TAMPERE (Finlande)
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TAMPERE (Finlande)
Maîtrise de la demande d'électricité TAMPERE (Finlande) Le marché finlandais de l’électricité ayant déjà été restructuré, l’Union européenne a financé des études dont l’objectif était de déterminer le potentiel de planification intégrée des ressources (PRI) et de la maîtrise de la demande d'énergie (MDE) dans l’environnement du nouveau marché. Le fournisseur municipal d’électricité de la ville de Tampere qui souhaitait évaluer le potentiel d’économie réalisable sur l’éclairage public a été impliqué dans l’une de ces études. La ville étant également propriétaire de l’entreprise énergétique, elle avait tout intérêt à réduire ses dépenses en électricité. Cependant les expériences réalisées ont démontré que le nouveau marché de l’électricité pourra, dans un avenir proche, peser lourdement sur la MDE des municipalités finlandaises. ASPECTS GENERAUX Tampere, 219 000 habitants, deuxième plus grande ville de Finlande et capitale de la région de Tampere, est située entre deux lacs, Näsi et Pyhä. C’est un exemple réussi d’intégration de sites industriels (technologie d'information, traitement de l'information, métallurgie chaussures et vêtements) dans les paysages merveilleux des lacs finlandais. L’environnement naturel de Tampere lui fournit également certaines de ses sources d’énergie : hydraulique et tourbe qui ne suffisent cependant pas à satisfaire totalement la demande de la ville en électricité. Tampere est presque autosuffisante en matière d’énergie avec trois unités de cogénération et deux centrales hydroélectriques. Tampere CONTEXTE GENERAL Le marché finlandais de l’électricité ayant déjà été restructuré, l’Union Européenne a financé par le biais de son programme SAVE, différentes études portant sur la « Présentation de différentes options visant à promouvoir la MDE en Finlande, le PRI dans l’entreprise énergétique et l’efficacité énergétique ». L’un des principaux objectifs de ces études était de définir clairement le rôle spécifique des entreprises énergétiques dans la promotion des services en énergie et services aux consommateurs, soit en tant qu’objectif d’une politique sociale et/ou comme composant d’une stratégie commerciale commune. Six études différentes ont été réalisées par les entreprises énergétiques des zones concernées en collaboration avec l'institut de recherche VTT Energy et l’Association de l’Electricité Finlandaise. Un second exemple qui est décrit ici est l’étude réalisée dans la ville de Kajaani en Finlande avec une nouvelle méthode de DSM, basée sur une communication bilatérale avec le consommateur. Maîtrise de la demande d'électricité TAMPERE (Finlande) EXPERIENCE DE TAMPERE La ville de Tampere et le fournisseur municipal d’électricité « Tampere kaupungin sähkölaitos Oy » figuraient parmi les partenaires engagés dans les études financées par le programme SAVE. L’entreprise énergétique est presque autosuffisante en matière de production électrique avec une capacité de 271 MWel. La plus grande partie de l’électricité est produite par trois unités de cogénération, une turbine à vapeur utilisant le gaz naturel et deux turbines utilisant l'énergie de la tourbe. Deux centrales hydroélectriques assurent une production de 10 MW. La ville de Tampere fut la première ville de Finlande il y a plus d’un siècle, à se doter d’un éclairage public, et l’entreprise énergétique a acquis une bonne réputation grâce à ses installations d’éclairage. En 1995, la ville consommait 26 GWh pour l’éclairage public, ce qui correspond à 2% de la production totale d’électricité. Pour parvenir à déterminer les effets des nouvelles technologies d’éclairage plus efficaces, certaines rues ont été sélectionnées pour évaluer les économies potentielles et déterminer l’impact financier de telles mesures. La modernisation des installations d’éclairage dans les rues sélectionnées a été effectuée à la fin de l’année 1995. type des lampes nombre des lampes puissance puissance totale installée ancien système nouveau système lampes à vapeur de mercure 55 125 W 6,7 KW lampes au sodium à haute pression 30 70/ 100 W 3,3 KW Des économies ont aussi été faites en installant un appareil qui contrôle la tension de la ligne. Le niveau d’éclairage a été réduit pendant la nuit en abaissant la tension à 40V (de 234V à 194V) entre 23 heures et 5 heures du matin. En 1996, des relevés ont été effectués dans la zone de Tampere concernée. La diminution de la consommation électrique et les réactions des habitants ont été prises en compte. Parmi les 150 personnes demeurant dans cette zone (composée d’appartements et de maisons individuelles) 40 ont été interrogées. Il est intéressant de noter que nombre d’entre elles n’avaient remarqué aucun changement. Parmi celle ayant noté un changement, la moitié était satisfaite des changements apportés; quant à l’autre