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NOS SKIPPERS RACONTENT - BEAGLE HALLUCINATIE
"Aujourd'hui, le ciel sera nuageux et nous connaîtrons un temps variable entrecoupé d'averses et
d'éclaircies sur l'ensemble du pays. Les prévisions pour..." je coupe la radio je connais la chanson. Le bruit
des essuie-glaces sur le pare-brise de ma voiture ponctue l'ennui du crachin de mai. Depuis le début du
mois, la Flandre se baigne. Le ruban de l'autoroute E40 me conduit encore une fois à Nieuport pour un
ultime examen de mon bateau malade. A quel degré d’humidité est-il ? L'air est-il assez sec pour
commencer à le traiter contre l’osmose. La ritournelle des questions traverse pour la centième fois mon
esprit chagriné par ce défi au bon sens : prétendre faire sécher une coque sous notre climat tempéré
mais... humide.
Il vente et il pleut de plus en plus fort quand la vue des premières maisons de Nieuwpoort me force à
arrêter de ressasser ces pensées. Tout bon marin dans cette tourmente cherche un abri. Rien de plus facile
dans ce petit port de pêche où chaque estaminet est un havre de rencontre et de chaleur pour tous ceux,
marins, pêcheurs, plaisanciers, qui ne fuient pas la mer. Mon préféré est là devant moi. Je gare ma voiture.
Je pousse la porte et j'y entre.
Il est tôt. En semaine, il fait calme. Stéphan, le patron est derrière son comptoir. Il lave des verres et range
le désordre de la veille ; parfois il se mêle à la conversation de trois hommes, que je devine être des
pêcheurs.
- " Dag, Stéfan !"
- "Ah ! T'es là toi ! C'est rare de te voir en semaine. Quelles nouvelles, et ton bateau ? "
- " No comment ! Et toi, et ici, ça va ? " Dis-je pour éviter de raconter encore la même histoire.
- "Alles goed, sauf que... enfin " me dit-il en levant les yeux au ciel et indiquant avec son menton la porte
de la cuisine. Cela fait, il me sert le verre de bière que je viens de lui commander.
Au moment où je m'apprête à porter ce verre à mes lèvres, la porte de la cuisine s'ouvre avec une lenteur
inhabituelle. Pas de surprise, en un éclair je reconnais Solange, son éternelle petite robe "bordeaux" et sa
flamboyante chevelure rousse. En silence et sans le beau sourire qu'on lui connaît, elle s'assied près du
bar devant le verre qu'elle a laissé là. Elle allume une cigarette, baisse les yeux et se laisse absorber par
de mystérieuses pensées.
Je croise le regard de Stéfan qui hausse les épaules et me dit " T'as compris". Je fais "oui" de la tête bien
que je n'y comprenne rien. Solange n'est jamais comme cela. Je la connais depuis des années. Française,
elle est venue travailler dans le restaurant de Stéfan qui se vexe quand il entend ses clients dire qu’ils
viennent boire un verre chez Solange. Sur le port, tout le monde connaît son rire, ses boutades, ses jeux
de mots parfois un peu gaulois. Les hommes, chez qui elle suscite complicité et confidences, l'on
surnommée : "La rousse, qui sait tout". Cela ne manque pas de faire dire aux femmes, qu'elle sème son
amitié à tout vent.
Stéfan s'approche de moi, se penche au-dessus du comptoir et me dit à l'oreille : "Essaie de savoir, moi
j'en ai marre de sa tête, en plus, pour la clientèle ce n'est pas bon"
- "Mais quoi ?" dis-je.
- "Ecoute, ça fait depuis deux jours. Après le week-end du premier mai, il y a un type qui est venu. Il voulait
absolument lui parler. Elle m'a demandé de m'occuper de la salle, ils ont parlé ensemble pendant au moins
deux heures. Le gars parlait, il parlait doucement, mais parfois, il s'emballait et il s'arrêtait net en la
regardant dans les yeux. Même qu'à un moment, elle lui a pris la main. A la fin il a tout payé et il est parti.
