Exposition Ahlam Shibli - Peuple et Culture Corrèze

Transcription

Exposition Ahlam Shibli - Peuple et Culture Corrèze
Goter
(Néguev, Palestine/Israël, 2002-2003)
« Goter », mot étranger à la langue arabe,
est employé par les Bédouins palestinens
du Néguev. Selon les habitants de cette
région, ce mot est dérivé de l’anglais « Go
there » (« Vas là-bas »), un ordre que les
Bédouins palestiniens ont souvent entendu de la bouche des militaires au cours
du Mandat Britannique (1917-1948).
Depuis le milieu des années 1960, les
habitants palestiniens d’ascendance
bédouine du Néguev ont été victimes
d’une politique du gouvernement Israélien de dépossession de leurs terres traditionnelles et de transfert vers
sept communes, en grande partie sans
consultation des personnes concernées.
Les terres qu’ils laissent lorsqu’ils partent vers de nouvelles villes sont ensuite mises à disposition des citoyens
juifs. Actuellement, environ la moitié
des 110 000 Bédouins palestiniens du
Néguev vivent dans ces communes.
Selon les statistiques officielles, ils
sont parmi les plus pauvres de toutes
les communautés en Israël, n’ont pas
un accès suffisant aux services publics,
subissent un taux élevé de chômage et
de criminalité et se voient dénier tout
projet viable de développement.
L’autre moitié des Bédouins palestiniens du Néguev a jusqu’ici refusé de se
déplacer vers ces communes afin de ne
pas perdre leurs terres et de ne pas être
soumis à des conditions de vie culturellement défavorables et socialement
dégradantes. Ils vivent dans plus d’une
centaine de villages non reconnus, où
les lois de l’État juif les empêchent de
construire des structures permanentes,
où les maisons sont régulièrement détruites, les champs décrétés illégaux par
les autorités arrosés avec des produits
chimiques toxiques, les familles expulsées de leurs foyer et où il n’y a aucun
accès à des services publics comme la
fourniture d’électricité ou d’eau potable,
les soins médicaux, l’assainissement et
l’éducation au-delà de l’école primaire.
L’œuvre d’Ahlam Shibli, Goter, photographies de villages non reconnus et
de communes « reconnues », dépeint
le dilemme des palestiniens d’ascendance bédouine vivant sous loi israélienne : « Là où nous avons notre maison, ce n’est pas notre terre, là où est
notre terre, nous n’avons pas notre
maison ».
Ahlam Shibli, Goter no 38, 2002 - 03, al-Qrain, al-Naqab, Palestine, argentique, noir et blanc,
38 x 56 cm
Exposition
Ahlam Shibli
Domaine de Sédières
6 mars - 16 mai 2010
Ahlam Shibli, Trauma no 42, argentique, noir et blanc, 38 x 57.6 cm, 2008 – 2009.
Chemin conduisant à l’abri rocheux qui servit de refuge à un des premiers groupes armés FTP
et aux hommes qui cherchaient à échapper à l’enrôlement par le Service du Travail Obligatoire de Vichy. Roc du Busatier, Marcillac la Croisille.
Trauma
Programme autour de l’exposition
Trauma (sous réserve de modifications)
Vernissage
Samedi 6 mars, domaine de Sédières
et visite de l’exposition avec ULRICH
LOOCK, directeur adjoint du musée
d’art contemporain de Porto.
Rencontres et visites commentées
Domaine de Sédières
Les dimanches 7, samedi 13 et dimanche 14 mars, avec AHLAM SHIBLI.
Les dimanches 4 et 25 avril : avec
DAVID MOLTEAU.
