Visite de l`Hotel des Ambassadeurs : Juin 2014

Transcription

Visite de l`Hotel des Ambassadeurs : Juin 2014
L'hôtel Amelot de Bisseuil, dit des Ambassadeurs de Hollande
(Visite du 14 juin 2014)
Chargé de la restauration de cet ensemble immobilier historique, Pascal Payen-Appenzeller,
après nous en avoir rappelé les grands moments, nous fait visiter les différentes parties du
bâtiment. L’hôtel est un hôtel particulier construit au XVIIe siècle dans le quartier historique
du Marais, dans le 4e arrondissement de Paris (actuellement 47, rue Vieille-du-Temple et 10,
rue des Guillemites).
L'Hôtel Amelot de Bisseuil, dit des Ambassadeurs de Hollande, fait l’objet d’un classement
au titre des monuments historiques depuis le 21 mai 1924. L’hôtel est dû à l'architecte Pierre
Cottard, architecte de Louis XIV, à qui l’acheteur, Denis Amelot, confia le chantier.
Reconstruit dans les années 1650 par son fils, Jean-Baptiste Amelot, vicomte de Bisseuil, il a
ensuite connu une carrière mouvementé jusqu’à être racheté en 1924, aux héritiers Lecoq par
le pionnier de la TSF, Paul Brenot. Ce dernier en entreprit la restauration et la poursuivit après
la mort de son épouse, lorsque l'hôtel fut transmis aux héritiers de cette dernière, M. et Mme
Lemaire.
En 1951, Paul-Louis Weiller (industriel et ancien « as de l'air » de la Première Guerre) s'en
rend propriétaire et engage des travaux, que son fils Paul-Annick poursuit jusqu'en 1998, date
de sa mort. En 2010, l'hôtel est vendu pour 38 millions d'euros à la société immobilière
Acanthe Développement.
Architecture
L'hôtel vu depuis la rue Vieille-du-Temple
Bas-relief de Thomas Regnaudin
Extérieur
Du fait de la faible profondeur de la parcelle, l'hôtel possède deux cours et non l'organisation
classique "entre cour et jardin". La première est une cour d'honneur étroite avec balcon à
balustres de pierre et elle donne sur l’entrée principale par la rue Vieille-du-Temple. Au faîte
des façades, des figures d'enfants en gaine soutiennent la corniche. Quatre cadrans solaires,
selon les systèmes de calcul du temps de l’époque, dus au père Truchet, sont disposés entre
les fenêtres. La seconde cour, plus grande que la première, reliée à elle par un passage voûté,
offre une façade percée de quatre niches ornées de statues, et donne sur la rue des Guillemites.
Les statues représentent les "vertus" (force, vérité, prudence, justice, vigilance, sagesse), ainsi
que l'aurore et le crépuscule. Une terrasse, au 1er étage, donne sur la seconde cour.
La façade qui donne sur la rue Vieille du Temple montre un arc en plein cintre qui entoure un
bas-relief représentant deux "renommées", deux divinités ailées, sculptées par Thomas
Regnaudin (1660 ; on lui doit aussi la Galerie d'Apollon, au Louvre). Ce ne sont pas des anges
mais l'avatar des "déesses aux cent yeux et aux cent bouches", armées de "divines
trompettes", les fameuses trompettes de la renommée. La porte d'entrée est également ornée
de têtes de Méduse, jeunes femmes à la chevelure de serpents. Elle est ornée de panneaux
sculptés dans le style Mazarin représentant des scènes mythologiques grecques. Côté cour, le
fronton est aussi décoré : en sculpture se trouvent les fondateurs de Rome, Romulus et
Rémus, en compagnie de leur louve nourricière.
Intérieur
Le bâtiment historique représente une surface de 1 718 m2, flanqué d'un immeuble plus
moderne de 794 m2, et de 270 m2 de sous-sols. L'intérieur conserve des pièces exceptionnelles
avec boiseries, peintures et plafonds. Une partie des décorations intérieures est classée au titre
des Monuments historiques. La galerie de Psyché tire son nom des représentations artistiques
du personnage mythologique. Le plafond, peint par Michel Corneille l'Ancien, figure
L'Apothéose de Psyché au centre et Mercure et Psyché et Psyché enlevée par les Zéphyrs aux
extrémités. Le trumeau de la cheminée représente la Toilette de Psyché. Le plafond du salon
de Flore a été décoré par Joseph-Marie Vien au XVIIIe siècle, remplaçant le plafond original
peint par Simon Vouet et Michel Dorigny. La chambre à l'italienne a été reconstituée à la fin
du XXe siècle à partir de planches gravées d'après les dessins de Cottard. Seuls sont d’origine
la cheminée et le plafond peint par Louis de Boullongne, qui y a représenté Les Noces
d'Hercule et d'Hébé.
Visite du rez-de-chaussée
Résident célèbre
Le 9 octobre 1776, pour 6 600 livres par an, Beaumarchais loue l'hôtel entier. Il y
fonda la maison Rodriguez, Hortalez et Cie, subventionnée par les gouvernements
français et espagnol pour fournir aux colons américains insurgés contre le
gouvernement anglais, des armes et autres biens de première nécessité. Beaumarchais
y habite alors avec Marie-Thérèse Willer-Mawlaz qu'il épouse en troisièmes noces. Il
y a écrit Le mariage de Figaro (1778), pièce si osée qu'elle ne fut jouée que six ans
après. Il y composa aussi Tarare, donné à l'Opéra en 1787.
Situation actuelle
Les travaux de restauration en cours ont pour but de redonner tout leur lustre aux
éléments d’architecture et de décoration en respectant les styles d’époque.
Source historique : Paul Brenot, Un vieil hôtel du Marais, du XIVe au XXe siècle, Paris,
André Tournon et Cie, 1939.
Seconde cour, mur nord