Tourisme, attractivité territoriale et cluster
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Tourisme, attractivité territoriale et cluster
UNIVERSITÉ DE TOULOUSE II - LE MIRAIL INSTITUT SUPERIEUR DU TOURISME, DE L’HÔTELLERIE ET DE L’ALIMENTATION MASTER TOURISME ET HÔTELLERIE Parcours « Management des Industries du Tourisme» MÉMOIRE DE PREMIÈRE ANNÉE Tourisme, attractivité territoriale et cluster Présenté par : Aurélie THIBAULT Année universitaire : 2013-2014 Sous la direction de : Sébastien RAYSSAC 1 2 UNIVERSITÉ DE TOULOUSE II - LE MIRAIL INSTITUT SUPERIEUR DU TOURISME, DE L’HÔTELLERIE ET DE L’ALIMENTATION MASTER TOURISME ET HÔTELLERIE Parcours « Management des Industries du Tourisme» MÉMOIRE DE PREMIÈRE ANNÉE Tourisme, attractivité territoriale et cluster Présenté par : Aurélie THIBAULT Année universitaire : 2013-2014 Sous la direction de : Sébastien RAYSSAC 3 L'ISTHIA de l'Université de TOULOUSE Le Mirail n'entend donner aucune approbation, ni improbation dans les projets tutorés et mémoires de recherche. Ces opinions doivent être considérées comme propres à leur auteur(e). 4 REMERCIEMENTS En premier lieu, il me parait indispensable de remercier mon maître de stage, Monsieur RAYSSAC Sébastien, pour sa disponibilité, son suivi régulier et ses précieux conseils durant nos échanges. Son cours de méthodologie sur la forme du mémoire a été aussi d'une grande importance pour moi, comme pour mes camarades. Je remercie toute l'équipe pédagogique de l'ISTHIA, pour la richesse de leur cours, leur attention et leur écoute. Je remercie plus particulièrement Madame BESSIÈRE Jacinthe pour son cours de méthodologie et ses conseils, Madame DUPUY Anne pour son cours d'analyse qualitative et Monsieur BARTHE Laurent pour celui d'analyse quantitative. Je tiens également à remercier les différents professionnels pour leur partage de connaissances, grâce auxquelles j'ai pu enrichir mon travail (Mme CHRISTOFLE, M. VERGER particulièrement). Je remercie de même, mon entourage et mes camarades qui ont su m'épauler et me soutenir dans la réalisation de ce mémoire. Enfin mes derniers remerciements se tournent vers ma famille pour leur présence, malgré la distance, plus particulièrement ma mère, ma sœur et ma cousine pour avoir eu de la patience à relire mon travail. 5 SOMMAIRE REMERCIEMENTS.........................................................................................................5 INTRODUCTION GÉNÉRALE ......................................................................................8 PARTIE I. L'attractivité territoriale et le concept de Cluster .......................................10 Chapitre 1 : L’avènement du territoire ............................................................................12 1.1 De l'entreprise à l'approche territoriale...........................................................................12 1.2 L’attractivité au cœur des projets territoriaux................................................................15 1.3 Le marketing territorial au service du développement territorial...................................18 1.4 La marque territoriale, une application du marketing territorial ...................................22 Chapitre 2 : Le concept de cluster....................................................................................26 2.1 Les origines du terme « cluster »....................................................................................26 2.2 Le cluster Porterien........................................................................................................30 2.3 « Un concept ombrelle » : le cluster, des formes multiples...........................................36 PARTIE II. Le Cluster de tourisme : des enjeux pour les destinations touristiques....41 Chapitre 3 : Le cluster appliqué au tourisme...................................................................43 3 .1 La destination touristique..............................................................................................43 3.2 Les nouveaux enjeux des destinations touristiques........................................................49 3.3 Le cluster de tourisme : structuration avantageuse de l'attractivité................................52 Chapitre 4 : Le cluster de tourisme, un écosystème de coproduction.............................58 4.1 Prise en compte et implication de tous les acteurs de l’expérience touristique.............58 4.2 Une meilleure coordination des acteurs favorise leur compétitivité..............................63 4.3 Naissance de synergies grâce à différentes formes de proximité...................................68 PARTIE III. La coproduction au cœur des clusters de tourisme : étude de cas...........72 Chapitre 5 : Présentation générale des clusters retenus pour cette étude........................74 5.1 Le cluster du Val d'Europe..............................................................................................74 5.2 Création d'un cluster de tourisme d'affaires à Toulouse.................................................80 5.3 « Goazen », le cluster du Pays Basque...........................................................................87 5.4 Bilan du terrain d'application.........................................................................................93 Chapitre 6 : Proposition d'une méthodologie et d'outils ................................................94 6.1 Quelle méthode choisir ? ...............................................................................................94 6 6.2 Le choix de l'échantillon................................................................................................96 6.3 Établir un guide d'entretien............................................................................................98 CONCLUSION.............................................................................................................102 BIBLIOGRAPHIE.........................................................................................................134 7 INTRODUCTION GÉNÉRALE L e travail que nous présenterons ici s'articule autour des thèmes de l'attractivité des territoires et du concept de cluster appliqué au tourisme. Les territoires ont subi, durant les dernières décennies de profondes mutations par les effets conjugués de la mondialisation, l'intégration européenne, le développement des nouvelles technologies, de l'information et de la communication, la mobilité croissante des facteurs de production ou bien encore de l'économie de la connaissance. Le territoire se base ainsi sur une notion de mouvement et de dynamique. Nous pouvons observer que les territoires manquent d'un regard prospectif sur les évolutions possibles de leur territoire et de leur attractivité, faute d'outil. Pourtant, dans ce contexte, il est nécessaire d'anticiper le futur et de ne pas se contenter d'une vision statique. Les premières recherches bibliographiques ont donc été consacrées à la définition de l'attractivité. Dans une première partie, nous définirons cette notion et nous verrons en quoi cette notion tend à devenir un enjeu primaire pour la croissance des territoires et leur compétitivité. Ensuite, nous analyserons une partie des outils offerts au territoire dans l'objectif d'optimiser son attractivité. Nous étudierons plus particulièrement le cas des clusters, une notion popularisée dans les années 1990 par Michaël PORTER, bien que les premiers travaux remontent à la fin du 19ème siècle. Ce concept repose sur la théorie de la croissance endogène soit la capacité d'un territoire a créer des économies externes favorables aux acteurs du territoire. Les acteurs territoriaux considèrent le tourisme comme un levier de développement économique majeur, essentiel à la compétitivité. Le secteur touristique génère des activités économiques directes et indirectes non négligeables mais n'a jamais vraiment été pensé en intelligence économique et territoriale. La mondialisation a entraîné un certain nombre de changement qui confronte la demande touristique à un grand nombre de choix de produits touristiques et de destinations. Face à une prise de conscience d'un développement du tourisme quasi-illimité et des enjeux liés à ce secteur, les territoires tentent, aujourd'hui de se repositionner. Il convient donc pour les acteurs du tourisme de réfléchir à la manière dont une destination peut se distinguer des autres afin d'augmenter les arrivées de touristes, en nombre. 8 Chaque acteur du tourisme ne peut y prétendre seul, il est nécessaire de s'insérer dans une logique de destination. Toute politique d'attractivité d'une destination touristique se retrouvera ainsi autour des thèmes de la visibilité et de la lisibilité. Le cluster peut-il être un moyen d'optimiser l'attractivité d'une destination touristique, de la rendre visible et lisible ? La première partie est donc le socle de connaissance sur lequel on se positionnera pour, dans une seconde partie, comprendre la logique des clusters appliqués au secteur touristique. Après avoir approfondi ce concept, nous étudierons plus particulièrement la notion de coproduction. L'attractivité devenue un enjeu pour les territoires, il s'agira d'étudier en quoi la logique de coproduction est une variable importante pour la réussite d'un cluster de tourisme. Nous tenterons de répondre à cette problématique au travers de trois hypothèses : La prise en compte et l'implication de tous les acteurs de l'expérience touristique ; d'un point de vue organisationnel, la coproduction permet une meilleure coordination des acteurs, favorisant leur compétitivité ; cet écosystème favorise les synergies entre les acteurs grâce à différentes formes de proximités. La deuxième partie, nous permettra ainsi d'obtenir une première piste de réponse avec le développement de ces hypothèses via des recherches bibliographiques. En revanche, ces hypothèses pourront être validées ou non qu'avec une mise en application de la méthode d'analyse choisie en troisième partie et construite grâce à la réalisation préalable d'un entretien exploratoire. 9 PARTIE I. L'ATTRACTIVITÉ TERRITORIALE ET LE CONCEPT DE CLUSTER 10 Les territoires ont subi, dans les dernières décennies de profondes mutations par les effets conjugués de la mondialisation, l'intégration européenne, le développement des nouvelles technologies, de l'information et de la communication, la mobilité croissante des facteurs de production ou bien encore de l'économie de la connaissance. Les territoires tentent, un à un, de se repositionner. La notion d'attractivité, de plus en plus présente au sein des stratégies territoriales prouvent l’intérêt accordé à ces impacts. Le premier chapitre sera consacré à l'évolution de la perception du territoire au sein de l'économie française et à la définition de la notion d'attractivité, cœur de nombreuses stratégies territoriales. Le second chapitre, quant à lui, traitera de la question des clusters comme outil d'optimisation de l'attractivité. 11 Chapitre 1 : L’avènement du territoire 1.1 De l'entreprise à l'approche territoriale 1.1.1 La mise en valeur du territoire, une conception post-fordiste L e développement local et la prise en compte d'une dynamique intégrante du territoire sont nés d'une remise en cause du fordisme. Pendant de nombreuses années, on distinguait, en France, la France industrielle de la France des campagnes (constituée de très petites entreprises). Cette hiérarchisation a été renforcée par le fait que « seule l'industrie pouvait favoriser le développement industriel » (PECQUEUR, 2000). Le fordisme reposait sur un mode de développement intensif où la production était associée à la consommation de masse. De plus, l'Etat-Providence restait omniprésent au cœur de ce développement (BONNEVILLE, 2006). L'industrie avait un rôle primordial. On restait dans l'optique que l'entreprise industrielle pouvait être motrice et pouvait avoir un pouvoir d'attraction fort. Elle pouvait à elle-seule attirer l'activité économique. La production industrielle se concentrait ainsi autour de la capitale ou de métropoles d'équilibres (BONNEVILLE, 2006). L'aménagement du territoire est donc apparu nécessaire pour corriger les disparités spatiales. Jean-François GRAVIER, a publié en 1947 « Paris et le désert français », un ouvrage qui mettait en évidence le déséquilibre marquant du territoire français et la nécessité d'une justice spatiale.1 Dans les années 1960-1970, nous pouvons remarquer une volonté de rompre cette image au moyen de politiques d'aménagement du territoire. La dimension spatiale qui était « neutre et passive » (PECQUEUR, 2000), prend du sens au sein de l'économie. Cette période va ainsi reposer sur un nouveau mode de développement qui « s’appuie, sur le plan spatial, sur l’émergence de nouveaux espaces économiques dans les régions urbaines et métropolitaines, à partir de compétences nouvelles ou plus anciennes présentent au niveau local » (BONNEVILLE, 2006). 1 Driss. Géographie du tourisme : Aménagement du territoire. Cours de Master 1 MIT, département ISTHIA, Université de Toulouse 2, 2014. BOUMEGGOUTI 12 1.1.2 Comment définir le territoire ? Le territoire est à la base le terrain des géographes, définit comme une « construction dont les limites présentent une relative stabilité dans l’histoire, repérable dans l’espace à travers une structure agraire cohérente (système de formes), portée par un milieu biophysique particulier » (MAIGROT, 2008). Cependant, d'autres activités ont progressivement trouvé des repères dans cette notion de territoire (économie spatiale, urbaine ou géographique ; sociologie urbaine ou rurale ; anthropologie urbaine...) (MEYRONIN, 2012). En marketing, la définition du territoire se définit comme étant : « Une réalité tout à la fois historique, socio-économique, institutionnelle, géographique ; des dimensions qui convergent pour donner à un ensemble d'acteurs publics et privés la conviction d'un destin partagé, dont une partie au moins se joue à travers le territoire » (MEYRONIN 2012). D'autres définitions peuvent aussi se retrouver à la confluence de différents courants de pensée. Pour DI MEO Guy (1996), la définition du territoire s'alimente non seulement de la géographie mais aussi de la philisophie, la sociologie et l'économie. Selon l'auteur, il existe deux éléments constitutifs du territoire : la composante « espace social » et la composante « espace vécu ». Dans son ouvrage « Géographie sociale et territoire », DI MÉO analyse « les territorialités propres aux différents acteurs sociaux, la fabrication des territoires par les populations, à la recherche d'ancrages à l'heure de la mondialisation »2. Le territoire va ainsi faire l'objet d'une multitude de définitions par l'ensemble des activités auxquelles il se rattache. Le territoire a, de plus, un caractère « mouvant et dynamique » (MEYRONIN, 2012). Néanmoins, nous considérerons dans ce travail de recherche une approche pluridisciplinaire privilégiée du territoire, à savoir, l'économie, l'aménagement et la géographie. Enfin, nous allons voir que le territoire va aussi faire l'objet d'une approche systémique où les acteurs qui le compose prennent toute leur importance. 2 JOLY Jean-françois. Geographie sociale et territoire, 2003. [en ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/157426> (Consulté le 2-04-2014). 13 1.1.3 Le territoire est un bien commun De nombreux auteurs comparent le territoire à « un système ». Ainsi, comme un système, « le territoire est une construction intellectuelle mouvante, évolutive, floue, et dont les caractéristiques correspondent totalement à celles que l’on peut attribuer plus globalement au principe de complexité » (MOINE, 2005). Selon ELISSALDE (2005), « Le territoire s’insère dans un système, au sein duquel il fonctionne selon une boucle de rétroaction avec la société, qui aménage, gère et organise le territoire, tandis que le territoire rétro-agit sur la société ». Ainsi, le territoire n'est plus « un espace approprié, il est agi » par les relations entre les acteurs qui le compose (MOINE, 2005). Selon Bernard PECQUEUR (2000), « le territoire n'est pas une échelle géographique de coordination entre acteurs (échelle infra-régionale, cantonale...) mais une dimension qui se situe entre l'individu et les systèmes productifs nationaux . Le territoire est alors plus qu'un réseau, c'est la constitution d'un espace abstrait de coopération entre différents acteurs avec un ancrage géographique pour engendrer des ressources particulières et des solutions inédites. » Finalement, un territoire s'insère dans un système où des éléments endogènes et d'autres exogènes sont en interrelations. Chaque territoire va évoluer différemment, des autres, en fonction des éléments qui composent ce système. Il est donc nécessaire de comprendre ces relations pour comprendre le caractère évolutif des territoires. 14 1.2 L’attractivité au cœur des projets territoriaux Nous venons de voir, précédemment, que le territoire a pris de l'importance au fil des années dans un grand nombre de secteurs et que son rôle au sein de l 'économie a été remis en cause. Comme nous le fait remarquer Michaël PORTER dans « L'avantage concurrentiel des nations » (1993), l'échelle de la concurrence se base, aujourd'hui, non plus sur les nations, mais sur les territoires au sein des nations. 1.2.1 Qu'est ce que l'attractivité pour un territoire ? Face à cette nouvelle concurrence, les territoire doivent être attractifs dans le temps et dans l'espace. Il est important de spécifier que la notion d'attractivité s'est développée au même moment que la notion de compétitivité entre les villes et les territoires. Il y a eu ainsi une volonté « de développer des dynamiques économiques susceptibles d'attirer de la main d’œuvre qualifiée ainsi que des richesses » (PORTER, 1993). Porter montre que le concept d'avantage concurrentiel des nations pouvait être adapté au territoire. Dans un cadre plus économique, « l'innovation n'est pas le facteur déterminant de la compétitivité mais c'est l'environnement de la nation qui pousse le processus d'innovation des entreprises ». C'est ainsi, l'environnement qui joue un rôle primordial pour la compétitivité d'une entreprise ou bien même d'un territoire. Selon Nathalie FABRY, (2009), « l'attractivité d'un territoire repose sur le tissu productif, le tissu résidentiel et le tissu touristique ». Il s'agit d'attirer des capitaux, des entreprises, des habitants et des touristes. L’attractivité territoriale peut aussi être défini comme « la capacité d'un territoire à attirer et maintenir des ressources financières, technologiques et humaines » (JUBLOT, 2012). Comme nous pouvons observer dans l'ouvrage de Bernard PECQUEUR (2000), le développement local a promu et renforcé une approche ascendante partant des acteurs locaux. On peut qualifier cette démarche par « un développement par le bas ». On comprend alors que le territoire doit compter sur ses propres forces et doit ainsi faire l'objet d'un développement endogène, à l'inverse des tendances capitalistes. Selon Guillaume JUBLOT (2012), il est important de prendre en compte les moyens matériels mais aussi les 15 moyens immatériels qui favorisent l'attractivité territoriale. En revanche, les moyens immatériels sont plus difficiles à quantifier. L'attractivité peut être mesurée au moyen d'indicateurs classiques (situation géographique, accessibilité...) mais aussi au moyen d'indicateurs plus pertinents (formations, qualifications, environnement, capital humain...). Nous allons voir que les sources d'attractivité du territoire sont multidimensionnelles, on distinguera les composantes dites classiques, des composantes endogènes au territoire. 1.2.2 Les composantes dites « classiques » d'un territoire L'attractivité d'un territoire fait souvent référence à des facteurs dits « classiques » : des facteurs géographiques et des « facteurs organiques » (MEYRONIN, 2012). Les atouts géographiques d'un territoire font référence à ses ressources naturelles et humaines : situation géographique, morphologie du territoire, proximité des ressources naturelles et matières premières, climat, démographie, proximité des grands réseaux d'échanges et de communication, présence d'AOC etc (MEYRONIN, 2012). Selon Nathalie FABRY (2009) les ressources naturelles du territoire comprennent aussi les ressources exploitables, les infrastructures, la main d’œuvre disponible, la technologie, le service public, l'environnement socio-économique et politique. Nous pouvons aussi constater la présence de composantes organiques qui selon Benoît MEYRONIN (2012), font référence à l'histoire, la culture et l'organisation d'un territoire. Il parle de « ressources identitaires et symboliques » (poids du territoire au niveau du département, de la région, de la nation ; le climat social, les dynamiques événementielles ; le poids de la culture et de la diversité ; le degrés de participation des acteurs...). 1.2.3 Les composantes endogènes d'un territoire Contrairement à ces facteurs plus « classiques », ils existent aussi des facteurs plus spécifiques et moins pris en compte par les différents acteurs qui ont pour objectif de mesurer l'attractivité. Il s'agit de concentrations géographiques d'acteurs qui représentent un ou plusieurs secteurs d'activités économiques. Ceci crée alors une présence renforcée de 16 savoirs-faire et de compétences qui peuvent être un facteur d'attractivité essentielle d'un point de vue économique. Bernard PECQUEUR (2000) cite dans son ouvrage, François PERROUX : « Ce ne sont pas les firmes qui, par la nature de leur production, sont motrices, et produisent des effets d’entraînement, ce sont toutes les institutions géographiquement concentrées dans l'urbain qui produisent la connaissance, laquelle est au cœur des processus actuel d'innovation ». 1.2.4 Le « soft power » Selon MEYRONIN (2012), le « soft power » a une place grandissante au sein de facteurs d'attractivité. Le « soft power » est un terme américain et contraire au « hard power ». A l'inverse de mettre en place des forces militaires et économiques pour attirer des capitaux financiers et humains, le « soft power » est un moyen d'attirer et de maintenir des acteurs (population, entreprise...) par l'attraction, l'influence. C'est « influencer le comportement d'autres acteurs par des moyens non coercitifs et intangibles. »3 Il s'agit d'une attractivité endogène, d'une démarche défensive (JUBLOT,2012). Finalement, Nathalie FABRY (2009) évoque le « concept d'avantage à la localisation » de J.DUNNING (1993) où les entreprises tireront des avantages de la différence du coût, entre l'accès aux ressources d'un pays d'origine et celui d'un pays d'accueil. Les facteurs d'attractivité sont propres à chaque localisation. Ainsi, un territoire dispose d'avoirs naturels et construits. Ceux-ci doivent évoluer dans le temps et dans l'espace de manière à renforcer la durabilité de l'attractivité du territoire. 3 La puissance américaine : le soft power. [en ligne] Disponible sur : <http://www.assistancescolaire.com/eleve/4e/geographie/reviser-une-notion/la-puissance-americaine-le-soft-power4_geo_20>. (Consulté le 23-1-2014). 17 1.3 Le marketing territorial au service du développement territorial Dans un contexte concurrentiel fort, l'idée est d'investir dans une politique d’image, de différenciation, de spécialisation et de valoriser ses qualités. C'est pour ainsi dire, la stratégie marketing des entreprises. Nous allons voir que les stratégies territoriales ont tendances à imiter ce mode de fonctionnement. Selon Jacques BREILLAT « Le marketing territorial cherchera à promouvoir une image active du territoire favorable au développement local, en renforçant son attractivité pour attirer des entreprises extérieures (développement économique exogène) ou renforcer l’activité des entreprises locales (développement économique endogène)»4. 1.3.1 Le rôle clé de la dimension collective dans le soutien à l'attractivité des territoires À la différence d'une entreprise, le développement d'un territoire ne résulte pas de la décision d'un seul acteur mais repose la synergie d'actions menées par des acteurs différents, d'où entre en jeu la notion de système (voir Page 14). Tout d'abord, le système comprend des acteurs publics. « Les phases successives de décentralisation ont profondément modifié l’image et le fonctionnement institutionnel des systèmes politiques et administratifs locaux. »5. Aujourd'hui, chaque territoire fonctionne de manière plus indépendante et conceptualise son projet de développement en autonomie. Puis le système peut être aussi constitué d' initiatives privés ou encore individuelles. L'ensemble de ces acteurs peuvent être regroupés au sein « d’un projet collectif, d’alliances, de gouvernances formalisées ou sous des « marques territoriales » (Iamsterdam, Be Berlin, Only Lyon, Hubstart Paris®). »6. Cette multiplicité d'acteurs et de 4 5 6 Jacques BREILLAT. Marketing territorial : comment construire l’attractivité locale?. [en ligne] Disponible sur : <http://www.reputation-day.com/Marketing-territorial-comment-construire-l-attractivite-locale_a125.html> (Consulté le 25-1-2014). Jacques BREILLAT. Marketing territorial : comment construire l’attractivité locale?. [en ligne] Disponible sur : <http://w1p.fr/152784 > (Consulté le 25-1-2014). Vincent GOLLAIN. Le marketing territorial au service de l’attractivité des territoires. 2013, 9p. [en ligne] Disponible sur: <http://w1p.fr/152785 > (Consulté le 26-1-2014). 18 strates administratives peut entraîner une certaine complexité quant à la coopération et la mise en place de politiques publiques. « Chaque territoire s’est transformé progressivement en « pôle de gouvernance » comprenant à la fois une multiplicité d’acteurs (élus, fonctionnaires territoriaux, citoyens, associations…) ; une sédimentation des différentes strates d’administration (communes, départements, régions, pays, intercommunalités…)» (Ibid.) C'est ici qu'intervient la notion de gouvernance locale : Il s'agit d'un « mode de management territorial qui suscite la coopération et la coordination des acteurs locaux (les entreprises, les collectivités locales, la société civile…) dans une dynamique qui tend à construire ou reconstruire l’identité territoriale afin de mieux capter les flux d’investissement. »7 Chaque acteur a un rôle spécifique dans l'optimisation de l'attractivité d'un territoire, en revanche, les interventions de chacun doivent être coordonnées afin de développer des stratégies locales cohérentes. 1.3.2 Les stratégies locales de développement 1.3.2.1 L'attractivité, enjeu des stratégies locales Les stratégies de développement local sont de nouvelles sources de croissance. Chaque territoire doit désormais déployer des efforts pour que « sa valeur perçue soit durablement supérieure à celle des territoires concurrents ».8 En revanche, l'engagement des acteurs peuvent être différent d'un territoire à un autre. La vision d'un territoire, dans le temps et dans l'espace, quant à elle, est totalement différente selon les activités exercée sur celui-ci. Finalement, les stratégies territoriales doivent permettre d’articuler des activités hétérogènes mais complémentaires afin de renforcer l'attractivité d'un territoire. 7 8 Cadre d’intelligibilite theorique de la gouvernance. [en ligne] Disponible sur: <l http://w1p.fr/152782 > (Consulté le 26-1-2014) THÉBAULT Marc Peau d’âme, le marketing territorial révélé. 2011. [en ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/155297 > (Consulté le 25-1-2014). 19 Comme nous l'avons vu, l'attractivité d'un territoire est sa capacité à attirer les populations, les entreprises et les touristes. Les priorités d'accueil peuvent ainsi être très différentes d'un territoire à un autre en fonction des formes d'attractivité envisagées. Ils existent trois modes d'intégration de l'attractivité dans les stratégies territoriales9 (voir Figure 1.). Figure 1: Mode d'intégration de l'attractivité dans les stratégies territoriales. ATTRACTIVITÉ Objectif central de la stratégie globale du territoire Car le territoire : - a un fort déficit d'attractivité - doit anticiper le déclin d'attractivité Objectif de tous les axes stratégiques (actions lisibles et coordonnées) Objectif d'un des axes stratégiques seulement Car le territoire : - doit renforcer l'attractivité globale via ses différents axes de développement Car le territoire : - veut renforcer l'attractivité dans un certain domaine Source : Les notes de l'observatoire. L'attractivité territoriale dans les projets d'agglomération et de pays. 1.3.2.2 Les outils du marketing territorial Comme nous l'avons observé précédemment, les territoires utilisent à présent le même raisonnement que les entreprises. Ils vont même jusqu'à utiliser les mêmes outils, les mêmes méthodes dans le seul but de se démarquer de leurs concurrents. L'enjeu du territoire est de « constituer l'excellence locale face à la concurrence »10. 