Frankenstein, Mary Wollstonecraft Shelley Résumé Au

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Frankenstein, Mary Wollstonecraft Shelley Résumé Au
Frankenstein, Mary Wollstonecraft Shelley
Résumé
Au 18ème siècle, Robert Walton, jeune anglais autodidacte, s’engage à essayer de trouver le pôle nord. Quittant
le nord de la Russie dans un navire qu’il commande, il est stupéfié de rencontrer un homme sur un traîneau, à
demi-mort, qui au lieu d’être soulagé d’avoir été secouru, refuse de monter à bord avant de savoir que Walton
a l’intention de continuer plus au nord. Walton se prend d’amitié pour l’homme, qui se nomme Victor
Frankenstein et est gravement malade, exténué par son voyage et sous l’emprise d’un passé terrible. Voyant
chez Walton un esprit similaire au sien, Frankenstein choisit de lui raconter son histoire.
Élevé en Suisse dans une famille heureuse, y compris sa cousine orpheline Elizabeth, Frankenstein était avide
de connaissances. Il découvre tôt les œuvres d’anciens philosophes et magiciens comme Agrippa et Paracelse,
sans se rendre compte que leurs théories ont été depuis supplantées. Envoyé à l’université d’Ingolstadt, il
découvre son erreur et se lance dans l’étude de la chimie, faisant preuve d’une intelligence supérieure qui fait
de lui la merveille de l’université et la gloire de ses professeurs. Il se lance dans une exploration de la
définition de la vie et un soir découvre comme par miracle, un procédé qui lui permet de redonner vie à de la
matière morte.
Obsédé à l’idée qu’il pourrait créer une nouvelle forme de vie, possiblement supérieure, il s’isole de tous et se
met à travailler à ce projet, construisant un nouveau corps à partir de cadavres. Il le créé gigantesque.
Finalement Frankenstein procède à son opération et le nouvel être prend vie. Toutefois de le voir se
transformer, horrifie le savant, qui ne réalise qu’à ce moment que son homme-cadavre est monstrueusement
laid. Il abandonne sa créature. Effondré dans son lit, il voit avec horreur le Monstre se pencher au-dessus de
lui mais quand il se réveille plus tard il n’en trouve trace.
Il tombe malade d’une fièvre cérébrale. Soigné par son grand ami d’enfance Henry Clerval, il trouve qu’il ne
peut plus supporter d’entendre parler de la chimie. Il est près, après une longue convalescence, à retourner
chez lui, surtout pour retrouver Elizabeth, mais une lettre de son père lui apprend la terrible nouvelle que son
petit frère William est mort, étranglé. Retournant en trombe à Genève, il entrevoit le Monstre près de chez
lui et est convaincu d’avoir découvert le coupable; mais une servant, Justine, a été accusée du crime; un collier
qu’avait William sur lui a été retrouvé dans sa poche. Malgré l’insistance d’Elizabeth sur l’innocence de la
jeune fille, elle sera pendue. Victor connait l’auteur de sa mort mais ne peut révéler le véritable coupable,
sachant qu’on le croirait simplement fou.
Essayant de se changer les idées, il se met à faire de l’alpinisme. Un jour sur les hauteurs près du Mont Blanc
il se retrouve face-à-face avec le Monstre, qui insiste pour que son créateur l’entende parler. Victor veut
refuser mais la force du Monstre est trop grande pour qu’il résiste. Le Monstre lui conte alors son histoire.
Après sa création, le Monstre a bougé dans la noirceur, sans pouvoir vraiment voir et s’est retrouvé dans la
forêt près d’Ingolstadt. Il y découvre le soleil et l’eau; puis le feu, grâce à un feu de camp laissé par des
voyageurs. Essayant d’entrer dans un village, il se fait harceler et battre par les habitants. Il trouve refuge
dans un taudis à côté d’une petite masure où habite misérablement une famille, composée d’un vieil aveugle et
de ses deux enfants. À les espionner, le Monstre a appris le concept et l’utilisation de la parole, puis de la
lecture. Il trouve dans sa poche un journal qu’il a pris avec lui au moment de sa création : c’est le journal
intime de Frankenstein, détaillant toutes les manœuvres de sa création.
