au cœur des projets et des
préoccupations des startups
naissantes, l’IA est aussi l’un
des principaux domaines de
recherche des géants du Web.
Dernièrement, Facebook a développé une fonctionnalité permettant aux malvoyants, de
« visualiser » une image par une
intelligence artificielle capable
de lire les images. Skype translator, ili, ou encore Mediawen,
ont mis au point des solutions
de traduction instantanée. Désormais, la plupart des services
de messaging propose une interface de communication pour
dialoguer avec les marques, le
tout de manière automatique.
Les avancées en matière d’intelligence artificielle sont donc bien
présentes et palpables y compris
dans le quotidien de chacun. Certains verront dans cette technologie, une évolution destructrice
d’emploi : 3 millions d’emplois
seraient en effet en danger face
à une automatisation des tâches
en France.
8
De fait, les tâches mécaniques
et répétitives sont désormais robotisées, ou gérées par des “IA
d’assistance” qui entrainent en
conséquence un transfert des
métiers opérationnels vers des
métiers à plus forte valeur ajoutée. Des startups se sont montées sur ce créneau, proposant
des services d’assistance virtuelle, assistance en secrétariat
avec JulieDesk ou encore dans
le domaine de la conciergerie
avec le bordelais Wiidii. La société Jam, a quant à elle, créé un
agent conversationnel SMS destiné aux étudiants. Les créateurs
de Siri sont eux en train de développer le projet Viv, assistant
virtuel, qui a pour ambition de
nous accompagner dans la vie
de tous les jours. Dans un futur
proche, les intelligences artificielles interviendront également
dans le domaine des transports,
avec la généralisation des voitures autonomes, de la santé, de
l’éducation…
Même les tâches les plus créatives, qu’on imaginait à l’abri du
phénomène, sont désormais à sa
merci. C’est le cas dans le monde
du journalisme, offrant ainsi aux
médias une capacité de productivité inégalable. Des « bots »
sont en mesure aujourd’hui de
rédiger et de publier des articles
sur des évènements dans les secondes qui les suivent. Remarquons que les lecteurs
sont incapables de faire la distinction entre un article rédigé
par un journaliste ou par un robot. Ainsi, le Los Angeles Times a
pu diffuser le tout premier article
sur les tremblements de terre de
Los Angeles, dans la minute qui
a suivi les dernières secousses.
Si la dimension analytique est
pour le moment à peaufiner, on
peut parier qu’à la vitesse où
vont les choses, ça ne sera plus
le cas très prochainement. Des
plateformes de « génération
de langage naturel » sont mises
en place. Elles peuvent transformer des données brutes en
texte, mais elles ont également
la possibilité d’intégrer d’autres
types de contraintes : objectifs
de communication, le thème et
l’angle choisis, le style ou le ton.
En d’autres termes, tout le travail humain de veille, de mise en
exergue de l’information, de hiérarchisation de faits prioritaires
est automatisé jusqu’à la restitution d’un style donné. Aucun
homme ne peut rivaliser avec la
vitesse d’analyse et de production d’un robot. Pour exemple,
DreamWriter, un robot chinois, a
rédigé un article financier de 900
mots en 60 secondes, le tout à
un tarif de 7 dollars.
Dernièrement, AlphaGo, le programme développé par Google,
a démontré sa puissance en
battant le champion du monde
du jeu de Go, Lee Sedol, jeu
pourtant réputé pour sa difficulté. Même si pour le moment
il existe une différence symbolique entre l’homme de la machine, « l’homme sait qu’il a perdu, la machine ne sait pas qu’elle
a gagné… ».
2. Le contenu immersif, le chainon manquant entre
physique et virtuel
2015 a vu fleurir le format vidéo
360°, notamment rendu possible par la démocratisation des
casques de réalité virtuelle (VR)
de type cardboard. 2016 sera
l’année de la réalité virtuelle
et de la réalité augmentée, la
commercialisation du Rift, de la
société Oculus acquis par Facebook pour 2 milliards de dollars,
et les levées de fond record pour
Magic Leap, le confirment.
Les secteurs impactés par ces
technologies sont nombreux :
jeux vidéo, retransmission d’évènements en direct, divertissement vidéo, immobilier, distribution, santé, éducation, défense,
ingénierie…
Les nouvelles formes
de réalité au service
du divertissement
Dans le domaine du jeu vidéo, le
bordelais Asobo a récemment
été sélectionné pour réaliser
deux jeux en réalité augmentée
pour le compte de Microsoft et
son casque Hololens. L’équipe
de Steam, plus grand distributeur de jeux sur ordinateur,
a récemment intégré sur sa
plateforme un catalogue proposant plus de 180 jeux pour
les casques Vive (Valve et HTC)
et Rift (Oculus). Dans une vidéo,
la société présente des jeux qui
mêlent réalité et virtuel, en recréant des lieux dans lesquels
il est possible d’interagir avec
des objets physiques. Concept
également repris dans cette expérience présentée au festival
Sundance New fontier en janvier, permettant l’intégration de
plusieurs acteurs (voyageant ici
dans le temps), apportant ainsi
une dimension collaborative et
interactive. Sony reste dans la
course et entend proposer lui
aussi son casque, le « playstation VR » ainsi que 2 contrôleurs
à détection de mouvement.
Les casques de réalité virtuelle
cités ci-dessus ne sont pas accessibles à toutes les bourses,
puisqu’il faut compter, en
moyenne, entre 500 et 900 euros. En revanche, présenté en
2014, le « Google cardboard »
offre une première approche et
contribue à sensibiliser le public
à cette technologie, en permettant le visionnage de vidéos 360°
facilement et à prix abordables
(moins de 5 euros). Petites lunettes en carton ou modèles
en plastiques plus perfectionnés, elles fonctionnent avec un
smartphone. En plus de l’outil,
la démocratisation de ce type
de technologie passe également
par les médias. Facebook, avec
l’acquisition d’Oculus, envisage
de diffuser des contenus immersifs à son milliard d’utilisateurs.
Pour cela, il commence par de la
sensibilisation aux vidéos 360°
dans les fils d’actualités. ARTE,
toujours à la recherche d’innovations, lance des programmes
en 360° avec notamment un
documentaire sur l’écrivain de
sciences fictions Philippe K. Dick
diffusé en mars, ainsi qu’une
application. Le Huffington Post,
vient de s’offrir Ryot, afin d’intégrer au journal son savoir-faire
en termes de VR, quand le New
York Times propose déjà des
contenus et que la NBA a déjà
retransmis un match avec l’aide
de Next VR. Disney, via son programme Disney Accelerator, a
également financé Littlstar, qui
propose un large catalogue de
vidéos immersives ainsi qu’un
lecteur permettant de les visualiser depuis un navigateur ou un
smartphone. YouTube envisage
de retransmettre des évènements en 360°. En attendant,
ils ont mis en place une chaine
dédiée tout comme son homologue Dailymotion. Google a
mis en place en 2015 Spotlight
stories, une plateforme visant
à mettre en avant des créations
originales et interactives. Ne
souhaitant pas passer à côté de
ce phénomène, GoPro a également acquis Kolor, société française spécialisée dans l’imagerie
panoramique et l’assemblage de
vidéo 360°. Kolor Eyes est à la
fois leur suite applicative et une
plateforme de publication de vidéo 360°. La société a également
sorti le Gopro Omni, une caméra
dédiée à la VR, ainsi qu’une application mobile et un site dédié
à ces contenus.
Se projeter plus facilement...
un nouvel outil marketing
Le divertissement n’est pas
l’unique débouché de ces technologies. Le tourisme, en pleine
transformation numérique, s’en
empare. De fait, 51 % des Français seraient intéressés et 19 %
très intéressés par l’utilisation
de la réalité virtuelle pour choisir leurs futures vacances. Le
Club Med propose de vendre
son offre d’hiver au travers de la
réalité virtuelle et l’Oculus Rift.
La province canadienne de la
Colombie Britannique et la ville
de Vancouver promeuvent également leur territoire au travers
de cette même technologie et de
l’opération The Wild Withing VR
Experience. En France, c’est la
société Zooomez, qui propose
de valoriser des territoires via
des opérations de shooting photo en 360 et de leur visionnage
en cardboard.
Constructeurs, enseignes et
autres marques sont également
dans la course. Le secteur de
l’automobile n’en est pas absent.
Hyundai a sorti une application
de réalité augmentée afin de venir en aide aux propriétaires de
voitures en remplaçant le ma-
9
nuel d’utilisation par une application interactive. Volvo permet
à ses futurs clients de visualiser
leur véhicule via Hololens, tout
comme Audi via l’Oculus Rift.
Ikea a récemment introduit une
application de réalité augmentée
afin d’accompagner ses clients
dans la modélisation de leur cuisine. De fait, l’immobilier devrait
connaitre de grand changement
au travers de cette technologie,
permettant des visites à l’échelle
ou la modélisation de proposition architecturale, le tout sans
avoir à se déplacer.
Des perspectives
en matière de communication
et de formation
Si aujourd’hui les usages se limitent encore à une utilisation
marketing, Microsoft y voit un
potentiel outil de communication et a récemment dévoilé
son projet d’holoportation, ou
téléportation
holographique.
Dispositif de réalité augmentée
« jumeaux » permettant une interaction entre deux personnes
éloignées. Ambition partagée
par Facebook (et Occulus), qui
envisage à horizon 2025 de lancer son propre « téléporteur
virtuel », permettant de voyager partout, sans limite. Dans
la même veine, à l’occasion du
festival californien Coachella,
YouTube a dévoilé une nouvelle
fonctionnalité, la diffusion de
vidéos live en 360°, qui le positionne également dans cette
lignée de la « téléportation » virtuelle.
Le monde de la formation est
également impacté par cette
nouvelle technologie. Déjà, le
Docteur Ahmed Shafi, co-fondateur, d’une clinique qui utilise
la réalité virtuelle et la réalité
augmentée dans le domaine
médical, a réalisé une intervention chirurgicale entièrement
filmée en 360° et retransmise
(avec un léger décalage), afin que
tous les chirurgiens de la planète
puissent la suivre à l’aide de lunettes de réalité virtuelle. Cette
pratique annonce un renouveau
de la formation à distance et des
méthodes de travail.
3. De l’internet des objets vers l’internet des services
La santé par l’objet
Le CES Las Vegas 2016 aura été
marqué par une recrudescence
des objets connectés. Plus de
110 fabricants proposaient des
trackers d’activités pour le bien
être. Selon Uwe Diegel à la tête
de iHealth Labs en Europe, cette
tendance n’est pas pérenne. Ces
objets ont une durée de vie dans
leurs usages plus que relative, de
trois mois environ. Pour Diane
de Bourgueson, spécialiste en
santé digitale au sein du cabinet
de conseil Jalma « le cœur de la
valeur aujourd’hui, ce sont les
algorithmes médicaux, des logiciels pouvant analyser plusieurs
critères de santé et d’en tirer des
recommandations, notamment
pour les personnes atteintes de
maladies chroniques « . Le secteur de l’objet connecté s’orienterait donc dans le domaine de
la santé et non plus du bien-être.
Sur ce marché, la société
Qualcomm a annoncé qu’elle
allait connecter les inhalateurs
intelligents de Novartis à sa
plateforme Life’s2net ainsi qu’au
10
smartphone du patient, leur
permettant d’avoir accès à leurs
données en temps réel et ainsi
d’utiliser leur inhalateur de façon optimale.
Le laboratoire Abbott a lancé un
glucomètre innovant fonctionnant sans piqûre. Le principe,
un patch à scanner, mesurant le
taux de glycémie, non pas dans
le sang, mais dans le liquide interstitiel présent entre les vaisseaux sanguins et les cellules.
Le dispositif permet de faciliter
le contrôle par le patient et ainsi
d’en améliorer la prise en charge
en l’individualisant. L’objet étant
connecté, le médecin peut avoir
lui-même une vision beaucoup
plus précise et mieux contextualisée des déséquilibres glycémiques chez ses patients.
Utilisé dans le service de cardiologie-électrophysiologie et stimulation cardiaque du CHU de
Bordeaux, un « électrocardiogramme du futur », gilet truffé
d’électrodes à mettre à même
la peau du patient, permet de
faire une cartographie parfaite
du cœur et de ses activités. La
société Blumio, quant à elle propose un contrôle de la pression
artérielle par radars, pour le
rendre plus facile et rapide sans
avoir à manipuler le bras du patient.
Si les Google Glass, ont eu du
mal à trouver leur public, le principe des lunettes connectées
a une réelle utilité dans le domaine de la santé. Ainsi, OrCam,
une société israélienne, a mis au
point des lunettes permettant
aux malvoyants de voir et de
lire, leur redonnant une certaine
indépendance. Elles peuvent
même permettre d’identifier les
objets et lieux qui l’entourent,
voire d’en mémoriser de nouveaux et de distinguer certaines
couleurs, le tout sans forcément
avoir de connexion Internet.
Pour l’utilisateur, il lui suffit juste
de pointer du doigt ce qu’il souhaite « visualiser » et les lunettes
lui apportent la réponse via une
oreillette.
La plupart des objets sont prévus comme des extensions du
corps, mais l’objet connecté peut
aller plus loin en agissant au sein
même de ce dernier. C’est le pari
de la société BodyCap et de ses
gélules thermomètres connectées, e-Celsius Performance, utilisées par l’équipe médicale du
staff du club de football du FC
Nantes. Leur objectif est d’améliorer les performances des
joueurs en observant leur capacité de thermorégulation. Une
fois ingérée, elle transmet toutes
les 30 secondes, via une communication sans fil, la température
gastro-intestinale de l’athlète à
un moniteur de contrôle et de
suivi. Ces données vont pouvoir permettre d’individualiser
l’entrainement, l’objectif étant
d’améliorer les prestations des
joueurs.
Dernièrement, des chercheurs
japonais ont mis au point un
patch à coller sur la peau, le
e-skin, extrêmement fin qui permet de visualiser ses constantes
physiologiques. Très discret, on
parle ici de peau électronique.
Elle pourrait remplacer les trackers d’activités jusqu’alors présents sur ce marché.
Internet of everyThing,
l’internet des objets du
quotidien
La santé n’est pas l’unique débouché de ces objets connectés, ces derniers sont présents
partout, et ont pour vocation
d’optimiser le quotidien et la
consommation de chacun. Ainsi, le thermostat intelligent Tado
va apprendre les habitudes et
préférences de ses utilisateurs
et proposer une utilisation personnalisée tout en prenant en
compte le gaspillage énergétique. Le bordelais e-locky propose des serrures connectées,
permettant l’accès des personnes autorisées, à distance,
à un logement. Hydrao, pro-
pose un pommeau de douche
connecté, permettant de contrôler la quantité d’eau consommée
et d’alerter le consommateur…
En d’autres termes, il existe un
objet connecté pour tous les
usages possible et imaginable.
Le pari de la société ThinFilm,
est de s’appuyer sur cette tendance de l’objet connecté et de
délivrer un service permettant
de rendre chaque objet « intelligent » et doté d’une mémoire,
via l’impression d’étiquette NFC.
C’est également l’ambition de
la société toulousaine Sigfox,
qui souhaite rendre les objets
en capacité de communiquer, à
l’aide d’un réseau télécom dédié,
en basse fréquence. La société
Matooma, s’attaque également
à ce marché avec MatooWan,
en s’appuyant sur la technologie
de la carte SIM multi-opérateur
permettant notamment d’en
augmenter la portée.
IoT is Business Voyant le potentiel d’un tel marché, les géants du web s’y engouffrent et s’engagent sur la
logistique encadrant l’ensemble
et permettant de centraliser, de
connecter tous ces objets. Lancé
en partenariat avec Phillips, qui
propose notamment une suite
d’objets connectés dédiés au
maintien des personnes âgées à
domicile, Amazon via l’Amazon
Web Services IoT propose de collecter les données, de les stocker et traiter dans le cloud. La
solution permet dans le même
temps, l’interaction des objets
avec les applications, de déclencher des actions, y compris hors
connexion. Avec sa plateforme
facturée à la consommation, la
société se positionne donc face
à l’Azure IoT suite de Microsoft
et à l’IoT Foundation d’IBM, sur
un créneau que viennent également d’investir OVH ou Sigfox
avec leur « PaaS TimeSeries »,
le premier service d’OVH conçu
pour l’IoT. C’est également le
choix d’Intel de recentrer sa stratégie sur le Datacenter et l’Internet des objets (IoT).
Mais la prolifération des objets
connectés crée un autre marché,
celui des données produites par
ces objets. Un récent rapport,
financé en partie par Vodafone,
affirme que l’on pourrait générer
21 milliards d’euros en aidant les
consommateurs à gérer, c’està-dire à vendre, leurs données
personnelles. Ces données ont
surtout une importance pour
les acteurs de l’assurance qui
y voient la possibilité de proposer de nouveaux services. En
effet, ces données peuvent permettre une tarification adaptée
à chaque consommateur. Ainsi, dans le domaine de la santé,
en avril 2015, John Hancock est
devenu la première assurance
américaine à faire varier le prix
des primes de ses assurés en
fonction de leur activité et de
leur mode de vie. Le monde de
l’assurance ne se cantonnant pas
uniquement à celui de la santé,
l’habitat ou l’automobile sont
également impactés, d’autant
que les données y sont moins
sensibles. De la même façon les
primes vont pouvoir être adaptées en fonction de la conduite
de l’usager ou de l’état de vétusté de son logement.
Néanmoins, l’ensemble de ces
informations laisse à penser que
les assurances pourraient devenir de simples exploitants des
données, quand les sociétés possédant ces objets connectés et
donc propriétaires des données
se verraient devenir les réels détenteurs du pouvoir, étant euxmêmes en capacité d’évaluer les
risques en matière d’assurance
ou de faire le choix de revendre
à prix d’or ces informations.
11
4. Blockchain : les disrupteurs disruptés
Avec 494 millions de fonds levés
en 2015, les startups Blockchain
font parler d’elles. Decryptage.
La Blockchain est la technologie
sur laquelle s’appuie le controversé Bitcoin. Le principe, un
registre décentralisé, public, sur
lequel les transactions sont horodatées de façon permanente.
Présent sur l’ensemble des
nœuds composants son réseau,
ce qui y est inscrit devient infalsifiable (cf le dossier de veille AEC
sur la blockchain).
Ce principe de l’infalsifiabilité en
fait une des technologies les plus
observées et attendues du moment, les perspectives sont immenses, et ce dans tous secteurs
confondus.
Les droits d’auteurs au cœur
de la tourmente.
Un des premiers secteurs impactés par cette technologie est
celui qui touche aux droits d’auteurs. Ujo, startup londonienne,
permet aux artistes de se passer
des acteurs historiques liés à la
distribution musicale, en permettant de vendre leur création
directement à leur auditoire. Verisart permet d’authentifier les
œuvres d’art, monegraph permet aux artistes (photographes,
musiciens, écrivains…) de déposer des licences sur leur travail.
