Guide pour les jeunes sauvaginiers sur la chasse et

Transcription

Guide pour les jeunes sauvaginiers sur la chasse et
Guide pour les jeunes sauvaginiers
sur la chasse et
la conservation
Jim Spencer
Illustrations de Gary Cox
© 2004 par Jim Spencer
Illustrations © 2004 de Gary Cox
Tous droits réservés. Toute reproduction complète ou partielle par quelque procédé que ce soit, tant
électronique que mécanique, y compris par photocopie, par enregistrement, ou par tout système de mise
en mémoire et de récupération de l’information, est interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur.
Ducks Unlimited, Inc. et l’achevé d’imprimer sont des marques déposées de Ducks Unlimited, Inc.,
One Waterfowl Way, Memphis, TN 38120.
Illustrations : Gary Cox
Publication : Ducks Unlimited, Inc.
D.A. (Don) Young, vice-président directeur, éditeur
Publié en collaboration avec :
Canards Illimités Canada
C. P. 1160
Stonewall (Manitoba) R0C 2Z0
ISBN : 1-932052-18-6
Publié en avril 2004
Ducks Unlimited, Inc. (DU) et Canards Illimités Canada (CIC)
DU et CIC se consacrent à la conservation et à la restauration des milieux humides et des
habitats qui s’y rattachent au bénéfice de la sauvagine nord-américaine, de la faune et des
humains. Depuis leur fondation en 1937, DU et CIC ont amassé plus de 2 milliards de dollars
qui ont été consacrés à la conservation de plus de 4,4 millions d’hectares d’habitat faunique
primordial dans l’ensemble des 50 états des États-Unis, dans chacune des provinces canadiennes
et dans les principales zones du Mexique. Aux États-Unis seulement, Ducks Unlimited a
conservé plus de 800 000 hectares d’habitat de la sauvagine. Quelque 900 espèces sauvages,
dont de nombreuses espèces menacées ou en voie de disparition, vivent et se perpétuent
grâce aux initiatives réalisées par DU et CIC.
Appel à l’action
La réussite de DU et de CIC repose sur l’engagement personnel de chacun de ses membres
à l’égard de la conservation des milieux humides et de la sauvagine de l’Amérique du Nord.
Vous pouvez aider Ducks Unlimited à atteindre ses objectifs en matière de conservation en
travaillant comme bénévole au sein de l’organisme, en y consacrant de l’énergie et des
ressources, en participant à ses programmes de conservation, et en encourageant votre
entourage à agir comme vous. Pour en apprendre davantage sur la façon d’influencer le cours
des événements pour les canards, veuillez téléphoner au 1 800 453-8257 ou visiter le site Web
à l’adresse www.ducks.org (résidants des États-Unis). Au Canada, veuillez téléphoner au
1 800 665 3825 ou visiter le site Web à l’adresse www.canards.ca.
Table des matières
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
En avant!
1. Histoire de la chasse à la sauvagine . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
2. Responsabilités individuelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
3. Vêtements et équipement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
4. Reconnaissance du territoire avant la chasse . . . . . . . . . 18
À la chasse!
5. Sécurité à la chasse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
6. Les fusils de chasse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
7. L’ABC de la chasse à la sauvagine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
8. Tactiques de chasse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
9. Appeaux et imitation du cri des oiseaux. . . . . . . . . . . . . . 50
10. Appelants et disposition des appelants. . . . . . . . . . . . . . . 55
11. Après la chasse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
Bien comprendre la sauvagine et la conservation
12. L’ABC de la biologie de la sauvagine. . . . . . . . . . . . . . . . . 65
13. La sauvagine en danger. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
14. Naissance de l’aménagement faunique . . . . . . . . . . . . . . . 78
15. L’avenir de la sauvagine et de la conservation . . . . . . . . . 88
Suggestions de lecture. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
1
Remerciements
Ducks Unlimited souhaite remercier M. Frank Baldwin pour ses idées nouvelles et ses programmes éducatifs pour les jeunes qui ont mené à la rédaction de cet ouvrage. Nous remercions
également avec gratitude M. Rick Wishart, M. Henry Murkin, M. D.A. (Don) Young et M. Eric
Nuse pour la relecture qu’ils ont effectuée et les renseignements qu’ils ont fournis. Enfin, nous
remercions tout particulièrement MM. Robert N. Corrigan Jr, Hazard K. Campbell et Barry H.
Martin pour leur soutien financier grâce auquel le projet a été lancé.
Canards Illimités Canada tient à remercier la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs
et le ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec pour leur contribution
financière à la traduction de ce document.
La Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs
La Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs est un organisme sans but lucratif, qui a
vu le jour en 1946 au Québec. Sa mission est de contribuer, dans le respect de la faune et de
ses habitats, à la gestion, au développement et à la perpétuation de la chasse et de la pêche
comme activités traditionnelles, patrimoniales et sportives.
Le ministère des Ressources naturelles et de la Faune
Le Ministère est responsable de la gestion du territoire québécois et des ressources naturelles.
Sa mission consiste à favoriser la mise en valeur, la conservation et la connaissance des
ressources naturelles et du territoire, dans une perspective de développement durable et de
gestion intégrée, au bénéfice des citoyens.
2
Introduction
B
on nombre d’entre nous ont eu la chance de chasser le canard et l’oie dès
leur jeunesse. Il est parfois difficile de décrire aux profanes ce qu’est le plaisir de vivre cette expérience de plein air. La sauvagine en milieu sauvage, les amitiés
durables, les liens familiaux, les traditions, le choix de matériel apparemment infini et, bien entendu, l’excitation d’être parvenu à atteindre son but dans des conditions
difficiles font tous partie d’une expérience qui, dans son ensemble, est bien plus
enrichissante que chacune de ses composantes. Nous espérons que cet ouvrage procurera une bonne base à ceux et celles d’entre
vous qui envisagent de chasser le canard et l’oie ou qui sont novices dans le domaine.
Le guide porte non seulement sur le matériel et les tactiques, mais également sur tous
les éléments nécessaires qui feront de vous un bon sauvaginier. Il est essentiel de
comprendre et de respecter sa proie. Il est aussi important de connaître l’histoire
passionnante de ce sport et les riches traditions qui y sont liées, et d’obtenir un aperçu
de l’avenir de la conservation de la sauvagine et de la chasse à la sauvagine. Dès vos
débuts, vous développerez vos propres aptitudes et traditions que, nous l’espérons,
vous transmettrez à vos amis et aux membres de votre famille.
3
Canards Illimités Canada (CIC) a été fondé en 1937 par un groupe de chasseurs
soucieux de l’importance des travaux de conservation pour l’avenir de la chasse, l’une de nos traditions sacrées. Depuis des décennies, CIC accomplit sa mission de
conservation des milieux humides et des habitats qui s’y rattachent au bénéfice de la sauvagine nord-américaine et des humains.
Les chasseurs et d’autres adeptes de plein air ont recueilli plus de fonds que tout
autre groupe pour la réalisation de projets de conservation sur le terrain. En effet,
grâce aux taxes sur l’équipement de sport, aux timbres à l’effigie de canards et aux
contributions à des groupes privés tels que CIC, les chasseurs et les pêcheurs nordaméricains ont pu recueillir des milliards de dollars pour financer les initiatives de
conservation.
De son côté, CIC a donné un bénéfice encore plus important aux chasseurs de
l’Amérique du Nord : des populations de canards, d’oies et d’autres espèces sauvages
de plus en plus saines. Non seulement les milieux humides et les habitats qui s’y
rattachent sont-ils essentiels à la reproduction des canards, mais ils contribuent
également à purifier les eaux et à réduire les effets des inondations, et ils procurent
des endroits pour chasser, pêcher et pratiquer des activités de plein air.
Les membres de CIC sont passionnés par leur mission de conservation. Beaucoup
sont chasseurs, d’autres ne le sont pas; mais la plupart du temps, le chasseur joue
aussi le rôle de protecteur de la nature. Les vrais chasseurs sont passionnés par les
espèces sauvages : ils s’emballent de voir un canard se poser dans un marais, les ailes
déployées, et ils s’emploient avec enthousiasme à assurer l’avenir de nos ressources
naturelles et de nos traditions liées à la chasse à la sauvagine.
Nous sommes fiers d’avoir le soutien de la International Hunter Education Association
et de la National Shooting Sports Foundation, qui nous aident à sensibiliser les sauvaginiers de la prochaine génération. Nous espérons tous que ce guide deviendra un
ouvrage de référence reconnu et un complément aux autres outils préparatoires tels
que les cours et les livres pédagogiques sur la sécurité à la chasse.
D.A. (Don) Young
Vice-président directeur
Ducks Unlimited, Inc.
Jeff Nelson
Chef de la direction
Canards Illimités Canada
4
En avant!
5
CHAPITRE
1
Histoire de la chasse à la sauvagine
L
a chasse à la sauvagine fait partie intégrante de l’héritage de tous les peuples.
On a trouvé des os de canards et d’oies sauvages en effectuant des fouilles archéologiques
en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Europe du Nord, en Amérique du Sud et dans
presque tous les autres coins de la planète.
En 1924, à Lovelock Cave dans l’ouest du Nevada, des scientifiques ont trouvé une
série d’appelants primitifs de canards et d’oies fabriqués de brins d’herbe solidement
liés. Ces derniers, qui remontent à 1 800 ou 2 000 ans, sont les plus anciens appelants qui sont connus dans le monde entier. Personne ne sait quand les
Amérindiens ont fabriqué et utilisé les premiers appelants, mais il est
à peu près certain qu’ils l’ont fait bien avant cette période.
Lorsque les premiers pionniers européens sont arrivés en
Amérique du Nord, ils ont découvert que les Amérindiens
se servaient d’appelants semblables à ceux qui ont été
trouvés à Lovelock Cave. Comme les Amérindiens ne possédaient pas d’armes à feu, ils utilisaient les appelants afin
d’attirer les canards et les oies pour qu’ils soient à la portée de leurs
arcs, frondes, filets, pièges et collets.
6
Au début, les nouveaux arrivants européens n’ont pas tellement porté attention à
l’abondance de canards et d’oies. Comme le plomb et la poudre à fusil étaient rares et
dispendieux, il était plus judicieux de chasser l’orignal, l’élan, l’ours ou le cerf, car ces
animaux leur procuraient beaucoup plus de viande. Les canards et les oies étaient trop
petits pour justifier le coût qu’entraînait la chasse à ces espèces à l’aide de fusils.
Toutefois, plus le nombre de pionniers augmentait, plus le gros gibier se faisait rare.
Les chasseurs ont alors tourné leur attention vers les canards et les oies. Et devinez
quoi? Ils se sont rapidement rendu compte que les appelants leur étaient d’une aide
précieuse pour attirer la sauvagine, ce que les Amérindiens savaient depuis des milliers
d’années. Ils ont également appris que le canard et l’oie étaient nutritifs et savoureux,
et que la chasse à la sauvagine pouvait être amusante et stimulante.
L’équipement utilisé par les chasseurs de canards d’aujourd’hui est bien différent de
celui dont se servaient les Amérindiens et les premiers pionniers européens. De nos
jours, grâce à la technologie, nous pouvons porter des vêtements faits de tissus spéciaux
qui nous gardent bien au chaud et au sec. Les armes à feu et les munitions modernes ont
également fait de nous des chasseurs plus efficaces.
Un fait est toutefois demeuré : la chasse à la sauvagine est aussi agréable et captivante
au XXIe siècle qu’elle l’était pour le chasseur qui a caché les appelants fabriqués de
brins d’herbe à Lovelock Cave il y a près de 2 000 ans. Tels sont les liens particuliers et
la riche tradition que les jeunes chasseurs d’aujourd’hui partagent avec les autres
sauvaginiers de génération en génération.
7
CHAPITRE
2
Responsabilités individuelles
D
e nos jours, beaucoup moins de gens vont à la chasse que par le passé, non pas
par manque d’intérêt, mais plutôt parce qu’ils ont moins l’occasion de le faire. Les
citadins rompent souvent avec la tradition de la chasse et ne prennent plus le temps de
jouir de la nature. Les sondages montrent que la plupart des gens n’ont rien contre la
chasse à la sauvagine si elle est pratiquée de façon éthique. Afin de conserver cet appui,
il est important de ne pas oublier que la chasse est un privilège et qu’elle s’accompagne
de sérieuses responsabilités. Si seulement quelques-uns d’entre nous n’agissent pas
correctement, nous en payons tous le prix.
8
Voici quelques mesures que tous les chasseurs devraient prendre :
•S’inscrire à un cours de formation pour les chasseurs. Toutes les régions
offrent des cours sur la sécurité à la chasse. Tous ceux et celles qui souhaitent
devenir sauvaginiers ont donc la possibilité et l’obligation d’apprendre les
rudiments du maniement sécuritaire des armes à feu et des méthodes de
chasse rigoureuses enseignées dans ces cours. Vous pouvez vérifier si ces
cours sont offerts dans votre région en communiquant avec le département
ou le ministère responsable de la conservation de votre province, ou avec la
International Hunter Education Association (IHEA). La National Shooting
Sports Foundation (NSSF) est un autre organisme renommé qui fait la promotion de la sécurité dans le maniement des armes à feu et de la formation
des chasseurs. Les enfants, les adolescents et les adultes peuvent obtenir des
renseignements sur la sécurité sur son site Web www.nssf.org.
•Apprendre à identifier la sauvagine. Il s’agit d’une obligation d’ordre juridique
et éthique. Étant donné que les limites de prises imposées diffèrent selon les
espèces de canards et d’oies, vous devez savoir quelle espèce vous chassez
avant de tirer. Bien qu’il n’existe pas de meilleures méthodes que l’observation
des canards et des oies sur le terrain, vous devriez consulter des ouvrages sur
la sauvagine, des guides d’identification ou des affiches avant de partir à la
chasse. Par la même occasion, vous deviendrez non seulement un chasseur
plus responsable sur le plan éthique, mais également un meilleur chasseur.
• Observer toutes les lois sur le gibier. Les règlements sur la chasse sont établis
afin de protéger toutes les espèces sauvages et empêcher la chasse excessive.
Ne dépassez jamais la limite imposée par la loi et ne chassez pas de façon
illégale, par exemple en vous servant d’appâts. Ne chassez pas en dehors des
heures de chasse permises et lorsque ce n’est pas la saison. Soyez certain de
votre cible avant de tirer, car certaines espèces de canards et d’oies sont
protégées par des règlements plus restrictifs. Les braconniers sont des
chasseurs qui enfreignent sciemment les lois sur le gibier dans leur propre
intérêt et entachent par le fait même l’image de la chasse. Ne devenez pas l’un
d’eux. Bon nombre d’États et de provinces ont mis en place un programme de
dénonciation des braconniers. Informez-vous sur le programme de votre
région et apprenez comment devenir défenseur de cette cause.
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Responsabilités individuelles
• Respecter les propriétaires fonciers et leur propriété. Ne chassez jamais sur
une terre privée sans en avoir l’autorisation. Après avoir obtenu la permission,
soyez un bon invité. Quittez la terre comme vous l’avez trouvée : ne jetez pas
d’ordures, laissez les animaux d’élevage tranquilles, et ne traversez pas les
récoltes en culture ou les chemins de terre boueux en y laissant de profondes
ornières. Bref, agissez de la même façon dont vous souhaiteriez que votre
invité agisse si vous étiez le propriétaire foncier.
• Respecter les autres chasseurs. Si un autre groupe arrive avant vous à l’endroit
où vous aviez prévu chasser, laissez-le-lui et trouvez un autre emplacement.
Pour la sécurité et le plaisir de tout un chacun, ne vous installez pas près d’un
autre groupe de chasseurs et n’interceptez pas les oiseaux attirés par l’appelant
de quelqu’un d’autre. Laissez le bénéfice du doute à votre camarade de chasse
et ne vous disputez pas pour déterminer qui a tiré sur tel oiseau. Une bonne
règle pratique consiste à demeurer à au moins un demi-kilomètre des autres
groupes de sauvaginiers. Bon nombre de zones publiques sont bondées de
chasseurs et la courtoisie rend l’expérience plus agréable pour tout le monde.
• Perfectionner son adresse au tir afin de diminuer les possibilités de blesser et
de perdre des oiseaux. Évitez de tirer les oiseaux qui se trouvent au-delà de la
portée efficace de la charge et de l’étranglement que vous utilisez. (Voir le
chapitre 6 pour obtenir de plus amples détails sur les fusils de chasse, les
étranglements et les gerbes.).
• Apprendre comment estimer les distances en se servant d’un télémètre ou à
l’aide d’une « technique d’évaluation de la distance de tir ». Cette dernière
vous aidera à évaluer la taille de l’oiseau que vous chassez par rapport à la
taille de la bouche de votre fusil de chasse (voir le chapitre 6). Respectez
toujours les limites de vos capacités personnelles lorsque vous tirez et, dans
la mesure du possible, tirez sur un seul oiseau plutôt que sur des bandes ou
des nuées d’oiseaux.
10
• Choisir des terrains de chasse qui permettent d’ajuster son tir de façon à ce
que les oiseaux tombent dans une aire ouverte plutôt que dans un espace
densément boisé, où le chasseur pourrait ne plus les retrouver ou ne pas être
en mesure de les récupérer. Si un oiseau survole un espace densément boisé,
évitez de tirer.
• Ne pas perdre de vue les oiseaux que vous avez tirés afin de savoir où ils
tomberont. Assurez-vous également d’utiliser un chien rapporteur dressé qui
vous aidera à trouver et à récupérer tous les oiseaux morts. Si vous perdez un
oiseau, c’est une bonne idée de l’inclure dans votre limite de prises quotidienne.
• Utiliser les tirs à l’envol seulement lorsque les oiseaux se trouvent à moins de
25 mètres et employer des billes d’achèvement (voir le chapitre 6) pour tuer
les oiseaux blessés qui se trouvent sur l’eau.
• Faire tout en son pouvoir pour récupérer le plus rapidement possible tous les
oiseaux atteints, qu’ils soient blessés ou morts. C’est la loi. La perte de canards
blessés ou morts est parfois inévitable, mais faites tout votre possible pour
récupérer tous ceux que vous avez tirés. Si un canard ou une oie est toujours
en vie au moment où vous le récupérez, tuez-le le plus rapidement et le plus
humainement possible.
• Ne pas gaspiller le gibier. Si vous tuez un animal, vous avez la responsabilité
d’en faire usage.
• Donner une chance aux canards et aux oies. Traitez toujours les espèces
sauvages avec respect et n’oubliez pas le principe de l’utilisation rationnelle.
Beaucoup d’autres responsabilités pourraient être ajoutées dans le présent chapitre,
mais vous commencez probablement à comprendre. Traitez les autres chasseurs et les
propriétaires fonciers comme vous souhaiteriez l’être. Tout le monde s’en portera mieux,
tout comme l’avenir de la chasse pour les prochaines générations. 11
CHAPITRE
3
Vêtements et équipement
L
es vêtements et l’équipement sont importants pour la chasse à la sauvagine,
mais il n’est pas nécessaire d’en posséder une grande quantité pour débuter. L’important
est que votre équipement personnel vous tienne au chaud, au sec et en sécurité.
Si vous prévoyez chasser furtivement le canard à la volée dans quelques petits étangs
de ferme, il se pourrait que vous ayez seulement besoin d’un fusil de chasse, de quelques
munitions et de vêtements appropriés pour la température. D’autres types de chasse à
la sauvagine requièrent un équipement plus élaboré, dont certains articles sont très
coûteux. Pour la chasse sur un grand lac ou un marais ouvert, par exemple, vous aurez
peut-être besoin d’un bateau, d’un moteur, d’un grand nombre d’appelants, de bottes
pantalon, d’un affût (communément appelé cache) portatif ou fixe et bien d’autres
articles. Si c’est votre cas, la meilleure solution pourrait être de dénicher un chasseur
d’expérience qui possède déjà l’équipement et qui vous initiera à ce style de chasse.
12
L’habit fait le chasseur de canard
Le temps automnal et hivernal est changeant. Les débuts de matinée sont habituellement frais ou froids, mais la température du midi est souvent douce ou même
assez chaude. De surcroît, la température peut changer en quelques minutes seulement.
Une journée ensoleillée au temps sec et doux peut presque soudainement devenir
humide, froide et maussade.
La meilleure façon de faire face aux conditions changeantes est de superposer
plusieurs couches de vêtement. Commencez par mettre un sous-vêtement long près du
corps (les vêtements en polypropylène, en particulier, ainsi que les vêtements en laine
ou en soie sont très efficaces pour vous tenir
au chaud et laisser la sueur s’évaporer), puis
La meilleure façon de
un chandail en molleton de laine ou synfaire face aux conditions
thétique et un pantalon confortable. Ajoutez
changeantes est de
superposer plusieurs
enfin un vêtement en nylon ou en Gore-Tex.
couches de vêtements.