moitié, elle trouvait que le niveau d’éclairage ainsi que sa qualité avaient diminué. Le comptage de la consommation électrique pendant toute l’année 1996 a indiqué les résultats suivants : consommation électrique par an réduction de la consommation par la contrôle de la tension consommation mesurée ancien système nouveau système économies réalisées 26,8 KWh 13,2 KWh ~ 50 % 2,4 KWh ~ 10 % 10,8 KWh ~ 60 % Les analyses de rentabilité sont très différentes : Le Municipalité de Tampere a donc réalisé une économie annuelle de 60 % ou de 8,46 ECU par chaque nouvelle lampe au sodium à haute pression installée dans cette zone. En outre, elle a aussi profité de la forme de tiers-financement appliquée faisant supporter les coûts des investissements à la compagnie d'électricité. Pour l’entreprise énergétique, l’analyse de rentabilité était très différente. Il y a trois composants qui influencent ses calculs : les coûts de la production de l'énergie, les frais du réseau qu'elle doit payer à la compagnie qui possède les réseaux et les coûts des investissements pour les systèmes installés : • Les économies d’énergie de 195 KWh par lampe et par an pouvaient être interprétées comme une perte, mais il convient d’établir une distinction entre le prix de l’énergie et les part relatifs à l'utilisation du réseau énergétique. Sur les 43,15 ECU1 versés par MWh, 30,12 ECU représentent le montant de l’énergie proprement dite et 13,03 ECU correspondent aux frais de réseau. La diminution des ventes ne doit pas nécessairement être interprétée comme une perte pour l’entreprise énergétique : elle peut par exemple 1 tous les montants sont calculés à un taux de conversion de 1 ECU = 0,1692 FMK. Energie-Cités/Ademe 1997 Maîtrise de la demande d'électricité TAMPERE (Finlande) vendre les quantités économisées à d’autres clients, avec peut-être une meilleure marge de rentabilité ou en remplaçant une installation de production d'électricité moins efficace. • Le montant de l’appareillage de contrôle qui réduit la tension des lampes pendant les nuits était d’environ 1700 ECU. Un tel investissement ne peut donc être rentable que si la charge contrôlée par l’équipement est beaucoup plus importante. Utilisé dans une zone plus étendue cet appareillage devient un investissement économiquement viable. • L’entreprise énergétique qui possède le réseau d'électricité accuse une perte de revenus : environ 2,5 ECU par lampe et par an, qui pourrait également être compensée par la vente de l’électricité à un autre client. Proposer des mesures d’efficacité énergétique dans cet ensemble de services ne pourra fonctionner, dans le cas finlandais d’un marché restructuré, en considérant en détail la rentabilité de ces mesures. L’exemple de la possibilité de compenser les pertes décrites de Tampereen Kaupungin Sähkolaitos Oy par la vente de ses services d’éclairage en dehors de la zone habituelle montre bien les considérations nécessaires dans un marché restructuré. Cette solution demande cependant une réflexion préalable, par exemple la considération de la taille de ce nouveau marché. La consommation totale d’électricité pour l’éclairage public en Finlande est d’environ 500 GWh/a ou 2 % du total des ventes d’électricité ce qui représente la taille totale du marché. La plupart des lampes les plus puissantes sont déjà équipés de lampes au sodium à haute pression. Les autres, de taille moins importante, représentent 80% du nombre total des points lumineux dont une petite partie seulement est à faible consommation. Au bas mot, le potentiel d’économie de l’ensemble de la Finlande serait donc d’environ 150 GWh/a. En outre, certaines entreprises énergétiques finlandaises proposent déjà à leurs clients des ensembles de services d’éclairage incluant par exemple la construction, la rénovation et l’entretien de ces réseaux et la vente d’électricité. Cela réduit probablement la part du marché pour Tampereen Kaupungin Sähkolaitos Oy. EXPERIENCE DE KAJAANI Une seconde expérience a été réalisée dans la ville finlandaise de Kajaani - une ville avec environ 37.000 habitants, située au centre de la Finlande, à proximité de la rive sud-est du lac Oulojärvi - par Kainuun Sähkö Oy. Cette entreprise communale et rurale de la région a voulu favoriser dans les foyers, l’utilisation du bois comme moyen de chauffage à la place de l’électricité. Le chauffage électrique représente 24% de la consommation totale d’électricité dans le bilan de consommation de l’entreprise énergétique de Kajaani. Il constitue une part importante des ventes d’électricité réalisées par l’entreprise énergétique et un segment important de la courbe de charge. Quarante ménages vivant dans des maisons individuelles équipées d’un chauffage à résistance électrique récent et d’un poêle à bois ou d’une cheminée ont participé à l’expérience. Le caractère innovant de l’expérience se présente sous deux aspects : Les ménages