Journée d`Etude « Image et Ville » en - Université Cergy

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Journée d`Etude « Image et Ville » en - Université Cergy
Journée d’Etude « Image et Ville »
en partenariat avec l’INP
15 Mai 2014
2, rue Vivienne 75002 Paris
Salle Lenoir-Mérimée
La ville se construit par strates successives et complémentaires. Elle est à la fois l’urbs et la civitas,
le bâti patrimonial et les installations éphémères, le déploiement vers les marges ou le repli
intérieur, le dehors et le dedans, la règle de l’architecte et l’imagination du passant, la beauté des
« machines célibataires » de Duchamp et le chaos des déchets.
Représenter la ville, c’est élaborer une grammaire de la civilisation1. L’image de la ville est alors
l’expression de la solidité de la forme, d’un ordre spatial et d’un repère chronologique.
Cependant, loin de réduire l’urbain à une étendue géométrique, l’image est l’expression de visions
du monde. L’architecte, l’urbaniste, l’artiste, le promeneur donnent à voir leur perception de la
ville et font d’elle un espace en perpétuelle construction.
Ainsi, la ville est-elle tout d’abord une image à voir qui se structure à travers la mise en scène de
ses monuments. Le tissu architectural urbain nous rappelle que la ville a un destin. Les édifices,
les verticalités, mais aussi les rues, les passages, les vides et les pleins, les seuils et les frontières
constituent un héritage patrimonial qui témoigne d’un passé toujours vivant et réactive la
mémoire. La ville définit également le présent en exprimant les besoins et désirs de ses utilisateurs
ou, au contraire, en les contraignant et en les contrôlant2. Cette représentation macroscopique de
la ville est liée à la démographie, à la dimension politique et économique que son espace soustend. L’image de la ville sera alors l’expression la plus visible d’un modèle culturel, religieux ou
politique.
La ville devient image mentale lorsque l’urbanisme laisse la place à des perceptions urbaines.
Espace de mystère et d’insaisissable, elle est dotée d’une élasticité que seule la pensée semble
pouvoir traverser. L’apparence visuelle d’une ville est alors construite par des expériences
individuelles3. L’homme écrit la ville par ses vagabondages4, à travers une « grammaire générative
des jambes »5 ou des « rhétoriques cheminatoires »6. La ville est par conséquent le territoire des
Cf. Fernand Braudel, Grammaire des civilisations (1960), Paris, Champs/Histoire, 1993.
Cf. Françoise Choay, La règle et le modèle, Sur la théorie de l’architecture et de l’urbanisme, Paris, Seuil, 1980.
3 Selon Kevin Lynch, l’apparence d’une ville est le fruit : « de son environnement, de la suite d’événements
qui y conduisent, du souvenir des expériences passées », in L’image d’une cité (1960), Paris, Dunod, 1999, p.
1.
4 Julien Gracq écrivait : « il n’existe nulle coïncidence entre le plan d’une ville dont nous consultons le
dépliant et l’image mentale qui surgit en nous, à l’appel de son nom, du sédiment déposé dans la mémoire
par nos vagabondages quotidiens. » in La forme d’une ville, Paris, José Corti, 1985, p. 23.
5 Jean-Christophe Bailly, La phrase urbaine, Paris, Seuil, 2013, p. 19.
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imaginaires dont il faudra toujours définir la lisibilité car elle est une grille de lecture des objets et
des personnes qui y habitent7. L’homme construit l’espace urbain en y projetant ses angoisses et
ses doutes, mais aussi ses certitudes et son désir de beauté afin que la ville devienne peut-être un
jour « une grande ville de croyances, de vérités, de régularités, de clartés et de garanties »8.
Les images de la ville se conçoivent et se vivent donc comme « superposition iconique » 9 .
Monuments, plans, cartes, atlas, maquettes, photographies, films, installations éphémères,
destructions spectaculaires et catastrophiques, souvenirs, récits, … autant d’images de la ville,
réelles ou imaginées, exactes ou bien floutées qui définissent notre condition urbaine 10 et sur
lesquelles nous nous proposons de réfléchir.
Interviendront:
- Carmen Bernand (Paris X)
- Diana Burgos-Vigna (Université de Cergy-Pontoise)
- Pietsie Feenstra (Paris III)
- Florence Ferran (Université de Cergy-Pontoise)
- Jacques Terrasa (Paris IV-Sorbonne)
- Romain Thomas (Fondation des Sciences du Patrimoine)
- Gabriel Ramón (Photographe)
- Thierry Parisot (urbaniste, réalisateur).
Présidents de séance : Isabelle Steffen-Prat (Université de Cergy-Pontoise), Juan Carlos Baeza
Soto (Université de Cergy-Pontoise)
Cette journée se tient dans le cadre du séminaire « Image complexe et Culture Visuelle ».
Contact : [email protected]
Michel de Certeau, L’invention du quotidien, 1. Arts de faire, Paris, Gallimard, 1990, p. 151.
Selon Marcel Roncayolo, « l’image de la ville ne tient plus d’une conception globale, a priori ; elle est
partielle, construite à partir de séquences à la fois topographiques et temporelles (notamment les
séquences de déplacement), différente et inégalement ample selon les groupes », in La ville et ses territoires,
Paris, Folio/Essais, 1990, p. 176.
8 Richard Sennet, La conscience de l’œil. Urbanisme et société (1990), Lagrasse, éditions Verdier, 2009, p. 296.
9 Alain Mons, Les lieux du sensible : Villes, hommes, images, Paris, CNRS éditions, 2013, p. 17.
10 Olivier Mongin, La condition urbaine, Paris, Seuil, 2005.
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