Depuis, elle est dans cet état."
Je n'ai plus aucun doute. C'est écrit. Mon jour de congé sera placé sous le triple signe de la dépression
centrée sur le sud de l'Irlande, du crachin des Flandres et du chagrin de Solange.
Je la regarde, plongée dans sa méditation. Les yeux baissés, on dirait qu'elle cherche la solution d'un
problème. De temps en temps, elle relève la tête et souffle la fumée de sa cigarette vers le ciel. Mon
regard ne peut s'empêcher de suivre ses longs cheveux roux et frisés qui viennent alors caresser le creux
de ses reins.
Le manège dure depuis deux ou trois minutes : elle, obsédée par ses pensées, moi, la regardant. Tout d'un
coup elle me dit furieuse : "Alors t'as rien d'autre à faire ! T'es en manque ou quoi !"
A cet instant, je saisis la balle au bond et au risque de me perdre, je lui dis " Pour parler, faut être deux,
en attendant j'admire le paysage, en silence."
- "T'es parfois meilleur, mon vieux. Enfin ! Personne n'est parfait" répond-elle du tac au tac.
Le silence s'empresse de se réinstaller entre elle et moi. Je devine le sourire retenu de Stéfan, occupé à
laver ses verres à un mètre de moi. Je continue de siroter ma bière, renvoyé à mon impuissance quand
subitement, Solange se lève, saisit son verre, le cendrier, ses cigarettes et son briquet et vient vers moi.
Elle dépose tous ces objets sur le comptoir et s'assied sur le tabouret en face du mien. " Dis ! Toi qui veut
causer !" lance-t-elle tout de go "Tu navigues en mer du Nord, Hein ? Tu connais la mer du Nord ?"
- " Euh, oui, je pense" Dis-je décontenancé et prudent
- "Eh bien non ! Mec, tu ne connais rien à la mer du Nord. Tu ne sais pas ce que c'est, et tu ne sais même
pas ce qui s'y passe vraiment."
Excédé, je lui rétorque : "Et toi, qu'est-ce que tu en sais, toi ? Qui ne navigue jamais !"
- "Je ne navigue pas, mais moi, je parle avec des gens qui vont en mer quand il s'y passe quelque chose.
Et je peux t'assurer que depuis que j'ai appris ce qu'on m'a raconté, je ne sais plus ce qui est vrai ou faux"
Curieux, je lui dis "Raconte-moi, Solange ça m'intéresse"
Sur ce, elle enchaîne " Il y a quelques jours, un gars est arrivé ici. Il a dit à Stéfan qu'il voulait absolument
me parler personnellement. Ça ne lui plaisait pas trop, mais il a laissé faire. Je connaissais un peu ce gars,
il est un peu comme toi, il vient de temps en temps manger des moules et boire un verre, ici le dimanche
soir avec ses amis. Il voulait que je l'aide, et il disait, que j'étais la seule à pouvoir l'aider et qu'il allait tout
m'expliquer pour que je comprenne la question qu'il voulait me poser"
- "Et alors" dis-je
- "Il a commencé à me raconter que le week-end du premier mai, ils étaient partis sur un bateau, pour
faire la traversée jusque Ramsgate en Angleterre. Le bateau s'appelait le "Beagle" et à bord ils étaient
quatre hommes et une femme"
A ces mots, j'éclate de rire et dit "ça va, on connaît la suite, toujours la même histoire"
- "T'es vraiment con toi" me dit-elle "Je me tue à t'expliquer que c'est autre chose et tu me sors tes
banalités"
Je ne dis plus rien et elle continue.