Évitez de porter des vêtements de coton,
car ce tissu absorbe l’eau et conserve
l’humidité près de votre peau et vous
aurez encore plus froid.
Par-dessus toutes ces couches, ajoutez
une combinaison isothermique ou une salopette ainsi qu’un manteau de chasse d’épaisseur moyenne. Apportez une paire de gants
isolants et imperméables. C’est également une
bonne idée d’apporter une paire de sous-gants
minces ou de gants coupés au cas où le temps
deviendrait plus clément et pour faciliter les tirs.
Les gants en caoutchouc épais sont utiles si
vous prévoyez utiliser des appelants mouillés.
Les casquettes sont la plupart du temps
adéquates pour la chasse automnale, mais
lorsque le temps rafraîchit plus tard dans la saison, il est préférable de porter un passemontagne de camouflage ou un chapeau à cache-oreilles afin d’avoir moins froid.
S’il ne pleut pas, cet habillement vous permettra de demeurer confortable même si la
température est bien en dessous de zéro. Vous pouvez enlever des couches et les
remettre, selon les conditions climatiques.
13
Vêtements et équipement
Les oiseaux chantent sous la pluie
La chasse est souvent meilleure dans les pires conditions climatiques. Par mauvais
temps, les canards et les oies se déplacent davantage, il est plus facile de les attirer avec
un appelant et ils semblent être moins méfiants. Peut-être est-ce parce qu’ils voient
moins bien, ou encore parce qu’ils tentent de trouver un abri. Ces deux raisons et peutêtre d’autres facteurs en sont probablement les causes.
Votre défi consiste à demeurer au chaud et au sec dans ces conditions. Si vous êtes
trempé, vous serez inconfortable même si la température n’est pas très basse.
Les ponchos en plastique ou en caoutchouc ont longtemps été populaires, et on en
vend encore aujourd’hui. Ils ne sont pas chers et sont faciles à traîner. Si vous prévoyez
utiliser une embarcation non pontée ou rester posté dans un affût à ciel ouvert, où vous
pourrez mettre ce vêtement ample pour vous tenir au sec, le poncho reste un choix
judicieux. Cependant, il ne « respire » pas bien et retient la transpiration à l’intérieur.
L’humidité finit donc par s’installer. De plus, la plupart des ponchos sont assez peu
résistants et se déchirent facilement.
Le vêtement de pluie le plus efficace pour la chasse à la sauvagine est la veste en
Gore-Tex ou tout autre imper-respirant semblable. Ces vestes et parkas sont fabriqués
de tissu non isolant ou isolant et peuvent être portés par temps doux ou froid. Choisissezen un avec capuchon. Votre manteau de chasse devrait être assez long pour couvrir vos
cuisses et vos hanches si vous ne prévoyez pas porter de bottes-pantalon. Dans le cas
contraire, un manteau qui couvre vos hanches sera suffisant. Si vous portez l’un de ces
manteaux, vous serez presque aussi imperméable à l’eau que les canards eux-mêmes.
Bottes et chaussures
Les bottes en caoutchouc aux genoux sont suffisantes pour la chasse à la volée dans
un étang ou un ruisseau peu profond, mais vous aurez besoin de bottes hautes pour la
plupart des types de chasse au canard.
Les cuissardes conviennent souvent pour la chasse dans les eaux peu profondes ou
les champs inondés. Elles couvrent vos jambes jusqu’aux hanches et sont munies de
bretelles pouvant être attachées à votre ceinture ou à vos ganses.
Bon nombre de sauvaginiers choisissent de porter des bottes-pantalon, soit des bottes
qui montent presque jusqu’aux aisselles. Elles présentent plusieurs avantages. D’abord,
elles ajoutent une couche isolante entre votre corps et l’air, ce qui vous permet d’avoir
moins froid. Elles vous aident également à vous tenir au sec lorsqu’il pleut. Les bottespantalon vous permettent de traverser à gué des cours d’eau plus profonds que vous le
permettraient les cuissardes, mais elles sont également pratiques pour la chasse dans
les eaux peu profondes. Vous pouvez vous assoir dans une marre peu profonde ou
14
Soyez à l’image des marais
De nos jours, chaque catalogue d’équipement de chasse comporte des pages et
des pages de vêtements de camouflage. Certains vêtements sont si réalistes que
l’on jurerait que les feuilles et les brins d’herbe ont été collés directement sur le
tissu.
Les vêtements de camouflage ont été inventés en vue de reproduire la végétation
des marais, les forêts, les bras morts des rivières et presque tous les autres endroits
où l’on trouve des canards et des oies.
Avez-vous besoin de ces vêtements hyper-réalistes pour réussir à chasser le
canard et l’oie ? Bien que les styles de camouflage actuels soient très efficaces, les
chasseurs se sont débrouillés pendant des années en portant des vêtements bruns
et vert olive qui se confondaient avec la flore autour d’eux.
L’important est de se fondre le plus possible dans l’environnement. C’est une
bonne idée de vous couvrir la tête avec une casquette de camouflage et le visage
avec un filet de camouflage ou de la peinture de camouflage pour vous protéger
du soleil.
Une fois que vous aurez trouvé votre terrain de chasse favori, vous pourrez
commencer à économiser en vue d’acheter des vêtements de camouflage plus
réalistes qui cadreront davantage avec le décor.
15
Vêtements et équipement
sur un tronçon d’arbre ou une souche mouillée et rester sec. Les
bottes-pantalon peuvent aussi vous aider à vous tenir au sec lorsque
vous trébuchez et tombez dans des eaux peu profondes, ce qui
arrive inévitablement à tous les chasseurs de canards du monde.
Les bottes-pantalon sont toutefois plus lourdes et plus coûteuses. Vous n’êtes pas obligé d’acheter les plus chères, mais
n’achetez pas celles qui semblent ne pas être de bonne qualité ou
peu résistantes. Ces « aubaines » ne durent souvent pas plus
longtemps qu’une seule partie de chasse. C’est également une
bonne idée de porter une ceinture, car elle empêchera l’eau
d’entrer dans vos bottes si vous traversez un cours d’eau dont
le niveau est plus élevé que celles-ci.
Autres pièces d’équipement
Voici une liste d’accessoires dont vous aurez peut-être
besoin pour vos voyages de chasse au canard. Il n’est toutefois pas nécessaire de vous empresser d’aller les acheter.
Le guide ou l’adulte avec qui vous irez chasser sera sans doute
bien équipé. Vous pourrez acquérir le reste selon vos besoins et votre
budget.
Réchauffe-mains. Il en existe deux sortes : la première est un boîtier métallique que
vous remplissez d’essence pour briquets ou de combustible solide, et la deuxième est
un sachet en plastique qui devient chaud lorsqu’on le retire de son emballage hermétique
et qu’on le secoue. Les deux sont efficaces, mais le sachet en plastique est plus facile à
utiliser.
Appareil de chauffage. La chaufferette au propane est utile pour la chasse en bateau
ou la chasse à l’affût par temps froid extrême, mais l’utilisateur s’expose à un risque de
feu si l’endroit n’est pas bien aéré car des émanations toxiques peuvent être produites.
L’appareil de chauffage à catalyse peut être une bonne alternative.
Vêtement de flottaison. Le gilet de sauvetage est indispensable pour tout type de
chasse au canard qui nécessite un bateau. Vous devez à ces occasions porter un vêtement
de flottaison individuel (VFI) approuvé par la Garde côtière.
Boussole ou appareil GPS. Ces objets ne sont pas nécessaires pour la chasse sur
un petit lac ou en eau peu profonde, mais ils peuvent vous sauver la vie si vous chassez
sur un grand cours d’eau ou dans un bois inondé. Ils peuvent également être utiles si
vous souhaitez retourner à l’endroit où vous chassiez et qu’il est difficile à retrouver.
16
Trousse d’allumage. Vous pouvez vous fabriquer une trousse simple à l’aide d’une
chandelle de huit centimètres, d’un flacon d’aspirine rempli d’allumettes en bois
imperméables, d’un demi-rouleau de papier hygiénique et d’un petit contenant en plastique rempli d’allume-feu liquide pour charbon de bois, le tout inséré dans un petit sac
en plastique refermable.
Trousse de premiers soins. Une trousse commerciale convient, mais vous pouvez
constituer votre propre trousse dans un petit coffre à pêche. Mettez-y de l’aspirine, des
pinces à épiler, une petite paire de ciseaux, plusieurs formats de pansements adhésifs,
un antiseptique, une compresse de gaze stérile et un rouleau de ruban adhésif de
premiers soins.
Votre compagnon, ou compagne de chasse, et vous pourriez également avoir besoin,
entre autres, des articles suivants pour vos sorties de chasse à la sauvagine : une lampe
de poche à l’épreuve de l’eau, un sifflet, des jumelles, du ruban adhésif en toile, une
bouteille thermos remplie d’une boisson chaude ou de soupe, des barres énergétiques,
une table des marées, le règlement sur la chasse à la sauvagine, une table des couchers
du soleil, un seau et un siège pliable.
Parlez-en aux experts
Avant de vous équiper pour la chasse à la sauvagine, tâchez de parler à des spécialistes
ou à d’autres chasseurs qui connaissent bien les conditions de la région où vous irez
chasser. Les boutiques locales d’articles de sport sont des sources d’information fiables.
Demandez au commis quel genre d’équipement sera nécessaire pour le type de chasse
que vous prévoyez pratiquer. Ainsi, vous aurez probablement tout ce dont vous avez
besoin et n’aurez pas à traîner d’objets superflus.
17
CHAPITRE
45
Reconnaissance du territoire avant la chasse
L
es canards et les oies se déplacent souvent. Ils migrent du nord au sud à
l’automne, puis du sud au nord le printemps suivant. Ils se déplacent également d’un
endroit à un autre lorsqu’ils se trouvent dans une région, une province ou un territoire
en particulier. Un marais ou un lac peut contenir une multitude de canards dans une
semaine, et en être dépouvu la semaine suivante.
Les canards se déplacent principalement pour trouver de la nourriture, des eaux
libres ou un abri. La sauvagine ne demeure pas longtemps à un endroit qui ne comporte
pas au moins deux de ces éléments. C’est pourquoi il est important d’explorer votre
territoire avant de partir à la chasse.
18
L’historique peut être utile, mais pas toujours
Les conditions pour la chasse au canard changent d’une saison à l’autre. Il est donc
possible que le marais où vous et votre partenaire de chasse êtes allés la saison
précédente soit maintenant asséché et qu’il n’y ait plus de canards, même si la chasse y
avait été fructueuse à la même période dans le passé. Dans ce cas, il est bon de le savoir
à l’avance afin de ne pas perdre une journée de chasse précieuse à un endroit où il n’y
pas de canards.
Par ailleurs, l’historique concernant une zone de chasse donne une bonne idée de la
mesure dans laquelle la chasse sera fructueuse au cours de l’année, s’il y a encore une
réserve adéquate d’eau et de nourriture à proximité. Si vous ou l’une de vos connaissances
avez déjà eu du succès dans un marais, un étang ou un champ de chasse à l’oie, en
particulier, vous devriez certainement vérifier s’il serait encore favorable. Ne devenez
pas mordu d’un de vos endroits favoris au point d’être prêt à y perdre du temps alors
que les conditions ont changé et que la chasse n’y est plus aussi bonne.
C’est une bonne idée de vous rendre au marais, au plan d’eau, ou au champ de chasse
bien avant le début de la saison. Dans la mesure du possible, allez-y avec un chasseur
expérimenté ou un ornithologue amateur. Ces vétérans du plein air peuvent vous aider
à identifier une espèce de canard ou d’oie uniquement par la vue ou l’ouïe, et leurs
conseils vous permettront d’en apprendre davantage et plus rapidement que par vousmême.
Vous apprendrez également beaucoup si vous achetez un guide d’identification de
poche présentant des illustrations ou des photos couleur de sauvagine. Apportez ce
guide et des jumelles sur le terrain et exercez-vous à identifier toutes les espèces de
sauvagine que vous voyez.
Le chapitre 12, intitulé « L’ABC de la biologie de la sauvagine », sera un bon point de
départ pour vous aider à connaître les canards et les oies. De plus, vous trouverez
d’excellents livres de référence dans la section « Suggestions de lecture » à la fin du
guide ; ces ouvrages vous aideront à vous instruire davantage sur la sauvagine et vous
deviendrez ainsi un meilleur chasseur.
Cherchez… trouvez !
Le meilleur moyen d’explorer un terrain est de vous y rendre et d’examiner sur place
votre zone de chasse. Il se peut que ce ne soit pas possible si l’endroit où vous prévoyez
chasser est loin de chez vous. Dans ce cas, des cartes peuvent vous être d’une grande
utilité.
Les cartes topographiques (communément appelées cartes topo) sont les meilleurs
types de cartes pour la reconnaissance de terrain. Elles montrent les caractéristiques
19
Reconnaissance du territoire avant la chasse
naturelles du terrain telles que les cours d’eau, les
régions boisées, les marais, les plans d’eau peu profonds, les lacs et les étangs, ainsi que les changements
d’altitude. Si vous utilisez ces cartes avant de vous
rendre sur le terrain, vous pourrez localiser les zones
basses marécageuses, les ruisseaux et autres cours
d’eau où l’on peut trouver des canards.
Les cartes topographiques sont toutefois coûteuses
et difficiles à utiliser sur le terrain, car elles peuvent
être endommagées par l’eau et virevolter au vent.
Vous pouvez également acheter un CD des cartes topographiques de la région qui vous
intéresse auprès d’entreprises comme DeLorme et Topo (USA). Vous pouvez les
commander sur Internet à partir de plusieurs sites Web tels que www.delorme.com, www.
maptown.com,www.fedpubs.com et ess.nrcan.gc.ca/mapcar/top_f.php.
Autres sources fiables
Les organismes de conservation régionaux dans chaque province, les bureaux
principaux des zones de chasse publiques et les magasins d’articles de sport constituent
également de bonnes sources de renseignements sur l’état des cours d’eau, la quantité
de canards et les sites de chasse. Les personnes qui travaillent à ces endroits souhaitent
que vous trouviez un bon terrain de chasse et l’information qu’ils vous donnent est
généralement fiable.
N’ayez pas peur de vous entretenir avec le propriétaire du terrain ; si quelqu’un doit
savoir où se trouvent les marécages et la sauvagine, ce sont bien les personnes qui
demeurent dans les environs. De toute façon, vous devrez demander l’autorisation de
chasser aux propriétaires fonciers lorsque la saison de chasse sera ouverte ; commencez
donc tôt et faites leur connaissance. L’entretien de liens d’amitié avec les propriétaires
fonciers et le respect de leurs droits de propriété sont des moyens sûrs de trouver de
bons terrains de chasse chaque année.
Échangez avec vos camarades de chasse
Les chasseurs de canard n’aiment pas parler beaucoup de leurs terrains de chasse de
prédilection. Ils gardent ces renseignements très scrupuleusement, car l’expérience
peut être gâchée s’il y a trop de chasseurs dans une même zone.
Toutefois, si vous avez des amis proches qui chassent le canard, il est probable qu’ils
vous communiquent l’information avec joie. Si vous connaissez les conditions récentes
20
du lac Untel et que votre camarade de chasse sait ce qui se passe au lac Caché, vous
pouvez mettre vos renseignements en commun et en profiterez tous les deux.
Il est préférable que ce cercle d’amis demeure restreint. Il est bien de partager de
l’information avec deux ou trois autres
chasseurs, mais vous pourriez vous retrouver dans une jungle le jour de l’ouverture si
vous échangez ces renseignements avec
cinquante autres chasseurs.
Les jeunes chasseurs devraient essayer
de trouver une personne plus âgée et bien
informée pouvant faire office de professeur
ou de guide. Ces vétérans de la chasse sont
fiers de leurs connaissances et sont souvent
prêts à prendre un petit nouveau sous leur
aile et à lui transmettre leur expérience et
quelques-uns de leurs secrets.
Sources des cartes topo :
U.S. Geological Survey
12201 Sunrise Valley Drive
Reston, VA 20192 USA
http://mapping.usgs.gov/
Géoboutique Québec
Ressources naturelles et Faune
5700, 4e Avenue Ouest, E 304
Québec (Québec) G1H 6R1
http://geoboutique.mrnf.gouv.qc.ca
Téléphone : 418-627-6356
Téléphone sans frais : 1-877-803-0613
Télécopieur : 418-646-6706
Courriel : [email protected]
21
Ressources naturelles Canada
615, rue Booth, 1er étage, pièce 180
Ottawa (Ontario) K1A 0E9
Téléphone : 1-800-465-6277
Télécopieur : 613-947-7948
Courriel : [email protected]
À la chasse!
22
CHAPITRE
5
Sécurité à la chasse
L
es sauvaginiers se lèvent tôt et sortent dans l’obscurité et par temps froids. Ils
demeurent à l’extérieur même quand le temps devient mauvais. Ils se déplacent en
bateau sur des eaux agitées. Ils traversent à gué des cours d’eau froide dans lesquels il
est facile de perdre l’équilibre. Ils portent des fusils de chasse.
Toutes ces activités peuvent être dangereuses. C’est pourquoi il est important que les
sauvaginiers pensent toujours à la sécurité, avant, pendant et après leur sortie de
chasse. Si vous suivez quelques règles de sécurité sensées, vos sorties de chasse
demeureront agréables et palpitantes et vous éviterez de gâcher votre expérience, voire
qu’elle tourne au tragique.
La sécurité dans le maniement des armes à feu, qui est abordée au chapitre 7, est une
partie très importante de la sécurité à la chasse. Cependant, vous devez savoir que le
simple fait d’être vigilant avec votre fusil ne suffit pas.
23
Sécurité à la chasse
Espérez le mieux, mais préparez-vous au pire
Même si le temps est doux au début de votre sortie de chasse, le temps peut changer
rapidement à l’automne et à l’hiver. Si vous portez des vêtements légers lors du passage
d’un front froid, vous serez inconfortable. Rappelez-vous également qu’il fait généralement plus froid et qu’il y a davantage de vent près de l’eau. Comme on vous l’a conseillé
au chapitre 3, portez plusieurs couches de vêtements ainsi qu’un manteau ou un parka
chaud et un imperméable muni d’un capuchon. Vous pourrez l’utiliser comme coussin
si le temps est doux, et si la situation tournait mal, il pourrait vous sauver la vie.
Évitez les problèmes grâce à la planification
Le meilleur moyen d’éviter les ennuis est de planifier sa sortie de chasse. Le
temps sera froid ? Emmitouflez-vous. Les cours d’eau seront profonds ? Portez des
bottes-pantalon ou chassez en bateau. L’endroit vous est inconnu ? Apportez une
carte et une boussole ou un appareil GPS.
Dites toujours à une autre personne l’endroit où vous allez et quand vous prévoyez être de retour, que vous partiez près ou loin de chez vous. Il est important
que vous n’omettiez pas de le faire, car cela sera très utile dans l’éventualité où
cette personne devait partir à votre recherche si la situation tourne mal.
Peut-être pensez-vous que toutes ces précautions vous demanderont trop
d’efforts. Si c’est le cas, c’est parce qu‘au moment ou vous lisez ceci, vous êtes au
chaud, au sec et confortablement installé. Alors justement, votre but en tant que
sauvaginier devrait être de rester au chaud, au sec et confortable.
Et d’être en sécurité.
24
L’hypothermie est mortelle
Le mélange de vent, de vêtements mouillés et de basses températures peut vous être
mortel. Ce phénomène se nomme l’hypothermie. Le vent froid et les vêtements mouillés
abaissent la température du corps plus rapidement que le temps requis pour produire
la chaleur nécessaire à remplacer celle qui a été perdue. La température du corps de la
victime d’hypothermie commence alors à chuter, et elle commence à frissonner sans
pouvoir s’arrêter. Une baisse de la température normale du corps de seulement un ou
deux degrés crée des problèmes de coordination et de capacité mentale, ce qui augmente
les risques d’accident. Plus la température du corps de la victime chute, plus celle-ci est
désorientée et somnolente. L’hypothermie entraîne un sommeil duquel bon nombre de
personnes ne se réveillent jamais.
La meilleure façon de prévenir l’hypothermie est de demeurer bien vêtu, au sec et à
l’abri du vent. Portez des vêtements qui chasseront l’humidité de votre peau. C’est assez
simple, mais que feriez-vous si vous ou un membre de votre groupe prenait froid et
commencerait à souffrir d’hypothermie?
Symptômes de l’hypothermie
L’hypothermie se produit en plusieurs étapes qui s’aggravent à mesure que le corps
refroidit. Les symptômes mentaux apparaissent en premier. La personne souffrant
d’hypothermie peut se sentir désorientée ou être incapable de parler clairement,
se sentir fatiguée et « dans les vapes », et ne pas arriver à articuler. Les symptômes
physiques qui apparaissent par la suite peuvent inclure les frissons, la chair de poule, la
maladresse et les raideurs.