Droit de questions
Jeudi 3 mars, Tulle :
Les Travailleurs indochinois de la
Seconde guerre mondiale, une page
enfouie de l’histoire coloniale avec
PIERRE DAUM, journaliste
Films
Mercredi 10 mars, 20h30,
médiathèque intercommunale de
Tulle : Et la terre comme langue de
SIMONE BITTON
Mercredi 17 mars, 20h30, salle
Latreille, Tulle : Pacification en
Algérie d’ANDRÉ GAZUT, en sa présence
Dimanche 21 mars, 15h30, domaine
de Sédières : Vidéomapping et films
d’animations autour de la Palestine
Vendredi 26 mars, 18h30 et 21h
Cinéma le Palace, Tulle :
Le chagrin et la pitié de MARCEL OPHÜLS
Mercredi 31 mars, 20h30, salle
Latreille, Tulle : Histoire d’une terre
de SIMONE BITTON
Dimanche 11 avril, 15h30, domaine
de Sédières : La petite Russie de
PATRICK SÉRAUDIE
Mercredi 21 avril, 21h, Cinéma le
Palace, Tulle : Pour un seul de mes
deux yeux de AVI MOGRABI
Samedi 8 mai, 20h30, salle Latreille,
Tulle : Les massacres de Sétif, un
certain 8 mai 1945 de MEHDI LALLAOUI
Finissage de l’exposition
Dimanche 16 mai, 15h30, domaine
de Sédières
(Corrèze, France, 2008-2009)
ce en 1970 sous colonisation et occupaDepuis les années 80, Peuple et Culture
tion israélienne, Ahlam Shibli dont tout
invite des artistes en résidence à Tulle
le travail artistique est traversé par la
et dans le pays de Tulle. Entre la comquestion du « chez-soi », a été d’emblée
mande publique traditionnelle et l’œutouchée par le traumatisme, passé et
vre dite autonome, l’association explore
présent, subi par la population de Tulle
une troisième voie : celle d’un art rattale 9 juin 1944 : plus de 2000 hommes
ché à l’espace public par des procédures
raflés au petit matin par la division SS
de participation et d’échanges, et capaDas Reich. Après un tri arbitraire, 99
ble dans le même temps de produire des
pendus aux balcons
formes exemplaires. Des projets qui
« Il ne s’agit pas d’établir des de la ville et 141
déportés dont 101
partent d’un terriéquivalences, de comparer
mourront en camp
toire précis tel que
les deux situations, mais de
de concentration.
le décrit Edouard
« J’ai immédiateGlissant : un pays
regarder la complexité de
ment ressenti de
qui devient monde,
l’Histoire et en quoi une ville
l’empathie
avec
lieu « incontournaet ses habitants en portent des la population de
ble » mais qui n’a
signes, des traces... »
Tulle marquée par
de sens que s’il est
cette tragédie, une
ouvert. Les formes
empathie qui relevait d’un sentiment
artistiques produites induisent de la
d’humanité ».
reconnaissance et dans le même temps,
Puis, son observation à la fois fine et
des rapports d’étrangeté, des décalaradicale, sa sensibilité à toute situation
ges, des lignes de fuite. Un travail ard’oppression ont ouvert un autre angle,
tistique, qui justement parce qu’il part
une dimension paradoxale : dans cette
du local, de l’intime, peut atteindre
même population, souvent dans les mêune valeur générale, parler à d’autres
mes familles, se mêlent des personnes
ailleurs et fonctionner pour et hors du
qui ont souffert de la violence de l’occulieu précis où il a été conçu.
pation nazie, qui ont résisté et d’autres,
Pour ces résidences d’artistes, pas d’a
qui tout de suite ou quelques années
priori ni de commande particulière aux
après la Libération, ont participé aux
artistes pressentis, mais l’invitation à
guerres coloniales contre des peuples
partir de leur propre démarche, à porter
qui agissaient pour leur indépendance
un regard sur la ville et ses habitants.
et défendaient leur « chez soi » en
Palestinienne vivant depuis sa naissan-
Ahlam Shibli, Trauma no 15, numérique, couleur, 38 x 57.6 cm, 2008 - 2009
Daniel Espinat au Monteil à l’endroit
où son groupe du maquis s’entraînait
et dormait en juillet 1944.
Le Monteil, 25 juin 2008.
Indochine ou en Algérie.
A sa demande, Peuple et Culture a fait découvrir à Ahlam Shibli, les monuments, lieux, moments de commémorations officielles et grâce à
son réseau, l’a mise en contact avec des familles
des hommes pendus et déportés, des résistants,
d’anciens militaires de la guerre d’Indochine,
des appelés du contingent pendant la guerre
d’Algérie, des pieds noirs, des harkis, des opposants à la torture en Algérie, des algériens
immigrés, des vietnamiens amenés en France
par l’administration coloniale comme soldats
ou travailleurs forcés… Elle s’est entretenue
avec eux, les photographiant dans leur environnement, leur demandant de lui montrer des
objets, des documents extraits de leurs archives personnelles, des lieux… Ces hommes et ces
femmes forment une population hétérogène
dans laquelle s’incarnent et se croisent les deux
moments d’histoire. « Il ne s’agit pas d’établir
des équivalences, de comparer les deux situations, déclare- t-elle, mais de regarder la complexité de l’Histoire et en quoi une ville et ses
habitants en portent des signes, des traces…».