"Ils sont partis, le vendredi à 5 heures du matin. La météo de la BBC et de Boulogne annonçait 4 à 5
Beaufort de Nord-est. A ce train-là, ils seraient à Ramsgate en 10 heures de navigation. Bien décidés et
bien équipés, ils se sont engagés dans le chenal de Nieuwport. » Solange reprend son souffle, elle hésite
à parler. Je ne dis rien, elle reprend : " Tu me crois ou pas mais à ce moment-là, le visage de cet homme a
changé et sa voix s'est faite plus sourde. Il m'a dit alors : « Madame ! Quand nous sommes arrivés devant
l'estacade, nous sommes tombés dans le chaudron du diable. L'eau était glacée. Elle bouillonnait et le
vent qui sifflait soulevait l’écume de ce chaudron. Un moment, le "Beagle" hésita et puis, confiant il
s'élança dans cette porte d'un autre monde. On s'est tous regardés. C'était fait. Nous étions de l'autre
côté."
Solange s'arrête un instant et me regarde. Je lui fais un signe de la tête pour lui dire : OK, j'ai compris, fini,
la rigolade.
Ensuite, dit Solange, voilà tout ce qu'il m'a dit ; je l'entends encore. " Nous naviguions au cap 285, au près
bon plein. La mer était forte. Les vagues bousculaient le bateau. Le vent du Nord rendait l'atmosphère
glaciale. Les quarts commencèrent. Chaque équipier prit son tour pour se concentrer sur le cap, les voiles,
l'allure, et les vagues, courtes, hachées, vicieuses."
Et puis, sa voix s'est mise à trembler en disant " C'est après une ou deux heures de ce régime, je ne sais
plus, madame... que Jean Pierre, un des hommes de l'équipage s'écria : on est à Walibi ! On est à Walibi !
Les autres enchaînèrent en rigolant : c'est mieux qu'Aqualibi ! Madame, je vous assure le soleil du désert
crée des mirages, mais le vent de la mer du Nord donne des visions. Où allions-nous dans ce monde
imaginaire ?"
Je n'y croyais pas, me dit Solange, mais je le laissais parler jusqu'au bout. "Après cet épisode" dit l'homme
"Eric le navigateur mit tout en œuvre pour faire triompher la raison dans ce monde mythique. Il vérifia si
le réglage des voiles respectait les lois de l'aérodynamisme et si les calculs de navigation nous menaient à
bon port. Et puis ! A mi-chemin après le banc de Sandettié, je vous assure, tout s'est calmé. Mer quasi
plate, petites vagues pendant environ une demi-heure et puis, on vit à l'avant du "Beagle" une ligne
d'écume. Madame ! La mer donne le meilleur et puis le pire. Un petit banc qui cale à huit mètres nous
attendait : après Walibi nous vîmes la cascade de Coo."
Solange me regarde. Je ne dis rien. Elle continue : " A deux heures de Ramsgate" dit l'homme " Le mer eu
raison de la science de Jean le skipper et d’Éric le navigateur. Malgré tous les calculs une force irrésistible
non prévue, nous entraînait vers les sinistres bancs des "Goodwin". Le vent forcit à 6 Beaufort. Il fallait
désormais faire du près serré contre vents et marées. Les caprices de la mer allaient avoir le dernier mot.
L'habileté et la concentration des timoniers faisaient marcher le "Beagle" à cinq nœuds sur l'eau. La mer
du Nord décida qu'il n'en était pas question, il n'en ferait qu'1 sur le fond. Elle usa de sa toute puissance
et choisit l'heure à laquelle il lui convenait que le "Beagle" entre au port de Ramsgate."
Solange suspend un instant ses paroles. Ses yeux errent au fond de la salle, elle porte le verre qui est
devant elle près de ses lèvres et boit une gorgée. Elle soupire et dit " Tu ne vas pas me croire, mais ce type
me certifie que c'est vrai"
Je cache mon scepticisme et l'invite à poursuivre.
"Tout a commencé à quelques milles de Ramsgate" me dit l'homme " Nous avancions dominés par la
volonté des éléments, soumis aux impératifs de la nature. Brusquement j'entendis frapper des coups dans
la mature. Quelqu'un voulait détruire le bateau à coup de masse. On l'entendait. On ne voyait rien, cela
n'arrêtait pas. L'équipage sidéré jetait des regards à bâbord, à tribord, à l'avant, à l’arrière : rien. Qui
pouvait s'acharner sur nous ? Le bruit diminua quand je levai les yeux et vis, près des barres de flèches ce
qui restait de ces coups du sort : le réflecteur radar se balançait, frappé par le vent, libre de ses attaches.