Réchauffez la victime rapidement
Dans tous les cas d’hypothermie, il faut d’abord empêcher la température du corps de
chuter davantage. La victime doit être amenée à l’intérieur le plus rapidement possible.
Si c’est impossible, protégez-la au moins du vent en l’amenant dans un abri d’urgence
(voir la page suivante). Allumez un feu et, si possible, enlevez-lui ses vêtements mouillés
et remplacez-les par des vêtements secs. Sinon, séchez les vêtements mouillés près du
feu tout en tenant la victime au chaud. Dans la mesure du possible, enveloppez-la dans
un sac de couchage ou des couvertures. Les mouvements, les frottements, les tremblements et les trépignements assurent la continuité de la circulation sanguine et la
production de chaleur.
Donnez-lui des liquides assez chauds (mais pas brûlants), comme de l’eau, du lait
ou de la soupe. Les aliments riches en glucides comme le pain et les pâtes procurent
une vague de chaleur brève et soudaine parce que les glucides se libèrent rapidement
25
Sécurité à la chasse
dans le sang. Ne lui donnez PAS d’alcool ou de boisson riche en caféine,
car elle perdra davantage de chaleur
ou souffrira de déshydratation.
Une fois de plus, il est par-dessus
tout important d’empêcher la victime
d’avoir plus froid. Dans les cas de
légère hypothermie, les effets secondaires persistent rarement une fois
que la victime s’est réchauffée. Les
cas d’hypothermie graves peuvent
toutefois constituer un danger de
mort, et vous devez obtenir de l’aide
pour la victime le plus rapidement
possible.
Abris d’urgence
Dans une situation critique, les affûts et les bateaux renversés peuvent être utilisés
comme abris d’urgence. Vous pouvez également utiliser une bâche, un poncho, des sacs
poubelles ou un tapis pour aménager un abri d’urgence afin de vous protéger contre le
vent, la pluie et la neige. Placez la couverture le plus près possible du sol afin de réduire
la résistance au vent et solidifiez-la à l’aide de roches, de bûches ou d’autres objets
lourds. Attachez solidement les coins supérieurs à des buissons robustes ou à des
arbres et, dans la mesure du possible, faites passer la couverture autour de plusieurs
arbres ou buissons pour que l’abri résiste mieux au vent. La quenouille, les graminées
et autres plantes sèches peuvent également être utilisées pour former un lit.
Matériel d’urgence pratique
(en espérant que vous
n’aurez pas à vous en servir)
Les trousses d’allumage et de premiers soins
dont il a été question au chapitre 3 constituent
une bonne base de matériel d’urgence. Voici certains
autres objets que vous pouvez apporter :
26
Lampe de poche et piles de rechange. Il peut vous être utile d’avoir une lampe
de poche si vous souhaitez vous rendre à votre territoire de chasse avant l’aube.
Vous en aurez de nouveau besoin si vous vous faites surprendre par le crépuscule.
Fusée éclairante d’urgence. Utilisez-la pour appeler à l’aide si vous êtes perdu
ou pour allumer un feu sur une surface humide.
Couverture de secours. Couverture légère et bon marché pouvant
vous tenir au chaud ou vous protéger des rayons du soleil. Carte et boussole ou appareil GPS. L’utilité de ces objets est évidente, mais
assurez-vous de savoir comment les utiliser avant d’en avoir besoin pour vous
sortir d’ennuis.
Téléphone cellulaire. Il est bon d’en avoir un si vous chassez dans une région
où vous pouvez capter des signaux pour envoyer et recevoir des appels.
Dans le cas contraire, il vous sera aussi utile qu’une roche.
Collations énergétiques. Par exemple, barres énergétiques, chocolat,
raisins secs et mélange montagnard. Afin d’être certain d’avoir ces aliments
sous la main en cas d’urgence, prévoyez une petite cachette et ne les placez
pas avec les autres aliments que vous avez apportés pour votre sortie de
chasse au canard. Ne pigez pas dans votre cachette d’urgence sauf en réelle
situation d’urgence, sinon vous n’aurez rien à vous mettre sous la dent le jour où
vous en aurez vraiment besoin.
Autres aliments. Par exemple, des conserves de viande, du beurre d’arachide,
des pommes et des oranges. Ces rations de secours devraient également être
conservées séparément du repas que vous avez préparé pour la chasse et être
utilisées en situation d’urgence seulement.
Manuel de secourisme. Suivez un cours de secourisme en milieu sauvage et
traînez un livre de poche sur le sujet afin de vous tirer d’embarras en situation
d’urgence. 27
CHAPITRE
6
Les fusils de chasse
A
ujourd’hui, la chasse à la sauvagine se pratique à l’aide d’un fusil. On charge
cette arme avec une cartouche qui contient un grand nombre de petits projectiles
sphériques appelés billes, contrairement à la carabine que l’on charge avec une grosse
balle. Chaque cartouche de fusil de chasse contient beaucoup de billes d’acier. Par
exemple, une cartouche de calibre 12 peut contenir plus de cent billes.
Le fusil de chasse doit être précis pour pouvoir viser à courte distance de petites
cibles ou des cibles qui se déplacent rapidement. Le groupement, qui consiste en
la répartition des billes durant leur parcours, est essentiel pour que le tireur puisse
atteindre sa cible. Le groupement s’élargit à mesure que la gerbe de billes s’éloigne du
canon du fusil.
28
Calibre 10
Calibre 12
Calibre 16
Calibre 20
Calibre 28
Calibre .410
Calibres de fusil de chasse
La dimension de la plupart des fusils de chasse est formulée en calibre. Six calibres
de fusil de chasse sont encore utilisés aujourd’hui : les calibres 10, 12, 16, 20, 28 et .410.
Parmi ceux-ci, les fusils de calibre 12 et de calibre 20 sont les plus couramment utilisés
pour la chasse à la sauvagine.
Plus le chiffre du calibre est petit, plus grosse est la chambre du canon, soit l’ouverture
par laquelle la bille passe. Par exemple, la chambre du canon d’un fusil de calibre 10 est
plus grosse que celle d’un fusil de calibre 12, et la chambre du canon d’un fusil de
calibre 12 est plus grosse que celle du canon d’un fusil de calibre 20. Cette règle vaut
pour les fusils de chasse de tous les calibres, à l’exception du fusil de calibre .410 dont
la chambre est mesurée en décimales d’un pouce.
Comme les fusils de chasse de plus grande dimension ont une chambre de canon plus
grosse, les cartouches pouvant passer par les canons de ces fusils contiendront plus de
billes d’acier et de poudre à fusil. Le fusil de calibre 10 est le plus gros fusil de chasse
autorisé par la loi pour la chasse en Amérique du Nord, mais le fusil de calibre 12 est le
plus populaire chez les chasseurs de canard et d’oie. Les choix de marques, de modèles
et de styles sont plus nombreux pour les fusils et les munitions de calibre 12, qui sont
plus faciles à trouver que ceux de calibres différents.
Bon nombre de chasseurs (particulièrement les jeunes et les personnes de petite
taille) se servent du fusil de calibre 20, qui est beaucoup plus petit, plus léger et moins
lourd à porter.
29
Les fusils de chasse
Mécanismes du fusil de chasse
Il existe divers styles et mécanismes de fusil de chasse. Le fusil de chasse à un coup
est le plus simple et celui avec lequel beaucoup de chasseurs débutent. Il comporte un
mécanisme à bascule, c’est-à-dire que l’on actionne un levier pour que le fusil s’ouvre
au centre, pour ensuite insérer une
cartouche dans le canon. Le fusil se
ferme ensuite brusquement. Les autres
fusils de chasse qui comportent un
mécanisme à bascule ont deux
canons. Comme leur nom l’indique,
Fusil de chasse à un coup
le superposé a deux canons placés
l’un au-dessus de l’autre, et le fusil de
chasse juxtaposé comporte deux
canons disposés l’un à côté de l’autre.
On trouve également le fusil à
Superposé
pompe, qui comporte un seul canon
et dans lequel il faut insérer une nouvelle cartouche après chaque tir,
après avoir tiré sur la partie avant de
la monture, appelée fût. Il faut
également insérer une nouvelle
cartouche dans le fusil de chasse
Fusil de chasse juxtaposé
semi-automatique après chaque tir,
mais il n’est pas nécessaire de tirer
sur le fût ; les cartouches supplémentaires sont emmagasinées dans
le chargeur du fusil.
Fusil à pompe
Remarque importante : Comme
les fusils semi-automatiques et les
fusils à pompe contiennent souvent
cinq cartouches et plus, vous aurez
besoin d’une entretoise de chargeur
en bois ou en plastique afin de dimiFusil de chasse
semi-automatique
nuer le nombre de cartouches retenues dans le fusil à la limite légale de
trois établie pour la chasse à la
sauvagine.
30
Grosseurs de bille d’acier
Les différentes espèces de canards et d’oies n’ont pas toutes la même taille. La sarcelle
d’hiver a la taille d’un pigeon, alors que la bernache du Canada peut peser autant qu’une
dinde adulte. Il n’est donc pas surprenant que les chasseurs d’oie aient besoin de
munitions plus lourdes dont l’impact est plus grand que celles qu’utilisent les chasseurs
de sarcelle.
Voici les grosseurs de bille, de la plus grande à la plus petite : T, BBB, BB, 1, 2, 3, 4,
5, 6, 7½, 8 et 9. Les plus grosses billes sont idéales pour tirer à distance éloignée, alors
que les plus petites le sont pour tirer de près.
La taille des oiseaux visés par les chasseurs devrait également être prise en compte
dans le choix des billes. Les charges les plus populaires pour la chasse à l’oie sont BBB,
BB et 1. Les chasseurs de bernache du Canada pourraient avoir besoin de billes BBB ou
même de billes plus grosses. Il est toutefois préférable que les chasseurs d’oie des
neiges choisissent des billes BB ou 1, car ces oiseaux sont plus petits. La plupart des
chasseurs de canard utilisent des billes de grosseur 1, 2, 3 ou 4. Les chasseurs de canard
colvert doivent utiliser des billes plus grosses que celles qu’utilisent les chasseurs de
sarcelle ou de canard branchu, car cet oiseau est plus gros.
T
BBB
BB
1
2
3
4
5
Mesurer l’impact
La distance que la bille parcourra après être sortie du fusil de
chasse dépend de deux éléments : sa grosseur et la rapidité à
laquelle il sort du canon. Comme les billes plus grosses sont
plus lourdes, leur vitesse est plus grande et ils se rendent
plus loin. Les billes rapides ont également une plus grande
impulsion et se rendent plus loin que les billes plus lentes
de même grosseur.
Rien de tout cela n’a toutefois de lien avec la dimension
du fusil de chasse. Même le minuscule fusil de calibre .410
permettra de tirer aussi loin que le fusil de calibre 10 qui
est le plus lourd, pourvu qu’on utilise une bille de même
grosseur et que la vitesse des billes soit la même.
Cependant, le fusil de chasse de calibre 10 permettra toujours
de tirer les canards et les oies à une plus grande distance que le
31
6
71/2
8
9
Les fusils de chasse
fusil de calibre .410, et la raison en est simple. La cartouche de calibre 10 contient
presque quatre fois plus de billes d’acier que la .410, et chaque bille a la même énergie.
Par conséquent, le tir d’un fusil de calibre 10 sur une même cible contiendra environ
quatre fois plus de billes. Comme la cartouche du fusil de plus grande dimension
contient plus de billes d’acier, l’oiseau sera atteint par une plus grande quantité de
billes, donc d’énergie.
Billes d’acier et autres types de billes non toxiques
Pendant de nombreuses années, tous les sauvaginiers utilisaient des billes de plomb.
Toutefois, il y a plusieurs années, les recherches ont montré que les cartouches tirées
descendaient au fond des lacs et des marais et que les canards ou d’autres oiseaux
mouraient de saturnisme ou étaient affaiblis lorsqu’ils avalaient la bille de plomb en se
nourrissant. Par conséquent, les lois des États-Unis et du Canada exigent maintenant
que les sauvaginiers se servent seulement de billes qui ne sont pas toxiques pour les
oiseaux. Ces billes non toxiques remplacent désormais les billes de plomb pour la
chasse à la sauvagine.
Au départ, les seules billes non toxiques étaient faites d’acier. Aujourd’hui, en plus de
l’acier, il existe d’autres matériaux de rechange non toxiques comme le bismuth, le
tungstène-fer, le tungstène-polymère, la matrice de tungstène et le tungstène-nickel-fer,
entre autres. Les divers fabricants leur donnent différentes appellations commerciales,
mais chaque boîte de billes indique si le produit est toxique ou non. Toutes ces solutions
de rechange à la billes d’acier conviennent pour la chasse à la sauvagine, car leur densité
est semblable à celle du plomb. Cependant, comme elles sont plus coûteuses, la plupart
des chasseurs de canard et d’oie continuent d’utiliser les billes d’acier. Étranglements
La plupart des canons de fusil de chasse n’ont pas le même diamètre d’une extrémité
à l’autre. Dans la plupart des cas, la bouche (le bout du fusil de chasse le plus éloigné de
vous lorsque vous êtes en position de tir) est légèrement plus petite que la culasse (le
bout du canon le plus près de vous). La différence n’est pas très grande – habituellement
quelques millièmes de pouce –, mais elle est importante.
Ce léger rétrécissement à la bouche du fusil sert à contracter la gerbe de billes d’acier
qui sera tirée. On l’appelle l’étranglement du fusil. Les fusils dont l’étranglement est
plus important permettent de tirer des gerbes plus petites et plus compactes, et les
fusils dont l’étranglement est moins important permettent de tirer de plus grosses
32
gerbes moins compactes. Les étranglements courants, du plus ouvert au plus rétréci,
sont nommés cylindrique, cylindrique amélioré, modifié, et maximum. Beaucoup de
fusils comportent maintenant des étranglements vissables que vous pouvez changer
selon les situations.
Un fusil dont la gerbe de billes est plus compacte permettra de tuer des canards et des
oies à une plus grande distance qu’un fusil dont l’étranglement est plus cylindrique,
mais que le groupement doit toucher l’oiseau.
Pour la plupart des chasseurs de canard, l’étranglement cylindrique amélioré est le
meilleur choix. Il lui permet de tirer une gerbe de billes d’acier assez dense jusqu’à une
distance de 30 à 35 mètres. En même temps, l’étranglement permet au groupement de
se disperser, ce qui aide les chasseurs moins expérimentés à atteindre un plus grand
nombre de canards.
Les chasseurs d’oie peuvent devoir utiliser un étranglement un peu plus rétréci
puisque les oiseaux sont plus gros et que la portée du tir est souvent plus longue, mais
l’étranglement modifié est habituellement le meilleur choix.
Étranglement
maximum
Étranglement
modifié
Étranglement
cylindrique amélioré
45 mètres 40 mètres 35 mètres 30 mètres
25 mètres 20 mètres 15 mètres
33
Les fusils de chasse
Outil pour les tirs à courte portée
Peu importe le choix de l’étranglement, la grosseur de la bille et la densité du
groupement, le fusil de chasse est fondamentalement un outil à utiliser pour les tirs à
courte portée. Si le canard ou l’oie que vous visez se trouve à une distance de plus de
35 mètres, il est trop loin pour tirer. Peu importe les caractéristiques du fusil.
Vous pourriez bien sûr réussir à atteindre un oiseau à cette distance ou même plus
loin. Vous pourriez même le tuer avec précision si vous êtes exceptionnellement
chanceux cette journée-là. Toutefois, vous manquerez généralement votre coup et c’est
la meilleure chose qui peut arriver. En effet, une bille ou deux parviennent parfois
jusqu’à la cible, mais le coup n’est pas assez puissant pour que l’oiseau tombe.
Il se peut toutefois que l’oiseau soit assez durement touché pour ne pas en réchapper,
et vous ferez alors souffrir inutilement un animal sauvage pendant une longue durée et
une ressource naturelle précieuse sera perdue. N’oubliez pas que vous devez faire tout
en votre pouvoir pour récupérer un oiseau blessé le plus rapidement possible.
Vous pouvez faire de votre mieux pour
réduire ces lourdes pertes en pratiquant
votre tir et en apprenant à tirer avec le
plus de précision possible. Vous pouvez
également vous assurer d’utiliser les
fusils, la grosseur de bille et les
étranglements appropriés. La meilleure
façon d’y parvenir est de vous rendre à
un champ de tir et de mettre à l’essai
différents étranglements et diverses
charges à des distances de 20, 25, 30 et
35 mètres. Dessinez un cercle de 80 centi-
mètres sur des cibles en papier et visez le
centre du cercle. Vous devez atteindre
le cercle avec le plus grand nombre de
billes possible. Choisissez des gerbes
denses et constantes afin de déterminer les étranglements et les charges
les plus appropriés à des distances
données.
34
Voici quelques règles générales à suivre pour la chasse à la sauvagine avec des billes d’acier :
Situation/Portée
Charge
Grosseur
de bille
Étranglement
suggéré
Petits canards à 35 mètres
et moins de l’appelant
28 à 32
grammes
6à4
Cylindrique amélioré,
modifié
Canards de taille moyenne à grande
à 35 mètres et moins de l’appelant
28 à 35
grammes
4à2
Cylindrique amélioré,
modifié
Oies de taille moyenne à grande
à 40 mètres et moins de l’appelant
32 à 44
grammes
2 à BBB
Cylindrique amélioré,
modifié
Remarque : Pour les oiseaux blessés, utilisez des billes d’achèvement de 28 grammes, de
grosseur 7 à 5, et un étranglement modifié.
Il est par-dessus tout important de connaître ses limites et d’avoir la volonté de ne pas
tirer les canards et les oies qui se trouvent à une distance trop éloignée.
Évaluation des distances
Comment saurez-vous si la sauvagine est trop éloignée? Vous pouvez mesurer les
distances à l’aide d’un télémètre, soit un dispositif électronique qui affichera, par
exemple, la distance entre la cime des arbres et votre affût, et donc la distance relative
avec les canards qui les survolent. Vous pouvez également apprendre à évaluer les
distances sans télémètre, en vous servant de vos propres yeux.
La « technique d’évaluation de la distance de tir » est l’une des meilleures façons
d’évaluer les distances sans dispositif électronique. Vous n’êtes pas obligé de retenir le
nom, souvenez-vous seulement que cette technique consiste à comparer la taille d’un
oiseau à la dimension de la bouche de votre fusil.
Vous devez simplement placer des appelants de
canards et d’oies grandeur nature à des distances de
15, 25 et 35 mètres, puis vérifier quelle portion de
l’oiseau la bouche de votre fusil couvre à ces
distances. Exercez-vous à le faire lorsque vous
pratiquez votre tir à la cible, bien avant la saison de
chasse, et ce sera presque une seconde nature le
jour de l’ouverture. Vous serez en mesure de viser
l’oiseau et de déterminer rapidement s’il est à portée
de tir.
Plus l’oiseau se trouve loin, plus il semblera petit
par rapport à la bouche de votre fusil.
35
CHAPITRE
7
L’ABC de la chasse à la sauvagine
A
La sécurité, toujours
fin de chasser la sauvagine selon les règles, il est important de manier son fusil de
façon sécuritaire du début à la fin. Les règles sont simples, mais elles sont importantes :
• Faites toujours attention à ce que vous pointez avec votre fusil. Dans un champ
de tir, vous devez toujours pointer votre fusil en direction des cibles. À la
chasse, assurez-vous de ne jamais le pointer en direction d’une personne, d’un
animal ou d’un bien appartenant à une personne.
• Maintenez toujours le cran de sûreté en place jusqu’à ce que vous soyez prêt à
tirer. Enlevez le cran de sûreté au moment où vous épaulez votre fusil, pas
avant
• Peu importe que vous ayez tiré ou non, remettez le cran de sûreté en place
immédiatement après que vous avez descendu le fusil.
36
• Prenez l’habitude de vérifier fréquemment si le cran de sûreté est en place.
Rappelez-vous toutefois que le fusil le plus sécuritaire est un fusil déchargé.
• N’appuyez jamais un fusil chargé contre un véhicule, un arbre, une clôture ou
quoi que ce soit d’autre, car il pourrait tomber et se décharger.
• Déchargez toujours votre arme à feu avant de franchir une clôture ou un fossé,
ou de la passer à une autre personne.
• Ne présumez jamais qu’un fusil est déchargé. Assurez-vous-en. Actionnez le
mécanisme et vérifiez la chambre. Faites cela chaque fois que vous mettez un
fusil dans son étui, dans une voiture ou dans un coffre de sécurité pour armes
à feu. Vérifiez de nouveau lorsque vous reprenez l’arme.
• Vérifiez régulièrement le mécanisme et la bouche pour vous assurer qu’ils sont
bien dégagés.
• Assurez-vous que vos munitions sont du bon calibre et de la bonne grosseur
pour votre fusil.