Par ailleurs, Keeex permet le
partage sécurisé des documents
ainsi que le suivi de ces derniers
par leurs auteurs.
Si cela est rendu possible, c’est
en partie grâce aux « smarts
contracts », ou contrats intelligents, protocoles informatiques
autonomes permettant l’automatisation de tâches, telles que
l’authentification des parties,
la validation des paiements,
etc… C’est un code appliqué à la
12
blockchain qui permet de programmer des transactions pour
qu’elles soient passées à un moment déterminé à l’avance, selon
une date, ou une circonstance
« déclenchante ».
Ce principe des contrats intelligents, va plus loin et peut permettre d’interagir avec des objets. Ainsi, slock.it propose une
solution destinée aux objets
connectés, en s’adressant plus
particulièrement à l’économie
du partage. L’idée est d’ajouter
un petit ordinateur embarqué à
chaque objet, afin de le rendre
entièrement autonome. L’objectif est de passer du simple partage d’informations, à un objet
autonome capable de signer des
contrats, lui permettant de se
louer par exemple. Imaginons,
vous êtes devant la porte d’un
appartement libre et vous cherchez à vous loger. Vous interagissez directement avec la porte,
qui signe avec vous le contrat de
location et assure la rémunération du propriétaire.
L’eldorado de l’IoT
Une blockchain orientée objets, c’est le pari d’Aechain filiale du groupe français Aedeus.
Aechain est un protocole d’objet
autonome, décentralisé, sécurisé et non dépendant de plateformes existantes telles que
Bitcoin ou Ethereum. La technologie s’appuie sur des mécanismes de « machines sociales » :
toute machine connectée au
moment d’une transaction est
apte à l’évaluer et à l’approuver
si les conditions contractuelles
sont remplies. Contrairement
aux blockchains « traditionnelles », elle ne requiert donc
pas de miners ou de proof-ofwork (preuve de travail) pour
opérer les transactions ; celles-ci
se réalisent de pair-à-pair entre
machines.
Les géants du secteur s’emparent également de la technologie pour proposer leur propre
solution. IBM et Samsung travaillent ensemble sur le projet ADEPT, une infrastructure
blockchain dédiée aux objets
connectés.
L’internet des objets lié à la
blockchain offre des perspectives immenses. On peut imaginer que les objets créent
eux-mêmes leurs contrats de
transactions et envisager qu’ils
les poussent dans la blockchain,
voire qu’ils les modifient en
fonction des apprentissages et
des expériences. Ainsi, des radiateurs électriques pourraient
réaliser une enchère inversée
envers les fournisseurs d’électricité. Le radiateur commence par
détecter que le contrat de fourniture est inadapté à son usage,
puis il propose une enchère inversée en stipulant le contrat de
fourniture souhaité et à chaque
fournisseur de dire s’il l’accepte
ou non. Les transactions porteront non seulement sur les biens
et services, mais également sur
les contrats eux-mêmes. Avec
des projets comme Wisp, qui
pourrait permettre à un objet
connecté de se passer de batterie, en s’alimentant via les ondes
RFiD, on peut imaginer un désengagement total de l’humain
vis-à-vis de l’objet.
Avec un pied dans la réalité, via
les objets, la blockchain s’expose
à d’autres problèmes. Qui est
légalement responsable dans
un système distribué ? Pour illustrer ce propos, on peut se
poser la question au travers
de l’exemple d’une voiture autonome, qui ayant accepté un
trajet, se déplacerait pour aller
chercher un client, un colis, et
provoquerait un accident… qui
est responsable ? Pour l’avocat
Marc Lipskier, 95% des lois existantes sont à même de régler les
problèmes liés au numérique,
tout serait donc lié à l’interprétation qu’on en fait.
Transition
Licornes ou poneys ?
Le risque de bulle
des startups
C’est en début d’année que nous
avons pris connaissance de la
levée de fond record de Magic
Leap, avoisinant les 800 millions
de dollars, alors que le produit
proposé par cette société n’a
pas encore été rendu public.
Cet exemple illustre parfaitement l’engouement qui existe
aujourd’hui autour des startups
dans le monde du numérique et
des technologies, mais doit-on
le considérer comme étant également le symbole d’une bulle à
venir ?
Depuis plusieurs années, les investissements et les valorisations
des entreprises, des « licornes »,
notamment américaines, n’ont
fait que croitre, Facebook, Twitter, Tesla, Netflix, Uber… Une licorne est une startup valorisée à
plus d’un milliard et non côté en
bourse. 153 licornes étaient recensées dans le monde en début
2016. Un nombre qui a plus que
triplé par rapport à janvier 2014
(42 sociétés). Si certaines ont su
tirer leur épingle du jeu, la plupart n’ont pas encore trouvé de
modèle économique viable, et
ne sont toujours pas rentables.
Pour survivre, certaines doivent
se reposer uniquement sur des
levées de fonds successives, ce
qui fonctionne un temps, mais
ne peut durer éternellement.
Pour Jim Breyer, capital Risker,
90% de ces entreprises sont en
danger. Ainsi, Twitter a perdu
plus de 60% de sa valeur en un
an, manifestant un désengagement et une perte de confiance
généralisée des investisseurs.
L’investissement sur le territoire
français semble échapper pour
l’heure à ce phénomène et reste
en hausse en 2015 ainsi que sur
le premier trimestre 2016. Les
startups françaises auraient
levé 759 millions d’euros en 2015
soit une progression de 70% par
rapport à 2014 (toujours un peu
moins que Magic Leap…). Si ces
entreprises sont prometteuses,
le sont-elles suffisamment pour
rembourser et faire fructifier rapidement ces capitaux, ou est
on en train de copier un modèle
américain qui serait sur le déclin ?
Institutionnels et entreprises
semblent croire, à tort ou à rai-
son, en ce nouvel eldorado des
startups. De fait, on observe une
multiplication des structures
d’accompagnement,
incubateurs et accélérateurs, qui ont
fini par devenir tendance. Portés
par des privés, par des entreprises, des groupes, des organismes publics, elles fleurissent
partout sur le territoire dans
tous les domaines possibles,
avec des projets titanesques
comme celui de la Halle Freyssinet, dimensionnée pour accueillir 1000 startups. Pour les entreprises et autres grands groupes,
l’intérêt est avéré : acquérir une
force d’innovation à moindre
coût, gagner de nouveaux marchés... mais elle est également
une question d’image. Pour les
pouvoirs publics, l’objet est de
dynamiser un territoire et d’accompagner son développement
économique par la création d’activités innovantes et d’emplois.
L’écosystème startup est florissant, faisant de la France
une « startup nation ». Paris en
compterait 4 000, 12 000 avec la
banlieue, soit plus que Londres
ou Berlin. Des mentalités qui
évoluent, un regard nouveau
porté sur le salariat, la jeune génération rêve d’indépendance
et de liberté et le modèle entrepreneurial semble répondre à
ces attentes.
13
II TRANSFORMATION
Nous venons de le voir, les temps
se raccourcissent. L’accélération
promise par le numérique, l’enchainement de plus en plus rapide des innovations et les nouvelles « disruptions » impactent
en profondeur notre quotidien.
Le marché du travail n’échappe
pas à cette réalité. Après l’« uberisation » des taxis, puis celle des
hôtels, c’est l’économie dans son
ensemble qui est visée.
Au cœur des préoccupations, le
travail est le fil conducteur de
nos vies et chaque changement
induit une modification des organisations, des formations, des
rapports de forces.
1. Mutations des formes du travail et du salariat
«Anyone can become an
entrepreneur !», une utopie ?
Face à l’effondrement programmé du marché du travail, certains n’hésitent plus à brandir
la solution d’un entrepreneuriat
salutaire. Confronté au chômage
de masse et à des jours à venir
incertains, l’une des solutions
serait de créer sa propre entreprise. Comme nous l’avons mentionné, le nombre de pépinières,
d’incubateurs et d’accélérateurs
ne cessent d’augmenter (d’autant plus depuis la création du
Label FrenchTech qui vient aider
les accélérateurs privés à identifier et à accompagner les futures
pépites françaises) et comme
l’annonce fièrement The Family,
l’accélérateur fondé par Nicolas
Colin, sur la page d’accueil de
son site internet “Anyone can
become an entrepreneur”.
Pourtant, le portrait socioéconomique des jeunes entrepreneurs dans l’univers de la startup et du numérique montre,
chiffres à l’appui, que le secteur
est de plus en plus réservé à une
élite économique, diplômée des
grandes écoles (HEC et Polytechnique en tête) qui ne cherche
plus la réussite dans les grandes
entreprises mais de plus en plus
le côté fun et risqué de la startup. Un chiffre résume à lui seul
cette tendance. Sur les 190 startups françaises présentes au
CES de Las Vegas en début d’année, 83% ont été fondées par un
ou une diplômé(e) d’une grande
école contre 16% par un diplômé
de l’université et 1% par des au-
14
todidactes. La reproduction des
élites touche le milieu de la startup et le réseau devient un bien
nécessaire à la levée de millions
d’euros tant espérée, comme le
confirme l’étude menée par le
Cabinet Roland Berger pour le
compte de Numa. Les outsiders,
ceux qui ne peuvent mobiliser
un capital social suffisant pour
entreprendre dans la création de
startup, doivent se rabattre sur
des métiers moins qualifiés et
qui sont plus susceptibles d’être
impactés par les innovations numériques disruptives (comme la
robotisation, l’intelligence artificielle, etc.).
Freelancisation du travail :
une opportunité,
mais pour qui ?
Malgré un essoufflement en
2015 (baisse de 12% d’immatriculation
d’autoentrepreneurs
en un an), l’explosion des plateformes de mise en relation directe entre des particuliers ou
des entreprises et des professionnels pourrait, dans les mois
à venir, relancer le statut d’autoentrepreneur.
Ces plateformes dites collaboratives veulent révolutionner le
marché du travail ainsi que les
stratégies RH des entreprises.
Les entreprises qui ne souhaitent
plus internaliser certaines tâches
ponctuelles peuvent s’adresser
directement à des prestataires
indépendants, qui possèdent la
compétence, sans en supporter
les coûts et risques afférents.
Cette horizontalisation des re-
lations professionnelles permet, d’un côté, aux employeurs
(entreprises ou particuliers) de
trouver de la main d’œuvre très
facilement et aux travailleurs de
trouver et d’accepter des emplois variés en tant que prestataires indépendants. On assiste
donc à une forme de rééquilibrage du rapport de force sur
le marché du travail où le travailleur peut accepter ou refuser un
travail et choisir lui-même son
employeur !
Ces plateformes sont donc nombreuses et touchent particulièrement le secteur des services à la
personnes (Helpling pour le ménage, YoupiJob, Needelp ou Wonolo pour les services de la vie
quotidienne, TaskRabbit ayant
été le pionner aux Etats-Unis),
les métiers créatifs (comme les
graphistes, les métiers de l’édition) ou des métiers de l’informatique et le web (www.codeur.
com, www.twago.fr ou www.
hopwork.fr). La livraison à domicile est également un secteur
en pleine croissance : depuis
Uber et ses différentes déclinaisons (UberPop – aujourd’hui
interdit en France, UberEats
pour ses livraisons de repas à
domicile), d’autres plateformes
ont vu le jour en France : TakeItEasy et Deliveroo spécialisés
dans les courses rapides entre
restaurants et particuliers ou
Toktoktok qui élargit ses services à toutes commodités
pouvant être livrées à domicile
(courses, repas, fleurs, vêtements, etc.).
Toutes les plateformes fonctionnent sur le même principe :
une mise à disposition de personnes détentrices d’un savoir-faire ou d’une compétence
à un particulier ou une entreprise qui en fait la demande.
La plateforme n’emploie aucun
salarié directement (Uber payerait même 100 millions de dollars pour éviter de salarier ses
conducteurs), sauf rares cas1,
mais ponctionne à chaque mise
en relation fructueuse. Elle ne
paye donc aucune charge sociale et la personne qui offre ses
services est à son compte sous
le statut d’autoentrepreneur.
Elle doit donc assurer sa protection sociale et gérer l’ensemble
des services qu’elle facture
comme une entreprise. De plus,
le travailleur est payé à la tâche
(souvent de façon forfaitaire) et
doit donc accumuler plusieurs
tâches pour atteindre un revenu
décent. Certains témoignages
de coursiers chez TakeItEasy ou
Deliveroo montre que si les salaires sont tout à fait corrects,
c’est souvent au prix d’un effort important, d’un nombre
1 Certaines plateformes ont décidé de
prendre le contrepied en salariant certains de leurs travailleurs comme chez
Instacart ou en offrant des conditions
salariales décentes et des formations
comme chez MobileWorks.
de courses concentrées sur des
plages horaires denses et d’une
très forte concurrence entre les
coursiers, très nombreux sur les
mêmes zones géographiques.
Dans certains secteurs, notamment dans les professions créatives comme le marketing ou les
métiers du web, ces plateformes
font polémiques car les règles
du jeu sont opaques, parfois déloyales (les plateformes pouvant
exiger la fourniture d’avant-projets sans rémunération) ou produisent du dumping (les prix
sont fixés en dehors de toute
concertation avec les professionnels) et les droits d’auteur
ne sont pas toujours respectés.
Demain, tous intermittents ?
Selon certaines projections,
l’auto-entrepreneuriat pourrait
atteindre 80% des actifs à l’horizon 2030. La soutenabilité du
modèle social français doit dès
aujourd’hui être questionnée
puisque les charges sociales des
autoentrepreneurs sont 3 à 4
fois inférieures à celles des salariés tout en ouvrant droit qu’à
une protection sociale au rabais.
Dans ces conditions, la question
du financement d’un revenu
universel avancé par certains
comme étant « une solution à la
société post-salariale » qui s’annonce se pose avec une acuité
encore plus prononcée. En ce
sens, plusieurs chercheurs et
philosophes, comme Nicolas Colin ou Bernard Stiegler, relayés
par le Conseil National du Numérique, proposent de généraliser
le modèle de l’intermittence du
spectacle en une forme de Revenu contributif dont le principe
« serait d’assurer à tous les travailleurs une meilleure gestion
de leurs temps professionnels
(phases de développement de
capacités et phases de mise en
production de ces capacités). La
perception de ce « revenu contributif » serait conditionnée à
l’exercice d’activités présentant
un intérêt pour la collectivité. »
D’autres, comme Marc-Arthur
Gauthey de OuiShare se montrant plus sceptiques notamment sur le modèle social associé à ce statut généralisé : « Il y
a fort à parier que demain, nous
inspirant peut-être du monde
de la culture qu’on a regardé se
défaire sans compassion, nous
serons tous plus ou moins des
intermittents du travail. Nous
cumulerons ici et là des heures
pour remplir nos quotas… qui
nous donneront droit, peutêtre, à des allocations, une assurance-maladie et un RSA d’un
nouveau genre ».
2. Tirer profit des nouvelles opportunités
offertes par le numérique
Micro-jobs : l’émergence
d’un proNETariat à l’échelle
planétaire
La plupart des plateformes
mentionnées
précédemment
proposent des emplois sinon
stables du moins rémunérés
décemment. Cependant, un certains nombres d’entre-elles ont
calqué leur modèle sur celui de
TaskRabbit et d’Amazon Mechanical Turk, à savoir proposer
des micro-tâches éphémères,
qu’une intelligence artificielle
n’est pas encore capable d’accomplir et payées quelques centimes d’euros. Pour être payés,
les travailleurs doivent respecter les temps impartis sous
peine de voir la tâche remise en
concurrence sur la plateforme.
Ces tâches concernent la traduction de fragments de texte,
de la saisie de tickets de caisse,
la transcription de fichier vidéo,
etc. Ces tâches n’exigent aucune
compétences particulières (et
sont donc ouvertes à tous) et un
équipement minimal (un ordina-
teur ou un smartphone et une
connexion internet). Les chiffres
se font rares mais, d’après les
dernières études conduites,
près de 35.000 travailleurs actifs seraient recensés principalement aux Etats-Unis et en Inde.
De nombreuses startups ont,
depuis, emboîté le pas d’Amazon et de TaskRabbit. La France
n’est pas en reste avec quelques
plateformes comme FouleFactory, 5euros.com ou AppJobber qui toutes proposent des
micro-tâches en échanges de
15
quelques centimes d’euros.
LocalEyes permet grâce à son
smartphone de remplir des missions pour les grandes marques
en photographiant directement
dans les supermarchés (disponibilité des produits, présence des
PLV, relevé des prix, etc.).
Certains voient dans ces plateformes de « micro-jobbing » une
opportunité de gagner un peu
d’argent en valorisant les temps
morts de la vie quotidienne,
comme les déplacements en
transport en commun : « C’est
donc idéal si vous êtes dans les
transports en commun, ou dans
une file d’attente, pour tuer le
temps. Les projets et les prix proposés pour chaque tâche ont été
réfléchis pour correspondre environ à un gain de 10 à 15 euros
par heure. C’est une évaluation
subjective faite par l’apporteur
de projet, par exemple « Je pense
qu’aller chercher cette information sur Internet et la reporter
sur Foule Factory ne doit pas
prendre plus de 30 secondes, je
vais donc rémunérer cette tâche
0.15 centimes ». La première
exécution de la tâche vous prendra peut-être 45 secondes, mais
les exécutions suivantes, 30,
puis 25, puis 20… Tout l’intérêt
réside donc dans l’exécution de
plusieurs tâches du même projet consécutivement : plus vous
êtes familiers avec la tâche, plus
rapidement vous allez exécuter
cette tâche. Et votre gain horaire
augmentera, donc »
En 2005 déjà, Joël de Rosnay
pointait le développement de
ce type d’emplois qu’il qualifiait
de précaires, instables et n’ouvrant pas droit à protection sociale. Le proNETariat, constitué
de millions de travailleurs du
net qui, gratuitement ou contre
une très faible rémunération,
peuvent produire et diffuser de
l’information et des contenus est
aujourd’hui une réalité. Ces micro-tâches sont souvent envisagées comme une solution pour
parvenir à « joindre les deux
16
bouts » sans offrir de perspectives professionnelles pérennes.
Devenir gestionnaire
de ses actifs
L’essor de l’économie collaborative (ou du partage) nous promet
un changement de paradigme,
une « société liquide » pour reprendre les mots du sociologue
polonais Zygmunt Bauman dans
laquelle la possession et l’accumulation laisseraient la place à
une consommation citoyenne
favorisant l’échange et l’utilisation à plusieurs limitant ainsi
l’impact sur l’environnement.
Evalué à 15 milliards de dollars
en 2014, estimé à 335 milliards
de dollars en 2025, le marché de
la consommation collaborative
n’est plus un effet de mode. En
France, 5,2 % de la population
tirerait plus de 50 % de son revenu de la consommation collaborative.
