Le métier de rédacteur en chef de magazine…
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Le métier de rédacteur en chef de magazine…
Métier : rédacteur en chef de magazine À quelle école faut-il aller ? Par Mireille Pelchat Aucun diplôme ne donne le titre de rédacteur en chef de magazine. Les bancs de plusieurs écoles peuvent conduire au fauteuil du gestionnaire de magazine. Quel est le profil idéal pour réussir dans ce métier ? À ce sujet, les avis divergent. Trois rédacteurs en chef ont accepté de raconter leur parcours : Jean Frenette, du magazine Prestige, Louise Mercier, de Continuité et Danielle Rudel-Tessier, anciennement à L’actualité médicale. Leurs formation diffèrent, tout comme leur perception de la profession. Découvrons la face cachée de ceux qui nous emploient… J ean Frenette a d’abord été amuseur public. « Clown », comme il le dit luimême avec un sourire. Il a ensuite travaillé à la radio de CKRL, passant de simple animateur, à directeur de l’information et à morning man. Puis, la radio de Radio-Canada a fait des réductions massives dans son personnel, et le marché du travail s’est engorgé dans ce domaine. Celui qui avait une formation collégiale en sciences politiques décide alors de retourner sur les bancs d’école. Son choix de programme ? Le certificat en rédaction professionnelle de l’Université Laval. Le passionné des communications prend alors la voie de l’écrit. Il commence à collaborer à la revue Québec français. Après ses études, il participe à la rédaction des cahiers spéciaux du Journal de Québec, grâce à un ancien journaliste de l’entreprise, Robert Pelletier. Un jour, un collègue avec qui il travaillait à CKRL appelle Jean Frenette pour lui dire qu’il quitte le poste de rédacteur en chef de la revue autrement dit. M. Frenette soumet sa candidature et obtient l’emploi, alors qu’il n’avait jamais pensé exercer ce métier. Aujourd’hui, Jean Frenette est aux commandes de Prestige, un magazine qu’il aime par sa diversité. Mais quand une publication touche plusieurs sujets, son rédacteur en chef doit avoir une solide culture générale. Selon M. Frenette, c’est la principale qualification pour occuper ce poste. Lui-même affirme être « spécialisé en généralisation », après avoir pratiqué divers métiers et suivi des cours dans plusieurs domaines au cégep comme à l’université. Bien que rédacteur en chef, il n’a pas cessé d’être journaliste. Jean Frenette écrit lui-même une bonne partie du magazine, tout en supervisant les pigistes. Pour sélectionner ces derniers, il a un critère principal : l’originalité. À ce sujet, il cite Vigneault : « Tout a été dit, mais pas par moi ». Pour lui, les collaborateurs doivent garder cette phrase en tête comme un leitmotiv, pour écrire quelque chose de nouveau sur des sujets mille fois traités. « Au printemps, comme chaque année, le magazine parle de piscines, de patios et de plates-bandes », dit-il. Or, renouveler le propos, voilà le défi selon lui. Connaître sa matière Louise Mercier a toujours manifesté un immense intérêt pour le patrimoine. Après avoir terminé une formation universitaire en Rédiger. Le magazine de la rédaction professionnelle o N 6 2003-2004 anthropologie et en histoire, elle devient gestionnaire de sites historiques, puis directrice du Conseil des monuments et sites. Au début des années 1990, elle continue de se spécialiser en suivant un cours en gestion des organismes culturels, à l’école des Hautes Études commerciales (HEC). En 1997, la rédactrice en chef de la revue Continuité quitte son poste. Louise Mercier décide alors de relever le défi dans le but de partager sa passion avec le public et de faire avancer la cause du patrimoine. Depuis son entrée en fonction, le magazine a légèrement changé de cap. « Son contenu touche plus le public », indique Mme Mercier. Par contre, elle confie qu’elle a eu de la chance d’avoir une bonne équipe derrière pour pallier son inexpérience dans le domaine de la rédaction et de l’édition. Elle n’a pas peur de dire qu’elle a beaucoup appris des gens du métier. Encore aujourd’hui, elle se fie beaucoup à son réviseur linguistique et rédacteur adjoint Réal D’Amours, en ce qui concerne les questions de style et de langue. De son côté, elle s’occupe plutôt d’arrêter le contenu, de mandater les pigistes et de suivre l’évolution de leur travail. Elle supervise aussi le graphiste et les collaborateurs assignés à la publicité. En plus, elle doit s’occuper de la gestion financière. Recherches de financement, demandes de subventions. Elle souligne que le combat pour la survie d’un magazine culturel au Québec est inlassable. Le manque de ressources, c’est le seul aspect de son travail qu’elle apprécie moins. Mais ce n’est pas assez pour tarir sa passion pour la clause ! L’école de la vie Danielle Rudel-Tessier était passionnée de théâtre au sortir de ses études universitaires en littérature. Passion qu’elle a dû mettre de côté pour « se trouver une vraie job », comme elle le dit elle-même. Elle entame alors une brillante carrière dans le domaine de l’édition. La voie qu’elle a prise semble aujourd’hui l’avoir comblée. Elle fait d’abord ses premières armes comme réviseure, au magazine L’actualité. Sous la gouverne de Jean Paré, elle publie ensuite ses premiers articles pour la même période. C’est M. Paré qui lui apprend tout du métier de journaliste. Depuis, elle pense comme lui : écrire s’apprend « sur le tas ». D’ailleurs, l’ancien rédacteur en chef de L’actualité disait : « Le journalisme, ça s’apprend, je ne suis pas sûr que ça s’enseigne ». Plus tard, Danielle RudelTessier se met à écrire pour Châtelaine et ensuite pour L’actualité médicale, dont elle devient la rédactrice adjointe, puis la rédactrice en chef. Elle occupera ce poste pendant quatorze ans, sans regretter la liberté de la pige. Mme Ruel-Tessier croit qu’un bon rédacteur en chef de magazine devrait avoir passé lui-même par toutes les étapes de sa production avant d’en assurer la direction. Un chef d’orchestre doit bien connaître les différents instruments qui composent son orchestre, cela va de soi. Elle compare d’ailleurs le rédacteur en chef à un chef d’orchestre. Il doit créer un grand esprit d’équipe et être capable de « coordonner tout le monde pour arriver sans heurts au produit final ». D’autres fois, le rédacteur en chef doit plutôt se faire psychologue, pour motiver les collaborateurs et s’assurer qu’ils ne souffrent pas d’un stress négatif. Trois rédacteurs en chef. Trois écoles de pensée. Trois approches de la gestion de magazine. Votre patron, de quelle école estil diplômé ? Et vous, quel type de rédacteur en chef feriez-vous. R Rédiger. Le magazine de la rédaction professionnelle o N 6 2003-2004