Maquette Caporal Laurent Thorel_web_Mise en page 1
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Souvenir Caporal Laurent Thorel (1964-1983) 30 ème anniversaire d’hommage aux victimes de l’attentat du Drakkar du 23 octobre 1983 Sommaire Editorial du préfet 3 Historique de la présence de l’armée française au Liban sous mandat de l’ONU 5 En mémoire de ceux qui sont tombés 7 Laurent Thorel 8 La liste des victimes du Drakkar 10 2 Éditorial du préfet « Laurent Thorel, jeune soldat d’élite, héros d’une guerre qui lui était pourtant étrangère » La France s’est toujours engagée pour la paix et la stabilité du Liban, ce pays que l’Histoire a rendu si proche du nôtre par la langue et par la culture, mais qui a de trop nombreuses fois souffert des convulsions d’une région particulièrement troublée. Le 20 septembre 1982, en pleine guerre civile libanaise, notre pays a témoigné de son engagement indéfectible aux côtés du pays du Cèdre en y envoyant les meilleurs de ses militaires pour tenter, mission ô combien périlleuse, d’y construire une paix durable. Conscient du danger, le Caporal Laurent Thorel, originaire du village d' Ailly-le-HautClocher dans la Somme, alors âgé de 19 ans seulement, a le courage de participer à la force de stabilisation internationale mise en place. Dans l’exercice de ses missions, il a toujours fait honneur à sa prestigieuse unité, le 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes (RCP) de Pau. Sa bravoure l’a conduit au sacrifice suprême, faisant partie des 58 victimes françaises tombées le 23 octobre 1983 dans l’attentat perpétré contre le « Drakkar ». Trente ans après cette mort tragique, c’est avec le respect et les honneurs dus à ce jeune soldat d’élite, héros d’une guerre qui lui était pourtant étrangère, que je rends hommage à sa mémoire. Jean-François CORDET, préfet de la région Picardie préfet de la Somme 3 Immeuble Drakkar à Beyrouth 4 Historique de la présence de l’armée française au Liban sous mandat de l’ONU Le Liban est un pays du Proche-Orient baigné par la mer Méditerranée. Une histoire commune s'y est tissée avec la France. En 1919, à l'issue de la Première Guerre Mondiale, la France obtient un mandat de la Société des Nations sur la Syrie et le Grand-Liban. Puis survient l'indépendance décidée en 1941, perturbée par les combats de la Seconde Guerre Mondiale, et effective en 1945. En 1948, le conflit israélo-arabe entraîne l'afflux de réfugiés palestiniens vers le Liban. La population double entre 1950 et 1982, passant de 1,5 à 3,2 millions d'habitants. L'union économique et douanière entre la Syrie et le Liban périclite en 1950. En 1958, l'élection présidentielle est source de tensions. Puis, le pays vit d'autres tensions politiques qui vont devenir militaires suite à l'armement de chacune des factions présentes sur le sol libanais (Palestiniens, Chrétiens, Druzes, mouvement chiite Amal,...) En 1975, une véritable guerre civile éclate. Aucune force d'interposition n'arrivera à ramener une paix durable : ni la Force arabe de dissuasion créée en 1976, composée de pays arabes modérés et des Syriens, ni la FINUL (force intérimaire des nations-Unies au Liban) entre 1978 et 1982 [NDLR : La FINUL exerce toujours son mandat ], déployée suite à l'opération israélienne Litani lancée en mars 1978. Puis c'est l'opération Paix en Galilée lancée le 6 juin 1982 par l'armée israélienne, qui la conduit jusqu'à Beyrouth. Elle obtient un cessez-le-feu le 12 août 1982, pour éviter un bain de sang. La situation devient de plus en plus difficile à gérer, et l'assassinat du président libanais Bechir Gemayel, le 14 septembre 1982, constitue un paroxysme dans la violence politique, tandis que les massacres de Chabra et Chatilla du 16 septembre 1982 frappent les camps palestiniens et font la une de l'actualité internationale. Il faut imaginer la présence de l'armée syrienne, forte de 40 000 hommes et bien armée, celle de 25 000 israéliens au sud del'Awali. L'armée libanaise, quant à elle, ne compte que 23 000 hommes, avec un armement français. Insigne de la 11e brigade parachutiste C'est dans ce contexte très difficile qu'une nouvelle force est créée à la demande du gouvernement libanais, la force multinationale de sécurité de Beyrouth (FMSB), le 20 septembre 1982. 