David Bowie Is » : une odyssée artistique à la

« David Bowie Is » : une odyssée artistique à la Philharmonie
04/03/2015 10:06
« David Bowie Is » : une odyssée
artistique scénographiée à la
Philharmonie
LE MONDE | 04.03.2015 à 08h40 • Mis à jour le 04.03.2015 à 09h43 |
Par Stéphane Davet
David Bowie sur le tournage du clip "Ashes to Ashes", en 1980. © DUFFY ARCHIVE & THE
DAVID BOWIE ARCHIVE
Après Londres, Sao Paulo, Melbourne, Berlin, Chicago, la tournée Bowie
s’apprête à triompher à Paris. Il n’est pas question ici de concert – Bowie
n’est pas remonté sur scène depuis plus de dix ans –, mais de la venue, du
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3 mars au 31 mai, à la Philharmonie de Paris, de l’exposition « David Bowie
Is », qui rappelle que cette icône du rock a autant révolutionné par sa
musique que par ses artefacts.
Voir aussi le portfolio : L’exposition sur David Bowie fait escale à
Paris (/culture/portfolio/2015/03/04/l-exposition-david-bowie-fait-escale-a-paris_4573622_3246.html)
Dans le Parc de La Villette, ce qui n’était encore que la Cité de la musique a
plusieurs fois « muséographié » des figures de la pop et de la chanson.
Aucune n’avait autant d’atouts pour s’exposer que celui qui proclamait que
sa musique devait « ressembler visuellement à la manière dont elle
sonne ».
En raison, bien sûr, de multiples métamorphoses nourries de croisements
avec le monde de l’art, de la mode, du théâtre ou du cinéma. Mais aussi
parce que nul autre chanteur n’a archivé aussi obsessionnellement ses
créations et les étapes ayant participé à leur élaboration.
Sur les 300 objets présentés par le Victoria and Albert Museum (V & A) de
Londres, initiateur de l’événement, en 2013, 90 % proviennent de The
David Bowie Archive, collection personnelle du musicien, riche de plus de
75 000 objets et documents, stockés à New York.
Lire aussi : Bowie, mues et musiques (/culture/article/2013/03/21/bowiemues-et-musiques_1852102_3246.html)
Glamour ovniesque
Ce fascinant narcissisme, cette conviction d’un destin de star, apparaissent
dès la première salle d’un parcours qu’on emprunte casque audio sur les
oreilles, à l’écoute d’une bande-son se déclenchant selon l’espace où l’on se
trouve. Dans ce début d’exposition retraçant la jeunesse du personnage
dans le contexte historique et social de l’Angleterre de l’après-guerre, on
saisit la grisaille d’une époque, les tâtonnements d’un banlieusard
londonien avide de sortir du lot. On y voit, dès ses 16 ans, la conscience de
sa photogénie, une implication dans la conception de l’image de ses
premiers groupes, à travers des dessins de costumes, des esquisses de
décors.
Ceux qui ont visité l’exposition londonienne pourront observer certains
progrès. Si la salle d’exposition, inaugurée à cette occasion à la
Philharmonie, offre une superficie inférieure à celle du V & A, l’espace, mis
en scène par l’agence Clémence Farrell, propose plus de recul pour
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apprécier les visuels et des ambiances moins confinées, élégamment servies
par les éclairages de l’Atelier Audibert.
Une impression confirmée dans les deux étapes suivantes, consacrées à des
moments-clés d’une carrière qui décolle une première fois, en 1969, avec le
titre Space Oddity, avant que, le 6 juillet 1972, une interprétation de
Starman, à l’émission de télé « Top of the Pops » foudroie une génération
entière par le culot androgyne et le glamour ovniesque de son avatar, Ziggy
Stardust. On s’immerge dans ces univers grâce à la présence des costumes
d’origine et des images vidéo agrandies par rapport à Londres.
L’exposition abandonne ensuite la narration chronologique, pour
embrasser des thématiques mêlant les époques, ouvrant sur les multiples
possibilités d’interprétation d’une œuvre protéiforme. Dans la salle
principale, dominée par un cube central aux allures de bibliothèque
surréaliste, sont mis en valeur le talent vampirique de ce guetteur des
avant-gardes, la pertinence de ses collaborations, son implication dans
toutes les étapes d’une œuvre sculptant un univers global.
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Costume de scène dessiné par Kansai Yamamoto pour le Aladdin Sane tour, 1973. ©
SUKITA/THE DAVID BOWIE ARCHIVE
Extravagance
Se bousculent manuscrits de chansons, dessins de story-boards, planches
photos, documents vidéo, objets fétichistes. Domine l’extravagance d’un
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vestiaire où resplendissent les costumes créés par Kansai Yamamoto pour
la tournée Aladdin Sane (1973), une tenue inspirée de Sonia Delaunay, le
manteau taillé dans l’Union Jack par Alexander McQueen ou une vitrine
consacrée à l’éloge de l’indétermination sexuelle. Un espace est voué à la
(piètre) carrière cinématographique de Bowie, un autre à sa période dite
« berlinoise ».
Réjouissante jusqu’au vertige pour les fans, l’organisation de l’exposition
peut manquer de logique pour les non-initiés. On pourra aussi lui
reprocher l’absence de contextualisation sociétale ou de recul critique sur
des périodes qui sont loin de toutes se valoir. Pour clore le voyage dans
l’univers de Bowie, la Philharmonie présente des images de concert dans
une salle près de la sortie. Pour une expérience à 360 ° et un point d’orgue
plus musical.
David Bowie Is, à la Philharmonie de Paris, 221, avenue Jean-Jaurès,
e
Paris 19 . Jusqu’au 31 mai. De 6 à 12 euros (gratuits pour les moins de 6
ans). philharmoniedeparis.fr (http://philharmoniedeparis.fr/fr/activite/exposition/14731david-bowie)
Une visite filmée de l’exposition originelle au V & A Museum de Londres,
réalisée par Hamish Hamilton (https://distrify.com/films/9183) , sera projetée dans
une centaine de salles à travers la France et la Suisse, les jeudi 12 mars
er
et lundi 1 juin, à 20 heures. Le film sera projeté pendant toute la durée
de l’exposition au cinéma Le Luminor (http://www.luminor-hoteldeville.com/) , à
l’Hôtel de Ville de Paris.
Stéphane Davet
Journaliste au Monde
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