Espérant qu’en se découvrant lentement à cette famille, il pourra avoir meilleure fortune à les rencontrer qu’il
n’a eu avec les autres hommes. En attendant, le Monstre les aide anonymement; puis un jour il entre parler au
vieillard en l’absence de ses enfants. Ceux-ci se retournent et, le voyant, chassent le Monstre. La famille
décampe au plus vite et le Monstre ressent la violence pour la première fois. Il met le feu à leur maison,
jurant vengeance sur toute la race humaine. Il décide alors de se rendre à Genève pour confronter son
créateur. En route il sauve une jeune fille de la noyade mais le compagnon de celle-ci fait feu sur lui. Arrivé
en Suisse, essayant encore de trouver un peu d’amitié, il décide de se présenter à un enfant, espérant que
l’innocence de celui-ci voudra dire qu’il n’aura pas peur ; mais le garçon est tout aussi horrifié que les autres,
et menace le Monstre. Réalisant qu’il tient là le frère de son créateur, le Monstre étrangle le garçon. Il prend
le collier qu’il trouve sur le cadavre, et trouvant Justine endormie dans une grange le glisse alors dans sa
poche, afin qu’on la croit coupable. Bien content d’avoir commencé à prendre vengeance sur celui qui est
responsable de toutes ses souffrances, le Monstre est ensuite déterminé à parler à Victor. Il lui fait
maintenant une demande : que Victor lui créé une compagne, une femelle, pour qu’il ne soit plus seul.
Victor est horrifié et refuse mais le Monstre lui promet d’aller vivre avec sa compagne bien loin des êtres
humains. Touché malgré lui par la solitude du Monstre et réalisant qu’il y a de la justice dans ses requêtes, il
accepte.
Revenant chez lui, sa déprime est évidente, mais il ne peut en révéler la cause. Son père le presse à accomplir
son mariage avec Elizabeth, prévu de longue date, mais Victor refuse de le faire avant d’en avoir fini avec le
Monstre. Prétextant un désir de voyager avant de se ranger, il décide d’aller en Angleterre, où il doit consulter
certains savants avant de pouvoir recommencer son travail de créateur. Accompagné de Clerval, il entreprend
un long tour d’Angleterre n’y prenant que peu plaisir, puis, laissant Clerval explorer tout seul, il loue un
bâtiment sur une île désolée au nord de l’Écosse pour y entreprendre son œuvre.
Il n’y prend aucun goût et est horrifié de ce qu’il fait. Il se demande si la femelle acceptera les propositions
qu’a faites le Monstre avant même sa création. Il se demande si elle ne sera pas aussi meurtrière que lui et si
elle acceptera d’aller s’isoler loin des êtres humains et enfin que se passera-t-il si les deux monstres se
reproduisent? Il déchire sa nouvelle créature-cadavre, refusant de continuer. Le Monstre le voit faire. Le soir
il arrive et confronte Frankenstein, le sommant de continuer. Victor refuse, et le Monstre en rage, réplique
que Frankenstein a beau être son créateur, il est, lui, le maître. Frankenstein refuse quand même et le Monstre
part, jurant d’être avec Victor le soir de ses noces.
Presque soulagé d’y avoir mis un terme, Victor détruit toute trace de son travail sur l’île et part en canot.
Perdant sa route sur les mers, il se retrouve enfin sur les côtes de l’Irlande, où il se trouve sommairement
accusé de meurtre. On l’emmène voir le cadavre et c’est ainsi qu’il découvre que c’est Clerval, portant à son
cou les traces de l’étrangleur. Victor sombre dans la folie.
Lorsque finalement il s’en sort, son père vient le trouver. Il est relâché une fois qu’il a prouvé qu’il était en
Écosse au moment où le cadavre de Clerval a été trouvé. Les deux Frankenstein retournent à Genève, où
Victor accepte enfin de se marier avec Elizabeth, bien qu’il soit convaincu que cela mette un terme à ses jours.
Il part en voyage de noces avec elle, armé jusqu’aux dents et sur le qui-vive. Entendant un bruit il sort,
certain d’aller retrouver le Monstre, mais il entend un cri perçant venant directement de la chambre de sa
femme. Réalisant son erreur, il y court mais il est trop tard et il retrouve Elizabeth, étranglée sur son lit et le
Monstre qui glapit à la fenêtre.
Le Monstre s’enfuit et Victor ne peut que retourner chez lui. La nouvelle de la mort d’Elizabeth terrasse le
père, qui en mourra. Victor, quant à lui, bien qu’il ne veuille que mourir, se lance à la poursuite du Monstre,
voyant là son dernier devoir. Il le poursuit à travers le monde, jusqu’à l’Arctique, suivant les messages que sa
créature lui laisse pour le narguer. Affaibli, c’est en le pourchassant qu’il a été recueilli par le vaisseau de
Walton.
Son vaisseau est pris dans les glaces et l’équipage est au bord de la mutinerie. Toutefois il informe
Frankenstein qu’une fois libéré, le navire prendra la direction de l’Angleterre plutôt que de continuer vers le
pôle. Frankenstein, bien qu’au point de mort, lance un discours passionné pour les convaincre de continuer,
mais il n’aura aucun effet. Frankenstein meurt, implorant Walton de continuer la chasse au Monstre.