5 Elle comporte entre 2000 et 4000 hommes côté français, si on y inclut les forces navales constituées autour du porte-avion Clémenceau. À nos côtés se trouvent 1600 marines américains, 1400 italiens et 100 britanniques. Le contingent français comporte des régiments d'engagés et d'appelés, volontaires pour servir au Liban. Le commandant du groupement aéroporté (GAP) est le général Cann. Les unités représentées sont notamment le 7e Régiment Parachutiste de Commandement et de Soutien (RPCS), le commando marine Montfort, le 3e Régiment Parachutiste d'Infanterie de Marine (RPIMa), le 6e Régiment d'Infanterie Parachutiste (RIP), composé d'éléments du 6e RPIMa, des 1er et 9e Régiments de Chasseurs Parachutistes (RCP), de la SML (section mortier lourd) du 35e Régiment d'Artillerie Parachutiste (RAP) et d'un détachement du 17e Régiment de Génie Parachutiste, du 3e Escadron du 1er Régiment de Hussards Parachutistes (RHP) et d'une batterie du 12e Régiment d'Artillerie (RA) et d'un groupe aérien embarqué sur le porte-avions Clémenceau. Leur rôle est d'œuvrer en faveur du rétablissement de la paix au Liban. Leur mission d'interposition est parfois difficile à assumer lorsqu'ils sont pris pour cible par les belligérants, et plus de 18 morts sont à déplorer dans les jours qui précèdent l'attentat. Le 1er RCP est commandé par le colonel Cardinal. La 3e compagnie, par le capitaine Thomas. Sa mission est de sécuriser le poste constitué par l'immeuble Irma rebaptisé Drakkar le 28 septembre 1982, dans le cadre de l'opération Diodon IV. Nous sommes à la mi-octobre et une attaque terroriste s'avère imminente, d'après les renseignements collectés. Elle se produira le 23 octobre 1983. C'est d'abord le quartier général des forces américaines qui est soufflé par une attaque au véhicule piégé, puis quelques minutes plus tard, le PC de la 3e compagnie du 1er RCP saute à son tour, victime d'un kamikaze conduisant un véhicule piégé par plusieurs tonnes d'explosifs. Le bâtiment est entièrement détruit et les sauveteurs fouilleront parmi les décombres durant 4 jours et 4 nuits. Mais avec le temps, l'espoir de retrouver les survivants s'amenuise. On dénombre 58 victimes des 1er et 9e RCP. Insigne du 1 er R C P Insigne du 9ème R C P 6 En mémoire de ceux qui sont tombés Souvenons-nous en 2013 de l'attentat du drakkar pour ce 30e hommage aux victimes. A l'époque de la conscription, ces jeunes gens ont su accomplir leur devoir de citoyen jusqu'au bout. Ils se sont sacrifiés au nom des valeurs humaines supérieures au premier rang desquelles se place la paix, en tentant de la maintenir, en s'interposant pour protéger la population du Liban. Insigne de béret des parachutistes Cet attentat eût un retentissement national, relayé dans tous les médias. Il s'agit de la perte la plus sévère subie par l'armée française depuis la fin de la guerre d'Algérie. Il frappa les esprits sûrement par son nombre de victimes, mais aussi par le sentiment d'injustice qu'il engendra, d'un énorme gâchis devant tant de morts au Liban. Pourquoi avoir agi avec une telle violence contre une force d'interposition ? Il est difficile de le savoir. La complexité de ce conflit laisse aujourd'hui encore beaucoup de zones d'ombres. L'un d'entre eux venait de la Somme, il s'appelait Laurent Thorel. Stèle « Drakkar » érigée par la promotion Ltn de la Bâtie de l’école militaire interarmes 7 Laurent Thorel Laurent Thorel est né le 13 janvier 1964 à Abbeville. Il a vécu une enfance que l'on peut qualifier d'heureuse dans une famille unie. Il fait ses études au collège Millevoye. Il est sportif, sa spécialité est le 250 mètres haies. Il reste sur les tablettes de record de son ancien club dans la catégorie minime en 1978. Serge Bouvier, son professeur d'éducation physique au collège Millevoye, en classe de 6e, nous parle de lui en ces termes : « Laurent Thorel, je l'avais découvert pendant ses cours d'éducation physique. Tout de suite, ses qualités de vitesse, de volonté, de désir de gagner, son besoin d'action étaient apparus, et naturellement, il avait rejoint l'association sportive du collège et aussi la section d'athlétisme du SC Abbeville que j'encadrais, avec mes collègues Christian Lennes et Philippe Mariage. Très vite, il s'était imposé sur les haies, en benjamin d'abord, en minime ensuite. Il fut champion de Picardie UFOLEP et parmi les meilleurs spécialistes FFA. Il établit les records du club en 1978 et 1979 ». À 15 ans, il devient apprenti cuisinier dans un restaurant abbevillois, et doit travailler samedi et dimanche. Il devance l'appel en mars 1983. Lorsqu'il revient à Abbeville, il retourne saluer ses amis et connaissances au club. Ses qualités sportives et morales l'orientent vers le parachutisme. Il est incorporé au 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes (RCP) basé à Pau le 2 février 1983. Breveté parachutiste le 14 février 1983, il détient le brevet n°47.56.94. 