• Nettoyez et entretenez votre fusil après chaque usage pour le maintenir en état
de fonctionnement sécuritaire.
• Rangez toujours votre fusil et vos munitions séparément dans des endroits
sûrs et verrouillés.
• Ne visez jamais rien que vous n’auriez pas l’intention de tirer. Ce n’est pas un
jouet. Le tir est une activité sérieuse.
Sécurité sur le terrain
En plus des pratiques de maniement sécuritaire des armes à feu mentionnées cidessus et de celles que vous avez apprises dans vos cours de formation des chasseurs,
il existe un certain nombre de règles de sécurité particulières que les sauvaginiers
doivent observer.
L’une des plus importantes est l’établissement de zones de tir sécuritaires.
En général, une zone de tir sécuritaire est un espace dans lequel vous pouvez tirer de
façon sécuritaire. Lorsque vous chassez seul, vous pouvez délimiter cette zone en
fonction de votre champ de vision, de la présence de points de repère et de la portée de
votre fusil de chasse. Toutefois, lorsque vous chassez avec d’autres, votre zone de tir
sécuritaire correspondra habituellement à un angle de 45° droit devant vous, en
particulier si vous chassez au centre d’un affût, d’un fossé ou d’un bateau et que d’autres
chasseurs se trouvent de chaque côté de vous. La zone de tir des chasseurs à votre
gauche et à votre droite sera plus large parce qu’ils peuvent pivoter vers l’extérieur.
37
L’ A B C d e l a c h a s s e à l a s a u v a g i n e
Zones de tir sécuritaires
Lorsque vous chassez dans un affût, un fossé ou un bateau, vous serez directement
aligné avec vos camarades de chasse et vous serez très près d’eux. Il est donc essentiel
d’établir des zones de tir sécuritaires et de les respecter. Vous devez les délimiter dès
que vous entrez dans l’affût, le fossé ou le bateau, avant de charger votre fusil de
chasse.
Vous devrez également établir des règles concernant l’ordre de tir puisque vous serez
très près de vos partenaires. Par exemple, dans un petit bateau ou un petit affût, il est
souvent préférable qu’un chasseur ou deux seulement tirent à la fois. De plus, lorsque
les chasseurs se lèvent pour tirer, les autres devraient demeurer assis et en dehors de
la ligne de tir. Assurez-vous que chacun connaît l’ordre de tir et qu’il le respecte
religieusement. Par précaution supplémentaire, annoncez tous les tirs à l’avance (par
exemple, « c’est à ton tour, Jim »).
Vous devez également être prudent lorsque vous entrez des fusils dans un bateau et
un affût et lorsque vous les ressortez. Assurez-vous toujours que votre fusil est déchargé
et que le mécanisme est ouvert avant d’entrer dans un bateau, un affût ou un fossé, ou
d’en sortir. Si vous avez un ou une partenaire de chasse, demandez-lui d’entrer d’abord
dans le bateau ou l’affût, puis passez-lui les fusils déchargés. Lorsque vous chassez seul,
déposez le fusil déchargé dans l’affût avant d’y entrer. Dans un bateau, déposez le fusil
(la bouche pointée vers l’avant) à l’avant de l’embarcation avant d’y entrer. Si un autre
chasseur vous accompagne, il devrait placer son fusil à l’arrière du bateau, la bouche
pointée vers l’arrière, avant d’embarquer.
Soyez également prudent lorsque vous chargez et déchargez un fusil dans un affût ou
dans un bateau. Assurez-vous toujours que la bouche du fusil pointe vers l’extérieur de
l’affût ou du bateau, dans une direction sûre. De plus, n’appuyez jamais votre fusil
contre les parois de l’affût ou du fossé. Placez-le sur un support approprié ou tenez-le
la bouche pointée dans une direction sûre.
38
Votre position est importante
Comme il a été mentionné au chapitre 6, il existe une différence entre le fusil de
chasse et la carabine. En effet, le fusil de chasse projette plusieurs billes d’acier à la
fois, alors que la carabine projette une seule balle par tir. La précision est donc moins
importante avec un fusil de chasse, puisque la grosseur de la gerbe de billes compense
le manque de précision de la visée. Le tir à la carabine doit toutefois être extrêmement
précis ; c’est pourquoi elle comporte des dispositifs de visée, alors qu’on n’en trouve
généralement pas sur le fusil de chasse.
Lorsque vous utilisez un fusil de chasse, vos yeux sont la mire arrière et le bout du
canon de votre fusil la mire avant.
Vous devez garder les deux yeux ouverts lorsque vous chassez la sauvagine avec un
fusil de chasse. En effet, vous avez besoin de vos deux yeux (vision binoculaire) pour
avoir une perception de profondeur et une meilleure image de visée entre le fusil et la
cible.
Afin d’atteindre une cible mobile à l’aide d’un fusil de chasse, vous devez aligner vos
yeux sur le bout du canon et la cible.
Comme vos yeux constituent la mire arrière du fusil de chasse, ils doivent se trouver
à la même hauteur que le canon du fusil si vous voulez qu’ils soient bien alignés avec la
Si votre tête est placée dans la bonne
position, votre visée sera précise.
Si votre tête est trop élevée, votre
tir sera toujours trop haut.
39
L’ A B C d e l a c h a s s e à l a s a u v a g i n e
cible ; vos yeux ne doivent pas être surélevés par rapport au canon. Votre tête doit donc
être placée à la même hauteur que fusil, et le bout de la crosse doit être bien appuyé
contre le « creux » de votre épaule (la partie molle entre l’os externe de votre épaule et
la clavicule).
Voici les étapes que vous devriez suivre :
• Prenez la position en garde, le canon pointé dans la direction présumée de la
cible (oiseau ou pigeon d’argile). Maintenez le bout de la crosse légèrement
sous votre aisselle.
• Surveillez la cible pour voir sa trajectoire. Ne vous pressez pas, vous aurez plus
de temps que vous ne le croyez.
• Levez l’extrémité avant du fusil vers la trajectoire de vol de la cible, avec votre
main avant.
• Suivez la cible comme si vous la pointiez du doigt. Dessinez une ligne imaginaire
au milieu de la cible, tout en soulevant la crosse vers votre épaule et votre joue.
• Appuyez la crosse contre votre joue et votre épaule en même temps.
• Appuyez sur la détente et, tout en poursuivant le balancement du fusil, vous
pourrez continuer à suivre la cible.
Ce mouvement se fait naturellement et en douceur.
À l’aide d’un fusil de chasse déchargé, exercez-vous maintes et maintes fois à appuyer
un fusil contre votre épaule et à effectuer le mouvement de balancement jusqu’à ce que
cela devienne naturel. C’est la première étape à franchir pour devenir un bon sauvaginier.
Il est également important de bien placer vos pieds. Si votre position n’est pas stable
et bien équilibrée, il vous sera plus difficile d’effectuer le mouvement de balancement
habilement et vous raterez plus souvent votre cible. La position de tir la plus efficace consiste habituellement à écarter vos pieds à la
largeur de vos épaules. Si vous êtes un tireur droitier, votre épaule et votre pied gauches
devraient être légèrement en avant de votre épaule et votre pied droits, en direction de
votre cible. Votre poids devrait retomber légèrement sur la pointe de vos pieds et non
sur vos talons pour que vous puissiez effectuer le mouvement de balancement plus
facilement. Ne vous penchez pas trop vers l’avant, car vous ne serez pas à l’aise et vous
ne serez plus en équilibre.
Lorsque vous balancez le canon du fusil, vous devez vous servir du haut de votre
corps et non seulement de vos bras. Ainsi, le balancement se fera plus en douceur et
vous serez plus stable.
40
Faites preuve d’anticipation
Au football, si vous voulez lancer le ballon à l’ailier rapproché alors qu’il est en pleine
course, vous devez diriger le ballon légèrement en avant et non sur lui. De cette façon,
le ballon et le receveur arriveront au même endroit au même moment.
Si vous souhaitez toucher un oiseau en vol avec un fusil de chasse, vous devez suivre
le même principe. Vous devez pointer votre fusil en avant du canard afin que la gerbe de
billes et l’oiseau arrivent au même endroit en même temps. Cette technique s’appelle
anticiper le tir.
L’anticipation du tir se fera automatiquement si vous poursuivez le balancement du
fusil en passant devant la cible. Vous n’avez qu’à continuer à déplacer votre fusil dans
un léger balancement et à ne pas immobiliser le canon lorsque vous appuyez sur la
détente.
Commencez lentement
Il n’est pas plus difficile de devenir un bon sauvaginier
que d’apprendre à faire de la bicyclette. Il faut seulement
de l’entraînement. La meilleure façon d’apprendre les
rudiments du tir au vol pour un débutant est probablement de tirer plusieurs boîtes de munitions sur
des pigeons d’argile.
Pour ce faire, vous pouvez aller dans un champ de tir
aux pigeons d’argile. Dans ce cas, il est préférable de
commencer par des pigeons d’argile qui viennent vers
vous, car vous aurez plus de temps pour réagir. Plus la
cible se rapproche, plus elle grossit, et plus il est facile de
l’atteindre. Par contre, vous pourriez paniquer et vous
dépêcher à tirer lorsque les cibles s’éloignent de vous.
Pratiquez vos tirs sur des cibles qui viennent vers vous
jusqu’à ce que vous vous réussissiez à casser des
pigeons d’argile régulièrement. Toutefois, ne tentez
pas de tout apprendre en une seule séance
d’entraînement. La première fois, une ou deux
Vous éviterez d’avoir mal à l’épaule
boîtes de munitions tout au plus vous suffiront.
après une journée d’exercice si vous
utilisez des cartouches de chasse
légères ou des cartouches à pigeon
d’argile plutôt que des cartouches
de chasse lourdes, car elles sont
plus faciles à tirer.
41
L’ A B C d e l a c h a s s e à l a s a u v a g i n e
Voici comment vous préparer :
• Regardez vers le ciel à l’endroit où la cible est censée apparaître et attendez
qu’elle entre dans votre champ de vision.
• Lorsque vous la voyez, entreprenez votre mouvement de balancement en
pointant le canon de votre fusil vers la trajectoire de vol de la cible, puis suivez
la trajectoire avec le canon jusqu’à ce qu’il couvre la cible.
• Soulevez doucement le fusil vers votre épaule, comme vous l’avez pratiqué.
Tout en appuyant le fusil contre votre épaule et la crosse contre votre joue,
continuez de balancer le canon en tournant votre corps et en pivotant sur la
plante des pieds.
• Appuyez sur la détente au moment où le canon couvre la cible, et continuez le
mouvement de balancement après le tir.
N’oubliez pas de poursuivre le balancement du fusil après avoir appuyé sur la détente et
que la cartouche a été tirée. L’immobilisation trop hâtive du canon est l’une des principales
causes des tirs ratés. La meilleure façon d’éliminer le problème est de poursuivre son
mouvement de balancement après avoir appuyé sur la détente (c’est ce qu’on appelle
« poursuite du balancement »).
Sous tous les angles
Lorsque vous serez capable de casser régulièrement les cibles qui avancent, essayez
d’autres champs de tir aux pigeons d’argile et exercez-vous sur des cibles qui s’éloignent
de vous et d’autres qui traversent le champ de tir. Comme l’angle de vol de ces cibles
sera plus grand par rapport à votre position, vous devrez devancer les cibles davantage
afin de les toucher.
Ne paniquez pas, c’est beaucoup plus facile qu’il ne le semble.
Vous souvenez-vous du truc qui consiste à entreprendre votre mouvement de
balancement en visant derrière la cible, puis à la rattraper et à appuyer sur la détente
lorsque le canon couvre la cible? Ce truc vaut toujours. Vous n’avez qu’à pointer le
canon de votre fusil vers la trajectoire de vol de l’oiseau, à continuer de suivre la cible
avec le canon et à appuyer sur la détente lorsque la cible disparaît derrière le canon du
fusil. Grâce à cette méthode, vous saurez automatiquement à quelle distance vous
devrez corriger votre tir pour atteindre des cibles mobiles sous tous les angles.
42
Lorsque vous pourrez facilement atteindre des cibles sous un nouvel angle, demandez
à votre aide de s’éloigner encore plus de vous et d’avancer quelques pas de plus en avant
(dans une position sécuritaire). L’angle de ce tir sera encore plus grand, ainsi que la
distance à laquelle vous devrez devancer la cible.
La chasse à la sauvagine est aussi simple que cela. Bien entendu, plus vous vous
exercerez, meilleur vous serez ; mais tous ceux et celles qui désirent réussir et qui ont
une certaine coordination oculo-manuelle peuvent apprendre à toucher des cibles
volantes. Concentrez-vous seulement sur les principes de base.
• Placez le canon en position en garde.
• Gardez les deux yeux ouverts.
• Écartez vos pieds et laissez tomber votre poids légèrement vers l’avant.
• Suivez la cible avec le canon.
• Élevez la monture sur votre épaule et contre votre joue en un seul mouvement agile.
• Appuyez sur la détente lorsque la cible disparaît derrière le canon.
• N’immobilisez pas le canon après le tir.
43
CHAPITRE
8
B
Tactiques de chasse
on nombre de méthodes s’offrent à vous pour que votre partie de chasse au
canard et à l’oie soit fructueuse. Les meilleures tactiques dépendent habituellement des
espèces que vous chassez et du territoire où elles se trouvent.
Certains canards comme la sarcelle, le canard d’Amérique et le canard chipeau
habitent les marais herbeux peu profonds et les champs inondés. Les canards branchus
peuplent les étangs et les cours d’eau des régions boisées, ainsi que les forêts inondées.
Le canard pilet préfère les grands marais ouverts et les champs de céréales. Le fuligule
milouinan, le fuligule à collier, le fuligule à tête rouge, le fuligule à dos blanc et les
autres canards passent la majeure partie de leur temps dans les eaux libres des lacs et
des rivières. Les oies et certains canards barboteurs passent beaucoup de temps à se
nourrir dans des champs agricoles. Le canard colvert ne semble pas avoir de préférence
quant à l’habitat, donc vous pouvez le trouver dans n’importe lequel de ces endroits.
Vous devez simplement vous rappeler qu’il est important de tenir compte du moment
de la journée lorsque vous chassez la sauvagine. Comme les canards et les oies se
déplacent le matin et le soir afin de trouver de la nourriture et un abri, ce sont les
44
meilleurs moments de la journée pour chasser ces oiseaux. Ainsi, la plupart des types
de chasse ne sont habituellement pas fructueux à l’heure du midi.
Voici quelques suggestions sur la façon de chasser le canard et l’oie aux endroits où
on les trouve souvent. Chasse dans les marais et les champs inondés
La chasse dans les grands marais et les champs inondés sera fructueuse à la condition
que le chasseur reste hors de vue.
Dans les grands marais, il est souvent possible de se cacher à travers les quenouilles
ou contre la hutte d’un rat musqué.
Choisissez un endroit à l’abri du vent
et des vagues, car les canards et les
oies aiment se poser dans des endroits
calmes. Vous pouvez également vous
installer sur des pointes de terre
attenantes aux marais ou sur des îlots
herbacés. Vous pouvez ainsi intercepter les oiseaux en plein vol. Les
appelants, les appeaux, les bottes
pantalon, les bateaux et les chiens
rapporteurs sont également d’importants outils de chasse dans les grands
marais.
Les champs inondés ne comportent habituellement pas beaucoup de hautes herbes
derrière lesquelles se cacher. Vous aurez donc besoin d’un affût pour vous cacher des
canards qui vous entourent. Dans les eaux peu profondes, vous pouvez aménager un
affût simple et efficace en plantant deux rangées de roseaux ou de branches feuillues
dans la boue à environ un demi-mètre l’une de l’autre et vous assoir sur un seau de 20
litres. Vous devrez demeurer immobile lorsque les canards bougeront, car ils détecteront
tout mouvement à travers la mince couverture de votre affût. Toutefois, un affût
élémentaire comme celui-ci devrait suffire si vous ne bougez pas.
Vous pouvez également fabriquer un affût avec une toile de camouflage ou d’autres
tissus que vous attachez à de simples perches de bois.
45
Ta c t i q u e s d e c h a s s e
Chasse dans les boisés marécageux
Bon nombre de chasseurs préfèrent chasser le canard colvert et le canard
branchu dans les boisés marécageux. Cette méthode est surtout employée dans le
sud des États-Unis, mais elle fonctionne
partout où des boisés marécageux bordent
un lac ou un cours d’eau.
Cette méthode de chasse est simple.
Dans la plupart des cas, vous n’avez pas
besoin d’appelants ou d’un affût dans les
bois inondés. Vous devez seulement
apporter des bottes-pantalon, un fusil de
chasse et des vêtements chauds, et être
capable de vous servir d’un appeau à
canard. Vous n’avez qu’à vous asseoir sur
une souche ou vous appuyer contre un
arbre, et à imiter le cri des canards qui
passent.
Chasse dans les marécages de bois mort
Dans les boisés inondés depuis un certain temps, les arbres finissent par mourir. Vous
pouvez parfois simplement vous appuyer contre un chicot ou une souche et vous cacher
des canards. De plus, ces endroits sont souvent bordés de broussailles qui peuvent vous
servir de cachette.
Cependant, les eaux de ces zones inondées sont parfois trop profondes pour traverser
à gué, ou le fond est trop mou. Un petit bateau aux couleurs sombres règlera le problème.
Si un affût est joint au bateau, vous pouvez vous installer à peu près n’importe où,
pourvu que vous restiez immobile lorsque des canards sont près de vous. Si votre bateau
n’est pas muni d’un affût, il est préférable de vous installer le long des broussailles aux
abords de la zone de chasse.
Assurez-vous qu’aucun objet brillant ou de couleur vive n’est visible dans votre
bateau. Couvrez le réservoir d’essence et le moteur hors-bord à l’aide d’un vêtement de
camouflage ou d’un linge brun.
Les canards utilisent ces marécages d’arbres morts comme aires de repos. Lorsqu’il
vente, le meilleur endroit pour s’installer est habituellement du côté exposé au vent de
l’ouverture dans la terre boisée. Les broussailles et les plantes marécageuses aident à
bloquer le vent à cet endroit, ce qui crée un endroit paisible où les canards se
poseront.
46
Chasse dans les champs secs
Les champs de céréales secs peuvent également être de très bons terrains de chasse.
En début de matinée et en fin d’après-midi, les canards et les oies quitteront leur aire de
repos pour se nourrir des grains restants dans les champs moissonnés. La chasse sera
fructueuse à condition de trouver l’endroit où seront les oiseaux.
Pour ce faire, vous pouvez explorer le terrain. L’après-midi précédant votre sortie de
chasse matinale (ou vice-versa), promenez-vous en véhicule sur les routes de campagne
et partez à la recherche de canards et d’oies qui se nourrissent dans les champs de
céréales. Lorsque vous aurez trouvé les oiseaux, demandez l’autorisation de chasser au
propriétaire de la terre.
Le matin suivant, arrivez bien avant l’aube et installez vos appelants en les dispersant.
Les chasseurs dispersent souvent les appelants pour attirer les oiseaux et afin de mieux
pouvoir se cacher. Vous pouvez également utiliser une multitude d’appelants d’oies,
même si vous ciblez principalement des canards. Ces appelants de plus grande taille
seront très attrayants tant pour les canards que les oies et, grâce à eux, les cibles
remarqueront plus facilement les appelants que vous avez dispersés.
Vous pouvez vous cacher parmi les appelants en vous couchant par terre ou à l’aide
d’un affût mobile. Si vous prévoyez vous étendre sur le sol, c’est une bonne idée
d’apporter trois objets : un coussin imperméable au cas où le sol serait humide, une
toile ou un vêtement de camouflage pour vous couvrir, ainsi qu’un masque de camouflage
pour vous rendre encore plus invisible face aux oiseaux.
Chasse dans les étangs
Il est efficace de se faufiler dans des étangs de ferme ou des eaux peu profondes et de
chasser les canards à la volée lorsqu’ils prennent subitement leur envol. Le truc consiste
à vous trouver dans la portée de tir avant que les canards vous voient ou vous entendent.
L’important est de rester silencieux et hors de vue jusqu’à ce vous vous trouviez vraiment
dans la portée.
Vous n’aurez souvent pas de difficulté à le faire, car beaucoup d’étangs sont petits et
entourés de broussailles où vous pourrez vous cacher. Vous n’avez qu’à vous faufiler
silencieusement derrière les broussailles, à vous tenir prêt et à faire lever les oiseaux.
Dans d’autres étangs, il se peut que vous deviez passer furtivement d’une cachette à
une autre, parfois à quatre pattes. Si l’étang a été formé par un petit barrage, vous
pouvez vous servir du bas du barrage comme cachette, grimper sur le dessus, puis
surprendre les canards.