Le soir, Walton entend un bruit venant de la cabine où repose le corps de Frankenstein. Il y trouve le
Monstre pleurant son créateur. Walton lui parle et le Monstre accuse Frankenstein de l’avoir abandonné à sa
naissance. Il insiste que même s’il a prit plaisir à tuer, pour se venger de Victor, il n’a quand même pas
découvert la joie autre part. Il promet à Walton qu’il n’a plus l’intention de tuer, que son dernier acte sera
d’avancer au pôle et de s’immoler dans un brasier. Il part, et Walton regarde sa forme s’estomper dans la
brume.
Analyse des personnages
Victor Frankenstein
Bien qu’il soit généralement considéré comme le type même du « savant fou », Victor Frankenstein n’est pas
un détraqué. C’est le fait qu’il ne soit pas fou qui le laisse sympathique et crédible. Il souffre certes, d’accès de
folie, mais c’est uniquement sous la pression des événements (la réalisation de ce qu’il a fait le tourmente).
C’est, plutôt, un homme rationnel qui va trop loin, ne prenant pas garde aux limites de la nature.
Jeune et d’intelligence supérieure, Victor est un homme au potentiel immense. Bien qu’il ait passé sa jeunesse
à étudier d’anciens magiciens et alchimistes, arrivé à l’université il fait si bien dans l’étude de la chimie, qu’il
surpasse ses maîtres. De plus, il sort d’une famille heureuse de bonne réputation et de haute classe, il a une
fiancée qu’il adore, un ami de cœur, de l’argent et il a trouvé sa passion. Il a tout pour lui ; l’étendue de la
destruction que ses actions causeront à ce tout, est à la mesure de sa transgression.
Sa grande faute est une arrogance intellectuelle qui se marie à un égoïsme et un manque de réflexion à l’égard
des autres. Il ne comprendra jamais le Monstre, et n’admettra jamais tout à fait sa propre faute, le fait de
l’avoir abandonné. De la même manière, bien qu’il remarque l’abrutissement des habitants de l’île écossaise et
qu’il met cet abrutissement à la porte de leur misère, il ne fera jamais le lien entre cela et la brutalité ainsi que
la misère du Monstre. Il s’allie donc à tous ceux qui ont maltraités le Monstre, c'est-à-dire avec l’espèce
humaine en entier ; en détruisant la femelle promise, il se dit le faire au nom de l’espèce. Son refus de croire à
la parole du Monstre est similaire aux préjugés qui amènent les autres humains à essayer de l’abattre dès qu’ils
le voient. Il crée le Monstre en espérant se faire le créateur d’une nouvelle race qui le bénira, mais il
l’abandonne, refuse d’assumer les responsabilités de cet acte. Il n’a donc pas tort de se blâmer pour tout ce
qui lui arrive.
Pourtant, il est aimant et aimable. Walton le trouvera immédiatement sympathique et son amitié est sincère.
Ses professeurs le trouvent digne d’eux, même le sarcastique Krempe. Il a une grandeur d’âme qui lui permet
d’envisager ce qu’il fait et d’aimer le sublime de la nature. Toutefois, à l’inverse de son ami Clerval, il ne peut
se satisfaire de la contemplation et a un besoin d’agir, quelquefois sans penser. Ainsi, malgré la fait que le
Monstre ait tué Clerval, il ne lui vient pas à l’esprit qu’Elizabeth pourrait être en danger; son égoïsme le
pousse à présumer que le Monstre n’en veut qu’à lui, et c’est ainsi qu’il se marie donc, en s’attendant d’être tué
le soir même. Ce que cela ferait à Elizabeth lui traverse à peine l’esprit.
On pourrait dire qu’il possède les défauts de la jeunesse; il plonge sans avoir tout à fait réfléchi. Il s’assagit au
fur et à mesure qu’il souffre, la preuve étant son refus absolu d’expliquer comment il a réussi à créer le
Monstre. Néanmoins, même à sa mort, il refusera de dire qu’il avait tort ou de voir le monde d’une autre
manière que la sienne. Il porte de remarquables œillères. Il refuse d’admettre que c’est le Monstre qui lui a
laissé de la nourriture tout au long de sa poursuite. Pourtant, lors de sa rencontre avec Walton, on peut voir
une progression en lui : malgré son obsession, il se soucie de ses sauveteurs d’une façon qu’on ne lui connait
pas auparavant. Jusqu’à sa mort il encouragera l’équipage à continuer sur leur périple, au nom de la gloire ; il
n’a pas appris grand-chose des dangers. Quant à Walton, il sera plus sage.