9 Les notes de l'observatoire. L'attractivité territoriale dans les projets d'agglomération et de pays. [en ligne]. Disponible sur: <http://w1p.fr/152783 > (Consulté le 25-1-2014). 10 Jacques BREILLAT. Marketing territorial : comment construire l’attractivité locale?. [en ligne] Disponible sur : <http://www.reputation-day.com/Marketing-territorial-comment-construire-l-attractivite-locale_a125.html> (Consulté le 26-1-2014). 20 Pour cela il existe de nombreux outils comme : ➢ Des outils de connaissance : statistiques, enquêtes, analyse SWOT, analyse PESTEL etc. ➢ Des outils de pilotage : marketing stratégique (segmentation/ciblage /positionnement), marketing-mix, évaluation. ➢ Les outils d'action : promotion, mobilisation des acteurs locaux, aménagement, amélioration de l'offre locale... Cependant, le « copier/coller » de cette pratique n'est pas systématique et ne devrait pas l'être puisqu'il entraîne une certaine efficience et uniformisation du marketing territoriale. Le développement d'un territoire répond à des logiques différentes du développement des entreprises. Il n'est pas possible de maîtriser entièrement les facteurs d'un territoire et son image (bonne humeur des habitant, accueil professionnel, météo...). Les actions proposées par les territoires au sein de leurs stratégies sont généralement de l'ordre de l'environnement entrepreneurial. L'objectif étant de les convaincre de s'implanter sur le territoire. Voici quelques exemples d'actions entreprises par les territoires : • « Amélioration des voies de communication ; • Création ou requalification des zones d'activités ; • Développement d'une offre immobilière et foncière ; • Développement d'un réseau haut débit ; • Développement d'un traitement des déchets industriels. »11 D'autres stratégies peuvent aller plus loin : certains territoires misent leur différenciation avec des compétences spécialisées ou avec la création de pôles d'activités. De cette manière, le territoire soutient ces filières et entreprend les actions nécessaires à leur bon développement (aménagement, soutien aux entreprises, partenariat avec l'enseignement et la recherche...). 11 Les notes de l'observatoire. L'attractivité territoriale dans les projets d'agglomération et de pays. [en ligne] Disponible sur: <http://w1p.fr/152783> (Consulté le 26-1-2014). 21 1.4 La marque territoriale, une application du marketing territorial 1.4.1 Qu'est ce qu'une marque territoriale? La marque ne repose pas seulement sur un nom (le territoire ou la destination) mais aussi sur des attributs et des valeurs. Nous pouvons définir la marque comme « un repère mental sur un marché qui s'appuie sur des valeurs tangibles et des valeurs intangibles ». 12 La démarche de marketing territorial repose sur des études de recherches sur l'identité culturelle d'un territoire et son actualité. Ce travail peut ainsi mobiliser de nombreux acteurs tels que des chercheurs, historiens, sociologues, écrivains, géographes, habitants... Ainsi, il ne faut pas créer une marque, mais une histoire de marque. Autrefois, la stratégie de marque était du ressort des entreprises à des fins de valorisation de produit ou du service. Aujourd'hui, la sphère publique a compris l’intérêt bénéfique d'une marque forte et l'intègre à sa stratégie de développement territorial (BOSSU, 2013). «Le marketing territorial est appelé à s'étendre à l'ensemble des régions françaises et européennes, non seulement du fait des économies qu'il permet de générer, mais aussi parce qu'il correspond à la nécessité de réorganiser les collectivités sur un modèle adapté à la concurrence accrue à laquelle elles sont de plus en plus confrontées».13 La marque est au service de la stratégie. Elle ne doit pas être une finalité mais doit refléter une stratégie globale d'attractivité. Elle annonce une vision et un positionnement. De plus, il est important de distinguer la marque institutionnelle de la marque territoriale. La marque institutionnelle a pour rôle, la promotion des services et des activités d'une ville auprès des habitants, acteurs économiques et touristes. La ville peut ainsi décider de créer une marque pour se promouvoir ou promouvoir ses services.14 12 LEWI Georges et LAGOEILHE Jérôme. Branding management: la marque, de l'idée à l'action. 480p. [en ligne] Disponible sur: <http://w1p.fr/152780 > (Consulté le 28-1-2014) 13 PETIT Lore. Les régions déploient leurs marques. Information traitée dans Stratégies Magazine n°1655. [en ligne] Disponible sur: <http://w1p.fr/153743> (Consulté le 11-02-2014) 14 GOLLAIN Vincent. Marque territoriale d'une ville : quelques repères. 2012. [en ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/153746 > (Consulté le 11-2-2014). 22 Contrairement au marketing institutionnel d'une ville, le marketing territorial (vu précédemment) a une vision collective et associe les acteurs clés d'un territoire. 1.4.2 La pluralité des rôles d'une marque territoriale Les collectivités locales ont besoin, aujourd'hui, d'affirmer leur identité et d'optimiser leur attractivité pour des raisons internes (cohésion sociale, projets locaux) et externes (concurrence, notoriété...). Mais la marque a plusieurs fonctions. Elle doit fournir : ➢ des bénéfices à la population locale comme à la population cible ; ➢ une identité distinctive des autres villes ou destinations ; ➢ une certaine « culture de marque », une atmosphère bénéfique aux résidents locaux ; ➢ des éléments physiques de reconnaissance de la marque. La marque doit être facilement repérable au sein de la ville ou de la destination. (BOSSU, 2013, p38 ; MEYRONIN 2012, p127) Elle permet au consommateur de mieux identifier le produit, elle protège des « copier/coller », elle rassure le client par un gage de qualité et met en avant une identité personnelle et singulière qui pourrait justifier une différence de prix.15 Pour les territoires, la marque est un moyen d'être reconnu auprès des cibles endogènes ou exogènes. Elle est un vecteur d'image et de notoriété. Mais elle permet aussi d'améliorer l'organisation d'un territoire en fédérant les acteurs territoriaux. La marque a aussi un enjeu économique car elle permet de dynamiser l'économie locale et un enjeu stratégique lorsqu'elle guide l'action publique. Enfin elle agit aussi sur la qualité de vie des habitants et renforce leur fierté d'appartenance au territoire. Ainsi, la marque territoriale vise à mobiliser l'ensemble des acteurs d'un territoire car elle va « renforcer l’attractivité de la ville par un système de valeurs, un discours ou des actions permettant de renforcer la notoriété globale de cette destination par la puissance de la cohérence créée. »16 15 FÉRÉROL Marie-Eve. Le développement économique en mode "Marque Territoriale" : l’exemple du Pays Basque français1.13p. [en ligne] Disponible sur: <lhttp://w1p.fr/152781 > (Consulté le 28-1-2014) 16 GOLLAIN Vincent. Marques territoriales d'une ville: quelques repères. 2012. [en ligne] Disponible sur: <http://w1p.fr/153746> (Consulté le 11/-02-2014) 23 1.4.3 Typologie des marques territoriales D'après une étude réalisée par Benoît MEYRONIN, il est possible de distinguer cinq types de marques territoriales. ➢ « Les marques de terroirs ; ➢ les marques de pays ; ➢ les made-in ; ➢ la marque ville ; ➢ les marques de filières, de pôles et de clusters » (BOSSU, 2013). Dans le cadre de cette recherche, nous nous intéresserons plus spécifiquement aux marques villes et aux marques de filières, pôles ou clusters. Les marques territoriales émergent de plus en plus dans un contexte de communication publique. Après les villes (Only Lyon, Osez Bordeaux...), on remarque une émergence des marques territoriales au niveau des régions (voir Figure 2: Carte des marques territoriales). Figure 2: Carte des marques territoriales Source : THÈBAULT Marc. Carte des marques territoriales. 2013 [en ligne]. <http://w1p.fr/157203> 24 Quant aux marques de filières, pôles ou clusters, il s'agit, « d'associer un savoir-faire industriel bien précis à un territoire » (BOSSU, 2013). Julia Bossu prend l'exemple de la Télécom Valley de Sophia Antipolis, cluster des acteurs de l'économie numérique azuréenne avec un savoir-faire basé sur les technologies de l'information et de la communication. Finalement, nous pouvons rendre compte de l'importance qu'occupe le marketing territorial et ses différents outils. Chaque ville, territoire est différent des autres et doit ainsi mettre en avant ce caractère unique. Chaque territoire a pour objectif d'optimiser son attractivité, de développer une offre cohérente et d'entrer dans une démarche collective. C'est avec cette démarche dynamique que le marketing territorial portera ses fruits et c'est dans cette continuité que nous analyserons l'émergence des clusters. 25 Chapitre 2 : Le concept de cluster. 2.1 Les origines du terme « cluster ». 2.1.1 Les « districts industriels » de A. MARSHALL C 'est au début des années 1990, que le concept de cluster se fait connaître au plus grand nombre. Michaël PORTER, professeur de stratégie d'entreprise au sein de la prestigieuse Harvard School Business, va populariser la notion des phénomènes de regroupement d'entreprises. Cependant, il est nécessaire de rappeler que les premiers travaux menés sur les économies d'agglomérations de l'industrie remontent à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème siècle (CLERGEAU, VIOLIER, 2013). Dans un contexte de révolution industrielle prônant l'utilisation généralisée des machines pour la production de biens de consommations, va naître un certain nombre de théories économiques nouvelles. En 1890, Alfred MARSHALL, figure dominante de économie britannique développera la théorie d'agglomération industrielle, d'où naîtront les études sur les effets externes et les districts manufacturiers.17 Dans ses différents ouvrages « Principles of Economy » (1890) et « Industry and Trade » (1919), il définit les districts industriels comme un regroupement d'entreprises interdépendantes qui se réunissent autour d'un marché du travail spécialisé dans un espace géographique limité.18 MARSHALL met ainsi en valeur le rôle fondamental du territoire dans l'organisation industrielle et l'existence de ses effets d'économies externes. Générées par le district industriel, ces économies externes procurent un ensemble d'avantages aux entreprises intégrées au district, c'est-à-dire des réductions de coûts de production et de transaction, l'osmose et le partage de compétences et de ressources basés sur la confiance et favorisés par la proximité, le développement de zones de travail spécialisées et la hausse du nombre d'industrie intermédiaires (Ibid. ; PECQUEUR, 2000). 17 Researching : clusters and bechmarks. Les districts industriels et leurs déclinaisons contemporaines. [en ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/155304 > (Consulté le 15-12-2013). 18 LEDUCQ Divya et LUSSO Bruno. Cybergeo. Le cluster innovant : conceptualisation et application territoriale, 2011. [en ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/155303>. (Consulté le 15-12-2013). 26 Selon MARSHALL, il existe deux types d'organisations industrielles, « d’une part l’organisation sous commandement unique de la division technique du travail intégré au sein d’une grande entreprise »19 puis d'autre part « la coordination par le marché et par le « face-à-face » (la réciprocité), d’une division du travail désintégrée entre des firmes plus petites spécialisées dans de grands segments du processus productif » (Ibid.). Les relations interpersonnelles apparaissent aussi comme des facteurs clés de la productivité des entreprises et de la création d'innovations. De ces relations, s'installent une certaine confiance entre les différents acteurs, une mutualisation des savoirs-faire et des relations de coopération. C'est ainsi que MARSHALL introduit la notion d' « atmosphère industrielle » (DAIDJ, 2011) qui doit être recherchée et encouragée. « Les secrets de l’industrie cessent d'être des secrets; ils sont pour ainsi dire dans l'air, et les enfants apprennent inconsciemment beaucoup d'entre eux. On sait apprécier le travail bien fait ; on discute aussitôt les mérites des interventions et des améliorations qui sont apportées aux machines, aux procédés, et à l'organisation générale de l'industrie. Si quelqu'un trouve une idée nouvelle, elle est aussitôt repris par d'autres, et combinée avec de idées de leur crû ; elle devient ainsi la source d'autres idées nouvelles. Bientôt des industries subsidiaires naissent dans le voisinage, fournissant à l'entreprise principale les instruments et les matières premières, organisant son trafic, et lui permettant de faire bien des économies diverses. » (Marshall, 1890, p.119) Le territoire doit ainsi endogéneiser son expansion à partir de relations de confiances et d'une certaine coopération entre ces acteurs géographiquement proches et capables interagir entre eux. Ses travaux, novateurs pour l'époque ont longtemps été ignorés. 19 FREY Olivier. Le Blog du Bénévolat et du Mécénat des compétences. Les territoires modèles développés dans la théorie économique,2011. [en ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/155306 > (Consulté le 15-12-2013). 27 2.1.2 L'apparition de dynamismes locaux : le cas de la Sillicon Valley et de la Route 128 Dans les années 1970-1980, de l'autre côté de l'Atlantique, la Sillicon Valley et la Route 128 (Massachusetts, Boston) deviennent des exemples classiques et incontournables en matière de dynamisme local. Un dynamisme né d'un bassin de travail spécialisé où les compétences technologiques, les infrastructures, les connaissances et savoir-faire se sont accumulés.20 « Les firmes se font une concurrence intense tout en apprenant les unes des autres sur les technologies et les marchés changeants, grâce à des systèmes de communication informels et à des pratiques collaboratrices. »21 Leur organisation en réseau et la prise en compte de leur environnement ont été la clé de leur réussite. C'est à cette époque que naissent les nouvelles théories néoclassiques de la croissance économique ou encore les théories de la croissance endogènes. Jusqu'ici, pour les chercheurs les grandes entreprises avaient une place capitale dans la modalisation d'un milieu. La rupture économique survenue en 1974, aux États-Unis, a affaibli le poids des grandes entreprises et de cette rupture est apparu un décalage entre l'entreprise et le développement territorial.22 Comment des territoires sous-développés ont réussi à se développer et à innover, tandis qu'à l'inverse des territoires industrialisés ont été incapables de faire face à cette crise ? Il y a ici une inversion des rôles qui étaient jusqu'à présent acquis. Des territoires se différencient et des dynamismes locaux apparaissent. Le territoire prend de l'importance par ses effets endogènes. La technologie commence a jouer un rôle important pour les petites entreprises et leur capacité à innover de manière rapide et souple. En revanche, le coût important de la recherche et l'apprentissage de la technologie va oblige celle-ci à nouer des liens interentreprises (alliances et réseaux d'innovation). Ce nouveau type de fonctionnement basé sur la coopération permet de répondre à une demande plus diversifiée et une concurrence internationale plus accrue (Ibid). 20 LEDUCQ Divya et LUSSO Bruno. Cybergeo. Le cluster innovant : conceptualisation et application territoriale, 2011. [en ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/155303>. (Consulté le 18-12-2013). 21 LEE SAXENIAN Anna. Sillicon Valley, les secrets d'une réussite. Sciences Humaines, 2000 [en ligne]. Disponible sur: <http://www.scienceshumaines.com/silicon-valley-les-secrets-d-une-reussite_fr_12105.html#1>. (Consulté le 25/11/13). 22 LEDUCQ Divya et LUSSO Bruno. Cybergeo. Le cluster innovant : conceptualisation et application territoriale, 2011. [en ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/155303>. (Consulté le 18-12-2013). 28 Les travaux de Paul ROMER sur la théorie de la croissance fondée sur la connaissance peuvent notamment être cités. La croissance économique ne repose, ainsi, plus sur le travail brut ou l'accumulation de capital physique mais surtout sur l'accumulation du capital social.23 2.1.3 La réappropriation du concept marshallien De plus, la crise économique et la remise en cause du modèle fordiste vont influencer la réappropriation du concept marshallien. Des économistes italiens repensent aussi aux avantages que procurent les concentrations des activités sur un territoire. Giaccomo BECATTINI introduit la notion de « district industriel » ou « district marshalliens » pour définir l'Italie du Nord.24 Avec cette notion, l'importance du capital social dédié à la croissance économique, s'approfondit et devient source d'avantages compétitifs. Il définit le « district industriel » comme étant : « Une entité socio-territoriale caractérisée par la coexistence active d'une communauté ouverte d'individus et d'une population segmentée d'entreprise. À partir du moment où, communauté d'individus et population d'entreprises occupent le même territoire, il est inévitable qu’il y ait interaction entre les deux. Il y a donc symbiose entre activités productives et vie communautaire. La communauté est ouverte car la nature industrielle du district ainsi que les problèmes liés aux profits croissants qui en résultent génère des flux permanents de biens et de personnes. La population des entreprises est segmentée dans la mesure où les différentes phases du processus productif sont réparties entre ces entreprises, chacune d'entre elles se spécialisant dans l'accomplissement d'une ou plusieurs phases. » (BECATTINI, 1989, 1991)25. L'étude de BECATTINI a permis d'unifier des travaux qui portaient à la fois sur l'économie, la sociologie et la géographie locale. Il s'agit alors d'un passage d'une étude purement économique chez MARSHALL à des travaux socio-économiques chez BECATTINI. 23 Economiqs, Au cœur de l'économie mondiale. Croissance exogène et croissance endogène. [en ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/155308 > (Consulté le 20-12-2013). 24 LEDUCQ Divya et LUSSO Bruno. Cybergeo. Le cluster innovant : conceptualisation et application territoriale, 2011. [en ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/155303>. (Consulté le 15-12-2013). 25 Researching : clusters and bechmarks. Les districts industriels et leurs déclinaisons contemporaines. [en ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/155304 > (Consulté le 15-12-2013). 29 2.1.4 Les milieux innovateurs du GREMI En 1984, le Groupe de Recherche Européen sur les Milieux Innovateurs (GREMI) réétudie les bases du développement économique régional et la place de l'innovation dans celui-ci. En 1985-1986, le GREMI met en place cinq programmes à partir des hypothèses lancés par ADAYOT (fondateur du GREMI), sur le concept de « milieux innovateurs ». Ainsi, un milieu innovateur désigne « un ensemble territorialisé, ouvert sur l’extérieur – c'est-à-dire le marché et l’environnement technologique, qui intègre et maîtrise des savoirfaire, des règles, des normes, des valeurs et un capital relationnel » (AYDALOT, 1986)26. 2.2 Le cluster Porterien 2.2.1 Définition du cluster par PORTER Michaël PORTER, professeur de stratégies d'entreprises à la Havard Business School, se déclare également spécialiste de l'économie du développement. PORTER a ainsi étudié le développement d'un avantage concurrentiel sur un territoire non transposable à un autre. Il souhaitait mettre en avant les compétences distinctives d'un territoire. En 1990, dans son ouvrage L'avantage compétitif des nations, PORTER démontre que la prospérité d'un pays n'est pas héritée, mais construite. Par la suite, il transposera cette notion aux entreprises, à leurs capacités à innover et s'adapter et finalement leur capacité à puiser dans leurs territoires (CLERGEAU et VIOLLIER, 2013). Le territoire doit être organisé pour créer des « synergies et des fertilisations croisées » (JUBLOT, 2012). PORTER va mettra en avant les déterminants de l'avantage concurrentiel d'un pays et adaptera cette analyse (voir Figure 3: Le "diamant" de Michaël Porter) à des régions qui concentre une activité dominante. PORTER a, dans les années 1990, rendu hommage aux travaux d'Alfred MARSHALL longtemps ignorés et introduira la notion de cluster et les avantages de concentration des activités sur un territoire. 26 LEDUCQ Divya et LUSSO Bruno. Cybergeo. Le cluster innovant : conceptualisation et application territoriale, 2011. [en ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/155303>. (Consulté le 21-12-2013). 30 Au travers de nombreuses études, MARSHALL a décrit le fonctionnement des clusters comme « une concentration géographique d'entreprises liées entre elles, de fournisseurs spécialisés, de prestataires de services, de firmes d'industries connexes et d'institutions associées (universités, agences de normalisation ou organisations professionnelles, par exemple) dans un domaine particulier, qui s'affrontent et coopèrent » (CLERGEAU, VIOLLIER 2013 ; PORTER, 2000). Ainsi, le cluster selon PORTER est synonyme de regroupement d'acteurs (publics, privés et institutionnels) sur le plan géographique et économique, renforcés par des interactions fortes entre les acteurs liés par une même activité et des objectifs communs ou complémentaires. Son étendue géographique peut varier d'une ville à une région, à un pays entier voire à un réseau de pays limitrophes. Dans les années 1990, les définitions du cluster sont nombreuses. Cela est dû à la diversité des clusters qui changent selon le type de biens ou de services, leur localisation, leur développement et leur environnement (DAIDJ, 2011 ; KETELS, 2003). En revanche, la notion de « cluster » a été indéniablement popularisé grâce à Porter. Malgré cette hétérogénéité de définitions, des attributs communs sont tout de même retrouvés : a) Les clusters constituent des regroupements d'entreprises et d'institutions (centres de recherches, centres de formations, universités...) liés par une activité dominante et sur un territoire spécifique. b) Les entreprises sont issues du même secteur, ou d'un secteur complémentaire. Elles peuvent partager un même domaine de compétences. c) Les acteurs entretiennent des relations verticales (entre les secteurs économiques et la recherche, par exemple) ou des relations horizontales (au sein d'une même filière). d) La proximité géographique induit des effets positifs liés à l'accés à « des ressources tangibles et intangibles spécifiques mais aussi à des compétences fondamentales » (DAIDJ, 2011). 31 2.2.2 Les déterminants de l'avantage concurrentiel des entreprises Pour PORTER, les clusters reposent sur un système relationnel structuré sous la forme d'un « diamant ». Celui-ci présente l'environnement de l'entreprise dans un contexte de rapport de forces et d'interactions entre ses acteurs (CLERGEAU, VIOLLIER, 2013). Figure 3: Le "diamant" de Michaël Porter Contexte entrepreunarial Condition des facteurs Condition de la demande Industries connexes et d'assistance Source : Michaël PORTER. L'avantage concurrentiel des nations. P570 et suivantes, 1993. Sont ainsi distingués : ➢ Le contexte entrepreneurial : il regroupe l'ensemble des entreprises qui produisent des biens et des services pour former le cluster autour d'un savoir-faire spécifique. Ces entreprises au cœur d'une concurrence directe sont amenés à travailler sur l'augmentation de la productivité et de l'innovation. ➢ L'état de la demande : qui fait référence à l’exigence des clients dans une économie et qui finalement pousse les entreprises à améliorer leur compétitivité par l'innovation, la qualité, etc. ➢ La présence, la densité et les dynamiques des « industries connexes et d'assistance » : elles facilitent les échanges continus d'informations, d'idées et d'innovations. La proximité géographique établit un lien direct entre les acteurs du territoire et facilite ainsi le développement de liens interpersonnels et informels. ➢ Les conditions des facteurs : Ils regroupent des facteurs spécialisés de production crées et difficilement reproductibles. Ces facteurs comprennent une main d’œuvre qualifiée, des capitaux et des infrastructures qui supposent donc des investissements lourds et stables. Ils regroupent aussi des ressources humaines 32 (effectifs, qualifications, coûts), des ressources physiques (situation géographique, climatique, disponibilités des matières premières), des ressources en savoir (savoir scientifique, techniques...) incluant la présence de centres de formations, de recherches, de laboratoires, d'infrastructures (transports, réseaux de communication réels et virtuels) et tous les éléments relatifs à la qualité de vie (Porter, 1993). Michaël PORTER (1993) insiste sur la présence d'autres déterminants dont le rôle de l’État. Selon lui la puissance publique peut influencer, directement ou indirectement, les quatre déterminants précédents, que ce soit par l'attribution de subventions, la mise en place de politiques de formation, la gestion des capitaux ou encore de la réglementation. Le spécialiste ajoute qu'il faut plus d'une interaction au sein du « diamant » afin de construire durablement un avantage concurrentiel, soit « deux éléments contribuent plus particulièrement à la transformation du losange en système : la concurrence domestique et la concentration géographique de l'industrie » (PORTER, 1993). Le facteur territorial prend donc toute son importance : la proximité (voir Tableau 1) et la densité des entreprises sont déterminantes. Tableau 1 :Les effets de proximité dans un territoire Patrimoine géographique Effet de Implantation à proximité dans proximité des ressources le territoire et des infrastructures locales Avantage compétitif collectif Patrimoine industriel Patrimoine identitaire Implantation à proximités d'autres acteurs spécialisés dans la même filière Implantation à proximité d'autres acteurs partageant la même identité Diminution des coûts de Développement d'un Diminution des coûts transports et des frais savoir-faire associant de transaction : le logistiques des économies « contrat moral » d'échelle et de remplace le contrat l'innovation collective juridique Source : Christophe ASSENS et Yoni ABITTAN: Le Management d’un bien commun : le territoire Finalement, l'accumulation des interactions entre les déterminants sont semblables à un « cercle vertueux » qui pousse toujours à une performance supérieure. 33 2.2.3 La dynamique compétitive des clusters Nous venons de voir précédemment que le système relationnel d'un cluster se structure selon quatre forces : le contexte entrepreneurial, l'état de la demande, la présence d'industries connexes et d'assistance et la condition des facteurs, mais aussi par l'accumulation des interactions entre ces forces. Il a été observé que ces quatre éléments réunis au sein d'un même cluster a des retombées positives sur l'entreprise elle-même et son organisation, à trois niveaux : la productivité, l'innovation, et la création d'entreprise (CLERGEAU, VIOLIER, 2013). a) L' intensification de la productivité des entreprises : « Ainsi les entreprises sont, en moyenne, plus productives dans les zones où leur industrie est relativement plus concentrée. »27 En effet, les entreprises ont accès à un marché local plus efficace (facteurs de production plus adaptés et partagés grâce à la masse critique des entreprises qui composent les réseaux), à une accumulation des connaissances et de l'information au sein du cluster (grâce à l'accumulation de relations concurrentielles et coopératives entre des entreprises co-localisées). Les gains de productivité sont obtenus aussi grâce à une meilleure synergie des acteurs et à des économies d’échelle (complémentarité des entreprises). b) Une capacité d'innovation facilitée : En effet, les entreprises grâce à leurs interactions entre clients et fournisseurs et leur proximité avec un certain nombre d'acteurs compétents et rattachés à leur domaine d'activité (entreprises concurrentes mais coopératives, centres de recherches, universités...), vont pouvoir mettre en place des solutions innovantes rapidement avec des coûts et des risques limités et finalement, augmenter leur degré d'innovation. « La spécialisation du marché du travail qualifié est déterminante quant à la capacité d’innovation du cluster. » 28 27 Yoann BARBESOL et Anthony BRIANT. Économies d'agglomération et productivité des entreprises : estimation sur données individuelles françaises. Économie et Statistique, N°419-420,2009. [en ligne]. Disposnible sur: <http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=0&id=2598> (Consulté le 15-02-2014). 