En effet, au-delà des motivations d’ordre social et environnemental, la consommation
collaborative permet aux particuliers « offreurs » de biens et/
ou de services d’amortir plus
rapidement un bien qu’ils possèdent (une voiture, un logement) mais aussi d’augmenter
et de diversifier leurs revenus,
avec à la clé un impact positif sur
leur pouvoir d’achat. Toutefois,
des études, notamment celle
de Mathieu Rouveyre sur Bordeaux, montrent que cela peut
devenir un véritable business
et entrainer des effets externes
négatifs. Certains loueurs d’appartements sur AirBnB peuvent
ainsi encaisser plus de 2000€ de
loyers par mois en accumulant
les locataires de passage. Selon l’étude, 85% des annonces
concernant Bordeaux seraient
des logements dédiés à la location, évinçant ainsi du marché
les étudiants, les jeunes couples.
La ville de Berlin interdit depuis
le 1er mai 2016 la location, sur
AirBnb, de logements entiers.
Les plateformes sont nombreuses et touchent tous les domaines pouvant être monétisés.
De la location d’espaces vacants
jusqu’au moindre objet du quotidien, en passant par ses compétences en matières culinaires
ou sa machine à laver, il existe
une solution pour vendre ou
louer n’importe quoi.
La monétisation du quotidien
dépasse le cadre de l’économie
collaborative. Avec l’émergence
des objets connectés, c’est aussi la production et la mise à disposition de nos données personnelles (ainsi que toutes les
traces que nous laissons sur la
toile) qui devient un enjeu financier. Brosse à dents connectés,
matelas à détection de mouvements, machine à laver, thermostat connecté ou même le
miroir connecté, la production
de données est aujourd’hui exclusivement exploitée – à des
fins marketing et commerciales
– par les grands groupes. Nous
sommes arrivés à un point où,
comme le souligne Evgeny Morozov « quelque part, quelqu’un
est disposé à payer pour savoir
ce que nous chantons sous la
douche ». Certaines voix militent
pour redonner le pouvoir aux
consommateurs
producteurs
de leurs propres données. Argument éthique mais également
argument économique puisque
comme nous l’avons déjà évoqué, 21 milliards d’euros pourraient être générés en aidant les
consommateurs britanniques à
gérer et vendre leurs données
personnelles. En France, la Fing
mène une réflexion sur la réappropriation des données générées par les particuliers (selfdata)
au sein du projet mesinfos avec
l’objectif de faire de l’internaute
producteur de données l’acteur
principal de sa vie numérique.
Au final, l’injonction au partage
peut déboucher, si l’on pousse
le raisonnement jusqu’au bout,
sur une nouvelle forme d’activité qui consisterait à gérer ses
actifs : de la monétisation de ses
données personnelles sur internet à la location de sa maison, en
passant par la location de tout
ce qui constitue notre quotidien.
Louer son chien pour la journée,
son salon pour deux heures ou
même sa robe de mariée poussiéreuse à la journée voire même
l’accès à ses toilettes peuvent
aujourd’hui créer une forme
de revenu, qui mis bout à bout,
peut s’avérer non négligeable.
3. Vers une transformation en profondeur
du marché de l’emploi
Aujourd’hui, les robots peuvent
agir là où ils se contentaient de
reproduire – souvent plus efficacement - les gestes humains
harassants, derrière des chaines
de montage. Là où l’automatisation venait améliorer les performances de production des
ouvriers par exemple, la robotisation vise tout simplement à
remplacer les hommes grâce à
des machines qui deviennent
autonomes dans leur prise de
décision et ne se limite pas à un
seul processus productif.
Le passage de l’automatisation
à la robotisation peut entraîner
des conséquences majeures au
niveau individuel sur le travail et
le salariat mais aussi au niveau
du marché de l’emploi dans son
ensemble Certains prédisent un
effondrement de l’emploi
d’ici 15 ans
Selon Bruno Teboul, directeur innovation de Keyrus : “D’ici 2025,
3,5 millions d’emplois seront détruits en France à cause de la numérisation de l’économie, dont
l’ubérisation est une des conséquences. D’ici dix ans, 42 à 47%
des emplois ne seront plus effectués par des humains mais par
des «robots». Je pense notamment aux employés de banque,
aux notaires, aux comptables ou
encore au département des RH
et de la gestion. A l’inverse, ce
phénomène créera des activités
nouvelles mais qui profiteront à
une petite quantité de salariés
très qualifiés, une certaine élite
aux profils scientifiques et technologiques. Les grands gagnants
seront les clients et les grands
perdants, les salariés peu qualifiés. Ce qui ne fera qu’accroître
les inégalités sur le marché du
travail et installer un phénomène de «freelancisation» et
d›intermittence
généralisée.”
Ainsi, aux Etats-Unis, un actif sur
quatre n’est pas salarié et une
société comme Uber compte 160
000 chauffeurs affiliés pour seulement 2 000 employés.
L’économiste en chef de la Bank
of England se montre encore
plus catégorique. Selon Andy
Haldane, c’est près de 50% de
la main d’œuvre anglaise (soit
15 millions de postes) qui disparaitrait dans les années à venir à
mesure que les robots remplaceraient les hommes, dans de
très nombreux secteurs d’activité. L’industrie est la première
visée mais les secteurs des services à la personne, des loisirs
ou encore de la vente et du commerce pourrait faire face à une
« probabilité moyenne d’automatisation » de l’ordre de 80%.
Ces pertes d’emplois, poursuit
l’économiste, pourraient causer
la chute du système actuel incapable d’assurer sa survie, occasionnant des millions de chômeurs avec des conséquences
économiques et sociales désastreuses. La société canadienne
4D Retail Technology propose
aux grandes surfaces un robot
(le Space Genius) capable de
faire l’inventaire des produits
disponibles en rayons, et de suggérer des améliorations pour
générer davantage de chiffre
d’affaires. Après les caissières,
ce sont les chefs de rayon qui
risquent de déserter nos su-
permarchés. D’après Haldane,
même les cadres ne seront plus à
l’abri des menaces de l’automatisation. Pour preuve, depuis plus
d’un an, un algorithme siège au
Conseil d’Administration d’une
entreprise hongkongaise Deep
knowledge Ventures. Le logiciel
participe à la prise de décision
de l’entreprise, recommande ou
écarte des investissements trop
risqués et aucune décision n’est
prise sans une analyse de la situation par l’algorithme.
Pour certains, cet effondrement
serait une « bénédiction pour
l’être humain » qui serait naturellement averse au travail. Ainsi, George Hortz, hacker reconnu travaillant sur l’IA déclare « En
vérité, l’emploi sous sa forme
actuelle n’est pas une construction très ancienne, et j’aimerais
en quelque sorte utiliser l’IA
pour l’abolir. Je veux priver tout
le monde d’emploi. La plupart
des gens seraient satisfaits d’un
tel changement, en particulier
ceux qui n’aiment pas leur travail. Libérons-les de cette charge
cognitive et laissons cela aux
machines. Dans la prochaine décennie, vous verrez une bonne
part de l’emploi humain disparaître. Dans vingt-cinq ans, l’IA
sera capable de réaliser à peu
près tout ce qu’un humain sait
faire. Les derniers employés seront des programmeurs d’intelligence artificielle. »
17
D’autres se montrent
plus « optimistes
« Certes les robots prendront
beaucoup de jobs, mais avant
tout ceux que nous ne voulons
plus », prédit Kevin Kelly, le fondateur de Wired. « Les jobs ennuyeux et répétitifs », précise
Nick Thompson, président fondateur de Rethink Robotics. Aujourd’hui l’âge moyen d’un ouvrir spécialisé aux USA est de 56
ans :« les gens ne veulent plus
de ces jobs ». Ils vont aussi créer
de nouveaux emplois, liés justement à l’essor de l’intelligence
artificielle, assure-il. Notamment ceux qui nous permettront
de mieux travailler avec les machines. « Les humains garderont
les emplois liés aux relations
humaines, à l’expérience et à la
créativité ». Si le Forum Economique Mondial de Davos prévoit la destruction de 7 millions
d’emplois (principalement des
Pour Bruno Bonnell, à la tête de
Robopolis, société spécialisée
dans la robotique personnelle,
r de
e
i
s
s
o
d
e
l’agenc ne
aquitai érique
du num
la
diée,
ale dé
isé
e 2015
/ octobr
L’AQ
Ee manifestatlaionFinlocTech co-olivrgreandes
vous
et un
dié à
UITAIN
et
torial
ent dé
ment
te terri l entièrem à l’événe
contex
n°1
ec te
tiona
bal, un ement na C se conn veille.
ysde
et glo
én
, AE
note
les Pa
lpable premier év LL conseil
rs sa
5 M$, magne
ve
nd pa
TA
du
tra
fo
ec 34
lle
à
DIGI
ion
es av
et l’A rive en
ène de à l’occas
ag et territoriaux
ar
nordiquec 306 M$
énom
ch m
e :
ance
RusUn ph préoccup nseil, Finte globaux et
Bas av M$. La Fr rrière la les
ch
Co
ns
Te
e
sio
82
Fin
dans
ion, de
avec
ontaign
préhen
te
posit $ investis
par M ts de com
ène
M
5ème
en
Contex
énom
ec 21
élém
e, le ph inTech »
sie, av .
tlantiqu
la « F
Tech
de la
Fin
tre-A eurial de
su
Ou
à l’is
de
pren
tion
raitre
diale la
entre
t des
appa
Défini
e mon
emen
semble onomiqu ac teurs de e
s
AL
éc
L’avèn financier
ncair
reANCI
crise
ue les
ch »
ur ba nou#FIN
OGY
es
lorsq
secte
ux
« FinTe
HNOL
les
20 08
servic
de de
et du
#TEC ept de la
dans
de
lisés
ance el voient
nc
ra
oyen nthèse » et la
fin
m
nt
sy
yp Le co
un
nn
ce
effi
t (cr
déce
sur la
finan
traditio chnologies ices plus se
à désiiemen t avec
pose ts, la « nd
pa
te
rv
te
s
re
en
Il
en
velle
des se banquiers es de
glem
fert
i cent s
ie ».
élém
pr
enter
trans
p qu
Moyen naies, rè
nolog
se
réinv Traders et rs l’entre
es,
u
« tech e star t-u cœur de rs.
devis x
to -mon hones),
nts.
un
rs ve un nouvea
de
cie
au
cie
er
alo
an
es
ie
au
tp
gn
t
nt
et fin
nolog
smar t, échang , crédits
à la
tourne et façonnen
s,
en
la tech s bancaires accordé
dget
prise
.
t
d’arg
n
Theentre noubride
de bu
naria
service entretie FinYear,
re
,
ire hy
stion rs, aux
tu
es
to
nt
ge
un
en
nc
rri
de
cc
te
de
elle
créa
culie
Présideles
Dans
t d’A ch and
stion
parti ment de
mensu
ppor
Clot –
ie
de ge gestion
ce
Finte
let tre er, Alain
un ra
éclairc n asents
finan solutions
ch
en
Selon Future of estissem ch
Tech,
so
pte
eil
s
FinTe
Fin
à
m
e
Te
lité
velle ne, cons qu ’au co
ance
d’un
« Th g », les inv des Fin de
de
de Fr tés d’éligibi uver ture
ur
t
in
l’éparg feuille jus treprises repo Bank ux en fave , passan
en
modali n : « La co une com aporte
an
dia
res
Mds$
les
de
un
on
fic
tio
r,
,2
ciè
m
ni
e,
ge
12
cie
an
sig
air
socia
plé en
13 à
finan
ents
banc logies fin ’hui un lar ique
ière
ont tri ds$ en 20 estissem
pa
s
service technolog r en mat
rd
no
plu
M
tech nt aujou s gérés au e
pe4,05 14. Les inv trent la les
air
rticulie le dévelop la
re
sante
ice
nc
pa
rv
uv
gis
e
ba
20
co
en
qu
enre
de se
en
tif à
enfin
cteur
vantive,
Alors
rope
s la
alterna rupspec tre par le se nnel. Da
ital et
en Eu oissance. nt toujour la
t à
tio
de dig n modèle elle, « dis i ».
ravant cier tradi
nnu
d’u
taille
tenden es
rte cr
t
co
nn
’hu
fo
se
a
en
es
rd
tio
an
e
m
di
nis
op
avec
et fin
es, ell
bancair
t aujou
ce tra
États-U lion, l’Eur élevée,
niché services es proà
finan mme on di
du
tage
plus
215 % epart
ion
ler les
és. Ell
tif » co
nce la
n de
morce tits march centralisat croissa gmentatio . Le Royaum à
ule
au
14
en pe ainsi à la dé es et bo et
tent
20
en
une
en
air
és
ds$
repr
cèdent ices banc t de « guich ts
estisse
1,4 8 M l’Irlande
rv
en
des inv 26 4 M$
des se t le concep ls les cli
Uni et uls 42 %
s)
rsen
s : de 623 M$
xque entreprise
se
ve
en
au
x
à
eu
et
e »
europé
ssés
l’Euuniqu
ateurs
ments , il sont pa reste de les
omm
13
u
(cons raient.
ns le
en 20
conn les
Da
t
fé
.
on
14
se ré
qui
en 20
ments ys
pays
se
les
tis
pa
,
rope x d’inves t été les
on
niveau portants
plus im
TECH
LA FIN
POUR
Un ser
les robots seront une aubaine
non seulement pour la société
(notamment dans l’assistance
aux personnes âgées) mais également pour le marché du travail. Selon lui, « pour un robot
installé dans une usine, cela crée
trois emplois. » Avec 31 millions
de robots vendus entre 2014 et
2017 dans le monde, la manne
d’emplois est incontestable. «
Cela va effectivement créer de
nombreux emplois ne serait-ce
qu’au niveau des services et de
la maintenance. Derrière chaque
robot de téléprésence, il y a un
être humain qui va manipuler le
robot, en assurer la maintenance
et interagir avec les humains ».
La robotisation a même permis
à l’Allemagne, qui l’a intégré plus
tôt que la France dans les process de production, de sauver
des pans entiers de son industrie. Lorsque la France intègre
un robot, l’Allemagne en intègre
7 et le Japon 12.
emplois peu qualifiés, pénibles et
répétitifs) il mise également sur
la création (ou la transformation)
de plus de 2 millions d’emplois,
notamment hautement qualifiés (dans la programmation des
robots et de l’intelligence artificielle) ou moyennement qualifiés
(les ouvriers actuels devenant
ainsi des opérateurs de robots).
Selon la Banque mondiale, en
France, la part des postes dits «
routiniers » (avec une majorité
de tâches répétitives) a diminué
de 2,5 points de pourcentage
ces dix dernières années. Cette
automatisation des processus
a progressivement éliminé les
tâches « routinières », au profit
de tâches à forte valeur ajoutée,
ou bien de tâches plus artisanales, qui nécessitent l’intervention d’un homme.
dossier d
e
n°2 / décem
bre 2015
BLOCKC
l’agence
aquitaine
du numé
rique
HAIN : U
N DISRU
« Blockcha
in », ou cha
prestigieux
îne
comme the de blocs, ce term
coin pou
e est sur
Econom
rrai
toutes les
le BitCoin t changer le monde ist qui titrait, le
bouches
31
à
et fait la
industriel ses débuts, il s’ag ». Si cette technol octobre dernier
une des
« Comm
le qui est
it, selon
ogie est
magazines
ent la tech
enc
les
l’humanité
en march
les plus
nologie der
e et sa déf experts de la fina ore loin de faire
dep
uis
parler
le milieu
concurren
nce
rière le biterlante pou
des années
t et les gra
rrait être et de la cryptologi d’elle comme a
de la blo
90
nds
pu le
enc
e d’une vér
.
opérateurs
Le
ore plus
ckchain aux
itable rév faire
forte que
, comme monde de la fina
basé sur
côtés de
cell
Ora
nce
e
la blockc
nge
grands cap
, lui, com
que le web olution
hain.
me
ital-risque , n’hésitent plus
à investir nce à prendre au a eu sur
urs
am
éricains
Histoire,
sérieux
ou Micros dans des startu
déc
ps disrupt ce
oft qui vien
de revenir ryptage d’une ten
ives
t de lanc
sur la gen
dance et
er un ser
perspectiv
èse d’un
vice
phénom
ène qui sem es à plus long term
e, AEC pro
ble promis
pose dan
à un gra
s ce dossier
nd avenir.
de veille
La tech
nologie
blockchain
apparue
dans l’om
est
seule fois
premier
usage, en bre de son
la
Or, le coû somme pour l’au
Coin. Le
200
tre.
t du ser
Bitcoin est 9, le BitDéfinitio
vice pro
par les
to-monn
une cry
posé
ban
aie
n
pficiles les ques rend très
térieux Sat créée par le
mysdifmicro-paiem
oshi Nak
Les ima
ne peuven
l’objectif
am
ents qui
ges
est de s’aff oto dont
t
suppor ter
pour fair ne manquent
supplém
intermédiai
ranchir des
ce coût
entaire.
pas
e com
res
fina
C’es
blo
prendre
la crypto
siques —
nciers clas
ckchain -monnaie t alors que
la
: « grand
à savoir
com
les
— lors
inte
les
pte
livre de
éch
rvient :
banques
s ouvert anges (sou
d’éc
», « ADN
matique vent de
faibles
entre pair hanges monét
mathé
mo
»,
aires
très
s. Fondé
fait un reg la blockchain est tués dire ntants) sont effe
cipe du
sur le prin
ctement
en
istr
système
ce
per
de pair à
blic, inaltéra
manent,
via des
Bitcoin per
distribué,
plat
pair
puble (il n’ex
met de
ser veur
(il en exis eformes d’échan ,
surmonte le
problèm
iste
plus de
unique sur
te des diza
e du dou
ges
r le
stockées
il existe
ble paie
ines, com
dans les
lequel son
ment
des centain
les don
transac tion
me
t
nées), cry
infalsifiable
to-monn
(double
es de cry
s financiè
pté,
aire
spe
res
psur Interne et accessible à
sées. Les s) non cen
ment s’as nd problem) : com
tous
tralisur
transac tion
d’identifier t. Ce registre per
alors rép
versé n’es er que le monta s sont
me
uté
t
nt
son proprié par faitement l’ac t
çables, con es publiques,
fois ou que pas encaissé
deux
tratif,
taire et tou
ser vées
formatio
manente
de façon
un chèque le chèque n’est
tes
les
ns
per
indan
pas
caractérist
en
s le rés
l’ac tif en
et cela
jouent trad bois ? Les ban
iques de
sans coû eau Bitcoin
ques
question
itionnellem
t supplém
son tran
(notamme
taire.
de tiers
ent le rôle
sfer
de confian
ennt
un autre). t d’un propriétair
rant (et
ce en s’as
en
eà
suPour réa
que les deu facturant ce ser
vice)
lise
Pour s’aff
les crypto r cette proues
sure d’ho x par ties sont en
ranchir
mese,
-monnaies
norer leur
confiance,
du tiers
toutes sur
l’une et
se basent
de
de n’encais det te pour
la même
la
blo
ckc
faire app
la blockc
technologie
hain doi
ser qu’u
el
hain, ou
ne
en français :
seau et à à la puissance du t
chaîne de
Un service
la crypto
ré, la
blocs.
graphie,
élément
deux
s centrau
x qui ren
la technol
avec le sout
dent
ogie blockc
ien de
hain si pui
s-
PTEUR N
É ?
