La protéine p16 - Roche Diagnostics France

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La protéine p16 - Roche Diagnostics France
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logie
La place de la bioeutique
p
dans le suivi théra e
de la femm
DÉTECTION DES CANCERS
La protéine p16
Biomarqueur de la dysplasie
cervico-utérine
Depuis sept ans, le Docteur Françoise Thélu, anatomopathologiste chez PNU-Unilabs,
à Lille, utilise le marqueur p16 comme aide au diagnostic du cancer du col de l'utérus.
Le bon usage de ce marqueur, vu à travers son expérience.
La participation à une étude, publiée en 2007, a convaincu le Dr Thélu de l’intérêt d’utiliser la p16 comme aide au
diagnostic des lésions dysplasiques du col. Lors de cette
étude, douze anatomopathologistes européens avaient
analysé 500 cas en histologie standard puis un mois plus
tard les mêmes cas couplés avec la lecture d’un immunomarquage avec la p16.
La p16 a permis de redresser certains diagnostics en particulier de mieux différencier entre une métaplasie immature et un CIN3. Au niveau du col utérin, la métaplasie
est un phénomène normal : la muqueuse endocervicale
se transforme en muqueuse malpighienne, définissant
la zone de transformation. Dans un premier temps, l’épithélium est jeune, indifférencié, dit immature. Il peut être
difficile à différencier histologiquement et risque d'être
confondu avec une dysplasie de haut grade. Le recours à
la p16 permet une distinction et une différenciation entre
lésions de bas et de haut grade. « L’association de l’analyse
morphologique et de l’étude immunohistochimique nous a
permis de corriger certains diagnostics et de diminuer les
discordances entre observateurs », précise le Dr Thélu,
« ce qui a amélioré la prise en charge des patientes. »
L' ALGORITHME DE DÉTECTION
L’ algorithme décisionnel proposé par la
HAS préconise la réalisation d’un frottis par étalement ou en phase liquide.
La phase liquide présente l’avantage
de permettre la recherche d’HPV, si
nécessaire.
Si le frottis est normal, il est recommandé de le renouveler trois ans plus
tard. Si une anomalie est détectée
(ASC-US : atypical squamous cells of
undeterminated significance), on réalisera un nouveau frottis est préconisé
six mois plus tard ou un typage HPV,
ou les deux.
Si le diagnostic de dysplasie est posé,
un contrôle par colposcopie avec
biopsie est réalisé. C’est ici qu'intervient la p16. « Nous utilisons ce marqueur de façon quasi systématique en
cas de lésion pour confirmer et typer
les lésions dysplasiques qui pourront
ainsi être prises en charge de façon
adéquate (surveillance, laser, conisation) », précise le Dr Thélu.
« Nous utilisons aussi la p16 dans
d'autres indications : apprécier les
berges d’exérèse d’une conisation, distinguer un condylome d’un CIN I, aider
au diagnostic des lésions glandulaires
endocervicales. »
LA CONISATION
La conisation a deux objectifs : diagnostique, puisqu'elle confirme le type
de lésion et précise son étendue, et
thérapeutique, car elle consiste en une
ablation de la lésion pour empêcher
son évolution vers un cancer. La p16
permet d’identifier si des lésions précancéreuses persistent au niveau des
berges de conisation et donc confirme
l'efficacité de l’électrocoagulation.
10 000 BIO - N° 92 - NOVEMBRE 2014
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ZOOM SUR...
La protéine p16
La p16 est normalement exprimée au cours de la
division cellulaire. Chargée de réguler le cycle, elle
garantit le bon déroulement de la mitose. Plusieurs
cancers sont liés à une perturbation de l'ADN de
cette protéine. Dans le cadre des lésions de haut
grade HR-HPV viro-induites, une accumulation
importante de la p16 est observée au niveau
nucléaire et cytoplasmique.
•
Le cancer du col de l'utérus
en bref
ci-dessus :
(haut) double marquage p16 et Ki-67 avec
CINtec Plus Cytology, (bas) marquage p16
avec CINtec Histology
• 2 ÈME cancer dans le monde,
7 ÈME en France
(3 500 nouveaux cas par an)
• Maladie sexuellement transmissible
• Agent pathogène : papillomavirus humain
• En France, 40 % des femmes ne sont
pas dépistées et des cancers sont alors
diagnostiqués à un stade invasif
• Le traitement associe généralement
chirurgie et radiothérapie, voire
chimiothérapie dans les grosses tumeurs
• La survie à 5 ans varie de 85 à 90 %
au stade IB, à 15 % au stade IIIB.
• Exceptionnel avant 25 ans,
le plus souvent diagnostiqué
entre 45 et 55 ans.
UNE p16 POUR LES ATTEINTES
DE BAS GRADE
« C’est mon cheval de bataille. En effet
la distinction entre une lésion purement condylomateuse et une lésion de
bas grade, où le génome viral a intégré
l’ADN de la cellule, peut être effectuée grâce à la p16. Ce qui permettrait de mieux surveiller ces patientes
davantage à risque de développer des
lésions dysplasiques de haut grade »,
ajoute le Dr Françoise Thélu.
La recherche de l’expression de la p16
par immunohistochimie ou immunocytochimie est un moyen complémentaire
à la morphologie pour établir le diagnostic de ces lésions précancéreuses
et devrait, bientôt, devenir un examen
incontournable pour une bonne prise
en charge des patientes.
•
« Nous utilisons ce marqueur
de façon quasi systématique
en cas de lésion, pour confirmer
et typer les lésions dysplasiques
qui pourront ainsi être prises
en charge de façon adéquate ... »
DR FRANÇOISE THÉLU, ANATOMOPATHOLOGISTE,
PNU-UNILABS LILLE
Source d'étude : Hariri J et Øster A, The negative predictive value of p16INK4a to assess the outcome of cervical
intraepithelial neoplasia 1 in the uterine cervix, International Journal of Gynecological Pathology, 26:223-228, 2007.
LE MAGAZINE D’INFORMATION BIOMÉDICALE DE ROCHE DIAGNOSTICS FRANCE
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