28 LEDUCQ Divya et LUSSO Bruno, « Le cluster innovant : conceptualisation et application territoriale », Cybergeo : European Journal of Geography. Espace, Société, Territoire, document 521, 2011. [En ligne]. http://cybergeo.revues.org/23513 ; DOI : 10.4000/cybergeo.23513 (Consulté le 15 février 2014). 34 c) La naissance de nouvelles entreprises facilité : Le cluster joue un rôle d' « aimant » pour les entreprises extérieures. Ces dernières vont être attirées pour les effets bénéfiques qui découlent du cluster et maximiseront ainsi leur chance en implantant leur projet au sein de celui-ci.29 Ainsi, selon PORTER, la combinaison de relations interpersonnelles et informelles entre des entreprises, à la fois concurrentes et coopératives a des effets externes positifs en matière d'apprentissage, d'innovation, d'attractivité et finalement de compétitivité. « M. Porter rappelle par ailleurs l’importance de la proximité des acteurs dans la constitution d’un cluster, préalable nécessaire à sa phase de maturation marquée par la formation d’un réseau, c'est-à-dire une forme systémique de coopération qui promeut le savoir. »30 2.2.4 Les limites de l'approche porterienne La théorie de PORTER a été largement approuvée et reprise par un certain nombre de chercheurs : « avec les travaux d’Allen J. SCOTT (1997), Michael STORPER (1999), Bjorn ASHEIM (2000), ou encore de Philip COOKE (2001) » (Ibid.). Néanmoins, d'autres ont mis en avant les « parts d'ombre » de la théorie de PORTER et ont finalement une approche plus critique. Quatre limites de la définition Porterienne sont fréquemment soulignées (Ibid. ; HAMDOUCH, 200831 ;CLERGEAU, VIOLLIER, 2013) : les limites de l'espace géographique d'un cluster sont floues ; les types de relations entre les firmes ne sont pas explicites ; de fortes imprécisions sur les relations entre les entreprises et les institutions ; une absence spécificité des activités du cluster. La définition du cluster est alors assez floue. Porter ne définit pas vraiment les éléments qui constituent un cluster et se réfère finalement à des études empiriques menées jusque-là. 29 MARCIANO Alain. GLOSSAIRE, A la demande de la Commission nationale SPL. 2005. [en ligne]. Disponible sur : <http://www.datar.gouv.fr/sites/default/files/datar/glossairespl.pdf> (Consulté le 15-02-2014). 30 LEDUCQ Divya et LUSSO Bruno, « Le cluster innovant : conceptualisation et application territoriale », Cybergeo : European Journal of Geography. Espace, Société, Territoire, document 521, 2011. [En ligne]. http://cybergeo.revues.org/23513 ; DOI : 10.4000/cybergeo.23513 (Consulté le 15 février 2014). 31 Cité par LEDUCQ Divya et LUSSO Bruno (2011). 35 2.3 « Un concept ombrelle » : le cluster, des formes multiples De nouvelles formes d'organisations territoriales en réseau, semblables au cluster Porterien vont se développer dans les années à suivre. 2.3.1 Les systèmes de production local, prémices des pôles de compétitivité Suite à la réussite des districts industriels de Giaccomo BECCATINI, l'État français a développé les systèmes productifs locaux (SPL), afin de renforcer le développement économique, la cohésion territoriale et la coopération entre des acteurs géographiquement proches. La Délégation à l'Aménagement du Territoire et à l'Action Régionale (DATAR) va définir les SPL de la manière suivante : «Une organisation productive particulière localisée sur un territoire correspondant généralement à un bassin d’emploi. Cette organisation fonctionne comme un réseau d’interdépendances constituées d’unités productives ayant des activités similaires ou complémentaires qui se divisent le travail (entreprises de production ou de services, centres de recherche, organismes de formation, centres de transferts et de vieille technologique)». 32 Selon la DATAR, un SPL se définit à partir de quatre critères : L 'existence d'une concentration de PME ; l'appartenance des PME à un secteur ou à un couple produit/marché ; l'existence de relations interentreprises fortes ; l'accès à un ensemble de services marchands et non-marchands afin que les entreprises acquièrent un avantage à être dans le système ; l'idée d'une culture commune. 33 Comme nous l'avons vu dans la première, c'est dans les années 1990 que l'on a pris conscience de la cohérence territoriale. Ainsi, les SPL vont amener une nouvelle notion qu'est le pôle de compétitivité. 32 KHATTABI Mohamed Aissam et MAILLEFERT Muriel Cluster. proximité et innovation. Une revue de la littérature. 28p. [en ligne]. Disponible sur: <http://w1p.fr/154057> (Consulté le 15-02-2014). 33 MARCIANO Alain. GLOSSAIRE, A la demande de la Commission nationale SPL. 2005. [en ligne]. Disponible sur : <http://www.datar.gouv.fr/sites/default/files/datar/glossairespl.pdf> (Consulté le 15-02-2014). 36 2.3.2 Les pôles de compétitivité, une version française contemporaine des clusters ? Les pôles de compétitivité ont été crées en 2005 sur la base d'une réflexion amorcée par la DATAR (aujourd'hui, la Délégation Interministérielle à l'aménagement et à la compétitivité des territoires, DIACT), sur l'état du déficit structurel croissant de la compétitivité de l'industrie française. Il s'agirait de la version française contemporaine des clusters dans une notion un peu plus élargie. Afin d’être labellisé, un pôle de compétitivité doit remplir la condition suivante : « Un pôle de compétitivité est une combinaison, sur un espace géographique donné, d'entreprises, de centres de formation et d'unités de recherche publiques ou privées engagés dans une synergie autour de projets communs au caractère innovant. Ce partenariat s'organise autour d'un marché et d'un domaine technologique et scientifique qui lui est attaché, et doit rechercher une masse critique pour atteindre une compétitivité et une visibilité internationale »34 Un pôle de compétitivité est donc « un dispositif d'appui à l'innovation » (Christophe ASSENS, Yoni ABITTAN, 2012). Il s'agit de fédérer un certain nombre d'acteurs autour d'un projet à caractère innovant. Un projet qui peut regrouper des acteurs publics, privés, des centres de formations ou encore des organismes de recherches. Dans l'optique française, le pôle de compétitivité est une avancée du cluster du fait d'une présence plus importante de la Recherche et du Développement et des échanges plus soutenus avec les institutions. Le pôle de compétitivité se construit ainsi sur l'initiative de l’État et est renforcé par une collaboration entre des acteurs privés et publics sur des projets « porteurs d’innovation de rupture, d’efficacité économique et d’emplois pour permettre aux entreprises impliquées de prendre des positions de leader ».35 Le pôle de compétitivité est ainsi une manière de consolider le territoire de façon endogène. 34 LARGIER Arnaud, LARTIGUE Sylvie, SOULARD Odile, TARQUIS Christine. CLUSTERS MONDIAUX : Regards croisés sur la théorie et la réalité des clusters. 165p. [en ligne]. Disponible sur: <http://www.iauidf.fr/fileadmin/Etudes/etude_444/ClustersMondiaux.pdf> (Consulté le 16-02-2014). 35 Ibid; Les pôles de compétitivité en France. Septembre 2006. [en ligne]. Disponible sur: <http://www.competitivite.gouv.fr> (Consulté le 16-02-2014). 37 2.3.3 Le pôle de compétitivité, une approche paradoxale Comme nous l'avons constaté précédemment, les clusters sous ses formes multiples se construisent dans une logique de « bottom-up » soit d'être impulsés par les acteurs d'un territoires et non pas par l’État. Or en France, l’État est centralisateur car il impulse la création des pôles de compétitivité, ce qui crée la complexité du sujet. Le système français est complexe ; il regroupe notamment de nombreux concepts, qui se superposent et finalement rendent le paysage floues : des SPL, des pôles de compétitivité mais également des initiatives plus récentes telles que « ANR, les PRES, les RTRA (Réseaux Thématiques de Recherche Avancée), les instituts Carnot, les fondations de coopérations scientifiques » (Ibid.). Les pôles de compétitivité, à l'inverse des SPL (Figure 5), ont tendance à privilégier de plus en plus des besoins urgents en innovation et en compétitivité à l’international via des acteurs industriels importants mais qui ne sont pas tellement ancrés territorialement, au détriment du tissu régional de PME. Ainsi la progression majeure repose sur l'intégration et la participation grandissante des PME aux pôles de compétitivité. Selon LARGUIER Arnaud, LARTIGUE Sylvie, SOULARD Odile et TARQUIS Christine (Ibid.), il serait intéressant de s'inspirer des initiatives menées dans d'autres pays européens comme l'Autriche et l'Allemagne. Diviser la politique de clusters en deux parties afin d'avoir : d'une part, « des pôles d’excellence scientifique ou technologique, ou pôles de compétences, qui ont vocation à réunir grands groupes, PME innovantes et monde académique » ; et d'autre part, des « initiatives plus locales de clusters, directement tournées vers les PME et favorisant une innovation plus incrémentale dans un ancrage local. » (Ibid.). 38 2.3.4 Bilan des différentes notions de stratégie de regroupement En conclusion de ce chapitre, Le concept de cluster intègre diverses déclinaisons possibles selon l'intensité du réseau, l'importance des acteurs et les relations que ceux-ci peuvent entretenir. Il est intéressant de mettre en relation les différentes notions de stratégies de regroupement, vues jusqu'à présent. La Figure 436 résume les interrelations de ces différents concepts selon deux variables : « le niveau de relations et d'interdépendances » et « l'intégration de la recherche/innovation ». Figure 4: Interrelations entres les différentes notion de stratégie de regroupement Source : Note orange n°2-Clusters et pôles de compétitivité en Rhônes-Alpes, Décembre 200 Nous pouvons observer que les Cluster et les Pôles de compétitivité sont à la base de réelles synergies par l'intégration d'une large sélection d'acteurs, des PME aux institutionnels. Le Tableau 2, quant à lui explicite les logiques de créations de ces initiatives et les acteurs impliqués à ceux-ci. Tableau 2 : Action collectives, actions publiques et activités agglomérées. 36 KHATTABI Mohamed Aissam et MAILLEFERT Muriel Cluster. proximité et innovation. Une revue de la littérature. 28p. [en ligne]. Disponible sur: <http://w1p.fr/154057> (Consulté le 16-02-2014). 39 La collaboration est La collaboration est d'abord reconnue et renforcée par les voulue par les acteurs euxpouvoirs publics mêmes (vocabulaire et (vocabulaire et registre de registre industriels) l'action publique) Les partenaire sont tous dans des entreprises District industriel Système productifs locaux (SPL) Les partenaires sont des organisations variées : entreprises, universités... « Clusters » Pôles de compétitivité Source : D. Retour, Pôles de compétitivité, propos d’étape, Revue Française de Gestion n°190 -1/2009 Ces différentes notions, bien que différentes en certains points se rejoignent toutes sur la base d'un même socle avec quatre critères retenus par BLANCO Sylvie et LE LOARNE Séverine : « Un ensemble d'acteurs, combinant concurrence et coopération ; des acteurs liés par des liens formels (accord de coopération) et des liens informels, rendus vivaces et productifs par la proximité et des intérêts communs ; la proximité s'exprime en termes géographiques, mais également technologiques, culturels et communautaires ; les pratiques et les savoirs qui circulent sont surtout tacites et expliquent que les modes de gouvernance et de pilotage ne peuvent se satisfaire totalement de dispositifs adossés sur les NTIC (formalisation de la connaissance et de l'information».37 37 LE LOARNE Séverine, BLANCO Sylvie. Management de l'innovation. [en ligne]. Disponible sur: <http://w1p.fr/154101> (Consulté le 16-02-2014). 40 PARTIE II. LE CLUSTER DE TOURISME : DES ENJEUX POUR LES DESTINATIONS TOURISTIQUES. 41 L'activité touristique est aujourd'hui confrontée à l'objectif de durabilité. C'est un des nouveaux défis pour les destinations touristiques mais aussi pour les différents acteurs qui la composent et elle peut dans certains cas être un moyen d'accroître l'attractivité des destinations. C'est ainsi que les institutionnels acteurs publics, recherchent de privés nouveaux ou encore modes de fonctionnement ou d'organisation. Nous verrons dans un premier chapitre comment la destination touristique peut être définie et quels sont ses nouveaux enjeux en terme de durabilité. Puis dans un second chapitre, nous étudierons un mode d'organisation particulier appliqué au secteur touristique : le concept de cluster. 42 Chapitre 3 : Le cluster appliqué au tourisme L 'attractivité du territoire, comme nous le disait Nathalie FABRY (2009), ne peut être dissocié du tissu touristique c'est-à-dire des touristes et des entreprises touristiques. L'objectif de ce chapitre est de comprendre la destination touristique et ces nouveaux enjeux et finalement de voir comment il est possible d'adapter le concept de cluster, vu précédemment, au secteur touristique. 3 .1 La destination touristique La destination touristique est un terme souvent employé par un grand nombre d'acteurs dans le secteur touristique. L'utilisation de ce terme n'est « ni transparent, ni univoque », ce qui créée toute son ambiguïté (KADRI, REDA KHOMSI, BONDARENKO, 2011). Il est possible de définir la destination touristique dans son Figure 5: Modèle de destination comme ensemble de projets rapport avec le concept de projet, soit comme « un ensemble dynamique de projets conçus comme efforts intentionnels et intéressés des acteurs intervenants dans la construction de la destination. Ces projets à la fois différenciés mais concourants à la formation d'un projet intégré, diverses » renvoient (KADRI, à des REDA dimensions KHOMSI, BONDARENKO, 2011). Source : (Ibid.) Finalement, la construction d'une destination touristique fait appel à un ensemble d'acteurs distincts aux intérêts individuels mais connectés entre eux par un projet global. Selon Nathalie Fabry, « Je me suis rendu compte que depuis, on va dire, depuis une dizaine d'années, l'attractivité est une affaire multiple, une affaire de territoire, d'acteurs et puis bien entendu aussi de demande.[...] Et à mesure, que j'ai réfléchi, je me suis aperçue, en fin de compte, qu'un territoire n'est jamais à vocation touristique de manière spontanée […]. 43 Il y a un projet déjà et ensuite il y a un construit » (Annexe A (Madame X, Chercheuse au LVMT, 2013)). Comme nous l'avons vu précédemment, face à une concurrence qui a tendance à se développer en hyperconcurrence, les destinations touristiques n'ont pas d'autre choix que de s'adapter, se différencier et innover. « L'innovation doit être le catalyseur de l'attractivité, de la « touristicité » de la destination » ( HAZEBROUCK, 2007, p.121 ; SAVIDAN, 2013). 3.1.1Du management d'une destination touristique... Figure 6: Chaîne de valeur de l'économie touristique SUPPORTS METIERS Banques Organismes de formation Cabinets conseils Syndicats de salariés Syndicats patronaux Dispositifs d'appui aux entreprises PRESCIPTEURS DE L'OFFRE Médias Guides OT,CDT,CRT Internet (forums, blogs...) Population locale Chaîne d'approvisionnement de l'activité tourisique PARTENAIRES D'AFFAIRES Entreprises du tourisme Salariés Autorités de transport Fournisseurs des entreprises Sous-traitants AUTRES ACTEURS D'INFLUENCE Patrimoine naturel et culturel Offre d'accueil non marchande Autres secteurs économiques TERRITOIRES ET COLLECTIVITES Source : Corinne CERVEAUX. Goazen, cluster tourisme du pays basque. Revue Espace,2013. La destination touristique est indissociable des autres secteurs économiques (commerces banques, transports, santé...). Le client est confronté tout au long de son séjour à une multitude d'acteurs en relation directe ou non avec le secteur touristique. 44 Par ailleurs, c'est l'ensemble de ces acteurs et de ces activités qui conditionnent son séjour, à partir de l'idée de découvrir cette destination touristique, jusqu'à son retour (voir Figure 6). Ainsi, les acteurs sont interdépendants et doivent faire l'objet d'une certaine coordination. Selon Peter DRUCKER, « Le management est « une activité visant à obtenir des hommes, un résultat collectif en leur donnant un but commun, des valeurs communes, une organisation convenable et la formation nécessaire pour qu'ils soient performants et puissent s'adapter au changement » (CERVEAUX, 2013). L'activité touristique doit être à la base d'un partage d'opinions, d'objectifs et d'actions menées collectivement. Il est important de travailler dans un but commun (qualité de l'offre, accessibilité, renommée du territoire...) et ainsi de « catalyser la force des entreprises du tourisme » afin d'avoir un poids plus important sur le territoire (PAUTRIZEL, 2013). En revanche, l'organisation du tourisme pose souvent problème du fait de son morcellement et de l'isolation de ces acteurs (Privé/Public). Le secteur touristique est émietté et regroupe un grand nombre d'acteurs isolés et autonomes mais pourtant complémentaires. « Ils ont pour habitude de se croiser sans pour autant se connaître » (PAMPI, 2013). La destination touristique est à la base même d'un manque de cohésion entre les projets et leurs auteurs, soit l'absence d'une communication horizontale (PAUTRIZEL, 2013). Selon Nathalie FABRY (2009), une destination doit être « une construction, une mise en réseau et non une collection d'acteurs juxtaposés ». Les acteurs doivent être capables de briser les frontières des fonctions de base du tourisme et prendre plus en compte les facteurs territoriaux que sont les habitants, le patrimoine, les ressources naturelles, les biens collectifs etc. 45 3.1.2...Au management territorial Nous venons d'observer qu'il manquait une certaine coordination des acteurs qui est pourtant un facteur à ne pas négliger si la pérennité des destinations touristiques est une priorité. Nous avons vu dans le chapitre 1, que le marketing territorial regroupait les stratégies qui visaient à accroître l'attractivité d'un territoire, d'un point de vue touristique, économique et résidentiel. Du point de vue touristique, la démarche de marketing territorial s'étend au delà du marketing de destination touristique car elle cherche à : • Construire une identité commune ; • fédérer, mobiliser et valoriser un ensemble d'acteurs distincts ; • mettre en place des projets communs. (MEYRONIN, 2012) La notion d'identité est importante car elle permet de rallier des acteurs qui autrefois ne partageaient pas forcément de conscience territoriale. Selon M.AUGÉ « un lieu pourra parvenir à « surmonter » son caractère de non lieu si, et seulement si, il intègre à son aménagement et à son management des composantes identitaires, relationnelles et historiques » (MEYRONIN, 2012). Cependant, les territoires ne cherchent pas imiter les stratégies d'attractivité qui peuvent être entreprises au niveau national mais cherchent à « construire des positionnements spécifiques qui valident des constructions interterritoriales originales et peuvent être à l'origine d'avantages compétitifs absolus »38. En effet, la proximité physique, sociale et économique est importante pour la création d'un avantage compétitif collectif. Il est ainsi nécessaire de fédérer des acteurs qui ont un bien commun : le territoire. De plus, nous verrons que les différentes proximités existantes entre les acteurs donnent parfois naissance à « une dynamique économique basé sur l'innovation, l émulation, la création de ressource et de compétences spécifiques » (Cécile CLERGEAU et Philippe VIOLIER, 2013). C'est ainsi que la pérennité et la compétitivité d'une destination s’opèrent. 38 THIARD Philippe. Attractivité et compétitivité : offre territoriale, approches marketing et retombées. [en ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/155417 > (Consulté le 4-03-2014). 46 C'est dans cette optique que nous voyons l'importance d'une logique construite en terme d'attractivité. 3.1.3 L'attractivité de la destination touristique : une logique construite Par habitude, une destination attractive est une destination qui a la capacité d'attirer des touristes par une comptabilisation en termes d'arrivées, de durée de séjour et de dépenses. Il s'agit ainsi de quantifier les résultats positifs ou négatifs d'une destination à posteriori. 39 FABRY (2009), évoque dans son article trois raisons pour lesquelles l'attractivité dans sa définition traditionnelle n'est pas suffisante : 1) C'est une « notion relative » car les destinations sont dans une continuelle hyperconcurrence qui est souvent assujettie à des phénomènes de modes. 2) C'est une « notion temporelle » car les acteurs d'un territoire ont des perspectives d'avenir différentes les uns et des autres envisageables à court, moyen ou long terme. 3) Les territoires doivent encourager le développement de l'activité touristique mais ne doivent pas se focaliser sur le « tout tourisme » au détriment de ses résidents (Ibid). C'est ainsi que la notion traditionnelle d'attractivité doit, selon FABRY (2009), être développée dans une logique plus construite. Une destination touristique attractive attire non seulement des touristes, mais aussi des acteurs du tourisme qui ont conscience des avantages à leur localisation. Selon FABRY (2009), une destination touristique peut « capitaliser sur un portefeuille de ressources naturelles et/ou créées, de se reposer sur une « industrie » touristique structurée, concurrentielle et innovante, de bénéficier de supports institutionnels, et de s'inscrire dans une politique de durabilité. L'environnement socio-économique et naturel de l'espace mis en tourisme devient ainsi un support fondamental de l'attractivité » (Ibid.) (Tableau 3). 39 FABRY Nathalie: Le “Cluster Touristique”: Pertinence du concept et enjeu pour les destinations, 2009. Nº 20. p.108131. [en ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/155485 > (Consulté le 05-03-2014). 47 Tableau 3: Les quatre attributs d'une destination touristique Attributs Porte feuille de ressource Supports Illustrations Ressources naturelles : difficilement reproductibles, localisées, base de la spécialité touristique Espaces touristiques et paysages : relief climat, littoral, rivières, fleuves, lacs , faune, flore, montagnes... Patrimoine historique, artistique, culturel et naturel : Château de Versailles, Joconde, Tour Eiffel, Côte d'Azur... Ressources créées : Valorisation des ressources et accueil des touristes Main d’œuvre Infrastructures : transports, hébergements, aménagements touristiques... Politique de compétitivité Industrie touristique Concentration spatiale des compétitive (rapport qualité- acteurs du tourisme prix) Capacité à innover, différencier l'offre, fiabilité des infrastructures et équipements, qualité des ressources humaines, planification régionale Support institutionnel Renforcer l'image touristique Communication touristique, de la destination organisation de grandes manifestations Encadrement de la profession, normes, formations Demande touristique soutenue Cibler la demande au niveau Goût pour la variété des national touristes et prise en compte de la variété des goûts des touristes : différenciation, niches, innovation de produits Source : FABRY Nathalie, Le “Cluster Touristique”: Pertinence du concept et enjeu pour les destinations, 2009. Le tableau ci-dessus nous indique les quatre piliers que les acteurs ont tout intérêt à valoriser afin de faire émerger cette attractivité. Les destinations ont généralement du mal à s'approprier le territoire malgré leur potentiel. Finalement l'enjeu est à l'intersection des relations entre les acteurs et le territoire. La mise en tourisme des ressources se fait par le biais d'acteurs et leurs orientations managériales. 48 3.2 Les nouveaux enjeux des destinations touristiques La dynamique de développement et de gestion des territoires fait l'objet d'une complexité croissante. Cette complexité croissante « se manifeste notamment par la montée de facteurs d'attractivité et de compétitivité d'ordre environnementaux et culturels qui nécessitent la mobilisation de nouvelles ressources » (GUMUCHIAN et PECQUEUR, 2007)40. Quels sont aujourd'hui les nouveaux des enjeux des destinations touristiques ? 3.2.1 « Pour un tourisme d'intelligence territoriale » Cette orientation d'intelligence territoriale était déjà envisagée en 2005, par la DATAR. Aujourd'hui dans un environnement concurrentiel croissant, c'est l'intelligence de la combinaison des ressources propres à un territoire qui fait la différence avec les autres. L'intelligence territoriale peut être définie comme « un moyen pour les chercheurs, pour les acteurs et pour la communauté territoriale d’acquérir une meilleure connaissance du territoire, mais également de mieux maîtriser son développement. L’appropriation des technologies de l’information et de la communication, et de l’information elle-même, est une étape indispensable pour que les acteurs entrent dans un processus d’apprentissage qui leur permettra d’agir de façon pertinente et efficiente. L’intelligence territoriale est notamment utile pour aider les acteurs territoriaux à projeter, définir, animer et évaluer les politiques et les actions de développement territorial durable. » 41 La notion de démarche participative se distingue une fois de plus par ce nouvel enjeu. Le territoire est ainsi observé comme « un espace de coopération » basé sur l'échange et le partage d'informations ainsi que la collaboration dans les processus d'analyse de ces informations (Ibid.). Cette démarche se définit ainsi idéalement comme « un dispositif de coordination intentionnelle générateur de connaissances » (FRANÇOIS, 2008). 40 Cité par BOURDEAU Philippe, MAO Pascal, CORNELOUP Jean. Vers une intelligence territoriale du tourisme. Montagnes Méditerranéennes,2008. [en ligne]. Disponible sur: <http://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00181594> (Consulté le 05-03-2014). 41 GIRARDOT, J.-J. Principes, Méthodes et Outils d'Intelligence Territoriale. 2010. [en ligne]. Disponible sur : <http://www.collaboratif-info.fr/chronique/quest-ce-que-lintelligence-territoriale> (Consulté le 05-03-2014). 49 Par ailleurs le secteur compétitif n'est pas exclu. C'est un esprit de « coopétition » (collaborer tout en restant compétitif) que les acteurs doivent adopter pour tirer avantage de cette « intelligence territoriale ». 3.2.2 Des destinations visibles et lisibles La visibilité concerne l'ouverture d'une destination sur le monde. Il s'agit selon Nathalie FABRY, de donner une « image thématique »42 de la destination. Pour M.VERGER, « une destination qui se veut attractive doit afficher clairement son positionnement qui lui confère une image voulue sur une durée limitée »43. Il s'agit de susciter l'envie des touristes à se rendre dans la destination. Cela peut passer par une bonne utilisation des TIC par la construction intelligente d'une marque territoriale (page 22), par la participation à des manifestations et par la mise en place de stratégies de regroupement (page 51), etc. Bernard PECQUEUR (2000) nous dit que « les avantages de la proximité et des liaisons de type locales ne peuvent produire des effets positifs que s'ils sont totalement ouverts sur l’extérieur ». Quant à la lisibilité, il s'agit de structurer l'offre en interne afin d'optimiser sa cohérence. Selon FABRY (2009), la visibilité est capable d'allier des acteurs regroupés sur un même territoire, d'un point de vue fonctionnel. Finalement, si les acteurs mutualisent leurs données, entretiennent un esprit de coopétition et prennent conscience de l'importance du partage d'une identité commune et d'un bien commun qu'est le territoire, ils seront en mesure de bâtir une offre touristique lisible et visible.44 Nous allons maintenant voir qu'il existe des stratégies capables de créer ces synergies et ainsi d'optimiser l'attractivité d'une destination touristique. 42 FABRY Nathalie: Le “Cluster Touristique”: Pertinence du concept et enjeu pour les destinations, 2009. Nº 20. p.108131. [en ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/155485 > (Consulté le 05-03-2014). 43 VERGER Philippe. Directeur de l'Office de tourisme de Toulouse. Conférence à l'ISTHIA, Université Toulouse II, Le Mirail, 2014. 44 PINEL Sylvia. Cité dans Sylvia Pinel dans le Var, à la rencontre des acteurs du tourisme et de l'artisanat. Le portail de l'artisanat et du commerce. 2013. [en ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/155510> (Consulté le 05-03-2014). 