47
Ta c t i q u e s d e c h a s s e
Peu importe la méthode utilisée, votre fusil doit demeurer déchargé jusqu’à ce que
vous soyez prêt à faire lever les canards. Assurez-vous que le canon de votre fusil n’est
pas obstrué avant de le charger, particulièrement si vous avez dû ramper.
Chasse en bateau sur de petits cours d’eau
L’usage d’un canot ou d’une petite barque à fond plat est une bonne méthode pour
chasser en tandem sur de petits cours d’eau. Une personne s’assoit à l’arrière et utilise
une pagaie pour garder le bateau en place, et l’autre s’assoit en avant, fusil en main. Les
chasseurs changent de place à l’occasion afin de tirer à tour de rôle.
Il est préférable d’utiliser une embarcation de couleur sombre pour ce type de chasse.
Il peut parfois être utile d’installer un petit affût ou d’empiler des broussailles à l’avant
du bateau pour vous cacher derrière lorsque vous approcherez des canards sur l’eau.
Soyez particulièrement vigilant dans les méandres prononcés ou dans les endroits où
des broussailles ou des plantes marécageuses s’étendent jusque dans l’eau.
Chuchotez et ne faites pas de bruit avec le
bateau. Portez un vêtement de flottaison
individuel (VFI) à tout moment et faites
attention aux personnes et aux propriétés quand vous longez le cours d’eau.
Chasse à la volée dans
les petits cours d’eau
Une autre bonne façon de chasser
dans des ruisseaux et d’autres petits
cours d’eau consiste à marcher le long
de la rive. Servez-vous des plantes et
de la rive des cours d’eau pour
dissimuler votre venue et entrer
discrètement dans la portée de tir de tous les méandres prononcés et des zones
broussailleuses. C’est habituellement plus efficace si vous avancez face au vent, car les
canards devront s’envoler dans votre direction.
Parfois, deux chasseurs valent mieux qu’un. Il devrait y en avoir un de chaque
côté du cours d’eau. À mesure que vous longez la rive, approchez-vous tous deux du
méandre et de la zone broussailleuse en même temps. Souvent, l’un des deux chasseurs
fera lever les canards au-dessus de son partenaire. Faites attention à l’endroit où vous
tirez, et ne tirez jamais sur les canards qui volent à basse altitude lorsque vous ne
48
chassez pas seul. Informez-vous des restrictions posées par le propriétaire de la terre
avant de commencer.
Chasse à l’affût dans les petits cours d’eau
Un terrain vaste sur le bord d’un cours d’eau ou le bras mort d’un petit cours d’eau
abrité constituent parfois de bonnes zones de chasse. Le meilleur endroit pour s’installer
est contre les broussailles ou sur la rive du côté exposé au vent de l’embouchure ou du
terrain vaste. Placez les appelants dans les eaux libres en face de vous. Vous pouvez
aménager un affût, chasser dans un bateau camouflé ou vous poster au bord de l’eau
dans les broussailles des berges.
Les petits cours d’eau peuvent être particulièrement de bonnes zones de chasse
lorsque le temps devient mauvais. Les canards recherchent ces petits cours d’eau pour
s’abriter et parce que l’eau en mouvement demeure libre plus longtemps dans la saison
lors de la gelée des eaux.
Chasse sur de plus grands cours d’eau
Si le rivage est assez broussailleux, il est parfois possible de chasser en bateau sur de
plus grands cours d’eau ou des rivières. Il peut également être efficace de chasser le
canard à la volée, d’aménager un affût ou de chasser dans votre bateau bien dissimulé,
ancré dans des eaux calmes abritées.
Chasse à la passée
La chasse à la passée est l’une des méthodes les plus simples pour chasser le canard et
l’oie. Il n’est pas nécessaire d’avoir beaucoup d’équipement non plus, mais vous devez
trouver une zone que vous savez que les oiseaux survoleront. L’observation et l’exploration
du terrain vous aideront à déterminer les trajectoires de vol habituelles. Ensuite, vous
vous cachez et vous attendez que les oiseaux volent dans votre portée de tir.
Autres méthodes
Il existe beaucoup d’autres endroits et méthodes pour chasser la sauvagine, par
exemple, sur de grands cours d’eau libre, où se trouvent les canards plongeurs et les
canards de mer. Vous pouvez trouver de plus amples renseignements sur ces endroits
et les autres techniques de chasse dans deux excellents ouvrages publiés par Ducks
Unlimited, soit A Ducks Unlimited Guide to Hunting Dabblers et A Ducks Unlimited
Guide to Hunting Diving & Sea Ducks (en anglais seulement), ainsi que dans certains
autres ouvrages énumérés à la fin du présent guide.
49
CHAPITRE
9
P
Appeaux et imitation
du cri des oiseaux
our la plupart des types de chasse à la sauvagine, il est important de savoir imiter
le cri des oiseaux. Plus votre imitation sera fidèle, plus votre chasse sera fructueuse.
Les seuls moments où vous n’avez pas besoin d’imiter le cri de la sauvagine sont
lorsque vous êtes en bateau sur un cours d’eau et lorsque vous pratiquez la chasse à la
volée dans un étang de ferme ou un champ où les canards et les oies se reposent ou se
nourrissent.
L’imitation des cris fonctionne parce que les oiseaux de l’espèce sauvagine « parlent »
ou communiquent entre eux pour attirer les mâles ou les femelles, ou aider la bande à
trouver de la nourriture ou à éviter les prédateurs.
Il n’est pas difficile d’apprendre comment souffler dans un appeau de canard ou d’oie,
mais il faut s’exercer, comme pour toute autre activité.
50
Il existe plusieurs moyens d’apprendre à se servir d’un appeau. Dans plusieurs régions
des États-Unis et du Canada, il est possible de trouver des cours dans le cadre desquels
on apprend aux chasseurs débutants comment souffler dans un appeau. Vous pouvez
également acheter des vidéos, des CD ou des bandes cassettes qui présentent des
instructions sur l’imitation du cri des canards et des oies. L’une des meilleures façons
d’apprendre est de demander à un chasseur plus expérimenté que vous et qui sait bien
se servir d’un appeau de vous aider à faire vos premiers pas.
La technique la plus importante pour bien imiter le cri des oiseaux est d’expulser de
l’air dans l’appeau à l’aide de votre ventre et de votre diaphragme au lieu de souffler
dans l’appeau comme si vous vouliez gonfler un ballon.
Cette technique est difficile à expliquer, mais elle ressemble à la toux. Une fois que
vous aurez appris à expulser l’air dans l’appeau de cette façon, vous commencerez à
produire les sons râpeux et plus graves qui ressemblent au cri réel du canard.
Quand vous aurez appris ce truc, vous aurez simplement à vous exercer et à écouter
vos propres sons pour devenir un bon imitateur de cris d’oiseaux. La meilleure façon
d’entendre votre propre cri est de l’enregistrer à l’aide d’un magnétophone et de le faire
rejouer.
Exercez-vous le plus souvent possible, même si c’est seulement quelques minutes
chaque fois. Traînez votre appeau préféré et exercez-vous tout au long de l’année et non
seulement la veille de l’ouverture de la saison. Écoutez le cri de la sauvagine dans un
parc, un zoo ou une ferme à gibier pour en connaître le son et observer leur comportement.
Il ne vous faudra pas beaucoup de temps avant que votre cri ressemble à celui d’un
canard ou d’une oie.
Leurs sons
La plupart des types de canards de surface se joindront à des bandes de canards
colverts. Comme le cri du canard colvert est puissant et se transporte sur de longues
distances, la plupart des chasseurs de canard imitent les sons émis par le canard colvert
femelle.
Le canard colvert femelle émet deux types de son : le « couac » et le caquètement,
également appelé « appel à l’alimentation ».
Afin de parvenir à émettre le « couac » de base, dites le mot couic dans l’appeau de
canard avec votre voix la plus grave. Cela vous aidera à faire monter l’air à partir de
votre diaphragme.
En émettant plusieurs « couac » un à la suite de l’autre et en variant le volume et le
ton, vous pouvez « dire » différentes choses aux canards qui passent. Chaque combinaison de « couac » envoie un message différent.
51
Appeaux et imitation du cri des oiseaux
L’appel de longue distance, souvent appelé le « highball », qui consiste en une série de
six à sept « couac » puissants émis par la femelle. En général, les « couac » deviennent
de moins en moins forts et de plus en plus doux.
Le cri isolé de la femelle, qu’elle utilise également comme appel de pause ou de
rassemblement, est un « couac » bas et monotone. Il est moins fort et moins enthousiaste
que le « highball » et ne peut être entendu de loin. La femelle répète son cri isolé deux
ou trois fois en l’espace de cinq à six secondes. Ne rapprochez pas trop les « couac »,
car vous imiterez le signal d’alarme. Les canards émettent un signal d’alarme lorsqu’ils
sont poussés à s’envoler et qu’ils partent le plus rapidement possible. Vous ne voulez
certainement pas envoyer ce message aux canards que vous tentez d’attirer.
Le caquètement est un son beaucoup plus faible que le « couac ». Il s’agit d’une série
de monosyllabes marmonnées et caquetées rapidement qui sonnent comme tic, tic, tic,
tic, tic, ou d’une série de sons de deux syllabes ressemblant à tica, tica, tica, tica.
Comme les femelles lancent cet appel en bande ou pendant la pariade, il est
particulièrement attrayant pour les mâles à la recherche de femelles.
Les chasseurs expérimentés utilisent également d’autres types d’appel, et les cris du
canard sont parfois nommés différemment. Vous pouvez toutefois commencer par
ceux-là et vous procurer un bon enregistrement ou une bonne vidéo qui vous indiquera
quand vous en servir.
Mettez votre appel à l’essai en compagnie d’un ou deux partenaires de chasse et, tous
ensemble, vous pourrez imiter les sons émis par une bande d’oiseaux entière. Exercezvous à utiliser vos mains pour changer la direction et le ton de vos appels, et observez
comment les oiseaux réagissent à vos effets spéciaux.
52
Autres espèces de sauvagine
Voici d’autres espèces de sauvagine importantes en Amérique du Nord,
ainsi que le son du cri à utiliser pour les attirer.
• Canard d’Amérique : sifflement du mâle en trois tons : wi-wi-wou
• Canard branchu : wou-ik, wou-ik, wou-ik
• Canard pilet : sifflement poussif en deux tons : prrip, prrip
• Fuligule milouinan, fuligule à tête rouge et fuligule à dos blanc : cris et
grognements gutturaux, variations de brrr, brrr, brrr
• Bernache du Canada : onk ka-ronk
• Oie des neiges : son nasal puissant : ouk, ouk
• Bernache cravant : son rauque : krr-onk, krr-onk
• Oie rieuse : petit cri aigu : ka-la-a-louk 53
Appeaux et imitation du cri des oiseaux
Quel cri émettre et quand l’émettre
Il ne suffit pas d’apprendre à imiter le cri du canard ou de l’oie pour appeler les
oiseaux. Même si vos appels attirent l’attention des oiseaux passants, votre but consiste
à les faire approcher afin de les chasser dans les règles sans les mutiler. Vous devez
donc apprendre lesquels des différents cris émettre et quand les émettre. Pour ce faire,
les meilleurs professeurs sont les oiseaux eux-mêmes.
Dans la plupart des cas, la meilleure option est de lancer un cri puissant lorsque vous
apercevez une bande de canards ou d’oies pour la première fois et qu’il s’agit du premier
appel. C’est la raison pour laquelle le « highball » est habituellement le premier appel
que les chasseurs utilisent lorsqu’ils commencent à appeler une bande d’oiseaux.
Lorsque les oiseaux se tournent dans leur direction, les chasseurs les plus expérimentés
baissent le ton de leur cri. Ils commencent par un cri fort avec de longues séries de
« couac », puis ils raccourcissent leurs séries en des cris plus doux. Lorsque les oiseaux
se trouvent encore à environ 100 à 150 mètres de vous, il est habituellement préférable
de cesser complètement d’émettre des cris et de rester immobile, ou encore d’émettre
quelques légers caquètements au moment où les canards passent au-dessus de vous.
Lorsque les oiseaux ont dépassé votre emplacement, recommencez à les appeler au
moyen d’un « highball » puissant, mais bref. Si les oiseaux reviennent dans votre
direction, recommencez les légers caquètements ou cessez complètement d’émettre
des cris. S’ils passent au-dessus de vous ou s’éloignent et qu’ils sont toujours hors de
portée, répétez le processus.
Toutefois, cette technique d’appel ne fonctionne pas toujours. Il faut parfois lancer de
nombreux appels puissants pour attirer les oiseaux, et quelquefois, la meilleure façon
de les attirer est de ne pas les appeler du tout. Si ce que vous faites n’attire pas les
oiseaux, essayez une autre technique jusqu’à ce que vous trouviez ce qu’ils aiment.
Souvenez-vous, les meilleurs professeurs sont les canards et les oies eux-mêmes.
54
CHAPITRE
10
Appelants et disposition des appelants
L
es canards et les oies ont une bonne vue, et durant la plupart des périodes de
l’année, ils se sentent plus en sécurité lorsqu’ils sont avec d’autres oiseaux de leur
espèce. C’est la raison pour laquelle on les aperçoit habituellement en petites ou en
grandes bandes l’été, l’automne et l’hiver. C’est également pourquoi les appelants sont
importants pour la plupart des types de chasse à la sauvagine.
Certains guides de chasse sur les grands lacs ou dans les marais ouverts et certains
chasseurs à l’oie du Sud des États-Unis utilisent plus de mille appelants à la fois.
Toutefois, si vous chassez sur de petits cours d’eau comme un bras mort de rivière
calme, une cuvette, un petit étang ou un bassin situé dans un champ ou un marais, il
peut être suffisant d’utiliser de six à huit appelants seulement.
Il est par-dessus tout important de retenir qu’il faut placer les appelants aux endroits
où ils ont l’air naturels et où les canards ou les oies se sentiront à l’aise. S’il vente,
essayez de placer vos appelants à l’abri du vent, puisque les canards recherchent
55
Appelants et disposition des appelants
habituellement des endroits calmes lorsque le temps est venteux. S’il y a une couche de
glace, essayez de trouver un endroit où l’eau n’a pas gelé en raison d’un courant, d’une
source ou des rayons directs du soleil. Dans certains cas, il se peut que vous deviez
casser une partie de la glace pour faire une ouverture. Les canards recherchent
également ces endroits et vos appelants y ont l’air naturels.
Certains chasseurs ont de la chance même lorsqu’ils utilisent de vieux appelants en
mauvais état. D’autres chasseurs de canards se servent même de vieux bidons en
plastique peinturés aux couleurs des canards. À la limite, vous pouvez fabriquer un
ensemble d’appelants rudimentaires en étalant des chiffons blancs, des journaux et
même des couches dans un champ sec afin d’y attirer des oies des neiges, et du tissu
noir ou une bâche goudronnée pour attirer les bernaches du Canada et les canards.
Ajoutez une touche de réalisme en disposant vos appelants le long des andains dans le
champ et en les plaçant de façon à ce qu’ils aient l’air de se nourrir.
Tous ces trucs fonctionneront à l’occasion, mais vous aurez probablement plus de
chance si vos appelants ressemblent réellement à des canards et à des oies.
Types d’appelants
Il existe une multitude de tailles et de types d’appelants. Vous pouvez vous procurer
des appelants faits de mousse solide qui ont l’air très authentiques et qui sont durables,
mais ils sont également coûteux et il est difficile d’en transporter beaucoup, car ils sont
encombrants. Si vous avez une longue marche à faire pour vous rendre à votre site de
chasse, il peut être préférable d’utiliser d’autres types d’appelants.
L’un des types d’appelants les plus courants est fait de plastique creux. Il est léger et
peut paraître très réel. Les appelants flottants gonflables ou autogonflants sont utiles
dans les endroits éloignés. On recommande également les appelants faits de mousse
tendre en forme de « demi-coquille », dont la tête est amovible et qui s’empilent comme
des bols de céréales. Ils sont légers, compacts et très efficaces pour la chasse dans de
56
petits bassins, des étangs de castors et d’autres petits cours d’eau que vous pouvez
seulement atteindre en marchant.
Pour la chasse dans des champs secs ou le long du littoral, certains chasseurs utilisent
des silhouettes en guise d’appelants. Ces appelants sont des formes découpées et plates
fabriquées de carton épais, d’un mince panneau contreplaqué ou de feuilles de plastique
qui représentent le profil d’un canard ou d’une oie. Ils sont légers et il est possible d’en
transporter beaucoup avec soi. Disposez-les à divers angles afin que les oiseaux que
vous souhaitez attirer puissent voir l’ensemble des appelants dans toutes les directions.
Des appelants sont également fabriqués avec d’autres matériaux tels que le liège et le
bois, mais ceux-là sont habituellement plus coûteux. La fabrication de vos propres
appelants avec des matériaux simples peut être un passe-temps très agréable et ils vous
coûteront moins cher. Cherchez des endroits où vos amis et vous pourrez vous inscrire
à un cours pendant l’hiver, et à l’automne, vous aurez votre propre ensemble d’appelants
que vous aurez fabriqué vous même.
Fixation de vos appelants
Lorsque vous chassez sur l’eau, vous devez utiliser des cordes et des poids d’ancrage
pour empêcher vos appelants de partir à la dérive. En guise de cordes pour appelants,
les cordelettes de nylon de couleur sombre sont les plus efficaces, car les canards ne
peuvent les voir, elles ne se détériorent pas et sont peu dispendieuses. Un fil de lampe
recouvert de couleur brune est une autre excellente solution. En guise de poids, vous
pouvez utiliser presque tout objet qui coule et qui est assez lourd pour maintenir un
appelant en place. Bon nombre de chasseurs utilisent de gros boulons, des clous de
chemin de fer ou de vieilles bougies d’allumage. Certains se servent de pesées en
forme de barre moulés en une mince barre d’environ 15 centimètres de
long et trouée à l’une des deux extrémités. Les barres de plomb
peuvent être courbées et enroulées autour du cou de l’appelant
lorsqu’il ne sert pas afin d’empêcher les cordes de s’emmêler.
Les ancres à champignon et les pesées à cône échancré sont
d’autres modèles offerts dans la plupart des magasins de
chasse. Si vous utilisez le matériel approprié pour
maintenir vos appelants en place, vous pourrez
les installer et les reprendre rapidement,
ce que vous apprécierez par une journée
froide et venteuse lorsque les oiseaux volent
« réellement ».
57
Appelants et disposition des appelants
De quelle longueur les cordes pour appelants devraient-elles être? Cela dépend de la
profondeur du cours d’eau sur lequel vous chassez. Dans la plupart des cas, environ un
mètre de corde par appelant sera amplement suffisant si vous chassez sur de petits
cours d’eau. Bien entendu, les cordes doivent être plus longues si l’eau est plus profonde.
Il est sensé de prévoir une corde équivalant à deux fois la profondeur de l’eau.
Disposition des appelants
Il est important que vous dispersiez les appelants de façon réaliste. Ils devraient être
disposés comme une vraie bande de canards ou d’oies le serait et être placés à des
endroits où les canards et les oies seraient à l’aise. Les chasseurs expérimentés se
donnent souvent beaucoup de mal à disperser leurs appelants d’une façon précise,
particulièrement lorsqu’ils chassent sur de grands plans d’eau. D’autres ne sont toutefois
pas aussi pointilleux.
L’important est de s’assurer que les appelants les plus éloignés se trouvent encore
dans la portée de tir (moins de 35 mètres) de votre affût ou de votre cachette afin de
pouvoir atteindre les oiseaux de près, de les tuer dans les règles et d’éviter des pertes
navrantes. La sauvagine, comme les avions, aime prendre son envol et se poser face au
VENT
AFFÛT
58
vent, alors tenez-en compte lorsque vous disposez vos appelants. Placez-vous de façon
à avoir le vent dans le dos ou de côté, installez vos appelants face au vent et laissez un
espace pour que les oiseaux puissent se poser dans la portée de tir. Ne laissez pas vos
appelants être poussés les uns contre les autres et se toucher. Les canards barboteurs
se poseront généralement derrière les appelants, alors que les canards plongeurs
survoleront ou contourneront les appelants et se poseront dans un espace ouvert devant
l’ensemble d’appelants.
Faites bouger vos appelants
Comme les vrais canards se déplacent lorsqu’ils sont sur l’eau, quelques-uns de vos
appelants au moins devraient aussi bouger.
Lorsqu’il vente, les vagues font balloter les appelants d’un bout à l’autre de leur corde,
alors ils bougent suffisamment. Vous devrez toutefois trouver un autre moyen lorsque
le temps sera calme, car l’eau le sera également.
Ces dernières années, bon nombre de fabricants ont créé des canards mécaniques de
toutes sortes afin d’ajouter du mouvement aux appelants. On trouve, entre autres, les
appelants à ailes battantes ou tournoyantes, les appelants avec aimant baladeur et les
appelants nageurs. Ces appelants mécaniques fonctionnent bien, mais la loi les interdit
dans certaines régions.