Le Monstre
Il suffit d’un simple fait pour réaliser à quel point l’abandon de sa création par Frankenstein est blâmable : il
ne lui donne même pas de nom. Nous ne pouvons donc que l’appeler « le Monstre » ou « la Créature » ; ce
sont les seules appellations que son créateur lui donne. Vu au travers de la vision de Frankenstein, nous ne
pouvons avoir une image claire de lui. Malgré le récit de sa vie, la seule fois que nous le voyons autrement
qu’à travers de Victor est à la toute fin lorsque Walton le surprend à pleurer sur le corps de son créateur. Le
Monstre non plus, ne se donne jamais de nom. Il est donc entièrement « autre ». Le texte ne nous permet pas
plus de l’approcher que de par sa laideur. Ce « Monstre », cette « Créature », est l’équivalent de la
monstruosité physique.
Dénaturé par son manque de nom autant que par son physique, le Monstre est pourtant intelligent et doux de
nature. À sa création il est émerveillé par le monde, le soleil, le chant des oiseaux. Il insistera sur le fait que si
on lui avait montré juste un peu de douceur, il aurait été bon, et, il semblerait n’y avoir aucune raison de ne
pas le croire. Il ne deviendra donc un monstre au sens littéral du terme, qu’à travers les actions des autres,
surtout de l’horreur qu’éprouvera à sa vue, la famille qu’il a passé plus d’un an à aider et qu’il considérait
comme ses amis ; la seule amitié qu’il connaitra. C’est à la lecture du journal de Frankenstein qu’il prendra
conscience de sa différence par rapport au reste du monde. C’est d’ailleurs cette lecture qui justifiera sa
décision de prendre sa revanche sur Frankenstein, tout autant que son désir d’une compagne qui soit aussi
laide que lui. Il nous présente la solitude et le rejet comme le grand mal. Une seule personne à qui parler
suffirait à le raccommoder à son existence.
Au physique, le Monstre a huit pieds (environ 2.4 mètres) de haut. Sa peau est celle d’une momie et son
visage est atroce de laideur. Créé à partir de bouts de cadavres mis ensemble, la contre-nature de son aspect
suffit à le faire haïr et craindre. Cependant il possède des habiletés physiques bien au-delà de la norme : il est
immensément puissant, capable de courir à travers les Alpes sans trébucher, peut se nourrir de rien de plus
que quelques baies et noix et est complètement insensible au froid. Son intelligence est aussi remarquable : il
réussit à apprendre à parler et à lire en écoutant au mur. Il peut déchiffrer des cartes sans aucune peine et ses
lectures sont de très bonne qualité. Il réussit même à lire Le Paradis Perdu, ce qui a tout d’un exploit.
Frankenstein est donc bien arrivé à créer une espèce supérieure, comme il espérait le faire, mais enchâssée
dans une forme qui ne permet à personne de le réaliser, sauf le Monstre lui-même.
Toutefois malgré sa patience, sa bonne nature et son bon vouloir, la haine du Monstre est à la mesure de sa
propre démesure. Il souffre tellement qu’il veut s’assurer que son créateur souffre aussi. La destruction totale
de la famille Frankenstein se fait non pas par haine d’eux mais dans le but de laisser Victor dans la solitude
que lui connait également. Les deux sont engagés dans une lutte à mort, les deux ont l’intention de tuer
l’autre et d’ensuite mourir.
Petit à petit, le Monstre découvre que la vengeance n’apporte aucun soulagement à sa douleur. On le sent
surtout lorsque, enragé après la destruction de sa compagne, il étrangle Clerval. Il dira à Walton (dans la seule
conversation où ce n’est pas Victor qui rapporte ses paroles) qu’il n’en a ressenti aucune joie et qu’il était prêt
à laisser Victor en paix, jusqu’à ce qu’il apprenne que ce dernier s’apprêtait à se marier. L’audace de Victor
(son mariage avec Elisabeth) mettra le monstre hors de lui ; la mort d’Elizabeth paiera pour la destruction de
sa compagne. Le Monstre tue, mais au nom de ce qu’il considère justice. Mis au ban de la société, il en rejette
les lois, tout comme Victor a rejeté les lois de la nature en le créant. Il réalise aussi qu’il est au ban de la
nature, et donc, une fois qu’il a accompli son œuvre de destruction, tuant son créateur et le pleurant, il se
mettra à mort.
Robert Walton
Jeune anglais, capitaine de navire, explorateur en herbe, autodidacte, Robert Walton est un miroir de
Frankenstein. Il n’est donc pas étonnant qu’il se prenne d’une immédiate sympathie pour ce dernier lorsqu’il
le rencontre. Un solitaire qui a grandi orphelin et qui ressent sa solitude, il n’a d’êtres chers que sa sœur, à qui
il écrit les lettres qui forment le cadre du roman. Il est extrêmement ambitieux mais réalise qu’il ne connait
pas tout. Toutefois son ambition, sa soif de la découverte, risque de le laisser dans la même position que
Victor.