L’œuvre photographique de Ahlam Shibli ne
juge pas, ne dénonce pas, ne donne pas de leçons, ne discourt pas ; elle dessine et révèle un
portrait de ville dont la complexité enrichit notre rapport à l’histoire, au lieu dans lequel nous
vivons, au monde. Et donne à l’art sa fonction
politique par une vraie place dans la société
civile.
Manée Teyssandier,
Présidente de Peuple et Culture Corrèze.
Ahlam Shibli, Goter no 3, 2002-03
Amra, al-Naqab, Palestine
argentique, noir et blanc, 38 x 56 cm
Goter
(Néguev, Palestine/Israël, 2002-2003)
« Goter », mot étranger à la langue arabe,
est employé par les Bédouins palestinens
du Néguev. Selon les habitants de cette
région, ce mot est dérivé de l’anglais « Go
there » (« Vas là-bas »), un ordre que les
Bédouins palestiniens ont souvent entendu de la bouche des militaires au cours
du Mandat Britannique (1917-1948).
Depuis le milieu des années 1960, les
habitants palestiniens d’ascendance
bédouine du Néguev ont été victimes
d’une politique du gouvernement Israélien de dépossession de leurs terres traditionnelles et de transfert vers
sept communes, en grande partie sans
consultation des personnes concernées.
Les terres qu’ils laissent lorsqu’ils partent vers de nouvelles villes sont ensuite mises à disposition des citoyens
juifs. Actuellement, environ la moitié
des 110 000 Bédouins palestiniens du
Néguev vivent dans ces communes.
Selon les statistiques officielles, ils
sont parmi les plus pauvres de toutes
les communautés en Israël, n’ont pas
un accès suffisant aux services publics,
subissent un taux élevé de chômage et
de criminalité et se voient dénier tout
projet viable de développement.
L’autre moitié des Bédouins palestiniens du Néguev a jusqu’ici refusé de se
déplacer vers ces communes afin de ne
pas perdre leurs terres et de ne pas être
soumis à des conditions de vie culturellement défavorables et socialement
dégradantes. Ils vivent dans plus d’une
centaine de villages non reconnus, où
les lois de l’État juif les empêchent de
construire des structures permanentes,
où les maisons sont régulièrement détruites, les champs décrétés illégaux par
les autorités arrosés avec des produits
chimiques toxiques, les familles expulsées de leurs foyer et où il n’y a aucun
accès à des services publics comme la
fourniture d’électricité ou d’eau potable,
les soins médicaux, l’assainissement et
l’éducation au-delà de l’école primaire.
L’œuvre d’Ahlam Shibli, Goter, photographies de villages non reconnus et
de communes « reconnues », dépeint
le dilemme des palestiniens d’ascendance bédouine vivant sous loi israélienne : « Là où nous avons notre maison, ce n’est pas notre terre, là où est
notre terre, nous n’avons pas notre
maison ».
Ahlam Shibli, Goter no 38, 2002 - 03, al-Qrain, al-Naqab, Palestine, argentique, noir et blanc,
38 x 56 cm
Exposition
Ahlam Shibli
Domaine de Sédières
6 mars - 16 mai 2010
Ahlam Shibli, Trauma no 42, argentique, noir et blanc, 38 x 57.6 cm, 2008 – 2009.
Chemin conduisant à l’abri rocheux qui servit de refuge à un des premiers groupes armés FTP
et aux hommes qui cherchaient à échapper à l’enrôlement par le Service du Travail Obligatoire de Vichy. Roc du Busatier, Marcillac la Croisille.
Trauma
Programme autour de l’exposition
Trauma (sous réserve de modifications)
Vernissage
Samedi 6 mars, domaine de Sédières
et visite de l’exposition avec ULRICH
LOOCK, directeur adjoint du musée
d’art contemporain de Porto.