Dans certains cas, vous pouvez ajouter du mouvement à vos appelants en faisant
bouger l’eau avec vos pieds. Parfois, vous pouvez également attacher une ficelle à un ou
deux appelants, la tirer jusqu’à votre affût et la secouer pour faire bouger les appelants.
Il est assez logique de nommer cette corde « ficelle d’actionnement de l’appelant ». Il
s’agit probablement de la méthode la plus ancienne que l’on emploie pour faire bouger
les appelants et elle fonctionne toujours bien.
Certains chasseurs utilisent des méthodes complexes pour installer la ficelle d’actionnement de l’appelant. Plusieurs appelants sont attachés le long de la ficelle, qui est
attachée à un arbre ou à un poids lourd de l’autre côté des appelants et fixée à l’aide
d’un tendeur élastique au milieu. Lorsque la ficelle principale est tirée, les appelants
bougent dans une direction. Lorsqu’elle est relâchée, les appelants reviennent dans
l’autre direction.
La façon de faire n’est pas importante. L’essentiel est de faire bouger les appelants
lorsque le temps est calme.
59
CHAPITRE
11
Après la chasse
V
ous avez préparé votre fusil de chasse et vous êtes exercé jusqu’à ce vous
puissiez toucher des cibles volantes. Vous avez appris à souffler dans un appeau et la
façon d’identifier les oiseaux. Vous avez exploré les zones de chasse avant la saison et
avez trouvé un bon terrain de chasse. Vous avez aménagé un bon affût et disposé vos
appelants de façon réaliste, et tout s’est déroulé comme vous l’aviez prévu. À présent
que vous tenez deux canards colverts mâles bien gras dans vos mains, que faites-vous?
Comme vous prévoyez faire de ces oiseaux votre repas, il est important d’en prendre
bien soin. Les canards et les oies sont délicieux lorsqu’ils sont manipulés et cuisinés de
façon appropriée.
Étant donné que le plumage de la sauvagine est dense, les plumes de l’oiseau retiennent
la chaleur de son corps longtemps après sa mort. Dispersez vos oiseaux le plus possible
afin que leur chaleur corporelle puisse s’échapper. Ils refroidiront peut-être plus
rapidement si vous arrachez quelques plumes de leur poitrine. Suspendez vos oiseaux
à l’ombre par le cou ou les pattes et empêchez les moustiques de s’en approcher.
60
Avant de commencer à les nettoyer, vérifiez si les oiseaux portent une bague et, le cas
échéant, signalez-le plus tard au bureau de baguage des oiseaux. Essayez d’identifier
l’espèce de vos oiseaux et de déterminer le sexe et l’âge à l’aide de leur plumage et de
leurs caractéristiques corporelles, puis inscrivez ces renseignements dans un journal
de chasse. Notez également la température, la zone de chasse, le nom de vos partenaires
de chasse et tout autre renseignement à retenir, et faites des croquis qui vous permettront
d’apprendre et de vous souvenir de certains renseignements. De retour à la maison,
vérifiez ce que contiennent leur estomac et leur gésier; vous pourrez ainsi apprendre
beaucoup de choses intéressantes grâce auxquelles vous deviendrez un meilleur
chasseur et protecteur de la nature au fil du temps.
Certains chasseurs aiment conserver les plumes colorées en vue de les utiliser dans
leurs passe-temps comme le montage de mouches. Vous souhaiterez peut-être même
commencer une collection de plumes afin de développer vos aptitudes à identifier les
espèces.
Si vous prévoyez faire empailler un oiseau, il est important de faire attention de ne
pas l’abîmer jusqu’à ce que vous l’apportiez chez un taxidermiste. Mettez l’oiseau à
l’écart et ne l’entassez pas avec d’autres canards dans le fond de votre bateau ou dans
votre affût. Lissez les plumes déplacées si vous le pouvez. Une bonne façon de protéger
un oiseau que vous voulez faire empailler consiste à le laisser refroidir, puis à le mettre
dans un sac à pain ou l’envelopper dans un sac-filet (un sac d’oignons ou la jambe d’une
vieille paire de collants convient). Faites congeler l’oiseau le plus tôt possible et
apportez-le chez un taxidermiste avant qu’il ait des brûlures causées par le froid.
Préparation de la sauvagine pour le repas
Les canards et les oies peuvent être plumés ou dépouillés, selon la façon dont on les
fera cuire. Certains oiseaux avariés ou ceux qui ont trop de sicots peuvent être éventrés,
ce qui signifie que la poitrine est coupée puis séparée de la peau et des os. Si vous
souhaitez faire rôtir un oiseau ou le cuire au four, il est habituellement préférable de le
plumer, car la peau et la couche de graisse permettent d’empêcher la viande brune de
sécher pendant la cuisson. Il est préférable d’effectuer cette corvée à l’extérieur, car il y
aura des plumes partout lorsque vous aurez terminé. Afin de vous protéger des infections,
portez toujours des gants en caoutchouc pendant le processus de nettoyage.
Les oiseaux peuvent être plumés à la main ou au moyen d’une plumeuse. D’une façon
ou d’une autre, les oiseaux secs sont plus faciles à plumer. Si vous plumez les oiseaux
à la main, ne tentez pas d’arracher trop de plumes à la fois. Pincez quelques plumes
entre votre pouce et votre index et arrachez-les. Certaines personnes préfèrent arracher
les plumes dans la direction qu’elles poussent, alors que d’autres préfèrent les arracher
61
Après la chasse
« à rebrousse-poil ». Les deux méthodes fonctionnent, alors essayez-les toutes les deux
et choisissez votre préférée. Laissez les ailes, les pattes et la tête lorsque vous plumez
l’oiseau, car elles vous serviront de poigne.
Une fois que vous avez arraché les plumes, le corps de l’oiseau sera probablement
encore recouvert d’un léger duvet. Ce duvet peut être flambé à l’aide d’une petite
flamme, comme celle d’un chalumeau à propane ou d’une chandelle, mais soyez très
prudent et employez cette méthode sous la supervision d’un adulte seulement. Faites-le
aussi à l’extérieur, car l’odeur des plumes brûlées est désagréable. Certains chasseurs
chevronnés enlèvent le reste du duvet en trempant les oiseaux dans un pot de cire
chaude et en enlevant la couche une fois durcie (une technique que vous pourriez voir
dans un chic salon de beauté). Si vous l’essayez, vous aurez encore besoin de l’aide d’un
adulte. Après que l’oiseau ait été déplumé, rincez-le à l’eau fraîche puis coupez les ailes,
les pattes et la tête.
Si vous prévoyez faire frire l’oiseau ou l’utiliser pour faire une soupe ou un gombo,
vous pouvez le dépouiller au lieu de le plumer. Pour ce faire, coupez d’abord les ailes,
les pattes et la tête. Arrachez ensuite quelques plumes de la poitrine jusqu’à ce que vous
puissiez voir la peau. Entaillez ensuite la peau de la poitrine sur la longueur à l’aide d’un
mince couteau bien aiguisé. Tirez la peau de la poitrine vers le dos, en la desserrant peu
à peu. Il est salissant de retirer les entrailles et les autres organes des oiseaux plumés ou
dépouillés, mais c’est facile. Faites simplement une fente dans la partie tendre située
sous la poitrine de l’oiseau et retirez les entrailles avec votre main. Rincez l’oiseau
abondamment à l’eau propre afin qu’il n’y ait plus de sang tant à l’intérieur qu’à
l’extérieur.
Vous pouvez ensuite congeler les oiseaux pour plus tard si vous le souhaitez. Afin
d’éviter les brûlures par le froid, enveloppez-les bien dans une pellicule plastique, puis
insérez-les dans un sac en plastique refermable en prenant soin de retirer l’air du sac.
Si vous avez plus de temps et d’espace, vous pouvez plutôt mettre chaque oiseau dans
un carton à lait ou tout autre contenant, ajouter assez d’eau pour couvrir complètement
l’oiseau puis mettre le contenant dans le congélateur. Apposez une étiquette indiquant
l’espèce de l’oiseau et la date afin de pouvoir vous y référer plus tard lorsque vous en
aurez besoin pour cuisiner. Les canards et les oies sont meilleurs s’ils sont mangés
avant quelques mois.
Si vous devez transporter vos oiseaux après les avoir nettoyés, étiquetez-les avec
votre nom et votre numéro de permis de chasse, et laissez-leur une aile emplumée pour
que l’on puisse vérifier la limite de prises et le maximum d’oiseaux à posséder.
62
Cuisson de vos oiseaux
Vous trouverez peut-être très plaisant de cuisiner des plats avec vos oiseaux lorsque
vous y serez habitué. Toutefois, ne tuez que le nombre d’oiseaux que votre famille et
vous pourrez utiliser, selon les limites de prises, et ne gaspillez pas d’oiseaux en les
donnant à une personne qui ne les mangera probablement pas.
Lorsque vous faites cuire des canards ou des oies, vous devez d’abord vous rappeler
que la viande est brune et qu’elle est déjà assez sèche. Il ne faut donc pas trop les faire
cuire. Afin que les oiseaux ne deviennent pas trop secs et qu’ils soient savoureux, vous
pouvez utiliser des assaisonnements simples et les farcir avec du bacon ou des légumes
et des fruits (pommes, champignons, céleri, poires, oignons, etc.). Il est également
recommandé de les couvrir de papier d’aluminium pendant la cuisson.
Les canards et les oies sont délicieux s’ils ont été manipulés avec soin sur le terrain
et s’ils ont été bien cuisinés. Si vous accomplissez bien ces deux tâches après la chasse,
manger vos prises peut devenir une partie agréable et importante du rituel de la chasse.
C’est un sentiment agréable de s’assoir devant un repas savoureux grâce à vos talents
de chasseur.
Pour obtenir de plus amples renseignements sur la manipulation et la cuisson appropriées de la sauvagine, vous pouvez consulter les livres de DU intitulés Duck and Goose
Cookery et Wild Feasts (en anglais seulement).
63
Bien comprendre
la sauvagine
et la conservation
de la faune
64
CHAPITRE
12
L’ABC de la biologie de la sauvagine
I
l est relativement facile de distinguer les différents types de canards, d’oies et de
cygnes. Il existe deux types principaux de canards : les canards barboteurs et les canards
plongeurs. L’érismature rousse ainsi qu’un autre groupe important, les canards de mer,
sont souvent intégrés au groupe des plongeurs, alors que le canard branchu est
habituellement considéré comme un canard barboteur.
Les dendrocygnes, un autre type de canards, ressemblent aux oies et aux cygnes et
leur sont, en réalité, plus apparentés. Deux espèces de dendrocygnes vivent dans le Sud
des États-Unis et au Mexique : le dendrocygne à ventre noir et le dendrocygne fauve.
En Amérique du Nord, il existe deux espèces indigènes de cygnes (le cygne trompette
et le cygne siffleur) et six espèces d’oies (la bernache du Canada, l’oie rieuse, l’oie
empereur, la bernache cravant, l’oie des neiges et l’oie de Ross).
Trouvez-vous un bon guide de poche (voir les « Suggestions de lecture » à la fin de cet
ouvrage) qui vous permettra de distinguer ces oiseaux, lorsqu’ils sont en vol ou que vous
les tenez dans vos mains. Pour reconnaître la plupart des espèces d’oiseaux que vous
65
L’ A B C d e l a b i o l o g i e d e l a s a u v a g i n e
verrez, vous pouvez observer la couleur de leur plumage, leur grosseur, leur forme, leur
battement d’ailes, leur comportement, leurs préférences en matière d’habitat, leur cri,
leurs empreintes et leur répartition géographique.
Les bons chasseurs savent quelle espèce d’oiseau ils chassent avant de tirer. Par
ailleurs, en savoir plus sur les habitats et les préférences alimentaires des oiseaux que
vous identifiez fera de vous un meilleur chasseur et un meilleur protecteur de la nature.
Canards barboteurs
Les colverts sont les plus communs et ceux possédant la plus vaste répartition
géographique parmi les canards barboteurs, et même parmi tous les canards. En plus
du canard colvert et du canard branchu, il existe huit autres espèces communes de
canards barboteurs en Amérique du Nord : le canard d’Amérique, le canard chipeau, la
sarcelle d’hiver, la sarcelle à ailes bleues, la sarcelle cannelle, le canard noir, le canard
pilet et le canard souchet.
Trois autres espèces de canards barboteurs,
surtout sédentaires, vivent dans l’extrême Sud de
l’Amérique du Nord : le canard brun, le canard brun
de Floride et le canard du Mexique. Les canards
mâles et femelles des trois espèces ressemblent à
la cane colvert.
Les canards barboteurs, comme leur nom
l’indique, préfèrent les eaux peu profondes. Ils se
nourrissent habituellement à la surface de l’eau
ou juste sous celle-ci. Dans ce dernier cas, ils atteignent la nourriture immergée en plongeant leur
cou et leur bec dans la boue ou les sédiments, tout
en se maintenant à flot. Cela s’appelle « basculer ».
La majorité des canards barboteurs se nourrissent
de graines et d’autres végétaux pendant une bonne
partie de l’année. Cependant, ils mangent également de petits animaux aquatiques (escargots,
ménés, insectes, écrevisses, etc.), en particulier
pendant la période de ponte, les canes ayant alors
besoin de plus de protéines et de calcium. Les canards barboteurs utilisent leurs
lamelles, de petites protubérances semblables à des dents qui bordent leur bec, pour
filtrer la nourriture, tout comme le font les baleines avec leurs fanons. Le canard
souchet, avec son large bec en forme de spatule, est le filtreur suprême.
66
Les pattes des canards barboteurs sont situées plus vers l’avant que celles des canards
plongeurs. Pour cette raison, les canards barboteurs ne plongent pas aussi bien que les
canards plongeurs. Cependant, ils se déplacent mieux sur la terre ferme et peuvent
bondir dans les airs instantanément (à partir de l’eau ou du sol) en donnant une poussée
avec leurs ailes et leurs pattes. Le canard branchu, qui est en général classé dans le
groupe des canards barboteurs, est en fait un canard percheur. Ses pattes sont situées
encore plus à l’avant de son corps et il possède un doigt postérieur bien développé qui
lui permet de s’agripper aux branches d’arbres et d’y demeurer en équilibre.)
Les canards plongeurs
Les fuligules à dos blanc, à tête rouge, à collier ainsi que les fuligules milouinans et
les petits fuligules forment le groupe des canards plongeurs qui passent la plus grande
partie de leur vie en eau douce ou saumâtre. Les canards de mer vivent aussi parfois en
eau douce, surtout pendant la saison de reproduction et la période de migration, mais
la plupart passent l’hiver dans des étendues d’eau salée. C’est le cas notamment des
macreuses, des eiders, des petits garrots, des hareldes kakawis (aussi appelés « canards
kakawis »), des arlequins plongeurs, des garrots à œil d’or, des garrots d’Islande et des
harles. Les canards de mer ne s’accouplent pas avant leur deuxième ou troisième année.
Les canards plongeurs s’alimentent surtout en allant chercher leurs sources de
nourriture sous l’eau. Ils peuvent donc se nourrir dans des eaux beaucoup plus profondes
que les canards barboteurs. Ils sont aussi beaucoup plus susceptibles de se nourrir
d’animaux aquatiques que ces derniers, bien que, pour certains, les tubercules et les
parties feuillues des potamots et d’autres plantes aquatiques soient des mets très prisés.
La plupart des canards plongeurs se nourrissent dans des étendues d’eau de un à huit
mètres de profondeur, mais certains peuvent plonger plus profondément si nécessaire.
Certains canards de mer, en particulier les hareldes kakawis, sont des spécialistes de la
plongée en eau profonde et descendent jusqu’à 55 mètres et plus de profondeur. En
règle générale, les canards plongeurs et les canards de mer sont maladroits hors de
l’eau et s’aventurent rarement bien loin du rivage, sauf pendant la saison de
nidification.
67
L’ A B C d e l a b i o l o g i e d e l a s a u v a g i n e
Le cycle annuel
Dans la majorité des cas, la sauvagine fait son nid sur le sol, au milieu de feuilles ou
d’arbustes et presque toujours à proximité d’un étang, d’une mare ou d’un lac. Quelques
espèces, dont le fuligule à dos blanc, par exemple, font cependant exception et
construisent leur nid sur l’eau. D’autres encore, comme le canard branchu, le garrot à
œil d’or, le petit garrot et le harle couronné font leur nid dans des arbres creux et
utilisent volontiers des nichoirs artificiels lorsqu’ils ne disposent pas de cavités
naturelles en quantité suffisante. L’arlequin plongeur, quant à lui, fait partie des espèces
possédant des habitudes de nidification plus inhabituelles; il bâtit son nid aux abords
de cours d’eau de montagne, près de rapides tumultueux.
Certaines espèces de canards (les canards colverts, par exemple) commencent à
former leurs couples dès le mois d’août ou de septembre. D’autres (comme les fuligules
à dos blanc) attendent jusqu’en mars pour le faire. Presque tous les canards en âge de
se reproduire ont formé leur couple avant d’arriver aux lieux de reproduction.
Étant donné que, pour une espèce, les mâles vivent plus longtemps et sont plus
nombreux que les femelles, le processus de formation des couples peut donner lieu à
une importante compétition entre les mâles. En plus de se battre de façon agressive
avec les autres mâles, le canard courtise une femelle en chantant et en exhibant son
plumage aux couleurs vives. En général, les canes choisissent un nouveau partenaire
chaque année, alors que les oies et les cygnes forment habituellement des couples pour
la vie et se regroupent en unités familiales pendant l’hiver.
Les habitudes de reproduction, de nidification, de migration et d’hivernage des
différentes espèces de sauvagine varient énormément; il est donc impossible de les
décrire toutes dans le présent ouvrage. C’est pourquoi nous nous attarderons au cycle
biologique de l’espèce la plus populaire, la plus connue et possédant la plus vaste
répartition géographique de toutes les espèces de sauvagine du monde : le canard
colvert. N’oubliez pas que le cycle biologique des autres espèces de sauvagine est
quelque peu différent (surtout en ce qui concerne les oies et les cygnes). Pour en
apprendre davantage, vous pouvez vous référer à Duck Country, de Michael Furtman,
ainsi qu’à d’autres références indiquées à la fin de ce livre.
Printemps : Les canards colverts commencent à quitter les aires d’hivernage du Sud
des États-Unis au début du mois de février. Ils remontent vers le nord, suivant le dégel
de près. Ils se rendent parfois trop loin et des tempêtes de neige ou le froid qui s’attarde
les forcent à redescendre un peu au sud. Les oiseaux suivent des couloirs de migration
traditionnels appelés voies migratoires et s’arrêtent en cours de route à des endroits où
ils peuvent se reposer et se nourrir. 68
Les colverts et les pilets sont habituellement les premiers canards à arriver aux lieux
de reproduction. La plupart d’entre eux arrivent à la fin avril ou au début mai, même
dans les zones plus au nord. La femelle colvert amène habituellement son partenaire à
l’endroit où elle a été élevée. Une fois arrivés, les couples se dispersent dans des petits
territoires que les mâles défendent contre les autres canards colverts. Ces domaines vitaux
fournissent à chaque couple des aires d’alimentation, de repos et de nidification.
En avril, les canes colverts commencent à bâtir leurs nids un peu partout dans l’aire
de reproduction. La femelle gratte au milieu de la
végétation pour y faire son nid et y placer ses
fragiles œufs, qu’elle recouvre chaque jour
avec du duvet de sa poitrine avant d’aller se
baigner et se nourrir. Cette couverture garde
les œufs au chaud et hors de vue des
prédateurs qui rôdent dans les environs. Le
nombre d’œufs par nid varie, mais la
moyenne se situe autour de neuf; les oiseaux
plus âgés et plus expérimentés pondent en
général plus d’œufs que les plus jeunes.
Les canes pondent un œuf par jour et ne
commencent pas à couver leurs œufs avant
d’avoir complètement terminé leur ponte. Elles
les couvent alors pendant environ 25 jours, puis ils
éclosent tous en même temps.
Cependant, de nombreux nids de canards sont détruits avant même que les œufs
puissent éclore. Les prédateurs tels que les ratons laveurs, les mouffettes, les visons, les
spermophiles, les mouettes, les goélands, les corneilles, les chats, les
coyotes, les renards, les hiboux, les chouettes, les faucons et les
serpents mangent les œufs de canards et tuent parfois aussi la
cane lorsqu’elle se trouve dans le nid. Les canes qui survivent
à ces prédateurs tentent parfois de nidifier de nouveau et
peuvent faire jusqu’à cinq tentatives supplémentaires
avant que l’été ne se termine. Ce sont, encore une
fois, les oiseaux les plus âgés qui sont les plus
persistants.