I Le phén
omène Bl
ockchain
vice
avec le
soutien
de
Pour scanner, telecharger l’app Unitag gratuite sur : unitag.io/app
AEC, 137, rue Achard – 33 300 Bordeaux / Tél. +33 (0)5 57 57 01 01 /  [email protected]
 www.aecom.org /  @agenceAEC /  AEC - agence aquitaine du numérique /  clubAEC
Un service 18
avec le soutien de Les notes & dossiers
de veille AEC
D’ordinaire, uniquement diffusées aux membres et partenaires proches, retrouvez exceptionnellement à l’occasion de ce 12 mai particulier, les quatre premières notes mensuelles de
veille réalisées par l’équipe AEC en complément de nos dossiers publics. La production de
ces notes de veille nous permet d’entretenir un rapport de confiance et d’expertise avec les
acteurs territoriaux attentifs aux innovations d’usages et de services impulsés par le numérique… Un format riche d’actualités territoriales et de tendances globales issues de notre
veille pour optimiser la vôtre !
Les dossiers de veille, notre expertise à la portée de tous:
- La FinTech pour l’Aquitaine, Octobre 2015
- Blockchain: un disrupteur né?, Décembre 2015
Les notes de veille, notre expertise en faveur des membres et partenaires d’AEC:
- Accélération dans l’accélération, Janvier 2016
- ImmoTech: l’immobilier en chantier, Février 2016
- Le messaging: l’instantanéité au service de la relation client, Mars 2016
- DeliverTech: la course à la livraison, Avril 2016
dossier de
l’agence
aquitaine
du numérique
n°1 / octobre 2015
LA FINTECH POUR L’AQUITAINE
Un phénomène de fond palpable et global, un contexte territorial et une manifestation locale dédiée, la
FinTech préoccupe : à l’occasion du premier événement national entièrement dédié à la FinTech co-organisé
par Montaigne Conseil, Fintech mag et DIGITALL conseil, AEC se connecte à l’événement et vous livre des
éléments de compréhensions globaux et territoriaux à travers sa note de veille.
Définition
Contexte
#FINANCIAL
#TECHNOLOGY
Le concept de la « FinTech » repose sur la synthèse de deux
éléments, la « finance » et la
« technologie ». Il tend à désigner une start-up qui centre
la technologie au cœur de ses
services bancaires et financiers.
Dans un entretien accordé à la
lettre mensuelle de FinYear, TheFinTecher, Alain Clot – Président
de France FinTech, éclaircie les
modalités d’éligibilité à son association : « La couverture d’un
service financier, une composante technologique significative, en particulier en matière
de digital et enfin le développement d’un modèle alternatif à la
finance traditionnelle, « disruptif » comme on dit aujourd’hui ».
Outre-Atlantique, le phénomène
entrepreneurial de la « FinTech »
semble apparaitre à l’issu de la
crise économique mondiale de
2008 lorsque les acteurs de la
finance et du secteur bancaire
traditionnel voient dans les nouvelles technologies un moyen de
réinventer des services plus efficients. Traders et banquiers se
tournent alors vers l’entreprenariat et façonnent un nouveau
territoire hybride.
Selon un rapport d’Accenture
« The Future of Fintech and
Banking », les investissements
mondiaux en faveur des FinTech
ont triplé en un an, passant de
4,05 Mds$ en 2013 à 12,2 Mds$
en 2014. Les investissements
en Europe enregistrent la plus
forte croissance. Alors que les
États-Unis se taillent toujours la
part du lion, l’Europe a connu la
croissance la plus élevée, avec
une augmentation de 215 % à
1,48 Mds$ en 2014. Le RoyaumeUni et l’Irlande représentent à
eux seuls 42 % des investissements européens : de 264 M$
en 2013, il sont passés à 623 M$
en 2014. Dans le reste de l’Europe, les pays qui ont connu les
niveaux d’investissements les
plus importants ont été les pays
nordiques avec 345 M$, les PaysBas avec 306 M$ et l’Allemagne
avec 82 M$. La France arrive en
5ème position, derrière la Russie, avec 21 M$ investis dans les
FinTech.
L’avènement des
services financiers
décentralisés
Moyens de paiement (crypto-monnaies, règlement avec
smartphones),
transfert
d’argent, échanges de devises,
gestion de budget, crédits aux
particuliers, aux entreprises,
financement de créances, nouvelles solutions de gestion de
l’épargne, conseil en gestion
de portefeuille jusqu’au compte
bancaire, les entreprises de
technologies financières recouvrent aujourd’hui un large
spectre de services gérés auparavant par le secteur bancaire
et financier traditionnel. Davantage nichées, elles tendent à
morceler les services bancaires
en petits marchés. Elles procèdent ainsi à la décentralisation
des services bancaires et bouleversent le concept de « guichet
unique » auxquels les clients
(consommateurs et entreprises)
se référaient.
Un service avec le soutien de 21
Concurrence,
compétition
et coopération :
la coopétition
Le phénomène de la FinTech
tend à regrouper un ensemble
d’acteurs et des concepts très
hétérogènes. Certains peuvent
être considérés comme des
« disrupteurs » du marché bancaire et financier, d’autres souhaitent au contraire engager
un dialogue constructif avec les
banques et les institutions financières et « éviter la confrontation ». Détenir la technologie financière au « design d’usages »
attractif devient vital. Pour y
parvenir, les banques mais aussi les assurances et entreprises
financières traditionnelles investissent dans leur transformation numérique : création
d’incubateurs internes (« Compréhension du marché de la
FinTech & du marché bancaire à
l’échelle mondiale, européenne
et française », Digitall Conseil,
page 19), rachat (consulter le
tableau périodique des FinTech mondiales réalisé par CB
Insights), partenariats ou tout
simplement de la sous-traitance.
La FinTech regroupe donc un
écosystème d’acteurs tous interdépendants et amenés à évoluer
de manière concomitante.
Anticipation,
agilité et liberté
Bien que la notion de « compte
sans banque » marque une nouvelle ère bancaire 100 % dématérialisée, celle d’une banque à
mi-chemin entre la technologie
et l’humain qui associerait fluidité des interfaces et conseil
humain signerait l’avenir du
marché bancaire selon Axel
Reinaud, directeur Associé senior au BCG (Boston Consulting
Group).
En tant qu’offreurs de services
financiers plus fluides et aug-
22
mentés par le biais de l’innovation technologique (2.0 et objets connectés dans la forme et
puissance d’ingénierie dans le
fond), les entreprises de technologies financières adoptent
une posture commerciale forte,
basée sur la confiance et la
transparence d’informations. La
FinTech génère de l’innovation
bancaire et financière d’une part
et favorise parallèlement le développement de l’« innovation
comportementale » nécessaire
à la société numérique de demain. Elle redore le blason d’un
système bancaire devenu impopulaire et désacralise le milieu
de la finance. Le phénomène du
crowdfunding et plus précisément du crowdlending participe
activement à ce phénomène et
désenclave désormais le financement des projets, tout azimuts
qu’ils soient.
Demain…
une banque FinTech ?
Laurent Loup, fondateur du
FinYear Labs met en avant
la
fragilité
des
banques
traditionnelles
à
gérer
la
satisfaction et la fidélité de leurs
clients mais relève cependant
leur rôle de « guichet unique »
pour accéder à la totalité des
opérations clients. Les FinTech
procédant à la décentralisation
des services bancaires, la
question de l’adhésion totale
des consommateurs ainsi que
des entreprises est en droit
d’être posée.
A la manière d’un Trivago ou d’un
Booking dans le tourisme, on
imagine aisément la vulgarisation d’un ou plusieurs « comparateurs » de services financiers
qui permettraient aux clients et
entreprises de trouver les services bancaires adéquats à leurs
besoins et au meilleur prix :
Simple Bank (USA) et Number26
(Berlin) sont deux exemples de
Banque FinTech d’ores et déjà
présentes sur le marché.
Pour Marc Fiorentino, spécialiste
des marchés financiers, banquier d’affaires, essayistes
et
auteur de « Faites sauter les
banques ! », « On va tous devenir
banqueless. La notion de banque
n’existera bientôt plus. Car si on
observe la chaîne bancaire, on
s’aperçoit que la banque c’est
un compte, des moyens de paiement, des prêts, du placement,
du virement à l’étranger. Mais
pour tous ces domaines, il existe
des opérateurs qui proposent
des services low-cost. La banque
de demain risque donc d’être un
agrégateur de tous ces acteurs
qui va proposer une sorte d’application simple qui permettra
de tout faire au plus bas prix ».
Sources :
Etude Deloite
Rapport Accenture « The Future of
FinTech and Banking »
Etude de marché « Compréhension du
marché de la FinTech & du marché bancaire A l’échelle mondiale, européenne
et française », Digitall Conseil
La lettre FinTech, Finance, Innovation,
Disruption « The FinTecher »
Bordeaux Métropole FinTechers – Entretiens
Entretiens avec 4 Fintechs
bordelaises emblématiques.
Retrouvez l’intégralité des
entretiens sur www.aecom.org
HelloAsso,
première plateforme
de collecte dédiée
aux associations
françaises:
Le crowdfunding,
un savoir-faire :
« La gamme d’outils à l’usage des
associations ne se limite pas seulement à la collecte, même si ça
représente plus de la moitié de nos
transactions. A travers un espace
qui leur est dédié sur le site, les
associations peuvent piloter tout
un panel d’actions de financement
de manière simple, instantanée et
gratuite. (…). On ne peut pas pour
autant résumer HelloAsso à une
gamme d’outils. Derrière ces outils, il y a une équipe qui accompagne quotidiennement les associations dans la mise en place de
leurs campagnes. Savoir comment
présenter son projet efficacement,
mobiliser sa communauté, gagner
en visibilité n’est pas inné. En plus
des outils, nous apportons notre
savoir-faire aux associations. »
« Collaboration »,
le maitre mot :
« De façon générale, quel que soit
l’acteur avec qui nous interagissons, nous sommes dans un rapport collaboratif. C’est le cas en
particulier avec les banques. Nous
sommes convaincus d’être un outil extrêmement complémentaire
de ce qu’elles proposent par ailleurs aux associations (compte en
banque, chéquiers, etc.). »
14 Millions d’euros ont déjà été
collectés sur HelloAsso
Ismael LeMouel, cofondateur
d’HelloAsso
Happy Capital,
plateforme de
crowdfunding equity
sur votre carte et les utiliser assis
confortablement dans votre salon
ou à l’autre bout du monde… »
Ses forces et ses volontés
« Un chiffre d’affaire 2014 de 34 millions d’euros, un effectif de 25 salariés, une communauté de 20 000
membres et plus de 4 tonnes d’or
et plus de 12 tonnes d’argent stockées dans nos coffres. »
« Nous ne sommes que quelques
plateformes à disposer de l’immatriculation de l’AMF (Autorité des
Marchés Financiers), gage de sérieux et de professionnalisme tout
en constituant une forte barrière
à l’entrée. Au-delà de cet aspect la
force de Happy Capital est d’être
non discriminante (comme Kickstarter dans le don), ce qui nous
permet de toucher « Monsieur et
Madame tout le monde ».
Sa vision de l’écosystème
« Je pense que la FinTech va se
développer inéluctablement. Les
banques sont pour partie ellesmêmes des entreprises de technologies financières : elles ont leur
utilité dans la chaine de financement, notre approche est complémentaire car nous sommes avant
tout des entrepreneurs. »
Philippe Gaborieau, fondateur de
Happy Capital
AuCoffre.com,
première plateforme
en ligne 100 %
sécurisée pour l’achat
et la vente de métaux
précieux
« Aujourd’hui, vous pouvez payer
simplement un café avec votre Or
partout dans le monde en utilisant
votre VeraCarte, première carte
MasterCard © dédiée à l’épargne
d’or, d’argent et de diamant 100 %
physique. Un tel service n’existait
pas sur le marché et ne pourrait
pas exister sans le numérique.
C’est bien grâce au numérique que
vous pouvez, simplement, acheter des métaux précieux déposés
Les chiffres clés
Sebastien Mathivet, Directeur
Marketing de aucoffre.com
creditprofessionnel.com
plateforme de
courtage dédiée aux
entreprises
Les projets inter-fintech
« Nous développons des partenariats avec des startups fintech pour
compléter nos solutions de financement et permettre à nos clients
qui le souhaitent d’être moins dépendants de leur banquier. A titre
d’exemple, nous avons un partenariat avec Finexkap pour la trésorerie mais aussi avec Finsquare
ou encore Credit.fr sur la partie
crowdlending. »
La médiation FinTech
« Le secteur FinTech du crowdlending est encore naissant mais
connaît un engouement important. Cependant, les startups fintech ont un rôle à jouer dans le
développement du secteur. Elles
doivent donc écouter et préserver
leurs utilisateurs. Ainsi elles gagneront la confiance des early adopters et faciliteront le développement de leur marché. »
Mathieu George, fondateur de
creditprofessionnel.com et bloggeur
(http://www.crowdlending.fr)
23
Le glossaire FinTech
BitCoin : le terme BitCoin (de l’anglais « bit » : unité d’information binaire et « coin » : pièce de monnaie)
désigne simultanément un système
de paiement à travers le réseau Internet et l’unité de compte utilisée
par ce système de paiement. Conçu
par un développeur non identifié
utilisant le pseudonyme Satoshi Nakamoto en 2009, le Bitcoin a été créé
en dehors de tout champ étatique.
Il est promu, standardisé et protégé par la fondation BitCoin. Le sigle
correspondant est BTC ou XBT.
Crowdlending : forme de financement participatif concernant le fait
de souscrire un prêt auprès de particuliers. Il est utilisé par les entreprises, startups et PME souvent pour
des emprunts de court terme.
NFC : la puce Near field communication (NFC) est une technologie
permettant d’effectuer un paiement
sans contact en transférant des données entre deux dispositifs éloignés
de 10 centimètres.
Crypto-monnaie : une crypto-monnaie est une monnaie électronique
pair à pair et décentralisée dont
l’implémentation se base sur les
principes de la cryptographie pour
valider les transactions et la génération de la monnaie elle-même.
PaaS : il s’agit des plateformes de logiciels déportées (cloud) moyennant
un abonnement (Platform as a Service).
Blockchain : technologie latente au
BitCoin qui permet le cryptage des
transactions (registre des transactions).
e-Wallet : le porte-monnaie électronique est un dispositif pouvant stocker de la monnaie sans avoir recours
à un compte bancaire. Il permet d’effectuer directement des paiements
sur des terminaux dédiés.
BTC : code ISO (norme internationale) non officiel pour le bitcoin.
Cloud Based Payment : service de
paiement en ligne mis à disposition
de l’utilisateur/client via un serveur
Cloud.
Coopétition : compétition coopérative dans laquelle la FinTech opère
en faveur des banques.
Crowdfunding : le financement partipatif désigne tous les outils et méthodes de transactions financières
qui font appel à un nombre conséquent d’individus pour financer un
projet.
Crowdgiving : il s’agit d’une levée de
fonds par don, avec ou sans contrepartie.
Crowdinvesting (aussi Crowdfunding equity) : il s’agit d’une prise de
participation en parts sociales ou en
actions au capital d’une startup ou
d’une PME par le biais d’un investissement en fonds propres.
Iaas : prestations d’infrastructures
délocalisées (Infrastructure as a service)
KYC : « know your costumer » se traduit par une procédure qui permet
de s’assurer de l’origine des fonds
et du bien-fondé des opérations,
qui doivent être en ligne avec la
connaissance du client, elles doivent
aussi vérifier les « opérations remarquables » ou « atypiques »
Mining : le minage (mining) est l’utilisation de matériel informatique
par des « mineurs » pour effectuer
des calculs mathématiques au profit du réseau Bitcoin afin de valider
des transactions et de renforcer la
sécurité.
M-banking ou mobile banking :
système permettant aux clients
d’une institution financière d’opérer
un certain nombre de transactions
financières via un appareil mobile
(téléphone mobile ou assistant numérique personnel).
Saas : il s’agit de services de logiciels
moyennant un abonnement (Software as a Service).
Satoshi : pseudo du créateur du
système bitcoin (Satoshi Nakamoto) qui est la plus petite unité de
cette monnaie virtuelle. 1 satoshi
= 0,00000001 BTC ou inversement
BTC = 100 000 000 Satoshi.
Scoring : cerner les risques de défaut de la part des entreprises et
donc de prêter au juste prix.
SEPA : single Euro Payment. Il s’agit
d’une directive européenne qui visa
à accorder les moyens de paiement
dans la zone euro.
Shadow Banking : qualifie les activités bancaires qui sont pilotées par
des acteurs non-bancaires.
TPE : terminaux de paiement électroniques.
Réalisé par Justine Mothe,
chargée de communication chez AEC
Retrouvez la note FinTech et plus
de contenus sur :
https://bitly.com/BxFinTech
Octobre 2015
AEC, 137, rue Achard – 33 300 Bordeaux / Tél. +33 (0)5 57 57 01 01 /  [email protected]
 www.aecom.org /  @agenceAEC /  AEC - agence aquitaine du numérique /  clubAEC
Un service 24
avec le soutien de dossier de
l’agence
aquitaine
du numérique
n°2 / décembre 2015
BLOCKCHAIN : UN DISRUPTEUR NÉ ?
« Blockchain », ou chaîne de blocs, ce terme est sur toutes les bouches et fait la une des magazines les plus
prestigieux comme the Economist qui titrait, le 31 octobre dernier « Comment la technologie derrière le bitcoin pourrait changer le monde ». Si cette technologie est encore loin de faire parler d’elle comme a pu le faire
le BitCoin à ses débuts, il s’agit, selon les experts de la finance et de la cryptologie d’une véritable révolution
industrielle qui est en marche et sa déferlante pourrait être encore plus forte que celle que le web a eu sur
l’humanité depuis le milieu des années 90. Le monde de la finance, lui, commence à prendre au sérieux ce
concurrent et les grands opérateurs, comme Orange, n’hésitent plus à investir dans des startups disruptives
de la blockchain aux côtés de grands capital-risqueurs américains ou Microsoft qui vient de lancer un service
basé sur la blockchain.
Histoire, décryptage d’une tendance et perspectives à plus long terme, AEC propose dans ce dossier de veille
de revenir sur la genèse d’un phénomène qui semble promis à un grand avenir.