50 3.2.3 Des stratégies de regroupement Le tourisme est perçu comme un stimulant de la croissance économique et du développement. En dépit de cette conviction de nombreuses questions se posent quant à la capacité de l'organisation territoriale à extraire les effets attendus par l'activité touristique pour le territoire. Afin de répondre aux nouveaux enjeux comme nous l'avons vu dans les précédents chapitre, il est nécessaire de rentrer dans une « logique de développement des dynamiques de réseau » (PECQUEUR, 2000). La cohésion territoriale est importante pour retenir la confiance des acteurs qui compose le territoire. Un réseau peut être une force lorsqu'il forge la réputation d'un territoire et finalement renforce l'adhésion de ses acteurs (LEDUCQ, LUSSO, 2013). Les réseaux sont considérés comme une coopération entre une ou plusieurs entreprises distinctes. Les réseaux peuvent être de type horizontal si les entreprises sont concurrentes ou transversal si leur activités sont complémentaires mais pas concurrentes. Ces réseaux d’acteurs permettent d’échanger des expériences et des compétences, d’organiser des actions ou des projets communs et de participer plus efficacement à l’évolution des pratiques et des comportements dans la société. Une brève typologie regrouperait des réseaux touristiques publics, privés et institutionnels. Voici quelques exemples de réseaux touristiques : Les Pays touristiques ; les Villes et Pays d'Art et d'Histoire ; les Ambassadeurs tourisme ; le réseau national ATES (Association de Tourisme Équitable et Solidaire), etc. Nous allons à présent, nous attarder sur le cas des clusters (Chapitre 2) qui finalement est aussi une forme de réseau. Est-il possible d'adapter le concept de cluster au secteur touristique ? 51 3.3 Le cluster de tourisme : structuration avantageuse de l'attractivité 3.3.1 Peut-on appliquer un cluster au secteur touristique sans précaution ? Comme nous l'avons vu dans le chapitre 2, le cluster est issu du secteur industriel. Il a pour but de mutualiser des ressources et des stratégies dans une vision commune : améliorer la compétitivité d'une filière ou d'un secteur économique, investir de nouveaux marchés ou encore de favoriser l'intelligence économique et l'innovation. Nous allons voir que depuis quelques années la notion de cluster, après s'être développée dans le secteur scientifique, puis dans le secteur des sciences humaines, est aussi adaptable au secteur touristique (BACCHUS, COLTIER, 2013). Cependant, les chercheurs et les professionnels ont tendance à s'interroger quant à cette application au tourisme. En effet le secteur industriel et le secteur touristique présentent des similarités mais aussi des différences qui pourraient compliquer l'application de cluster. Tableau 4: Similarités et différences entre le secteur industriel et le secteur touristique Similarités Différences pour le secteur touristique Fort besoin capitalistique en moyens humains et financiers ; concentration géographique des acteurs ; une complémentarité en amont et en aval production en séries soumises à des normes ; interactions avec divers partenaires concurrence internationale ; besoin d'adaptation aux évolutions de nouvelles technologies de l'information et de la communication ; développement d'innovations. Activités de service ; un périmètre définit : la destination, le lieu de création de richesse ; Secteur émietté avec une majorité de très petites entreprises, des acteurs indépendants ; le client conçoit son bien de consommation final et a une influence sur la réputation d'une destination. Source : (FABRY, 2009 ; CLERGEAU,VIOLIER, 2013 ; Cerveaux,2013) 52 Face à ces différences avec le secteur industriel, le concept de cluster peut s'appliquer au secteur touristique sous certaines conditions. Il faut enrichir le concept pour pouvoir rendre compte des dynamiques de développement local dans le secteur touristique. 3.3.2 Qu'appelle t-on cluster de tourisme ? Comme nous l'avons vu dans le chapitre précédent, les destinations touristiques ont tout intérêt à suivre une démarche d'intelligence territoriale. Le secteur touristique est de plus, un secteur très concurrentiel qui rend nécessaire l'optimisation de la compétitivité et qui incite donc les acteurs à travailler ensemble et non plus de manière isolée. Pour Françoise PAUTRIZEL45, un cluster touristique est « le constat que les différentes activités touristiques ne se côtoient pas ou peu ». « Le cluster répond au besoin de synergie d'une destination attractive » (FABRY, 2009). Ainsi le cluster peut se définit comme « un système ouvert de coproduction de l'expérience touristique » (CLERGEAU, VIOLIER, 2013). En intégrant le cluster, chaque acteur doit accepter le principe de « coopétition » c'est-à-dire la coopération et la compétition en simultanées (CERVEAUX, 2013). Cependant, un cluster de tourisme peut-être difficile à définir. Selon la chercheuse interrogée dans notre entretien exploratoire (Madame X, 2013, Annexe A), « c'est une mise en synergie d'actifs territoriaux […] et ces actifs spécifiques, et bien ils sont propres à chaque territoire. Je me suis un peu effrayée en faites, car tout le monde veut faire un cluster mais pas tout le monde a le potentiel ni les actifs qui portent, qui peuvent porter un territoire ». Face à un environnement instable et à une activité concurrentielle en constante évolution, le cluster de tourisme est probablement une solution parmi d'autres d'organisations des acteurs sur un territoire. « Le cluster est le ciment de la chaîne de valeur informationnelle, le support de la compétitivité des acteurs et de l'attractivité des destinations. » (FABRY, 2009). Le cluster devient ainsi une partie prenante du management territorial puisqu'il travaille aux côtés du système d'organisation touristique publique et développe ainsi des répercussions sur les politiques et les stratégies du territoire (CERVEAUX, 2013). 45 Témoignage issue de l'article de revue de CERVEAUX Corinne. 53 Un cluster touristique est une nouvelle approche de l'activité touristique relative à la concertation et la coopération permanente entre les différents acteurs concernés. Nous verrons dans le chapitre 4 que les acteurs sont multiples et variés tout en faisant partie intégrante de l'expérience touristique. Les objectifs étant de restructurer et de crédibiliser l'offre touristique, d'anticiper l'avenir et de répondre de façon claire et précise aux nouveaux défis du secteur. Nous allons maintenant voir qu'il existe selon Nathalie FABRY, une typologie des clusters de tourisme en fonction des destinations. 3.3.3 Typologie des clusters de tourisme Selon Nathalie FABRY (2009) il est important d'accepter qu'un cluster de tourisme ne s'applique pas de la même manière si il s'agit d'une remise en tourisme ou bien d'une mise en tourisme de la destination. Afin de prouver que le cluster de tourisme est un moyen d'optimiser l'attractivité d'une destination, il faut néanmoins que celui-ci se dote d'une structure flexible. Le Tableau 5 distingue ces deux notions (remise en tourisme/ mise en tourisme) par leurs raisons d'être, leurs objectifs et les moyens utilisés pour répondre à ces derniers. 54 Tableau 5: Typologie des clusters de tourisme Remise en tourisme Mise en tourisme Raisons Attractivité en érosion Attractivité à construire Objectifs S'affranchir de la saisonnalité et assurer une fréquentation pérenne toute l'année Entrer sur le marché et devenir une destination touristique Moyens Redéfinition et restructuration de l'offre Introduction de nouvelles activités et de nouveaux concepts Diversification de l'offre par intégration amont/aval d'activités Fédérer des acteurs dans un secteur émergent Valoriser le patrimoine et les avoirs naturels ou créees Exemples Alpine Welness (Alpes Suisses et Autrichiennes) : station de ski avec accueil de non skieurs (spa, natation, bien-être, remise en forme, esthétique...). Wine cluster (Californie, Australie, RU) : des régions s'organisent pour proposer des circuits touristiques pour valoriser leur paysage, leur terroir et les traditions culinaires locales. Cluster de bien-être (Hongrie) : capitaliser sur une pratique ancienne mais ne répondant plus aux normes et attentes des touristes internationaux. Création ex-nihilo : Dubaï : tourisme d'affaires et haut de gamme Disney Resort Paris : parc de loisirs et complexe hôtelier Reconversion d'un bassin industriel vers les services touristiques : Friches industrielles : Amnéville, mines témoins... Clusters de tourisme des régions périphériques (Chines...). Source : FABRY Nathalie: Le “Cluster Touristique”: Pertinence du concept et enjeu pour les destinations, 2009. Ce tableau met en évidence le caractère dynamique du cluster touristique qui a la capacité à s'adapter aux évolutions de son environnement. Néanmoins, Nathalie FABRY souligne qu'il est important d'ancrer le cluster touristique au niveau du territoire de manière durable. Selon France BACCHUS et Thierry COLTIER (2013) les clusters peuvent se distinguer selon si ils ont été crées dans une logique professionnelle (Sillicon Valley) ou dans une logique institutionnelle (le cas des pôles de compétitivité). Il s'agit ainsi de voir si les clusters ont été crées spontanément ou non. BACCHUS et COLTIER (2013) démontrent que des clusters crées involontairement sont parfois plus efficaces. De plus, ils soulignent que ces deux logiques sont inséparables car un cluster est à la base d' « un travail collaboratif » (Ibid.). Enfin les études de Nathalie FABRY, de France BACCHUS et Thierry COLTIER se rejoignent sur le fait qu'il est préférable que le cluster soit impulsé par une logique bottom-up (par le territoire) que top-down (par les pouvoirs publics). Après avoir dressé la typologie des clusters touristiques, voyons quelles peuvent être les étapes de construction d'un cluster de tourisme. 55 3.3.4 Des indicateurs de performance à court et moyen/long terme Finalement le cluster touristique répond aux nouveaux besoins des territoires en matière de lisibilité et de visibilité. Le cluster est un outil qui permet de « transformer des actions isolées en actions concertées et intégrées » ou en d'autres termes d'amplifier des relations existantes (FABRY, 2009). Un cluster redéfinit une destination touristique par un système d'acteurs dont les interactions sont valorisées et dont l'objectif commun est d'op l'attractivité et la compétitivité de leur territoire (CLERGEAU, VIOLIER, 2013). Dans le tableau ci-dessous, FABRY (2009) montre les indicateurs d'amélioration de l'attractivité d'une destination et de ses recettes touristiques sont différents à court et moyen/long terme. À court terme, les indicateurs seront de l'ordre du quantitatif et à moyen/long terme, de l'ordre du qualitatif. Tableau 6: Indicateurs de performance d'un cluster touristique Court terme Résultats (Indicateurs) Moyen terme Arrivées touristiques ; Nombre de nuitées et CA par nuitée ; Dépenses par têtes ; Poids de la thématique dans les recettes touristiques ; Structure des emplois (directs et indirects) ; Taux de fréquentation des sites ; Nombre de crimes et délits commis (sécurité) ; Densité et couverture du réseau de transports ; Accessibilité aux équipements de loisirs ; Accessibilité aux équipements périphériques (santé, thalassothérapie) ; Nombre d'équipements culturels et sportifs. Évolution de la structure des emplois liés au tourisme (directs et indirects) ; Développement de compétences spécifiques ; Orientation économique et touristique de la destination ; Développement des activités supports et périphériques ; Poids du tourisme dans le PIB régional ; Part du patrimoine classé ou inscrit. Source : D'après Nathalie FABRY (2009) 56 Selon Corinne CERVEAUX46, les conditions de réussite de la création d'un cluster de tourisme repose sur : « Une taille critique de la représentativité du secteur ; un plan d’actions précis développé dans le respect de l’indépendance des partenaires (et donc… définition du périmètre d’action et d’un règlement de fonctionnement et des responsabilités) ; l’évaluation de la contribution du cluster, à la performance et à la compétitivité des entreprises mais aussi, à la valeur ajoutée pour le territoire ; l’acceptation collective « d’avancer » à la vitesse des entreprises et pas à celle des décisions politiques ; la pérennité du groupe de direction ; un animateur formé à l’ingénierie de projets et à la conduite aux changements ; une structure d’appui pouvant assurer l’avance de trésorerie ». Pour France BACCHUS et Thierry COLTIER (2013), il est important que chaque acteur soit impliqué et fasse part de ses objectifs, de ses attentes et de ses possibilités d'implication à court, moyen et long terme. Selon FABRY (2009), la coopération doit être valorisée. Le cluster est outil de transformation d'actions isolées en actions concertées. Cécile CLERGEAUX et Philippe VIOLIER (2013) parle d'un « construit social » et d'un lieu de « coproduction ». L'attractivité devenue un enjeu pour les territoires, nous étudierons, dans le chapitre suivant, en quoi la logique de coproduction est une variable importante pour la réussite d'un cluster de tourisme. 46 Cerveaux Corinne. Passer de l'idée au pilotage d'un cluster dans le tourisme. 2012. [En ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/156636> (Consulté le 21-03-2014). 57 Chapitre 4 : Le cluster de tourisme, un écosystème de coproduction L es ressources touristiques et leur harmonisation sont à l'origine de l'avantage concurrentiel des destinations. Pour certains, le cluster touristique n'est qu'un simple outil de marketing et de communication, un moyen de rendre visible une destination auprès des touristes et enfin pour d'autres il s'agirait d'une logique plus construite basée sur une complémentarité des ressources et des acteurs (Cécile CLERGEAU et Philippe VIOLIER, 2013). 4.1 Prise en compte et implication de tous les acteurs de l’expérience touristique 4.1.1 Travailler dans une logique de destination Nous avons vu précédemment que le concept de cluster s'appliquait principalement en industrie manufacturière. Dans les chapitres 2 et 3, le cluster, qu'il soit touristique ou non a été clairement défini comme « un réseau associant différents acteurs d'un territoire qui œuvre dans un même domaine économique » (BACCHUS, COLTIER, 2013). Or, les activités touristiques relèvent pour l'essentiel, du monde des services. Un service est défini comme « une prestation issue des compétences d'une personne ou d'un ensemble de personnes, pouvant entraîner la mise en œuvre des technologies, et qui couvre un besoin d'usage et d’accueil du destinataire ». S'il y a bien un domaine pour lequel la mise en réseau des acteurs est capital, c'est bien le tourisme. Dans le cas d'un séjour touristique, le touriste active une chaîne de valeur dont la coordination va lui offrir un séjour de qualité (CLERGEAU, VIOLIER, 2013). Le tourisme est donc bien l'affaire d'une mise en réseau. Mais nous l'avons vu précédemment, d'après divers témoignages, les acteurs d'un territoire sont à l'origine d'actions isolées, bien loin de l’intérêt général. 58 C'est ainsi qu'un cluster de tourisme doit être « un véritable système ouvert de coproduction de l'expérience touristique » et doit permettre de valoriser les coopérations de ces différents acteurs (Cécile CLERGEAU et Philippe VIOLIER, 2013). La clusterisation d'une destination doit ainsi considérer l'ensemble des parties prenantes de la destination, soit l'ensemble des acteurs qui favorise le développement du cluster sans se limiter au simple lien contractuel (relations de toutes sortes, même étroites). Figure 7: Exemple de cluster construit dans une logique de coproduction Source : Cécile Clergeau et Philippe Violier (2013). Face à l'hyperconcurrence du secteur touristique, un territoire compétitif doit adopter une stratégie d'innovation intégrant tous les acteurs de l'innovation. Le système de coproduction est « multiscalaire » dès lors qu'il inclut tous les types d'acteurs même au delà des frontières de la destination (Figure 7) (CLERGEAU, VIOLIER, 2013). En revanche, il convient d'accepter que le tourisme est un secteur mouvant et que « le paramètre des parties prenantes est fluctuant » (Ibid.). 59 Tout d'abord, nous pouvons constater l'importance de la dynamisation des relations horizontales, c'est-à-dire au sein d'une même filière (BACCHUS, COLTIER, 2013). Cette dynamisation suscite la nécessité d'une étroite collaboration entre le secteur privé et public du tourisme, entre tous les échelons du local jusqu'à l'international. A présent, intéressons-nous aux relations verticales soit aux relations entre différents secteurs économiques. 4.1.2 Le rôle grandissant de l'enseignement et de la recherche Divers chercheurs ont mis en évidence la mission dérivée des universités soit « le développement économique du territoire sur lequel elles sont implantées » (ETZKOWICK, LEYDESDORFF, 1997)47. De même que cette prise de conscience, de l'importance de l'enseignement et de la recherche sur un territoire, a gagné les pouvoirs publics qui incitent l'implantation de structure de recherche. Dans le cadre d'un cluster, il est notamment intéressant que les acteurs économiques et territoriaux entretiennent une étroite collaboration avec ce secteur. En effet, les centres de formation ou de recherche peuvent être la source d'inspiration de projets mis en place par le cluster. Ils conçoivent l'idée que les professionnels du cluster appliqueront (BACCHUS, COLTIER, 2013). De plus, les chercheurs ont un rôle important lorsqu'il s'agit d'anticiper les bouleversements économiques, sociaux et technologiques (développement durable, révolution numérique...) (DRUHEN, 2013). La demande est « variable et évolutive ». Il s'agit alors de « comprendre ou essayer de comprendre (parce que c'est difficile), toutes les mutations en cours [..] De plus, les nouvelles technologies permettent de suivre les touristes à la trace et finalement de mieux comprendre leurs comportements […] et la spécificité de l'offre, c'est d'être à la fois innovante mais aussi adaptative» (Annexe A (Madame X, Chercheuse au LVMT, 2013)). Ainsi, la collaboration entre les acteurs économiques et les acteurs de la recherche et de l'enseignement d'un territoire, favorise la création d'un environnement propice à l'innovation. 47 Cité par FIXARI Daniel et PALLEZ Fréderique. La recherche et l'enseignement supérieure, un enjeu de la bataille économique dans les territoires, 2010. 64 p. [En ligne]. Disponible sur : <http://www.annales.org/ri/2010/ri-aout2010/Fixari.pdf> (Consulté le 14-03-2014) 60 4.1.3 L'importance des intermédiaires, même non territorialisés Le rôle des intermédiaires n'est pas à mettre de côté car ils ont aussi leur importance au sein de la chaîne de valeur de l'expérience touristique : Mise en relation des touristes avec les acteurs du territoire ; circulation des informations ; animation du réseau d'acteurs ; traduction ; proposition d'activités ; coordination des acteurs pour un projet commun et fédérer les moyens pour les atteindre. Les intermédiaires activent les phénomènes de proximité, Cécile CLERGEAU et Philippe VIOLIER (2013) les prénomment « faiseurs d'encastrement ». Parmi ces intermédiaires, on distingue ceux qui agissent avant l'arrivée du touriste sur le territoire (tour-opérateurs, agences de voyage, sites communautaires, leaders d'opinions, réseaux sociaux...) et ceux qui agissent sur le territoire directement (agences réceptives, organismes publics, les habitants (accueil, informations, interactions, habitants ambassadeurs))(CLERGEAU, VIOLIER, 2013). Le rôle du Web 2.0 a une place grandissante car il dispose d'une valeur informationnelle importante pour le touriste qui aujourd'hui se fie plus à ses semblables qu'aux professionnels. 4.1.4 La place du touriste au sein du cluster Le touriste prend lui toute son importance au sein de cet écosystème de coproduction puisque contrairement au secteur industriel, il est concepteur et acteur-producteur de son expérience touristique. C'est pour cela que le cluster, appliqué dans une logique d'offre apparaît non adapté et réducteur pour le secteur touristique (CLERGEAU, VIOLIER, 2013). Il est nécessaire d'associer le touriste au réseau d'acteurs de ce système de coproduction. 61 De plus, si le touriste coconçoit son service final, il a aussi un rôle important pour la destination. En effet, il fait « vivre » la destination grâce aux relations qu'il entretient avec elle. Finalement, les ressources touristiques sont mises en valeur par le touriste qui les associent à leur expérience touristique. En plus de son rôle de valorisation, le touriste intervient dans la redéfinition du territoire en fonction de ses déplacements. Ainsi, les frontières du cluster touristique ne coïncident plus avec les frontières naturelles et administratives (CLERGEAU, VIOLIER, 2013). La construction d'un écosystème de coproduction passe par canalisation des interactions et des synergies entre les entreprises concernées, le monde universitaire, les collectivités et plus généralement, tous les acteurs majeurs de l'expérience touristique en incluant les intermédiaires, même non territorialisés et les touristes. Nous allons voir que sans cette association, le cluster touristique n'aura pas de vocation à être compétitif. 62 4.2 Une meilleure coordination des acteurs favorise leur compétitivité 4.2.1 « La force du collectivisme doit dépasser l'individualisme »48 Se regrouper pour être compétitif, tel est le nouvel enjeu des entreprises pour rester compétitif. Le cluster a pour vocation de récolter, par les liens entretenus entre ses différents acteurs à long terme, le fruit d'un travail collaboratif (BACCHUS, COLTIER, 2013). De plus, « Le cluster de tourisme semble pouvoir nous montrer que le tourisme est un secteur moteur capable de fédérer le tissu économique local autour d'une identité forte. ».49 Corinne CERVEAUX, dans le cadre du cluster GOAZEN, précise que chaque acteur doit adopter un nouveau comportement à des fins positives. En effet, selon CERVEAUX, le « nous » doit remplacer le « je » car « La force du collectivisme doit dépasser l'individualisme »50. L'objectif est ainsi de ne plus agir dans son propre intérêt mais œuvrer dans l’intérêt général et dans celui-ci de la destination. Elle ajoute qu'il faut, de plus, donner du temps et des moyens pour atteindre les objectifs attendus. Ainsi, il ne faut pas aller au rythme des territoires mais plutôt celui des entreprises. Le cluster est « un mouvement concerté »51 via lequel sont organisés des concertations, des commissions de travail, des ateliers de travail, des sessions de networking etc. L'ensemble des acteurs pourront ainsi catalyser leurs forces et avoir un poids plus important sur le territoire (PAUTRIZEL, 2013)52. L'ensemble des ses rencontres initiés au sein du cluster, nous le verrons, pourront faire l'objet d'un élargissement et d 'un partage des compétences. Via un cluster, il est possible d'identifier les besoins similaires des entreprises et ainsi leur permettre de partager des connaissances à ce sujet. 48 VERGER Philippe. Directeur de l'Office de tourisme de Toulouse. Conférence à l'ISTHIA, Université Toulouse II, Le Mirail, 2014. 49 FABRY Nathalie: Le “Cluster Touristique”: Pertinence du concept et enjeu pour les destinations, 2009. Nº 20. p.108131. [en ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/155485 > (Consulté le 05-03-2014). 50 VERGER Philippe. Directeur de l'Office de tourisme de Toulouse. Conférence à l'ISTHIA, Université Toulouse II, Le Mirail, 2014. 51 PAMPI Bernard, cité par Cécile Clergeaux (2013). 52 PAUTRIZEL Françoise. Cité par Cécile Clergeaux (2013). 63 Finalement de « l'échange naît l'idée »53 et le cluster devient ainsi « un dispositif d'appui à l'innovation » (ASSENS, ABITTAN, 2012). En effet, penser à plusieurs est un atout pour favoriser les projets à caractère innovant et finalement accroître sa compétitivité. De nombreuses études ont démontrés que l'innovation est un facteur déterminant de la compétitivité, « aussi, la force d’un cluster est de savoir réunir des apporteurs de ressources qui favoriseront l’éclosion de projets innovants ».54 Si les acteurs ont tout intérêt à adopter cet esprit de partage, ils restent néanmoins en compétition. Nous allons étudier maintenant en quoi l'alliance de ces deux traits de caractères sont importants dans un système de coproduction. 4.2.2 La notion de « coopétition » La notion de « coopétition » est une stratégie originale de gestion de sa compétition sur les marchés. Elle se définit comme « a simultaneous cooperation and competition between different individual or organizational actors » (GNYAWALI et al., p386, 2007)55. C'est en soi un terme paradoxal qui rapproche deux notions qui ont toujours été opposées. L'objectif étant de collaborer avec ses concurrents afin d'obtenir un bénéfice commun. Néanmoins, il est possible de se demander quels sont les acteurs concernés par cette notion. Selon BENGTSSON et KOCK (2000 ; Ibid.), il s'agit d'acteurs qui produisent et vendent le même produit. En, effet, la Figure 8 distingue des relations verticales simples où il n'est objet que de coopération (car un fournisseur et une entreprise ne peuvent pas être concurrentes) et des relations horizontales qui donnent lieux à la coopétition (coopération et compétition en simultanée). L'auteur ajoute que dans certains domaines, il est possible d'avoir un phénomène de coopétition lorsque que deux entreprises entretiennent des relations horizontales et verticales en même temps (Ibid.). 53 AUBERGER Caroline. Innovation collaborative : les clusters simulateur de compétitivité. 2013. [En ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/156303> (Consulté le 16-03-2014). 54 AUBERGER Caroline. Innovation collaborative : les clusters simulateur de compétitivité. 2013. [En ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/156303> (Consulté le 16-03-2014). 55 CHIAMBARETTO Paul. La coopétition, ou la métamorphose d’un néologisme managérial en concept. 2011. [En ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/156305> (Consulté le 16-03-2014) 64 Figure 8: Typologie des relations et ensemble des relations de coopétition Amont A A B A B B Aval Relations horizontales Relations verticales Coopération Coopétition Concurrence Compétition Source : CHIAMBARETTO Paul. La coopétition, ou la métamorphose d’un néologisme managérial en concept, 2011. La définition suivante met en avant le caractère ambiguë de cette relation : « The dyadic and paradoxical relationship that emerges when two firms cooperate in some activities, such as in a strategic alliance, and at the same time compete with each other in other activities » (BENGTSSON et KOCK, p 412, 2000 ; Ibid.). Dans un premier temps, les acteurs collaborent pour créer de la valeur et des ressources et dans un second temps, la compétition se structure et s'intensifie. Ces relations favorisent alors les efforts de productivité et d'innovation des acteurs. 4.2.3 Une gouvernance partagée : accepter les attentes de chacun Selon Cécile CLERGEAU et Philippe VIOLIER (2013), la gouvernance est « un organisme politico-administratif qui définit des règles et un processus de décision, qui attribue et délimite des compétences légales, réglementaires ou économiques et qui a un pouvoir d'intervention qui légitime l'action publique. ». Pour Patrick LE GALÈS, il s'agit d'un « processus de coordination d'action de groupes sociaux et d'institutions destiné à atteindre des buts discutés et définis collectivement ». La gouvernance est ainsi un moyen de coordonner et d'harmoniser les interactions qui naissent de la proximité entre différents acteurs afin d'assurer la cohésion du réseau et d'arriver à un but commun. 65 Selon Corinne CERVEAUX (2013), les rôles de chacune des parties prenantes doit être explicités. Trois pistes peuvent être étudiées pour la gouvernance, selon Cécile CLERGEAU et Philippe VIOLIER (2013) : 1) Le territoire pertinent : le territoire n'est ainsi plus délimité seulement par ses frontières administratives, il rentre dans une logique de construction. C'est la complémentarité et la diversité des acteurs, les projets touristiques et la représentation sociale qu'on en fait, qui redessine celui-ci. 2) Les parties prenantes : nous l'avons vu précédemment, il convient d’intégrer l'ensemble des acteurs qui intègrent l'expérience touristique. 