Par ailleurs, même lorsque les œufs d’un nid
éclosent, le danger demeure élevé. Aux prédateurs déjà mentionnés, qui aiment aussi se
nourrir de canetons, s’ajoutent désormais
69
L’ A B C d e l a b i o l o g i e d e l a s a u v a g i n e
certains poissons et certaines tortues. Dès que les oisillons fraîchement éclos sont secs
(au plus douze heures après l’éclosion), la cane les amène jusqu’à l’eau. Il s’agit d’une
expédition terrestre dangereuse durant laquelle la cane et ses canetons peuvent avoir à
parcourir un kilomètre et demi ou plus.
Malgré les prédateurs, les canards s’en sortent admirablement bien. Lorsque les
prairies regorgent d’humidité et que les canards ont suffisamment d’habitats dans les
milieux humides et les terres hautes, la population de ces palmipèdes peut prospérer et
atteindre des records. Toutefois, des habitats en mauvais état et des nids mal camouflés
augmentent les probabilités de prédation et de maladie. Ainsi, le manque d’eau et
d’habitats adéquats représente, en définitive, une plus grande menace pour la sauvagine
que les prédateurs.
Quant aux jeunes canards colverts, ils n’ont pas besoin d’encouragements pour aller
dans l’eau et sont de bons nageurs dès le premier instant. Pendant que leurs plumes et
leurs muscles se développent, ils se nourrissent principalement de petits insectes et de
parties de plantes. Puis, au fur et à mesure qu’ils croissent, ils mangent de plus en plus
de graines et de parties de plantes afin d’accumuler les réserves de graisse dont ils
auront besoin pour entreprendre leur première migration. Les canetons conservent
leur plumage duveteux pendant environ dix-huit jours, avant que leur plumage dur se
mette à pousser progressivement. Normalement, ils parcourent de courtes distances au
vol pendant leurs 50 premiers jours de vie,
puis ils volent de façon entièrement autonome.
Été : Au début de l’été, lorsque
les canetons sont encore incapables de voler, les canards adultes
connaissent également une brève
période pendant laquelle ils sont
cloués au sol – ils perdent leur vieux
plumage usé, y compris les grandes
plumes de leurs ailes (rémiges), qui
leur permettent habituellement de
voler. C’est ce qu’on appelle la mue.
Durant cette période, les adultes sont
incapables de voler pendant environ
trois semaines. Ils arborent alors un
plumage temporaire brun terne, appelé
plumage d’éclipse ou plumage de base,
Canard colvert mâle avec
son plumage d’éclipse
70
qui leur permet de se camoufler des prédateurs. Par la suite, les canards muent une
autre fois et retrouvent leur plumage nuptial éclatant juste à temps pour recommencer
le processus de la cour.
Automne : En plus d’être parmi les premiers arrivés aux lieux de reproduction, les
colverts sont aussi parmi les derniers à en repartir. Certains colverts demeurent le plus
au Nord possible, trouvant leur nourriture dans la glace et la neige. D’autres espèces,
comme les canards pilets et les sarcelles à ailes bleues, entreprennent leur migration
tôt et hivernent le long de la côte du golfe du Mexique ou encore plus au sud, au Mexique
et en Amérique centrale et du Sud.
Les habitudes migratoires des canards varient d’une année à l’autre. Lorsque l’hiver
est doux et qu’il y a peu de neige, les colverts et certaines autres espèces robustes
restent beaucoup plus au Nord que d’habitude. À l’inverse, lorsque l’hiver est rude, la
majorité de la population de canards du continent vivant à l’Est des montagnes
Rocheuses se rendent dans les États les plus au Sud des États-Unis et même jusqu’au
Mexique et dans les Caraïbes. Sur la côte ouest, l’aire d’hivernage principale de la
plupart des espèces se trouve dans la vallée centrale de Californie et la côte ouest du
Mexique, au sud du Rio Grande.
Hiver : Les populations de canards atteignent leur maximum juste après la saison de
reproduction, lorsque les jeunes canards ont presque terminé leur croissance. Les
canards commencent alors à migrer vers le sud et leur nombre diminue petit à petit en
71
L’ A B C d e l a b i o l o g i e d e l a s a u v a g i n e
raison des prédateurs, de la chasse, des accidents et des dangers dus de la migration.
Les maladies peuvent aussi faire plusieurs victimes, les plus mortelles étant notamment
le botulisme et le choléra aviaire. La recherche sur ces sujets et sur d’autres facteurs de
mortalité est importante pour pouvoir établir de nouvelles formes de gestion afin
d’accroître le taux de survie de la sauvagine.
Une bonne partie des canards de la population de l’automne meurent avant la saison
de nidification suivante. Selon les renseignements recueillis grâce aux programmes de
baguage, de 35 à 50 % de la population de l’automne meurt avant l’arrivée du printemps.
La chasse n’est qu’une partie de l’équation; en effet, même sans elle, beaucoup d’oiseaux
mourraient de toute façon d’autres causes. En déterminant de façon réfléchie les limites
de prises et la durée de la saison de chasse pour chaque espèce, on s’assure que ces
facteurs sont pris en compte et que, d’année en année, il y a un nombre constant
d’individus sains.
Bien sûr, chacun d’entre nous doit respecter toutes les lois sur le gibier et aider les
biologistes et les chercheurs lorsqu’il le peut. Cependant, les lois à elles seules ne
suffisent pas. Nous devons aussi développer notre propre sens de l’éthique afin qu’il
nous guide lorsque nous sommes sur le terrain. N’oubliez pas que la conservation est
l’utilisation intelligente des ressources pour que les générations futures puissent aussi
en faire usage. Il est de votre responsabilité de vous informer le plus possible et de
transmettre ces traditions à la prochaine génération de sauvaginiers afin que les oiseaux
que nous aimons ne disparaissent jamais.
72
CHAPITRE
13
La sauvagine en danger
L
orsque les colons européens se sont établis en Amérique du Nord au début
des années 1600, ils ont trouvé du gibier en abondance. Il y avait des wapitis presque
partout sur le continent et les caribous peuplaient tant l’Arctique que le Maine, le New
Hampshire, le Vermont, le Michigan et le Minnesota. On trouvait également le cerf de
Virginie et l’ours noir un peu partout. Quant à la sauvagine, elle voilait presque le soleil
lorsqu’elle migrait vers son territoire d’hivernage tant elle était abondante.
Les nouveaux colons étaient ébahis. En Europe, le gibier était rare et appartenait aux
propriétaires fonciers de la classe supérieure. Les hommes du peuple étaient rarement
autorisés à chasser. Toutefois, la situation était différente dans le Nouveau Monde. Les
colons devaient se nourrir et avaient besoin de peaux pour se vêtir et s’abriter, et les
animaux étaient là pour satisfaire leurs besoins.
Il y avait tellement de gibier que les pionniers croyaient qu’il serait éternel. Comment
un petit nombre de colons auraient-ils pu menacer sérieusement l’abondance d’espèces
sauvages avec de simples armes à feu à poudre noire à un coup?
73
La sauvagine en danger
La population humaine s’est toutefois accrue rapidement et de nouveaux colons
provenant de nombreux autres pays européens ont commencé à venir s’établir. En
1620, on comptait moins de 500 pionniers européens dans l’ensemble de l’Amérique du
Nord, mais dix ans plus tard, ce nombre est passé à plus de 3 000.
Cent ans plus tard, plus de 200 000 Européens demeuraient sur le territoire qui allait
devenir les États-Unis, et 30 000 autres colons vivaient en Nouvelle-France, qui allait
plus tard faire partie du Canada.
Cinq cents colons n’étaient probablement pas une menace pour l’abondance de gibier,
mais plusieurs centaines de milliers de colons l’étaient certainement. Et la situation a
empirée. En 1750, la population était de plus de 1,5 million d’habitants, et en 1800, elle
approchait les 5,5 millions.
Les populations d’espèces sauvages en ont subi les conséquences. La chasse et le
trappage d’animaux à fourrure non réglementés étaient en partie responsables, mais
l’une des raisons encore plus apparentes était l’immense perte d’habitat causée par des
milliers de colons affamés qui ont défriché les forêts et les pâturages pour élever du
bétail et cultiver des produits agricoles.
Au milieu des années 1800, le gros gibier avait presque déserté l’est des États-Unis et
les régions les plus densément peuplées de l’est du Canada, mais les populations de
sauvagine étaient encore pour la plupart saines et sauves. C’est en partie parce que les
canards et les oies peuplaient les zones marécageuses ou inondables, qui étaient moins
intéressantes pour les premiers colons, et en partie parce que le gros gibier rapportait
beaucoup plus que la sauvagine.
L’habitat de la sauvagine n’a toutefois pas été épargné. À la fin des années 1800, l’ère
des chemins de fer et la ruée vers l’or et l’argent ont ouvert la possibilité aux immigrants
de tous les coins du monde de venir s’établir au Far West et dans le Nord. Ces nouveaux
colons ont rapidement transformé le paysage formé de prairies et de milieux humides
en terres cultivées et en pâturages entrecoupés de chemins et de routes. À ce moment,
l’habitat de la sauvagine était en danger.
74
Époque de la chasse commerciale
Au milieu du XIXe siècle, plus de gens demeuraient dans les villes qu’en campagne.
Cependant, comme les citadins devaient encore se nourrir et se vêtir, le gibier était
toujours la source de viande et de peaux la plus abondante. L’époque de la chasse
commerciale, qui a été brève mais extrêmement destructive, venait de commencer.
Comme la chasse était pratiquée à des fins lucratives plutôt que sportives, les
sauvaginiers d’autrefois employaient de plus gros fusils qui étaient plus efficaces.
L’énorme fusil de chasse de calibre 8, désormais illégal, était un outil de chasse populaire,
car même s’il était gros, un homme pouvait tout de même l’épauler pour tirer. Certains
chasseurs commerciaux utilisaient ce qu’on appelait des « canardières », qui étaient en
fait des canons à tube long fixés sur de petits bateaux et qui pouvaient être manœuvrés
pour les mettre en position avant le tir. Ces fusils étaient des armes à feu à chargement
par la bouche avec lesquelles on pouvait tirer de grandes quantités de plombs sur des
bandes de canards au moment où ils se posaient sur l’eau. La chasse se faisait
habituellement la nuit à l’aide de lanternes pour désorienter et attirer les oiseaux posés
sur l’eau.
Si la canardière était bien braquée, il était possible de tuer plus d’une centaine
de canards en un seul tir. Toutefois, même les chasseurs commerciaux qui
utilisaient les fusils de chasse classiques de calibres 10 et 12 tuaient
fréquemment de 150 à 200 canards par jour pendant plusieurs
mois durant l’automne, l’hiver et le printemps. Les chasseurs remplissaient des barils d’oiseaux et les expédiaient au marché, habituellement par train.
Pendant un demi-siècle, l’écho sourd des
fusils pour la chasse commerciale s’est fait
entendre d’un bout à l’autre de la baie de
Chesapeake, de la vallée du Mississippi, de la
vallée centrale de la Californie, des marais d’eau
douce du lac Érié, des marais salés de la côte de la
Louisiane et de plusieurs marais de l’Ontario et du
Des canardières (longs
Manitoba. Des millions de fuligules à dos blanc, de
fusils) étaient fixées sur de
fuligules à tête rouge, de canards noirs, de fuligules
petits bateaux
milouinans, de canards colverts et d’autres espèces de
canards étaient prélevés par des chasseurs commerciaux
chaque année, et il n’y avait pas de limite de prises ni de saison fixe. La chasse
commençait à partir du moment où les oiseaux arrivaient dans leur aire d’hivernage,
leur halte migratoire ou leur aire de reproduction, jusqu’à ce que la glace se forme.
75
La sauvagine en danger
Croissance de la chasse récréative
En plus de la chasse commerciale qui faisait des ravages, la chasse sportive est
devenue de plus en plus populaire entre 1865 et le début du XXe siècle. De riches
propriétaires fonciers et de riches hommes d’affaires ont créé des clubs et des camps
de chasse dans les principales régions peuplées de sauvagine, soit dans le sud du
Manitoba, dans les marais des Grands Lacs, dans les basses terres humides qui bordent
la rivière Mississippi et à de nombreux endroits le long des voies migratoires de
l’Atlantique et du Pacifique. La pression que ces clubs de chasse exerçaient à des lieux
précis était grande, et il y avait peu de pratiques de conservation et de normes
éthiques.
Destruction complète de l’habitat
La chasse récréative et commerciale excessive associée à la destruction considérable
de l’habitat dans les sites de nidification et les aires d’hivernage a eu des conséquences
néfastes. Le nombre de canards et d’oies a rapidement chuté dans l’ensemble des ÉtatsUnis et du Canada.
Au cours de la période mouvementée et excitante qu’étaient la fin des années 1800 et
le début des années 1900, peu de gens se préoccupaient de la conservation. De vastes
forêts ont été défrichées, en partie pour obtenir du bois d’œuvre pour la construction
de maisons et l’industrie, et en partie pour défricher la terre pour l’agriculture. Souvent,
les arbres étaient empilés et brûlés seulement pour dégager la voie. Dans l’Ouest, les
prairies ont été transformées en terres agricoles et, dans l’ensemble du continent, de
grandes étendues de milieux humides ont été drainées et asséchées.
Alors que les colons des années 1600
croyaient que le gibier était trop abondant
pour disparaître, dans les années 1900,
leurs descendants étaient plus avisés. Ils
croyaient en fait exactement le contraire
:
les espèces sauvages étaient condamnées
à l’extinction.
76
Ils avaient de bonnes raisons de le croire. En effet, les bandes de wapitis, de bisons et
de caribous, qui étaient abondantes autrefois, étaient disparues d’une grande partie de
leur ancien territoire, et de nombreuses espèces d’oiseaux de rivage étaient réellement
menacées. La tourte voyageuse, qui avait déjà été l’animal à sang chaud le plus abondant
de la planète, était en voie d’extinction complète.
Beaucoup commençaient à penser que les canards et les oies disparaîtraient
également, ou du moins qu’ils deviendraient si rares qu’il serait inutile de les chasser.
Les principes de l’aménagement faunique n’étaient pas encore connus. Très peu de gens
croyaient qu’il était possible de gérer les ressources fauniques.
Heureusement, certains n’étaient pas de cet avis.
77
CHAPITRE
14
Naissance de l’aménagement faunique
L
a première tentative officielle de conservation des ressources naturelles en
Amérique du Nord a été entreprise en 1871, lorsque le Congrès des États Unis a créé la
Commission on Fish and Fisheries. En 1887, le gouvernement canadien a adopté la Loi
du Parc des Montagnes-Rocheuses, et le premier parc national du Canada a été créé à
Banff, en Alberta. Au cours des deux décennies suivantes, d’autres mesures de
conservation ont été prises, et le mouvement conservationniste a été lancé pour de bon
lorsque Theodore Roosevelt a été élu président des États-Unis en 1900.
Roosevelt était un chasseur passionné et un amoureux de la nature. Il savait que les
populations d’espèces sauvages étaient sérieusement en danger et il a commencé à
prendre des mesures à cet égard. Roosevelt savait qu’il était important de protéger le
plus grand nombre d’habitats fauniques possible et il a fait tout ce qui était en son
pouvoir dès ce moment.
78
Roosevelt a fondé la première
réserve d’oiseaux des États-Unis
en 1903, à Pelican Island, en Floride. Avant de quitter ses fonctions
en 1908, il en a créé 50 autres. Ces
réserves d’oiseaux ont été réaménagées en réseau de refuges fauniques nationaux (National Wildlife Refuges) en 1942. Roosevelt a
également créé des parcs nationaux, quatre refuges pour gros
gibier et le Service des forêts des
États-Unis.
Au Canada, la tendance était
semblable. En 1908, la Division
des parcs du Dominion a été
Teddy Roosevelt et John Muir
créée en tant qu’unité du service
forestier fédéral et, depuis ce
temps, 40 parcs nationaux et plus de 1 700 aires protégées provinciales ont été
désignés.
Au début des années 1900, les gouvernements et quelques adeptes du plein air inquiets
avaient également commencé à chercher des moyens de conserver la sauvagine et les
autres espèces sauvages. En 1912, on a fondé la Game Conservation Society, précurseur
de la More Game Birds in America Foundation, qui est devenue à son tour Ducks
Unlimited. La Société Audubon et le Wildlife Conservation Institute ont également été
créés au début des années 1900. Grâce à leurs efforts, de nouvelles lois ont été adoptées
pour la protection des oiseaux. Une étape décisive a été franchie en 1918 lorsque le
Canada et les États-Unis ont signé la Convention concernant les oiseaux migrateurs.
Les canards, les oies, les oiseaux de rivage et les autres oiseaux migrateurs ont enfin
obtenu la protection dont ils avaient besoin. Le Mexique est devenu signataire de la
convention en 1936.
En vertu de la Convention concernant les oiseaux migrateurs, les saisons de chasse
étaient réglementées, la chasse commerciale était proscrite et la vente ou le commerce
de certaines parties d’animaux, dont les plumes et la chair, était interdite. Certains
braconniers ont continué de chasser la sauvagine à des fins commerciales, mais les
gouvernements des deux pays assuraient maintenant la protection des canards et des
oies. La chasse commerciale a alors pratiquement disparue.
79
Naissance de l’aménagement faunique
Éthique de conservation
Theodore Roosevelt n’était pas le seul à appuyer ce nouveau mouvement
conservationniste. En effet, John Muir a fondé le Sierra Club en 1892, et Gifford Pinchot,
chef forestier du Service des forêts des États-Unis nouvellement créé par l’administration Roosevelt, a fait ajouter 78 millions d’hectares au
système forestier national.
Pinchot croyait autant en la conservation qu’à la protection. La « conservation » se définit comme l’utilisation
des ressources naturelles renouvelables, mais de façon
intelligente pour qu’elles puissent se renouveler
d’elles mêmes en se développant et en se reproduisant. La « préservation » se définit comme la
mise en réserve de ressources naturelles sans leur
utilisation complète. Pour que tout fonctionne
correctement, la préservation et la conservation
doivent être mises en application conjointement. Aujourd’hui, nous préservons les principales
zones de l’habitat des espèces fauniques menacées et des espèces rares ou en voie de disparition, et nous conservons les autres ressources
naturelles et espèces dont notre survie et notre
mieux-être dépendent.
Gifford Pinchot
Pinchot était d’avis qu’il fallait utiliser les
ressources naturelles « dans le meilleur intérêt
du plus grand nombre de personnes et pour le plus longtemps possible ». Cette dernière
affirmation, « pour le plus longtemps possible », constitue la plus grande différence
entre les convictions des premiers colons et celles des fondateurs du mouvement
conservationniste. Les premiers colons songeaient peu à l’avenir, alors que Roosevelt,
Muir, Pinchot et les autres premiers conversationnistes ont compris que sans plan
d’avenir, les espèces et les milieux sauvages disparaîtraient à jamais. Ces individus
avant-gardistes ont formé le noyau du mouvement de la conservation.
La réglementation des saisons de chasse et la protection des milieux naturels n’étaient
toutefois pas suffisantes. Même après que le Canada et les États-Unis eurent entrepris
de protéger et de conserver les habitats essentiels, les populations d’espèces sauvages
ont continué à décliner.
Visiblement, il fallait trouver une autre solution.
80
Volte-face
Afin d’assurer la survie de la faune en Amérique du Nord, il était important d’établir
des refuges fauniques, des forêts, des réserves et des parcs nationaux, ainsi que d’autres
habitats pour la sauvagine et d’autres espèces sauvages. Il était également important
d’établir des saisons de chasse, des limites de prises et des règlements sur le prélèvement
d’espèces de gibier, ainsi que d’interdire le commerce de plumes, de viande et d’autres
produits provenant d’animaux sauvages.
Les protecteurs de la nature ont toutefois rapidement appris que cette aide était
insuffisante pour la plupart des populations d’espèces sauvages. Et c’est ainsi qu’est
née la science de l’aménagement faunique.
Il existe plusieurs pionniers éminents de
l’aménagement faunique, mais Aldo Leopold est
probablement celui qui a eu le plus d’influence
parmi tous. Chasseur depuis toujours et adepte
de plein air, Leopold a travaillé pour le Service
des forêts des États-Unis pendant 19 ans. Il est
devenu professeur de gestion du gibier à
l’Université du Wisconsin et a été, par la suite, le
premier directeur du département de l’aménagement faunique de cette université. Cette école
d’aménagement faunique a été la première à
intégrer en un seul programme l’étude de la
foresterie, de l’agriculture, de la biologie, de la
zoologie, de l’écologie, de l’éducation et de la
communication.
Leopold est généralement reconnu comme le
Aldo Leopold
père de l’aménagement faunique moderne. Les
principes et techniques qu’il a enseignés dans
les années 1930 et 1940 sont encore employés aujourd’hui. Il est surtout connu comme
l’auteur de A Sand County Almanac, probablement le meilleur recueil d’essais sur la
nature jamais écrit. Leopold a fait la promotion de la nécessité d’une « éthique en regard
de la nature » laquelle serait la pierre angulaire de l’utilisation rationnelle et de la
conservation des ressources naturelles.
