Hors-série Les Signaux Numériques 2016
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Hors-série Les Signaux Numériques 2016
Hors série AEC l’agence aquitaine du numérique Édito L’agence AEC est très heureuse de présenter son dossier hors-série AEC « Les Signaux Numériques 2016 » réalisé dans la dynamique de la conférence annuelle dédiée à la veille et à la prospective numérique… Une volonté de la part de l’agence aquitaine du numérique d’offrir aux participants une photographie de nos sélections de sujets technologiques, économiques et sociaux qui font de 2016 et des temps à venir, des terrains de jeu nouvelle génération, tant dans les usages que dans nos modes d’organisation. Excellente lecture, L’équipe AEC Sommaire 1. Les Signaux Numériques 2016 5 1 - Accélération 7 xx Intelligence artificielle xx Le contenu immersif, le chainon manquant entre physique et virtuel xx De l’internet des objets à l’internet des services xx Blockchain : les disrupteurs disruptés - Transition 13 xLicornes x ou poneys : le risque de bulle des startups 2 - Transformation 14 xx Mutations des formes du travail et du salariat xx Tirer profit des nouvelles opportunités offertes par le numérique xx Vers une transformation en profondeur du marché de l’emploi 2. Les dossiers & notes de veille AEC 19 Les dossiers de veille, notre expertise à la portée de tous : 1 - La FinTech pour l’Aquitaine, Octobre 2015 21 2 - Blockchain: un disrupteur né?, Décembre 2015 25 Les notes de veille, notre expertise en faveur des membres et partenaires AEC : 3 - Accélération dans l’accélération, Janvier 2016 31 4 - ImmoTech: l’immobilier en chantier, Février 2016 33 5 - Le messaging: l’instantanéité au service de la relation client, Mars 2016 35 6 - DeliverTech: la course à la livraison, Avril 2016 37 3. [AEC x ISIC] Perspectives numériques 39 1 - Synthèse de l’ouvrage « La société automatique. 1, l’avenir du travail » par Bernard Stieglerr 41 2 - Consultation de l’ensemble des restitutions d’ouvrages 45 Les Signaux Numériques 2016 Accélération & Transformation La conférence annuelle d’AEC vous délivre les résultats d’une année de veille et d’analyse des tendances mondiales du numérique. Les Signaux Numériques permettent ainsi d’anticiper à court et à moyen terme les futurs enjeux technologiques, sociétaux et territoriaux impulsés par le numérique. Nouveauté de cette année, AEC propose un format alternatif et complémentaire à la conférence à travers ce dossier documentaire comportant les sujets et signaux phares issus de notre veille des six derniers mois. En considérant l’analyse des technologies, des usages et des services actuels, cette nouvelle édition des Signaux Numériques est indéniablement sous le signe de deux paradigmes, celui de l’accélération et de la transformation de nos sociétés. dossier de l’agence aquitaine du numérique n°3 / Mai 2016 LES SIGNAUX NUMÉRIQUES 2016 Lors des Signaux numériques 2015, les maitres mots ont été « immédiateté » et « fluidification », la société marquait alors son entrée dans l’ère de l’« ubérisation ». Economie des services à la demande, marchandisation des actifs privés, la conférence des Signaux numériques s’inscrit définitivement dans les mécaniques observées en 2015. Cependant, 2016, marque une accélération notoire dans l’usage des technologies et dans leur appréhension. Blockchain, intelligence artificielle, réalité virtuelle et augmentée, mais aussi internet des objets traduisent ces évolutions, cette transformation. A l’aube de ce nouvel âge technologique, quelle place pour l’Homme dans la conception des usages et services de demain ? Quels sont les impacts des opportunités d’innovation engendrés par le numérique sur nos modes d’organisation ? Pour aborder la question de cette mutation et répondre plus largement aux problématiques qu’elle génère, AEC a pris le parti d’expliciter les tendances accélératrices et transformatrices puis d’aborder leurs effets sur le marché du travail. I ACCÉLÉRATION En 1965, Gordon Moore, cofondateur d’Intel, publie un article dans la revue Electronics magazine. Selon ses observations, la puissance des microprocesseurs double alors tous les ans et le mouvement est bien parti pour se poursuivre. Si elle se fait par l’amélioration des composants, l’accélération passe également par la conception de logiciels et de technologies innovantes, par la création de business model « disruptants ». Aujourd’hui, tout le monde semble s’accorder sur le fait que les choses évoluent vite, voir s’accélèrent. Cette tendance se vérifie par l’activité du service veille AEC. On a ainsi vu en une dizaine d’année, un temps entre la captation d’une tendance et son déploiement, passer progressivement de 3 ans, puis 18 mois, pour finalement se réduire aujourd’hui à 6 mois. Un exemple récent est celui de la Blockchain qui est passée du statut de technologie « OVNI » à celui de technologie la plus en vogue de 2016 et ce, en l’espace de 6 mois. Elle est aujourd’hui au cœur des stratégies des acteurs souhaitant travailler sur leur transformation numérique. Mais accélérer, c’est aussi prendre un risque, celui de ne pas voir les évolutions, de ne pas les sentir. L’exemple le plus emblématique est celui de Kodak, qui a vu arriver le numérique mais pas su en évaluer le potentiel. 1 Intelligence Artificielle On l’a vu dernièrement dans les journaux, Tay, une intelligence artificielle (IA) issue des laboratoires de Microsoft, sensée apprendre de ses interactions avec les humains a dérapé sur Twitter. Programme à la base conçu pour être la représentation d’une adolescente et manipulé par les internautes, il s’est rapidement transformé en un « nazi » en puissance, tenant des propos racistes et conspirationnistes. Il a dû rapidement être mis hors ligne. Un service avec le soutien de 7 « Désolée de ne pas être à la hauteur de tes standards incroyablement irréalistes. Connard. » Tay IA, Microsoft. Si l’exemple a pu être perçu comme un échec, il fait état, en réalité, d’une incroyable avancée technologique. Kevin Kelly, fondateur de Wired, en est persuadé, l’IA est l’avenir des sociétés numériques et technologiques, “La formule gagnante des 10.000 prochaines start-ups est simple, prenez X et ajoutez IA “. Au cœur des projets et des préoccupations des startups naissantes, l’IA est aussi l’un des principaux domaines de recherche des géants du Web. Dernièrement, Facebook a développé une fonctionnalité permettant aux malvoyants, de « visualiser » une image par une intelligence artificielle capable de lire les images. Skype translator, ili, ou encore Mediawen, ont mis au point des solutions de traduction instantanée. Désormais, la plupart des services de messaging propose une interface de communication pour dialoguer avec les marques, le tout de manière automatique. Les avancées en matière d’intelligence artificielle sont donc bien présentes et palpables y compris dans le quotidien de chacun. Certains verront dans cette technologie, une évolution destructrice d’emploi : 3 millions d’emplois seraient en effet en danger face à une automatisation des tâches en France. 8 De fait, les tâches mécaniques et répétitives sont désormais robotisées, ou gérées par des “IA d’assistance” qui entrainent en conséquence un transfert des métiers opérationnels vers des métiers à plus forte valeur ajoutée. Des startups se sont montées sur ce créneau, proposant des services d’assistance virtuelle, assistance en secrétariat avec JulieDesk ou encore dans le domaine de la conciergerie avec le bordelais Wiidii. La société Jam, a quant à elle, créé un agent conversationnel SMS destiné aux étudiants. Les créateurs de Siri sont eux en train de développer le projet Viv, assistant virtuel, qui a pour ambition de nous accompagner dans la vie de tous les jours. Dans un futur proche, les intelligences artificielles interviendront également dans le domaine des transports, avec la généralisation des voitures autonomes, de la santé, de l’éducation… Même les tâches les plus créatives, qu’on imaginait à l’abri du phénomène, sont désormais à sa merci. C’est le cas dans le monde du journalisme, offrant ainsi aux médias une capacité de productivité inégalable. Des « bots » sont en mesure aujourd’hui de rédiger et de publier des articles sur des évènements dans les secondes qui les suivent. Remarquons que les lecteurs sont incapables de faire la distinction entre un article rédigé par un journaliste ou par un robot. Ainsi, le Los Angeles Times a pu diffuser le tout premier article sur les tremblements de terre de Los Angeles, dans la minute qui a suivi les dernières secousses. Si la dimension analytique est pour le moment à peaufiner, on peut parier qu’à la vitesse où vont les choses, ça ne sera plus le cas très prochainement. Des plateformes de « génération de langage naturel » sont mises en place. Elles peuvent transformer des données brutes en texte, mais elles ont également la possibilité d’intégrer d’autres types de contraintes : objectifs de communication, le thème et l’angle choisis, le style ou le ton. En d’autres termes, tout le travail humain de veille, de mise en exergue de l’information, de hiérarchisation de faits prioritaires est automatisé jusqu’à la restitution d’un style donné. Aucun homme ne peut rivaliser avec la vitesse d’analyse et de production d’un robot. Pour exemple, DreamWriter, un robot chinois, a rédigé un article financier de 900 mots en 60 secondes, le tout à un tarif de 7 dollars. Dernièrement, AlphaGo, le programme développé par Google, a démontré sa puissance en battant le champion du monde du jeu de Go, Lee Sedol, jeu pourtant réputé pour sa difficulté. Même si pour le moment il existe une différence symbolique entre l’homme de la machine, « l’homme sait qu’il a perdu, la machine ne sait pas qu’elle a gagné… ». 2. Le contenu immersif, le chainon manquant entre physique et virtuel 2015 a vu fleurir le format vidéo 360°, notamment rendu possible par la démocratisation des casques de réalité virtuelle (VR) de type cardboard. 2016 sera l’année de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée, la commercialisation du Rift, de la société Oculus acquis par Facebook pour 2 milliards de dollars, et les levées de fond record pour Magic Leap, le confirment. Les secteurs impactés par ces technologies sont nombreux : jeux vidéo, retransmission d’évènements en direct, divertissement vidéo, immobilier, distribution, santé, éducation, défense, ingénierie… Les nouvelles formes de réalité au service du divertissement Dans le domaine du jeu vidéo, le bordelais Asobo a récemment été sélectionné pour réaliser deux jeux en réalité augmentée pour le compte de Microsoft et son casque Hololens. L’équipe de Steam, plus grand distributeur de jeux sur ordinateur, a récemment intégré sur sa plateforme un catalogue proposant plus de 180 jeux pour les casques Vive (Valve et HTC) et Rift (Oculus). Dans une vidéo, la société présente des jeux qui mêlent réalité et virtuel, en recréant des lieux dans lesquels il est possible d’interagir avec des objets physiques. Concept également repris dans cette expérience présentée au festival Sundance New fontier en janvier, permettant l’intégration de plusieurs acteurs (voyageant ici dans le temps), apportant ainsi une dimension collaborative et interactive. Sony reste dans la course et entend proposer lui aussi son casque, le « playstation VR » ainsi que 2 contrôleurs à détection de mouvement. Les casques de réalité virtuelle cités ci-dessus ne sont pas accessibles à toutes les bourses, puisqu’il faut compter, en moyenne, entre 500 et 900 euros. En revanche, présenté en 2014, le « Google cardboard » offre une première approche et contribue à sensibiliser le public à cette technologie, en permettant le visionnage de vidéos 360° facilement et à prix abordables (moins de 5 euros). Petites lunettes en carton ou modèles en plastiques plus perfectionnés, elles fonctionnent avec un smartphone. En plus de l’outil, la démocratisation de ce type de technologie passe également par les médias. Facebook, avec l’acquisition d’Oculus, envisage de diffuser des contenus immersifs à son milliard d’utilisateurs. Pour cela, il commence par de la sensibilisation aux vidéos 360° dans les fils d’actualités. ARTE, toujours à la recherche d’innovations, lance des programmes en 360° avec notamment un documentaire sur l’écrivain de sciences fictions Philippe K. Dick diffusé en mars, ainsi qu’une application. Le Huffington Post, vient de s’offrir Ryot, afin d’intégrer au journal son savoir-faire en termes de VR, quand le New York Times propose déjà des contenus et que la NBA a déjà retransmis un match avec l’aide de Next VR. Disney, via son programme Disney Accelerator, a également financé Littlstar, qui propose un large catalogue de vidéos immersives ainsi qu’un lecteur permettant de les visualiser depuis un navigateur ou un smartphone. YouTube envisage de retransmettre des évènements en 360°. En attendant, ils ont mis en place une chaine dédiée tout comme son homologue Dailymotion. Google a mis en place en 2015 Spotlight stories, une plateforme visant à mettre en avant des créations originales et interactives. Ne souhaitant pas passer à côté de ce phénomène, GoPro a également acquis Kolor, société française spécialisée dans l’imagerie panoramique et l’assemblage de vidéo 360°. Kolor Eyes est à la fois leur suite applicative et une plateforme de publication de vidéo 360°. La société a également sorti le Gopro Omni, une caméra dédiée à la VR, ainsi qu’une application mobile et un site dédié à ces contenus. Se projeter plus facilement... un nouvel outil marketing Le divertissement n’est pas l’unique débouché de ces technologies. Le tourisme, en pleine transformation numérique, s’en empare. De fait, 51 % des Français seraient intéressés et 19 % très intéressés par l’utilisation de la réalité virtuelle pour choisir leurs futures vacances. Le Club Med propose de vendre son offre d’hiver au travers de la réalité virtuelle et l’Oculus Rift. La province canadienne de la Colombie Britannique et la ville de Vancouver promeuvent également leur territoire au travers de cette même technologie et de l’opération The Wild Withing VR Experience. En France, c’est la société Zooomez, qui propose de valoriser des territoires via des opérations de shooting photo en 360 et de leur visionnage en cardboard. Constructeurs, enseignes et autres marques sont également dans la course. Le secteur de l’automobile n’en est pas absent. Hyundai a sorti une application de réalité augmentée afin de venir en aide aux propriétaires de voitures en remplaçant le ma- 9 nuel d’utilisation par une application interactive. Volvo permet à ses futurs clients de visualiser leur véhicule via Hololens, tout comme Audi via l’Oculus Rift. Ikea a récemment introduit une application de réalité augmentée afin d’accompagner ses clients dans la modélisation de leur cuisine. De fait, l’immobilier devrait connaitre de grand changement au travers de cette technologie, permettant des visites à l’échelle ou la modélisation de proposition architecturale, le tout sans avoir à se déplacer. Des perspectives en matière de communication et de formation Si aujourd’hui les usages se limitent encore à une utilisation marketing, Microsoft y voit un potentiel outil de communication et a récemment dévoilé son projet d’holoportation, ou téléportation holographique. Dispositif de réalité augmentée « jumeaux » permettant une interaction entre deux personnes éloignées. Ambition partagée par Facebook (et Occulus), qui envisage à horizon 2025 de lancer son propre « téléporteur virtuel », permettant de voyager partout, sans limite. Dans la même veine, à l’occasion du festival californien Coachella, YouTube a dévoilé une nouvelle fonctionnalité, la diffusion de vidéos live en 360°, qui le positionne également dans cette lignée de la « téléportation » virtuelle. Le monde de la formation est également impacté par cette nouvelle technologie. Déjà, le Docteur Ahmed Shafi, co-fondateur, d’une clinique qui utilise la réalité virtuelle et la réalité augmentée dans le domaine médical, a réalisé une intervention chirurgicale entièrement filmée en 360° et retransmise (avec un léger décalage), afin que tous les chirurgiens de la planète puissent la suivre à l’aide de lunettes de réalité virtuelle. Cette pratique annonce un renouveau de la formation à distance et des méthodes de travail. 3. De l’internet des objets vers l’internet des services La santé par l’objet Le CES Las Vegas 2016 aura été marqué par une recrudescence des objets connectés. Plus de 110 fabricants proposaient des trackers d’activités pour le bien être. Selon Uwe Diegel à la tête de iHealth Labs en Europe, cette tendance n’est pas pérenne. Ces objets ont une durée de vie dans leurs usages plus que relative, de trois mois environ. Pour Diane de Bourgueson, spécialiste en santé digitale au sein du cabinet de conseil Jalma « le cœur de la valeur aujourd’hui, ce sont les algorithmes médicaux, des logiciels pouvant analyser plusieurs critères de santé et d’en tirer des recommandations, notamment pour les personnes atteintes de maladies chroniques « . Le secteur de l’objet connecté s’orienterait donc dans le domaine de la santé et non plus du bien-être. Sur ce marché, la société Qualcomm a annoncé qu’elle allait connecter les inhalateurs intelligents de Novartis à sa plateforme Life’s2net ainsi qu’au 10 smartphone du patient, leur permettant d’avoir accès à leurs données en temps réel et ainsi d’utiliser leur inhalateur de façon optimale. Le laboratoire Abbott a lancé un glucomètre innovant fonctionnant sans piqûre. Le principe, un patch à scanner, mesurant le taux de glycémie, non pas dans le sang, mais dans le liquide interstitiel présent entre les vaisseaux sanguins et les cellules. Le dispositif permet de faciliter le contrôle par le patient et ainsi d’en améliorer la prise en charge en l’individualisant. L’objet étant connecté, le médecin peut avoir lui-même une vision beaucoup plus précise et mieux contextualisée des déséquilibres glycémiques chez ses patients. Utilisé dans le service de cardiologie-électrophysiologie et stimulation cardiaque du CHU de Bordeaux, un « électrocardiogramme du futur », gilet truffé d’électrodes à mettre à même la peau du patient, permet de faire une cartographie parfaite du cœur et de ses activités. La société Blumio, quant à elle propose un contrôle de la pression artérielle par radars, pour le rendre plus facile et rapide sans avoir à manipuler le bras du patient. Si les Google Glass, ont eu du mal à trouver leur public, le principe des lunettes connectées a une réelle utilité dans le domaine de la santé. Ainsi, OrCam, une société israélienne, a mis au point des lunettes permettant aux malvoyants de voir et de lire, leur redonnant une certaine indépendance. Elles peuvent même permettre d’identifier les objets et lieux qui l’entourent, voire d’en mémoriser de nouveaux et de distinguer certaines couleurs, le tout sans forcément avoir de connexion Internet. Pour l’utilisateur, il lui suffit juste de pointer du doigt ce qu’il souhaite « visualiser » et les lunettes lui apportent la réponse via une oreillette. La plupart des objets sont prévus comme des extensions du corps, mais l’objet connecté peut aller plus loin en agissant au sein même de ce dernier. C’est le pari de la société BodyCap et de ses gélules thermomètres connectées, e-Celsius Performance, utilisées