I Le phénomène Blockchain
La technologie blockchain est
apparue dans l’ombre de son
premier usage, en 2009, le BitCoin. Le Bitcoin est une crypto-monnaie créée par le mystérieux Satoshi Nakamoto dont
l’objectif est de s’affranchir des
intermédiaires financiers classiques — à savoir les banques
— lors d’échanges monétaires
entre pairs. Fondé sur le principe du système distribué, le
Bitcoin permet de surmonter le
problème du double paiement
dans les transactions financières
(double spend problem) : comment s’assurer que le montant
versé n’est pas encaissé deux
fois ou que le chèque n’est pas
un chèque en bois ? Les banques
jouent traditionnellement le rôle
de tiers de confiance en s’assurant (et en facturant ce service)
que les deux parties sont en mesure d’honorer leur dette pour
l’une et de n’encaisser qu’une
seule fois la somme pour l’autre.
Or, le coût du service proposé
par les banques rend très difficiles les micro-paiements qui
ne peuvent supporter ce coût
supplémentaire. C’est alors que
la crypto-monnaie intervient :
les échanges (souvent de très
faibles montants) sont effectués directement de pair à pair,
via des plateformes d’échanges
(il en existe des dizaines, comme
il existe des centaines de crypto-monnaires) non centralisées. Les transactions sont
alors réputées publiques, traçables, conservées de façon permanente dans le réseau Bitcoin
et cela sans coût supplémentaire.
Pour réaliser cette prouesse,
les crypto-monnaies se basent
toutes sur la même technologie :
la blockchain, ou en français, la
chaîne de blocs.
Définition
Les images ne manquent pas
pour faire comprendre la
blockchain : « grand livre de
comptes ouvert », « ADN mathématique », la blockchain est en
fait un registre permanent, public, inaltérable (il n’existe plus de
serveur unique sur lequel sont
stockées les données), crypté,
infalsifiable et accessible à tous
sur Internet. Ce registre permet
d’identifier parfaitement l’actif,
son propriétaire et toutes les informations caractéristiques de
l’actif en question (notamment
son transfert d’un propriétaire à
un autre).
Pour s’affranchir du tiers de
confiance, la blockchain doit
faire appel à la puissance du réseau et à la cryptographie, deux
éléments centraux qui rendent
la technologie blockchain si puis-
Un service avec le soutien de 25
sante et totalement sure. Contrairement au système classique
centralisé (tiers de confiance),
la blockchain met en œuvre la
force du réseau décentralisé (réseau de millions d’ordinateurs à
travers le monde, chaque ordinateur conférant sa puissance à
l’ensemble de la communauté)
composé de mineurs qui sont
les nœuds de ce réseau, chaque
mineur jouant le rôle d’intermédiaire dont la seule fonction
est de produire — contre rémunération — des confirmations
de transactions afin de les afficher dans la blockchain. Ces
« Proofs of work » sont alors
nécessaires pour garantir la
véracité de la chaine de blocs.
Pour valider une transaction, il
faut attendre la résolution par la
machine d’une épreuve cryptographique, nécessitant une très
grande puissance de calcul (une
transaction ne sera validée que
lorsque la majorité des miners
approuvera cette transaction).
Cette épreuve fait appel à des
informations contenues dans
les blocs précédents, son empreinte numérique ou « hash ».
C’est uniquement lors de sa résolution que toutes les transactions de la chaîne sont validées
(on parle alors de consensus distribué), et un nouveau bloc est
automatiquement crée, lié aux
précédents. La blockchain est
alors publique (les transactions
sont consultables par tous), infalsifiable (la cryptographie per-
mettant d’empêcher toute tentative de fraude) et inaltérable
(une fois qu’une transaction est
ajoutée, elle ne peut plus être
modifiée ni effacée et devient
donc non censurable).
La force de la technologie
blockchain n’est pas seulement
de se passer des intermédiaires
financiers comme en rêvait Satoshi Nakamoto mais de pouvoir se
défaire de tout tiers de confiance
lors de transactions entre deux
parties. C’est la raison pour laquelle, certains n’hésitent pas
à qualifier la blockchain de plus
grande innovation disruptive depuis l’invention du web.
LE FONCTIONNEMENT DE LA BLOCKCHAIN APPLIQUEE A L’ECHANGE D’ARGENT
26
Taxonomie des domaines «blockchainables»
Catégories
Domaines
Instruments financiers
Monnaie(s), titres en actions, obligations, produits dérivés, droits de vote
associés à des instruments financiers, enregistrements de transactions, enregistrements de prêts ou d’hypothèques, crowdfunding, prêts personnels
en P2P, dons et donations, etc.
Documents administratifs
Titres de propriété foncière, cartes grises, licences professionnelles, enregistrements de faillites, casier criminel, papiers d’identité, certificats de naissance et de décès, documents d’inspection sanitaire, permis de construire,
enregistrements judiciaires, bilans, etc.
Contrats privés
Contrats, signatures, authentifications, testaments, séquestres, données
personnelles, etc.
Contrats semi publics/semi privés
Diplômes, certifications, dossiers ressources humaines, dossiers médicaux,
ADN, arbres généalogiques, etc.
Clés d’actifs physiques (en relation
avec l’internet des objets)
Clés physiques, serrures, voitures, boites aux lettres, chambres d’hôtels, entrepôts, etc.
Propriété intellectuelle
Brevets, licences, droits d’auteur, preuve d’authenticité ou de paternité, etc.
Autres types de documents
Tous les documents historiques, culturels ou évènementiels, Big Data, cartes
sim, vote électronique, documents de livraison, etc.
Adapté et traduit de « Long Finance, the chain of a life time », 2014
II Quels enjeux au-delà du bitcoin ?
La puissance de la blockchain réside donc dans le fait que grâce
à elle, nous allons pouvoir nous
passer, dans un futur proche de
tout intermédiaire pour réaliser
la moindre transaction et ce quel
que soit le secteur d’activité. La
notion de confiance disparait totalement puisqu’il n’est plus nécessaire d’avoir confiance pour
réaliser un échange, la technologie blockchain se chargeant
d’intégrer cette notion à son processus de validation. L’économie
réelle comme l’économie du web
vont être impactées par le développement et le recours de plus
en plus fréquent à la blockchain.
Et les disrupteurs d’hier (Uber,
AirBnB, etc.) risquent à leur tour
de devenir les disruptés de demain.
Disruption des
métiers traditionnels
basés sur un tiers de
confiance Jusqu’à aujourd’hui, dès que
nous entrions dans une transaction avec une autre partie, celleci devait être fondée sur une
confiance réciproque dans la réalisation des droits et obligations
y afférant ou si cette confiance
n’était pas partagée, une personne (morale ou physique)
était mandatée pour conférer
un caractère authentique à tous
les actes qui lui étaient demandés (notaire, banque, experts,
etc.). Cependant, le recours à
ce tiers extérieur à la transaction est souvent coûteux et
n’assure pas contre la fraude,
l’asymétrie d’information ou
la malhonnêteté. Le contrat de
mariage pourra bientôt être signé entre les époux sans avoir
recours à un notaire pour authentifier l’acte, la blockchain et
le recours au consensus distribué permettront de garder une
trace authentique, infalsifiable
et publique de l’engagement réciproque.
L’authentification peut également concerner les achats immobiliers, le transfert de titres
de propriété étant parfois soumis à des fraudes. Le Honduras, par exemple, fait face à une
fraude massive puisque 70 %
du foncier n’est pas enregistré convenablement sur le cadastre. Le gouvernement a donc
fait appel à une startup américaine Factom Inc, pour développer un registre foncier sécurisé
et transparent à partir de la technologie blockchain. En enregistrant la propriété des terrains sur
la blockchain, le pays sera donc
en mesure de garantir à 100 % la
propriété d’un terrain à un habi-
27
tant et par le fait même sécuriser
l’hypothèque qui y est associée.
D’autres startups ont également investi la gestion d’actifs
immobiliers comme comme Bitproof ou Blocknotary.
Les Arts (les artistes n’auront
plus besoin d’experts, de commissaire-priseurs ou d’avocat
pour authentifier leurs œuvre, la
blockchain le fera [presque] gratuitement pour eux), l’assurance,
l’éducation (une première école
privée américaine certifie les
diplômes qu’elle délivre dans la
blockchain afin de lutter contre
la fraude aux faux diplômes), les
échanges contractuels entre
société, ou même sa propre
identité sur internet, pourront
profiter de la puissance de la
technologie blockchain à très
court terme. La blockchain pourrait également être la technologie qui révolutionne la démocratie en sécurisant le vote par
internet (réputé non fiable et
facilement piratable) et en renvoyant le vote par bulletins aux
oubliettes; celle qui sécurise les
échanges de données entre médecins et patients à travers un
dossier médical personnel fondé
sur la blockchain (lire à ce propos
le scénario imaginé par l’équipe
de Blockchain France autour
d’une santé connectée). Celle qui
permet, enfin, à chaque internaute de conserver, de sécuriser
et de choisir à qui il permet l’accès à ses données personnelles
et ainsi se prémunir des abus
des GAFA (Google-Amazon-Facebook-Apple) dont le modèle
économique repose sur la monétisation des données de leurs
utilisateurs.
Que peuvent Uber
et AirBnB face à la
blockchain ?
La blockchain promet donc la révolution dans les secteurs traditionnels qui échappaient jusquelà à la concurrence d’internet
et des nouveaux disrupteurs.
Les contrats intelligents :
l’exemple de la musique
L’une des caractéristiques principales du projet
Ethereum est de reposer sur l’existence de contrats
intelligents. Ces contrats intelligents sont des protocoles informatisés qui exécutent les termes d’un
contrat. Leur objectif est de remplir les conditions
contractuelles (comme les termes du paiement,
identifier les parties, définir les termes de la confidentialité et ceux de l’exécution) en limitant les erreurs accidentelles ou frauduleuses en se passant
d’intermédiaire (la blockchain permet l’automatisation de la transaction en supprimant les tiers).
Il permet ainsi de diminuer les coûts de transaction et d’exécution en diminuant les coûts liés à
l’arbitrage et à la fraude qui sont habituellement
facturés par les intermédiaires. Certaines plateformes se sont spécialisées dans la rédaction de
ces contrats intelligents.
Appliquons la blockchain et les contrats intelligents à l’industrie musicale. Aujourd’hui, tout artiste est entièrement dépendant d’un label, d’une
société de gestion collective (de type SACEM) et
d’un réseau de distributeurs qui, chacun leur tour,
28
Demain, les taxis parisiens qui
ont pris de plein fouet l’arrivée
d’Uber sur leur marché pourront avoir quelques motifs de
satisfaction puisque même Uber
n’est plus à l’abri de la déferlante
blockchain. Pour certains, en effet, la blockchain serait l’uberisation ultime de l’économie et un
jour viendra où Uber se fera luimême uberiser.
La première vague de disruption a permis à des entités (Uber,
AirBnB, etc.) dont le modèle économique repose sur une plateforme de mise en relation entre
particuliers, d’engranger des recettes estimées à plusieurs millions de dollars sans posséder
la moindre voiture (pour Uber)
ou la moindre chambre d’hôtel
(pour AirBnB), c’est-à-dire en
n’ayant quasiment aucun coût
fixe (en dehors de la maintenance de la plateforme, entre
autres). Ces sociétés proposent
une offre économiquement très
attractive à leurs clients et permettent aux particuliers qui
ponctionnent dans des termes pas toujours clairs
une part des recettes issues des ventes de l’artiste. Imaginons maintenant, que ce même artiste
se tourne vers la blockchain. Chaque œuvre qu’il
compose peut bénéficier d’une signature unique
et cryptographiée qui lui assure, publiquement, la
paternité sur son œuvre et qui le protège contre
une utilisation frauduleuse (notamment dans le
cas d’utilisation sous forme de sample, difficilement identifiable par les systèmes de contrôle
actuels). Il peut également définir les termes d’un
contrat intelligent dans lequel sont stipulés les licences qu’il accorde à chacune de ses créations,
quels droits il autorise et quels seront les frais.
Dès qu’une radio diffuse un morceau de musique,
tous les auteurs (ou leurs ayant-droits) sont immédiatement identifiés et directement rémunérés
sur les bases des termes du contrat. En décentralisant totalement les modalités de diffusion toutes
les transactions deviennent publiques donc parfaitement équitables.
Des plateformes émergent dans le monde anglosaxon : UjoMusic et PeerTracks semblent
les mieux armés pour enclencher la révolution
blockchain dans l’industrie musicale.
offrent leurs services d’obtenir
des gains substantiels. Pour autant, ce modèle reste un modèle
d’économie dit classique où un
tiers de confiance (en l’occurrence la plateforme) met en relation deux contractants et prélève, auprès des deux parties, de
quoi lui permettre de réaliser recettes et profits. La technologie
blockchain met à mal ce modèle
en permettant à tout contractant de négocier de pair-à-pair
de manière sécurisée, transparente et non falsifiable, en dehors de toute référence à une
quelconque entreprise qui facturerait quelques dollars, la mise
en relation. Viennent de naître
les Distributed Applications et
leur nombre va croissant.
La’Zooz, startup israélienne, entend révolutionner le transport de proximité (afin de
concurrencer Uber), en proposant une application opensource permettant à toute la
communauté d’organiser des
offres et des demandes de covoiturage en dehors de toute
instance organisatrice. Basée
sur la technologie blockchain,
la plateforme attire à elle, dans
un premier temps, une quantité
suffisante de personne sur un
territoire donné en proposant
des incitatifs, les « zooz token ».
La valeur des jetons diminuant
avec le nombre d’inscrits afin de
favoriser les « early adopters »
(ces derniers peuvent même être
rémunérés alors qu’ils voyagent
seul, dans un premier temps)
et d’atteindre très rapidement
une taille critique permettant de
faire correspondre l’offre à la demande. Une fois le service lancé,
chaque utilisateur dépense ensuite ses jetons en commandant
une course, à un tarif unique, de
0,5 dollar/km. Synereo, plateforme sociale
nouvelle génération américaine,
a pour ambition de concurrencer et à plus long terme remplacer Facebook. Contrairement à
Facebook, l’idée de Synereo est
de favoriser les échanges entre
les utilisateurs dont les liens au
sein d’un réseau sont distendus.
En s’appuyant sur l’économie de
l’attention et en valorisant les
échanges entre pairs éloignés,
la plateforme mise sur l’attention que les utilisateurs portent
aux idées des autres et non sur
leur personnalité propre. Plus
un contact qui partage une de
vos publications est éloigné de
vous et plus cette publication est
visible pour l’ensemble de votre
réseau (par l’entremise d’algorithmes qui calculent l’intérêt et
la pertinence des publications).
Pour cela, Synereo s’appuie sur
la blockchain, et crée une plateforme décentralisée, fonctionnant sur les ordinateurs des
utilisateurs eux-mêmes. Ces derniers pourront créer un réseau
sans avoir besoin d’un tiers de
confiance, ou d’entité centrale,
à l’inverse de Facebook, Google
+ ou encore LinkedIn. Pour son
créateur, Dor Konforty, « dans
5 ans, une entité exerçant un
immense pouvoir de manière
centralisée – comme Facebook
– n’aura simplement plus aucun
sens ».
Twister (micro-blogging), storj et
filecoin (stockage décentralisé),
OpenBazaar (place de marché),
FireChat (Chat), BitNation (gouvernance décentralisée) sont autant d’exemples d’applications
décentralisées qui promettent
de révolutionner le monde de
l’internet. Certains acteurs sont
encore plus ambitieux et n’hésitent pas à reconsidérer totalement les modèles existant :
29
UjoMusic, par exemple, a pour
ambition de disrupter l’industrie
musicale grâce à la blockchain
et au contrats intelligents (voir
encadré ci-dessous), Ethereum
est un projet à la charnière de
la blockchain et du web sémantique dont l’objectif est de créer
un système économique com-
posé d’une plateforme, d’une
monnaie — l’éther — et de son
propre langage de programmation afin de permettre de réaliser
des transactions via des contrats
intelligents. L’idée à terme serait de se passer totalement de
serveurs et de construire un
réseau entièrement décentrali-
sé dans lequel chacun pourrait
venir y déposer et distribuer librement des applications. Pour
chaque application, des contrats
seraient passés puis, à chaque
contrat serait attribuée une valeur en ether.
III Limites et défis
Si la révolution promise par la
blockchain et ses nouveaux prophètes semble inéluctable certains défis restent à relever.
Des défis techniques en premier
lieu. L’augmentation de la puissance de calcul des ordinateurs
rend de plus en plus rapide le
processus de validation d’une
chaine de blocs, le système n’aura pas le temps de traiter l’ensemble des chaînes et un phénomène d’engorgement pourrait
apparaître et avec lui la création
de chaînes de blocs alternatives
et donc un risque de confusion
que le système BitCoin aurait
du mal à gérer. Stephan Tual, le
porte-parole d’Ethereum le reconnait « Evidemment si la planète venait à utiliser nos outils,
nous aurions alors un problème,
parce qu’il y aurait trop de
monde. Une solution que nous
regardons est d’utiliser un langage différent qui permet à chacun de ne garder qu’une partie
de la chaîne de blocs et pouvoir
toujours la valider. Une autre solution pourrait être de construire
plusieurs chaînes et plusieurs
Ethereum. Nous y travaillons encore. En fin de compte, le succès
de l’aventure d’Ethereum dépendra du nombre d’utilisateurs
et des outils construits. Mais si
Ethereum devient trop populaire, il pourrait aussi s’effondrer
par la saturation de données
dans le réseau pair-à-pair. Les
serveurs, après tout, existent
pour une raison. »
Autre problème technique de
taille : l’augmentation de la longueur de la chaine de blocs.
Comme nous l’avons vu à
chaque validation de transaction, un nouveau bloc est ajouté
à la chaine, environ toutes les
dix minutes (c’est le temps nécessaire à l’heure actuelle pour
valider une transaction). Or, depuis juillet 2012, la taille de la
blockchain augmente de façon
exponentielle pour atteindre, en
juillet 2015, plus de 45.000 Mo,
entrainant de fait un ralentissement et un coût plus important
du processus de validation des
transactions.
Des défis liés à la sécurité et
à l’anonymat ensuite. Si les
grandes banques, les sociétés d’investissement et les fintechs s’intéressent aujourd’hui
à la blockchain, il n’en reste pas
moins que la solution proposée
par les blockchains publiques ne
sont pas exemptes de tout reproche aux yeux des financiers.
Le coût lié au consensus anonyme (l’anonymat est relatif car
si on ne peut identifier les parties qui s’échangent de la crypto-monnaie, on peut tracer l’ensemble des échanges entre ces
parties) est très lourd à porter et
un nouveau type de blockchain
apparaît, dans lequel les processus de contrôle du registre (permission d’accès et lecture) sont
plus strictes tout en garantissant
l’authenticité, l’inaltérabilité et la
décentralisation du processus.
Ces blockchain peuvent être totalement privées (à ce moment
là un seul agent valide les blocs
mais la lecture de la blockchain
reste publique et transparente)
ou hybride, dans laquelle le
processus d’approbation des
blocs est réservé à une petite
quantité d’agents (les règles de
la majorité pour approbation
et du consensus distribué ne
sont plus forcément respectées)
qui organisent la blockchain.