Rencontres et visites commentées
Domaine de Sédières
Les dimanches 7, samedi 13 et dimanche 14 mars, avec AHLAM SHIBLI.
Les dimanches 4 et 25 avril : avec
DAVID MOLTEAU.
Droit de questions
Jeudi 3 mars, Tulle :
Les Travailleurs indochinois de la
Seconde guerre mondiale, une page
enfouie de l’histoire coloniale avec
PIERRE DAUM, journaliste
Films
Mercredi 10 mars, 20h30,
médiathèque intercommunale de
Tulle : Et la terre comme langue de
SIMONE BITTON
Mercredi 17 mars, 20h30, salle
Latreille, Tulle : Pacification en
Algérie d’ANDRÉ GAZUT, en sa présence
Dimanche 21 mars, 15h30, domaine
de Sédières : Vidéomapping et films
d’animations autour de la Palestine
Vendredi 26 mars, 18h30 et 21h
Cinéma le Palace, Tulle :
Le chagrin et la pitié de MARCEL OPHÜLS
Mercredi 31 mars, 20h30, salle
Latreille, Tulle : Histoire d’une terre
de SIMONE BITTON
Dimanche 11 avril, 15h30, domaine
de Sédières : La petite Russie de
PATRICK SÉRAUDIE
Mercredi 21 avril, 21h, Cinéma le
Palace, Tulle : Pour un seul de mes
deux yeux de AVI MOGRABI
Samedi 8 mai, 20h30, salle Latreille,
Tulle : Les massacres de Sétif, un
certain 8 mai 1945 de MEHDI LALLAOUI
Finissage de l’exposition
Dimanche 16 mai, 15h30, domaine
de Sédières
(Corrèze, France, 2008-2009)
ce en 1970 sous colonisation et occupaDepuis les années 80, Peuple et Culture
tion israélienne, Ahlam Shibli dont tout
invite des artistes en résidence à Tulle
le travail artistique est traversé par la
et dans le pays de Tulle. Entre la comquestion du « chez-soi », a été d’emblée
mande publique traditionnelle et l’œutouchée par le traumatisme, passé et
vre dite autonome, l’association explore
présent, subi par la population de Tulle
une troisième voie : celle d’un art rattale 9 juin 1944 : plus de 2000 hommes
ché à l’espace public par des procédures
raflés au petit matin par la division SS
de participation et d’échanges, et capaDas Reich. Après un tri arbitraire, 99
ble dans le même temps de produire des
pendus aux balcons
formes exemplaires. Des projets qui
« Il ne s’agit pas d’établir des de la ville et 141
déportés dont 101
partent d’un terriéquivalences, de comparer
mourront en camp
toire précis tel que
les deux situations, mais de
de concentration.
le décrit Edouard
« J’ai immédiateGlissant : un pays
regarder la complexité de
ment ressenti de
qui devient monde,
l’Histoire et en quoi une ville
l’empathie
avec
lieu « incontournaet ses habitants en portent des la population de
ble » mais qui n’a
signes, des traces... »
Tulle marquée par
de sens que s’il est
cette tragédie, une
ouvert. Les formes
empathie qui relevait d’un sentiment
artistiques produites induisent de la
d’humanité ».
reconnaissance et dans le même temps,
Puis, son observation à la fois fine et
des rapports d’étrangeté, des décalaradicale, sa sensibilité à toute situation
ges, des lignes de fuite. Un travail ard’oppression ont ouvert un autre angle,
tistique, qui justement parce qu’il part
une dimension paradoxale : dans cette
du local, de l’intime, peut atteindre
même population, souvent dans les mêune valeur générale, parler à d’autres
mes familles, se mêlent des personnes
ailleurs et fonctionner pour et hors du
qui ont souffert de la violence de l’occulieu précis où il a été conçu.
pation nazie, qui ont résisté et d’autres,
Pour ces résidences d’artistes, pas d’a
qui tout de suite ou quelques années
priori ni de commande particulière aux
après la Libération, ont participé aux
artistes pressentis, mais l’invitation à
guerres coloniales contre des peuples
partir de leur propre démarche, à porter
qui agissaient pour leur indépendance
un regard sur la ville et ses habitants.
et défendaient leur « chez soi » en
Palestinienne vivant depuis sa naissan-