Qui en voulait à ce pauvre Beagle ?"
"Arrête, Solange, je n'en peux plus, j'éclate de rire. Ce type a trop bu ou il est fou. Tu ne vas quand même
pas croire des trucs pareils. Qu’est-ce qu'il veut ce type ? "
"C'est simple" répond Solange 'je te l'ai déjà dit. Il voulait me prouver que ce qu'il a vu est vrai et me poser
une question dont, pense-t-il, je suis la seule à connaître la réponse. Car ce n'est pas fini, écoute la suite"
Prévenu, et prêt à tout entendre ; je laisse Solange à son récit.
"A ce moment-là, Le gars s'est mis à trembler " poursuit Solange "Il me raconte qu'ils ont passé la journée
suivante à Ramsgate et que là-bas, de l'autre côté, il a vu des choses extraordinaires. Les gens là-bas, ont
enfermé un vieux remorqueur entre quatre murs avec son ancien patron condamné à errer dans sa prison
jusque sa mort. Il m'a dit que, les gens du port collectionnent, depuis des dizaines d'années, les photos et
les restes des bateaux qui se sont perdu au large de Ramsgate. Ils en ont fait un musée et font peur aux
touristes"
Solange s'emballe dans son histoire. Quand elle me parle, j'entends ce pauvre homme, moi aussi.
Elle me dit : " Voilà exactement ce qu'il m'a dit. Il était comme halluciné quand il parlait."
"Nous sommes parti, madame, le lendemain. La météo annonçait 6 beauforts diminuant jusque 4 à 5.
Lorsque nous sommes sortis du port, la mer était verte et parsemée d'écume à la crête des vagues. Les
creux étaient profonds, le vent sifflait dans les haubans. C'est là que tout a commencé. La mer nous
reprenait comme...comme elle voulait, méchante et capricieuse." "Nous n'avions qu'une option pour
rallier Nieuwpoort : faire un cap très au nord pour doubler la bouée "Bergess-nord" au moment de la
renverse des courants et ensuite abattre vers la côte. »
Solange fait une pause et me dit " T'es prêt à écouter la suite." Je lui fais oui d'un geste de la tête.
« Madame" lui a dit l'homme d'une voix sourde " J'étais assis dans le cockpit à tribord devant Michèle
l'équipière qui tenait la barre. La mer et les vagues étaient noirs comme l'acier le ciel argenté était strié
de nuages en fuite. Tout à coup Michèle disparut et je vis... ja... il heb gezien, ik heb gezien, mevrouw! ik
heb gezien Jan van de Noordzee : De master van de Noordzee....Il était là avec nous. Il tenait la barre. Il
existe je vous assure. Ses yeux étaient rivés sur la crête des vagues qui nous bousculaient. Il traçait sa
route en fracassant le dos des vagues à grands coups d'étrave. Il était là les cheveux au vent, la barbe
trempée par les embruns, les pans de sa veste flottaient. Il ignorait, l'eau, le vent et le froid. Cette vision
a duré cinq heures. Nous étions transis, tremblant de froid et d’effroi en sa présence. Au moment où nous
avons abattu à la hauteur des "Bancs de Berguess", il a disparu et je revis Michèle devant moi comme au
départ."
Je pense qu'il vaut mieux me taire et laisse planer le silence. Solange reprend son souffle et continue à
réciter les paroles de ce pauvre gars.
" A la hauteur des Bancs de Bergess" disait-il "Nous étions moins secoués. Le "Beagle" chevauchait les
vagues au vent de travers quand tout à coup nous entendîmes des chants venus d'on ne sait où. Un chœur
d'hommes et de femmes chantaient "La bohème" couplet après couplet, refrain après refrain, un vrai
concert en live au milieu de la tempête d'eau et de froid. Mais alors, après l'un des fameux "faria, faria
faria 000h" le torrent d'eau d'une vague déferlante s'est abattu sur le cockpit et ses occupants. Les dieux
vengeurs de la mer du Nord ne supportaient pas ces moments d'apaisement. Alors, pour implorer le
pardon, ce mystérieux chœur se mis à chanter un cantique."