C’est ce modèle hybride ou de
« consortium » qui aujourd’hui
attire les grands groupes financiers et les banques. Ainsi, plus
de 20 établissements financiers
du monde entier, parmi lesquels
Bank of America, HSBC ou encore Société Générale, ont rejoint un projet porté par la startup r2cev dont l’objectif est de
créer une blockchain partagée
à ce consortium, portant sur
des protocoles et des standards
communs, tout en garantissant
aux banques participantes un
contrôle sur la technologie en
circuit fermé. Si un consensus se
dégage, les premiers tests pourraient concerner les échanges
de titres de créances qui nécessitent d’être tracées.
Les défis restent donc nombreux
à relever et même si l’idéal libertaire des débuts du bitcoin
semble loin, les enjeux pour l’ensemble de l’économie mondiale
méritent de porter une attention
sérieuse à cette chaine de caractères qui risque de refaire parler
d’elle d’ici peu.
AEC, 137, rue Achard – 33 300 Bordeaux / Tél. +33 (0)5 57 57 01 01 /  [email protected]
 www.aecom.org /  @agenceAEC /  AEC - agence aquitaine du numérique /  clubAEC
30
note de
l’agence
aquitaine
du numérique
n°1 / janvier 2016
Captez l’essentiel de l’intérêt porté au numérique grâce à la note de veille réalisée par l’équipe AEC qui, chaque début
de mois, vous délivre un diptyque actualités territoriales – tendances globales à déguster très frais.
ACCÉLÉRATION DANS L’ACCÉLÉRATION
Tourisme, santé, sports de glisse, média ou encore immobilier, aucun secteur d’activités n’y échappe : incubateurs et
accélérateurs naissent à profusion, boostés par la mise en place du Fonds French Tech Accélération depuis janvier 2015.
L’actualité des 3 derniers mois en témoigne.
Tendances
En Aquitaine
Fin 2015, la région Aquitaine voyait
naitre trois dispositifs supplémentaires d’accompagnement sur son
territoire : 1kubator et Héméra sur
Bordeaux — positionnés sur le secteur du numérique — et Blue Builder basé à Saint Jean de Luz, spécialisé dans le secteur de la glisse. Le
Centre des Congrès de Bordeaux
a également lancé son projet de
Lab, proposant la mise à disposition de ses évènements et de ses
espaces comme supports d’expérimentations à la filière numérique,
le transformant de fait lui aussi en
« incubateur » de projets. Le journal
Sud-Ouest s’apprête à accueillir en
2016 dans ses locaux un incubateur
de startups autour des médias.
Chez nos voisins
Certaines collectivités sont également engagées sur le terrain de
l’innovation. Le 8 décembre dernier,
le SICOVAL (communauté d’agglomération du sud-est toulousain)
lançait son tout nouveau projet TEX
(Territoire d’Expérimentations) avec
comme objectif de « favoriser le
développement de startups et répondre aux besoins d’innovation de
la collectivité et du territoire ». Pour
cela, la communauté d’agglomération mise sur l’incubation de jeunes
startups (4 dossiers parmi 20 candidatures ont été retenus) et sur
l’expérimentation grandeur nature
sur le territoire couvert par la collectivité (Living Lab). Le SICOVAL espère retenir 3 ou 4 entreprises tous
les trois mois dans son programme.
Les filières s’y mettent aussi. C’est le
cas de la santé avec la clinique Pasteur de Toulouse qui vient de lancer
le HI-Lab, (Health Innovation Laboratory), un accélérateur qui soutient
l’émergence, le développement et
l’application d’innovations médicales, de produits et services, au
bénéfice des utilisateurs (patients,
familles, soignants). Là encore, l’accélération s’accompagne d’un living
lab permettant de tester toutes les
innovations des startups sélectionnées.
Au niveau national
L’enseigne Décathlon a annoncé
l’ouverture d’un espace de 400 m2
dédié à l’innovation à Villeneuve
d’Ascq nommé « Alive by Decathlon » sur les thématiques objets
connectés, data, sport/santé, innovation frugale et impression 3D.
Total lance lui aussi son incubateur
sur le thème de l’usine 4.0 à Paris en
partenariat avec I’impulse Lab sur
les thématiques de « l’optimisation
des installations » et de « l’opérateur augmenté ». Et bien d’autres
arrivent.
Décryptage
Initiés par les Technopoles et
centres de recherche, les premières
générations d’incubateurs accompagnaient des projets d’envergure
universitaires et scientifiques dans
un cadre spécifique, public ou parapublic. Dynamique FrenchTech,
besoin crucial d’innover et de redynamiser le paysage économique
français, de nouvelles générations
d’incubateurs sont progressivement apparus.
Portés par les collectivités territoriales, les dispositifs publics et
parapublics d’incubation et d’accélération confèrent aux politiques
économiques une plus-value opérationnelle et tendent à redynamiser
les créations d’emplois tout en agissant en faveur de l’entrepreneuriat
innovant.
En parallèle, on observe une forte
poussée des initiatives privées. Au
sein de ces initiatives, deux modèles
se distinguent : celui de l’incubateur
ou accélérateur porté par des entrepreneurs et appuyés sur des fonds
d’investissement et celui de l’incubateur dit corporate. Ces dispositifs
auront souvent recours à la prise de
participation au capital du projet accompagné.
Dans le premier cas, il s’agit de faire
appel à une expertise et à un système de mentorat porté par des entrepreneurs chevronnés. Le travail
Avec le soutien de 31
portera plus particulièrement sur
le business model de l’entreprise et
sur sa valeur ajoutée. C’est d’ailleurs
ce type de modèle qu’entendent
proposer Héméra.
Dans le cas de l’incubateur corporate, celui-ci est créé par une entreprise ou un grand groupe qui va
définir une thématique précise pour
laquelle il a des intérêts et dans
laquelle il souhaite investir. Différentes possibilités existent ici :
• la création en interne (seules
les ressources dont dispose le
groupe ou l’entreprise sont mises
à disposition)
• la création en partenariat avec un
dispositif existant.
Des « opérateurs d’incubateurs »
apparaissent et industrialisent l’accompagnement des grands groupes
et des filières dans leur volonté de
structurer autour d’eux un écosystème de startups. Une offre
BtoBtoC renforce les deux parties
dans leurs déploiements de services numériques. Ainsi, Paris &
Co - agence spécialisée dans l’ingénierie de l’incubation, a développé
une gamme de services aux grands
groupes et aux filières permettant
à tous de lancer leur propre incubateur : TF1 pour les médias, SNCF
pour le voyage connecté, JC Decaux
pour les services urbains connectés, GDF Suez pour l’énergie dans la
ville… Tous ont eu recours au programme « Incubation » de l’agence
afin de s’entourer de startups inno-
vantes proposant des produits ou
des services leur permettant d’envisager différemment leur stratégie
numérique. Dans le même temps,
Paris & Co fédère des startups de
tous horizons afin de constituer un
pool de compétences dans lequel
il peut puiser lorsqu’un groupe ou
une filière le sollicite pour lancer un
incubateur.
Ce type de partenariat a des effets
bénéfiques pour les « incubants » et
les « incubés » :
• P
our l’entreprise, les avantages
sont nombreux : la création de
synergies entre les activités des
startups et ses propres activités, la mise en place d’une veille
sur l’innovation du secteur, l’occasion de tester des nouveaux
produits sans prise de risque… le
tout en minimisant les ressources
à mettre en place et sans se détacher de son cœur de métier, la
partie animation étant confiée à
une structure tiers dont c’est le
métier.
• L
es startups aussi vont profiter
d’avantages : une visibilité accrue,
la possibilité d’engager des partenariats commerciaux de poids, le
tout en gagnant en crédibilité et
en étant accompagnées par un
dispositif leur garantissant une intégration totale à un écosystème
riche de contenus, d’apprentissages et de rencontres.
Il existe aujourd’hui une multitude
de dispositifs venant en aide aux
créateurs d’entreprises : incubateurs, pépinières, prêts, bourses,
ateliers… L’objet de ce billet est de
souligner les différents efforts réalisés de part et d’autres et allant dans
un même sens. Qu’il s’agisse d’initiatives privées, empruntant des
logiques financières ou de dispositifs publics visant à dynamiser leur
territoire, tous concourent, au bout
du compte à créer de la richesse et
de l’emploi.
Au regard de l’actualité, il y a donc
bien un phénomène aujourd’hui
autour de l’entrepreneuriat et un
nombre croissant de dispositifs sort
de terre. L’exemple le plus emblématique de cette tendance est celui
de la halle Freyssinet à Paris qui veut
accueillir jusqu’à 1000 entreprises,
et qui viendra compléter, en 2017,
l’offre déjà existante. La question
reste de savoir s’il y a suffisamment
de startups ou de projets prometteurs. Pour s’en assurer, la collaboration entre dispositifs semble
nécessaire afin d’assurer un suivi
depuis l’idée jusqu’à « l’internationalisation », synonyme de réussite et
de véritable accélération du projet.
Avec la conviction qu’optimiser la
sélection et l’accompagnement des
projets augmentera naturellement
le taux de survie de ces entreprises.
Pour rappel, il est aujourd’hui situé
aux alentours de 65 % à 3 ans pour
les entreprises non accompagnées
contre plus de 80 % pour celles qui
bénéficient d’un accompagnement
par un dispositif.
Lexique
Un incubateur d’entreprises est une structure d’accompagnement de projets de création d’entreprises. Sa mission
est généralement de fournir un hébergement, des conseils et de la recherche de financement pour des porteurs de
projet en phase d’amorçage. À la différence d’une pépinière d’entreprises ou d’un hôtel d’entreprises, un incubateur
s’adresse à des sociétés très jeunes voire en amont de la création.
Formuler une définition unique de l’incubation reste un exercice difficile tant le concept évolue dans son mode opératoire et la valeur stratégique qu’une entreprise, qu’un grand groupe ou qu’une institution souhaite lui attribuer. Ainsi,
les incubateurs peuvent se différencier entre eux par les services qu’ils proposent, leur caractère lucratif ou non ou
encore le type de projets qu’ils ciblent.
AEC, 137, rue Achard – 33 300 Bordeaux / Tél. +33 (0)5 57 57 01 01 /  [email protected]
 www.aecom.org /  @agenceAEC /  AEC - agence aquitaine du numérique /  clubAEC
32
note de
l’agence
aquitaine
du numérique
février 2016
Captez l’essentiel de l’intérêt porté au numérique grâce à la note de veille réalisée par l’équipe AEC qui, chaque début
de mois, vous délivre un diptyque actualités territoriales – tendances globales à déguster très frais.
L’IMMOBILIER EN CHANTIER
La mutation du secteur immobilier est en marche. De nouveaux entrants viennent compléter ou modifier les offres jusqu’alors
proposées par les acteurs traditionnels et se positionnent déjà en tant qu’intermédiaires incontournables. En attendant juillet 2016
pour connaître les conclusions de la mission sur l’avenir de la profession immobilière face à la révolution numérique lancée par
Sylvia Pinel et Emmanuel Macron le mardi 2 février dernier, AEC vous propose un tour d’horizon 360 ° sur les nouvelles pratiques
immobilières à retenir.
Le numérique bouleverse l’investissement
dans l’immobilier
La crise économique et la contraction
des prêts bancaires a entrainé l’éclosion de plateformes de financement
participatif immobilier permettant aux
particuliers d’investir des sommes relativement modestes dans la pierre
(de l’ordre de 1000 € à 2000 €) et aux
promoteurs immobiliers de trouver des
fonds propres auprès de centaines de
petits investisseurs privés1. Ces plateformes proposent deux modèles : l’investissement locatif (Dividom, Crowdimo ou Propulss) et le financement
de la promotion immobilière. C’est ce
modèle que privilégient les plateformes
comme Anaxago Real Estate ou encore
Wiseed Immo qui sont des acteurs historiques du financement participatif ou
encore Lymo, Immovesting ou Crowfunding-immo. Devenez-proprio, elle,
mise sur le don entre particuliers pour
permettre aux futurs acquéreurs d’aug1 A ce propos, l’A.M.F. appelle à la
plus grande prudence quant aux
offres engageant la responsabilité des
acquéreurs au-delà du montant de leur
investissement.
menter leurs fonds propres afin de
boucler leur dossier d’investissement
auprès des banques.
Au-delà du financement de l’accès à la
propriété, le numérique permet également d’accompagner les investisseurs
dans leur recherche de biens en proposant des services qui viennent fluidifier
ceux des agences immobilières classiques. Pionnier dans le domaine, MeilleursAgents.com accompagne l’internaute dans sa recherche de bien et le
met en relation avec l’agence immobilière la plus à même de répondre à ses
attentes. Toutefois, cette plateforme
reste limitée et correspond peu ou prou
à l’offre proposée par les agences immobilières. La plateforme Kelquartier
franchit une étape supplémentaire en
utilisant l’open data pour fournir aux
internautes des informations sociodémographiques, économiques, fiscales
mais aussi le nombre de services publics à proximité (écoles, transports,
etc.), que les agents immobiliers sont
souvent bien en peine de fournir. Enfin, Matchimmo startup mérignacaise
propose d’accompagner l’internaute
investisseur durant toute la chaîne d’acquisition : de la recherche d’un bien au
dépôt du dossier financier auprès d’une
banque, la startup épaule et conseille le
futur investisseur.
Face à ce fourmillement numérique les
acteurs traditionnels de l’immobilier
s’adaptent : visites en réalité virtuelle
en 360 ° haute définition, vitrines interactives, passeport digital pour tous
les collaborateurs, big data, le groupe
Nexity cherche à compléter son expertise par des outils innovants. Sogeprom
du groupe Société Générale, vient de signer un partenariat avec Immowell-Lab
afin de détecter les startups innovantes
en matière de bien-être et d’immobilier. Enfin, plusieurs grands acteurs de
l’immobilier (comme la FNAIM, Century
21, ORPI ou Square Habitat) s’unissent
pour proposer une alternative aux sites
d’annonces (comme seloger.com ou leboncoin.fr) en lançant une plateforme
proche de KelQuartier, augmentée de
la géolocalisation de tous les biens disponibles : Bien’ici.
Le marché de la location en mutation
L’évolution la plus brutale et de fait la
plus visible a été déclenchée par l’arrivée d’Airbnb en 2008. Surfant sur des
concepts restés jusqu’alors plutôt en
marge, comme l’échange de maison
ou le couchsurfing, cette plateforme a
permis à tout un chacun de rendre son
logement louable facilement et permis
une baisse des prix sur le secteur de la
location touristique.
Avec le soutien de 33
Ce marché s’est développé rapidement
avec l’apparition de pléthore d’acteurs
bénéficiant de l’évangélisation du secteur permise par Airbnb. En Aquitaine,
c’est MyEasyTrip qui est apparu, proposant un service similaire mais en y mêlant un service de conciergerie. Le Collectionnist, quant à lui, s’est positionné
sur le secteur du luxe, en ne proposant
que des demeures d’exceptions.
priétaires qui (pour certains) ne voient
plus l’intérêt de louer sur la durée leur
logement : prix de location inférieur,
plus grand risque, détérioration du
bien… Dès lors se pose la question de
la désertification des quartiers touristiques par ses habitants et donc de la
vie même de ces quartiers mais également de la difficulté de se loger (logement rare, prix en augmentation)…
Assimilé à tort à l’ « économie collaborative » ou du partage, ce type de services
tient aujourd’hui plus de l’économie
classique des services et fait l’objet d’un
état des lieux alarmant. C’est ce que
démontre la plateforme insideairbnb.
com en cartographiant les logements
inscrits sur la plateforme (plus de 35 000
sur Paris) prouvant ainsi que la plupart
ne sont plus loués de façon occasionnelle (disponible en moyenne 226 jours
par an et loués en moyenne 102 nuits).
Ce type de service est aujourd’hui une
manne non négligeable pour les pro-
C’est d’ailleurs en se basant sur ce
constat que des acteurs sont en train
d’émerger. C’est le cas de Nestpick,
basé à Berlin, qui propose un service
calqué sur celui d’Airbnb mais spécialisé sur de la location longue durée.
S’inspirant de ce concept, 4 jeunes bordelais ont créé MeltyCasa (récemment
incubé à l’Auberge Numérique) et l’ont
étendu à la colocation en permettant
la mise en relation d’équipes de colocataires complètes et de propriétaires.
Leur ambition : rendre facile et accessible le logement aux personnes en mo-
bilité (étudiants étrangers notamment),
le tout avec une touche « sociale », en
permettant la création d’équipe par affinité.
Ces derniers ne sont pas les seules à
adresser ce marché de location aux
personnes en mobilité. L’équipe bordelaise de Switcharound fournit, entre
autres, un service de sous-location
entre particuliers. Plus récemment, la
startup Studapart sortie de l’école 42,
propose une plateforme pour faciliter
la recherche de logements étudiants,
le tout en s’appuyant sur les réseaux
d’écoles. En levant récemment 700K euros, elle confirme l’appétence des investisseurs pour ce secteur.
Ces startups cherchent ici à devenir
des intermédiaires privilégiés dans la
location d’appartement, venant ainsi
compléter et fluidifier l’offre des gestionnaires de biens historiques.
Le numérique au service des biens immobiliers
La technologie ne cesse de gagner du
terrain et s’immisce désormais au cœur
même des biens immobiliers. Actuellement incubée au sein de l’Auberge
Numérique, Homecloud développe une
solution de carnet de santé de l’habitat
et répond ainsi aux critères des « carnets numériques de suivi de logements
des ménages » portées par Ségolène
Royal dans la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergique pour la
croissance verte. Cette loi rendra obligatoire à horizon de 2017, le suivi des
logements, au travers notamment de
ses installations électriques, de gaz ou
encore du « diagnostic de performance
énergétique » (DPE). La société bordelaise IQSpot participe également à
cette dynamique en connectant les espaces professionnels et en sensibilisant
leurs occupants afin de réduire les factures d’énergie.
le partage de l’ensemble des flux de
données d’un bien immobilier dans le
but d’optimiser les process métier et le
service clients.
prédictifs plus poussés, par une tarification de services personnalisée et par
une évaluation plus fine de la valeur
d’un bien.
Côté usages et « Business to Consumer », la société américaine Porch s’appuie sur le modèle de la rénovation
« suivie » et propose un calendrier de
conseils pour effectuer son entretien
en fonction de la saison, des précédents
travaux et met les propriétaires en relation avec des prestataires identifiés,
qualifiés. Dans son sillage, on retrouve
également des « marketplaces » de
prestations de services professionnels
comme les startups Artivisor, Immodvisor, Travaux.com, ou encore Archidvisor (exclusivement orienté vers le
marché de l’architecture) qui misent sur
le partage, la recherche optimisée ainsi
que la recommandation.
