Les révolutions industrielles en Europe et aux Etats

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Les révolutions industrielles en Europe et aux Etats
Cycle préparatoire au DAEU – Cned Toulouse - Cours d’Histoire N°1 – page 1/4
Les révolutions industrielles en Europe et
aux Etats-Unis au XIXe siècle
Introduction :
A partir de 1850 débute l’âge industriel qui dure jusqu’en 1960/1970, décennie durant
laquelle on entre dans l’âge post- industriel. Jusqu’à la deuxième guerre mond iale, ce
phénomène concerne essentiellement l’Europe, les Etats-Unis et le Japon. En effet, la
révolution industrielle désigne le passage d’une économie fermée, fondée sur l’agriculture et
l’artisanat, à une économie ouverte dominée par la grande industrie.
La première révolution industrielle est née en Angleterre, dans le dernier tiers du XVIII e
siècle : c’est la mutation de l’industrie britannique liée à l’utilisation de la machine à vapeur.
La seconde révolution industrielle qui commence vers 1880 prend appui sur de nouvelles
innovations techniques permettant l’utilisation du pétrole dans les moteurs à explosion et
l’usage de l’énergie électrique.
1
La première révolution inaugure l’ère du machinisme.
1.1 Elle naît en Angleterre vers 1770-1780, date du take-off
Pourquoi là ? Pourquoi à ce moment- là ?
La modernisation de l’agriculture, liée en particulier aux enclosures, a permis une
augmentation de la production. Elle a permis de dégager des capitaux que les banques ont
pu drainer pour l’industrie et de libérer de la main-d’œuvre en chassant des terres les
paysans les plus pauvres. Elle s’est accompagnée d’un quasi doublement de la population en
un siècle et donc de l’augmentation de la demande en textile et en fer. À cette demande
intérieure s’ajoute la croissance de la demande extérieure liée à l’essor du commerce
international.
En outre, l’arrivée d’une fibre nouvelle, le coton, importé des colonies, stimule l’esprit
d’entreprise car les cotonnades, bon marché et résistantes, peuvent être vendues à un public
plus large que les tissus de laine. Une série d’inventions permettent d’augmenter la
production des cotonnades. D’abord la navette volante de James Kay en 1733 permet
d’améliorer les rendements du métier à tisser, mais la production est retardée en amont par le
tissage du coton. À partir de 1765, d’autres inventions permettent de mécaniser le filage.
Ainsi, un ouvrier travaillant avec une machine à filer produit 4 fois plus qu’un artisan
travaillant au rouet : l’augmentation de la productivité entraîne une baisse des prix.
Parallèlement, la métallurgie profite d’autres innovations : l’emploi du coke qui l’emporte sur
le charbon de bois, la technique du puddlage qui permet de produire du fer de bonne qualité,
et surtout la machine à vapeur qui vient résoudre le problème de l’énergie. Mise au point par
James Watt en 1769, elle facilite le pompage de l’eau dans les mines de charbon. Elle est
ensuite perfectionnée jusqu’en 1785 pour fournir l’énergie qui actionne un marteau ou des
machines textiles. Cotonnades et fer se commercialisent d’autant mieux que le marché
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intérieur est bien desservi par un réseau de routes et de canaux.
C’est donc la combinaison de nombreux facteurs qui explique le décollage de l’industrie
britannique.
1.2 Quels résultats ?
La première révolution industrielle assure l’hégémonie de la Grande - Bretagne. La GrandeBretagne est, en 1850, la première puissance économique mondiale. Avec 2 % de la
population mondiale, elle représente la moitié des exportations mondiales de fonte et occupe
le premier rang mondial pour le coton, le charbon et la flotte. Cette hégémonie s’accompagne
d’une domination financière incontestée jusqu’à la fin du siècle : premier exportateur de
capitaux, sa monnaie, la livre sterling, est la devise de règlement des échanges internationaux.
Elle a, en outre, l’empire colonial le plus vaste du monde.
1.3 Quels sont les secteurs clés de la première révolution
industrielle ?
C’est d’abord l’extraction du charbon. C’est ensuite l’industrie cotonnière et la
métallurgie (construction de machines à vapeur, machines à presser ou découper le métal,
métiers à filer ou à tisser, chantiers navals…) : elles sont les deux supports de la révolution
industrielle. C’est enfin le chemin de fer. C’est après que l’ingénieur anglais Stephenson eut
fait circuler le premier train tiré par une locomotive à vapeur en 1814 que le chemin de fer
est devenu un autre secteur clé : il associe la locomotive à vapeur et le rail et stimule la
métallurgie et l’extraction du charbon. Il nécessite d’énormes capitaux drainés par les États
et par les banques dont la puissance s’accroît. Il relance les travaux publics par la construction
de tunnels et de ponts. La réduction des délais et des coûts permet la spécialisation des
régions.
2 La seconde révolution industrielle produit une multitude
d’innovations.
2.1 Elle s’appuie sur la collaboration des sciences et des
techniques
La deuxième révolution industrielle est marquée par l’utilisation de nouvelles sources
d’énergie : le pétrole et l’électricité. Elle commence vers 1880 et se développe dans la
première moitié du XXe siècle. La maîtrise de l’électricité illustre les liens nouveaux entre
science et industrie.
Ainsi la collaboration de l’ingénieur français A. Bergès, qui met au point la technique
permettant de produire de l’électricité à partir de chutes d’eau, et du physicien M. Déprez, qui
résout le problème de son transport, rend possible l’utilisation industrielle de
l’hydroélectricité, au début des années 1880. Au même moment, aux États-Unis, Thomas
Edison, à la fois inventeur et industriel, met au point la première ampoule à filament et de
nombreux appareils électriques tels que le microphone et le phonographe. Homme d’affaires
avisé, il crée sa propre société, la Continental Edison, pour explo iter ses brevets et entreprend
l’électrification de New York. L’électricité permet la production massive d’acier de
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meilleure qualité, de l’aluminium, métal léger et résistant précieux pour l’industrie
aéronautique, des matières plastiques et colorants de synthèse mis au point dans les
laboratoires des chimistes.