par l’équipe médicale du staff du club de football du FC Nantes. Leur objectif est d’améliorer les performances des joueurs en observant leur capacité de thermorégulation. Une fois ingérée, elle transmet toutes les 30 secondes, via une communication sans fil, la température gastro-intestinale de l’athlète à un moniteur de contrôle et de suivi. Ces données vont pouvoir permettre d’individualiser l’entrainement, l’objectif étant d’améliorer les prestations des joueurs. Dernièrement, des chercheurs japonais ont mis au point un patch à coller sur la peau, le e-skin, extrêmement fin qui permet de visualiser ses constantes physiologiques. Très discret, on parle ici de peau électronique. Elle pourrait remplacer les trackers d’activités jusqu’alors présents sur ce marché. Internet of everyThing, l’internet des objets du quotidien La santé n’est pas l’unique débouché de ces objets connectés, ces derniers sont présents partout, et ont pour vocation d’optimiser le quotidien et la consommation de chacun. Ainsi, le thermostat intelligent Tado va apprendre les habitudes et préférences de ses utilisateurs et proposer une utilisation personnalisée tout en prenant en compte le gaspillage énergétique. Le bordelais e-locky propose des serrures connectées, permettant l’accès des personnes autorisées, à distance, à un logement. Hydrao, pro- pose un pommeau de douche connecté, permettant de contrôler la quantité d’eau consommée et d’alerter le consommateur… En d’autres termes, il existe un objet connecté pour tous les usages possible et imaginable. Le pari de la société ThinFilm, est de s’appuyer sur cette tendance de l’objet connecté et de délivrer un service permettant de rendre chaque objet « intelligent » et doté d’une mémoire, via l’impression d’étiquette NFC. C’est également l’ambition de la société toulousaine Sigfox, qui souhaite rendre les objets en capacité de communiquer, à l’aide d’un réseau télécom dédié, en basse fréquence. La société Matooma, s’attaque également à ce marché avec MatooWan, en s’appuyant sur la technologie de la carte SIM multi-opérateur permettant notamment d’en augmenter la portée. IoT is Business Voyant le potentiel d’un tel marché, les géants du web s’y engouffrent et s’engagent sur la logistique encadrant l’ensemble et permettant de centraliser, de connecter tous ces objets. Lancé en partenariat avec Phillips, qui propose notamment une suite d’objets connectés dédiés au maintien des personnes âgées à domicile, Amazon via l’Amazon Web Services IoT propose de collecter les données, de les stocker et traiter dans le cloud. La solution permet dans le même temps, l’interaction des objets avec les applications, de déclencher des actions, y compris hors connexion. Avec sa plateforme facturée à la consommation, la société se positionne donc face à l’Azure IoT suite de Microsoft et à l’IoT Foundation d’IBM, sur un créneau que viennent également d’investir OVH ou Sigfox avec leur « PaaS TimeSeries », le premier service d’OVH conçu pour l’IoT. C’est également le choix d’Intel de recentrer sa stratégie sur le Datacenter et l’Internet des objets (IoT). Mais la prolifération des objets connectés crée un autre marché, celui des données produites par ces objets. Un récent rapport, financé en partie par Vodafone, affirme que l’on pourrait générer 21 milliards d’euros en aidant les consommateurs à gérer, c’està-dire à vendre, leurs données personnelles. Ces données ont surtout une importance pour les acteurs de l’assurance qui y voient la possibilité de proposer de nouveaux services. En effet, ces données peuvent permettre une tarification adaptée à chaque consommateur. Ainsi, dans le domaine de la santé, en avril 2015, John Hancock est devenu la première assurance américaine à faire varier le prix des primes de ses assurés en fonction de leur activité et de leur mode de vie. Le monde de l’assurance ne se cantonnant pas uniquement à celui de la santé, l’habitat ou l’automobile sont également impactés, d’autant que les données y sont moins sensibles. De la même façon les primes vont pouvoir être adaptées en fonction de la conduite de l’usager ou de l’état de vétusté de son logement. Néanmoins, l’ensemble de ces informations laisse à penser que les assurances pourraient devenir de simples exploitants des données, quand les sociétés possédant ces objets connectés et donc propriétaires des données se verraient devenir les réels détenteurs du pouvoir, étant euxmêmes en capacité d’évaluer les risques en matière d’assurance ou de faire le choix de revendre à prix d’or ces informations. 11 4. Blockchain : les disrupteurs disruptés Avec 494 millions de fonds levés en 2015, les startups Blockchain font parler d’elles. Decryptage. La Blockchain est la technologie sur laquelle s’appuie le controversé Bitcoin. Le principe, un registre décentralisé, public, sur lequel les transactions sont horodatées de façon permanente. Présent sur l’ensemble des nœuds composants son réseau, ce qui y est inscrit devient infalsifiable (cf le dossier de veille AEC sur la blockchain). Ce principe de l’infalsifiabilité en fait une des technologies les plus observées et attendues du moment, les perspectives sont immenses, et ce dans tous secteurs confondus. Les droits d’auteurs au cœur de la tourmente. Un des premiers secteurs impactés par cette technologie est celui qui touche aux droits d’auteurs. Ujo, startup londonienne, permet aux artistes de se passer des acteurs historiques liés à la distribution musicale, en permettant de vendre leur création directement à leur auditoire. Verisart permet d’authentifier les œuvres d’art, monegraph permet aux artistes (photographes, musiciens, écrivains…) de déposer des licences sur leur travail. Par ailleurs, Keeex permet le partage sécurisé des documents ainsi que le suivi de ces derniers par leurs auteurs. Si cela est rendu possible, c’est en partie grâce aux « smarts contracts », ou contrats intelligents, protocoles informatiques autonomes permettant l’automatisation de tâches, telles que l’authentification des parties, la validation des paiements, etc… C’est un code appliqué à la 12 blockchain qui permet de programmer des transactions pour qu’elles soient passées à un moment déterminé à l’avance, selon une date, ou une circonstance « déclenchante ». Ce principe des contrats intelligents, va plus loin et peut permettre d’interagir avec des objets. Ainsi, slock.it propose une solution destinée aux objets connectés, en s’adressant plus particulièrement à l’économie du partage. L’idée est d’ajouter un petit ordinateur embarqué à chaque objet, afin de le rendre entièrement autonome. L’objectif est de passer du simple partage d’informations, à un objet autonome capable de signer des contrats, lui permettant de se louer par exemple. Imaginons, vous êtes devant la porte d’un appartement libre et vous cherchez à vous loger. Vous interagissez directement avec la porte, qui signe avec vous le contrat de location et assure la rémunération du propriétaire. L’eldorado de l’IoT Une blockchain orientée objets, c’est le pari d’Aechain filiale du groupe français Aedeus. Aechain est un protocole d’objet autonome, décentralisé, sécurisé et non dépendant de plateformes existantes telles que Bitcoin ou Ethereum. La technologie s’appuie sur des mécanismes de « machines sociales » : toute machine connectée au moment d’une transaction est apte à l’évaluer et à l’approuver si les conditions contractuelles sont remplies. Contrairement aux blockchains « traditionnelles », elle ne requiert donc pas de miners ou de proof-ofwork (preuve de travail) pour opérer les transactions ; celles-ci se réalisent de pair-à-pair entre machines. Les géants du secteur s’emparent également de la technologie pour proposer leur propre solution. IBM et Samsung travaillent ensemble sur le projet ADEPT, une infrastructure blockchain dédiée aux objets connectés. L’internet des objets lié à la blockchain offre des perspectives immenses. On peut imaginer que les objets créent eux-mêmes leurs contrats de transactions et envisager qu’ils les poussent dans la blockchain, voire qu’ils les modifient en fonction des apprentissages et des expériences. Ainsi, des radiateurs électriques pourraient réaliser une enchère inversée envers les fournisseurs d’électricité. Le radiateur commence par détecter que le contrat de fourniture est inadapté à son usage, puis il propose une enchère inversée en stipulant le contrat de fourniture souhaité et à chaque fournisseur de dire s’il l’accepte ou non. Les transactions porteront non seulement sur les biens et services, mais également sur les contrats eux-mêmes. Avec des projets comme Wisp, qui pourrait permettre à un objet connecté de se passer de batterie, en s’alimentant via les ondes RFiD, on peut imaginer un désengagement total de l’humain vis-à-vis de l’objet. Avec un pied dans la réalité, via les objets, la blockchain s’expose à d’autres problèmes. Qui est légalement responsable dans un système distribué ? Pour illustrer ce propos, on peut se poser la question au travers de l’exemple d’une voiture autonome, qui ayant accepté un trajet, se déplacerait pour aller chercher un client, un colis, et provoquerait un accident… qui est responsable ? Pour l’avocat Marc Lipskier, 95% des lois existantes sont à même de régler les problèmes liés au numérique, tout serait donc lié à l’interprétation qu’on en fait. Transition Licornes ou poneys ? Le risque de bulle des startups C’est en début d’année que nous avons pris connaissance de la levée de fond record de Magic Leap, avoisinant les 800 millions de dollars, alors que le produit proposé par cette société n’a pas encore été rendu public. Cet exemple illustre parfaitement l’engouement qui existe aujourd’hui autour des startups dans le monde du numérique et des technologies, mais doit-on le considérer comme étant également le symbole d’une bulle à venir ? Depuis plusieurs années, les investissements et les valorisations des entreprises, des « licornes », notamment américaines, n’ont fait que croitre, Facebook, Twitter, Tesla, Netflix, Uber… Une licorne est une startup valorisée à plus d’un milliard et non côté en bourse. 153 licornes étaient recensées dans le monde en début 2016. Un nombre qui a plus que triplé par rapport à janvier 2014 (42 sociétés). Si certaines ont su tirer leur épingle du jeu, la plupart n’ont pas encore trouvé de modèle économique viable, et ne sont toujours pas rentables. Pour survivre, certaines doivent se reposer uniquement sur des levées de fonds successives, ce qui fonctionne un temps, mais ne peut durer éternellement. Pour Jim Breyer, capital Risker, 90% de ces entreprises sont en danger. Ainsi, Twitter a perdu plus de 60% de sa valeur en un an, manifestant un désengagement et une perte de confiance généralisée des investisseurs. L’investissement sur le territoire français semble échapper pour l’heure à ce phénomène et reste en hausse en 2015 ainsi que sur le premier trimestre 2016. Les startups françaises auraient levé 759 millions d’euros en 2015 soit une progression de 70% par rapport à 2014 (toujours un peu moins que Magic Leap…). Si ces entreprises sont prometteuses, le sont-elles suffisamment pour rembourser et faire fructifier rapidement ces capitaux, ou est on en train de copier un modèle américain qui serait sur le déclin ? Institutionnels et entreprises semblent croire, à tort ou à rai- son, en ce nouvel eldorado des startups. De fait, on observe une multiplication des structures d’accompagnement, incubateurs et accélérateurs, qui ont fini par devenir tendance. Portés par des privés, par des entreprises, des groupes, des organismes publics, elles fleurissent partout sur le territoire dans tous les domaines possibles, avec des projets titanesques comme celui de la Halle Freyssinet, dimensionnée pour accueillir 1000 startups. Pour les entreprises et autres grands groupes, l’intérêt est avéré : acquérir une force d’innovation à moindre coût, gagner de nouveaux marchés... mais elle est également une question d’image. Pour les pouvoirs publics, l’objet est de dynamiser un territoire et d’accompagner son développement économique par la création d’activités innovantes et d’emplois. L’écosystème startup est florissant, faisant de la France une « startup nation ». Paris en compterait 4 000, 12 000 avec la banlieue, soit plus que Londres ou Berlin. Des mentalités qui évoluent, un regard nouveau porté sur le salariat, la jeune génération rêve d’indépendance et de liberté et le modèle entrepreneurial semble répondre à ces attentes. 13 II TRANSFORMATION Nous venons de le voir, les temps se raccourcissent. L’accélération promise par le numérique, l’enchainement de plus en plus rapide des innovations et les nouvelles « disruptions » impactent en profondeur notre quotidien. Le marché du travail n’échappe pas à cette réalité. Après l’« uberisation » des taxis, puis celle des hôtels, c’est l’économie dans son ensemble qui est visée. Au cœur des préoccupations, le travail est le fil conducteur de nos vies et chaque changement induit une modification des organisations, des formations, des rapports de forces. 1. Mutations des formes du travail et du salariat «Anyone can become an entrepreneur !», une utopie ? Face à l’effondrement programmé du marché du travail, certains n’hésitent plus à brandir la solution d’un entrepreneuriat salutaire. Confronté au chômage de masse et à des jours à venir incertains, l’une des solutions serait de créer sa propre entreprise. Comme nous l’avons mentionné, le nombre de pépinières, d’incubateurs et d’accélérateurs ne cessent d’augmenter (d’autant plus depuis la création du Label FrenchTech qui vient aider les accélérateurs privés à identifier et à accompagner les futures pépites françaises) et comme l’annonce fièrement The Family, l’accélérateur fondé par Nicolas Colin, sur la page d’accueil de son site internet “Anyone can become an entrepreneur”. Pourtant, le portrait socioéconomique des jeunes entrepreneurs dans l’univers de la startup et du numérique montre, chiffres à l’appui, que le secteur est de plus en plus réservé à une élite économique, diplômée des grandes écoles (HEC et Polytechnique en tête) qui ne cherche plus la réussite dans les grandes entreprises mais de plus en plus le côté fun et risqué de la startup. Un chiffre résume à lui seul cette tendance. Sur les 190 startups françaises présentes au CES de Las Vegas en début d’année, 83% ont été fondées par un ou une diplômé(e) d’une grande école contre 16% par un diplômé de l’université et 1% par des au- 14 todidactes. La reproduction des élites touche le milieu de la startup et le réseau devient un bien nécessaire à la levée de millions d’euros tant espérée, comme le confirme l’étude menée par le Cabinet Roland Berger pour le compte de Numa. Les outsiders, ceux qui ne peuvent mobiliser un capital social suffisant pour entreprendre dans la création de startup, doivent se rabattre sur des métiers moins qualifiés et qui sont plus susceptibles d’être impactés par les innovations numériques disruptives (comme la robotisation, l’intelligence artificielle, etc.). Freelancisation du travail : une opportunité, mais pour qui ? Malgré un essoufflement en 2015 (baisse de 12% d’immatriculation d’autoentrepreneurs en un an), l’explosion des plateformes de mise en relation directe entre des particuliers ou des entreprises et des professionnels pourrait, dans les mois à venir, relancer le statut d’autoentrepreneur. Ces plateformes dites collaboratives veulent révolutionner le marché du travail ainsi que les stratégies RH des entreprises. Les entreprises qui ne souhaitent plus internaliser certaines tâches ponctuelles peuvent s’adresser directement à des prestataires indépendants, qui possèdent la compétence, sans en supporter les coûts et risques afférents. Cette horizontalisation des re- lations professionnelles permet, d’un côté, aux employeurs (entreprises ou particuliers) de trouver de la main d’œuvre très facilement et aux travailleurs de trouver et d’accepter des emplois variés en tant que prestataires indépendants. On assiste donc à une forme de rééquilibrage du rapport de force sur le marché du travail où le travailleur peut accepter ou refuser un travail et choisir lui-même son employeur ! Ces plateformes sont donc nombreuses et touchent particulièrement le secteur des services à la personnes (Helpling pour le ménage, YoupiJob, Needelp ou Wonolo pour les services de la vie quotidienne, TaskRabbit ayant été le pionner aux Etats-Unis), les métiers créatifs (comme les graphistes, les métiers de l’édition) ou des métiers de l’informatique et le web (www.codeur. com, www.twago.fr ou www. hopwork.fr). La livraison à domicile est également un secteur en pleine croissance : depuis Uber et ses différentes déclinaisons (UberPop – aujourd’hui interdit en France, UberEats pour ses livraisons de repas à domicile), d’autres plateformes ont vu le jour en France : TakeItEasy et Deliveroo spécialisés dans les courses rapides entre restaurants et particuliers ou Toktoktok qui élargit ses services à toutes commodités pouvant être livrées à domicile (courses, repas, fleurs, vêtements, etc.). Toutes les plateformes fonctionnent sur le même principe : une mise à disposition de personnes détentrices d’un savoir-faire ou d’une compétence à un particulier ou une entreprise qui en fait la demande. La plateforme n’emploie aucun salarié directement (Uber payerait même 100 millions de dollars pour éviter de salarier ses conducteurs), sauf rares cas1, mais ponctionne à chaque mise en relation fructueuse. Elle ne paye donc aucune charge sociale et la personne qui offre ses services est à son compte sous le statut d’autoentrepreneur. Elle doit donc assurer sa protection sociale et gérer l’ensemble des services qu’elle facture comme une entreprise. De plus, le travailleur est payé à la tâche (souvent de façon forfaitaire) et doit donc accumuler plusieurs tâches pour atteindre un revenu décent. Certains témoignages de coursiers chez TakeItEasy ou Deliveroo montre que si les salaires sont tout à fait corrects, c’est souvent au prix d’un effort important, d’un nombre 1 Certaines plateformes ont décidé de prendre le contrepied en salariant certains de leurs travailleurs comme chez Instacart ou en offrant des conditions salariales décentes et des formations comme chez MobileWorks. de courses concentrées sur des plages horaires denses et d’une très forte concurrence entre les coursiers, très nombreux sur les mêmes zones géographiques. Dans certains secteurs, notamment dans les professions créatives comme le marketing ou les métiers du web, ces plateformes font polémiques car les règles du jeu sont opaques, parfois déloyales (les plateformes pouvant exiger la fourniture d’avant-projets sans rémunération) ou produisent du dumping (les prix sont fixés en dehors de toute concertation avec les professionnels) et les droits d’auteur ne sont pas toujours respectés. Demain, tous intermittents ? Selon certaines projections, l’auto-entrepreneuriat pourrait atteindre 80% des actifs à l’horizon 2030. La soutenabilité du modèle social français doit dès aujourd’hui être questionnée puisque les charges sociales des autoentrepreneurs sont 3 à 4 fois inférieures à celles des salariés tout en ouvrant droit qu’à une protection sociale au rabais. Dans ces conditions, la question du financement d’un revenu universel avancé par certains comme étant « une solution à la société post-salariale » qui s’annonce se pose avec une acuité encore plus prononcée. En ce sens, plusieurs chercheurs et philosophes, comme Nicolas Colin ou Bernard Stiegler, relayés par le Conseil National du Numérique, proposent de généraliser le modèle de l’intermittence du spectacle en une forme de Revenu contributif dont le principe « serait d’assurer à tous les travailleurs une meilleure gestion de leurs temps professionnels (phases de développement de capacités et phases de mise en production de ces capacités). La perception de ce « revenu contributif » serait conditionnée à l’exercice d’activités présentant un intérêt pour la collectivité. » D’autres, comme Marc-Arthur Gauthey de OuiShare se montrant plus sceptiques notamment sur le modèle social associé à ce statut généralisé : « Il y a fort à parier que demain, nous inspirant peut-être du monde de la culture qu’on a regardé se défaire sans compassion, nous serons tous plus ou moins des intermittents du travail. Nous cumulerons ici et là des heures pour remplir nos quotas… qui nous donneront droit, peutêtre, à des allocations, une assurance-maladie et un RSA d’un nouveau genre ». 