Orienté davantage « Business to Business », la société Intent Technologies
basée à Lille propose aux gestionnaires
de parc immobilier résidentiel ainsi
qu’aux bailleurs sociaux, une plateforme numérique qui facilite l’accès et
On imagine très bien l’intérêt que vont
pouvoir trouver dans ces différentes
solutions les acteurs de l’assurance, les
fournisseurs d’énergie ou les professionnels de l’immobilier : une optimisation de leurs métiers par des modèles
Globalement, ce tour d’horizon des
nouvelles pratiques révèle les opportunités offertes par le numérique pour
mener à bien la transformation des activités immobilières. Les services présentés ici apportent des solutions de
fluidification, complètent les offres existantes et suggèrent des convergences
de business entre le secteur de l’immobilier et les offreurs de technologies,
annonçant ainsi un potentiel de création d’emplois important. A l’inverse
de cette tendance, des startups innovantes telles que BitProof ou Blocknotary misent sur la technologie blockchain
pour offrir des solutions de certification
des contrats (actes notariaux, titres de
propriété, etc.) et viennent proposer un
service impactant les acteurs en présence, signe probable d’une prochaine
disruption des métiers de l’immobilier ?
(pour en savoir plus sur la technologie
blockchain : bit.ly/1PBRcrr ).
AEC, 137, rue Achard – 33 300 Bordeaux / Tél. +33 (0)5 57 57 01 01 /  [email protected]
 www.aecom.org /  @agenceAEC /  AEC - agence aquitaine du numérique /  clubAEC
34
note de
l’agence
aquitaine
du numérique
mars 2016
Captez l’essentiel de l’intérêt porté au numérique grâce à la note de veille réalisée par l’équipe AEC qui, chaque début
de mois, vous délivre un diptyque actualités territoriales – tendances globales à déguster très frais.
LE MESSAGING : L’INSTANTANÉITÉ
AU SERVICE DE LA RELATION CLIENT
Tendance
Le 1er février dernier, WhatsApp
l’application de messagerie, désormais dans l’escarcelle de Facebook,
annonçait son milliardième utilisateur. Si le succès planétaire de l’application est indéniable, l’entreprise
n’a pas encore trouvé de modèle
économique pérenne, elle qui ne
souhaite pas vivre de la publicité
et qui vient d’abandonner l’accès
payant à l’application. La solution
envisagée serait de permettre aux
professionnels de s’emparer de
l’outil pour communiquer plus facilement avec leurs clients. Cette
stratégie « BtoBtoC », c’est-à-dire un
service aux entreprises pour leurs
clients, est déjà celle choisie par les
concurrents asiatiques de WhatsApp comme le Chinois WeChat. De
son côté, Facebook, vient de lancer
« Businesses on Messenger » sa
solution Messenger pour les professionnels. Ces nouvelles opportunités répondent à une demande
de plus en plus forte de la part des
internautes consommateurs d’interactions directes avec les marques
et à une utilisation de plus en plus
intense des smartphones et des
applications de messagerie. Selon
Deloitte, 18 % des possesseurs de
smartphone n’utiliseraient plus la
voix, se concentrant exclusivement
sur les messages écrits1 et 12 %
choisissent même, comme usage
principal de leur smartphone, l’interaction sur une messagerie ins-
1 Lors du mois précédent l’enquête.
tantanée ou un réseau social. Si
pour l’heure, ce sont les grandes
enseignes qui s’adaptent le plus rapidement, toutes les entreprises,
quelle que soit leur taille et leur
secteur d’activité, doivent prendre
le train en marche sous peine d’être
elles aussi victimes d’une forme
de fracture numérique avec leurs
clients.
Décryptage
Face aux évolutions des usages des
outils numériques, la gestion de la
relation-client ne cesse de se renouveler. Si celle-ci a toujours été
au centre des préoccupations des
entreprises, l’irruption d’internet
dans le paysage a fait passer le marketing d’une approche transactionnelle (plaçant le produit au centre) à
une approche relationnelle (plaçant
le client au centre). Aujourd’hui, le
web communautaire et les stratégies cross-canal (celles qui mixent
différents canaux de communication) orientent le marketing vers
une approche conversationnelle
dans laquelle le point de vue du
client est une donnée centrale pour
la marque puisque ce dernier peut
faire et défaire une réputation en
quelques clics.
Du SMS de masse à
l’individualisation du conseil
Jusqu’au début des années 2010, les
grands groupes utilisaient des outils
marketing de masse comme l’envoi
de SMS génériques pariant sur le
fait que 90 % des SMS étaient lus
par le possesseur de téléphone mobile. L’apparition des smartphones,
du Big Data et des réseaux sociaux
a modifié les stratégies marketing
en profondeur en segmentant et en
individualisant les discours. Dans ce
contexte, le mobile devient le vecteur de communication idéal pour
les entreprises avec leurs clients et
représente un véritable enjeu commercial. En s’orientant vers le marché BtoC, WhatsApp rejoint Facebook ou encore Twitter qui font le
pari que les entreprises vont être de
plus en plus nombreuses à utiliser le
messaging pour communiquer avec
leurs clients. Uber, par exemple,
autorise l’échange direct de SMS
entre les chauffeurs et les clients
permettant ainsi aux deux parties
de mieux se coordonner (retard,
embouteillage, changements de
dernière minute). De nombreuses
startups se lancent sur ce marché
prometteur en fournissant aux entreprises de plus petite taille des
solutions clés en main. Ainsi, la startup espagnole Wasify a développé
une solution qui permet d’échanger, outre de classiques messages,
des photos ou des vidéos et, grâce
au machine learning, de prévoir les
réponses automatiques aux questions les plus fréquentes via WhatsApp et ce de manière totalement
sécurisée et privée. Dimelo mobile
propose une solution de messaging
directement intégrée à l’applica-
Avec le soutien de 35
tion de l’entreprise : elle permet de
converser via messages, d’envoyer
des notifications push ou de partager des contenus multimédias
avec les clients. Instaply, startup
française installée à San Francisco,
propose une application qui permet à n’importe quelle entreprise
d’offrir un service-client pointu par
messaging. La solution permet de
centraliser l’ensemble des conversations avec un client, de pointer le
bon interlocuteur en fonction de la
demande du client et de réagir de
manière asynchrone.
Facebook et Twitter ou encore
SnapChat investissent ce secteur
fort de l’expérience qu’ils ont en
matière de messaging. Facebook
mise sur Businesses on Messenger
qui permet aux professionnels d’utiliser l’application phare (laquelle
peut, depuis peu, être utilisée sans
compte Facebook associé) pour
communiquer avec les clients et assurer un service après-vente plus
réactif, plus personnalisé et en quasi-temps réel. Twitter innove également puisque depuis ce mois de
février, deux nouvelles fonctionnalités sont lancées afin de fluidifier les
relations : les marques vont pouvoir
envoyer, au client, un lien sur Twitter pour que l’échange se poursuive
en privé. Suite à la conversation, les
clients seront alors invités à donner
leur avis sur l’échange via le customer feedback et ce afin d’améliorer encore plus l’expérience-client.
Respond propose de gérer entièrement sa relation client Twitter via un
tableau de bord et un ensemble de
services dédiés.
Cette tendance est d’autant plus
marquée que les solutions de communication collaborative et de gestion de projet comme Slack ou Atlassian se rapprochent d’outils et
d’applications comme Uber, Lyft
ou Foursquare afin d’intégrer leurs
services directement dans leurs
applications. L’objectif est de permettre aux utilisateurs d’accéder
aux applications partenaires sans
quitter l’environnement Slack ou Atlassian et de devenir ainsi le centre
de commande de toutes les applica-
tions et les services utilisés quotidiennement par des millions d’usagers. C’est ce que WeChat propose,
en Asie, depuis plusieurs mois
Les marques misent sur la
discussion instantanée pour
satisfaire leurs clients
Le « click to chat » occupe aujourd’hui une place prépondérante
dans les stratégies de webmarketing des entreprises. Le principe
est simple : l’internaute peut entrer
en communication avec un représentant de l’entreprise via son site.
Cette interaction directe permet
d’être un véritable support-client (le
client peut trouver instantanément
réponses à ses questions) mais
aussi et surtout peut être une opportunité pour les entreprises qui
lancent un nouveau produit/service
ou un nouveau site internet d’engager directement l’internaute dans
la phase de « test and learn » avant
la mise en production. Cette stratégie permet de s’affranchir des lourdeurs liées aux allers-retours entre
l’entreprise et les clients (voyagessncf.com, IBM ou encore ElCurator
outil collaboratif de veille utilisent
ce procédé). Le « click to chat » peut
s’accompagner d’un « click to call »
téléphonique ou un « click to video »
pour entamer une conversation via
un logiciel de vidéo. L’entreprise
iAdvize, par exemple, propose l’ensemble de ces solutions multicanal
aux grandes enseignes (Lacoste,
AirFrance, Banque Populaire) ou
à certaines institutions publiques
(Pole Emploi, Direction Générale
des Finances Publiques). Zendesk
avec Zodim, WannaSpeak, Akio
ou encore EasyAdviser mettent en
avant les avantages du « click to »
pour augmenter le taux de transformation des paniers, pour répondre
aux attentes des clients instantanément, pour accroître leur satisfaction et les fidéliser.
Le Community Messaging
ou l’externalisation du
service client vers les clients
eux-mêmes
Certaines grandes entreprises (La
Poste, Sosh, Cdiscount, Citroën
Community) n’hésitent plus à déporter leur service client vers les
consommateurs en en faisant de véritables ambassadeurs de la marque
via le « community messaging ».
Ils fédèrent ces internautes dans
une communauté qu’ils organisent
comme un réseau social (échange
de conseils et bonnes pratiques)
tout en leur permettant d’interagir
avec des clients « de passage » qui
souhaitent un conseil différent que
celui apporté par la marque. Cette
tendance signe un tournant important puisqu’on assiste à une « désintermédiation » de la relation client.
L’intérêt est double : une réduction des coûts (quelques coupons
viennent récompenser l’engagement des experts) et une présence
permanente en ligne. Toutefois, certaines critiques se lèvent arguant
que l’entreprise perd la maîtrise de
son discours et doit en permanence
« surveiller » ce qui se dit sur elle sur
l’ensemble des canaux de communication utilisés. Le service client
communautaire est un moyen de
réponse qui doit s’inscrire dans une
stratégie crosscanal globale et surtout en complémentarité du service
client professionnel qui doit conserver la maîtrise de la communication
officielle de la marque.
Ces modèles de relation-client
ouvrent également la voie à de nouvelles startups qui se spécialisent
sur la relation client et la conciergerie privée : Wiidii, startup bordelaise, propose un véritable assistant
personnel dont l’algorithme permet
une automatisation très fine et pointue des réponses aux requêtes des
clients et ainsi de concentrer l’intervention d’humains sur de l’information à plus haute valeur ajoutée. Ces
nouvelles opportunités pourraient
définitivement enterrer la relation
client et le marketing à l’ancienne.
AEC, 137, rue Achard – 33 300 Bordeaux / Tél. +33 (0)5 57 57 01 01 /  [email protected]
 www.aecom.org /  @agenceAEC /  AEC - agence aquitaine du numérique /  clubAEC
36
note de
l’agence
aquitaine
du numérique
avril 2016
Diffusée aux membres et partenaires proches d’AEC, cette Note de veille mensuelle sur les mondes numériques vous
délivre un diptyque actualités territoriales – tendances globales à déguster très frais.
DELIVERYTECH : LA COURSE À LA LIVRAISON
100 millions de dollars levés pour
deliveroo, 6 millions pour take
eat easy, 1 million pour foodcheri.
L’appétit des investisseurs dénote
un réel intérêt pour cette fameuse
tendance du « click and eat », de la
livraison à la demande et plus largement de son optimisation. De fait,
les questions autour de la logistique
du premier et du dernier kilomètre
sont au cœur des problématiques
des acteurs du commerce. Souvent
onéreuse et chronophage, solutionner la logistique se trouve être un
réel enjeu. Mais qu’en est-il, quels
sont les acteurs qui émergent et
que proposent-ils ?
la logique
de l’instantanéité
et de la proximité :
la livraison
à la demande
Aujourd’hui, le secteur pour lequel
cela reste le plus visible est celui de
l’alimentaire et plus particulièrement de la restauration. Ainsi l’année 2015 aura été marquée par la
recrudescence, dans les rues des
principales agglomérations françaises, de coursiers roulant sous
les étendards deliveroo, take eat
easy ou foodora. Ces derniers ne
sont évidemment pas les seuls,
Jinn, Quiqup, Valk fleet, doordash,
UberEats, agissant eux aussi sur
ce secteur à l’étranger. Le principe :
se faire livrer les plats de ses restaurants favoris par un coursier à
vélo en moins de 30 minutes, d’une
simple commande sur son smartphone et ce pour moins de 3 euros.
Le succès est bien présent, en un
an de présence en France deliveroo
aurait livré plus d’un million de commandes.
Sur le secteur de la livraison de produits frais, l’américain instacart
propose un service de livraison
en moins de deux heures dédié à
l’épicerie. Présent dans 12 des plus
grandes villes américaines il risque
d’être rapidement rejoint par de
plus gros acteurs. En effet, que cela
soit dans le but de diversifier leurs
offres de produits ou d’améliorer
leurs services, les géants que sont
Google, avec Google express, Amazon avec Fresh ou plus localement
Cdiscount se lancent également
dans la livraison de produits frais.
La livraison de denrées alimentaires
n’est évidemment pas l’unique
opportunité de ces services de livraison à la demande. Des acteurs
comme la Fnac, Darty, Cdisount ou
encore La Redoute s’allient eux aussi à des startups dans le but d’être
en capacité de livrer leurs produits
en un temps record (moins de 3h)
avec notamment ColisWeb et Deliver.ee. La startup française concurrente Stuart complète l’offre en proposant également son service de
coursier pour entreprise. Installée
à Barcelone, elle a récemment levé
22 millions d’euros lors d’un tour de
table, auquel La Poste aurait participé, marquant l’intérêt des acteurs
historiques pour ce secteur. Ces
différents services ont l’avantage
d’être disponibles en tout temps,
sont écologiques et offrent une assurance sur les colis ainsi qu’un réel
suivi de livraison. Certains vont plus
loin que la simple livraison, ainsi
Get, startup française, permet aux
commerçants de créer une application en quelques minutes et de
vendre leurs produits à leurs clients
de proximité, avec la promesse de
pouvoir les livrer dans l’heure 24/24,
7/7. Dans la même veine, mais plus
spécialisés, les bordelais de Goot
s’illustrent dans la livraison à domicile de vins issus d’une sélection de
caves.
Conscients des enjeux, les géants
du Web profitent de leur position
pour proposer leurs services. C’est
le cas notamment d’Uber qui lance
UberRush à New-York, pour venir
concurrencer les services de coursiers classiques. De son côté, Amazon a lancé à Seattle en septembre
dernier AmazonFlex, un service calqué sur le modèle Uber pour optimiser la livraison de ses colis. Uniquement disponible pour les abonnés,
le service n’est pas facturé dans le
cas d’une livraison intervenant
après plus de 2h.
Si la plupart de ces startups émergent et gagnent des places de marché, c’est qu’elles s’appuient sur un
principe, celui d’ « APIser » leurs
services. De fait, elles les rendent
facilement intégrables sur les sites
ou applications, via une interface
de programmation servant de façade pour les logiciels tiers désireux
de les utiliser. L’intérêt est ici de
vulgariser des services jusqu’alors
de niche. Mais là n’est pas leur véritable force. En effet, l’innovation
proposée est ici d’arriver à délivrer
ce service sans coût de structure
(ou presque). De fait, la plupart de
ces entreprises n’ont ni véhicules, ni
espace de stockage, ni salarié dédié
au service, leur force se trouvant
exclusivement dans leur capacité
Avec le soutien de 37
à mettre des individus en relation
entre eux, une personne qui commande, une autre qui livre. C’est
d’ailleurs là que se situe une partie
de leur business model, monétisant
cette mise en relation auprès des
commerçants et en se positionnant
en tant qu’apporteur d’affaires. Leur
avantage va ensuite se trouver dans
l’algorithme qui permet de déterminer, en fonction de l’emplacement
du consommateur et du point de
vente, le coursier le plus à même de
livrer rapidement.
Face à ce déferlement d’idées,
certains acteurs européens historiques, dont les pertes sur le secteur
de la livraison pourraient avoisiner
les 3 à 20%, réagissent. La Poste a
ainsi lancé une expérimentation de
livraison le soir, afin de proposer
un service au plus près des besoins
clients et permet désormais l’envoi
de colis depuis son domicile. Ces initiatives soulignent la bonne prise en
compte des évolutions sectorielles.
Vers une
optimisation de la
logistique
Si la rapidité de la livraison est au
centre des préoccupations, son optimisation l’est également, notamment au niveau du premier et du
dernier kilomètre.
Situé en amont de la livraison, Cubyn se charge de venir collecter les
produits chez les commerçants, les
emballe et les expédie, une manière
pour ces derniers d’externaliser une
logistique souvent chronophage.
Tournés vers les îles, les bordelais
d’ileeco s’occupent de centraliser
les colis à destination des DOM TOM
et de les reconditionner pour en limiter les frais de transport.
D’autres acteurs se positionnent en
complément des sociétés de coursiers, venant proposer du service
additionnel aux entreprises. C’est le
cas de Delivery cube, qui propose
un logiciel de suivi GPS des livreurs
en temps réel, permettant de mieux
répartir les commandes entre chauffeurs occupés et inoccupés. De son
côté, FlipKart, site e-commerce généraliste Indien a choisi de prendre
des parts dans la startup MapMyIndia, solution de cartographie et de
navigation sur mobile. Installée à
Bordeaux, la société MapoTempo,
propose des solutions de planifications et d’optimisation des tournées. Dans un autre registre et à
une autre échelle, co-transport ou
trouvetontransport agissent pour
optimiser le chargement des camions et ainsi limiter l’impact des
voyages à cargaison réduite et permettre le transport d’objets encombrants.
Enfin, positionnées en fin de chaîne,
des initiatives émergent dans certains villages girondins. Souhaitant
trouver une solution à l’accès aux
commerces de proximité à n’importe quelle heure du jour ou de
la nuit, l’instauration de casiers
connectés permet aux clients de
commander en ligne et de venir réceptionner leurs produits en limitant le défi logistique induit par une
livraison personnalisée, ainsi que
les coûts qui y sont liés.
Le CrowdShipping
et solutions
alternatives.
gyBaggy permettant de mutualiser
les trajets pour faire ses courses.
Les solutions de livraison n’interviennent pas seulement au niveau
local, mais également au niveau international. Globshop propose ainsi
de mettre en relation les voyageurs
souhaitant rentabiliser l’espace de
leurs valises et des personnes désireuses d’acheter des produits indisponibles en France afin de se les
faire livrer.
Inspiré des projets similaires initiés
et testés en Australie par le laboratoire Google X en 2014, Amazon
(encore), qui s’est offert une flotte
d’avions afin de se libérer du frêt aérien, s’interroge également sur l’intérêt de livrer ses colis par drones,
avec le projet Wing qui pourrait voir
le jour à horizon 2017. Un prototype
a été dévoilé, le Prime Air, permettant le transport de colis de 2.3kg,
soit 86% des colis livrés aujourd’hui.