Malgré les différences dans leurs expériences formatives – Victor est sorti d’une famille proche, n’ayant perdu
que sa mère, et est éduqué dans une bonne université, alors que Walton est orphelin et autodidacte – ils ont
beaucoup en commun. Mis à part leur romantisme et leur désir d’être des bienfaiteurs de l’humanité, les deux
se sont éduqués à d’étranges sources. Walton a suivi son propre chemin et se considère pas plus éduqué
qu’un adolescent. Victor, quant à lui, s’est abreuvé chez Agrippa, Albert le Grand et Paracelse.
Cela dit, Walton n’est pas au même niveau que Frankenstein côté audace; il ne cherche qu’à découvrir le pôle
nord et se faire une renommée. Néanmoins, la ceinture de glace qui l’empêche d’avancer semble bien
suggérer qu’il va tout autant contre la nature que l’a fait Victor.
Homme au cœur franc, Walton est pour nous le seul à rencontrer le Monstre directement, sans l’entremise de
Victor, et le seul à lui parler sauf son créateur et le vieil aveugle. Bien qu’il lui parle durement, il semble aussi
avoir une certaine sympathie pour lui à la toute fin à travers l’appellation qu’il lui donne : « être ».
Henry Clerval
Ami d’enfance et de cœur de Victor Frankenstein, il est son opposé de plusieurs manières. Joyeux, gentil,
passionné de littérature, intéressé à tout, il n’a pas l’arrogance ou la soif de gloire de son ami. Romantique, il
adore la nature, le sublime et l’ancien. C’est aussi l’artiste du roman, écrivain qui doit se soustraire à la tutelle
de son père, commerçant sans respect pour la connaissance. Il se fait la nourrice de Victor lorsque celui-ci
tombe malade après la création du Monstre et le ramène à la santé, il sera également son compagnon de
voyage en Angleterre. Là le Monstre l’étranglera pour être un de ceux que Frankenstein aime.
Clerval est un peu l’image de ce que Victor aurait pu, même aurait dû être. N’ayant pas autant les impulsions
de gloire et de découverte qui mènent Frankenstein à sa perte, c’est un homme heureux. Il a aussi la sagesse :
il admire la nature mais n’essaie pas de la dominer. Il la regarde sans la conquérir ou outrepasser ses gonds. Il
ne comprendra jamais ce qui tourmente son ami, même s’il l’a entendu divaguer lors de sa fièvre, et ne lui
posera jamais de questions à ce sujet, voyant que Victor préfère ne pas en parler.
Sa mort détraquera Victor, accusé de l’avoir tué.
Axes de lectures
Le danger de certaines connaissances
Frankenstein est un récit édifiant, qui suggère que la recherche illimitée du savoir peut conduire à la
découverte de choses qu’il vaut généralement mieux laisser en paix, qu’il y a des limites à la connaissance
humaine et qu’outrepasser ces limites ne peut mener qu’au désastre. Cette suggestion est bien celle de la
réaction romantique au 19ème siècle. Ayant vu le rationalisme des Lumières mener au chaos de la Révolution
française et la tuerie de la Terreur, le mouvement romantique réagira en proclamant la primauté du mystère et
de l’insaisissable. De même les romantiques refuseront l’idée que la science ne peut produire que du bien.
Frankenstein est l’expression primordiale de ces craintes, un thème qui perdurera et qui sera surtout visible à
l’ère atomique, mais qui néanmoins, trouve son origine dans ce roman.
Sa découverte du secret de la réanimation n’effraie aucunement Frankenstein. Il en est simplement fasciné, et
se questionne d’ailleurs sur le fait de savoir pourquoi personne n’y a pensé auparavant. En faisant revivre une
chair morte, Frankenstein s’engage à contrecarrer la nature. En cela, il est bien un enfant des Lumières,
n’ayant peur de rien et avare de nouveauté. Il n’est pas insignifiant que Mary Shelley place son roman au
18ème siècle et non pas au 19ème où elle écrit. S’il y a des moments où il est évident que Henry et Victor sont
des enfants du romantisme – leur amour du sublime, surtout – la vision scientifique de ce dernier est toute du
18ème, malgré sa découverte précoce des anciens mages du Moyen-âge. Cet intérêt que porte Frankenstein à
Agrippa et Paracelse n’est pas gratuite : eux aussi furent accusés de vouloir dépasser les limites permises aux
hommes. Dès le début, donc, Frankenstein se place dans la lignée des rebelles.
Notons d’ailleurs le sous-titre de l’œuvre : « le Prométhée Moderne ». Prométhée est le Titan qui, dans la
mythologie grecque, a volé le feu aux dieux pour le donner aux hommes. Pour l’outrecuidance de s’être
attitré le droit d’ainsi faire, Zeus l’enchaîna aux montagnes du Caucase, où un aigle venait à chaque matin lui
manger le foie, qui repoussait avant le prochain matin. De même Victor volera au créateur le droit de créer et
c’est ainsi qu’il se trouvera enchaîné à sa propre création. La seule différence est que le feu a duré alors que la
découverte de Frankenstein ne sera jamais divulguée. Dans les deux cas, le criminel essayait d’être un
bienfaiteur de l’espèce humaine. Pourtant Frankenstein dépasse même cela : au lieu de simplement essayer de
raviver un décédé et d’ainsi apporter une mesure d’immortalité aux hommes, il décide de créer une nouvelle
race. Il offense donc doublement la nature.