participant à l’étude ont été divisés en deux groupes. Pour chacun d'eux, il y avait des tarifs différents de la consommation d'électricité pendant les heures de jour et les heures de nuit. • Dans le premier groupe, un système de communication bilatérale appelé DLC (= distribution line carrier) a été mis en place. Il indique aux clients les charges maximales de l’entreprise énergétique et apporte des informations sur le comportement des clients en matière de chauffage. Le premier groupe des ménages a été relié à l’entreprise énergétique par ce système de communication. • Les ménages de l'autre groupe ont perçu, en début d'année et en espèces, le montant de leur consommation annuelle d’électricité. Cette somme pouvait être consacrée à l’achat de matériel plus efficace ou de toute autre façon. Mais, le prix de l’électricité des ménages de ce groupe était doublé durant cette année. Les clients de ce groupe ne perdaient pas d’argent si leur comportement au niveau de la consommation restait stable. S’ils changeaient de comportement - en utilisant plus leur poêle ou en consommant l'électricité moins cher pendant les heures de nuit - ils pouvaient gagner de l’argent. Les résultats obtenus auprès des deux groupes sont très intéressants : Le groupe équipé du système de communication DLC a augmenté sa consommation en bois de chauffage, mais en général sans tenir compte des charges maximales indiquées par le système de communication. L’utilisation du bois a réduit la consommation d’électricité en proportion égale le jour et la nuit bien que le prix de l’électricité soit beaucoup plus élevé dans la journée que la nuit. Ce comportement trouve son explication dans deux faits très simples : la température dégagée par un poêle est durable (certains chauffent pendant cinq jours environ); les poêles sont généralement rechargés quand le soir arrive ce qui a pour conséquence de réduire la demande en chauffage électrique pendant la nuit. Energie-Cités/Ademe 1997 Maîtrise de la demande d'électricité TAMPERE (Finlande) Le groupe "à tarif double" a réduit sa consommation électrique annuelle de 21% et dans le même temps, il a augmenté sa consommation électrique nocturne de 7% ce qui constitue un résultat très positif pour l’entreprise énergétique pour réduire ses charges de pointe. Interrogées sur les raisons de ce changement, la plupart des personnes ont répondu qu’elles avaient juste changé leurs habitudes. Seules quelques-unes parmi elles ont consacré l’argent reçu à l’achat d’équipement à faible consommation, ce qui fait que les économies réalisées ne peuvent pas leur être totalement imputées. Ces résultats ont démontré que pour changer des habitudes il n’est pas nécessaire de faire appel à des programmes d’information onéreux; ces derniers se sont en fait avérés plutôt inefficaces lorsqu’ils ne sont pas combinés à des incitations d’ordre financier comme les coûts différents pendant la journée et la nuit. EVALUATION & PERSPECTIVES Les résultats des deux cas décrits ici révèlent certaines des nouvelles caractéristiques de l’environnement d’un marché restructuré : • Au point de vue d'une compagnie d'électricité, les économies d’énergie réalisées auprès des ménages ne sont pas nécessairement liées à un investissement lourd dans des systèmes de communication ou d’information. Les changements observés dans la consommation énergétique semblent plutôt résulter d’un changement de comportement, lequel changement tend à s’accélérer lorsqu’il est soutenu par des incitations financières visant à économiser l’énergie. • La mise en œuvre des mesures de MDE avec des effets significatifs sur l'environnement (réductions de la production d'électricité et un rendement plus élevé) perdent de leur impact dans les cas où de nouveaux services offerts par la compagnie d'électricité ne viennent pas compenser les pertes enregistrées dans les ventes d’électricité. Ces pertes doivent être amorties partiellement par des modifications tarifaires ou par des fonds locaux ou nationaux (qui peuvent être financés par des impôts sur la consommation électrique). Autrement, les entreprises énergétiques n’ont plus de raison d’exécuter les mesures de MDE. • Dans le cadre d’un marché restructuré, les entreprises des réseaux électriques ne sont pas encouragées à mettre en oeuvre des mesures de MDE. Elles ne pourront, selon toute probabilité, tirer de bénéfice à long terme de ces mesures que si les besoins en entretien et en extension des réseaux peuvent être réduits. POUR ALLER PLUS LOIN Seppo Karkkainen VTT ENERGY Energy Systems - Tekniikantie 4 C, Espoo P.O. Box 1606 FIN - 02044 VTT Tel: +358 9 4561 Fax: +358 9 456 65 38 Cette fiche de cas a été réalisée par Energie-Cités grâce à la collaboration des responsables de la Ville de TAMPERE (Finlande) et au soutien technique et financier de l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie (Ademe) Energie-Cités/Ademe 1997