2.2 Toutes sortes d’inventions transforment la vie quotidienne des
gens
Le moteur à explosion est inventé par l’ingénieur allemand Daimler au début des années
1880. Il révolutionne les transports au XXe siècle par l’essor de l’automobile et de l’avion
devenus les symboles de la deuxième révolution industrielle. Il stimule l’exploitation d’une
nouvelle source d’énergie, le pétrole. Les « petites » inventions ont aussi des conséquences
profo ndes sur les modes de vie : la machine électrique moderne (1874), la bicyclette (1876),
le procédé frigorifique (1876) qui permet de transporter des denrées périssables sur de
longues distances…
2.3 Une nouvelle organisation du travail
Elle est née aux États-Unis de la volonté d’améliorer la productivité du travail. Il s’agit de
fabriquer en masse des produits identiques (standardisation) et bon marché pour satisfaire
les besoins de consommateurs nombreux. L’ingénieur américain Taylor bouleverse les
méthodes de production en mettant au point l’organisation scientifique du travail :
spécialisation des tâches soumises à la cadence des machines. C’est le travail à la chaîne
introduit dans les usines Ford avant 1914. Il se développera en Europe pendant la Première
Guerre mondiale dans les usines d’armement et dans l’entre-deux guerres dans la grande
industrie, en particulier l’automobile.
3 La diffusion de l’industrialisation
3.1 Les étapes : de l’hégémonie de la Grande-Bretagne à la
suprématie des Etats-Unis
La chronologie du décollage industriel des principaux pays industriels met d’abord en
évidence, d’une part, l’avance de la Grande - Bretagne qui a 50 ans d’avance sur son
premier successeur, la France, et d’autre part, le fait que la consommation de masse ne
concerne que la Grande- Bretagne et les États-Unis avant la Deuxième Guerre mondiale.
Ensuite, on constate que l’industrialisation ne concerne que le continent européen, les
États-Unis et le Japon.
En détaillant, on voit que l’industrie se diffuse progressivement en Europe, mais à des
rythmes différents. La France qui a « décollé » plus tôt vers 1830 s’industrialise lentement
puisque sa maturité est atteinte seulement au début du XXe siècle. Entre 1850 et 1880, les
pays qui amorcent leur industrialisation, comme l’Allemagne, la Russie, mais aussi les ÉtatsUnis et le Japon, sont amenés à brûler les étapes grâce à des emprunts massifs à la
technologie et aux capitaux étrangers, au soutien de l’État, des banques et au
protectionnisme.
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La chronologie permet également de préciser qu’au moment où la deuxième révolution
industrielle s’amorce, les secteurs clés de la première continuent à se développer. Il n’y a pas
de rupture.
Vous venez de lire l’explication d’un document, en l’occurence un schéma sur la
chronologie du décollage industriel, telle qu’elle peut vous être demandée.
3.2 La précocité de l’industrialisation s’inscrit durablement dans
la géographie économique du monde
À l’échelle mondiale, les pays qui se sont industrialisés dès le XIXe siècle sont encore
aujourd’hui parmi les premières puissances économiques.
À l’échelle européenne, la géographie industrielle a également été durablement marquée par
l’histoire de l’industrialisation.
Outre la Grande -Bretagne, trois pays d’Europe occidentale sont au cœur de l’Europe
industrielle : l’Allemagne, la France et la Belgique. La France, qui avait une industrie
métallurgique et textile active dispersée sur l’ensemble du territoire au XVIIIe siècle, connaît
une forte croissance dans les régions minières du Nord, de la Lorraine et du Centre. De
même, la Belgique et l’Allemagne sont favorisées par leurs ressources en charbon et le
dynamisme de leurs entrepreneurs. Leurs régions industrielles se développent sur des
bassins houillers, constituant de vastes « pays noirs ». À la périphérie de ce cœur industriel,
trois autres pays connaissent un démarrage industriel : l’Autriche -Hongrie, l’Italie et la
Russie. En Italie, le démarrage se fait dans le Nord, autour de Milan, Gênes, Turin, tandis
que le Sud rural, faiblement alphabétisé et à forte croissance démographique, fournit des
immigrants pour l’Italie du Nord et l’Amérique. En Russie, l’industrialisation, symbolisée par
le transsibérien, est amorcée mais reste limitée à quelques régions de la partie européenne.
L’industrie est donc très inégalement répartie en Europe. Hors d’Europe, l’industrie connaît
une croissance très rapide aux États-Unis, grâce à la richesse du sous-sol, au système
économique qui favorise l’initiative et à l’arrivée massive d’immigrés motivés pour réussir.
Elle se développe d’abord dans le Nord-Est, puis en Californie. Au Japon, c’est l’État
incarné par l’empereur qui impulse l’industrialisation à partir de l’ère Meiji, « l’ère de la
politique éclairée ». Elle se fait sur le modèle occidental et se fonde sur l’industrie lourde,
le textile, l’armement. Elle s’accompagne de projets d’expansion territoriale en Asie.
Conclusion :
Le processus d’industrialisation qui se développe sur un siècle et demi touche tout d’abord les
pays de l’Europe occidentale, avant de s’étendre aux Etats-Unis et au Japon. Ce phénomène,
unique dans l’histoire économique des civilisations humaines, a permis aux états concernés de
creuser un écart de richesse et de développement avec le reste du monde.
©Cned 2004