Une nature sublime
Le lecteur moderne s’étonnera peut-être du nombre de pages dévouées dans Frankenstein aux réactions que
suscite la nature aux yeux du narrateur. La découverte des aspects sublimes de la nature est une des grandes
réactions contre l’ordre et la précision des Lumières. Turner en est l’expression en peinture, où les
évènements disparaissent sous la poussée des éléments. Loin des jardins bien aménagés des grandes maisons
du 18ème, les romantiques se pâment devant les montagnes, les orages, la mer en furie. Ce désir de sublime est
chose nouvelle dans l’histoire humaine : auparavant, on admirait surtout la nature bien ordonnée, conquise.
Les romantiques la chercheront dans son aspect primordial, intouchée par l’homme et dangereuse.
Frankenstein partage cet engouement, tout comme son ami Clerval, mais n’en apprécie pas les dangers. Bien
que son intérêt en la science soit amorcé par sa découverte de la puissance destructive de la foudre, il ne
retient pas la notion de ce danger.
Walton, allant plus loin que Frankenstein, ne voit la nature que comme une entrave à ses projets, une
difficulté à surmonter. Il ne considèrera pas les montagnes de glace qui entravent sa route comme un
avertissement de la nature à renoncer, tout comme Victor ne voit pas la mort comme une porte barrée.
Walton, sous la pression de son équipage et en considération de l’histoire de Frankenstein, sera plus sage et
changera d’idée.
Frankenstein admire cependant la puissance de la nature qu’il contemple en faisant son deuil pour son frère
William, tout comme il trouve refuge en faisant de l’alpinisme près du Mont Blanc. Lui et Clerval seront tout
autant séduits au cours de leur voyage vers l’Angleterre. Il n’y a d’ailleurs, pas qu’eux qui admirent la nature :
le Monstre aussi l’adore. Un de ses moments les plus touchants est lorsqu’il découvre la lumière et les
saisons. Lui aussi est susceptible au sublime. Par là il révèle qu’il est bien plus humain que Frankenstein ne
veut l’admettre. Bien qu’étant un être contre-nature, il peut l’apprécier autant qu’un poète.
La monstruosité
Au cœur du roman se trouve la notion de monstruosité et plus encore la question de ce qui fait un monstre.
La réponse qu’apporte Shelley semble bien être qu’un monstre est fait plutôt que né, vérité que Frankenstein
ne voudra admettre. Préférant croire qu’il a créé un monstre en l’amenant à la vie au lieu de l’abandonner,
Victor refusera d’écouter tout avis contraire, se fixant (ce qui est compréhensible, admettons) sur les meurtres
du Monstre.
La vérité est toutefois, bien plus complexe que Victor ne veut l’admettre. La laideur de l’être qu’il crée est la
raison primordiale pour laquelle il le fuit et l’abandonne. Mais cette laideur, il l’a faite lui-même. Ce qui est
curieux c’est qu’il ne la réalise qu’au moment où le corps s’anime. Cet aspect externe amène Victor à
considérer sa création comme un Monstre bien avant que celui-ci ne fasse le moindre mal à qui que ce soit.
C’est Frankenstein qui peut être considéré comme un parent monstrueux, en refusant d’élever son enfant. Il
ne découvrira que bien plus tard l’esprit de sa création, son intelligence et sa capacité du bien, mais il sera trop
tard : les meurtres ont commencé et Victor ne veut entendre.
Haut de huit pieds et avec une peau ressemblant à celle d’une momie, le Monstre est mis à part par son aspect
qui effraie tous ceux qui l’entrevoient. L’étendue de cette répugnance suggère qu’il y a quelque chose
d’indescriptible à la laideur du Monstre, qu’il se dégage de lui quelque chose qui fait réaliser, presqu’au
subliminal, qu’il n’est pas un être naturel. Quoi qu’il en soit, la réaction des gens à sa vue fait éclater la
méchanceté interne de l’homme. Le Monstre est, au début, un être innocent qui veut croire à la bonté des
gens; les trouvant beaux dans leur extérieur, il s’attend à ce qu’ils soient beaux à l’intérieur. Par là il fait sans y
songer, la même supposition que ceux qui le voient. Le manque de correspondance entre l’externe et l’interne
est donc souligné, car les êtres physiquement beaux se révèlent monstrueux alors que le physiquement
monstrueux cache une âme innocente. Une âme qui les comprend, d’ailleurs, car à voir son reflet dans l’eau,
le Monstre réagit de la même façon qu’eux.