2. Tirer profit des nouvelles opportunités offertes par le numérique Micro-jobs : l’émergence d’un proNETariat à l’échelle planétaire La plupart des plateformes mentionnées précédemment proposent des emplois sinon stables du moins rémunérés décemment. Cependant, un certains nombres d’entre-elles ont calqué leur modèle sur celui de TaskRabbit et d’Amazon Mechanical Turk, à savoir proposer des micro-tâches éphémères, qu’une intelligence artificielle n’est pas encore capable d’accomplir et payées quelques centimes d’euros. Pour être payés, les travailleurs doivent respecter les temps impartis sous peine de voir la tâche remise en concurrence sur la plateforme. Ces tâches concernent la traduction de fragments de texte, de la saisie de tickets de caisse, la transcription de fichier vidéo, etc. Ces tâches n’exigent aucune compétences particulières (et sont donc ouvertes à tous) et un équipement minimal (un ordina- teur ou un smartphone et une connexion internet). Les chiffres se font rares mais, d’après les dernières études conduites, près de 35.000 travailleurs actifs seraient recensés principalement aux Etats-Unis et en Inde. De nombreuses startups ont, depuis, emboîté le pas d’Amazon et de TaskRabbit. La France n’est pas en reste avec quelques plateformes comme FouleFactory, 5euros.com ou AppJobber qui toutes proposent des micro-tâches en échanges de 15 quelques centimes d’euros. LocalEyes permet grâce à son smartphone de remplir des missions pour les grandes marques en photographiant directement dans les supermarchés (disponibilité des produits, présence des PLV, relevé des prix, etc.). Certains voient dans ces plateformes de « micro-jobbing » une opportunité de gagner un peu d’argent en valorisant les temps morts de la vie quotidienne, comme les déplacements en transport en commun : « C’est donc idéal si vous êtes dans les transports en commun, ou dans une file d’attente, pour tuer le temps. Les projets et les prix proposés pour chaque tâche ont été réfléchis pour correspondre environ à un gain de 10 à 15 euros par heure. C’est une évaluation subjective faite par l’apporteur de projet, par exemple « Je pense qu’aller chercher cette information sur Internet et la reporter sur Foule Factory ne doit pas prendre plus de 30 secondes, je vais donc rémunérer cette tâche 0.15 centimes ». La première exécution de la tâche vous prendra peut-être 45 secondes, mais les exécutions suivantes, 30, puis 25, puis 20… Tout l’intérêt réside donc dans l’exécution de plusieurs tâches du même projet consécutivement : plus vous êtes familiers avec la tâche, plus rapidement vous allez exécuter cette tâche. Et votre gain horaire augmentera, donc » En 2005 déjà, Joël de Rosnay pointait le développement de ce type d’emplois qu’il qualifiait de précaires, instables et n’ouvrant pas droit à protection sociale. Le proNETariat, constitué de millions de travailleurs du net qui, gratuitement ou contre une très faible rémunération, peuvent produire et diffuser de l’information et des contenus est aujourd’hui une réalité. Ces micro-tâches sont souvent envisagées comme une solution pour parvenir à « joindre les deux 16 bouts » sans offrir de perspectives professionnelles pérennes. Devenir gestionnaire de ses actifs L’essor de l’économie collaborative (ou du partage) nous promet un changement de paradigme, une « société liquide » pour reprendre les mots du sociologue polonais Zygmunt Bauman dans laquelle la possession et l’accumulation laisseraient la place à une consommation citoyenne favorisant l’échange et l’utilisation à plusieurs limitant ainsi l’impact sur l’environnement. Evalué à 15 milliards de dollars en 2014, estimé à 335 milliards de dollars en 2025, le marché de la consommation collaborative n’est plus un effet de mode. En France, 5,2 % de la population tirerait plus de 50 % de son revenu de la consommation collaborative. En effet, au-delà des motivations d’ordre social et environnemental, la consommation collaborative permet aux particuliers « offreurs » de biens et/ ou de services d’amortir plus rapidement un bien qu’ils possèdent (une voiture, un logement) mais aussi d’augmenter et de diversifier leurs revenus, avec à la clé un impact positif sur leur pouvoir d’achat. Toutefois, des études, notamment celle de Mathieu Rouveyre sur Bordeaux, montrent que cela peut devenir un véritable business et entrainer des effets externes négatifs. Certains loueurs d’appartements sur AirBnB peuvent ainsi encaisser plus de 2000€ de loyers par mois en accumulant les locataires de passage. Selon l’étude, 85% des annonces concernant Bordeaux seraient des logements dédiés à la location, évinçant ainsi du marché les étudiants, les jeunes couples. La ville de Berlin interdit depuis le 1er mai 2016 la location, sur AirBnb, de logements entiers. Les plateformes sont nombreuses et touchent tous les domaines pouvant être monétisés. De la location d’espaces vacants jusqu’au moindre objet du quotidien, en passant par ses compétences en matières culinaires ou sa machine à laver, il existe une solution pour vendre ou louer n’importe quoi. La monétisation du quotidien dépasse le cadre de l’économie collaborative. Avec l’émergence des objets connectés, c’est aussi la production et la mise à disposition de nos données personnelles (ainsi que toutes les traces que nous laissons sur la toile) qui devient un enjeu financier. Brosse à dents connectés, matelas à détection de mouvements, machine à laver, thermostat connecté ou même le miroir connecté, la production de données est aujourd’hui exclusivement exploitée – à des fins marketing et commerciales – par les grands groupes. Nous sommes arrivés à un point où, comme le souligne Evgeny Morozov « quelque part, quelqu’un est disposé à payer pour savoir ce que nous chantons sous la douche ». Certaines voix militent pour redonner le pouvoir aux consommateurs producteurs de leurs propres données. Argument éthique mais également argument économique puisque comme nous l’avons déjà évoqué, 21 milliards d’euros pourraient être générés en aidant les consommateurs britanniques à gérer et vendre leurs données personnelles. En France, la Fing mène une réflexion sur la réappropriation des données générées par les particuliers (selfdata) au sein du projet mesinfos avec l’objectif de faire de l’internaute producteur de données l’acteur principal de sa vie numérique. Au final, l’injonction au partage peut déboucher, si l’on pousse le raisonnement jusqu’au bout, sur une nouvelle forme d’activité qui consisterait à gérer ses actifs : de la monétisation de ses données personnelles sur internet à la location de sa maison, en passant par la location de tout ce qui constitue notre quotidien. Louer son chien pour la journée, son salon pour deux heures ou même sa robe de mariée poussiéreuse à la journée voire même l’accès à ses toilettes peuvent aujourd’hui créer une forme de revenu, qui mis bout à bout, peut s’avérer non négligeable. 3. Vers une transformation en profondeur du marché de l’emploi Aujourd’hui, les robots peuvent agir là où ils se contentaient de reproduire – souvent plus efficacement - les gestes humains harassants, derrière des chaines de montage. Là où l’automatisation venait améliorer les performances de production des ouvriers par exemple, la robotisation vise tout simplement à remplacer les hommes grâce à des machines qui deviennent autonomes dans leur prise de décision et ne se limite pas à un seul processus productif. Le passage de l’automatisation à la robotisation peut entraîner des conséquences majeures au niveau individuel sur le travail et le salariat mais aussi au niveau du marché de l’emploi dans son ensemble Certains prédisent un effondrement de l’emploi d’ici 15 ans Selon Bruno Teboul, directeur innovation de Keyrus : “D’ici 2025, 3,5 millions d’emplois seront détruits en France à cause de la numérisation de l’économie, dont l’ubérisation est une des conséquences. D’ici dix ans, 42 à 47% des emplois ne seront plus effectués par des humains mais par des «robots». Je pense notamment aux employés de banque, aux notaires, aux comptables ou encore au département des RH et de la gestion. A l’inverse, ce phénomène créera des activités nouvelles mais qui profiteront à une petite quantité de salariés très qualifiés, une certaine élite aux profils scientifiques et technologiques. Les grands gagnants seront les clients et les grands perdants, les salariés peu qualifiés. Ce qui ne fera qu’accroître les inégalités sur le marché du travail et installer un phénomène de «freelancisation» et d›intermittence généralisée.” Ainsi, aux Etats-Unis, un actif sur quatre n’est pas salarié et une société comme Uber compte 160 000 chauffeurs affiliés pour seulement 2 000 employés. L’économiste en chef de la Bank of England se montre encore plus catégorique. Selon Andy Haldane, c’est près de 50% de la main d’œuvre anglaise (soit 15 millions de postes) qui disparaitrait dans les années à venir à mesure que les robots remplaceraient les hommes, dans de très nombreux secteurs d’activité. L’industrie est la première visée mais les secteurs des services à la personne, des loisirs ou encore de la vente et du commerce pourrait faire face à une « probabilité moyenne d’automatisation » de l’ordre de 80%. Ces pertes d’emplois, poursuit l’économiste, pourraient causer la chute du système actuel incapable d’assurer sa survie, occasionnant des millions de chômeurs avec des conséquences économiques et sociales désastreuses. La société canadienne 4D Retail Technology propose aux grandes surfaces un robot (le Space Genius) capable de faire l’inventaire des produits disponibles en rayons, et de suggérer des améliorations pour générer davantage de chiffre d’affaires. Après les caissières, ce sont les chefs de rayon qui risquent de déserter nos su- permarchés. D’après Haldane, même les cadres ne seront plus à l’abri des menaces de l’automatisation. Pour preuve, depuis plus d’un an, un algorithme siège au Conseil d’Administration d’une entreprise hongkongaise Deep knowledge Ventures. Le logiciel participe à la prise de décision de l’entreprise, recommande ou écarte des investissements trop risqués et aucune décision n’est prise sans une analyse de la situation par l’algorithme. Pour certains, cet effondrement serait une « bénédiction pour l’être humain » qui serait naturellement averse au travail. Ainsi, George Hortz, hacker reconnu travaillant sur l’IA déclare « En vérité, l’emploi sous sa forme actuelle n’est pas une construction très ancienne, et j’aimerais en quelque sorte utiliser l’IA pour l’abolir. Je veux priver tout le monde d’emploi. La plupart des gens seraient satisfaits d’un tel changement, en particulier ceux qui n’aiment pas leur travail. Libérons-les de cette charge cognitive et laissons cela aux machines. Dans la prochaine décennie, vous verrez une bonne part de l’emploi humain disparaître. Dans vingt-cinq ans, l’IA sera capable de réaliser à peu près tout ce qu’un humain sait faire. Les derniers employés seront des programmeurs d’intelligence artificielle. » 17 D’autres se montrent plus « optimistes « Certes les robots prendront beaucoup de jobs, mais avant tout ceux que nous ne voulons plus », prédit Kevin Kelly, le fondateur de Wired. « Les jobs ennuyeux et répétitifs », précise Nick Thompson, président fondateur de Rethink Robotics. Aujourd’hui l’âge moyen d’un ouvrir spécialisé aux USA est de 56 ans :« les gens ne veulent plus de ces jobs ». Ils vont aussi créer de nouveaux emplois, liés justement à l’essor de l’intelligence artificielle, assure-il. Notamment ceux qui nous permettront de mieux travailler avec les machines. « Les humains garderont les emplois liés aux relations humaines, à l’expérience et à la créativité ». Si le Forum Economique Mondial de Davos prévoit la destruction de 7 millions d’emplois (principalement des Pour Bruno Bonnell, à la tête de Robopolis, société spécialisée dans la robotique personnelle, r de e i s s o d e l’agenc ne aquitai érique du num la diée, ale dé isé e 2015 / octobr L’AQ Ee manifestatlaionFinlocTech co-olivrgreandes vous et un dié à UITAIN et torial ent dé ment te terri l entièrem à l’événe contex n°1 ec te tiona bal, un ement na C se conn veille. ysde et glo én , AE note les Pa lpable premier év LL conseil rs sa 5 M$, magne ve nd pa TA du tra fo ec 34 lle à DIGI ion es av et l’A rive en ène de à l’occas ag et territoriaux ar nordiquec 306 M$ énom ch m e : ance RusUn ph préoccup nseil, Finte globaux et Bas av M$. La Fr rrière la les ch Co ns Te e sio 82 Fin dans ion, de avec ontaign préhen te posit $ investis par M ts de com ène M 5ème en Contex énom ec 21 élém e, le ph inTech » sie, av . tlantiqu la « F Tech de la Fin tre-A eurial de su Ou à l’is de pren tion raitre diale la entre t des appa Défini e mon emen semble onomiqu ac teurs de e s AL éc L’avèn financier ncair reANCI crise ue les ch » ur ba nou#FIN OGY es lorsq secte ux « FinTe HNOL les 20 08 servic de de et du #TEC ept de la dans de lisés ance el voient nc ra oyen nthèse » et la fin m nt sy yp Le co un nn ce effi t (cr déce sur la finan traditio chnologies ices plus se à désiiemen t avec pose ts, la « nd pa te rv te s re en Il en velle des se banquiers es de glem fert i cent s ie ». élém pr enter trans p qu Moyen naies, rè nolog se réinv Traders et rs l’entre es, u « tech e star t-u cœur de rs. devis x to -mon hones), nts. un rs ve un nouvea de cie au cie er alo an es ie au tp gn t nt et fin nolog smar t, échang , crédits à la tourne et façonnen s, en la tech s bancaires accordé dget prise . t d’arg n Theentre noubride de bu naria service entretie FinYear, re , ire hy stion rs, aux tu es to nt ge un en nc rri de cc te de elle créa culie Présideles Dans t d’A ch and stion parti ment de mensu ppor Clot – ie de ge gestion ce Finte let tre er, Alain un ra éclairc n asents finan solutions ch en Selon Future of estissem ch Tech, so pte eil s FinTe Fin à m e Te lité velle ne, cons qu ’au co ance d’un « Th g », les inv des Fin de de de Fr tés d’éligibi uver ture ur t in l’éparg feuille jus treprises repo Bank ux en fave , passan en modali n : « La co une com aporte an dia res Mds$ les de un on fic tio r, ,2 ciè m ni e, ge 12 cie an sig air socia plé en 13 à finan ents banc logies fin ’hui un lar ique ière ont tri ds$ en 20 estissem pa s service technolog r en mat rd no plu M tech nt aujou s gérés au e pe4,05 14. Les inv trent la les air rticulie le dévelop la re sante ice nc pa rv uv gis e ba 20 co en qu enre de se en tif à enfin cteur vantive, Alors rope s la alterna rupspec tre par le se nnel. Da ital et en Eu oissance. nt toujour la t à tio de dig n modèle elle, « dis i ». ravant cier tradi nnu d’u taille tenden es rte cr t co nn ’hu fo se a en es rd tio an e m di nis op avec et fin es, ell bancair t aujou ce tra États-U lion, l’Eur élevée, niché services es proà finan mme on di du tage plus 215 % epart ion ler les és. Ell tif » co nce la n de morce tits march centralisat croissa gmentatio . Le Royaum à ule au 14 en pe ainsi à la dé es et bo et tent 20 en une en air és ds$ repr cèdent ices banc t de « guich ts estisse 1,4 8 M l’Irlande rv en des inv 26 4 M$ des se t le concep ls les cli Uni et uls 42 % s) rsen s : de 623 M$ xque entreprise se ve en au x à eu et e » europé ssés l’Euuniqu ateurs ments , il sont pa reste de les omm 13 u (cons raient. ns le en 20 conn les Da t fé . on 14 se ré qui en 20 ments ys pays se les tis pa , rope x d’inves t été les on niveau portants plus im TECH LA FIN POUR Un ser les robots seront une aubaine non seulement pour la société (notamment dans l’assistance aux personnes âgées) mais également pour le marché du travail. Selon lui, « pour un robot installé dans une usine, cela crée trois emplois. » Avec 31 millions de robots vendus entre 2014 et 2017 dans le monde, la manne d’emplois est incontestable. « Cela va effectivement créer de nombreux emplois ne serait-ce qu’au niveau des services et de la maintenance. Derrière chaque robot de téléprésence, il y a un être humain qui va manipuler le robot, en assurer la maintenance et interagir avec les humains ». La robotisation a même permis à l’Allemagne, qui l’a intégré plus tôt que la France dans les process de production, de sauver des pans entiers de son industrie. Lorsque la France intègre un robot, l’Allemagne en intègre 7 et le Japon 12. emplois peu qualifiés, pénibles et répétitifs) il mise également sur la création (ou la transformation) de plus de 2 millions d’emplois, notamment hautement qualifiés (dans la programmation des robots et de l’intelligence artificielle) ou moyennement qualifiés (les ouvriers actuels devenant ainsi des opérateurs de robots). Selon la Banque mondiale, en France, la part des postes dits « routiniers » (avec une majorité de tâches répétitives) a diminué de 2,5 points de pourcentage ces dix dernières années. Cette automatisation des processus a progressivement éliminé les tâches « routinières », au profit de tâches à forte valeur ajoutée, ou bien de tâches plus artisanales, qui nécessitent l’intervention d’un homme. dossier d e n°2 / décem bre 2015 BLOCKC l’agence aquitaine du numé rique HAIN : U N DISRU « Blockcha in », ou cha prestigieux îne comme the de blocs, ce term coin pou e est sur Econom rrai toutes les le BitCoin t changer le monde ist qui titrait, le bouches 31 à et fait la industriel ses débuts, il s’ag ». Si cette technol octobre dernier une des « Comm le qui est it, selon ogie est magazines ent la tech enc les l’humanité en march les plus nologie der e et sa déf experts de la fina ore loin de faire dep uis parler le milieu concurren nce rière le biterlante pou des années t et les gra rrait être et de la cryptologi d’elle comme a de la blo 90 nds pu le enc e d’une vér . opérateurs Le ore plus ckchain aux itable rév faire forte que , comme monde de la fina basé sur côtés de cell Ora nce e la blockc nge grands cap , lui, com que le web olution hain. me ital-risque , n’hésitent plus à investir nce à prendre au a eu sur urs am éricains Histoire, sérieux ou Micros dans des startu déc ps disrupt ce oft qui vien de revenir ryptage d’une ten ives t de lanc sur la gen dance et er un ser perspectiv èse d’un vice phénom ène qui sem es à plus long term e, AEC pro ble promis pose dan à un gra s ce dossier