3) Un modèle de gouvernance : les territoires touristiques ont de l'un à l'autre une configuration totalement différente. Certains territoires sont dominés par un acteur majeur tandis que d'autres sont caractérisés par un ensemble d'acteurs atomisés. Ce qui détermine d'un territoire à l'autre le pouvoir décisionnel et son influence sur les acteurs. Les auteurs proposent trois formes de gouvernance : 1) La gouvernance de l'action focal (public ou privé) : un acteur domine le territoire et va ainsi gérer la gouvernance de celui-ci. Au niveau organisationnel, cette forme de gouvernance aura l'avantage d'être plus simple avec la centralisation des informations en un point donné. 2) La gouvernance territoriale : il s'agit ici de la gouvernance du territoire par action volontaire des pouvoirs publics ou parapublics. Ceux-ci ont pour rôle de faire le lien entre les différents acteurs, la coordination technique des activités ou encore la gestion de la communication et des fonds dédiés. L'objectif étant d'associer les parties prenantes du cluster. Ce concept est d'autant plus adapté lorsque l'activité touristique est réduit à un grand nombre d'acteurs infimes sur le territoire. 66 3) La gouvernance associative : c'est l'association d'acteurs qui visent un même objectif. Ainsi, tous les acteurs sont mobilisés pour un développement durable de leur territoire. Cette méthode a pour avantage de renforcer la solidarité, l'encastrement culturel et institutionnel des acteurs et d'assurer une certaine cohésion du réseau. Des référents sont, dans tous les cas, désignés pour la conduite de projet. Bernard PAMPI56, de part son témoignage, montre que l'absence de résultat peut-être frustrante à court terme. Il est difficile d’entraîner tous les acteurs dans cette démarche et parfois certains se trouveront plus avantagés que d'autres. Selon CHRISTOFLE Sylvie57, il faut accepter que l'on ne puisse pas toujours répondre aux attentes de chacun. Le cluster est une méthode gagnante à moyen long terme, ce qui nécessite du temps et de la conviction. Nous allons maintenant observer que la force du collectivisme peut faire l'objet de diverses formes de proximités, source de synergies. 56 Cité par CLERGEAUX Cécile (2013). 57 CHRISTOFLE Sylvie. Conférence à l'ISTHIA, Université Toulouse II, Le Mirail, 2014. 67 4.3 Naissance de synergies grâce à différentes formes de proximité La proximité peut dans certains cas être « neutre ou contre-productive » . Cécile CLERGEAU et Philippe VIOLIER le souligne bien, « les querelles les plus dures sont souvent entre les voisins ». Cependant, ils constatent aussi que la proximité peut être à contrario amplificatrice d'effets positifs et entraîner d'autres formes de proximités. Comme nous l'avons constater auparavant, le cluster repose sur des liens fondés sur une proximité géographique, des complémentarités et des relations de confiance mais aussi sur des relations coopétitives. Ces deux dimensions sont l'origine d'effets de proximités dont les acteurs du territoire peuvent ainsi bénéficier. La littérature distingue ainsi la proximité géographique de la proximité organisée. Figure 9: Les formes canoniques de la proximité Proximité Géographique Organisée Institutionnelle Cognitive Sociale Organisationnelle Source : ZIMMERMANN (2008) ; Sylvain AMISSE, Isabelle LEROUX, Paul MULLER (2011). 4.3.1 La proximité institutionnelle La proximité institutionnelle correspond au « cadre institutionnel dans lequel évoluent les relations inter-organisationnelles des acteurs au sein du cluster » (BOSCHMA, 2005)58. C'est l'ensemble des règles et des lois acceptées par tous, qui encadrent l'activité (Cécile CLERGEAU et Philippe VIOLIER, 2013). Selon Sylvain MULLER AMISSE, Isabelle LEROUX, Paul (2011), il s'agit aussi de la similarité des symboles et des interprétations de 58 Cité par ZIMMERMANN (2008) 68 situations données59. Finalement, selon Ron BOSCHMA (2005)60, elle regroupe des règles formelles (lois et normes communes) et des règles non formelles (habitudes et valeurs communes). La proximité institutionnelle est un facteur important pour l'innovation car elle garantit des conditions stables et efficaces pour l'apprentissage interactif et elle renforce la confiance des différents acteurs intégrants le cluster (EDQUIST et JOHNSON, 1997 ; MASKELL et MALMBERG, 1999 ; BOSCHMA, 2005 ; Ibid.). 4.3.2 La proximité cognitive Un cluster est une « constitution d'une communauté de pratiques articulées autour d'une culture régionale et de savoirs localisés » ((FORSMAN et SOLITANDER, 2003) FABRY, 2009). La proximité cognitive est définie comme « à l’adhésion de différents acteurs à une même conception de l’innovation, au même paradigme, aux mêmes routines, aux mêmes heuristiques ou algorithmes de pensée, aux mêmes conventions, traditions, croyances ou codes, aux mêmes langages et/ou aux mêmes procédures d’apprentissage, de délibération, de prise de décision et de gouvernance. »61. C'est une logique de créations, d'apprentissage collectif localisé et d'acquisition de savoir-faire (DAIDJ, 2011). Les membres du cluster ont une base de connaissances et d'expertise et peuvent finalement les enrichir via les diverses interactions facilitées par la proximité géographique. La dynamique de création de valeur cognitive, dans la coproduction de savoir et dans l’échange de connaissance entre partenaires, facilite l'innovation collective, le partage et le transfert de compétences, la veille collective d'informations et l'apprentissage de connaissances. Néanmoins, il faudra éviter une proximité cognitive trop importante car elle pourra entraîner des effets néfastes entre les membres (diminution du processus d'apprentissage, spillover, risque de blocage)62. 59 AMISSE Sylvain, LEROUX Isabelle, MULLER Paul. Proximités et dynamiques de cluster : le cas du cluster horticole en Maine-et-Loire. Séminaire PSDR-Grand Ouest, 2011. [En ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/156370> (Consulté le 17-03-14). 60 Cité par LEDUCQ et LUSSO (2013) 61 DEPRET Marc-Hubert et HAMDOUCH Abdelillah. Clusters, réseaux d’innovation et dynamiques de proximité dans les secteurs high-tech. 2009. [En ligne]. Disponible sur : <http://m1p.fr/EGk> (Consulté le 16-03-2014). 62 BOSCHMA R. A. Proximity and innovation : a critical assesment, 2005. [En ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/156375> (Consulte le 17-03-2014). 69 4.3.3 La proximité sociale La proximité sociale naît d'un encastrement social sur le territoire et dans les réseaux relationnels. « Les relations entre les acteurs sont encastrées socialement quand elles mettent en jeu de la confiance basée sur l'amitié, des liens de parenté et l'expérience » (Ibid.). Il s'agit d'une proximité qui s'exprime davantage à l’échelle micro et qui a pour avantage de créer une atmosphère de travail collaborative propice à développer « des bénéfices intangibles » (échange de carnets d'adresses entre les partenaires, fidélisation croisée des clients, échanges d'informations, suggestions d'amélioration par un regard croisé des partenaires)63. La proximité sociale peut mettre du temps à se mettre en place surtout dans la création d'un cluster tourisme spontané. 4.3.4 La proximité organisationnelle Selon Divya LEDUCQ et Bruno LUSSO , la proximité organisationnelle est « une émulation particulière de la proximité institutionnelle ». Elle permet de coordonner les différents échanges de connaissances entre les membres d'une même organisation et entre les différentes organisations. Elle peut être définie comme « un espace doté d’une structure opérationnelle qui élabore des stratégies et les encadre par des règles d’action en vue de renforcer un positionnement (pouvoirs, intérêts) » (PECQUEUR, ZIMMERMANN (2004) ; Ibid.). Cela concerne le degré d'autonomie et de contrôle de chacun des acteurs. Pour ZIMMERMANN (2008), il s'agit de la manière dont les membres du cluster reconnaissent leur proximité en terme de positionnement (similaire ou complémentaire, égalitaire ou hiérarchique...) vis à vis de certains projets (production, innovation, formation...). La proximité organisationnelle pallie les problèmes d'incertitudes quant à la naissance de connaissances nouvelles, elle facilite aussi les transferts de connaissances complexes mais peut en revanche limiter l'interactivité entre les membres du cluster et réduire la flexibilité nécessaire au soutient de l'innovation (BOSCHMA,2005 ; BERTHINIER PONCET, 2006). 63 Portail de l'IE. Welcome City Lab : la première pierre d’un cluster touristique à Paris, 2013 [En ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/156383> (Consulté le 17-03-2014). 70 FABRY (2009) souligne que « la proximité géographique et sectorielle (verticale et horizontale) des acteurs, la présence de ressources spécifiques, d’infrastructures dédiées et d’institutions supports, améliorent les gains de productivité, favorisent les synergies, les apprentissages, le partage du savoir, l’innovation, la réduction des coûts de transaction et, plus généralement, le développement et la croissance économique » (ROSENFELD 1997, PORTER 2003). La proximité géographique présente un certain nombre d'avantages pour les acteurs qui cependant peuvent être amplifiés avec l'articulation d'autres formes de proximités, telles que l'on vient de voir. La concentration d'entreprises sur un même territoire crée une dynamique particulière lorsqu'il y a « fertilisation croisée, émulation, partenariat » (CLERGEAUX, VIOLIER, 2013). Nous venons, à travers ce chapitre, d'établir trois hypothèses qui pourrait ou non répondre à notre problématique. L'ensemble de ces hypothèses ont été construite à l'aide de recherches bibliographiques faites préalablement. Nous allons, maintenant, appliquer celles-ci à un terrain afin de les vérifier ou non. 71 PARTIE III. LA COPRODUCTION AU CŒUR DES CLUSTERS DE TOURISME : ÉTUDE DE CAS 72 Cette troisième partie contribuera à la création d'outils nécessaires pour la vérification de nos hypothèses relatives à notre problématique de départ : L'attractivité devenue un enjeu pour les territoires, en quoi la logique de coproduction est-elle une variable importante pour la réussite d'un cluster de tourisme ? Rappelons que les trois hypothèses posées étaient les suivantes : - La prise en compte et l'implication de tous les acteurs de l'expérience touristique ; - d'un point de vue organisationnel, la coproduction permet une meilleure coordination des acteurs, favorisant leur compétitivité ; - la coproduction favorise les synergies entre les acteurs grâce à différentes formes de proximité. Ainsi, dans un premier chapitre nous étudierons le cas de trois clusters structurés de manière différente. Puis dans un second chapitre, nous bâtirons les outils nécessaires à la vérification de nos hypothèses en fonction des terrains choisis. 73 Chapitre 5 : Présentation générale des clusters retenus pour cette étude 5.1 Le cluster du Val d'Europe 5.1.1 Étude de l'environnement 5.1.1.1 Fiche d'identité : Un territoire, au cœur d'une ville nouvelle. M arne-la-Vallée est une ville nouvelle française, située à l'est de Paris, dans la région Île-de-France, sur la rive gauche (sud) de la Marne. La ville nouvelle de Marne-la-Vallée s’étend sur 25 km et comprend 4 secteurs : Porte de Paris, Val Maubuée, Val de Bussy et Val d’Europe. L’urbanisation s’est développée d’ouest en est, le Val d’Europe étant le secteur le plus récent (1987). Figure 10: Carte géographique de Marne-la-Vallée Souce : Marne-la-Vallée. Wikipédia. [en ligne]. <http://w1p.fr/157261> Le développement du Val d’Europe, qui intègre le projet Euro Disney, a été initié par les pouvoirs publics avec la volonté « d’assurer un développement cohérent et maîtrisé des urbanisations nouvelles tout en préservant le caractère spécifique des communes existantes ».64 64 Naissance du Val d'Europe. SAN du Val d'Europe. [en ligne] . Disponible sur : <http://w1p.fr/156683> (Consulté le 22-03-2014) 74 Population « 4 000 habitants il y a 25 ans, 32 000 aujourd’hui, et 60 000 à l’horizon 2030 »65 « le Val d’Europe […] représente aujourd’hui 32 000 habitants pour presque autant d’emplois »66 Le territoire du Val d’Europe connaît une forte augmentation de population depuis plus de vingt sept ans et ce au moins jusqu’en 2030 (Erreur : source de la référence non trouvée). Cette augmentation rapide peut-être expliquée par l'attractivité du secteur en matière économique et résidentielle. Tableau 7: Évolution de la population du Val d'Europe 1986-2011 Bailly Romainvilliers Chessy Coupvray Magny le Hongre Serris Le Val d'Europe Population en 1986 402 998 1416 264 422 3502 Population en 2011 7296 4772 2865 7578 8135 30646 Source : Le schéma régional de coopération intercommunal (SRCI). Quel avenir pour le Val d'Europe. [en ligne] Figure 11: Typologie de la population du Val d'Europe Source : Convention de délégation du service public. SAN du Val d'Europe. [en ligne] 65 Le Val d'Europe, territoire d'excellence.2014. [en ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/156681> (Consulté le 22-032014). 66 Un « Cluster Tourisme » à Val d'Europe. 2014. [en ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/156685> (Consulté le 2203-2014). 75 Selon ce recensement, nous pouvons observer que le Val d'Europe est un territoire « jeune », puisque 70% de la population à moins de 40 ans. Ce qui explique, de plus, la citation (page 75), qui affirme qu'il y a autant d'emplois que d'habitants. Une population jeune, peut-être synonyme d'une population active et d'une masse salariale importante. « Un véritable défi mais également une promesse pour l’avenir et un facteur incontestable de dynamisme »67. Facteurs d'attractivité Le Val d'Europe fait lieu de nombreux atouts qualitatifs pour attirer des résidents, des entreprises, mais aussi des touristes. En effet, le Val d'Europe jouit d'une accessibilité exceptionnelle : premier hub de TGV de France, deux gares de RER (35 minutes de la capitale), accès direct à l'A4 etc. Bénéficiant d'un grand nombre d'infrastructures liées à l'implantation des parcs Disney, le Val d'Europe accueille, le premier Centre commercial européen, un pôle universitaire en développement, un hôpital en cours de construction, un parc hôtelier de près de 9000 chambres (4ème parc hôtelier de France, hors Paris), et de nombreuses entreprises, (1700 entreprises recensées), deux centres de congrès (1200 événements professionnels/an) et plus de 100 000 m² de bureaux.68 État du tourisme Classé “agglomération la plus dynamique de France » par l’Assemblée des communautés de France en septembre 2011, le Val d’Europe bénéficie des infrastructures liées à l’implantation de la 1ère destination touristique européenne. Le Val d’Europe est la première destination touristique intégrée d’Europe (32,7 millions de visites en 201269). L'attrait touristique majeur et le pilier économique du Val d'Europe est le complexe de loisirs Disneyland Paris. Il comprend deux parcs à thèmes (Disneyland et Walt Disney Studio), un centre de divertissement, un golf, six hôtels et un camping. 67 Le Val d'Europe, territoire d'excellence.2014. [en ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/156681> (Consulté le 22-032014). 68 Le Val d'Europe, territoire d'excellence.2014. [en ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/156681> (Consulté le 22-032014). 69 Un « Cluster Tourisme » à Val d'Europe. 2014. [en ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/156685> (Consulté le 2203-2014). 76 L'ensemble du complexe est dirigé par EuroDisney SCA , développeur du secteur. Le centre commercial Val d'Europe et « La Vallée village », sont aussi des pièces maîtresses du Val d'Europe et attirent de nombreux touristes à l'année. Cependant, le Val d'Europe c'est aussi un patrimoine, une culture, une gastronomie. « Il y a beaucoup de choses à faire valoir » (FABRY, Annexe B p102). FABRY souligne, que les touristes viennent, aujourd'hui, principalement pour Disneyland et le centre commercial, au détriment des autres atouts touristiques du territoire. « L’agglomération s’est d’abord développée autour des bourgs historiques, puis par la création d’un centre urbain permettant de concilier à la fois la multipolarité identitaire et la centralité identifiante. »70 5.1.2 Bases de la formation du cluster 5.1.2.1 Des membres fondateurs Le 15 février 2011, l'étape de pré-configuration a permis de définir les membres fondateurs du cluster. On distingue ainsi sept acteurs : l’État, la Région Île-de-France, le Département de Seine et Marne, l’Établissement Public EPA France, le SAN du Val d’Europe, l’Université de Paris-Est Marne la Vallée, la société Euro Disney Associés SCA (FABRY, ZEGHNI, 2013). Cette pré-configuration prend alors la forme d'une association et a pour objectif de réfléchir au fonctionnement et aux composantes du cluster. C'est en 2012, que l'association de base sera remplacée par l'association du cluster du Val d'Europe. Bien que dominée par de nombreux acteurs publics, l'association fonctionne sur les règles du secteur privé du fait de la présence d'Euro Disney. Cependant, l'objectif du cluster est d'aider tous les acteurs à porter l'attractivité du Val d'Europe et les amener, progressivement à devenir parties prenantes (FABRY et ZEGHNI, 2013). Depuis septembre 2013, le cluster s'est doté d'un directeur général, Bernard Saint Girons. L'objectif du cluster n'est pas d'augmenter le nombre de touristes, en arrivée, mais plutôt de créer des synergies entre les acteurs de ce territoire pour transformer la destination en un territoire d'excellence mondialement reconnu. Ainsi, le cluster est doté de cinq commissions thématiques : Internet et communication, Recherche, Formation 70 Le Val d'Europe, territoire d'excellence.2014. [en ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/156681> (Consulté le 22-032014). 77 professionnelle, Mutualisation des services, et Contrat de destination. Les principaux objectifs du cluster du tourisme sont : L’émergence d’un pôle d’excellence en matière de recherche, d’enseignement et de formation de la filière tourisme, La canalisation des interactions et des synergies entre les entreprises concernées, le monde universitaire, les collectivités et, plus généralement, tous les acteurs majeurs du tourisme, L’apport d’une animation scientifique et culturelle nouvelle au réseau du Cluster, Le développement international du Cluster en facilitant les partenariats entre les Universités ou les Écoles Internationales71 Le développement de partenariats avec le privé (Pierre et vacances, Value retail, le Snelac (syndicat national des espaces de loisirs, d'attractions et culturels)) Un partenariat public-privé inédit C'est en 1987, que le projet d'accueil d'Euro Disney en France est conforté. Les pouvoirs publics (État-Région-Département) et Euro Disney vont alors signé une convention afin d'établir un partenariat public-privé, plutôt original. L'acteur privé se voit conféré, pour trente ans, un rôle de développeur, bien au delà de celui-ci des parcs de loisirs. Celui-ci d'un aménagement global pour l’intérêt général. C'est à ce moment que les cinq commune du Val d'Europe se regroupe sous la forme d'un syndicat, SAN du Val d'Europe72. L'aménagement du territoire se fait via différentes phases, qui chacune d'elles comportent un programme détaillé en concertation avec l’État et les collectivités territoriales. Au fur et à mesure, la société Euro Disney acquiert des terrains viabilisés auprès d’EPAFrance (qui maîtrise le foncier) avant de les vendre à des opérateurs privés ou de les conserver dans son patrimoine en vue de développements touristiques, immobiliers et économiques. 71 Cluster tourisme. SAN du Val d'Europe. [en ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/156682> (Consulté le 22-032014). 72 Le Val d'Europe, territoire d'excellence.2014. [en ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/156681> (Consulté le 22-032014). 78 Pour Euro Disney, le cluster est « la marque d'une prise de conscience collective sur l'importance du développement touristique et sur les grands enjeux de développement du monde du tourisme et des services aux touristes » (FABRY et ZEGHNI, 2013). L'EPAFrance (Établissement Public d'Aménagement du secteur IV de Marne-la-vallée) a un rôle d'aménageur du secteur. C'est un échelon déconcentré de l’État qui a pour missions de définir les objectifs et les orientations du développement, d'aménager et de viabiliser les terrains. Pour L'EPAFrance, le cluster « favorise l'émergence de la vocation du site et donc son acceptation et son « mieux vivre ensemble » » (FABRY et ZEGHNI, 2013). Le SAN, quant à lui, agit dans le cadre de ses compétences. Établissement public de coopération intercommunale, le SAN est garant du développement du secteur et a pour objectif de contribuer au développement cohérent et équilibré du secteur et d'harmoniser sur l’ensemble du territoire l’urbanisation, les équipements, en tenant compte des diversités géographiques, humaines et économiques de chacune des communes. Enfin, pour l'université de Marne-la-vallée, le cluster « permet la réflexion d'entrer en résonance avec son territoire d'ancrage. C'est aussi la promesse de transferts de compétences et de savoirs en faveur des étudiants » (FABRY et ZEGHNI, 2013). FABRY et ZEGHNI (2013), souligne que chacun des membres du cluster y trouve son intérêt mais qu'il ne faut cependant négliger l’intérêt collectif. « C'est précisément cette vision et cet engagement qui fondent la distinction entre un membre et une partie prenante ». 79 5.2 Création d'un cluster de tourisme d'affaires à Toulouse Grâce aux documents du rapport d'activité 2012 de Toulouse, réalisé par l'office de tourisme, il a été facile d'accéder à des données correctes et précises. Dans cette souspartie, nous allons ainsi voir, dans quel environnement le cluster de tourisme d'affaires de Toulouse va s'insérer. 5.2.1 Étude de l'environnement 5.2.1.1 Fiche d'identité73 Toulouse est une commune située au sud-ouest de la France. Située au nord du département de la Haute-Garonne dont elle est le chef lieu, Toulouse se situe sur l'axe de communication entre l’Océan Atlantique et la Mer Méditerranée. Toulouse est le siège de la communauté urbaine Toulouse Métropole qui comprend 37 communes. Elle compte les 2/3 de la population de la communauté urbaine et s'inscrit ainsi au rang de la 4ème ville de France, après Paris, Lyon et Marseille.74 La métropole regroupe 714504 millions d'habitants en 201275 et accueille environ Figure 12: Localisation de Toulouse en chaque année 10000 résidents en plus. France Source : Google images [en ligne] Toulouse présente un des plus forts taux de croissance en France et si l'on regarde attentivement l'échelle des âges (Tableau 8), nous pouvons voir que Toulouse est un territoire jeune avec une majorité de 15-29 ans. Ceci s'explique notamment en raison de l'attractivité en matière universitaire. La population 30-44 ans est aussi très présente sur le territoire ce qui est synonyme de population active et de masse salariale importante. 73 Mairie de Toulouse et Toulouse Métropole. Toulouse Métropole en chiffre. 2012. [en ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/156718> (Consulté le 23-03-2014) 74 Toulouse Métropole, une histoire d'avenir. [en ligne]. Disponible sur <http://www.toulousemetropole.fr/p474/chiffres-cles> (Consulté le 23-03-2014) 75 Office de Tourisme. Rapport d'activité 2012. 80 Tableau 8 : Répartition de la population toulousaine par tranche d'âge Années 0-14 ans 15-29 ans 30-44 ans 45-59 ans 75 ans et plus 1990 49500 113287 77330 48271 26442 1999 55070 125708 82377 58455 27663 2008 61044 143543 91721 69390 31698 Source : Mairie de Toulouse et Toulouse Métropole. Toulouse Métropole en chiffre. 2012. [en ligne]. Les principaux facteurs d'attractivité de Toulouse Toulouse dispose d'un emplacement géographique privilégié : 1h00 de Paris par avion ; 1h15 de la mer Méditerranée par la route ; 2h30 de l'océan Atlantique par la route ; 1h00 de la montagne par la route ; 4h15 de Barcelone par la route.76 Nous l'avons vu précédemment, les 15-29 ans représente la tranche d'âge la plus présente sur le territoire toulousain. En effet, Toulouse appelée « ville de la connaissance » est la 3ème ville étudiante après Paris et Lyon, avec 95789 étudiants (2010/2011)77. Elle regroupe quatre universités, six instituts et quatorze écoles d'ingénieurs (Annexe B). Selon, l’Étudiant – 2012, Toulouse obtient la première place des villes où il fait bon d'étudier 78. On compte, de plus, 7000 chercheurs et 163 unités de recherche. L'enseignement et la recherche sont des points majeurs de l'attractivité Toulousaine. « A noter que la région Midi-Pyrénées occupe le 1er rang des régions françaises pour l'effort en matière de recherche avec 4,1%du PIB consacré à la recherche et une part importante de chercheurs sur le total des salariés » (BOSSU, 2013). 76 Office de Tourisme. Rapport d'activité 2012. 77 Mairie de Toulouse et Toulouse Métropole. Toulouse Métropole en chiffre. 2012. [en ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/156718> (Consulté le 23-03-2014) 78 Office de Tourisme. Rapport d'activité 2012. 81 Avec la présence et le rayonnement de son pôle universitaire et de recherche, Toulouse a su attirer une population jeune et dynamique, un atout incontestable pour la ville. Toulouse est aussi connue pour ses compétences en recherche par la présence de quatre pôles de compétitivité. L'aerospace Valley, pôle de de compétitivité mondial Aéronautique, Espace et Systèmes embarqués Midi-Pyrénées et Aquitaine, est le premier au niveau européen et le deuxième reconnu dans le monde. Le Pôle Eau, quant à lui est à vocation mondiale en coopération avec les régions Languedoc-Roussillon et Aquitaine. Cancer-BioSanté (Lutte contre le cancer) est classé premier au niveau national dans le secteur des biotechnologies, microbiologie, sciences et technologies du vivant. Enfin, AgriMip SudOuest spécialiste de l'Innovation, l'Agriculture, l'Agro-alimentaire et l'Agro-ressources est un pôle de renommée nationale. La présence de ces quatre pôles de compétitivité sur le territoire toulousain contribue à la création d'une dynamique d'innovation importante (BOSSU, 2013). La ville de Toulouse est aussi synonyme de dynamisme économique. Troisième ville en terme de PIB, Toulouse présente un chiffre de 50684 euros par habitant et 100000 emplois crées en dix ans (+30%).79 État du tourisme toulousain « Réputée pour son ambiance où il fait bon vivre, Toulouse est aussi une ville d'art et d'histoire disposant d'un important patrimoine architectural et artistique »80. Le tourisme toulousain représente 7 % du PIB et 27000 emplois directs et indirects. Toulouse a enregistré 5,6 millions de touristes (affaires et agréments), en arrivée en 2012, avec 4,8 millions de nuitées (hôtels et résidences).81 Selon l'article de ROUX Sylvie, dans la Dépêche, Toulouse se positionne en quatrième position dans le palmarès des villes touristiques82. « Toulouse se classe dans le peloton de tête des villes les plus touristiques de France. Une performance que nous devons en majeure partie au tourisme d'affaires, et notamment à l'aéronautique » (Ibid.). 79 80 81 82 Office de Tourisme. Rapport d'activité 2012. Découvrir la ville. Mairie de Toulouse. [en ligne]. Disponible sur: <http://w1p.fr/156725> (Consulté le 23-03-2014) Office de Tourisme. Rapport d'activité 2012. ROUX Sylvie. Tourisme : Toulouse 4ème ville la plus visitée de France. 2013. [en ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/156729> (Consulté le 23-03-2014) 82 En effet, dans les 5,6 millions de touristes, 69 % sont issus du tourisme d'affaires, grâce à l'aéronautique et de nombreux congrès (environ 50 par an) et séminaires organisés toute l'année à Toulouse. De plus, nous pouvons observer, à partir de l'Annexe E les statistiques hôtelières de 2012, que le taux d'occupation est dû en majeure partie à la clientèle d'affaires. En revanche l'année 2013 a présenté des résultats moins bons que les années précédentes. En janvier, le taux d'occupation des hôtels étaient de 55 % contre 67 % en 2012. «La baisse d'activité est sensible depuis le début de l'année, notamment sur les séminaires. Les réservations se font à 15 jours au lieu de six mois» constate Jean-François RENAC, directeur de la société d'économie mixte «So Toulouse convention bureau»83. Pour Pierre COHEN, Président de Toulouse Métropole, « la communauté urbaine "doit utiliser son identité, surfer sur la réussite de l’industrie, du numérique, de la santé, de l’innovation, pour développer ce secteur" afin de faire passer Toulouse dans les 40 premières destinations européennes en termes de congrès scientifiques. Elle est actuellement à la 51e place »84. La ville de Toulouse a de nombreux projets en faveur du tourisme d'affaires notamment le futur Parc des Expositions, qui permettra d'organiser des événements nationaux voir internationaux. « D’ici 2016, Toulouse devrait ainsi monter en puissance » », selon Pierre Cohen. La clientèle de loisirs, quant à elle, ne représente que 31 % des touristes toulousains. Des stratégies de fidélisation sont mis en place afin d'inciter les touristes à rester plus longtemps et à revenir. 