Il élabore donc son plan de se révéler peu à peu à la pauvre famille près de qui il demeure. À travailler pour
eux à leur insu, il reçoit leur gratitude, mais ils ne pourront réconcilier ces bonnes actions avec son aspect
hideux. Tant qu’il est invisible, on l’apprécie mais en fin de compte, il n’y a que le vieil aveugle pour le voir
vraiment.
Ce n’est qu’à partir d’ici que le comportement du Monstre peut commencer à sembler monstrueux. Il y a
d’abord sa danse sauvage et destructive lorsqu’il incendie la chaumière abandonnée par ses amis. En même
temps, il prend conscience de toute sa différence. Il se savait monstrueux d’aspect mais en lisant le journal de
son créateur, il découvre exactement comment il est né, d’une façon contre-nature, dans un corps qui n’est
pas à lui mais rapiécé à partir de cadavres, sans avoir eu d’enfance véritable. Il est donc un monstre non
seulement d’aspect, mais de nature, en ce qu’il n’est pas de la nature.
Sa décision de confronter son créateur ne vient que dans la furie de son dépit. Même là, il essaie de se faire
accepter par l’espèce humaine, mais rejeté même par un enfant, il se tourne vers le meurtre. Étranglant le
frère de son créateur, on le voit poser pour la première fois un geste vraiment monstrueux ; il va même
jusqu’à placer le collier dans la poche de Justine, sans savoir qui elle est. C’est là son grand crime gratuit : tous
ses autres meurtres sont accomplis en sachant qu’ils causeront de la douleur à Victor mais il n’a aucune idée
de l’identité de Justine. On peut à partir de maintenant parler de monstre mais c’est toujours un monstre
créé. Il n’y a aucune raison de douter de sa parole lorsqu’il fait serment de s’exiler loin des hommes si Victor
lui accorde une compagne.
La monstruosité de Victor est autre. Sa décision de procéder à une expérimentation contre-naturel peut être
vue comme monstrueuse en ce qu’elle entrave aux droits de la nature. Une fois qu’il y a procédé, il aggrave
son acte en abandonnant sa création. Il a même une double occasion de le faire : ayant fuit le laboratoire où
l’être est né, Frankenstein aurait pu revenir sur sa décision lorsque le Monstre vient le regarder sur son lit. Il
ne le fait pas et essaie simplement d’oublier. Il n’a aucune pensée sur ce qu’il pourrait advenir du Monstre.
Ne le considérant que comme un démon, il devine immédiatement que c’est lui le meurtrier de son frère mais
il ne demande ni pourquoi le Monstre l’a fait, ni comment il a trouvé Genève. Il présume simplement avoir
créé un être mauvais et même croyant cela, ne se demande pas pourquoi il n’a pas réussi à lui infuser une
nature bienveillante.
La culpabilité de Victor dans tout ce qui s’ensuit est évidente. Walton ne le verra certainement pas non plus.
Son incapacité à aimer un être qu’il a créé et dont il attendait l’idolâtrie de même que son incapacité à prévoir
la réaction du reste du monde quant à ses actions, sans parler de son incapacité à comprendre le point de vue
du Monstre, en font autant un monstre que les autres humains qui maltraitent le Monstre au cours de ses
voyages. Lorsqu’il détruit le corps de la femme qu’il est en train de créer, se disant que c’est pour l’espèce
humaine qu’il le fait (la même rationalisation qui a précédé sa création du Monstre), il accomplit un acte tout
aussi monstrueux que le sera le meurtre d’Elizabeth par le Monstre. Créateur et création viennent à se
ressembler plus qu’ils ne l’admettent. Victor se retrouve solitaire et isolé, comme le désirait le Monstre, qui se
soucie surtout de lui faire ressentir exactement ce qu’il a ressenti, lui. En pourchassant le Monstre, Victor se
retrouve dans le paysage où le Monstre souhaitait aller vivre avec sa compagne. Sa création nivelle la
différence entre eux, comme lorsqu’il proclamait que Frankenstein était le créateur, et lui, le maître. Ce sont
deux monstres qui en fin de compte se poursuivent à mort dans l’arctique, même si, à leur rencontre avec
Walton, ce sont deux être voués à la mort.
Le secret
Si la monstruosité est le thème-clé de l’œuvre, le secret y prend une grande part. Frankenstein doit cacher à
tous d’abord son projet et ensuite les conséquences d’un tel projet. C’est là une attitude qui contraste avec sa
nature scientifique. Il essaie, après tout, de pénétrer les secrets de la nature ; c’est en essayant de comprendre
la mort qu’il vient, tout par hasard, à trouver une manière de la déjouer. Au lieu de mettre sa découverte au
grand jour, il se décide à en pousser les implications jusqu’au bout, sans en avertir qui que ce soit.