nd avenir. de veille La tech nologie blockchain apparue dans l’om est seule fois premier usage, en bre de son la Or, le coû somme pour l’au Coin. Le 200 tre. t du ser Bitcoin est 9, le BitDéfinitio vice pro par les to-monn une cry posé ban aie n pficiles les ques rend très térieux Sat créée par le mysdifmicro-paiem oshi Nak Les ima ne peuven l’objectif am ents qui ges est de s’aff oto dont t suppor ter pour fair ne manquent supplém intermédiai ranchir des ce coût entaire. pas e com res fina C’es blo prendre la crypto siques — nciers clas ckchain -monnaie t alors que la : « grand à savoir com les — lors inte les pte livre de éch rvient : banques s ouvert anges (sou d’éc », « ADN matique vent de faibles entre pair hanges monét mathé mo », aires très s. Fondé fait un reg la blockchain est tués dire ntants) sont effe cipe du sur le prin ctement en istr système ce per de pair à blic, inaltéra manent, via des Bitcoin per distribué, plat pair puble (il n’ex met de ser veur (il en exis eformes d’échan , surmonte le problèm iste plus de unique sur te des diza e du dou ges r le stockées il existe ble paie ines, com dans les lequel son ment des centain les don transac tion me t nées), cry infalsifiable to-monn (double es de cry s financiè pté, aire spe res psur Interne et accessible à sées. Les s) non cen ment s’as nd problem) : com tous tralisur transac tion d’identifier t. Ce registre per alors rép versé n’es er que le monta s sont me uté t nt son proprié par faitement l’ac t çables, con es publiques, fois ou que pas encaissé deux tratif, taire et tou ser vées formatio manente de façon un chèque le chèque n’est tes les ns per indan pas caractérist en s le rés l’ac tif en et cela jouent trad bois ? Les ban iques de sans coû eau Bitcoin ques question itionnellem t supplém son tran (notamme taire. de tiers ent le rôle sfer de confian ennt un autre). t d’un propriétair rant (et ce en s’as en eà suPour réa que les deu facturant ce ser vice) lise Pour s’aff les crypto r cette proues sure d’ho x par ties sont en ranchir mese, -monnaies norer leur confiance, du tiers toutes sur l’une et se basent de de n’encais det te pour la même la blo ckc faire app la blockc technologie hain doi ser qu’u el hain, ou ne en français : seau et à à la puissance du t chaîne de Un service la crypto ré, la blocs. graphie, élément deux s centrau x qui ren la technol avec le sout dent ogie blockc ien de hain si pui s- PTEUR N É ? I Le phén omène Bl ockchain vice avec le soutien de Pour scanner, telecharger l’app Unitag gratuite sur : unitag.io/app AEC, 137, rue Achard – 33 300 Bordeaux / Tél. +33 (0)5 57 57 01 01 / [email protected] www.aecom.org / @agenceAEC / AEC - agence aquitaine du numérique / clubAEC Un service 18 avec le soutien de Les notes & dossiers de veille AEC D’ordinaire, uniquement diffusées aux membres et partenaires proches, retrouvez exceptionnellement à l’occasion de ce 12 mai particulier, les quatre premières notes mensuelles de veille réalisées par l’équipe AEC en complément de nos dossiers publics. La production de ces notes de veille nous permet d’entretenir un rapport de confiance et d’expertise avec les acteurs territoriaux attentifs aux innovations d’usages et de services impulsés par le numérique… Un format riche d’actualités territoriales et de tendances globales issues de notre veille pour optimiser la vôtre ! Les dossiers de veille, notre expertise à la portée de tous: - La FinTech pour l’Aquitaine, Octobre 2015 - Blockchain: un disrupteur né?, Décembre 2015 Les notes de veille, notre expertise en faveur des membres et partenaires d’AEC: - Accélération dans l’accélération, Janvier 2016 - ImmoTech: l’immobilier en chantier, Février 2016 - Le messaging: l’instantanéité au service de la relation client, Mars 2016 - DeliverTech: la course à la livraison, Avril 2016 dossier de l’agence aquitaine du numérique n°1 / octobre 2015 LA FINTECH POUR L’AQUITAINE Un phénomène de fond palpable et global, un contexte territorial et une manifestation locale dédiée, la FinTech préoccupe : à l’occasion du premier événement national entièrement dédié à la FinTech co-organisé par Montaigne Conseil, Fintech mag et DIGITALL conseil, AEC se connecte à l’événement et vous livre des éléments de compréhensions globaux et territoriaux à travers sa note de veille. Définition Contexte #FINANCIAL #TECHNOLOGY Le concept de la « FinTech » repose sur la synthèse de deux éléments, la « finance » et la « technologie ». Il tend à désigner une start-up qui centre la technologie au cœur de ses services bancaires et financiers. Dans un entretien accordé à la lettre mensuelle de FinYear, TheFinTecher, Alain Clot – Président de France FinTech, éclaircie les modalités d’éligibilité à son association : « La couverture d’un service financier, une composante technologique significative, en particulier en matière de digital et enfin le développement d’un modèle alternatif à la finance traditionnelle, « disruptif » comme on dit aujourd’hui ». Outre-Atlantique, le phénomène entrepreneurial de la « FinTech » semble apparaitre à l’issu de la crise économique mondiale de 2008 lorsque les acteurs de la finance et du secteur bancaire traditionnel voient dans les nouvelles technologies un moyen de réinventer des services plus efficients. Traders et banquiers se tournent alors vers l’entreprenariat et façonnent un nouveau territoire hybride. Selon un rapport d’Accenture « The Future of Fintech and Banking », les investissements mondiaux en faveur des FinTech ont triplé en un an, passant de 4,05 Mds$ en 2013 à 12,2 Mds$ en 2014. Les investissements en Europe enregistrent la plus forte croissance. Alors que les États-Unis se taillent toujours la part du lion, l’Europe a connu la croissance la plus élevée, avec une augmentation de 215 % à 1,48 Mds$ en 2014. Le RoyaumeUni et l’Irlande représentent à eux seuls 42 % des investissements européens : de 264 M$ en 2013, il sont passés à 623 M$ en 2014. Dans le reste de l’Europe, les pays qui ont connu les niveaux d’investissements les plus importants ont été les pays nordiques avec 345 M$, les PaysBas avec 306 M$ et l’Allemagne avec 82 M$. La France arrive en 5ème position, derrière la Russie, avec 21 M$ investis dans les FinTech. L’avènement des services financiers décentralisés Moyens de paiement (crypto-monnaies, règlement avec smartphones), transfert d’argent, échanges de devises, gestion de budget, crédits aux particuliers, aux entreprises, financement de créances, nouvelles solutions de gestion de l’épargne, conseil en gestion de portefeuille jusqu’au compte bancaire, les entreprises de technologies financières recouvrent aujourd’hui un large spectre de services gérés auparavant par le secteur bancaire et financier traditionnel. Davantage nichées, elles tendent à morceler les services bancaires en petits marchés. Elles procèdent ainsi à la décentralisation des services bancaires et bouleversent le concept de « guichet unique » auxquels les clients (consommateurs et entreprises) se référaient. Un service avec le soutien de 21 Concurrence, compétition et coopération : la coopétition Le phénomène de la FinTech tend à regrouper un ensemble d’acteurs et des concepts très hétérogènes. Certains peuvent être considérés comme des « disrupteurs » du marché bancaire et financier, d’autres souhaitent au contraire engager un dialogue constructif avec les banques et les institutions financières et « éviter la confrontation ». Détenir la technologie financière au « design d’usages » attractif devient vital. Pour y parvenir, les banques mais aussi les assurances et entreprises financières traditionnelles investissent dans leur transformation numérique : création d’incubateurs internes (« Compréhension du marché de la FinTech & du marché bancaire à l’échelle mondiale, européenne et française », Digitall Conseil, page 19), rachat (consulter le tableau périodique des FinTech mondiales réalisé par CB Insights), partenariats ou tout simplement de la sous-traitance. La FinTech regroupe donc un écosystème d’acteurs tous interdépendants et amenés à évoluer de manière concomitante. Anticipation, agilité et liberté Bien que la notion de « compte sans banque » marque une nouvelle ère bancaire 100 % dématérialisée, celle d’une banque à mi-chemin entre la technologie et l’humain qui associerait fluidité des interfaces et conseil humain signerait l’avenir du marché bancaire selon Axel Reinaud, directeur Associé senior au BCG (Boston Consulting Group). En tant qu’offreurs de services financiers plus fluides et aug- 22 mentés par le biais de l’innovation technologique (2.0 et objets connectés dans la forme et puissance d’ingénierie dans le fond), les entreprises de technologies financières adoptent une posture commerciale forte, basée sur la confiance et la transparence d’informations. La FinTech génère de l’innovation bancaire et financière d’une part et favorise parallèlement le développement de l’« innovation comportementale » nécessaire à la société numérique de demain. Elle redore le blason d’un système bancaire devenu impopulaire et désacralise le milieu de la finance. Le phénomène du crowdfunding et plus précisément du crowdlending participe activement à ce phénomène et désenclave désormais le financement des projets, tout azimuts qu’ils soient. Demain… une banque FinTech ? Laurent Loup, fondateur du FinYear Labs met en avant la fragilité des banques traditionnelles à gérer la satisfaction et la fidélité de leurs clients mais relève cependant leur rôle de « guichet unique » pour accéder à la totalité des opérations clients. Les FinTech procédant à la décentralisation des services bancaires, la question de l’adhésion totale des consommateurs ainsi que des entreprises est en droit d’être posée. A la manière d’un Trivago ou d’un Booking dans le tourisme, on imagine aisément la vulgarisation d’un ou plusieurs « comparateurs » de services financiers qui permettraient aux clients et entreprises de trouver les services bancaires adéquats à leurs besoins et au meilleur prix : Simple Bank (USA) et Number26 (Berlin) sont deux exemples de Banque FinTech d’ores et déjà présentes sur le marché. Pour Marc Fiorentino, spécialiste des marchés financiers, banquier d’affaires, essayistes et auteur de « Faites sauter les banques ! », « On va tous devenir banqueless. La notion de banque n’existera bientôt plus. Car si on observe la chaîne bancaire, on s’aperçoit que la banque c’est un compte, des moyens de paiement, des prêts, du placement, du virement à l’étranger. Mais pour tous ces domaines, il existe des opérateurs qui proposent des services low-cost. La banque de demain risque donc d’être un agrégateur de tous ces acteurs qui va proposer une sorte d’application simple qui permettra de tout faire au plus bas prix ». Sources : Etude Deloite Rapport Accenture « The Future of FinTech and Banking » Etude de marché « Compréhension du marché de la FinTech & du marché bancaire A l’échelle mondiale, européenne et française », Digitall Conseil La lettre FinTech, Finance, Innovation, Disruption « The FinTecher » Bordeaux Métropole FinTechers – Entretiens Entretiens avec 4 Fintechs bordelaises emblématiques. Retrouvez l’intégralité des entretiens sur www.aecom.org HelloAsso, première plateforme de collecte dédiée aux associations françaises: Le crowdfunding, un savoir-faire : « La gamme d’outils à l’usage des associations ne se limite pas seulement à la collecte, même si ça représente plus de la moitié de nos transactions. A travers un espace qui leur est dédié sur le site, les associations peuvent piloter tout un panel d’actions de financement de manière simple, instantanée et gratuite. (…). On ne peut pas pour autant résumer HelloAsso à une gamme d’outils. Derrière ces outils, il y a une équipe qui accompagne quotidiennement les associations dans la mise en place de leurs campagnes. Savoir comment présenter son projet efficacement, mobiliser sa communauté, gagner en visibilité n’est pas inné. En plus des outils, nous apportons notre savoir-faire aux associations. » « Collaboration », le maitre mot : « De façon générale, quel que soit l’acteur avec qui nous interagissons, nous sommes dans un rapport collaboratif. C’est le cas en particulier avec les banques. Nous sommes convaincus d’être un outil extrêmement complémentaire de ce qu’elles proposent par ailleurs aux associations (compte en banque, chéquiers, etc.). » 14 Millions d’euros ont déjà été collectés sur HelloAsso Ismael LeMouel, cofondateur d’HelloAsso Happy Capital, plateforme de crowdfunding equity sur votre carte et les utiliser assis confortablement dans votre salon ou à l’autre bout du monde… » Ses forces et ses volontés « Un chiffre d’affaire 2014 de 34 millions d’euros, un effectif de 25 salariés, une communauté de 20 000 membres et plus de 4 tonnes d’or et plus de 12 tonnes d’argent stockées dans nos coffres. » « Nous ne sommes que quelques plateformes à disposer de l’immatriculation de l’AMF (Autorité des Marchés Financiers), gage de sérieux et de professionnalisme tout en constituant une forte barrière à l’entrée. Au-delà de cet aspect la force de Happy Capital est d’être non discriminante (comme Kickstarter dans le don), ce qui nous permet de toucher « Monsieur et Madame tout le monde ». Sa vision de l’écosystème « Je pense que la FinTech va se développer inéluctablement. Les banques sont pour partie ellesmêmes des entreprises de technologies financières : elles ont leur utilité dans la chaine de financement, notre approche est complémentaire car nous sommes avant tout des entrepreneurs. » Philippe Gaborieau, fondateur de Happy Capital AuCoffre.com, première plateforme en ligne 100 % sécurisée pour l’achat et la vente de métaux précieux « Aujourd’hui, vous pouvez payer simplement un café avec votre Or partout dans le monde en utilisant votre VeraCarte, première carte MasterCard © dédiée à l’épargne d’or, d’argent et de diamant 100 % physique. Un tel service n’existait pas sur le marché et ne pourrait pas exister sans le numérique. C’est bien grâce au numérique que vous pouvez, simplement, acheter des métaux précieux déposés Les chiffres clés Sebastien Mathivet, Directeur Marketing de aucoffre.com creditprofessionnel.com plateforme de courtage dédiée aux entreprises Les projets inter-fintech « Nous développons des partenariats avec des startups fintech pour compléter nos solutions de financement et permettre à nos clients qui le souhaitent d’être moins dépendants de leur banquier. A titre d’exemple, nous avons un partenariat avec Finexkap pour la trésorerie mais aussi avec Finsquare ou encore Credit.fr sur la partie crowdlending. » La médiation FinTech « Le secteur FinTech du crowdlending est encore naissant mais connaît un engouement important. Cependant, les startups fintech ont un rôle à jouer dans le développement du secteur. Elles doivent donc écouter et préserver leurs utilisateurs. Ainsi elles gagneront la confiance des early adopters et faciliteront le développement de leur marché. » Mathieu George, fondateur de creditprofessionnel.com et bloggeur (http://www.crowdlending.fr) 23 Le glossaire FinTech BitCoin : le terme BitCoin (de l’anglais « bit » : unité d’information binaire et « coin » : pièce de monnaie) désigne simultanément un système de paiement à travers le réseau Internet et l’unité de compte utilisée par ce système de paiement. Conçu par un développeur non identifié utilisant le pseudonyme Satoshi Nakamoto en 2009, le Bitcoin a été créé en dehors de tout champ étatique. Il est promu, standardisé et protégé par la fondation BitCoin. Le sigle correspondant est BTC ou XBT. Crowdlending : forme de financement participatif concernant le fait de souscrire un prêt auprès de particuliers. Il est utilisé par les entreprises, startups et PME souvent pour des emprunts de court terme. NFC : la puce Near field communication (NFC) est une technologie permettant d’effectuer un paiement sans contact en transférant des données entre deux dispositifs éloignés de 10 centimètres. Crypto-monnaie : une crypto-monnaie est une monnaie électronique pair à pair et décentralisée dont l’implémentation se base sur les principes de la cryptographie pour valider les transactions et la génération de la monnaie elle-même. PaaS : il s’agit des plateformes de logiciels déportées (cloud) moyennant un abonnement (Platform as a Service). Blockchain : technologie latente au BitCoin qui permet le cryptage des transactions (registre des transactions). e-Wallet : le porte-monnaie électronique est un dispositif pouvant stocker de la monnaie sans avoir recours à un compte bancaire. Il permet d’effectuer directement des paiements sur des terminaux dédiés. BTC : code ISO (norme internationale) non officiel pour le bitcoin. Cloud Based Payment : service de paiement en ligne mis à disposition de l’utilisateur/client via un serveur Cloud. Coopétition : compétition coopérative dans laquelle la FinTech opère en faveur des banques. Crowdfunding : le financement partipatif désigne tous les outils et méthodes de transactions financières qui font appel à un nombre conséquent d’individus pour financer un projet. Crowdgiving : il s’agit d’une levée de fonds par don, avec ou sans contrepartie. Crowdinvesting (aussi Crowdfunding equity) : il s’agit d’une prise de participation en parts sociales ou en actions au capital d’une startup ou d’une PME par le biais d’un investissement en fonds propres. Iaas : prestations d’infrastructures délocalisées (Infrastructure as a service) KYC : « know your costumer » se traduit par une procédure qui permet de s’assurer de l’origine des fonds et du bien-fondé des opérations, qui doivent être en ligne avec la connaissance du client, elles doivent aussi vérifier les « opérations remarquables » ou « atypiques » Mining : le minage (mining) est l’utilisation de matériel informatique par des « mineurs » pour effectuer des calculs mathématiques au profit du réseau Bitcoin afin de valider des transactions et de renforcer la sécurité. M-banking ou mobile banking : système permettant aux clients d’une institution financière d’opérer un certain nombre de transactions financières via un appareil mobile (téléphone mobile ou assistant numérique personnel). Saas : il s’agit de services de logiciels moyennant un abonnement (Software as a Service). Satoshi : pseudo du créateur du système bitcoin (Satoshi Nakamoto) qui est la plus petite unité de cette monnaie virtuelle. 