83 ROUX Sylvie. Tourisme : Toulouse 4ème ville la plus visitée de France. 2013. [en ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/156729> (Consulté le 25-03-2014) 84 Tourisme d’affaires : toulouse, 1er cluster français ? Aéroport Toulouse Blagnac. [en ligne]. Disponible sur: <http://w1p.fr/156837> (Consulté le 25-03-2014) 83 5.2.2 Bases de la formation du cluster 5.2.2.1 Des acteurs clés Une Société d’Économie Mixte (SEM) : « So Toulouse » La paternité du concept de cluster de tourisme d'affaires sur Toulouse revient à JeanFrançois RENAC, directeur de la Sem So Toulouse. Les acteurs locaux ont toujours eu la volonté de dynamiser le tourisme d'affaires et de positionner Toulouse au niveau européen. Ces objectifs ont donné lieu à la formation d'une équipe, qui fonctionne, telle une véritable entreprise : La SEM So Toulouse (BOSSU, 2013). Crée en 2009, la SEM comme son nom l'indique est la combinaison d'acteurs publics (les collectivités locales, Toulouse métropole et la ville de Toulouse) qui détiennent 52 % du capital contre 48 % pour les actionnaires privés (Parmi eux, la Dépêche Events, l'aéroport Toulouse Blagnac, le groupe FRAM et le réseau AS Sélectour) (BOSSU, 2013). Au sein, de la SEM, on retrouve le bureau des congrès (convention bureau) qui a pour objectif principal de faciliter l'organisation des événements et la promotion de la ville au niveau international. Dans cette logique, ont été conçus les « pack accueil » afin de faciliter l’accès à la destination et apporter des réponses aux attentes des organisateurs. Le bureau se décline en deux équipes : le congrès et le corporate. La ville rencontre, néanmoins, moins de succès avec le corporate, du fait de la capacité hôtelière de la ville. En effet, il existe un nombre significatif d'hôtels de petite et moyenne capacité mais pas d'hôtels de grande capacité. Cela peut être contraignant pour l'organisation de séminaires dès lors que l'on doit loger l'ensemble des participants (BOSSU, 2013). En 2012, la marque So Toulouse a vu le jour. Cette marque, par l'intermédiaire de ses créateurs, a pour ambition de créer une marque forte, fédératrice et une identité capable de parler à l'international. Selon Jean-François RENAC, directeur de So Toulouse, Convention bureau souligne, «Lorsque vous devez communiquer sur des projets, cette marque est une référence. Lorsque je suis en déplacement pour des congrès ou des salons, So Toulouse est un passeport avec lequel je fais la promotion de la ville»85. 85 GRASSO. So Toulouse, bienvenue aux partenaires. La Dépèche. 2013. [en ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/156842> (Consulté le 25-03-2014). 84 On remarque, qu'aujourd'hui, la marque est devenue un réel outil de communication pour l'ensemble des acteurs du territoire. On décline diverses formes de la marque telles que : So sport, So culture, So technologies etc. « Il faut réconcilier l’industrie et les scientifiques » Dans le cadre du cluster de tourisme d'affaires, la volonté est de s'appuyer sur le potentiel scientifique de recherche de la ville et de dégager les axes sur lesquels il y a une visibilité mondiale. On distingue les axes suivants : L'aéronautique et l'espace ; la santé ; le robotique ; le numérique ; la recherche en économie et en économie mathématiques (BOSSU, 2013). Ainsi, différents acteurs internationaux vont collaborer avec la SEM dans le but de porter la candidature de la ville pour l'accueil de congrès internationaux, sur les thèmes précédents. Finalement, « Le pôle de recherche se transforme en un véritable avantage construit pour la destination » (Ibid.). De plus, la SEM, dans son concept de cluster de tourisme d'affaires a fait appel à des structures de formations et de recherches. Notamment, l'Institut Supérieur du Tourisme de l'Hôtellerie et de la Restauration, qui représente 1000 étudiants sur 3 campus, Toulouse, Foix et Kuala-Lumpur en Malaisie et un large éventail de formations professionnelles : Diplômes universitaires, licences 3, licences professionnelles et masters professionnels. « Jean-François Renac, directeur de la Sem So Toulouse, m’a contacté sachant que les clusters sont souvent portés par des universités ou des centres de recherche »86 (Olmedo Patrick, directeur adjoint ). Selon, le directeur adjoint, il est nécessaire pour le cluster de nouer des liens avec différents partenaires. 86 Tourisme d’affaires: Toulouse se donne les moyens de ses ambitions, 2013. [en ligne]. Disponible sur: <http://w1p.fr/156839> (Consulté le 25-03-2014) 85 « En premier lieu l’Université du Mirail dans laquelle se trouve l’ISTHIA et des institutions de formation. Dans un second temps, il faudra mobiliser des établissements de recherche pour la partie scientifique et pour finir, des partenaires industriels de la grande et petite hôtellerie. Sans oublier, les chambres consulaires comme la Chambre de commerce puis la Mairie de Toulouse, Toulouse Métropole, ainsi que le Conseil général et régional. Nous devons nous servir de toutes ces instances pour valoriser le territoire de MidiPyrénées et ensuite le vendre. Cela permettrait également de désenclaver certains départements » (Ibid.). L'ISTHIA aurait un rôle de formation (continue, diplômante ou de validation des acquis de l'expérience VAE), de conseiller (améliorer les performances des professionnels du tourisme) et une vocation scientifique liée au concept d'innovation (donner des atouts concurrentiels à la destination). Dans cette logique, le cluster devra aussi s'articuler autour des structures suivantes : le CERTOP (Centre d’Études et de Recherche Travail Organisation Pouvoir) via son axe de recherche en Tourisme, alimentation et santé ; l'association ASTRES (Association sur le Tourisme, la Recherche et l'Enseignement Supérieur) ; l'association INTERNATIONAL CHRIE (Council on Hôtel, Restaurant and Institutional Education-The Hospitality & Tourism Educators) pour le réseau international. (BOSSU, 2013). 86 5.3 « Goazen », le cluster du Pays Basque 5.3.1 Étude de l'environnement 5.3.1.1 Fiche d'identité Territoire, la notion de « pays » La notion de Pays a été introduite par la loi Pasqua en 1997 et renforcée par la loi Voynet en 1999. Elle est définie comme : « Communauté d’intérêts économiques et sociaux, prioritairement centrés sur un projet, l’innovation, le partenariat entre acteurs publics et privés, le pays n’est ni un nouvel échelon administratif, ni une nouvelle collectivité territoriale. Il s’agit plutôt d’un territoire pertinent dessiné par des communes qui passent contrat autour d’un projet de développement économique. Lorsqu’un territoire présente une cohésion géographique, culturelle, économique ou sociale, il peut être reconnu à l’initiative de communes ou de leurs groupements comme ayant vocation à former un pays (Art. 25). Pour pouvoir contractualiser à l’occasion de la nouvelle génération de contrats de plan, les pays devront soit être déjà constitués en établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre, soit adopter le statut de groupement d’intérêt public de développement local, ou de syndicat mixte. Ils devront en outre avoir élaboré une charte de développement ».87 87 Tout ce qu'il faut savoir sur la loi Voynet. DATAR. N°167. 1999. [en ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/157091> (Consulté le 30-03-2014). 87 Figure 13: Localisation du Pays Basque Source : Conseil de développement et du Conseil des élus du Pays Basque : www.lurraldea.net Il est parfois difficile de distinguer les contours exacts du Pays Basque dont les frontières administratives ne coïncident pas toujours avec les frontières ethniques et culturelles. En effet, selon Figure 14: Fiche d'identité du Pays Basque français (INSEE 2013) l'académie de la langue basque, ce territoire a été délimité en 1643 par l'écrivain Axular dans son livre Gero.88 Dans cette optique, le territoire recouvre 20500 km², compte 3 millions d'habitants et se divise en trois entités politiques : la communauté autonome du Pays Basque et la Navarre (deux communautés autonomes espagnoles) ainsi que le Pays Basque français (le Labourd, la Basse Navarre et la Soule). Ce dernier représente 15 % du territoire (158 communes) et 9 % de la population totale du Pays Basque. 88 Pays Basque. [en ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/157090> (Consulté le 30-03-2014) 88 Situé au cœur de l'arc Atlantique et sur un couloir de communication avec la péninsule ibérique, avec un ensemble d'infrastructures diversifiées, la situation géographique du Pays Basque se révèle être un atout majeur. Le territoire a, de plus, une vocation d'interface entre les communautés autonomes d'Espagne et les régions du grand Sud-ouest. Population, une majorité de séniors Nous pouvons voir, dans la Figure 14, que la densité de population est importante et qu'elle dépasse même les moyennes départementales et régionales. En effet, le territoire fait l'objet d'une démographie croissante. En 2013, L'INSEE recense une croissance de 10 % contre 7 % en France. De plus, la Figure 15 souligne que les séniors sont plus présents que les jeunes sur le territoire Basque. Figure 15: Population par âge du Pays Basque français (INSEE, 2013) Facteurs d'attractivité Le Pays Basque dispose d'atouts indéniables et d'une image positive qui favorise son attractivité. Nous l'avons vu précédemment, la position du territoire est déjà un avantage majeur : Une position transfrontalière avec l'Espagne qui lui confère des liens culturels privilégiés ; une position Eurorégionale, au cœur du « corridor atlantique » ; une diversité des territoires : littoraux, espaces urbains et ruraux.89 89 Analyse et Enjeux. [en ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/157093> (Consulté le 30-03-2014) 89 Le territoire est aussi caractérisé par une qualité de vie connue et préservée, un capital humain et une vie sociale riche. L'attractivité du Pays basque est aussi liée à sa capacité à accueillir de nouvelles activités (disponibilité foncière), à les accompagner (action publique) et à développer les infrastructures de communication nécessaires aux liaisons et aux réseaux d'informations. On peut aussi souligner la bonne santé économique du territoire liée à « un équilibre entre des moteurs productifs et résidentiels, à une diversité des activités, de compétences et d'emplois » (Ibid.). Enfin, l'attractivité est aussi renforcée par le capital social qui se traduit par une solidarité propre au territoire (vivre ensemble, agir collectivement). État du tourisme Les acquis touristiques du Pays basque sont indéniables. La situation (entre mer et montagne), l'expérience (le tourisme est une filière clé du Pays basque), une offre structurée (580 entreprises regroupées au sein du cluster de tourisme Goazen), la capacité et la qualité des hébergements (mais 90 % en accueil non marchands), une bonne accessibilité (aéroport, gare ferroviaire, autoroutes) font la notoriété et l'attractivité de la destination (38650 touristes par jour à l'année en 2013) 90. L'attrait du Pays basque repose aussi sur une culture millénaire, des traditions et un patrimoine. Depuis 2012, le Pays Basque se tourne vers le développement et la structuration du tourisme d'affaires avec notamment la création de l'association Biarritz Pays Basque Convention Bureau. Les objectifs étant de favoriser les partenariats commerciaux, la qualité des structures d'accueil et la mutualisation des moyens de promotion.91 En revanche, des inconvénients ont été notés au détriment des aspects positifs vus précédemment : érosion des marges bénéficiaires des entreprises (impact sur les innovations, les formations, etc), retard dans l'utilisation des nouvelles technologies, absence de la destination au niveau marketing, folklorisation, faiblesses des entreprises au niveau de l'accès aux données stratégiques et à la gestion du personnel, non approbation du tourisme par les habitants et vision patrimoniale pour les élus, plutôt qu'économique.92 90 IPAR ALDEKO ZENBAKIAK. Le Pays Basque en chiffres. 2013-2014. [en ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/157094> (Consulté le 30-03-2014). 91 Bilan d'activité 2012. Cluster tourisme du Pays basque. 2012. [en ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/157096> (Consulté le 30-03-2014) 92 Cluster tourisme et redynamisation territoriale et touristique : le cas de Goazen au Pays Basque. Tourisme et territoires. Volume 3. 2013 [en ligne]. Disponible sur : <file:///C:/Users/Aur%C3%A9lie/Downloads/75-233-1-PB 90 Après réflexion, les acteurs du territoire ont pensé que la solution la plus adaptée au repositionnement de la destination était le cluster touristique. 5.3.2 Bases de formation du cluster 5.3.2.1 Une majorité d'acteurs privés C'est ainsi que le Pays Basque poursuit en innovant avec la création d’un cluster de tourisme dès 2008. La réalité du territoire est ici particulière car il ne s'agit pas d'un territoire délimité par des frontières administratives mais plutôt d'une destination, reflet d'une identité. Cette réalité repose, ainsi sur des réseaux de relations sociales, informelles ou professionnelles et une véritable solidarité. Avec la mise en place du cluster « Goazen », les acteurs du territoire expérimentent de nouvelles manières de gouverner. 93 À ce jour, le cluster fédère 580 entreprises dans les domaines de l'hébergement et de la restauration, du réceptif et de l'animation de séjours. Ensemble, ils constituent le Comité de Direction de « Goazen » et vont définir le projet stratégique. Leurs rôles vont au delà de la simple définition d'un projet puisqu'ils vont assurer le pilotage de ces projets, évaluer les résultats et mobiliser l'ensemble des entreprises. 94 Cette solution a été choisie afin de favoriser la concertation et la coopération entre les acteurs du tourisme. La Chambre de Commerce et d'Industrie de Bayonne Porteuse du projet, la Chambre de Commerce et d'Industrie de Bayonne(CCI), reflète une stratégie collective issue du monde entrepreneurial et des institutions. Sous la forme d'une association, le cluster aurait eu des difficultés quant à la gestion financière. Ainsi, la CCI, structure porteuse du cluster, exerce le rôle d'interface à l'aide d'un chargé d'animation. De plus, la CCI assure 71% des ressources financières de « Goazen » tandis que le reste est assuré par le Conseil Général et les entreprises. %20(2).pdf> (Consulté le 30-03-2014) 93 Cluster tourisme et redynamisation territoriale et touristique : le cas de Goazen au Pays Basque. Tourisme et territoires. Volume 3. 2013 [en ligne]. Disponible sur : <file:///C:/Users/Aur%C3%A9lie/Downloads/75-233-1-PB %20(2).pdf> (Consulté le 30-03-2014) 94 Bilan d'activité 2012. Cluster tourisme du Pays basque. 2012. [en ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/157096> (Consulté le 30-03-2014) 91 5.3.2.2 Une stratégie de marque Le choix de la mise en place d'un cluster est d’autant plus pertinent qu’il s’accompagne d’une stratégie de marque. L'enjeu du marketing territorial a été souligné comme axe majeur de développement pour 2012. De nombreux acteurs du territoire se regroupent ensemble pour créer la marque « Pays Basque ». Au delà des produits agroalimentaires, la marque va fédérer d'autres filières comme celle du tourisme. Il s'agira d'une marque ombrelle, pour la destination, qui va abriter l'ensemble des clusters existants dans chacune des filières. A ce jour, plus de 300 acteurs, publics et privés, ont participé aux différents travaux conduits durant ces quatre années passées.95 95 Bilan d'activité 2012. Cluster tourisme du Pays basque. 2012. [en ligne]. Disponible sur : <http://w1p.fr/157096> (Consulté le 30-03-2014) 92 5.4 Bilan du terrain d'application Après l'étude détaillée de ces trois terrains d'application, il nous paraît intéressant d'établir un tableau de synthèse récapitulant les principaux axes de distinction entre ces derniers. (Tableau 9). Tableau 9: Tableau de synthèse : Des clusters propres aux territoires sur lesquels ils s'implantent Val d'Europe Toulouse Goazen Territoire Intercommunalité Métropole Territoire de traditions Destination 1ère destination touristique européenne 4ème ville touristique en France Date de création 2012 2013 2008 Formation bottom-up96 bottom-up bottom-up État du Cluster Démarrage Initiation / Préparation Consolidation Structure porteuse EuroDisney SEM So Toulouse CCI de Bayonne Objectif Territoire d'excellence, mondialement reconnu. Figurer au rang des 40 premières destinations européennes en termes de congrès scientifiques Mettre en œuvre un management de la destination durable et responsable. Source : Thibault Aurélie. 2014. Ce tableau met en évidence trois terrains d'application caractérisés par leurs propres temporalités, leurs originalités structurantes et leurs objectifs. Cette confrontation nous semble être un moyen plus intéressant et plus adapté à la vérification de nos hypothèses. Car en effet, si l'environnement et la configuration des clusters sont différents d'un territoire à un autre, il en sera de même des interactions et des synergies possibles entre les acteurs de chacun. Nous allons, à présent, proposer les outils adaptés à notre modèle d'analyse dans l'objectif de vérifier nos hypothèses. 96 i.e venant du terrain et non des instances gouvernementales. 93 Chapitre 6 : Proposition d'une méthodologie et d'outils C ette dernière partie va nous permettre de construire un modèle d'analyse afin d'apprécier les retombées, sur les acteurs, de la mise en place d'un système de coproduction au sein d'un cluster touristique. Ce terrain d'application a ainsi pour objectif de répondre à notre problématique initiale : L'attractivité devenue un enjeu pour les territoires, en quoi la logique de coproduction estelle une variable importante pour la réussite d'un cluster de tourisme ? Et de valider ou non les hypothèses développées tout au long de ce mémoire. Les hypothèses sont : La prise en compte et l'implication de tous les acteurs de l'expérience touristique ; D'un point de vue organisationnel, la coproduction permet une meilleure coordination des acteurs, favorisant leur compétitivité ; La coproduction favorise les synergies entre les acteurs grâce à différentes formes de proximité. 6.1 Quelle méthode choisir ? Deux grandes familles d'outils d'analyse s'offrent à nous pour l'étude du terrain : les enquêtes quantitatives et les enquêtes qualitatives. Les enquêtes permettent, en règle générale, de mieux décrypter une réalité qu'elle soit économique, sociale, culturelle, de comprendre des faits, d'étudier des besoins, d'aider à la prise de décisions et d'évaluer. Ces deux types de méthodes n'explorent pas les mêmes champs de connaissances mais elles peuvent être associer, de manière complémentaire, en combinant leurs forces respectives : La méthode qualitative : description détaillée d'un contexte ; la méthode quantitative : associations de facteurs (causes, effets) pouvant être généralisés à une population. 94 Ainsi, dans un premier temps, il nous semblera plus pertinent de s’intéresser à la méthode qualitative. La méthode qualitative repose davantage sur la qualité et permet de mieux comprendre la cible visée, en cherchant des réponses à la question « comment » et non « combien ». Il s'agit plus de comprendre que de quantifier. L’entretien est une situation sociale reposant sur une rencontre et un échange qui suppose un contact direct entre le chercheur et ses interlocuteurs. Il met en œuvre des processus de communication et d’interaction, où la personne interrogée sera libre de s'exprimer. Les objectifs de l'analyse qualitative est de récolter un ensemble d'informations pour mieux connaître notre sujet de recherche et de pouvoir réaliser au mieux l'étape suivante qui est l'analyse quantitative. La méthode qualitative présente un certain nombre d'avantages telle que la rapidité car il ne s'agit pas d'avoir un grand nombre de réponses, mais d'en avoir quelqu'unes afin de mieux comprendre les comportements (échantillon de 10 à 70 personnes). De plus, il existe différentes méthodes d'analyse des données, du résumé à l'analyse du contenu. Enfin, ils existent différentes techniques de collecte des données en recherche qualitative (entretiens individuels ou en groupe, entretiens directifs ou semi directifs, observations directes et indirectes...). La méthode quantitative, quant à elle, cherche à mettre l'accent sur le nombre de personnes interrogées pour mettre en évidence des données. L'échantillon choisi sera représentatif puisqu'il regroupera des individus moyens au regard des caractéristiques de la population totale. Contrairement, à la méthode qualitative où la personne interrogée est maîtresse de l'entretien, dans la méthode quantitative, l'individu répond dans un cadre déterminé à l'avance par l’interviewer. Ces enquêtes peuvent être administrées sous forme de questionnaires ou de sondages (en face à face, par courrier ou internet). Les avantages de la méthode quantitative sont de pouvoir expliciter des réponses qui ne sont pas forcément claires et de pouvoir généraliser les réponses à l'ensemble de la population. Dans le cadre de notre terrain d'application, nous utiliserons la technique de l'entretien individuel semi-directif qui nous permettra d'obtenir des renseignements plus détaillés. De plus, la prise de parole de l'enquêté sera au cœur de l'entretien. L'enquêteur orientera l'entretien en fonction des sujets qu'il souhaite aborder, en établissant préalablement un guide d'entretien. L’hétérogénéité des acteurs du tourisme rend complexe l'élaboration d'un échantillon représentatif, notamment dans le cadre de notre sujet. 95 6.2 Le choix de l'échantillon Où ? Comme nous l'avons vu dans le chapitre 5, nous nous intéresserons au cas de trois clusters de nature différente (Tableau 9): Le cluster du Val d'Europe ; le cluster « Goazen » du Pays Basque ; le cluster de tourisme d'affaires de Toulouse. Qui ? Pour étude qualitative, le choix des personnes interrogées est primordial. Dans le cadre de notre sujet, il semblerait intéressant de rencontrer des personnes dont les statuts sont différents. En effet, ces derniers auraient certainement des points de vue différents et seraient en mesure de percevoir les changements liés à la mise en place d'un cluster, et plus particulièrement liés aux relations entretenues avec les autres acteurs. Nous interrogerons bien évidemment des acteurs issus des trois clusters étudiés. Combien ? Il nous semblerait intéressant d'interroger des acteurs de secteurs différents pour chaque cluster étudié, afin d’émettre des comparaisons. Le tableau ci-dessous récapitule l'ensemble des acteurs à interroger. Tableau 10: Typologie des personnes à interroger pour le cluster du Val d'Europe QUOI ? Acteurs économiques Acteurs institutionnels Structures de recherche et de formation Acteurs la société Euro Disney Associés SCA Fonction Directeur d'établissement la Région Île-de-France, le Directeur de service dédiés au Département de Seine et tourisme Marne, L’établissement Public EPAFrance, le SAN du Val d’Europe L’Université de Paris-Est Marne la Vallée 96 Directeur de formation, Chercheurs Tableau 11: Typologie des personnes à interroger pour le cluster de tourisme d'affaires à Toulouse QUOI ? Acteurs Centre de congrès Centre de congrès Diagora Pierre Baudis Toulouse Expo Hôtels : Holiday Inn Blagnac Le Crowne Plaza Le Palladia Mercure Compans Cafarelli Mercure Golf de Seilh Mercure Sant-Georges Novotel Compans Cafarelli Novotel Purpan aéroport Pullman Toulouse Centre Autres structures : Casino Théâtre Barrières Cité de l'espace Directeur de l'établissement ou Responsable de service Acteurs publics Sem So Toulouse Directeur de la structure Acteurs institutionnels Bureau des congrès Office de tourisme Directeur de la structure Structures de recherche et de formation ISTHIA Association ASTRE Directeur de l'établissement Chercheurs, chercheuses Acteurs économiques 97 Fonctions Tableau 12: Typologie des personnes à interroger pour le cluster "Goazen" QUOI ? Acteurs Club hôtelier de St Jean de Luz Saint Jean de Luz Qualité Hôtels Camping de charme en Terres basques Fonctions Représentant Association de Thalassothérapie Côte Basque Président Association des agences réceptives du Pays Basque Président Acteurs publics et économiques Chambre de commerce et d'industrie de Bayonne Directeur ou animateur de projet Acteurs institutionnels Office de tourisme Comité départemental du tourisme Directeur Directeur Structures de recherches et de formations Lycée Hôtelier Biarritz Atlantique ESTIA Directeur Acteurs économiques Président Directeur Associations Directeur 6.3 Établir un guide d'entretien97 Selon la typologie de l'échantillon établi, il serait plus judicieux de créer différents modèles de guide d'entretien, correspondants aux différents acteurs interrogés. En effet, les thèmes et les questions seront différents même si l'objectif final est similaire. L'entretien exploratoire en Annexe A, réalisé auprès d'une chercheuse du Cluster du Val d'Europe, a été un véritable outil d'aide à la construction des entretiens suivants. En effet, il 97 BARTHE Laurent. Analyse quantitative. Master I Tourisme Hôtellerie., Toulouse II Le Mirail, 2014. DUPUY Anne. Analyse qualitative. Master I Tourisme Hôtellerie., Toulouse II Le Mirail, 2014. 98 s'agissait d'une première approche de la notion de coproduction et il nous a permis de dégager des pistes de réflexion. Le premier guide s'adresse aux acteurs économiques qui font partie intégrante du cluster tourisme du Val d'Europe. Comme nous l'avons expliqué, précédemment, un entretien semi-directif a pour but de laisser l’enquêté s'exprimer librement. Cependant, nous l'orienterions en fonction de nos hypothèses et des thèmes pertinents vis à vis de notre sujet. En Annexe E figure le guide d'entretien qui s'adresse au premier échantillon : les acteurs privés (directs ou indirects) du tourisme. Ce guide d'entretien s'établit de la manière suivante : Objectif de l'étude et rappel des hypothèses ; huit thèmes orienteront l'entretien; chaque thème comprend : une question de départ et des questions de relances. Les thèmes abordés seront : Le parcours professionnel de l’enquêté : ce thème permettra de mettre en confiance la personne interrogée et de lui montrer l’intérêt porté à l'égard de son parcours et de son activité. La structure : il s'agit de continuer notre enquête de manière progressive, cette foisci en s’intéressant plus particulièrement à l'établissement au sein duquel l’interrogé exerce. L'environnement : cette partie sera un moyen de comprendre dans quel environnement se positionne la structure de l'enquêté et finalement d'aborder les relations entretenues avec l'extérieur (concurrents, partenaires). La destination : ce thème nous permettra d'évaluer la représentation des acteurs de la destination, la manière dont ils s'impliquent pour celle-ci et d'aborder la question de fédération des acteurs autour d'un projet. Le rôle des collectivités locales : ici, nous aborderons les liens crées avec les acteurs institutionnels. Il s'agira aussi de constater la vision du secteur privé vis à vis des institutionnels et de leurs stratégies. 99 La formation et la recherche : nous verrons les apports concrets de la formation et de la recherche via le témoignage d'un privé. Le cluster touristique : dans cette partie, nous verrons la manière dont les acteurs définissent le cluster touristique et leurs attentes. Bilan : cette dernière partie est facultative et concerne les clusters qui s'inscrivent dans la durée. Nous constaterons ainsi la manière dont s'est constituée le cluster et, dans quel intérêt et de connaître le rôle et l'implication de l'acteur. Elle permettra d'établir une analyse mais aussi un bilan des changements remarqués depuis la création du cluster par l'acteur interrogé. On pourra ainsi rendre compte ou non de l'évolution des relations entre les acteurs (proximités, synergies, coopétition) et de voir les impacts produits sur les acteurs et sur la destination. Notre second guide d'entretien, en Annexe F, s'articule autour de six thèmes et s'adresse à notre deuxième échantillon : les acteurs institutionnels du tourisme. Dans un premier temps, nous retrouverons les deux thèmes introductifs de l'enquête : le parcours professionnel et la structure. Par la suite, nous aborderons les thèmes suivants : Le rôle de la formation et de la recherche : nous verrons quels sont les liens entretenus entre les collectivités locales, la formation et la recherche. Il s'agira de constater l'influence ou non de la recherche sur les stratégies de développement local et du développement touristique. La destination : cette partie concerne l'implication des collectivités locales dans le développement touristique, la structuration de l'offre et l'imaginaire qu'ils en dégagent. Nous analyserons aussi l'organisation du tourisme sur le territoire selon les acteurs en présence. Le cluster : nous aborderons ici le concept de cluster afin d'analyser les représentations et les attentes des acteurs vis à vis de celui-ci. Et nous finirons, comme présenter précédemment, par le thème facultatif : Bilan. Il s'agira, par la même occasion, de constater l'évolution ou non des relations entre les acteurs du tourisme et de la notion de coproduction. 