Solange ne s'arrête plus, possédée par le récit de l'homme.
" A la fin du cantique, au moment où le chœur entonna les paroles sacrées : "tes fils qui s'agenouillent.",
les forces démoniaques d'une deuxième déferlante voulurent les faire taire une fois pour toutes.
« Rien n'y fit" s'exclama l'homme "Je n'y comprenais plus rien. Nous étions là, au milieu des éléments
déchaînés en train d'assister à un combat de titans. Un chœur mystérieux et joyeux affrontait des forces
démoniaques. Mais, ce n'est pas fini. Pourquoi ont-ils défié à ce point les éléments « Oui ! Pourquoi ces
chanteurs d'on ne sait où, ont-ils voulu braver les forces de la nature. Piqué au vif par la colère des dieux,
le chœur se mit à chanter "Jeanneton prend sa faucille", un chant de paysans en pleine mer…c'était trop.
Ils hurlaient plus fort que le vent. Cela ne pouvait durer.
La punition fut à la mesure de la provocation. Une troisième déferlante coucha le "Beagle". Le silence
complet s'établit. L'équipage halluciné arrêta de penser en contemplant le flanc tribord du Beagle
s'enfoncer peu à peu dans les vagues. Les voiles trop fatiguées s'apprêtaient à se coucher dans la mer ;
quand se produit le miracle. Tapi, au fond de la mer, le bras de Saint Lest se mit doucement à pousser sur
la quille du "Beagle", et le remit dans ses lignes d'eaux pour qu'il puisse reprendre sa cavalcade sur le dos
des vagues. »
L’homme fit une pause et puis dit : « Alors j'ai regardé l'équipage : Michèle, Jean-Pierre, Eric, Jean, leurs
yeux et leurs oreilles venaient de frôler l'autre côté : celui des mystères de la mer du Nord. Oui ! Oui !
Madame ! Le vieux dicton marin dit la vérité : "Par force sept, qui voit Bergess, voit sa détresse !"
Devant moi, Le corps de Solange est traversé par le frisson de ses propres paroles. Je ne sais plus ce que
je peux penser : folie mystique ou phénomène paranormal ?
"Et alors" dis-je à Solange.
"Ce type était à bout" dit-elle "Il s'est tu longuement après m'avoir expliqué qu'ils étaient rentrés au port
après avoir retraversé la barrière d'écume, de ce qu'il appelle le chaudron du diable Après, je lui pris la
main pour le calmer et il m'a dit qu’il voulait que je l'aide car j'étais la seule qui pouvait l'aider parce qu'on
dit sur le port que je sais tout. Depuis son retour, il ne savait plus ce qui était vrai et ce qui était faux. Il
avait perdu le sens de certains mots. Son coéquipier Jean-Pierre était dans le même état, mais lui, avait
de la chance il connaissait un type qui s'appelait Robert et qui pourrait l'aider."
"La rousse qui sait-tout était au pied du mur" dis-je en ricanant.
"Enfin, » dit-elle « j'en avais marre et je lui ai demandé ce qu'il voulait savoir. Qu'il la pose enfin ! Sa
question de fou mystique. A ce moment, sa voix est devenue plus grave. Il a marqué un temps et dit : c'est
ridicule mais j'ai oublié la définition d'un mot. J'étais ahurie. Je n'en pouvais plus. Et puis, il a prononcé
mon nom et posé sa question en disant : Solange, pouvez-vous me rappeler le sens du mot "plaisance".
Sur ce, Solange se retourne vers moi et secoue sa longue crinière de cheveux roux. Je vois enfin ses yeux
verts, où tant de marins ont cru se noyer. Je lui souris, pour laisser au silence, le sens du mot plaisance.
André Louvet (Jjuin 1998).
Note : toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existés ne peut être due qu’au hasard.

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