1 satoshi = 0,00000001 BTC ou inversement BTC = 100 000 000 Satoshi. Scoring : cerner les risques de défaut de la part des entreprises et donc de prêter au juste prix. SEPA : single Euro Payment. Il s’agit d’une directive européenne qui visa à accorder les moyens de paiement dans la zone euro. Shadow Banking : qualifie les activités bancaires qui sont pilotées par des acteurs non-bancaires. TPE : terminaux de paiement électroniques. Réalisé par Justine Mothe, chargée de communication chez AEC Retrouvez la note FinTech et plus de contenus sur : https://bitly.com/BxFinTech Octobre 2015 AEC, 137, rue Achard – 33 300 Bordeaux / Tél. +33 (0)5 57 57 01 01 / [email protected] www.aecom.org / @agenceAEC / AEC - agence aquitaine du numérique / clubAEC Un service 24 avec le soutien de dossier de l’agence aquitaine du numérique n°2 / décembre 2015 BLOCKCHAIN : UN DISRUPTEUR NÉ ? « Blockchain », ou chaîne de blocs, ce terme est sur toutes les bouches et fait la une des magazines les plus prestigieux comme the Economist qui titrait, le 31 octobre dernier « Comment la technologie derrière le bitcoin pourrait changer le monde ». Si cette technologie est encore loin de faire parler d’elle comme a pu le faire le BitCoin à ses débuts, il s’agit, selon les experts de la finance et de la cryptologie d’une véritable révolution industrielle qui est en marche et sa déferlante pourrait être encore plus forte que celle que le web a eu sur l’humanité depuis le milieu des années 90. Le monde de la finance, lui, commence à prendre au sérieux ce concurrent et les grands opérateurs, comme Orange, n’hésitent plus à investir dans des startups disruptives de la blockchain aux côtés de grands capital-risqueurs américains ou Microsoft qui vient de lancer un service basé sur la blockchain. Histoire, décryptage d’une tendance et perspectives à plus long terme, AEC propose dans ce dossier de veille de revenir sur la genèse d’un phénomène qui semble promis à un grand avenir. I Le phénomène Blockchain La technologie blockchain est apparue dans l’ombre de son premier usage, en 2009, le BitCoin. Le Bitcoin est une crypto-monnaie créée par le mystérieux Satoshi Nakamoto dont l’objectif est de s’affranchir des intermédiaires financiers classiques — à savoir les banques — lors d’échanges monétaires entre pairs. Fondé sur le principe du système distribué, le Bitcoin permet de surmonter le problème du double paiement dans les transactions financières (double spend problem) : comment s’assurer que le montant versé n’est pas encaissé deux fois ou que le chèque n’est pas un chèque en bois ? Les banques jouent traditionnellement le rôle de tiers de confiance en s’assurant (et en facturant ce service) que les deux parties sont en mesure d’honorer leur dette pour l’une et de n’encaisser qu’une seule fois la somme pour l’autre. Or, le coût du service proposé par les banques rend très difficiles les micro-paiements qui ne peuvent supporter ce coût supplémentaire. C’est alors que la crypto-monnaie intervient : les échanges (souvent de très faibles montants) sont effectués directement de pair à pair, via des plateformes d’échanges (il en existe des dizaines, comme il existe des centaines de crypto-monnaires) non centralisées. Les transactions sont alors réputées publiques, traçables, conservées de façon permanente dans le réseau Bitcoin et cela sans coût supplémentaire. Pour réaliser cette prouesse, les crypto-monnaies se basent toutes sur la même technologie : la blockchain, ou en français, la chaîne de blocs. Définition Les images ne manquent pas pour faire comprendre la blockchain : « grand livre de comptes ouvert », « ADN mathématique », la blockchain est en fait un registre permanent, public, inaltérable (il n’existe plus de serveur unique sur lequel sont stockées les données), crypté, infalsifiable et accessible à tous sur Internet. Ce registre permet d’identifier parfaitement l’actif, son propriétaire et toutes les informations caractéristiques de l’actif en question (notamment son transfert d’un propriétaire à un autre). Pour s’affranchir du tiers de confiance, la blockchain doit faire appel à la puissance du réseau et à la cryptographie, deux éléments centraux qui rendent la technologie blockchain si puis- Un service avec le soutien de 25 sante et totalement sure. Contrairement au système classique centralisé (tiers de confiance), la blockchain met en œuvre la force du réseau décentralisé (réseau de millions d’ordinateurs à travers le monde, chaque ordinateur conférant sa puissance à l’ensemble de la communauté) composé de mineurs qui sont les nœuds de ce réseau, chaque mineur jouant le rôle d’intermédiaire dont la seule fonction est de produire — contre rémunération — des confirmations de transactions afin de les afficher dans la blockchain. Ces « Proofs of work » sont alors nécessaires pour garantir la véracité de la chaine de blocs. Pour valider une transaction, il faut attendre la résolution par la machine d’une épreuve cryptographique, nécessitant une très grande puissance de calcul (une transaction ne sera validée que lorsque la majorité des miners approuvera cette transaction). Cette épreuve fait appel à des informations contenues dans les blocs précédents, son empreinte numérique ou « hash ». C’est uniquement lors de sa résolution que toutes les transactions de la chaîne sont validées (on parle alors de consensus distribué), et un nouveau bloc est automatiquement crée, lié aux précédents. La blockchain est alors publique (les transactions sont consultables par tous), infalsifiable (la cryptographie per- mettant d’empêcher toute tentative de fraude) et inaltérable (une fois qu’une transaction est ajoutée, elle ne peut plus être modifiée ni effacée et devient donc non censurable). La force de la technologie blockchain n’est pas seulement de se passer des intermédiaires financiers comme en rêvait Satoshi Nakamoto mais de pouvoir se défaire de tout tiers de confiance lors de transactions entre deux parties. C’est la raison pour laquelle, certains n’hésitent pas à qualifier la blockchain de plus grande innovation disruptive depuis l’invention du web. LE FONCTIONNEMENT DE LA BLOCKCHAIN APPLIQUEE A L’ECHANGE D’ARGENT 26 Taxonomie des domaines «blockchainables» Catégories Domaines Instruments financiers Monnaie(s), titres en actions, obligations, produits dérivés, droits de vote associés à des instruments financiers, enregistrements de transactions, enregistrements de prêts ou d’hypothèques, crowdfunding, prêts personnels en P2P, dons et donations, etc. Documents administratifs Titres de propriété foncière, cartes grises, licences professionnelles, enregistrements de faillites, casier criminel, papiers d’identité, certificats de naissance et de décès, documents d’inspection sanitaire, permis de construire, enregistrements judiciaires, bilans, etc. Contrats privés Contrats, signatures, authentifications, testaments, séquestres, données personnelles, etc. Contrats semi publics/semi privés Diplômes, certifications, dossiers ressources humaines, dossiers médicaux, ADN, arbres généalogiques, etc. Clés d’actifs physiques (en relation avec l’internet des objets) Clés physiques, serrures, voitures, boites aux lettres, chambres d’hôtels, entrepôts, etc. Propriété intellectuelle Brevets, licences, droits d’auteur, preuve d’authenticité ou de paternité, etc. Autres types de documents Tous les documents historiques, culturels ou évènementiels, Big Data, cartes sim, vote électronique, documents de livraison, etc. Adapté et traduit de « Long Finance, the chain of a life time », 2014 II Quels enjeux au-delà du bitcoin ? La puissance de la blockchain réside donc dans le fait que grâce à elle, nous allons pouvoir nous passer, dans un futur proche de tout intermédiaire pour réaliser la moindre transaction et ce quel que soit le secteur d’activité. La notion de confiance disparait totalement puisqu’il n’est plus nécessaire d’avoir confiance pour réaliser un échange, la technologie blockchain se chargeant d’intégrer cette notion à son processus de validation. L’économie réelle comme l’économie du web vont être impactées par le développement et le recours de plus en plus fréquent à la blockchain. Et les disrupteurs d’hier (Uber, AirBnB, etc.) risquent à leur tour de devenir les disruptés de demain. Disruption des métiers traditionnels basés sur un tiers de confiance Jusqu’à aujourd’hui, dès que nous entrions dans une transaction avec une autre partie, celleci devait être fondée sur une confiance réciproque dans la réalisation des droits et obligations y afférant ou si cette confiance n’était pas partagée, une personne (morale ou physique) était mandatée pour conférer un caractère authentique à tous les actes qui lui étaient demandés (notaire, banque, experts, etc.). Cependant, le recours à ce tiers extérieur à la transaction est souvent coûteux et n’assure pas contre la fraude, l’asymétrie d’information ou la malhonnêteté. Le contrat de mariage pourra bientôt être signé entre les époux sans avoir recours à un notaire pour authentifier l’acte, la blockchain et le recours au consensus distribué permettront de garder une trace authentique, infalsifiable et publique de l’engagement réciproque. L’authentification peut également concerner les achats immobiliers, le transfert de titres de propriété étant parfois soumis à des fraudes. Le Honduras, par exemple, fait face à une fraude massive puisque 70 % du foncier n’est pas enregistré convenablement sur le cadastre. Le gouvernement a donc fait appel à une startup américaine Factom Inc, pour développer un registre foncier sécurisé et transparent à partir de la technologie blockchain. En enregistrant la propriété des terrains sur la blockchain, le pays sera donc en mesure de garantir à 100 % la propriété d’un terrain à un habi- 27 tant et par le fait même sécuriser l’hypothèque qui y est associée. D’autres startups ont également investi la gestion d’actifs immobiliers comme comme Bitproof ou Blocknotary. Les Arts (les artistes n’auront plus besoin d’experts, de commissaire-priseurs ou d’avocat pour authentifier leurs œuvre, la blockchain le fera [presque] gratuitement pour eux), l’assurance, l’éducation (une première école privée américaine certifie les diplômes qu’elle délivre dans la blockchain afin de lutter contre la fraude aux faux diplômes), les échanges contractuels entre société, ou même sa propre identité sur internet, pourront profiter de la puissance de la technologie blockchain à très court terme. La blockchain pourrait également être la technologie qui révolutionne la démocratie en sécurisant le vote par internet (réputé non fiable et facilement piratable) et en renvoyant le vote par bulletins aux oubliettes; celle qui sécurise les échanges de données entre médecins et patients à travers un dossier médical personnel fondé sur la blockchain (lire à ce propos le scénario imaginé par l’équipe de Blockchain France autour d’une santé connectée). Celle qui permet, enfin, à chaque internaute de conserver, de sécuriser et de choisir à qui il permet l’accès à ses données personnelles et ainsi se prémunir des abus des GAFA (Google-Amazon-Facebook-Apple) dont le modèle économique repose sur la monétisation des données de leurs utilisateurs. Que peuvent Uber et AirBnB face à la blockchain ? La blockchain promet donc la révolution dans les secteurs traditionnels qui échappaient jusquelà à la concurrence d’internet et des nouveaux disrupteurs. Les contrats intelligents : l’exemple de la musique L’une des caractéristiques principales du projet Ethereum est de reposer sur l’existence de contrats intelligents. Ces contrats intelligents sont des protocoles informatisés qui exécutent les termes d’un contrat. Leur objectif est de remplir les conditions contractuelles (comme les termes du paiement, identifier les parties, définir les termes de la confidentialité et ceux de l’exécution) en limitant les erreurs accidentelles ou frauduleuses en se passant d’intermédiaire (la blockchain permet l’automatisation de la transaction en supprimant les tiers). Il permet ainsi de diminuer les coûts de transaction et d’exécution en diminuant les coûts liés à l’arbitrage et à la fraude qui sont habituellement facturés par les intermédiaires. Certaines plateformes se sont spécialisées dans la rédaction de ces contrats intelligents. Appliquons la blockchain et les contrats intelligents à l’industrie musicale. Aujourd’hui, tout artiste est entièrement dépendant d’un label, d’une société de gestion collective (de type SACEM) et d’un réseau de distributeurs qui, chacun leur tour, 28 Demain, les taxis parisiens qui ont pris de plein fouet l’arrivée d’Uber sur leur marché pourront avoir quelques motifs de satisfaction puisque même Uber n’est plus à l’abri de la déferlante blockchain. Pour certains, en effet, la blockchain serait l’uberisation ultime de l’économie et un jour viendra où Uber se fera luimême uberiser. La première vague de disruption a permis à des entités (Uber, AirBnB, etc.) dont le modèle économique repose sur une plateforme de mise en relation entre particuliers, d’engranger des recettes estimées à plusieurs millions de dollars sans posséder la moindre voiture (pour Uber) ou la moindre chambre d’hôtel (pour AirBnB), c’est-à-dire en n’ayant quasiment aucun coût fixe (en dehors de la maintenance de la plateforme, entre autres). Ces sociétés proposent une offre économiquement très attractive à leurs clients et permettent aux particuliers qui ponctionnent dans des termes pas toujours clairs une part des recettes issues des ventes de l’artiste. Imaginons maintenant, que ce même artiste se tourne vers la blockchain. Chaque œuvre qu’il compose peut bénéficier d’une signature unique et cryptographiée qui lui assure, publiquement, la paternité sur son œuvre et qui le protège contre une utilisation frauduleuse (notamment dans le cas d’utilisation sous forme de sample, difficilement identifiable par les systèmes de contrôle actuels). Il peut également définir les termes d’un contrat intelligent dans lequel sont stipulés les licences qu’il accorde à chacune de ses créations, quels droits il autorise et quels seront les frais. Dès qu’une radio diffuse un morceau de musique, tous les auteurs (ou leurs ayant-droits) sont immédiatement identifiés et directement rémunérés sur les bases des termes du contrat. En décentralisant totalement les modalités de diffusion toutes les transactions deviennent publiques donc parfaitement équitables. Des plateformes émergent dans le monde anglosaxon : UjoMusic et PeerTracks semblent les mieux armés pour enclencher la révolution blockchain dans l’industrie musicale. offrent leurs services d’obtenir des gains substantiels. Pour autant, ce modèle reste un modèle d’économie dit classique où un tiers de confiance (en l’occurrence la plateforme) met en relation deux contractants et prélève, auprès des deux parties, de quoi lui permettre de réaliser recettes et profits. La technologie blockchain met à mal ce modèle en permettant à tout contractant de négocier de pair-à-pair de manière sécurisée, transparente et non falsifiable, en dehors de toute référence à une quelconque entreprise qui facturerait quelques dollars, la mise en relation. Viennent de naître les Distributed Applications et leur nombre va croissant. La’Zooz, startup israélienne, entend révolutionner le transport de proximité (afin de concurrencer Uber), en proposant une application opensource permettant à toute la communauté d’organiser des offres et des demandes de covoiturage en dehors de toute instance organisatrice. Basée sur la technologie blockchain, la plateforme attire à elle, dans un premier temps, une quantité suffisante de personne sur un territoire donné en proposant des incitatifs, les « zooz token ». La valeur des jetons diminuant avec le nombre d’inscrits afin de favoriser les « early adopters » (ces derniers peuvent même être rémunérés alors qu’ils voyagent seul, dans un premier temps) et d’atteindre très rapidement une taille critique permettant de faire correspondre l’offre à la demande. Une fois le service lancé, chaque utilisateur dépense ensuite ses jetons en commandant une course, à un tarif unique, de 0,5 dollar/km. Synereo, plateforme sociale nouvelle génération américaine, a pour ambition de concurrencer et à plus long terme remplacer Facebook. Contrairement à Facebook, l’idée de Synereo est de favoriser les échanges entre les utilisateurs dont les liens au sein d’un réseau sont distendus. En s’appuyant sur l’économie de l’attention et en valorisant les échanges entre pairs éloignés, la plateforme mise sur l’attention que les utilisateurs portent aux idées des autres et non sur leur personnalité propre. Plus un contact qui partage une de vos publications est éloigné de vous et plus cette publication est visible pour l’ensemble de votre réseau (par l’entremise d’algorithmes qui calculent l’intérêt et la pertinence des publications). Pour cela, Synereo s’appuie sur la blockchain, et crée une plateforme décentralisée, fonctionnant sur les ordinateurs des utilisateurs eux-mêmes. Ces derniers pourront créer un réseau sans avoir besoin d’un tiers de confiance, ou d’entité centrale, à l’inverse de Facebook, Google + ou encore LinkedIn. Pour son créateur, Dor Konforty, « dans 5 ans, une entité exerçant un immense pouvoir de manière centralisée – comme Facebook – n’aura simplement plus aucun sens ». Twister (micro-blogging), storj et filecoin (stockage décentralisé), OpenBazaar (place de marché), FireChat (Chat), BitNation (gouvernance décentralisée) sont autant d’exemples d’applications décentralisées qui promettent de révolutionner le monde de l’internet. Certains acteurs sont encore plus ambitieux et n’hésitent pas à reconsidérer totalement les modèles existant : 29 UjoMusic, par exemple, a pour ambition de disrupter l’industrie musicale grâce à la blockchain et au contrats intelligents (voir encadré ci-dessous), Ethereum est un projet à la charnière de la blockchain et du web sémantique dont l’objectif est de créer un système économique com- posé d’une plateforme, d’une monnaie — l’éther — et de son propre langage de programmation afin de permettre de réaliser des transactions via des contrats intelligents. L’idée à terme serait de se passer totalement de serveurs et de construire un réseau entièrement décentrali- sé dans lequel chacun pourrait venir y déposer et distribuer librement des applications. Pour chaque application, des contrats seraient passés puis, à chaque contrat serait attribuée une valeur en ether. III Limites et défis Si la révolution promise par la blockchain et ses nouveaux prophètes semble inéluctable certains défis restent à relever. Des défis techniques en premier lieu. L’augmentation de la puissance de calcul des ordinateurs rend de plus en plus rapide le processus de validation d’une chaine de blocs, le système n’aura pas le temps de traiter l’ensemble des chaînes et un phénomène d’engorgement pourrait apparaître et avec lui la création de chaînes de blocs alternatives et donc un risque de confusion que le système BitCoin aurait du mal à gérer. Stephan Tual, le porte-parole d’Ethereum le reconnait « Evidemment si la planète venait à utiliser nos outils, nous aurions alors un problème, parce qu’il y aurait trop de monde. Une solution que nous regardons est d’utiliser un langage différent qui permet à chacun de ne garder qu’une partie de la chaîne de blocs et pouvoir toujours la valider. Une autre solution pourrait être de construire plusieurs chaînes et plusieurs Ethereum. Nous y travaillons encore. En fin de compte, le succès de l’aventure d’Ethereum dépendra du nombre d’utilisateurs et des outils construits. Mais si Ethereum devient trop populaire, il pourrait aussi s’effondrer par la saturation de données dans le réseau pair-à-pair. Les serveurs, après tout, existent pour une raison. » Autre problème technique de taille : l’augmentation de la longueur de la chaine de blocs. Comme nous l’avons vu à chaque validation de transaction, un nouveau bloc est ajouté à la chaine, environ toutes les dix minutes (c’est le temps nécessaire à l’heure actuelle pour valider une transaction). Or, depuis juillet 2012, la taille de la blockchain augmente de façon exponentielle pour atteindre, en juillet 2015, plus de 45.000 Mo, entrainant de fait un ralentissement et un coût plus important du processus de validation des transactions. Des défis liés à la