CONQUÊTE DES LIBERTES
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CONQUÊTE DES LIBERTES
CONQUÊTE DES LIBERTES Arts, Etat, pouvoir Arts du son Arts du quotidien PRESENTATION DE L’ŒUVRE Nom, prénom de l’auteur : paroles d’Eugène Pottier (1871) et musique de Pierre Degeyter (1888). Titre de l’œuvre : L’Internationale Date de création/parution : 1888 Lieu de conservation/Maison d’édition Dimensions La première publication de L'Internationale, 1888 CONTEXTE HISTORIQUE GENERAL À l'origine, il s'agit d'un poème écrit par le chansonnier, poète et goguettier Eugène Pottier en juin 1871, en pleine répression de la Commune de Paris. L'Internationale de Pottier était destinée à l'origine à être chantée sur l'air de La Marseillaise. La musique de L’Internationale a été composée ultérieurement par Pierre Degeyter, en 1888. Les quatre premières mesures (thème et harmonies) sont sans doute extraites du final de l'opérette « les Bavards », d'Offenbach. Le 23 juillet 1888, pour la première fois la chorale de la Lyre des Travailleurs réunie dans l'estaminet À la Vignette à Lille interprète le chant de l'Internationale. À partir de 1904, L'Internationale, après avoir été utilisée pour le congrès d'Amsterdam de la IIe Internationale, devient l'hymne des travailleurs révolutionnaires et le chant traditionnel le plus célèbre du mouvement ouvrier. Si célèbre que L'Internationale a été traduite dans de nombreuses langues et est chantée par les socialistes (dans le sens premier du terme), anarchistes, communistes, mais aussi des partis dits socialistes ou sociaux-démocrates et bien sûr par les syndicats de gauche, ainsi que dans des manifestations populaires. L’Internationale fut l'hymne national de l'URSS, mais sans le cinquième couplet, jusqu'en 1944. Dans de nombreux pays d'Europe, ce chant a été illégal durant des années du fait de son image communiste et anarchiste et des idées révolutionnaires dont elle faisait l'apologie L'Internationale a été et est encore le chant symbole des luttes sociales à travers le monde, chantée dans les tranchées pendant la Première Guerre mondiale, dans les manifestations pendant le Front Populaire, en mai 1968, lors de l’effondrement du communisme. Ce fut même l'hymne de ralliement de la révolte des étudiants et des travailleurs sur la place Tiananmen en 1989. DESCRIPTION ET ANALYSE ARTISTIQUE DE L’ŒUVRE Debout les damnés de la terre Debout les forçats de la faim La raison tonne en son cratère C’est l’éruption de la fin Du passé, faisons table rase Foule esclave debout debout Le monde va changer de base Nous ne sommes rien soyons tout Les rois nous saoulaient de fumées Paix entre nous guerre aux tyrans Appliquons la grève aux armées Crosse en l'air et rompons les rangs S'ils s'obstinent ces cannibales Á faire de nous des héros ils sauront bientôt que nos balles Seront nos propres généraux REFRAIN C’est la lutte finale Groupons-nous et demain L’internationale Sera le genre humain Ouvriers paysans, nous sommes Le grand Parti des travailleurs La terre n’appartient qu’aux hommes L’oisif ira loger ailleurs Combien de nos chairs se repaissent Mais si les corbeaux les vautours Un de ces matins disparaissent Le soleil brillera toujours Il n’est pas de sauveurs suprêmes Ni Dieu ni César ni tribun Producteurs sauvons-nous nous-mêmes! Décrétons le salut commun Pour que le voleur rende gorge Pour tirer l’esprit du cachot Soufflons nous-mêmes notre forge Battons le fer quand il est chaud Hideux dans leur apothéose Les rois de la mine et du rail Ont-ils jamais fait autre chose Que dévaliser le travail ? Dans les coffres-forts de la banque Ce qu'il a créé s'est fondu En réclamant qu'on le lui rende Le Peuple ne veut que son dû L'état comprime la loi triche L'impôt saigne le malheureux Nul devoir ne s'impose aux riches Le droit du pauvre est un mot creux C'est t'assez languir en tutelle L'égalité veut d'autres lois Pas de droits sans devoirs dit-elle Egaux pas de devoirs sans droit INTERPRETATION DE L’ŒUVRE Les champs lexicaux de l’oppression (damnés, forçats, esclave,…) et du combat (éruption, lutte, guerre, balles,…) montrent qu’il s’agit bien d’un champ de guerre. Cependant, il ne s’agit pas d’une guerre contre un étranger mais contre un système : le système capitaliste (producteurs, voleurs, forge,…). Le chant montre que l’on aspire à une ère nouvelle (« Du passé, faisons table rase »). L’Internationale est rédigée dans le cadre de la Commune (18 mars – 28 mai 1871). L’Allemagne a proclamé son unification dans la Galerie des Glaces à Versailles et confisqué l’Alsace et la Lorraine à la France. Le petit peuple parisien refuse cette défaite et se soulève. Il n’est guère étonnant que ce chant ait été repris pendant la Première Guerre mondiale par les poilus français : la France se battait de nouveau contre l’Allemagne et revendiquait la restitution de l’Alsace et de la Lorraine. De plus, la guerre est déclenchée avant tout pour des raisons économiques : les grands empires européens sont directement en concurrence. Enfin, le parallèle est aisé entre les généraux, qui n’hésitent pas à sacrifier la « chair à canon » dans des attaques aussi meurtrières qu’inutiles, et les capitalistes opprimant le peuple.