8 Nommé caporal après quelques mois d'instruction, le 1er mai 1983, il est volontaire pour rejoindre le Liban fin septembre 1983. Il est l'une des 58 victimes de l'attentat qui frappe le contingent français le 23 octobre 1983, à 6h35. Dans son éloge funèbre, le capitaine Fresnais, commandant le CCS, parle des qualités morales de spontanéité, de ténacité, d'enthousiasme, de goût du commandement, de dynamisme et de générosité dans l'accomplissement de sa mission qu'il incarne. Le 2 novembre 1983 à l'issue du rapatriement des corps, une cérémonie d'hommage est rendue dans la cour d'honneur des Invalides, à Paris. Laurent, quant à lui, a été accompagné par Patrick Millery lors de son rapatriement. Laurent est cité à l'ordre de l'armée le 27 janvier 1984 : Brevet parachutiste de l’armée française « Ayant souscrit un contrat d'appelé service long, s'est porté volontaire pour une mission de paix au Liban. Courageux, déterminé, avec un sens profond du devoir, a contribué pendant le mois de présence passé sur le sol libanais, à la protection efficace des populations dans le cadre de la mission impartie aux multiples patrouilles auxquelles il a participé. A eu un comportement héroïque jusqu'au sacrifice suprême dans l'accomplissement de son devoir, le 23 octobre 1983 au poste drakkar lors de l'odieux attentat à l'explosif commis par des fanatiques qui a causé la mort de 58 officiers, sous-officiers et parachutistes de la 3e compagnie et en a blessé 15 autres. » Cette citation comporte l'attribution de la croix de la valeur militaire avec palme. Il a également reçu la médaille militaire, et deux décorations libanaises. En 2007, l'UNP (Union Nationale des Parachutistes) pose une plaque sur sa tombe. En 2013, cette association et ses partenaires posent une plaque d'hommage pour les 30 ans de l'attentat. 9 La liste des victimes du Drakkar Le capitaine Thomas Jacky Le capitaine Ospital Guy Le lieutenant Dejean de La Bâtie Antoine Le sous-lieutenant Rigaud Alain L'adjudant Bagnis Antoine L'adjudant Moretto Michel Le sergent Dalleau Christian Le sergent Daube Vincent Le sergent Lebris Jean-Pierre Le sergent Longle Yves Le sergent Ollivier Gilles Le caporal chef Bensaidane Djamel Le caporal chef Beriot Laurent Le caporal chef Carrara Vincent Le caporal chef Duthilleul Louis Le caporal chef Grelier Xavier Le caporal chef Loitron Olivier Le caporal chef Margot Franck Le caporal chef Seriat Patrice Le caporal chef Vieille Hervé Le caporal Girardeau Patrice Le caporal Hau Jacques Le caporal Jacquet Laurent Le caporal Lamothe Patrick Le caporal Lepretre Dominique Le caporal Leroux Olivier Le caporal Muzeau Franck Le caporal Thorel Laurent Le parachutiste de 1re classe Gasseau Guy Le parachutiste de 1re classe Gautret Remy Le parachutiste de 1re classe Julio François Le parachutiste de 1re classe Pradier Gilles Le parachutiste de 1re classe Tari Patrick Le parachutiste de 1re classe Théophile Sylvestre Le parachutiste Bachelerie Yannick Le parachutiste Bardine Richard Le parachutiste Caland Franck Le parachutiste Chaise Jean-François Le parachutiste Corvellec Jean Le parachutiste Delaitre Jean Yves Le parachutiste Deparis Thierry Le parachutiste Di-Masso Thierry Le parachutiste Durand Hervé Le parachutiste Guillemet Romuald Le parachutiste Kordec Jacques Le parachutiste Lastella Victor Le parachutiste Ledru Christian Le parachutiste Levaast Patrick Le parachutiste Leverger Hervé Le parachutiste Meyer Jean-Pierre Le parachutiste Porte Pascal Le parachutiste Potencier Philippe Le parachutiste Raoux François Le parachutiste Renaud Raymond Le parachutiste Renou Thierry Le parachutiste Righi Bernard Le parachutiste Schmitt Denis Le parachutiste Sendra Jean La femme et les enfants du concierge de l'immeuble Cérémonie d'hommage rendue dans la cour d'honneur des Invalides, à Paris le 2 novembre 1983 10 Office national des anciens combattants www.onac-vg.fr Edition : Octobre 2013 Conception et réalisation : préfecture de la Somme - SRCI Service départemental de la Somme www.somme.gouv.fr rubrique Services de l’État - Défense Remerciements : à la famille Thorel à l'UNP de la Somme à Patrick Millery, le sous-officier adjoint de sa section d'instruction à Pau et à tous ses camarades des 1er et 9e RCP. Sources : Grand Larousse illustré Archives familiales de la famille Thorel L'attentat de l'immeuble « Drakkar » le 23 octobre 1983 contre la force multinationale de sécurité de Beyrouth, plaquette de l'ONACVG de l'Ariège