100 Enfin, notre troisième guide d'entretien, Annexe G, s'adresse à notre troisième échantillon : les acteurs de la formation et plus particulièrement de la recherche. Ce troisième guide d'entretien reprend une structure similaire aux deux précédents. S'y ajoute les thèmes suivants : Territoire / Destination : nous aborderons ici, la notion d'attractivité, avec un plus grand intérêt. Nous analyserons ainsi les ressources du territoire et de la destination touristique puis les possibilités de valorisation de celles-ci selon l'enquêté. Le rôle de la formation et de la recherche : nous aurons ici, un point de vue différent des guides d'entretien précédents puisqu'il s'agira de l'acteur concerné par le thème. Le cluster : ce thème sera un moyen d'analyser les représentations, peut-être divergentes, des différents acteurs de la recherche. Cette troisième partie est ainsi un moyen de trouver des réponses à nos hypothèses établies et finalement à notre problématique : L'attractivité devenue un enjeu pour les territoires, en quoi la logique de coproduction es-elle une variable importante pour la réussite d'un cluster de tourisme ? Suite aux différents entretiens, il conviendra d'analyser les résultats et de créer des liens ou des divergences entre ceux-ci. Avec plus de temps et une réflexion plus avancée, il aurait été sans doute intéressant de déterminer un certain nombre d'attributs, lors des études qualitatives, afin d'établir par la suite un questionnaire et finalement de coupler les deux méthodes. Il aurait été aussi rémunérateur d'avoir une orientation touriste. Nous l'avons vu, dans la première hypothèse établie, tous les acteurs de l'expérience touristique doivent être intégrés au cluster même le touriste. En revanche, mon entretien exploratoire m'a permis de comprendre que ce n'est pas le touriste actuel qui aura une place importante au sein du cluster mais le touriste du futur. « Le touriste du futur, ça sera quelqu'un qui ira « expérimenter » le territoire » (Mme X , Chercheuse et maître de conférence, extrait d'entretien, 16/12/13). Il paraîtrait intéressant d'analyser dans le futur les impacts du cluster sur la destination du point de vue d'un touriste. Pour cela une méthode quantitative sera plus adaptée à la démarche. 101 CONCLUSION D ans un contexte où il est plus que nécessaire d'anticiper le futur, les territoires doivent se montrer innovants et repenser leurs stratégies. Nous avons vu dans une première partie que la renaissance du territoire est né de la remise en cause du fordisme. Le territoire a alors été perçu comme une source d'avantages dans de nombreux secteurs. C'est ainsi que des stratégies ont été mises en place pour faire des territoires, des zones attractives et compétitives, ce qui a entraîné une véritable concurrence à toutes les échelles, de la nation au territoire local. Dans ce mémoire, nous nous sommes plus particulièrement intéressé à l'échelle locale et nous avons vu que les sources de l'attractivité étaient multiples. De nombreuses stratégies ont été pensé, de nombreux outils ont été crée dans le seul objectif d'optimiser l'attractivité d'un territoire. Dans ce mémoire, nous nous sommes focalisés sur les facteurs endogènes d'un territoire et sur le concept de cluster. Rappelons-le, le cluster est une notion popularisée dans les années 1990 par Michaël Porter, bien que les premiers travaux remontent à la fin du 19ème siècle. Ce concept repose sur la théorie de la croissance endogène soit la capacité d'un territoire a créer des économies externes favorables aux acteurs du territoire. Plus récemment, ce concept s'est décliné sous différentes formes et s'est appliqué à de nouveaux secteurs, comme celui-du tourisme. Dans la partie 2, nous avons constaté que le secteur touristique révélé comme un véritable levier de développement pour le territoire a entraîné une multiplication des destinations. Chacune d'elle se retrouve finalement confronté à un souci de durabilité et doivent trouver un équilibre entre attractivité, compétitivité et durabilité. Le client est confronté tout au long de son séjour à un ensemble d'acteurs lié directement ou indirectement au secteur touristique. Il est dont primordial de travailler dans une logique de destination et non de manière individuelle. Des stratégies plus structurées liées à l'innovation apparaissent comme les clusters qui s'appuient sur les théories de la croissance endogène et qui cherche donc à la fois la visibilité mais aussi la lisibilité de la destination. Ces stratégies sont perçues comme des solution d'avenir pour le développement durable des territoires. 102 Déjà développés dans l’Europe médiane et dans les destinations touristiques émergentes (Chine par exemple), les clusters de tourisme restent exceptionnels en France. Ce mémoire s'inscrit dans la volonté d'étudier une variable importante pour la réussite d'un cluster : la notion de coproduction, qui finalement nous semble au cœur des spécificités du secteur touristique. Il nous est apparu, à travers les lectures littéraires, que le cluster reposait en majeure partie sur les interactions entre les acteurs du territoire. Nous l'avons souligné, le collectivisme doit dépasser l'individualisme, le cluster doit s'ouvrir vers l’extérieur et tous les acteurs intégrant l'expérience touristique doit être pris en compte (acteurs privés, publics et institutionnels, organisme de recherche et de formation, touristes). De plus, c'est en développant ces écosystèmes de coproduction que des effets bénéfiques au territoire et aux acteurs verront le jour. En effet, diverses théories démontrent que les relations entre les acteurs sont régis par différentes formes de proximités (institutionnelle, organisationnelle, cognitive et sociale) donnant naissance à des synergies. Dans cette logique de coproduction, le cluster se révèle donc être une solution pour les destinations qui ont la volonté d'être attractive, compétitive et durable. Notre entretien exploratoire, en Annexe A (Madame X, Chercheuse au LVMT, 2013), nous a permis de comprendre que les théories étaient bien souvent différentes de la pratique. Nous avons ainsi formuler la problématique suivante : L'attractivité devenue un enjeu pour les territoires, en quoi la logique de coproduction est-elle une variable importante pour la réussite d'un cluster de tourisme ? Par la suite, nous avons établies trois hypothèses suivantes : La prise en compte et l'implication de tous les acteurs de l'expérience touristique ; D'un point de vue organisationnel, la coproduction permet une meilleure coordination des acteurs, favorisant leur compétitivité ; La coproduction favorise les synergies entre les acteurs grâce à différentes formes de proximité. Afin de vérifier nos hypothèses, nous avons choisis trois terrains d'applications : le cluster du Val d'Europe, le cluster de tourisme d'affaires à Toulouse mais aussi le cluster « Goazen » du Pays Basques. Il nous a paru plus intéressant de voir les éventuelles différences de structuration des relations entre trois clusters qui se distingue par leur temporalité et leur originalité structurante. 103 Trois grilles d'entretien qui s'adresse à trois types d'acteurs différents (acteurs privés, acteurs publics et organisme de recherche et de formation) ont été conçues pour collecter un certain nombre de données capables de vérifier ou non nos hypothèses. L'étape du terrain et de l'analyse des données collectées feront l'objet d'un second travail en deuxième année de master. 104 Table des annexes Annexe A Retranscription entretien exploratoire...............................................................106 Annexe B Localisation des universités, écoles, IUT à Toulouse........................................115 Annexe C Les pôles de compétitivité à Toulouse...............................................................116 Annexe D Statistiques hôtelières à Toulouse 2012............................................................117 Annexe E Guide d'entretien n°1.........................................................................................118 Annexe F Guide d'entretien n°2.........................................................................................122 Annexe G Guide d'entretien n°3.........................................................................................126 105 Annexe A Retranscription entretien exploratoire Chercheuse au LVMT et Maître de conférence Le 16 décembre 2013 11h00 – 11h45 Aurélie Thibault : Tout d'abord, pouvez-vous me parler de votre carrière professionnelle ? Quelles sont vos spécialités d'enseignement, vos thématiques de recherche ? Interviewé : Alors moi je suis une universitaire, donc euh, je suis une économiste de formation. J'ai fait ma thèse à Paris I. Aurélie Thibault : D'accord. Interviewé : J'ai fait ma thèse sur les investissements directs étrangers en Europe. Donc rien à voir avec le tourisme. Aurélie Thibault : Ah oui d'accord. D'accord très bien. Interviewé : Mais la problématique est assez la même. Disons qu'en suite j'ai, en deuxième poste, on m'a mis à la direction de l'IUP tourisme de Marne la Vallée. Que donc, j'ai dirigé. Puis ensuite, c'était juste au moment du basculement à la réforme LVMT. Donc j'ai un peu transformé cet IUP en Master et on a abandonné la licence. Et puis, voilà. Voilà, donc pour le tourisme disons. Aurélie Thibault : D'accord. Interviewé : Donc sur les recherches, je travaille beaucoup sur l'attractivité des territoires. Et puis progressivement, je me suis aperçu que le territoire était important, et puis, euh, travaillant un petit peu sur le tourisme, et bien j'ai de plus en plus, regarder la croissance tirée par le territoire. Donc alors, pourquoi la croissance par le tourisme ? Parce que donc, je me suis donc aperçue que beaucoup de personnes voulaient développer le tourisme et non pas la croissance d'un territoire par le tourisme. Et en temps qu'économiste, pour moi ça a une très grosse différence de développer un territoire par le tourisme que faire venir du monde sur le territoire. Donc voilà, progressivement c'est comme ça que je me suis intéressée à l'attractivité, d'abord, et puis je me suis rendue compte que depuis, on va dire, depuis une dizaine d'années, l'attractivité est une affaire multiple, une affaire de territoire, d'acteurs et puis bien entendu aussi de demande. C'est à dire d'adaptation à la demande. 106 Et à mesure, un petit peu, que j'ai réfléchi, je me suis aperçue, en fin de compte, qu'un territoire n'est jamais à vocation touristique de manière spontanée. Aurélie Thibault : Oui, on l'amène, en faites, à devenir … Interviewé : Voilà, il y a un projet déjà et ensuite il y a un construit. Alors après la réflexion a été un peu biaisé par ma localisation, car je suis au Val d'Europe. Aurélie Thibault : Oui … Interviewé : Le Val d'Europe, on est voisin de Disneyland et qui est donc la première destination intégrée d'Europe. Donc ils ont 15 millions de touristes par an. Nous à côté, il y a aussi un très grand centre commercial, un outlet shopping qui reçoit presque sept millions de touristes par an. Donc partant de là, j'ai un peu réfléchi, on va dire, on a essayé de réfléchir ensemble avec Disney et les autres à la vocation, enfin la destination future du Val d'Europe, hors Disneyland. Et c'est là que peu à peu, on a , j'ai encore renforcé ma réflexion, en revenant un peu sur mes premières études parce que Disneyland est un investissement direct étranger d'une chaîne américaine sur un territoire qui été totalement affriché. Donc voilà, la boucle était bouclée. Mais cette fois-ci, je regarde, la dynamique territoriale, non pas par la firme, mais par le territoire support. Aurélie Thibault : D'accord. Interviewé : Voilà donc la boucle de mon euh, donc après, ce qui m'a amené, maintenant, à diriger le département tourisme de l'université, finalement, on a pas grand chose, on a quelques licences pros, deux masters et une licence pro de guide de conférence. Aurélie Thibault : D'accord, et pour vous comment ça se traduit justement, la place de l'enseignement et de la recherche sur le marché du tourisme ? Qu'est ce que ça apporte ? Parce que justement, dans les clusters, on introduit beaucoup cette notion d'enseignement et de recherche. Interviewé : Absolument, c'est à dire que, il faut partir sur le fait que le tourisme est une activité. Alors on comprend bien que l'enseignement et la recherche ont été importants à la Sillicon Valley. On est à dimension technologique. Ici dans le tourisme, on est plutôt, dans le service. Et justement la recherche et la formation, elle doit s'adapter, à cette spécificité 107 déjà. On doit considérer deux choses déjà, l'accueil est important et que c'est un produit qui est tiré par la demande et pas par l'offre. Partant de là puisque la demande, par définition, c'est quelque chose de variable, d'évolutif et donc l'idée, la place de la formation comme de la recherche c'est de comprendre, euh, essayer de comprendre (parce que c'est difficile), toutes les mutations en cours, tous les changements de clientèle, les baisses de consommation qui changent, la place de la technologie. Voilà donc, euh, puisque dire que la demande tire l'offre, c'est simple, mais en plus, avec les nouvelles technologies que l'on peut pister, le touriste, on peut les suivre à la trace, donc mieux comprendre leur comportement. C'est quelque chose de, je sais pas, l'enseignement à ce niveau là, c'est mettre un peu un focus sur l'accueil mais aussi sur la complexité de la demande. Et donc, la spécificité pour l'offre c'est d'être à la fois, innovante mais aussi adaptative et ça c'est une chose. C'est déjà un grand programme. Et puis au niveau de la recherche, c'est essayer... Enfin, nous on pose les ambitions dans le tourisme du futur. Donc comprendre les enjeux du tourisme pour tous, pour le territoire, les acteurs et tous les acteurs. Aurélie Thibault : Oui, et justement pour vous, comment vous définirez un cluster de tourisme ? Interviewé : Alors, pour moi, le définir c'est pas facile, parce qu'on sait ce qu'est un cluster en général. Un cluster du tourisme on sait aussi, mais maintenant il y a plusieurs variantes qui sont ...euh. Moi je peux vous définir, le cluster de tourisme du Val de d'Europe, euh, parce que c'est quelque chose d'inégalé et d'inégalable puisque qu'il n'y qu'un Disneyland en Europe, en France. Il y a qu'un outlet shopping en France. Il y en a plusieurs en Europe. Voilà donc on a des actifs... Aurélie Thibault : … différents en faites... Interviewé : Voilà donc un cluster de tourisme, c'est une mise en synergie d'actifs territoriaux, voilà en gros c'est ça un petit peu. Euh... pour renouveler un peu la définition que j'ai déjà écrite... et ces actifs spécifiques, et bien ils sont propres à chaque territoire. C'est pour ça qu'il est toujours très très dangereux de vouloir, euh... Je me suis un peu effrayée en faites, car tout le monde veut faire un cluster mais pas tout le monde a le potentiel ni les actifs qui portent, qui peuvent porter un territoire. 108 Aurélie Thibault : et quels sont justement les déterminants du cluster, selon-vous ? Interviewé : Alors, il y a déjà plusieurs.. Alors euh, il y a le territoire, il y a les, alors, acteurs, mais attention pas que les acteurs directs, mais tous ceux qui sont impactés par le tourisme. Aurélie Thibault : Les intermédiaires … le touriste … Interviewé : Alors les intermédiaires, mais les services publics, les résidents, tout, tout, tout... C'est à dire qu'on est pas dans la logique acteur directs, acteurs indirects... Aurélie Thibault : C'est tout ceux qui sont impactés... Interviewé : Impactés ! Alors y compris l'hôpital local qui va être, qui va finalement recevoir des touristes étrangers, de la présence de Disneyland. Aurélie Thibault : D'accord, oui. Interviewé : Alors que spontanément un hôpital n'a pas de vocation touristique. Aurélie Thibault : Oui, c'est vrai. Interviewé : Vous voyez ce que je veux dire ? Hein ? Du moins, je parle pas de la chirurgie esthétique, hein. Dans un hôpital... Aurélie Thibault : oui (Rires) Interviewé : (Rires) Donc c'est tout un territoire qui vit, qui vit au rythme et au diapason de sa vocation initiale qui est une grande destination touristique. Aurélie Thibault : D'accord. Et, euh, pour vous, qui doit impulser, justement, un cluster ? Est-ce que ça doit se faire de manière spontanée ou est-ce que … Interviewé : Alors là, il y a la différence entre la théorie et la pratique. Aurélie Thibault : Oui, voilà... Interviewé : Idéalement, c'est une logique, on va dire bottom up. Hein, c'est à dire, c'est pas un décret... C'est pas un pôle de compétitivité ! Aurélie Thibault : Oui voilà, c'est différent d'un pôle de compétitivité. Interviewé : Voilà, un pôle de compétitivité, c'est un texte, un cadre juridique, euh... c'est impulsé par l’État. Alors c'est un truc très spécial. 109 Un cluster, c'est donc, plus spontanée. (blanc). Alors ça n’empêche pas qu'il lui faut un cadre. Alors là aussi, tout dépend aussi du territoire. Par exemple, si je prends le Val d'Europe, on a un texte fondateur, on a un statut fondateur, c'est à dire, l'association du cluster tourisme du Val d'Europe. Alors pourquoi ? Parce qu'on a des plus gros acteurs, donc bien sur Disneyland, enfin ce n'est pas que Disneyland, c'est Eurodisney.... Et Eurodisney, a un statut particulier en faites, puisque c'est une convention cadre, entre directement l’État et la Maison mère aux États Unis. Donc à partir du moment, que l'on a cet acteur là dans le cluster, on ne peut pas faire comme ailleurs. Il faut formaliser. Alors, le cluster s'inscrit dans l'avenant de la convention qui a été signé il y a deux ans, jusqu'en 2030 avec l’État, la Région, le Département. Et à côté de ça, on a un cadre, on va dire construit. Mais ce n'est pas une obligation. C'est la spécificité du territoire qui le veut. Alors là ça dépend du contexte, de la conjoncture, des besoins, où il y a beaucoup plus de forces de spontanéité et de marges de manœuvre. Aurélie Thibault : Et, euh, qu'est ce que justement, le cluster apporte au territoire, en plus de l’attractivité ? Interviewé : Alors un cluster, n'apporte pas d'attractivité. Aurélie Thibault : non il le renforce, il l'optimise... Interviewé : Voilà, un cluster apporte de la visibilité et non pas pour les touristes mais pour les résidents, et les acteurs sur place. C'est d'autant plus, à mon sens, ça renforce l'identité d'appartenance d'acteurs qui pourraient se sentir exclus par la présence, la spécialité touristique en faites. Aurélie Thibault : D'accord, d'accord. C'est intéressant... Interviewé : Donc ça apporte de la coordination, de la complémentarité, bien sur de la concurrence mais voilà, disons que c'est de la cohérence interne, à mon sens, c'est de la cohérence interne entre les acteurs. Les touristes, si ils viennent, eux ils s'en foutent si il y a un cluster, il ne savent pas ce que c'est. Et ce n'est pas pour eux qu'on le fait. Aurélie Thibault : D'accord. Et quels sont les impacts sur les acteurs ? En plus de se sentir moins exclus pour certains, est-ce que ça peut leur permettre aussi, au niveau des entreprises privés par exemple, d'innover … Y-a t-il des apports concrets ? 110 Interviewé : Alors déjà, en théorie toujours bien sûr, ça devrait...mais après la pratique, elle prend du temps, du fait que les gens apprennent à se connaître, ce qui est déjà un énorme progrès, il y a des commissions (ce qu'il n'y avait pas avant). Donc voilà, là on a déjà impulsé une dynamique. Après, il y a des conférences, on fait des choses déjà... Aurélie Thibault : Ce qui n'était pas le cas avant, peut-être ? Interviewé : Non non rien du tout. Donc là on fait des choses, on est sur l'identité visuelle, le logo, le site internet donc on a beaucoup travaillé dans les commissions, en communication, en recherche, on lance des programmes de recherche. Le cluster, c'est un directeur, c'est important pour quelqu'un qui n'est pas issu, c'est quelqu'un d'indépendant en faites, il ne vient pas de Disney, il ne vient pas de l'université, il ne vient pas de la région Île-de-France. C'est quelqu'un qui a été recruté, qui a une parfaite connaissance du terrain et donc c'est lui aussi la caution d’indépendance du cluster. Et c'est celui qui essaie, vous voyez , il a été nommé le premier septembre, donc c'est tout récent. Donc voilà, on commence à appliquer la dynamique. Aurélie Thibault : Est-il en charge de la gouvernance ? Interviewé : Avec un conseil d'administration et tout...Mais effectivement, il est en charge d'animer disons, les commissions, c'est un peu le représentant du cluster. Aurélie Thibault : D'accord. Pensez-vous qu'il y a un type de gouvernance plus adapté qu'un autre ou cela dépend vraiment des territoires ? Interviewé : Moi je crois qu'il ne faut rien figer dans le noir. Un cluster est un concept, c'est une envie de croyances. Et ça doit être le point commun à tous les clusters. Après, le reste va dépendre des locaux, de la configuration...Quand on a un énorme gros porteur, on ne peut pas se comporter comme si on a une multitude de petits acteurs. C'est pas possible. On peut pas, on peut pas. Moi je dis qu'il faut pas... On peut faire des exemples types de gouvernance, un peu plus centralisé ou décentralisé selon la nature des acteurs. Mais un bon cluster en soi, va se doter d'une bonne gouvernance. Après, qu'est ce que l'on met dans le mot « bonne » ? ça c'est à voir. Aurélie Thibault : Avez-vous déjà effectué des comparaisons de clusters ? Par exemple avec des clusters étrangers ? 111 Interviewé : Alors on regarde un petit peu ce qu'il se fait. Mais il n'y pas vraiment d'équivalent, déjà. Par contre, tous les clusters que j'ai observé, que ce soit, en Europe, au Chili, en Amérique, ce sont quand même des clusters, qui n'ont pas un si gros acteur, d'aussi grosses capacités d'accueil touristique. Donc ce sont de plus petite envergure, en faites. Parce que là, si on prend les cinq prochaines années, on va avoir un village nature qui va ouvrir, donc déjà la première année c'est un million de touristes en plus. Donc on fait pas les choses à petite échelle, ici. Aurélie Thibault : Lors de ces comparaison, en avez-vous tiré des enseignements positifs ? Interviewé : Justement, c'est cette idée de ne rien figer dans le marbre, d'une volonté d'agir ensemble, de jouer la complémentarité, de la bonne entente et d’œuvrer pour le territoire. Les ressorts de tout ça, c'est que globalement, c'est de ne pas considérer des acteurs d'un territoire mais des acteurs ensemble pour un territoire plus fort et le territoire en étant lui même une partie prenante. Alors qu'est ce que l'on entend par territoire, là aussi ça dépend de la gouvernance politique du pays, les collectivités territoriales sont de plus grosses parties prenantes, volontaires, qui portent, qui aident, c'est pas forcément le cas partout, aux États-Unis, où l'histoire politique est aussi complètement différente. Donc voilà, c'est un état d'esprit, c'est une ambiance d'acteurs win/win (gagnant/gagnant). Aurélie Thibault : Dans de nombreux articles, j'ai pu voir le terme « d'écosystème d'affaires » et la notion de coproduction... Interviewé : Voilà c'est ça, c'est à dire que ce sont des concepts, après on a pas de recettes, c'est ça l'enjeu. Moi je veux bien vous donner la recette du Val d'Europe, mais ce que je vais vous dire ne vas pas forcément fonctionner ailleurs. Aurélie Thibault : Tout à fait. Interviewé : Chacun s'invente son futur... Aurélie Thibault : Chaque cluster de tourisme à finalement sa définition. Rien n'est transposable d'un territoire à un autre. Interviewé : Et puis surtout, très faire attention au terme de cluster car c'est un terme très à la mode. C'est un peu usurpée comme terminologie. Donc faire très très attention car ça peut être un élément de communication. Aurélie Thibault : Comme le développement durable, par exemple. 112 Interviewé : Voilà, exactement. Il y a les principes, puis il y a les pratiques. Et moi j’attends tout le monde au tournant des pratiques. Aurélie Thibault : Avez-vous rencontré des limites avec le cluster du Val d'Europe ? Y-a t-il des choses à améliorer ? Interviewé : Disons que si il y a une critique, c'est la lenteur, qui est dû à tout le monde, moi la première. C'est quelque chose qui s'ajoute en plus de tout et tout le monde étant surbooké. C'est un peu frustrant. Mais si l'on regarde depuis l'idée à la réalisation, on est quand même allé assez vite. Mais on voudrait aller plus vite. Disons que là, on a un directeur qui est un élément structurant et je pense que la rentrée prochaine sera parfaite. La mise en route est lente. Aurélie Thibault : Et à court terme, avez-vous remarqué des éléments distinctifs ? Interviewé : Ah oui, on a un troisième cycle de conférence, on a organisé un colloque. On a réussi à fédérer, au niveau de la formation, lycées, universités et chambre de commerces... voilà on crée du lien. Non c'est bien, c'est bien... Et là aussi, il ne faut pas aller plus vite. Je crois qu'en faites, je dis que c'est une critique d'aller lentement, je pense qu'à la réflexion, ça ne serait peut-être pas bien. Car comme ça on réfléchit, on pose les actions. De toute façon, un cluster s'inscrit dans la durée. Aurélie Thibault : Dans cette notion de coproduction, on parle aussi d'inclure le touriste au sein du cluster. Selon vous, comment peut-on l'inclure ? Interviewé : Inclure un touriste, ce n'est pas évident. Alors ça dépend ce que vous entendez par touriste. Le touriste du futur, oui. Le touriste actuel, qui vient d’Europe, alors je vais schématiser à outrance, c'est quelqu'un qui va au parc Disneyland ou qui va faire du shopping au centre commercial et à la Vallée Village. Le touriste du futur, ça sera quelqu'un qui ira « expérimenter » le territoire. Et c'est là que rentre le cluster pour faire comprendre au touriste qu'il n'y a pas que Disneyland et le centre commercial. Il y a à proximité des châteaux (Vaux-le-Vicomte, Fontainebleau...). Il y a un territoire, une gastronomie, du terroir, il y a Paris. Et ça c'est le travail du cluster. Le travail du cluster est de construire une offre intégrée qui va se développer et qui va valoriser tout le territoire, y compris l’Îlede-France. Aurélie Thibault : Quelles sont vos attentes ? Valoriser le territoire, renforcer l'attractivité... 113 Interviewé : Absolument, renforcer l'attractivité et puis il y a aussi un défi à défier la concurrence internationale. On a beaucoup dit que Paris était la première destination touristique, ce qui n'est quand même plus forcément le cas surtout en terme de recettes. Donc tout l'enjeu est d'augmenter les recettes du tourisme. Je pense qu'être la première destination touristique on s'en fiche. Ce qui compte c'est récupérer les recettes du tourisme. Il faut donc faire en sorte que les gens restent plus longtemps dans la destination. Combiner, faire en sorte que les gens combinent Disneyland-Paris. Après, tout dépend de la cible, ce n'est pas facile de visiter des musées avec quatre enfants. Tout dépend de la configuration familiale. Mais pour les enfants plus grands, on peut peut-être les emmener voir autre chose que Disneyland ou la Tour Eiffel (des châteaux, Versailles....). Donc il faut diversifier l'offre, les pratiques et les expériences. Le tourisme devient de plus en plus de l' immatériel au sens « expérience ». Voilà, travailler sur le patrimoine, la gastronomie, le territoire, il y a beaucoup de choses à faire valoir. Ça c'est le touriste du futur, pour moi. Aurélie Thibault : Faut-il amener les gens à avoir ce déclic ? Interviewé : Oui, rien ne se fait tout seul. Après ça dépend de la cible. Moi je pense que ce qui va pousser le territoire à s'élargir, à basculer du loisir pur à l'activité au sens large du terme, sera peut-être le village nature qui s'adresse plutôt à une clientèle, moins famille (enfants bas âges). Donc ça peut servir d'opportunité. C'est une joint venture entre EuroDisney et Pierre et Vacances. Il est en chantier et en commercialisation. L'ouverture est prévue pour 2016, je crois. Bien sûr, ils espèrent que les clients aussi à Disneyland mais leur clientèle n'est pas forcément une clientèle familiale Disney. C'est une clientèle plus ouverte sur la nature, le bien-être et qui est potentiellement plus ouverte peut-être à la découverte d'un territoire, de son patrimoine et de sa culture. Aurélie Thibault : Très bien. Et bien c'est ici que s 'achève notre entretien. Je vous remercie pour l'ensemble de ces informations et surtout pour m'avoir accordé un peu de votre temps. Interviewé : Je vous en prie. C'était avec plaisir. 