Le groupe La Poste lui a également
emboité le pas tout comme le géant
chinois Alibaba, qui aurait déjà commencé des expérimentations. Face
à ces géants, le Rwanda ferait la
course en tête en proposant le premier réseau mondial de livraison de
produits médicaux par drone grâce
à la startup Zipline.
Ayant connu un essor phénoménal
durant ces dernières années, l’économie dite collaborative n’a pas
épargné le secteur de la livraison et
a, notamment, entrepris de démocratiser le crowdshipping, solution
de transport de marchandises entre
particuliers. C’est par exemple le cas
de Cocolis, un service de livraison
entre particuliers, s’inscrivant dans
cette tendance aux côtés de expediezentrevous, woover, dacopack,
transportentreparticuliers, ou encore colisvoiturage. La startup Drivoo quant à elle a choisi d’adresser
le secteur du transport inter-urbain.
Ces dernières pourraient être rapidement concurrencées par d’autres
acteurs européens tels que l’Allemand Nimber ou le Finlandais Pig-
AEC, 137, rue Achard – 33 300 Bordeaux / Tél. +33 (0)5 57 57 01 01 /  [email protected]
 www.aecom.org /  @agenceAEC /  AEC - agence aquitaine du numérique /  clubAEC
38
Perspectives
numériques
Réflexions émergentes sur la société digitale : regards de jeunes communicants sur une
revue de la littérature en partenariat avec AEC.
Des synthèses d’ouvrages ont été réalisées par les étudiants du Master Communication des
organisations de l’Institut des Sciences de l’Information et de la Communication (ISIC) sous
la direction de Aurélie Laborde, Maitre de conférences ISIC Université Bordeaux Montaigne
et coordinatrice du séminaire. Les publications ont été choisies en amont par AEC ainsi
que par des chercheurs bordelais sensibles aux évolutions des réflexions sur la société digitale. Les étudiants ont travaillé par groupes d’octobre à janvier pour produire sur chaque
ouvrage une synthèse écrite et une présentation orale.
AEC a souhaité publier dans ce numéro spécial, la restitution du dernier ouvrage de Bernard Stiegler autour de la question du travail. L’ensemble des œuvres restituées ainsi que
la liste des auteurs sélectionnés sont par ailleurs consultables sur le site internet d’AEC.
La société automatique
1. L’avenir du travail
par Bernard Stiegler (2015)
Bernard Stiegler : Un Philosophe engagé
dans la reconfiguration technologique
de nos sociétés
La réflexion de Bernard Stiegler
porte sur les mutations que subissent
nos sociétés et les enjeux qui en découlent. Fondateur et Président du
groupe de réflexion philosophique
Ars industrialis créé en 2005, il dirige également depuis avril 2006
l’Institut de recherche et d’innovation
(IRI) qu’il a créé au sein du centre
Georges-Pompidou. Son objectif
n’est alors pas uniquement de penser la société, mais bien de préconiser ce qui selon lui peut constituer
des solutions à envisager, des pré-
conisations quant au devenir humain dans une société numérisée,
dataïfiée. On ne peut comprendre
la pensée de Bernard Stiegler sans
cerner sa critique politique. En effet,
selon lui, la question politique fondamentale est celle-ci : comment sauver le « capitalisme » et la productivité de la consommation contre tous
les phénomènes destructeurs qui les
menacent et conduisent à ce que
le philosophe appelle la « guerre ».
La mondialisation et le phénomène
d’uniformisation des comportements
et des modes de vie s’attaquent ainsi à la singularité des individus et
des cultures. C’est par le biais de la
technique numérique, de l’américanisation du monde, des monopoles
et du contrôle de la distribution, que
le capitalisme s’autodétruit en niant
le concept de singularité. C’est aussi dans cet esprit politique (et pas
uniquement scientifique) que Stiegler critique ce qu’il appelle « l’automatisation de la société ».
De l’automatisation intégrée
et généralisée à la fin de l’emploi
Bernard Stiegler a écrit la société
automatique en 2015 afin de comprendre les enjeux d’une société
constituée à l’époque de l’« automatisation intégrale et généralisée ».
Généralisée parce que l’automatisation s’applique autant dans l’agriculture, dans l’industrie, dans la gestion
policière que dans l’électroménager
ou le tertiaire. Intégrale parce que
le numérique (une des technologies
de l’automatisation) permet d’intégrer des automatismes biologiques,
psychologiques et technologiques.
La différence sémantique entre travail et emploi
La compréhension de la pensée de
Stiegler passe indubitablement par
la distinction entre le « travail » et
l’« emploi ». Il pense ces 2 notions
de la même manière dont Marx fait
l’éloge du travail tout en condamnant le « travail capitaliste ». L’em-
ploi correspond donc au « travail
automatisé (capitaliste) », au travail
aliéné, divisé, répétitif et dont les
travailleurs abandonnent donc la
propriété. L’emploi constitue donc
la dimension prolétaire du travail,
c’est-à-dire un travail qui prive son
sujet (producteur, consommateur,
concepteur) de ses savoirs (savoir-faire, savoir-vivre, savoir concevoir et théoriser). L’automatisation de
la société prolétarise petit à petit
toutes les couches de la société et
donc a fortiori finit par remplacer
41
tout ce travail encore humain par
des machines ou des algorithmes.
Le fruit de l’emploi a donc vocation
à être périssable, consommé alors
que le travail constitue le levier qui
permettra de perdurer dans une société automatique. En effet, le travail
constitue selon Stiegler de la dés-automatisation. Le travail procède de
la différenciation, de la création.
Travailler, ce n’est pas « exécuter »,
mais bien créer, interpréter. Le travail est le résultat d’une réification,
il constitue une production de dif-
férences redonnant son vrai sens
à la richesse. Simplement, l’emploi
constitue le travail capitaliste et le
travail caractérise la différenciation
dont le régime des intermittents du
spectacle fournit la matrice.
« Une perte de 40 à 50 % d’emploi dans les 15 prochaines années »
L’automatisation intégrée est en
train d’engendrer un nouveau type
de société avec la possibilité qu’il
n’y ait plus d’emploi. Bill Gates luimême a prédit le caractère exceptionnel de l’emploi dans les 20 ans
à venir, où tout serait régulé par un
système computationnel intégré. En
effet, l’automatisation des emplois
va énormément se développer dans
les années qui viennent et celle-ci
ne touchera pas que l’exécutif, mais
aussi bien des emplois à hautes
capacités intellectuelles où tout le
monde, toutes les sphères sociales
seront touchés. Ainsi, l’automatisation numérique inquiète parce
qu’elle constitue un Pharmakon c’està-dire un remède à toute sorte de
problèmes qui est aussi un danger.
Selon Stiegler, « Tout objet technique
est pharmacologique : il est à la fois
poison et remède. Le Pharmakon est
à la fois ce qui permet de prendre
soin et ce dont il faut prendre soin,
au sens où il faut y faire attention :
c’est une puissance curative dans la
mesure et la démesure où c’est une
puissance destructrice (…). »
En effet, en déléguant à la machine
un certain nombre de compétences,
nous les perdons. C’est ainsi que
Stiegler parle du caractère entropique de la société actuelle notamment au sein de la dimension
« travail ». L’entropie dont s’inspire
Bernard Stiegler, trouve son origine
dans la thermodynamique. Cela
correspond à « une grandeur qui
permet de caractériser le désordre
d’un système ».
L’entropie procède de la destruction
du savoir par la standardisation. Socrate le premier avait mis en garde
contre l’hypothétique perte d’un savoir lorsque ce dernier était extériorisé dans un dispositif technique. En
effet, on retrouve ici la dialectique
classique entre d’un côté : le savoir
détruit parce qu’extériorisée dans
la technique (soutenu par Stiegler
concernant l’automatisation numérique) et de l’autre : la technique
comme outil permettant justement au
savoir de grandir puisque le besoin
de tout savoir s’estompe. (thèse soutenue par Michel Serres).
Du capitalisme linguistique
Selon Stiegler : « Internet devient
un outil de l’extériorisation de tout
savoir ». Comme énoncé plus haut,
cette extériorisation de savoir peut
donc constituer la destruction de ce
même savoir. Cette extériorisation
est selon Stiegler sans limites et va
jusqu’à détruire la langue elle-même
via la correction automatique. Ce
qui d’ailleurs devient un problème
pour Google dans la mesure où
si les utilisateurs perdent leurs compétences linguistiques, les moteurs
de recherche ne pourront plus répondre aux besoins des internautes
et perdront donc toutes leurs utilités.
Pour comprendre cet enjeu autour
d’internet, il faut comprendre la no42
tion de « capitalisme linguistique ».
En effet, Stiegler montre que l’enrichissement aujourd’hui est quelque
chose de relatif à la langue, c’està-dire que le savoir, l’interprétation
du réel (capitalisme cognitif) et la
langue (capitalisme linguistique) sont
des « denrées » qui s’achètent et se
vendent dans un contexte numérisé.
Par exemple, l’achat d’un mot clef sur
Google peut coûter des milliards. Le
capitalisme linguistique peut donc,
comme le montre Anderson, remplacer la théorie. Par exemple, Google
peut être amené à envisager des
épidémies sanitaires avant même
que l’OMS ne soit au courant, et
ce grâce aux recherches qu’effec-
tuent les internautes. C’est ainsi que
les médecins chercheurs perdent a
priori leurs utilités puisque tout le savoir est stocké sur internet. À quoi
bon se référer à un expert quand
Google sait… Ce qu’oublie de
dire Anderson, c’est que ce modèle
détruit la langue puisque les internautes tapent des mots de plus en
plus simples comme grippe, mal de
ventre au lieu du nom scientifique
qui donnerait accès à un diagnostic
plus spécifique.
De l’entropie (produit de l’emploi) à la néguentropie (produit du travail)
Stiegler ne critique pas l’automatisation en-soi, mais bien la destruction
qui s’opère par la généralisation et
l’intégration de l’automatisation. Il
vante d’ailleurs l’automatisation en
s’opposant à la tradition qui opère
une barrière sémantique entre autonomie et automatisation. Stiegler
montre bien à l’aide de l’exemple
d’un grand pianiste ou d’un pilote
de course que c’est bien l’automatisation parfaite de certains mécanismes cognitifs qui permettent à un
instant donné de dés-automatiser
son cerveau afin de « gagner la
course » ou bien de mettre sa patte
musicale sur un morceau appris de
manière automatique. Cependant,
l’automatisation sociétale, qui elle
est critiquée, doit se comprendre
dans sa dimension totalement entropique, totalement destructive de savoir. À l’aide de Kant et du concept
d’« entendement », Stiegler montre
que la machine a une capacité analytique hors du commun, mais qu’il
lui manque la capacité synthétique,
la capacité interprétative du réel
(propre à l’homme). En effet, l’interprétation du réel est ce qui permet
une déstandardisation de celui-ci
par l’homme, c’est bien la capacité
synthétique de l’homme qui lui permet de « progresser » en créant de
la « néguentropie », c’est à dire de
la différenciation. La néguentropie
correspond à de « l’entropie négative, qui caractérise le degré d’ordre
introduit par l’information que l’on
possède sur l’état d’un système ». En
effet, selon Stiegler, le travail constitue un vecteur de désautomatisation
ainsi que la production d’un nouvel
Etat, « une bifurcation néguentropique ». Pour Bernard Stiegler, le
critère de la valeur de demain est la
néguentropie. Lorsqu’il s’agit d’être
concret, il explique que les indivi-
dus ont besoin de renouer avec le
sens et le savoir. C’est à Amartya
Sen, prix Nobel d’économie, qu’il
emprunte le concept de « capacitation » qui définit la capacité qu’à
un individu à envisager sa liberté
en fonction de son contexte social.
La capacitation des individus est la
meilleure solution pour aller vers une
adhésion non contrainte à des objectifs partagés.
Pour résumer, le numérique créer
de l’entropie qui détruit l’emploi et
dans une économie capitaliste, l’emploi est assimilé au travail, ce que
Stiegler déplore. Ainsi, l’homme
doit créer de la néguentropie afin
de reproduire de la connaissance,
du sens et donc du travail ou de
l’œuvre « ce qui dure, ce qui est le
résultat d’une réification » au sens
d’Hannah Arendt, du travail différencié et non aliéné et standardisé.
La compréhension d’une nécessaire démarche
sociétale pour palier la prolétarisation
La prolétarisation des savoirs
Pour comprendre les enjeux qui soustendent la « société automatique »,
Bernard Stiegler dresse un portrait
socio-historique du contexte du dernier siècle. En procédant d’une analogie avec le début du capitalisme
industriel, Stiegler montre qu’un modèle économique propre fut adopté
pour répondre aux exigences capitalistiques du début du 20e siècle.
Au fordisme est apparu le modèle
keynésien permettant, en soutenant
la demande effective, de redistribuer les richesses dû à la considérable augmentation de productivité
offerte par le fordisme. Le modèle
keynésien fut mis en place 25 ans
après le modèle du fordisme. Cependant, après avoir rappelé que
cela fait exactement 25 ans que la
technologisation touche notre société, Stiegler montre qu’aucun modèle
économique propre n’a été mis en
œuvre pour répondre à cette mutation inédite. La prolétarisation se
déplace donc de la classe ouvrière
vers toutes les sphères sociales. Du
temps de l’époque industrielle, les
ouvriers travaillaient sur des machines à très haute division du travail. Selon Marx, cette méthode de
travail impliquait que ces travailleurs
étaient dénoués de toutes capacités à avoir une vie intellectuelle
normale. Nous sommes aujourd’hui
dans un cadre similaire où l’on
consomme des produits qui remplacent notre savoir tout en émanant
de procédures et automatismes définis par des bureaux d’étude dans
les entreprises, par des bureaux de
Marketing (pour la consommation)
et maintenant par le data scientist
(c’est-à-dire l’extraction de données
par le calcul intensif).
43
Les préconisations de Bernard Stiegler
Stiegler, pour répondre à cette mutation propose des préconisations
que nous allons soumettre. Tout
d’abord, il faut selon lui mettre en
place un revenu de base. Le modèle du consumérisme qui reposait
sur l’exploitation des gains de productivité créé un cercle vertueux lié
à l’automatisation, mais où l’humain
était nécessaire, il faisait partie de la
chaîne. Aujourd’hui, la robotisation
a écarté l’humain et les Big Data
ne sont pas solvables. Il faut donc
utiliser les automates au service de
gains de temps et redistribuer les richesses sous forme de financement
de revenus contributifs.
Développer un « Web » européen
De plus, GAFA est 100 % américain. La genèse du réseau est donc
Americaine, ce qui implique que
n’importe quelle innovation dans
le numérique en France enrichit les
réseaux américains qui contrôlent
le flux d’information. Stiegler préconise donc de développer un « web »
européen afin de reconstituer
l’économie européenne colonisée
par la conception américaine du
numérique. En effet, Carrefour est
menacé par Amazon aujourd’hui
qui récolte toutes les données et
qui donc, a une meilleure visibilité
quant à l’offre qu’elle propose aux
consommateurs. Il faut donc réinventer une politique du numérique
et cela passe indéniablement par
réinventer le web lui-même pour ne
pas donner toutes les informations
aux États-Unis. Il faut repenser les
technologies intellectuelles, ce que
Stiegler appelle le web « herméneu-
tique ». L’automatisation généralisée
a ruiné ce que Keynes avait mis en
place en 1933, il faut donc développer une société contributive, fondée sur la valorisation des savoirs
les plus diversifiés afin de participer
à une augmentation du savoir. Ce
qui d’ailleurs, rappelle Stiegler, fut le
but du web à la base, mais qui de
par le capitalisme cognitif s’est transformé aujourd’hui en un processus
entropique.
Établir une économie contributive pour face à l’économie consumériste
L’Europe se doit donc d’avoir une
politique économique propre répondant aux problématiques dues
au contexte de l’automatisation.
Stiegler montre que l’avenir sera
constitué de la capacité de mettre
les automatismes au service de la
dés-automatisation. À la fin de l’ouvrage, Stiegler montre que le mo-
dèle des intermittents du spectacle
(modèle fondé sur l’intermittence et
le chômage où l’artiste (le travailleur)
profite d’un salaire en adéquation
avec le nombre d’heures travaillées)
est un bon exemple de modèle à
mettre en place dans une société
automatique puisqu’il peut développer la capacitation des individus.
Réalisé par Camille de Vanssay, Jaime Dias et Valentin Morel
44
Ainsi, Stiegler rêve d’un monde
où le travail et l’emploi seraient en
adéquation, ou l’emploi serait cette
capacité de différenciation propre à
créer de la néguentropie et non une
standardisation de la connaissance
découlant de la technologisation
entropique de nos sociétés.
Le séminaire Perspectives numériques
c’est aussi d’autres restitutions autour de :
1. LA RÉVOLUTION NUMÉRIQUE
4. CRITIQUE DE LA SOCIÉTÉ NUMÉRIQUE
xxBABINET, GILLES. 2014. L’ère numérique, un nouvel âge de
l’humanité : cinq mutations qui vont bouleverser notre vie. Paris : le
passeur éditeur.
xxMOROZOV, EVGENY & MARIE-CAROLINE
BRAUD. 2014. Pour tout résoudre cliquez ici - l’aberration du
solutionnisme technologique. Limoges : fyp éditions.
xxSADIN, ERIC. 2013. L’humanité augmentée : l’administration
numérique du monde. Montreuil : éditions l’échappée.
xxLANIER, JARON. 2014. Internet : qui possède le futur ?
Paris : le pommier.
xxBELOT, LAURE. 2015. La déconnexion des élites. Paris : les
arènes
xxBESNIER, JEAN-MICHEL. 2012. Demain les post humains:
le futur a-t-il encore besoin de nous ? Paris : fayard/pluriel.
xxRIEFFEL, REMY. 2014. Révolution numérique, révolution
culturelle ? Paris : folio
5. NOUVEL HORIZON DU CAPITALISME
2. SMART CITIES ET POSTHUMANISME
xxCITTON, YVES. 2014. L’économie de l’attention : nouvel
horizon du capitalisme ? Paris : la découverte
xxPICON, ANTOINE. 2013. Smart-cities : théorie et critique
d’un idéal auto-réalisateur. Paris : éditions b2.
xxCICALA, RAFFAELE. 2014. Consommation année zéro. Paris
: le cherche midi.
3. LA RÉVOLUTION DES DONNÉES
xxSTIEGLER, BERNARD. 2015. La société automatique. 1,
l’avenir du travail. Paris : fayard.
xxBABINET, GILLES. 2015. Big data, penser l’homme et le
monde autrement. Le passeur éditeur.
xxCHIGNARD, SIMON & LOUIS-DAVID
BENYAYER. 2015. Datanomics les nouveaux business models
des données. Limoges : fyp éditions
xxMARZLOFF, BRUNO. 2013. Sans bureau fixe. Transitions
du travail, transitions des mobilités. Limoges : fyp éditions.