sécurité et à l’anonymat ensuite. Si les grandes banques, les sociétés d’investissement et les fintechs s’intéressent aujourd’hui à la blockchain, il n’en reste pas moins que la solution proposée par les blockchains publiques ne sont pas exemptes de tout reproche aux yeux des financiers. Le coût lié au consensus anonyme (l’anonymat est relatif car si on ne peut identifier les parties qui s’échangent de la crypto-monnaie, on peut tracer l’ensemble des échanges entre ces parties) est très lourd à porter et un nouveau type de blockchain apparaît, dans lequel les processus de contrôle du registre (permission d’accès et lecture) sont plus strictes tout en garantissant l’authenticité, l’inaltérabilité et la décentralisation du processus. Ces blockchain peuvent être totalement privées (à ce moment là un seul agent valide les blocs mais la lecture de la blockchain reste publique et transparente) ou hybride, dans laquelle le processus d’approbation des blocs est réservé à une petite quantité d’agents (les règles de la majorité pour approbation et du consensus distribué ne sont plus forcément respectées) qui organisent la blockchain. C’est ce modèle hybride ou de « consortium » qui aujourd’hui attire les grands groupes financiers et les banques. Ainsi, plus de 20 établissements financiers du monde entier, parmi lesquels Bank of America, HSBC ou encore Société Générale, ont rejoint un projet porté par la startup r2cev dont l’objectif est de créer une blockchain partagée à ce consortium, portant sur des protocoles et des standards communs, tout en garantissant aux banques participantes un contrôle sur la technologie en circuit fermé. Si un consensus se dégage, les premiers tests pourraient concerner les échanges de titres de créances qui nécessitent d’être tracées. Les défis restent donc nombreux à relever et même si l’idéal libertaire des débuts du bitcoin semble loin, les enjeux pour l’ensemble de l’économie mondiale méritent de porter une attention sérieuse à cette chaine de caractères qui risque de refaire parler d’elle d’ici peu. AEC, 137, rue Achard – 33 300 Bordeaux / Tél. +33 (0)5 57 57 01 01 / [email protected] www.aecom.org / @agenceAEC / AEC - agence aquitaine du numérique / clubAEC 30 note de l’agence aquitaine du numérique n°1 / janvier 2016 Captez l’essentiel de l’intérêt porté au numérique grâce à la note de veille réalisée par l’équipe AEC qui, chaque début de mois, vous délivre un diptyque actualités territoriales – tendances globales à déguster très frais. ACCÉLÉRATION DANS L’ACCÉLÉRATION Tourisme, santé, sports de glisse, média ou encore immobilier, aucun secteur d’activités n’y échappe : incubateurs et accélérateurs naissent à profusion, boostés par la mise en place du Fonds French Tech Accélération depuis janvier 2015. L’actualité des 3 derniers mois en témoigne. Tendances En Aquitaine Fin 2015, la région Aquitaine voyait naitre trois dispositifs supplémentaires d’accompagnement sur son territoire : 1kubator et Héméra sur Bordeaux — positionnés sur le secteur du numérique — et Blue Builder basé à Saint Jean de Luz, spécialisé dans le secteur de la glisse. Le Centre des Congrès de Bordeaux a également lancé son projet de Lab, proposant la mise à disposition de ses évènements et de ses espaces comme supports d’expérimentations à la filière numérique, le transformant de fait lui aussi en « incubateur » de projets. Le journal Sud-Ouest s’apprête à accueillir en 2016 dans ses locaux un incubateur de startups autour des médias. Chez nos voisins Certaines collectivités sont également engagées sur le terrain de l’innovation. Le 8 décembre dernier, le SICOVAL (communauté d’agglomération du sud-est toulousain) lançait son tout nouveau projet TEX (Territoire d’Expérimentations) avec comme objectif de « favoriser le développement de startups et répondre aux besoins d’innovation de la collectivité et du territoire ». Pour cela, la communauté d’agglomération mise sur l’incubation de jeunes startups (4 dossiers parmi 20 candidatures ont été retenus) et sur l’expérimentation grandeur nature sur le territoire couvert par la collectivité (Living Lab). Le SICOVAL espère retenir 3 ou 4 entreprises tous les trois mois dans son programme. Les filières s’y mettent aussi. C’est le cas de la santé avec la clinique Pasteur de Toulouse qui vient de lancer le HI-Lab, (Health Innovation Laboratory), un accélérateur qui soutient l’émergence, le développement et l’application d’innovations médicales, de produits et services, au bénéfice des utilisateurs (patients, familles, soignants). Là encore, l’accélération s’accompagne d’un living lab permettant de tester toutes les innovations des startups sélectionnées. Au niveau national L’enseigne Décathlon a annoncé l’ouverture d’un espace de 400 m2 dédié à l’innovation à Villeneuve d’Ascq nommé « Alive by Decathlon » sur les thématiques objets connectés, data, sport/santé, innovation frugale et impression 3D. Total lance lui aussi son incubateur sur le thème de l’usine 4.0 à Paris en partenariat avec I’impulse Lab sur les thématiques de « l’optimisation des installations » et de « l’opérateur augmenté ». Et bien d’autres arrivent. Décryptage Initiés par les Technopoles et centres de recherche, les premières générations d’incubateurs accompagnaient des projets d’envergure universitaires et scientifiques dans un cadre spécifique, public ou parapublic. Dynamique FrenchTech, besoin crucial d’innover et de redynamiser le paysage économique français, de nouvelles générations d’incubateurs sont progressivement apparus. Portés par les collectivités territoriales, les dispositifs publics et parapublics d’incubation et d’accélération confèrent aux politiques économiques une plus-value opérationnelle et tendent à redynamiser les créations d’emplois tout en agissant en faveur de l’entrepreneuriat innovant. En parallèle, on observe une forte poussée des initiatives privées. Au sein de ces initiatives, deux modèles se distinguent : celui de l’incubateur ou accélérateur porté par des entrepreneurs et appuyés sur des fonds d’investissement et celui de l’incubateur dit corporate. Ces dispositifs auront souvent recours à la prise de participation au capital du projet accompagné. Dans le premier cas, il s’agit de faire appel à une expertise et à un système de mentorat porté par des entrepreneurs chevronnés. Le travail Avec le soutien de 31 portera plus particulièrement sur le business model de l’entreprise et sur sa valeur ajoutée. C’est d’ailleurs ce type de modèle qu’entendent proposer Héméra. Dans le cas de l’incubateur corporate, celui-ci est créé par une entreprise ou un grand groupe qui va définir une thématique précise pour laquelle il a des intérêts et dans laquelle il souhaite investir. Différentes possibilités existent ici : • la création en interne (seules les ressources dont dispose le groupe ou l’entreprise sont mises à disposition) • la création en partenariat avec un dispositif existant. Des « opérateurs d’incubateurs » apparaissent et industrialisent l’accompagnement des grands groupes et des filières dans leur volonté de structurer autour d’eux un écosystème de startups. Une offre BtoBtoC renforce les deux parties dans leurs déploiements de services numériques. Ainsi, Paris & Co - agence spécialisée dans l’ingénierie de l’incubation, a développé une gamme de services aux grands groupes et aux filières permettant à tous de lancer leur propre incubateur : TF1 pour les médias, SNCF pour le voyage connecté, JC Decaux pour les services urbains connectés, GDF Suez pour l’énergie dans la ville… Tous ont eu recours au programme « Incubation » de l’agence afin de s’entourer de startups inno- vantes proposant des produits ou des services leur permettant d’envisager différemment leur stratégie numérique. Dans le même temps, Paris & Co fédère des startups de tous horizons afin de constituer un pool de compétences dans lequel il peut puiser lorsqu’un groupe ou une filière le sollicite pour lancer un incubateur. Ce type de partenariat a des effets bénéfiques pour les « incubants » et les « incubés » : • P our l’entreprise, les avantages sont nombreux : la création de synergies entre les activités des startups et ses propres activités, la mise en place d’une veille sur l’innovation du secteur, l’occasion de tester des nouveaux produits sans prise de risque… le tout en minimisant les ressources à mettre en place et sans se détacher de son cœur de métier, la partie animation étant confiée à une structure tiers dont c’est le métier. • L es startups aussi vont profiter d’avantages : une visibilité accrue, la possibilité d’engager des partenariats commerciaux de poids, le tout en gagnant en crédibilité et en étant accompagnées par un dispositif leur garantissant une intégration totale à un écosystème riche de contenus, d’apprentissages et de rencontres. Il existe aujourd’hui une multitude de dispositifs venant en aide aux créateurs d’entreprises : incubateurs, pépinières, prêts, bourses, ateliers… L’objet de ce billet est de souligner les différents efforts réalisés de part et d’autres et allant dans un même sens. Qu’il s’agisse d’initiatives privées, empruntant des logiques financières ou de dispositifs publics visant à dynamiser leur territoire, tous concourent, au bout du compte à créer de la richesse et de l’emploi. Au regard de l’actualité, il y a donc bien un phénomène aujourd’hui autour de l’entrepreneuriat et un nombre croissant de dispositifs sort de terre. L’exemple le plus emblématique de cette tendance est celui de la halle Freyssinet à Paris qui veut accueillir jusqu’à 1000 entreprises, et qui viendra compléter, en 2017, l’offre déjà existante. La question reste de savoir s’il y a suffisamment de startups ou de projets prometteurs. Pour s’en assurer, la collaboration entre dispositifs semble nécessaire afin d’assurer un suivi depuis l’idée jusqu’à « l’internationalisation », synonyme de réussite et de véritable accélération du projet. Avec la conviction qu’optimiser la sélection et l’accompagnement des projets augmentera naturellement le taux de survie de ces entreprises. Pour rappel, il est aujourd’hui situé aux alentours de 65 % à 3 ans pour les entreprises non accompagnées contre plus de 80 % pour celles qui bénéficient d’un accompagnement par un dispositif. Lexique Un incubateur d’entreprises est une structure d’accompagnement de projets de création d’entreprises. Sa mission est généralement de fournir un hébergement, des conseils et de la recherche de financement pour des porteurs de projet en phase d’amorçage. À la différence d’une pépinière d’entreprises ou d’un hôtel d’entreprises, un incubateur s’adresse à des sociétés très jeunes voire en amont de la création. Formuler une définition unique de l’incubation reste un exercice difficile tant le concept évolue dans son mode opératoire et la valeur stratégique qu’une entreprise, qu’un grand groupe ou qu’une institution souhaite lui attribuer. Ainsi, les incubateurs peuvent se différencier entre eux par les services qu’ils proposent, leur caractère lucratif ou non ou encore le type de projets qu’ils ciblent. AEC, 137, rue Achard – 33 300 Bordeaux / Tél. +33 (0)5 57 57 01 01 / [email protected] www.aecom.org / @agenceAEC / AEC - agence aquitaine du numérique / clubAEC 32 note de l’agence aquitaine du numérique février 2016 Captez l’essentiel de l’intérêt porté au numérique grâce à la note de veille réalisée par l’équipe AEC qui, chaque début de mois, vous délivre un diptyque actualités territoriales – tendances globales à déguster très frais. L’IMMOBILIER EN CHANTIER La mutation du secteur immobilier est en marche. De nouveaux entrants viennent compléter ou modifier les offres jusqu’alors proposées par les acteurs traditionnels et se positionnent déjà en tant qu’intermédiaires incontournables. En attendant juillet 2016 pour connaître les conclusions de la mission sur l’avenir de la profession immobilière face à la révolution numérique lancée par Sylvia Pinel et Emmanuel Macron le mardi 2 février dernier, AEC vous propose un tour d’horizon 360 ° sur les nouvelles pratiques immobilières à retenir. Le numérique bouleverse l’investissement dans l’immobilier La crise économique et la contraction des prêts bancaires a entrainé l’éclosion de plateformes de financement participatif immobilier permettant aux particuliers d’investir des sommes relativement modestes dans la pierre (de l’ordre de 1000 € à 2000 €) et aux promoteurs immobiliers de trouver des fonds propres auprès de centaines de petits investisseurs privés1. Ces plateformes proposent deux modèles : l’investissement locatif (Dividom, Crowdimo ou Propulss) et le financement de la promotion immobilière. C’est ce modèle que privilégient les plateformes comme Anaxago Real Estate ou encore Wiseed Immo qui sont des acteurs historiques du financement participatif ou encore Lymo, Immovesting ou Crowfunding-immo. Devenez-proprio, elle, mise sur le don entre particuliers pour permettre aux futurs acquéreurs d’aug1 A ce propos, l’A.M.F. appelle à la plus grande prudence quant aux offres engageant la responsabilité des acquéreurs au-delà du montant de leur investissement. menter leurs fonds propres afin de boucler leur dossier d’investissement auprès des banques. Au-delà du financement de l’accès à la propriété, le numérique permet également d’accompagner les investisseurs dans leur recherche de biens en proposant des services qui viennent fluidifier ceux des agences immobilières classiques. Pionnier dans le domaine, MeilleursAgents.com accompagne l’internaute dans sa recherche de bien et le met en relation avec l’agence immobilière la plus à même de répondre à ses attentes. Toutefois, cette plateforme reste limitée et correspond peu ou prou à l’offre proposée par les agences immobilières. La plateforme Kelquartier franchit une étape supplémentaire en utilisant l’open data pour fournir aux internautes des informations sociodémographiques, économiques, fiscales mais aussi le nombre de services publics à proximité (écoles, transports, etc.), que les agents immobiliers sont souvent bien en peine de fournir. Enfin, Matchimmo startup mérignacaise propose d’accompagner l’internaute investisseur durant toute la chaîne d’acquisition : de la recherche d’un bien au dépôt du dossier financier auprès d’une banque, la startup épaule et conseille le futur investisseur. Face à ce fourmillement numérique les acteurs traditionnels de l’immobilier s’adaptent : visites en réalité virtuelle en 360 ° haute définition, vitrines interactives, passeport digital pour tous les collaborateurs, big data, le groupe Nexity cherche à compléter son expertise par des outils innovants. Sogeprom du groupe Société Générale, vient de signer un partenariat avec Immowell-Lab afin de détecter les startups innovantes en matière de bien-être et d’immobilier. Enfin, plusieurs grands acteurs de l’immobilier (comme la FNAIM, Century 21, ORPI ou Square Habitat) s’unissent pour proposer une alternative aux sites d’annonces (comme seloger.com ou leboncoin.fr) en lançant une plateforme proche de KelQuartier, augmentée de la géolocalisation de tous les biens disponibles : Bien’ici. Le marché de la location en mutation L’évolution la plus brutale et de fait la plus visible a été déclenchée par l’arrivée d’Airbnb en 2008. Surfant sur des concepts restés jusqu’alors plutôt en marge, comme l’échange de maison ou le couchsurfing, cette plateforme a permis à tout un chacun de rendre son logement louable facilement et permis une baisse des prix sur le secteur de la location touristique. Avec le soutien de 33 Ce marché s’est développé rapidement avec l’apparition de pléthore d’acteurs bénéficiant de l’évangélisation du secteur permise par Airbnb. En Aquitaine, c’est MyEasyTrip qui est apparu, proposant un service similaire mais en y mêlant un service de conciergerie. Le Collectionnist, quant à lui, s’est positionné sur le secteur du luxe, en ne proposant que des demeures d’exceptions. priétaires qui (pour certains) ne voient plus l’intérêt de louer sur la durée leur logement : prix de location inférieur, plus grand risque, détérioration du bien… Dès lors se pose la question de la désertification des quartiers touristiques par ses habitants et donc de la vie même de ces quartiers mais également de la difficulté de se loger (logement rare, prix en augmentation)… Assimilé à tort à l’ « économie collaborative » ou du partage, ce type de services tient aujourd’hui plus de l’économie classique des services et fait l’objet d’un état des lieux alarmant. C’est ce que démontre la plateforme insideairbnb. com en cartographiant les logements inscrits sur la plateforme (plus de 35 000 sur Paris) prouvant ainsi que la plupart ne sont plus loués de façon occasionnelle (disponible en moyenne 226 jours par an et loués en moyenne 102 nuits). Ce type de service est aujourd’hui une manne non négligeable pour les pro- C’est d’ailleurs en se basant sur ce constat que des acteurs sont en train d’émerger. C’est le cas de Nestpick, basé à Berlin, qui propose un service calqué sur celui d’Airbnb mais spécialisé sur de la location longue durée. S’inspirant de ce concept, 4 jeunes bordelais ont créé MeltyCasa (récemment incubé à l’Auberge Numérique) et l’ont étendu à la colocation en permettant la mise en relation d’équipes de colocataires complètes et de propriétaires. Leur ambition : rendre facile et accessible le logement aux personnes en mo- bilité (étudiants étrangers notamment), le tout avec une touche « sociale », en permettant la création d’équipe par affinité. Ces derniers ne sont pas les seules à adresser ce marché de location aux personnes en mobilité. L’équipe bordelaise de Switcharound fournit, entre autres, un service de sous-location entre particuliers. Plus récemment, la startup Studapart sortie de l’école 42, propose une plateforme pour faciliter la recherche de logements étudiants, le tout en s’appuyant sur les réseaux d’écoles. En levant récemment 700K euros, elle confirme l’appétence des investisseurs pour ce secteur. Ces startups cherchent ici à devenir des intermédiaires privilégiés dans la location d’appartement, venant ainsi compléter et fluidifier l’offre des gestionnaires de biens historiques. Le numérique au service des biens immobiliers La technologie ne cesse de gagner du terrain et s’immisce désormais au cœur même des biens immobiliers. Actuellement incubée au sein de l’Auberge Numérique, Homecloud développe une solution de carnet de santé de l’habitat et répond ainsi aux critères des « carnets numériques de suivi de logements des ménages » portées par Ségolène Royal dans la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergique pour la croissance verte. Cette loi rendra obligatoire à horizon de 2017, le suivi des logements, au travers notamment de ses installations électriques, de gaz ou encore du « diagnostic de performance énergétique » (DPE). La société bordelaise IQSpot participe également à cette dynamique en connectant les espaces professionnels et en sensibilisant leurs occupants afin de réduire les factures d’énergie. le partage de l’ensemble des flux de données d’un bien immobilier dans le but d’optimiser les process métier et le service clients. prédictifs plus poussés, par une tarification de services personnalisée et par une évaluation plus fine de la valeur d’un bien. Côté usages et « Business to Consumer », la société américaine Porch s’appuie sur le modèle de