114 Annexe B Localisation des universités, écoles et IUT à Toulouse 115 Annexe C Les pôles de compétitivité à Toulouse 116 Annexe D Statistiques hôtelières 2012 117 Annexe E Guide d'entretien n°1 Exemple de guide d'entretien semi-directif adressé à un Directeur ou un Responsable d'établissement relevant du secteur privé. Étude sur l'évolution des interactions et des synergies entre les acteurs directs et indirects du tourisme et liées à la création d'un cluster touristique. Objectifs et hypothèses L'attractivité devenue un enjeu pour les territoires, en quoi la logique de coproduction estelle une variable importante pour la réussite d'un cluster de tourisme ? Et de valider ou non les hypothèses développées tout au long de ce mémoire. Les hypothèses sont : La prise en compte et l'implication de tous les acteurs de l'expérience touristique ; D'un point de vue organisationnel, la coproduction permet une meilleure coordination des acteurs, favorisant leur compétitivité ; La coproduction favorise les synergies entre les acteurs grâce à différentes formes de proximité. 118 Grille d'entretien : Thème Sous-thème Question de départ Parcours professionnel • • Pour commencer, pouvez-vous me Études suivies ; description du poste (rôles et parler de votre carrière professionnelle ? fonctions). Structure • Organisation et fonctionnement ; stratégies ; forces et faiblesses ; Indicateurs. • • • Pouvez-vous me définir le cadre de l'entreprise que vous dirigez ? Relance • • • Études ; profession actuelle ; relation vis à vis de la formation. • • Organisation interne organisation externe (partenariats...) relation vis à vis des employés ; stratégie, ciblage, positionnement ; évolution du chiffre d'affaires ; Objectifs futurs. • • • • Environnement • • • Que pensez-vous de Évolution ; l'environnement dans lequel Concurrence directe et s'insère votre établissement ? indirecte ; Relations avec les acteurs du tourisme. • • • • Attractivité ; opportunités et menaces du secteur ; relations avec la concurrence directe et indirectes ; le cluster, une opportunité pour la destination ? Pour les acteurs ? 119 La destination • • Représentation ; Sentiment d'appartenance à une communauté. Comment pourriez-vous décrire la destination dans laquelle vous êtes implanté ? • • • • • • • • • Le rôle des collectivités locales • • • Le rôle de la formation et de la recherche • • Quelles sont les relations Représentation des entretenues avec les acteurs collectivités locales ; locaux ? relations ; sentiment d'implication dans les prises de décisions. Relation entreprises/ formations/ recherches impact de la recherche pour les entreprises privés Comment qualifiez-vous le rôle de la formation et de la recherche pour le secteur touristique ? Les entreprises privés ? • • • • • Attractivité touristique ; visibilité de l'offre touristique ; atouts, faiblesses ; votre implication pour la destination ; l'implication des acteurs touristiques (en général) ; importance des acteurs pour la destination ; rôle fédérateur de la destination; de la marque si il y en a une ; relations avec les acteurs du tourisme (public-privé) ; axes d 'améliorations. Actions menées par les acteurs politiques ; soutien de la collectivité pour les entreprises privés ; opinions sur les prises de décisions ; les stratégies ; les discours prononcés (en corrélation avec les besoins du secteur privé?); Formation du personnel, VAE, stages, conférences ; impact sur l'innovation. 120 Le cluster de tourisme (représentation) • • • Représentation attentes ; bénéfices pour les entreprises. Qu'est ce pour vous un cluster de tourisme ? Qu'en pensez-vous ? • • • • • Bilan (si le cluster est déjà crée) (pratiques) • • • Évolution du secteur touristique ; évolution des relations ; analyse. Avez-vous observer des changements depuis la mise en place d'un cluster touristique ? pour votre établissement ? pour la destination ? • • • • • • • • • Objectifs d'un cluster ; attentes du cluster ; implication à court, moyen et long terme influence du cluster sur les stratégies d'innovation des entreprises ; mutualisation des données et des connaissances. Évolution de la représentation du cluster ; évolution de l'offre touristique (qualité, structuration, visibilité, lisibilité) ; structuration ; nombre d'acteurs et statuts ; implication dans les prises de décisions ; phénomènes de synergies, proximité (concertation, projets); sentiment d'appartenance à un réseau avantages et contraintes rencontrées améliorations. 121 Annexe F Guide d'entretien n°2 Exemple de guide d'entretien semi-directif adressé à un Directeur ou un Responsable de service relevant du secteur institutionnel. Étude sur l'évolution des interactions et des synergies entre les acteurs directs et indirects du tourisme et liées à la création d'un cluster touristique. Objectifs et hypothèses L'attractivité devenue un enjeu pour les territoires, en quoi la logique de coproduction estelle une variable importante pour la réussite d'un cluster de tourisme ? Et de valider ou non les hypothèses développées tout au long de ce mémoire. Les hypothèses sont : La prise en compte et l'implication de tous les acteurs de l'expérience touristique ; D'un point de vue organisationnel, la coproduction permet une meilleure coordination des acteurs, favorisant leur compétitivité ; La coproduction favorise les synergies entre les acteurs grâce à différentes formes de proximité. 122 Grille d'entretien : Thème Parcours professionnel Sous-thème • • Question de départ Pour commencer, pouvez-vous me Études suivies ; description du poste (rôles et parler de votre carrière professionnelle ? fonctions). Relance • • • • Structure • • • • Organisation et fonctionnement ; stratégies ; forces et faiblesses ; Indicateurs. Pouvez-vous me définir le fonctionnement de la structure au sein de laquelle vous travaillez ? • • • • • • • Le rôle de la formation et de la recherche • • Relation collectivités locales/ formations/ recherches impact de la recherche dans les prises de décisions. Comment qualifiez-vous le rôle de la formation et de la recherche pour le secteur public ? • • Études ; profession actuelle ; relation vis à vis de la formation ; adéquation formation/ poste. Organisation interne relation vis à vis des employés ; stratégie, ciblage, positionnement ; conditions de prises de décision ; gouvernance ; communication ; Objectifs futurs. Formation du personnel, VAE, stages, conférences ; influence de la recherche dans les stratégies locales de développement. 123 La destination • • • Représentation ; rôle pour la destination ; relations avec les acteurs privés, publics du tourisme. Comment pourriez-vous décrire la destination dans laquelle vous êtes implanté ? • • • • • • • Le cluster de tourisme (représentation) • • • Représentation attentes ; bénéfices pour les entreprises. Qu'est ce pour vous un cluster de tourisme ? Qu'en pensez-vous ? • • • • • Attractivité touristique ; visibilité et lisibilité de l'offre touristique ; votre implication pour la destination, stratégie, projets, budget ; l'implication des acteurs touristiques (en général) ; relations avec les acteurs du tourisme (public-privé) ; rôle fédérateur de la destination; de la marque si il y en a une ; attentes, axes d 'améliorations. Définition et objectifs d'un cluster ; attentes du cluster ; enjeu pour l'attractivité du territoire ; implication à court, moyen et long terme. gouvernance. 124 Bilan (si le cluster est déjà crée) (pratiques) • • • • Évolution du secteur touristique ; écosystème de coproduction ; apparition de nouveaux acteurs ; analyse. Avez-vous observer des changements depuis la mise en place d'un cluster touristique ? pour la destination ? Quelles sont vos attentes futures ? • • • • • • • • • • • • • • Constitution, objectifs ; évolution de la représentation du cluster ; évolution de l'offre touristique (qualité, structuration, visibilité, lisibilité) ; évolution du positionnement de la destination ; structuration, gouvernance; nombre d'acteurs et statut ; votre contribution ; implication des acteurs dans les prises de décisions ; aides aux entreprises ; relations entre les différents acteurs ; phénomènes de synergies, proximité (confiance, concertation, projets); sentiment d'appartenance à un réseau ; avantages et contraintes rencontrées ; améliorations. 125 Annexe G Guide d'entretien n°3 Exemple de guide d'entretien semi-directif adressé à un chercheur/ chercheuses, enseignant. Étude sur l'évolution des interactions et des synergies entre les acteurs directs et indirects du tourisme et liées à la création d'un cluster touristique. Objectifs et hypothèses L'attractivité devenue un enjeu pour les territoires, en quoi la logique de coproduction estelle une variable importante pour la réussite d'un cluster de tourisme ? Et de valider ou non les hypothèses développées tout au long de ce mémoire. Les hypothèses sont : La prise en compte et l'implication de tous les acteurs de l'expérience touristique ; D'un point de vue organisationnel, la coproduction permet une meilleure coordination des acteurs, favorisant leur compétitivité ; La coproduction favorise les synergies entre les acteurs grâce à différentes formes de proximité. 126 Thème Sous-thème Question de départ Relance Parcours professionnel • • Pour commencer, pouvez-vous me Études suivies ; description du poste (rôles et parler de votre carrière professionnelle ? fonctions). • • • • Études ; profession actuelle ; thématiques de recherche ; activités d'enseignement. Territoire/ Destination touristique • • Comment pourriez-vous décrire le Représentation ; place de l'enseignement et de territoire en présence ? la la recherche pour le secteur destination touristique ? touristique ; relations avec les acteurs institutionnels et privés du tourisme. • • • Ressources du territoire ; Attractivité touristique ; visibilité et lisibilité de l'offre touristique ; votre implication pour la destination ; l'implication des acteurs touristiques (en général) ; relations avec les acteurs du tourisme (public-privé) ; rôle fédérateur de la destination; de la marque si il y en a une ; attentes, axes d 'améliorations. • • • • • • Rôle de l'enseignement supérieur et de la recherche pour le secteur touristique • • • Rôles ; apports concrets ; exemples. Quel est le rôle de l'enseignement supérieur et de la recherche pour la destination ? • • Expériences ; cas concrets. 127 Le cluster de tourisme (représentation) Bilan (si le cluster est déjà crée) (pratiques) • • • • • Définition du concept ; représentation ; enjeux ; écosystème d'acteurs ; concept fédérateur. Qu'est ce pour vous un cluster de tourisme ? Qu'en pensez-vous ? • Évolution du secteur touristique ; écosystème de coproduction ; apparition de nouveaux acteurs ; analyse, bilan. Avez-vous observer des changements depuis la mise en place d'un cluster touristique ? pour la destination ? Quelles sont vos attentes futures ? • • • • • • • • • • • • • • • • • • • Définition, objectifs d'un cluster touristique ; enjeu pour l'attractivité du territoire ; attentes du cluster ; déterminants d'un cluster ; modèle de gouvernance ; acteurs impliqués ; relations entre les acteurs ; implication à court, moyen et long terme. Constitution, structuration, gouvernance, objectifs ; évolution de l'offre touristique (qualité, structuration, visibilité, lisibilité) ; positionnement de la destination ; votre contribution ; relations entre les différents acteurs (confiance, concertation) ; sentiment d'appartenance à un réseau ; phénomènes de synergies, proximité ; avantages et contraintes rencontrées ; axes d' améliorations. 128 Table des figures Figure 1: Mode d'intégration de l'attractivité dans les stratégies territoriales......................20 Figure 2: Carte des marques territoriales.............................................................................24 Figure 3: Le "diamant" de Michaël Porter...........................................................................32 Figure 4: Interrelations entres les différentes notion de stratégie de regroupement.............39 Figure 5: Modèle de destination comme ensemble de projets....................................43 Figure 6: Chaîne de valeur de l'économie touristique..........................................................44 Figure 7: Exemple de cluster construit dans une logique de coproduction..........................59 Figure 8: Typologie des relations et ensemble des relations de coopétition........................65 Figure 9: Les formes canoniques de la proximité................................................................68 Figure 10: Carte géographique de Marne-la-Vallée.............................................................74 Figure 11: Typologie de la population du Val d'Europe.......................................................75 Figure 12: Localisation de Toulouse en France....................................................................80 Figure 13: Localisation du Pays Basque..............................................................................88 Figure 14: Fiche d'identité du Pays Basque français (insee 2013).......................................88 Figure 15: Population par âge du Pays Basque français (insee, 2013).................................89 129 Table des tableaux Tableau 1 :Les effets de proximité dans un territoire...........................................................33 Tableau 2 : Action collectives, actions publiques et activités agglomérées. .......................39 Tableau 3: Les quatre attributs d'une destination touristique...............................................48 Tableau 4: Similarités et différences entre le secteur industriel et le secteur touristique.....52 Tableau 5: Typologie des clusters de tourisme ....................................................................55 Tableau 6: Indicateurs de performance d'un cluster touristique ..........................................56 Tableau 7: Évolution de la population du Val d'Europe 1986-2011.....................................75 Tableau 8 : Répartition de la population toulousaine par tranche d'âge...............................81 Tableau 9: Tableau de synthèse : Des clusters propres aux territoires sur lesquels ils s'implantent...........................................................................................................................93 Tableau 10: Typologie des personnes à interroger pour le cluster du Val d'Europe.............96 Tableau 11: Typologie des personnes à interroger pour le cluster de tourisme d'affaires à Toulouse...............................................................................................................................97 Tableau 12: Typologie des personnes à interroger pour le cluster "Goazen".......................98 130 Table des matières REMERCIEMENTS.........................................................................................................5 INTRODUCTION GÉNÉRALE ......................................................................................8 PARTIE I. L'attractivité territoriale et le concept de Cluster .......................................10 Chapitre 1 : L’avènement du territoire ............................................................................12 1.1 De l'entreprise à l'approche territoriale...........................................................................12 1.1.1 La mise en valeur du territoire, une conception post-fordiste......................12 ...............................................................................................................................12 1.1.2 Comment définir le territoire ?.....................................................................13 1.1.3 Le territoire est un bien commun ...............................................................14 1.2 L’attractivité au cœur des projets territoriaux................................................................15 1.2.1 Qu'est ce que l'attractivité pour un territoire ? ............................................15 1.2.2 Les composantes dites « classiques » d'un territoire....................................16 1.2.3 Les composantes endogènes d'un territoire..................................................16 1.2.4 Le « soft power ».........................................................................................17 1.3 Le marketing territorial au service du développement territorial...................................18 1.3.1 Le rôle clé de la dimension collective dans le soutien à l'attractivité des territoires ...............................................................................................................18 1.3.2 Les stratégies locales de développement......................................................19 1.3.2.1 L'attractivité, enjeu des stratégies locales..............................................19 1.3.2.2 Les outils du marketing territorial ........................................................20 1.4 La marque territoriale, une application du marketing territorial ...................................22 1.4.1 Qu'est ce qu'une marque territoriale?...........................................................22 1.4.2 La pluralité des rôles d'une marque territoriale............................................23 1.4.3 Typologie des marques territoriales ............................................................24 Chapitre 2 : Le concept de cluster....................................................................................26 2.1 Les origines du terme « cluster »....................................................................................26 2.1.1 Les « districts industriels » de A. Marshall..................................................26 2.1.2 L'apparition de dynamismes locaux : le cas de la Sillicon Valley et de la Route 128...............................................................................................................28 2.1.3 La réappropriation du concept marshallien .................................................29 131 2.1.4 Les milieux innovateurs du GREMI ...........................................................30 2.2 Le cluster Porterien........................................................................................................30 2.2.1 Définition du cluster par Porter....................................................................30 2.2.2 Les déterminants de l'avantage concurrentiel des entreprises .....................32 ...............................................................................................................................33 2.2.3 La dynamique compétitive des clusters .......................................................34 2.2.4 Les limites de l'approche porterienne...........................................................35 2.3 « Un concept ombrelle » : le cluster, des formes multiples...........................................36 2.3.1 Les systèmes de production local, prémices des pôles de compétitivité......36 2.3.2 Les pôles de compétitivité, une version française contemporaine des clusters ?.................................................................................................................37 2.3.3 Le pôle de compétitivité, une approche paradoxale.....................................38 ...............................................................................................................................38 2.3.4 Bilan des différentes notions de stratégie de regroupement..........................39 PARTIE II. Le Cluster de tourisme : des enjeux pour les destinations touristiques....41 Chapitre 3 : Le cluster appliqué au tourisme...................................................................43 3 .1 La destination touristique..............................................................................................43 3.1.1Du management d'une destination touristique...............................................44 ...............................................................................................................................45 3.1.2...Au management territorial.........................................................................46 3.1.3 L'attractivité de la destination touristique : une logique construite .............47 3.2 Les nouveaux enjeux des destinations touristiques........................................................49 3.2.1 « Pour un tourisme d'intelligence territoriale »............................................49 3.2.2 Des destinations visibles et lisibles..............................................................50 3.2.3 Des stratégies de regroupement....................................................................51 3.3 Le cluster de tourisme : structuration avantageuse de l'attractivité................................52 3.3.1 Peut-on appliquer un cluster au secteur touristique sans précaution ?.........52 3.3.2 Qu'appelle t-on cluster de tourisme ?...........................................................53 3.3.3 Typologie des clusters de tourisme .............................................................54 3.3.4 Des indicateurs de performance à court et moyen/long terme.....................56 Chapitre 4 : Le cluster de tourisme, un écosystème de coproduction.............................58 4.1 Prise en compte et implication de tous les acteurs de l’expérience touristique.............58 4.1.1 Travailler dans une logique de destination ..................................................58 4.1.2 Le rôle grandissant de l'enseignement et de la recherche............................60 132 4.1.3 L'importance des intermédiaires, même non territorialisés..........................61 4.1.4 La place du touriste au sein du cluster.........................................................61 4.2 Une meilleure coordination des acteurs favorise leur compétitivité..............................63 4.2.1 « La force du collectivisme doit dépasser l'individualisme »......................63 4.2.2 La notion de « coopétition ».........................................................................64 4.2.3 Une gouvernance partagée : accepter les attentes de chacun ......................65 4.3 Naissance de synergies grâce à différentes formes de proximité...................................68 4.3.1 La proximité institutionnelle........................................................................68 4.3.2 La proximité cognitive.................................................................................69 4.3.3 La proximité sociale.....................................................................................70 4.3.4 La proximité organisationnelle.....................................................................70 PARTIE III. La coproduction au cœur des clusters de tourisme : étude de cas...........72 Chapitre 5 : Présentation générale des clusters retenus pour cette étude........................74 5.1 Le cluster du Val d'Europe..............................................................................................74 5.1.1 Étude de l'environnement.............................................................................74 5.1.1.1 Fiche d'identité :....................................................................................74 5.1.2 Bases de la formation du cluster..................................................................77 5.1.2.1 Des membres fondateurs.......................................................................77 5.2 Création d'un cluster de tourisme d'affaires à Toulouse.................................................80 5.2.1 Étude de l'environnement.............................................................................80 5.2.1.1 Fiche d'identité.......................................................................................80 5.2.2 Bases de la formation du cluster..................................................................84 5.2.2.1 Des acteurs clés.....................................................................................84 5.3 « Goazen », le cluster du Pays Basque...........................................................................87 5.3.1 Étude de l'environnement.............................................................................87 5.3.1.1 Fiche d'identité.......................................................................................87 5.3.2 Bases de formation du cluster......................................................................91 5.3.2.1 Une majorité d'acteurs privés................................................................91 5.3.2.2 Une stratégie de marque........................................................................92 5.4 Bilan du terrain d'application.........................................................................................93 Chapitre 6 : Proposition d'une méthodologie et d'outils ................................................94 6.1 Quelle méthode choisir ? ...............................................................................................94 6.2 Le choix de l'échantillon................................................................................................96 6.3 Établir un guide d'entretien............................................................................................98 CONCLUSION.............................................................................................................102 BIBLIOGRAPHIE.........................................................................................................134 133 BIBLIOGRAPHIE OUVRAGES : FRANCOIS Ludovic. 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Le tourisme est considéré, aujourd'hui, comme un véritable levier de développement pour les territoires et c'est de façon croissante que les destinations touristiques se multiplient. Dans ce contexte, chaque territoire adopte de véritables stratégies de différenciation et de repositionnement. Cependant, aucun acteur touristique ne peut y prétendre seul, il est nécessaire de travailler dans une logique de destination. C'est dans ce cadre qu'est apparut le concept de cluster reposant sur un projet fédérateur et ralliant l'ensemble des acteurs touristiques dans l'objectif d'optimiser la visibilité, l'attractivité, la lisibilité et la compétitivité d'un territoire. Dans cette optique, nous étudierons si la notion de « coproduction » et de mise en réseau des acteurs sont des facteurs essentiels à la réussite d'un cluster. Nous analyserons les hypothèses émises, à partir de cette problématique, avec une étude de cas sur les clusters du Val d'Europe, du tourisme d'affaires à Toulouse et « Goazen » au Pays Basques. Mots clés : territoire, attractivité, cluster, coproduction, synergie Summary : In a context of globalization, European integration, the progress of the information and communication technologies and the economy of the growth, territories underwent profound mutation. In this vision, there is a real necessity of anticipating the future for purposes of competitiveness and of attractiveness of the territory. The tourism is considered, nowadays, as a real lever of development for territories and it is in a increasing way that the tourist destinations multiply. In this context, every territory has been adopting real strategies of distinction and repositioning. However, no tourist actor can claim to do it alone it is necessary to work in a logic of destination. In this framework, of cluster appeared to basing on a federative project and uniting all the tourist actors in the objective to optimize the visibility, the attractiveness, the readibility and the competitiveness of a territory. From this perspective, we will study if the notion of "coproduction" and the networking are essential factors in the success of a cluster. We will also analyze hypotheses to comply with the problem, with three case studies : the clusters of the Val d'Europe, the business tourism cluster of Toulouse and "Goazen" in the Pays Basque. Keywords : territory, attractivity, cluster, coproduction, synergy 136