Avant l’époque de Leopold, la plupart des gens croyaient que la meilleure façon
d’accroître les populations fauniques était de contrôler les prédateurs et de limiter la
chasse. Leopold et les autres pionniers ont compris que l’habitat était même encore
plus essentiel au maintien des populations de gibier.
81
Naissance de l’aménagement faunique
Au départ, le principe de l’aménagement faunique était rempli d’hypothèses et
d’essais-erreurs. Cependant, la base de connaissances s’est lentement développée et les
chercheurs ont commencé à faire fond sur les découvertes de chacun. De nouvelles
techniques ont été élaborées pour mesurer l’incidence des pratiques de gestion telles
que l’aménagement d’habitats et les limites de prises. L’une des techniques importantes
était le marquage d’animaux, qui a permis aux chercheurs de suivre leur évolution et
d’en apprendre davantage sur l’utilisation de l’habitat, les préférences alimentaires, le
comportement d’accouplement, les migrations et la mortalité.
Dans le cas de la sauvagine et
des autres oiseaux, le baguage
était l’un des moyens les plus
faciles de marquer des individus.
Jack Miner est le pionnier de cette
méthode en Amérique. Il a fondé
le Jack Miner Bird Sanctuary dans
le sud de l’Ontario en 1904 et a
bagué plus de 90 000 canards et
oies de son vivant.
Afin de marquer les oiseaux, les
chercheurs doivent être capables
de les capturer et de les libérer
Bague fixée à la patte d’un canard.
sains et saufs. Les méthodes de
captures novatrices comprennent
les battues, les pantières, l’éclairage nocturne, les cages en trèfle et les appelants, qui
sont en fait des réinventions de méthodes plus rudimentaires utilisées il y a des
siècles.
Les chasseurs et les autres protecteurs de la nature jouent également un rôle important
dans la recherche faunique, car ils signalent les oiseaux marqués qu’ils aperçoivent et
font part de leurs observations.
La plupart des connaissances actuelles sur les canards et les oies proviennent
directement de ce qu’ont appris les biologistes en étudiant les tendances et la répartition
des oiseaux bagués.
82
Joindre l’acte à la parole
Dès que les premières « lois sur le gibier » ont été adoptées, les chasseurs ont dû
acheter des permis de chasse et des permis spéciaux. Au départ, les droits de permis
étaient la seule source de financement de la plupart des programmes
de conservation et d’aménagement faunique.
En 1934, le Congrès des États-Unis a adopté la Migratory Bird
Hunting Stamp Act, en vertu de laquelle tous les chasseurs de
canard et d’oie étaient tenus d’acheter un timbre spécial avant
d’aller chasser. Les fonds amassés par la vente de ces timbres
(couramment appelés « timbres canard ») sont utilisés pour
acquérir ou protéger des milieux humides importants aux
États-Unis. Plus de 1,8 million d’hectares de milieux humides
ont été protégés de cette façon. En 1985, une loi semblable a été
adoptée au Canada.
Le premier timbre à
La Federal Aid in Wildlife Restoration Act (appelée Pittmanl’effigie du canard a été
Robertson Act), adoptée en 1937, est une autre loi des États-Unis qui
conçu par Jay N. « Ding »
Darling, qui a été le
prouve que les chasseurs « joignent l’acte à la parole ». Cette loi prévoit
fer de lance de l’adoption
une taxe sur les produits de chasse et de pêche pour assurer le
de la Migratory Bird
Hunting Stamp Act.
financement de la restauration et de l’aménagement d’habitats fauniques, ainsi que de la recherche sur l’aménagement faunique.
En parlant des chasseurs…
Cela peut vous paraître étrange, mais les populations d’espèces sauvages
seraient moins importantes aujourd’hui s’il n’y avait pas de chasseurs (et de trappeurs). Il y aurait également moins de bonnes raisons d’étudier la faune et de la
conserver, et il y aurait moins de fonds pour le faire. Teddy Roosevelt, Gifford
Pinchot, Aldo Leopold, Jack Miner et la plupart des autres protecteurs de la nature
et spécialistes de l’aménagement faunique initiaux étaient des chasseurs. Lorsqu’ils
se sont aperçus que la situation de la faune empirait sans cesse, ils ont mis leur
passion pour la chasse à contribution afin de lutter pour sa survie.
Cette tradition se poursuit aujourd’hui. Les chasseurs continuent de prêter
leur aide, tant en temps qu’en argent, pour la recherche sur l’aménagement
faunique et les travaux d’aménagement des habitats.
83
Naissance de l’aménagement faunique
Jusqu’à présent, les chasseurs ont versé plus de 5 milliards de dollars dans le fonds
pour la faune, et ces fonds ont été retournés aux États afin de financer la protection et
l’aménagement d’habitats pour toutes les espèces sauvages.
De grosses sommes ont été affectées pour les initiatives de conservation de l’habitat
dans le cadre du Plan nord-américain de gestion de la sauvagine (PNAGS), lancé en
1986 suivant un accord conclu entre le Canada et les États Unis (et signé par le Mexique
en 1988). Ces fonds provenaient du Pitman Robertson Fund, de sources privées comme
CIC et de crédits spéciaux accordés par les gouvernements fédéral et les provinciaux, et
d’État. La North American Wetlands Conservation Act, adoptée en 1989 par le gouvernement des États-Unis, a été le nouveau mécanisme principal qui a renforcé le PNAGS.
L’objectif du PNAGS consiste à ramener les populations de sauvagine à leur niveau
moyen des années 1970, grâce à la conservation des milieux humides et des terres
hautes. Ce plan est maintenant considéré comme l’une des initiatives de conservation
les plus ambitieuses et concluantes de la planète. Jusqu’à présent, plus de 547 millions
de dollars (US) ont été investis en application de cette loi. Les contributions des
partenaires s’élèvent à près de 1,6 milliard de dollars au total. Environ 7 millions
d’hectares de milieux humides et de terres hautes ont été aménagés ou protégés partout
sur le continent. Ces initiatives sont grandement favorables à la sauvagine, aux autres
espèces et à l’environnement en général.
La décennie du « Dust bowl »
La loi sur la convention concernant les oiseaux migrateurs et autres initiatives de la
sorte ont constituaient un premier pas vers le rétablissement des populations de
sauvagine. Il est toutefois devenu rapidement évident qu’il était nécessaire de déployer
davantage d’efforts et d’investir plus de fonds.
L’effondrement des marchés boursiers mondiaux en 1929 a marqué le début de la
Grande Dépression. Des milliers de personnes ont perdu leur emploi. Les ventes de
permis de chasse ont chuté. Puis, en 1931, la pire sécheresse des temps modernes a
frappé le centre de l’Amérique du Nord. Des montagnes Rocheuses au Mississippi, du
Texas aux provinces des Prairies canadiennes, les cultures ont commencé à disparaître
en raison de l’absence de pluie et de la chaleur intense. Comme la période de sécheresse
se poursuivait et empirait, on s’est mis à surnommer cette immense zone le « dust bowl »
(bol de poussière).
Des milliers d’agriculteurs de la région étaient ruinés, ont abandonné leur terre et se
sont dirigés vers l’ouest ou les grandes villes pour y chercher un emploi. Les animaux
d’élevage ont succombé à la maladie, tout comme beaucoup d’humains qui demeuraient
dans la zone de sécheresse. D’énormes tempêtes de poussière, appelées « blizzards
84
Pendant la grande sécheresse des années 1930, d’énormes tempêtes
de poussière ont dévasté les terres agricoles et le bétail.
noirs », ont couvert des milliers de kilomètres carrés et ont transporté des millions de
kilos de terre arable vers l’est, aussi loin qu’à Washington D.C. En 1934, lorsque les
premiers timbres à l’effigie du canard ont été mis en vente, plus de 54,6 millions
d’hectares de terres agricoles aux États-Unis avaient été dépouillées de terre arable, et
sur 50,6 millions d’hectares, la terre arable se faisait rapidement souffler ailleurs par le
vent. La situation était presque aussi grave dans le sud du Canada.
À travers toute cette souffrance humaine, peu de gens se préoccupaient de la
sauvagine. Mais les canards souffraient aussi. Le « dust bowl », où la sécheresse a sévi,
a empiété sur la plupart des bassins des prairies du nord des États-Unis et du sud du
Canada, où la majorité des canards de l’Amérique du Nord se reproduisent. La sécheresse
a touché les populations de canards de cette région autant qu’elle a touché les terres
agricoles. Des millions de petits plans d’eau ont été complètement asséchés, et la
plupart des grands milieux humides ont été dévastés. Le nombre d’habitats de nidification
a donc diminué, et le nombre de canards a chuté.
Début et croissance de CI Canada
Pendant la sécheresse des années 1930, le U.S. Biological Survey et la More Game
Birds in America Foundation, dirigée par Joseph Knapp, ont compris que tous les
programmes visant à augmenter le nombre d’oiseaux sauvages par l’aménagement de
l’habitat devaient s’étendre jusqu’au Canada, où bon nombre des oiseaux font leur nid.
Comme les États-Unis n’avaient pas de mécanisme en place pour transférer des fonds
publics au Canada, le secteur privé a pris la relève. Des dirigeants d’entreprise intéressés
par la cause de la sauvagine au Canada et aux États-Unis se sont réunis afin d’établir un
nouveau partenariat.
Les partenaires ont finalement convenu d’établir un plan de restauration de l’habitat
de la sauvagine au Canada, qui comprenait la création d’une fondation sans but lucratif
85
Naissance de l’aménagement faunique
nommée Canards Illimités Canada. Le groupe a annoncé la
constitution officielle de Ducks Unlimited, Inc. le 29 janvier
1937 et de Canards Illimités Canada le 10 mars 1937.
Lorsque la terrible sécheresse s’est enfin terminée en 1939,
l’organisme des États-Unis s’employait activement à amasser
des fonds et le groupe canadien se chargeait de la conservation
de l’habitat. Le premier projet consistait en la restauration du
marais Big Grass près de Gladstone, au Manitoba. À l’origine,
le marais était une terre humide de 16 000 hectares, mais il
avait été drainé en grande partie pour l’agriculture entre 1909
Joseph Knapp
et 1916. Les tentatives d’agriculture étaient vaines et, en 1938,
CIC amorçait la construction d’un ouvrage de régulation des
eaux en vue de restaurer le milieu humide. En 1942, le niveau d’eau du marais Big Grass
était à son meilleur, et la population de sauvagine y est redevenue aussi dense qu’elle
l’avait été en 1928.
CIC a rapidement entrepris d’autres projets dans les Prairies et dans le Nord, et de
plus en plus de chasseurs soucieux de protéger la nature se sont joints à la cause. En
1944, les populations de sauvagine s’étaient rétablies, grâce au retour du climat plus
humide dans les Prairies, pour atteindre leur niveau le plus élevé depuis 30 ans. En
1950, DU Inc. et CIC avaient réalisé 307 aménagements, et ils en étaient à 357
aménagements en 1952.
En 1955, CIC a dépassé le cap des 5 millions de dollars en dépenses engagées au
Canada pour la conservation et l’aménagement de l’habitat. Au cours du quart de siècle
suivant, l’organisme a réalisé 1 718 aménagements concernant plus de 1,1 million
d’hectares de milieux humides. En 2002, plus de 2 milliards de dollars avaient été
recueillis pour la conservation de 4,5 millions d’hectares sur tout le continent.
Bien que CIC ait continué de concentrer ses activités sur la conservation des milieux
humides, de nouveaux programmes continuent de prendre forme. Jusqu’en 1974, toutes
les collectes de fonds avaient lieu aux États-Unis, mais cette année-là, le premier
banquet de collecte de fonds à être organisé au Canada a eu lieu à Tilsonberg, en
Ontario. Jusqu’en 1984, tous les projets de conservation de l’habitat de CIC avaient été
entrepris au Canada, où la plupart des canards de l’Amérique du Nord font leur nid. À
compter de cette année-là, DU a commencé à financer des projets liés aux milieux
humides des États-Unis également. De nouvelles organisations sœurs ont été mises sur
pied au Mexique (1974), en Nouvelle-Zélande (1974) et en Australie (1991).
Bien que les populations de sauvagine aient vécu beaucoup de hauts et de bas au
cours des sept dernières décennies, des progrès ont été notés. Le nombre d’oiseaux
86
sauvages au printemps demeure près de la moyenne à long terme (1955 à 2002) ou
l’excède, de même que le nombre d’étangs en milieu humide au printemps. Toutefois,
comme un certain nombre d’espèces ont encore besoin d’aide, il est nécessaire de
mener de nouvelles recherches et d’établir des plans de relance. Le travail de CIC et des
organismes aux vues similaires est aussi essentiel aujourd’hui qu’il l’était à l’époque du
« dust bowl ».
87
CHAPITRE
15
L’avenir de la sauvagine et de la conservation
I
l y a cent ans, les populations de sauvagine diminuaient rapidement, en partie parce
qu’on chassait les canards et les oies au-delà de leurs limites biologiques. La principale
raison était toutefois la destruction de l’habitat pour la construction de maisons et
d’industries, ainsi que la conversion de terres cultivables à d’autres usages. La pollution
non réglementée et l’érosion causée par les mauvaises pratiques agricoles étaient
également des facteurs importants.
Aujourd’hui, la situation s’est améliorée. La pollution, la destruction de l’habitat et
l’érosion font toujours partie de la réalité, mais nous savons maintenant comment en
atténuer certains impacts et y remédier. Nous avons également des lois sur
88
l’environnement qui aident les entreprises, les gouvernements et les citoyens à prendre
les bonnes décisions environnementales.
Ducks Unlimited, implanté aux États-Unis et au Mexique, et
Canards Illimités Canada, ainsi que ses partenaires, dont des
propriétaires fonciers privés, des organismes gouvernementaux, des sociétés et de nombreux autres organismes de conservation, travaillent de concert
pour restaurer et protéger les milieux humides au
bénéfice la sauvagine et d’autres espèces vivantes,
dont les êtres humains. Par exemple, CIC a protégé ou
restauré plus de 4,5 millions d’hectares d’habitat dans
l’ensemble de l’Amérique du Nord. Les États américains, et les gouvernements fédéral
et provinciaux ont également préservé des millions d’hectares supplémentaires.
Malgré tout, plus de la moitié des milieux humides en Amérique du Nord ont disparu
et beaucoup de celles qui restent sont détériorés. Nos milieux humides sont toujours en
danger.
Il est nécessaire de déployer de grands efforts et de consacrer de nombreuses autres
ressources pour assurer l’avenir de la sauvagine et de la chasse à la sauvagine. Les
chasseurs demeurent toujours les protecteurs de la nature les plus dévoués en raison
du temps, des renseignements et de l’argent durement gagné qu’ils donnent pour aider
les canards. Nous avons toutefois besoin de l’appui d’un plus grand nombre de chasseurs,
et il y a, à certains endroits, moins de sauvaginiers aujourd’hui qu’il y a 25 ans.
À présent, les populations de sauvagine se sont grandement stabilisées. Les populations de canards et d’oies de l’Amérique du Nord sont assez stables et l’avenir de ces
espèces est de bonne augure en général. La destruction des habitats, la sécheresse, la
pollution et l’étalement urbain, entre autres, poseront toujours problème, mais une
chose est certaine : grâce aux efforts et au soutien financier de plus en plus importants
des chasseurs et des groupes de conservation, la chasse à la sauvagine continuera de
faire partie de notre patrimoine pendant encore très longtemps.
89
Suggestions de lecture
Batt, Bruce. Snow Geese: Grandeur and Calamity on an Arctic Landscape.
Memphis : Ducks Unlimited, Inc., 1998.
Bellrose, Frank C. Ducks, Geese, and Swans of North America. Pennsylvania :
Stackpole Books, 1981.
Bodsworth, Fred, W. S. Merwin. Last of the Curlews. New York : Counterpoint
Press, 1998.
Bourne, Wade. A Ducks Unlimited Guide to Hunting Dabblers. Memphis :
Ducks Unlimited, Inc, 2002.
Bourne, Wade. Decoys and Proven Methods for Using Them. Memphis :
Ducks Unlimited, Inc., 2002.
Robbins, Chandler S., Bertel Bruun, and Harold S. Zim. Birds of North
America: A Guide To Field Identification. New York : St. Martin’s Press,
2003.
Buckley, Bill. Misery Loves Company: Waterfowling and the Relentless
Pursuit of Self-Abuse. Memphis : Ducks Unlimited, Inc., 2002.
Clarke, Eileen. Duck & Goose Cookery. Memphis : Ducks Unlimited, Inc., 2001.
Furtman, Michael. Duck Country: A Celebration of America’s Favorite
Ducks. Memphis : Ducks Unlimited, Inc., 2001.
Furtman, Michael. On the Wings of a North Wind: A Journey with Waterfowl.
Adventure Publishers, 2000.
Gasset, Jose Ortega Y. Meditations on Hunting. Bozeman : Wilderness
Adventures Press, 1996.
Kramer, Gary. A Ducks Unlimited Guide to Hunting Diving & Sea Ducks.
Memphis : Ducks Unlimited, Inc., 2003.
90
LeMaster, Richard. Waterfowl Identification: The Lemaster Method.
Pennsylvania : Stackpole Books, 1996.
Larsen, Doug. Don’t Shoot the Decoys: Original Stories of Waterfowling
Obsession. Memphis : Ducks Unlimited, Inc., 2002.
Leopold, Aldo. A Sand County Almanac: With Essays on Conservation.
New York : Oxford University Press, 2002.
Michener, James A. Chesapeake. New York : Fawcett Books, 1986.
Miller, Stephen M. Early American Waterfowling: 1700’s-1930. New York :
New Win Publishing, 1987.
Milner, Robert. Retriever Training: A Back-to-Basics Approach. Memphis :
Ducks Unlimited, Inc., 2001.
National Safety Council. Wilderness First Aid: Emergency Care for Remote
Locations. Jones & Bartlett Pub.,1997.
Peterson, Roger Tory. A Field Guide to the Birds of Eastern and Central
North America. Boston : Houghton Mifflin Company, 2002.
Posewitz, Jim. Beyond Fair Chase. Connecticut : Falcon, 1994.
Reid, George K. Pond Life: A Golden Guide. New York : St. Martin’s
Press, 2003.
Reiger, John F. American Sportsmen and the Origins of Conservation. New
York : New Win Publishing, 1975.
Wiseman, John. SAS Survival Handbook: How to Survive in the Wild, in
Any Climate, on Land or at Sea. Lewis International Inc., 2003.
Zutz, Don. The Ducks Unlimited Guide to Shotgunning. Memphis : Ducks
Unlimited, Inc., 1999.
91
« Ce guide est le premier ouvrage conçu pour fournir aux jeunes de 12 ans et plus tous
les renseignements dont ils ont besoin pour entrer dans le monde merveilleux de la
chasse au canard et à l’oie. Nous espérons que, dès leurs débuts, ces jeunes sauvaginiers
développeront leurs propres aptitudes et traditions qu’ils transmettront à leurs amis et
aux membres de leur famille. »
– D. A. (Don) Young, vice-président directeur, Ducks Unlimited, Inc.
– Jeff Nelson, vice-président directeur, Canards Illimités Canada
« L’avenir de la chasse repose sur l’initiation des jeunes à ce sport qui fait partie de notre
patrimoine. Le Guide pour les jeunes sauvaginiers sur la chasse et la conservation fournit
à lui seul l’information nécessaire pour assurer la réussite de l’initiation des jeunes
sauvaginiers. Non seulement le guide traite de tous les rudiments de la chasse, dont les
règles de sécurité importantes, mais il présente également l’essentiel de l’expérience de
la chasse à la sauvagine et de l’héritage de la conservation. Il est d’autant plus intéressant
qu’il n’est pas rédigé d’une façon trop élémentaire pour les jeunes novices, mais plutôt
d’une façon qui tient compte de leur degré de maturité et de leur expérience. »
– Doug Painter, président, National Shooting Sports Foundation
« Le Guide pour les jeunes sauvaginiers sur la chasse et la conservation est un important
supplément à la bibliothèque de chaque chasseur, et particulièrement pour les milliers
de bénévoles qui donnent des cours de formation des chasseurs ou qui collaborent avec
de nouveaux sauvaginiers. Les sections qui portent sur la conservation de la sauvagine, les
règles pratiques de sécurité sur le terrain et les responsabilités des chasseurs témoignent
des opinions récentes et des modèles de pensée exemplaires sur ces sujets. Bien qu’il
s’adresse aux jeunes chasseurs, tous les sauvaginiers devraient lire et suivre les conseils
donnés dans cet excellent guide. Bon travail, Canards Illimités Canada! »
– Eric C. Nuse, vice-président directeur, International Hunter Education Association
Photo de la couverture : David J. Sams