la rénovation « suivie » et propose un calendrier de conseils pour effectuer son entretien en fonction de la saison, des précédents travaux et met les propriétaires en relation avec des prestataires identifiés, qualifiés. Dans son sillage, on retrouve également des « marketplaces » de prestations de services professionnels comme les startups Artivisor, Immodvisor, Travaux.com, ou encore Archidvisor (exclusivement orienté vers le marché de l’architecture) qui misent sur le partage, la recherche optimisée ainsi que la recommandation. Orienté davantage « Business to Business », la société Intent Technologies basée à Lille propose aux gestionnaires de parc immobilier résidentiel ainsi qu’aux bailleurs sociaux, une plateforme numérique qui facilite l’accès et On imagine très bien l’intérêt que vont pouvoir trouver dans ces différentes solutions les acteurs de l’assurance, les fournisseurs d’énergie ou les professionnels de l’immobilier : une optimisation de leurs métiers par des modèles Globalement, ce tour d’horizon des nouvelles pratiques révèle les opportunités offertes par le numérique pour mener à bien la transformation des activités immobilières. Les services présentés ici apportent des solutions de fluidification, complètent les offres existantes et suggèrent des convergences de business entre le secteur de l’immobilier et les offreurs de technologies, annonçant ainsi un potentiel de création d’emplois important. A l’inverse de cette tendance, des startups innovantes telles que BitProof ou Blocknotary misent sur la technologie blockchain pour offrir des solutions de certification des contrats (actes notariaux, titres de propriété, etc.) et viennent proposer un service impactant les acteurs en présence, signe probable d’une prochaine disruption des métiers de l’immobilier ? (pour en savoir plus sur la technologie blockchain : bit.ly/1PBRcrr ). AEC, 137, rue Achard – 33 300 Bordeaux / Tél. +33 (0)5 57 57 01 01 / [email protected] www.aecom.org / @agenceAEC / AEC - agence aquitaine du numérique / clubAEC 34 note de l’agence aquitaine du numérique mars 2016 Captez l’essentiel de l’intérêt porté au numérique grâce à la note de veille réalisée par l’équipe AEC qui, chaque début de mois, vous délivre un diptyque actualités territoriales – tendances globales à déguster très frais. LE MESSAGING : L’INSTANTANÉITÉ AU SERVICE DE LA RELATION CLIENT Tendance Le 1er février dernier, WhatsApp l’application de messagerie, désormais dans l’escarcelle de Facebook, annonçait son milliardième utilisateur. Si le succès planétaire de l’application est indéniable, l’entreprise n’a pas encore trouvé de modèle économique pérenne, elle qui ne souhaite pas vivre de la publicité et qui vient d’abandonner l’accès payant à l’application. La solution envisagée serait de permettre aux professionnels de s’emparer de l’outil pour communiquer plus facilement avec leurs clients. Cette stratégie « BtoBtoC », c’est-à-dire un service aux entreprises pour leurs clients, est déjà celle choisie par les concurrents asiatiques de WhatsApp comme le Chinois WeChat. De son côté, Facebook, vient de lancer « Businesses on Messenger » sa solution Messenger pour les professionnels. Ces nouvelles opportunités répondent à une demande de plus en plus forte de la part des internautes consommateurs d’interactions directes avec les marques et à une utilisation de plus en plus intense des smartphones et des applications de messagerie. Selon Deloitte, 18 % des possesseurs de smartphone n’utiliseraient plus la voix, se concentrant exclusivement sur les messages écrits1 et 12 % choisissent même, comme usage principal de leur smartphone, l’interaction sur une messagerie ins- 1 Lors du mois précédent l’enquête. tantanée ou un réseau social. Si pour l’heure, ce sont les grandes enseignes qui s’adaptent le plus rapidement, toutes les entreprises, quelle que soit leur taille et leur secteur d’activité, doivent prendre le train en marche sous peine d’être elles aussi victimes d’une forme de fracture numérique avec leurs clients. Décryptage Face aux évolutions des usages des outils numériques, la gestion de la relation-client ne cesse de se renouveler. Si celle-ci a toujours été au centre des préoccupations des entreprises, l’irruption d’internet dans le paysage a fait passer le marketing d’une approche transactionnelle (plaçant le produit au centre) à une approche relationnelle (plaçant le client au centre). Aujourd’hui, le web communautaire et les stratégies cross-canal (celles qui mixent différents canaux de communication) orientent le marketing vers une approche conversationnelle dans laquelle le point de vue du client est une donnée centrale pour la marque puisque ce dernier peut faire et défaire une réputation en quelques clics. Du SMS de masse à l’individualisation du conseil Jusqu’au début des années 2010, les grands groupes utilisaient des outils marketing de masse comme l’envoi de SMS génériques pariant sur le fait que 90 % des SMS étaient lus par le possesseur de téléphone mobile. L’apparition des smartphones, du Big Data et des réseaux sociaux a modifié les stratégies marketing en profondeur en segmentant et en individualisant les discours. Dans ce contexte, le mobile devient le vecteur de communication idéal pour les entreprises avec leurs clients et représente un véritable enjeu commercial. En s’orientant vers le marché BtoC, WhatsApp rejoint Facebook ou encore Twitter qui font le pari que les entreprises vont être de plus en plus nombreuses à utiliser le messaging pour communiquer avec leurs clients. Uber, par exemple, autorise l’échange direct de SMS entre les chauffeurs et les clients permettant ainsi aux deux parties de mieux se coordonner (retard, embouteillage, changements de dernière minute). De nombreuses startups se lancent sur ce marché prometteur en fournissant aux entreprises de plus petite taille des solutions clés en main. Ainsi, la startup espagnole Wasify a développé une solution qui permet d’échanger, outre de classiques messages, des photos ou des vidéos et, grâce au machine learning, de prévoir les réponses automatiques aux questions les plus fréquentes via WhatsApp et ce de manière totalement sécurisée et privée. Dimelo mobile propose une solution de messaging directement intégrée à l’applica- Avec le soutien de 35 tion de l’entreprise : elle permet de converser via messages, d’envoyer des notifications push ou de partager des contenus multimédias avec les clients. Instaply, startup française installée à San Francisco, propose une application qui permet à n’importe quelle entreprise d’offrir un service-client pointu par messaging. La solution permet de centraliser l’ensemble des conversations avec un client, de pointer le bon interlocuteur en fonction de la demande du client et de réagir de manière asynchrone. Facebook et Twitter ou encore SnapChat investissent ce secteur fort de l’expérience qu’ils ont en matière de messaging. Facebook mise sur Businesses on Messenger qui permet aux professionnels d’utiliser l’application phare (laquelle peut, depuis peu, être utilisée sans compte Facebook associé) pour communiquer avec les clients et assurer un service après-vente plus réactif, plus personnalisé et en quasi-temps réel. Twitter innove également puisque depuis ce mois de février, deux nouvelles fonctionnalités sont lancées afin de fluidifier les relations : les marques vont pouvoir envoyer, au client, un lien sur Twitter pour que l’échange se poursuive en privé. Suite à la conversation, les clients seront alors invités à donner leur avis sur l’échange via le customer feedback et ce afin d’améliorer encore plus l’expérience-client. Respond propose de gérer entièrement sa relation client Twitter via un tableau de bord et un ensemble de services dédiés. Cette tendance est d’autant plus marquée que les solutions de communication collaborative et de gestion de projet comme Slack ou Atlassian se rapprochent d’outils et d’applications comme Uber, Lyft ou Foursquare afin d’intégrer leurs services directement dans leurs applications. L’objectif est de permettre aux utilisateurs d’accéder aux applications partenaires sans quitter l’environnement Slack ou Atlassian et de devenir ainsi le centre de commande de toutes les applica- tions et les services utilisés quotidiennement par des millions d’usagers. C’est ce que WeChat propose, en Asie, depuis plusieurs mois Les marques misent sur la discussion instantanée pour satisfaire leurs clients Le « click to chat » occupe aujourd’hui une place prépondérante dans les stratégies de webmarketing des entreprises. Le principe est simple : l’internaute peut entrer en communication avec un représentant de l’entreprise via son site. Cette interaction directe permet d’être un véritable support-client (le client peut trouver instantanément réponses à ses questions) mais aussi et surtout peut être une opportunité pour les entreprises qui lancent un nouveau produit/service ou un nouveau site internet d’engager directement l’internaute dans la phase de « test and learn » avant la mise en production. Cette stratégie permet de s’affranchir des lourdeurs liées aux allers-retours entre l’entreprise et les clients (voyagessncf.com, IBM ou encore ElCurator outil collaboratif de veille utilisent ce procédé). Le « click to chat » peut s’accompagner d’un « click to call » téléphonique ou un « click to video » pour entamer une conversation via un logiciel de vidéo. L’entreprise iAdvize, par exemple, propose l’ensemble de ces solutions multicanal aux grandes enseignes (Lacoste, AirFrance, Banque Populaire) ou à certaines institutions publiques (Pole Emploi, Direction Générale des Finances Publiques). Zendesk avec Zodim, WannaSpeak, Akio ou encore EasyAdviser mettent en avant les avantages du « click to » pour augmenter le taux de transformation des paniers, pour répondre aux attentes des clients instantanément, pour accroître leur satisfaction et les fidéliser. Le Community Messaging ou l’externalisation du service client vers les clients eux-mêmes Certaines grandes entreprises (La Poste, Sosh, Cdiscount, Citroën Community) n’hésitent plus à déporter leur service client vers les consommateurs en en faisant de véritables ambassadeurs de la marque via le « community messaging ». Ils fédèrent ces internautes dans une communauté qu’ils organisent comme un réseau social (échange de conseils et bonnes pratiques) tout en leur permettant d’interagir avec des clients « de passage » qui souhaitent un conseil différent que celui apporté par la marque. Cette tendance signe un tournant important puisqu’on assiste à une « désintermédiation » de la relation client. L’intérêt est double : une réduction des coûts (quelques coupons viennent récompenser l’engagement des experts) et une présence permanente en ligne. Toutefois, certaines critiques se lèvent arguant que l’entreprise perd la maîtrise de son discours et doit en permanence « surveiller » ce qui se dit sur elle sur l’ensemble des canaux de communication utilisés. Le service client communautaire est un moyen de réponse qui doit s’inscrire dans une stratégie crosscanal globale et surtout en complémentarité du service client professionnel qui doit conserver la maîtrise de la communication officielle de la marque. Ces modèles de relation-client ouvrent également la voie à de nouvelles startups qui se spécialisent sur la relation client et la conciergerie privée : Wiidii, startup bordelaise, propose un véritable assistant personnel dont l’algorithme permet une automatisation très fine et pointue des réponses aux requêtes des clients et ainsi de concentrer l’intervention d’humains sur de l’information à plus haute valeur ajoutée. Ces nouvelles opportunités pourraient définitivement enterrer la relation client et le marketing à l’ancienne. AEC, 137, rue Achard – 33 300 Bordeaux / Tél. +33 (0)5 57 57 01 01 / [email protected] www.aecom.org / @agenceAEC / AEC - agence aquitaine du numérique / clubAEC 36 note de l’agence aquitaine du numérique avril 2016 Diffusée aux membres et partenaires proches d’AEC, cette Note de veille mensuelle sur les mondes numériques vous délivre un diptyque actualités territoriales – tendances globales à déguster très frais. DELIVERYTECH : LA COURSE À LA LIVRAISON 100 millions de dollars levés pour deliveroo, 6 millions pour take eat easy, 1 million pour foodcheri. L’appétit des investisseurs dénote un réel intérêt pour cette fameuse tendance du « click and eat », de la livraison à la demande et plus largement de son optimisation. De fait, les questions autour de la logistique du premier et du dernier kilomètre sont au cœur des problématiques des acteurs du commerce. Souvent onéreuse et chronophage, solutionner la logistique se trouve être un réel enjeu. Mais qu’en est-il, quels sont les acteurs qui émergent et que proposent-ils ? la logique de l’instantanéité et de la proximité : la livraison à la demande Aujourd’hui, le secteur pour lequel cela reste le plus visible est celui de l’alimentaire et plus particulièrement de la restauration. Ainsi l’année 2015 aura été marquée par la recrudescence, dans les rues des principales agglomérations françaises, de coursiers roulant sous les étendards deliveroo, take eat easy ou foodora. Ces derniers ne sont évidemment pas les seuls, Jinn, Quiqup, Valk fleet, doordash, UberEats, agissant eux aussi sur ce secteur à l’étranger. Le principe : se faire livrer les plats de ses restaurants favoris par un coursier à vélo en moins de 30 minutes, d’une simple commande sur son smartphone et ce pour moins de 3 euros. Le succès est bien présent, en un an de présence en France deliveroo aurait livré plus d’un million de commandes. Sur le secteur de la livraison de produits frais, l’américain instacart propose un service de livraison en moins de deux heures dédié à l’épicerie. Présent dans 12 des plus grandes villes américaines il risque d’être rapidement rejoint par de plus gros acteurs. En effet, que cela soit dans le but de diversifier leurs offres de produits ou d’améliorer leurs services, les géants que sont Google, avec Google express, Amazon avec Fresh ou plus localement Cdiscount se lancent également dans la livraison de produits frais. La livraison de denrées alimentaires n’est évidemment pas l’unique opportunité de ces services de livraison à la demande. Des acteurs comme la Fnac, Darty, Cdisount ou encore La Redoute s’allient eux aussi à des startups dans le but d’être en capacité de livrer leurs produits en un temps record (moins de 3h) avec notamment ColisWeb et Deliver.ee. La startup française concurrente Stuart complète l’offre en proposant également son service de coursier pour entreprise. Installée à Barcelone, elle a récemment levé 22 millions d’euros lors d’un tour de table, auquel La Poste aurait participé, marquant l’intérêt des acteurs historiques pour ce secteur. Ces différents services ont l’avantage d’être disponibles en tout temps, sont écologiques et offrent une assurance sur les colis ainsi qu’un réel suivi de livraison. Certains vont plus loin que la simple livraison, ainsi Get, startup française, permet aux commerçants de créer une application en quelques minutes et de vendre leurs produits à leurs clients de proximité, avec la promesse de pouvoir les livrer dans l’heure 24/24, 7/7. Dans la même veine, mais plus spécialisés, les bordelais de Goot s’illustrent dans la livraison à domicile de vins issus d’une sélection de caves. Conscients des enjeux, les géants du Web profitent de leur position pour proposer leurs services. C’est le cas notamment d’Uber qui lance UberRush à New-York, pour venir concurrencer les services de coursiers classiques. De son côté, Amazon a lancé à Seattle en septembre dernier AmazonFlex, un service calqué sur le modèle Uber pour optimiser la livraison de ses colis. Uniquement disponible pour les abonnés, le service n’est pas facturé dans le cas d’une livraison intervenant après plus de 2h. Si la plupart de ces startups émergent et gagnent des places de marché, c’est qu’elles s’appuient sur un principe, celui d’ « APIser » leurs services. De fait, elles les rendent facilement intégrables sur les sites ou applications, via une interface de programmation servant de façade pour les logiciels tiers désireux de les utiliser. L’intérêt est ici de vulgariser des services jusqu’alors de niche. Mais là n’est pas leur véritable force. En effet, l’innovation proposée est ici d’arriver à délivrer ce service sans coût de structure (ou presque). De fait, la plupart de ces entreprises n’ont ni véhicules, ni espace de stockage, ni salarié dédié au service, leur force se trouvant exclusivement dans leur capacité Avec le soutien de 37 à mettre des individus en relation entre eux, une personne qui commande, une autre qui livre. C’est d’ailleurs là que se situe une partie de leur business model, monétisant cette mise en relation auprès des commerçants et en se positionnant en tant qu’apporteur d’affaires. Leur avantage va ensuite se trouver dans l’algorithme qui permet de déterminer, en fonction de l’emplacement du consommateur et du point de vente, le coursier le plus à même de livrer rapidement. Face à ce déferlement d’idées, certains acteurs européens historiques, dont les pertes sur le secteur de la livraison pourraient avoisiner les 3 à 20%, réagissent. La Poste a ainsi lancé une expérimentation de livraison le soir, afin de proposer un service au plus près des besoins clients et permet désormais l’envoi de colis depuis son domicile. Ces initiatives soulignent la bonne prise en compte des évolutions sectorielles. Vers une optimisation de la logistique Si la rapidité de la livraison est au centre des préoccupations, son optimisation l’est également, notamment au niveau du premier et du dernier kilomètre. Situé en amont de la livraison, Cubyn se charge de venir collecter les produits chez les commerçants, les emballe et les expédie, une manière pour ces derniers d’externaliser une logistique souvent chronophage. Tournés vers les îles, les bordelais d’ileeco s’occupent de centraliser les colis à destination des DOM TOM et de les reconditionner pour en limiter les frais de transport. D’autres acteurs se positionnent en complément des sociétés de coursiers, venant proposer du service additionnel aux entreprises. C’est le cas de Delivery cube, qui propose un logiciel de suivi GPS des livreurs en temps réel, permettant de mieux répartir les commandes entre chauffeurs occupés et inoccupés. De son côté, FlipKart, site e-commerce généraliste Indien a choisi de prendre des parts dans la startup MapMyIndia, solution de cartographie et de navigation sur mobile. Installée à Bordeaux, la société MapoTempo, propose des solutions de planifications et d’optimisation des tournées. Dans un autre registre et à une autre échelle, co-transport ou trouvetontransport agissent pour optimiser le chargement des camions et ainsi limiter l’impact des voyages à cargaison réduite et permettre le transport d’objets encombrants. Enfin, positionnées en fin de chaîne, des initiatives émergent dans certains villages girondins. Souhaitant trouver une solution à l’accès aux commerces de proximité à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, l’instauration de casiers connectés permet aux clients de commander en ligne et de venir réceptionner leurs produits en limitant le défi logistique induit par une livraison personnalisée, ainsi que les coûts qui y sont liés. Le CrowdShipping et solutions alternatives. gyBaggy permettant de mutualiser les trajets pour faire ses courses. Les solutions de livraison n’interviennent pas seulement au niveau local, mais également au niveau international. Globshop propose ainsi de mettre en relation les voyageurs souhaitant rentabiliser l’espace de leurs valises et des personnes désireuses d’acheter des produits indisponibles en France afin de se les faire livrer. Inspiré des projets similaires initiés et testés en Australie par le laboratoire Google X en 2014, Amazon (encore), qui s’est offert une flotte d’avions afin de se libérer du frêt aérien, s’interroge également sur l’intérêt de livrer ses colis par drones, avec le projet Wing qui pourrait voir le jour à horizon 2017. Un prototype a été dévoilé, le Prime Air, permettant le transport de colis de 2.3kg, soit 86% des colis livrés aujourd’hui. Le groupe La Poste lui a également emboité le pas tout comme le géant chinois Alibaba, qui aurait déjà commencé des expérimentations. Face à ces géants, le Rwanda ferait la course en tête en proposant le premier réseau mondial de livraison de produits médicaux par drone grâce à la startup Zipline. Ayant connu un essor phénoménal durant ces dernières années, l’économie dite collaborative n’a pas épargné le secteur de la livraison et a, notamment, entrepris de démocratiser le crowdshipping, solution de transport de marchandises entre particuliers. C’est par exemple le cas de Cocolis, un service de livraison entre particuliers, s’inscrivant dans cette tendance aux côtés de expediezentrevous, woover, dacopack, transportentreparticuliers, ou encore colisvoiturage. La startup Drivoo quant à elle a choisi d’adresser le secteur du transport inter-urbain. Ces dernières pourraient être rapidement concurrencées par d’autres acteurs européens tels que l’Allemand Nimber ou le Finlandais Pig- AEC, 137, rue Achard – 33 300 Bordeaux / Tél. +33 (0)5 57 57 01 01 / [email protected] www.aecom.org / @agenceAEC / AEC - agence aquitaine du numérique / clubAEC 38 Perspectives numériques Réflexions émergentes sur la société digitale : regards de jeunes communicants sur une revue de la littérature en partenariat avec AEC. Des synthèses d’ouvrages ont été réalisées par les étudiants du Master Communication des organisations de l’Institut des Sciences de l’Information et de la Communication (ISIC) sous la direction de Aurélie Laborde, Maitre de conférences ISIC Université Bordeaux Montaigne et coordinatrice du séminaire. Les publications ont été choisies en amont par AEC ainsi que par des chercheurs bordelais sensibles aux évolutions des réflexions sur la société digitale. Les étudiants ont travaillé par groupes d’octobre à janvier pour produire sur chaque ouvrage une synthèse écrite et une présentation orale. AEC a souhaité publier dans ce numéro spécial, la restitution du dernier ouvrage de Bernard Stiegler autour de la question du travail. L’ensemble des œuvres restituées ainsi que la liste des auteurs sélectionnés sont par ailleurs consultables sur le site internet d’AEC. La société automatique 1. L’avenir du travail par Bernard Stiegler (2015) Bernard Stiegler : Un Philosophe engagé dans la reconfiguration technologique de nos sociétés La réflexion de Bernard Stiegler porte sur les mutations que subissent nos sociétés et les enjeux qui en découlent. Fondateur et Président du groupe de réflexion philosophique Ars industrialis créé en 2005, il dirige également depuis avril 2006 l’Institut de recherche et d’innovation (IRI) qu’il a créé au sein du centre Georges-Pompidou. Son objectif n’est alors pas uniquement de penser la société, mais bien de préconiser ce qui selon lui peut constituer des solutions à envisager, des pré- conisations quant au devenir humain dans une société numérisée, dataïfiée. On ne peut comprendre la pensée de Bernard Stiegler sans cerner sa critique politique. En effet, selon lui, la question politique fondamentale est celle-ci : comment sauver le « capitalisme » et la productivité de la consommation contre tous les phénomènes destructeurs qui les menacent et conduisent à ce que le philosophe appelle la « guerre ». La mondialisation et le phénomène d’uniformisation des comportements et des modes de vie s’attaquent ainsi à la singularité des individus et des cultures. C’est par le biais de la technique numérique, de l’américanisation du monde, des monopoles et du contrôle de la distribution, que le capitalisme s’autodétruit en niant le concept de singularité. C’est aussi dans cet esprit politique (et pas uniquement scientifique) que Stiegler critique ce qu’il appelle « l’automatisation de la société ». De l’automatisation intégrée et généralisée à la fin de l’emploi Bernard Stiegler a écrit la société automatique en 2015 afin de comprendre les enjeux d’une société constituée à l’époque de l’« automatisation intégrale et généralisée ». Généralisée parce que l’automatisation s’applique autant dans l’agriculture, dans l’industrie, dans la gestion policière que dans l’électroménager ou le tertiaire. Intégrale parce que le numérique (une des technologies de l’automatisation) permet d’intégrer des automatismes biologiques, psychologiques et technologiques. La différence sémantique entre travail et emploi La compréhension de la pensée de Stiegler passe indubitablement par la distinction entre le « travail » et l’« emploi ». Il pense ces 2 notions de la même manière dont Marx fait l’éloge du travail tout en condamnant le « travail capitaliste ». L’em- ploi correspond donc au « travail automatisé (capitaliste) », au travail aliéné, divisé, répétitif et dont les travailleurs abandonnent donc la propriété. L’emploi constitue donc la dimension prolétaire du travail, c’est-à-dire un travail qui prive son sujet (producteur, consommateur, concepteur) de ses savoirs (savoir-faire, savoir-vivre, savoir concevoir et théoriser). L’automatisation de la société prolétarise petit à petit toutes les couches de la société et donc a fortiori finit par remplacer 41 tout ce travail encore humain par des machines ou des algorithmes. Le fruit de l’emploi a donc vocation à être périssable, consommé alors que le travail constitue le levier qui permettra de perdurer dans une société automatique. En effet, le travail constitue selon Stiegler de la dés-automatisation. Le travail procède de la différenciation, de la création. Travailler, ce n’est pas « exécuter », mais bien créer, interpréter. Le travail est le résultat d’une réification, il constitue une production de dif- férences redonnant son vrai sens à la richesse. Simplement, l’emploi constitue le travail capitaliste et le travail caractérise la différenciation dont le régime des intermittents du spectacle fournit la matrice. « Une perte de 40 à 50 % d’emploi dans les 15 prochaines années » L’automatisation intégrée est en train d’engendrer un nouveau type de société avec la possibilité qu’il n’y ait plus d’emploi. Bill Gates luimême a prédit le caractère exceptionnel de l’emploi dans les 20 ans à venir, où tout serait régulé par un système computationnel intégré. En effet, l’automatisation des emplois va énormément se développer dans les années qui viennent et celle-ci ne touchera pas que l’exécutif, mais aussi bien des emplois à hautes capacités intellectuelles où tout le monde, toutes les sphères sociales seront touchés. Ainsi, l’automatisation numérique inquiète parce qu’elle constitue un Pharmakon c’està-dire un remède à toute sorte de problèmes qui est aussi un danger. Selon Stiegler, « Tout objet technique est pharmacologique : il est à la fois poison et remède. Le Pharmakon est à la fois ce qui permet de prendre soin et ce dont il faut prendre soin, au sens où il faut y faire attention : c’est une puissance curative dans la mesure et la démesure où c’est une puissance destructrice (…). » En effet, en déléguant à la machine un certain nombre de compétences, nous les perdons. C’est ainsi que Stiegler parle du caractère entropique de la société actuelle notamment au sein de la dimension « travail ». L’entropie dont s’inspire Bernard Stiegler, trouve son origine dans la thermodynamique. Cela correspond à « une grandeur qui permet de caractériser le désordre d’un système ». L’entropie procède de la destruction du savoir par la standardisation. Socrate le premier avait mis en garde contre l’hypothétique perte d’un savoir lorsque ce dernier était extériorisé dans un dispositif technique. En effet, on retrouve ici la dialectique classique entre d’un côté : le savoir détruit parce qu’extériorisée dans la technique (soutenu par Stiegler concernant l’automatisation numérique) et de l’autre : la technique comme outil permettant justement au savoir de grandir puisque le besoin de tout savoir s’estompe. (thèse soutenue par Michel Serres). Du capitalisme linguistique Selon Stiegler : « Internet devient un outil de l’extériorisation de tout savoir ». Comme énoncé plus haut, cette extériorisation de savoir peut donc constituer la destruction de ce même savoir. Cette extériorisation est selon Stiegler sans limites et va jusqu’à détruire la langue elle-même via la correction automatique. Ce qui d’ailleurs devient un problème pour Google dans la mesure où si les utilisateurs perdent leurs compétences linguistiques, les moteurs de recherche ne pourront plus répondre aux besoins des internautes et perdront donc toutes leurs utilités. Pour comprendre cet enjeu autour d’internet, il faut comprendre la no42 tion de « capitalisme linguistique ». En effet, Stiegler montre que l’enrichissement aujourd’hui est quelque chose de relatif à la langue, c’està-dire que le savoir, l’interprétation du réel (capitalisme cognitif) et la langue (capitalisme linguistique) sont des « denrées » qui s’achètent et se vendent dans un contexte numérisé. Par exemple, l’achat d’un mot clef sur Google peut coûter des milliards. Le capitalisme linguistique peut donc, comme le montre Anderson, remplacer la théorie. Par exemple, Google peut être amené à envisager des épidémies sanitaires avant même que l’OMS ne soit au courant, et ce grâce aux recherches qu’effec- tuent les internautes. C’est ainsi que les médecins chercheurs perdent a priori leurs utilités puisque tout le savoir est stocké sur internet. À quoi bon se référer à un expert quand Google sait… Ce qu’oublie de dire Anderson, c’est que ce modèle détruit la langue puisque les internautes tapent des mots de plus en plus simples comme grippe, mal de ventre au lieu du nom scientifique qui donnerait accès à un diagnostic plus spécifique. De l’entropie (produit de l’emploi) à la néguentropie (produit du travail) Stiegler ne critique pas l’automatisation en-soi, mais bien la destruction qui s’opère par la généralisation et l’intégration de l’automatisation. Il vante d’ailleurs l’automatisation en s’opposant à la tradition qui opère une barrière sémantique entre autonomie et automatisation. Stiegler montre bien à l’aide de l’exemple d’un grand pianiste ou d’un pilote de course que c’est bien l’automatisation parfaite de certains mécanismes cognitifs qui permettent à un instant donné de dés-automatiser son cerveau afin de « gagner la course » ou bien de mettre sa patte musicale sur un morceau appris de manière automatique. Cependant, l’automatisation sociétale, qui elle est critiquée, doit se comprendre dans sa dimension totalement entropique, totalement destructive de savoir. À l’aide de Kant et du concept d’« entendement », Stiegler montre que la machine a une capacité analytique hors du commun, mais qu’il lui manque la capacité synthétique, la capacité interprétative du réel (propre à l’homme). En effet, l’interprétation du réel est ce qui permet une déstandardisation de celui-ci par l’homme, c’est bien la capacité synthétique de l’homme qui lui permet de « progresser » en créant de la « néguentropie », c’est à dire de la différenciation. La néguentropie correspond à de « l’entropie négative, qui caractérise le degré d’ordre introduit par l’information que l’on possède sur l’état d’un système ». En effet, selon Stiegler, le travail constitue un vecteur de désautomatisation ainsi que la production d’un nouvel Etat, « une bifurcation néguentropique ». Pour Bernard Stiegler, le critère de la valeur de demain est la néguentropie. Lorsqu’il s’agit d’être concret, il explique que les indivi- dus ont besoin de renouer avec le sens et le savoir. C’est à Amartya Sen, prix Nobel d’économie, qu’il emprunte le concept de « capacitation » qui définit la capacité qu’à un individu à envisager sa liberté en fonction de son contexte social. La capacitation des individus est la meilleure solution pour aller vers une adhésion non contrainte à des objectifs partagés. Pour résumer, le numérique créer de l’entropie qui détruit l’emploi et dans une économie capitaliste, l’emploi est assimilé au travail, ce que Stiegler déplore. Ainsi, l’homme doit créer de la néguentropie afin de reproduire de la connaissance, du sens et donc du travail ou de l’œuvre « ce qui dure, ce qui est le résultat d’une réification » au sens d’Hannah Arendt, du travail différencié et non aliéné et standardisé. La compréhension d’une nécessaire démarche sociétale pour palier la prolétarisation La prolétarisation des savoirs Pour comprendre les enjeux qui soustendent la « société automatique », Bernard Stiegler dresse un portrait socio-historique du contexte du dernier siècle. En procédant d’une analogie avec le début du capitalisme industriel, Stiegler montre qu’un modèle économique propre fut adopté pour répondre aux exigences capitalistiques du début du 20e siècle. Au fordisme est apparu le modèle keynésien permettant, en soutenant la demande effective, de redistribuer les richesses dû à la considérable augmentation de productivité offerte par le fordisme. Le modèle keynésien fut mis en place 25 ans après le modèle du fordisme. Cependant, après avoir rappelé que cela fait exactement 25 ans que la technologisation touche notre société, Stiegler montre qu’aucun modèle économique propre n’a été mis en œuvre pour répondre à cette mutation inédite. La prolétarisation se déplace donc de la classe ouvrière vers toutes les sphères sociales. Du temps de l’époque industrielle, les ouvriers travaillaient sur des machines à très haute division du travail. Selon Marx, cette méthode de travail impliquait que ces travailleurs étaient dénoués de toutes capacités à avoir une vie intellectuelle normale. Nous sommes aujourd’hui dans un cadre similaire où l’on consomme des produits qui remplacent notre savoir tout en émanant de procédures et automatismes définis par des bureaux d’étude dans les entreprises, par des bureaux de Marketing (pour la consommation) et maintenant par le data scientist (c’est-à-dire l’extraction de données par le calcul intensif). 43 Les préconisations de Bernard Stiegler Stiegler, pour répondre à cette mutation propose des préconisations que nous allons soumettre. Tout d’abord, il faut selon lui mettre en place un revenu de base. Le modèle du consumérisme qui reposait sur l’exploitation des gains de productivité créé un cercle vertueux lié à l’automatisation, mais où l’humain était nécessaire, il faisait partie de la chaîne. Aujourd’hui, la robotisation a écarté l’humain et les Big Data ne sont pas solvables. Il faut donc utiliser les automates au service de gains de temps et redistribuer les richesses sous forme de financement de revenus contributifs. Développer un « Web » européen De plus, GAFA est 100 % américain. La genèse du réseau est donc Americaine, ce qui implique que n’importe quelle innovation dans le numérique en France enrichit les réseaux américains qui contrôlent le flux d’information. Stiegler préconise donc de développer un « web » européen afin de reconstituer l’économie européenne colonisée par la conception américaine du numérique. En effet, Carrefour est menacé par Amazon aujourd’hui qui récolte toutes les données et qui donc, a une meilleure visibilité quant à l’offre qu’elle propose aux consommateurs. Il faut donc réinventer une politique du numérique et cela passe indéniablement par réinventer le web lui-même pour ne pas donner toutes les informations aux États-Unis. Il faut repenser les technologies intellectuelles, ce que Stiegler appelle le web « herméneu- tique ». L’automatisation généralisée a ruiné ce que Keynes avait mis en place en 1933, il faut donc développer une société contributive, fondée sur la valorisation des savoirs les plus diversifiés afin de participer à une augmentation du savoir. Ce qui d’ailleurs, rappelle Stiegler, fut le but du web à la base, mais qui de par le capitalisme cognitif s’est transformé aujourd’hui en un processus entropique. Établir une économie contributive pour face à l’économie consumériste L’Europe se doit donc d’avoir une politique économique propre répondant aux problématiques dues au contexte de l’automatisation. Stiegler montre que l’avenir sera constitué de la capacité de mettre les automatismes au service de la dés-automatisation. À la fin de l’ouvrage, Stiegler montre que le mo- dèle des intermittents du spectacle (modèle fondé sur l’intermittence et le chômage où l’artiste (le travailleur) profite d’un salaire en adéquation avec le nombre d’heures travaillées) est un bon exemple de modèle à mettre en place dans une société automatique puisqu’il peut développer la capacitation des individus. Réalisé par Camille de Vanssay, Jaime Dias et Valentin Morel 44 Ainsi, Stiegler rêve d’un monde où le travail et l’emploi seraient en adéquation, ou l’emploi serait cette capacité de différenciation propre à créer de la néguentropie et non une standardisation de la connaissance découlant de la technologisation entropique de nos sociétés. Le séminaire Perspectives numériques c’est aussi d’autres restitutions autour de : 1. LA RÉVOLUTION NUMÉRIQUE 4. CRITIQUE DE LA SOCIÉTÉ NUMÉRIQUE xxBABINET, GILLES. 2014. L’ère numérique, un nouvel âge de l’humanité : cinq mutations qui vont bouleverser notre vie. Paris : le passeur éditeur. xxMOROZOV, EVGENY & MARIE-CAROLINE BRAUD. 2014. Pour tout résoudre cliquez ici - l’aberration du solutionnisme technologique. Limoges : fyp éditions. xxSADIN, ERIC. 2013. L’humanité augmentée : l’administration numérique du monde. Montreuil : éditions l’échappée. xxLANIER, JARON. 2014. Internet : qui possède le futur ? Paris : le pommier. xxBELOT, LAURE. 2015. La déconnexion des élites. Paris : les arènes xxBESNIER, JEAN-MICHEL. 2012. Demain les post humains: le futur a-t-il encore besoin de nous ? Paris : fayard/pluriel. xxRIEFFEL, REMY. 2014. Révolution numérique, révolution culturelle ? Paris : folio 5. NOUVEL HORIZON DU CAPITALISME 2. SMART CITIES ET POSTHUMANISME xxCITTON, YVES. 2014. L’économie de l’attention : nouvel horizon du capitalisme ? Paris : la découverte xxPICON, ANTOINE. 2013. Smart-cities : théorie et critique d’un idéal auto-réalisateur. Paris : éditions b2. xxCICALA, RAFFAELE. 2014. Consommation année zéro. Paris : le cherche midi. 3. LA RÉVOLUTION DES DONNÉES xxSTIEGLER, BERNARD. 2015. La société automatique. 1, l’avenir du travail. Paris : fayard. xxBABINET, GILLES. 2015. Big data, penser l’homme et le monde autrement. Le passeur éditeur. xxCHIGNARD, SIMON & LOUIS-DAVID BENYAYER. 2015. Datanomics les nouveaux business models des données. Limoges : fyp éditions xxMARZLOFF, BRUNO. 2013. Sans bureau fixe. Transitions du travail, transitions des mobilités. Limoges : fyp éditions.