Il essaie ensuite d’effacer toute trace de ce qu’il a fait, tout comme, en Écosse, il noiera l’évidence de sa
création avortée, de la compagne. À partir du moment où il a décidé de procéder, Victor est prisonnier de
son secret. Il ne pourra expliquer ce qu’il a fait à Henry, sa mélancolie, le fait qu’il ne pourra sauver Justine de
sa mort injuste. Il ne pourra expliquer également les raisons qui le poussent à ne pas se marier avec Elizabeth
tout de suite. Révéler sa part dans l’existence du monstre, ce serait faire la lumière sur sa propre
monstruosité. Il est donc contrasté avec Henry, tout autant qu’avec Walton, à qui il ne fait aucun secret de ses
projets.
Le monstre, en contraste, est secret parce qu’il le faut. Les seuls moments presque heureux de sa vie après
qu’il ait pris conscience du monde, il les passe caché dans un taudis à espionner une famille heureuse. Il
apprend vite à se cacher du monde, réussissant à s’évader aux yeux de tous sauf de temps en temps en
silhouette, ou entrevu à travers une fenêtre. Espion, il surprend les secrets des autres mais surtout il est forcé
de garder le secret sur sa propre existence.
Walton deviendra le dépositaire de tous deux, leur accordant une mesure de repos, il est en somme leur
confesseur.
La diversité des textes présentés dans l’œuvre de Mary Shelley
Fille de deux écrivains, femme d’un des grands poètes de l’époque et ami d’un autre, Mary Shelley ne pouvait
sans doute pas s’empêcher de truffer son texte d’allusions à d’autres livres, surtout que c’était l’habitude de
l’époque. Elle fait entre autres allusion à Wordsworth et à Coleridge, la Rime de l’ancien marinier de ce
dernier étant une source évidente : Walton la cite, et tout comme le Marinier, il sera emprisonné dans les
glaces. L’allusion n’est pas gratuite : Frankenstein sera l’équivalent du Marinier pour Walton, donnant une
histoire morale au sujet d’une injure à la nature et ses conséquences dont Walton tirera profit.
Lumière est mise également sur les livres lues par le Monstre. Il nous explique lui-même leur utilité : Les
Souffrances du jeune Werther, qui lui apprend les sentiments; les Vies de Plutarque, qui lui apprend au sujet
de la société et des gouvernements et Le Paradis Perdu, qui lui fait ressentir toute l’horreur de sa position. Ce
sont des choix intéressants. Werther, le moins lu aujourd’hui, était le livre à sensation de l’époque où se passe
l’histoire, subjuguant toute une génération de jeunes gens (Il nous permet aussi de placer l’action à une
époque antérieure à 1774.) Plutarque était encore parmi ceux à la base de l’éducation, toujours centrée sur le
latin. Le Paradis Perdu, en contraste, nous permet non seulement de juger de l’intelligence du Monstre (ce
n’est pas un livre facile à lire) mais nous donne un des grands thèmes de Frankenstein. L’idée d’une créature
qui se révolte contre son créateur, jusqu’à en venir à dire qu’il est son maître, est d’évidence liée l’histoire de
Lucifer se révoltant contre Dieu. Du plus il amène en vue la question de la responsabilité du créateur envers
ses créatures et souligne le fait que Victor Frankenstein joue à être Dieu. On ne s’étonnera pas que le Monstre
se sente près, à la fois d’Adam et de Lucifer.
Les trois livres subtilisés par le Monstre sont donc là pour essayer de lui donner une vue d’ensemble du
monde, qui sera complétée par les informations scientifiques qu’il prend dans le journal de son créateur.
L’émotion, la société, et l’âme lui sont tous trois soufflées par sa lecture : un testament à la puissance de cette
activité.
Mary Wollstonecroft Shelley
Fille de William Godwin, philosophe croyant à la perfectibilité de l’être humain, et de Mary Wollstonecroft,
écrivain et auteur entre autres de la très connue Défense des droits de la femme, Mary Godwin est née en
1797. Sa mère meurt à sa naissance et elle est éduquée très librement. Dès son enfance elle se met à
gribouiller et passe son temps libre à écrire des histoires. Son enfance ne fut pas heureuse, son père ayant fait
entrer dans sa vie une nouvelle femme, mère de deux enfants, qui ne supportera pas Mary. Elle rencontre
Percy Bysshe Shelley, un des grands poètes romantiques, qui est marié et fugue avec lui pour le continent.
Elle a seize ans. Leur premier enfant ne survivra que quelques semaines et mourra en 1815.
Un deuxième enfant est né en 1816. Leur compagnon, Claire Clermont, commencera une affaire avec le
poète Lord Byron, et les quatre se retrouvent, avec le docteur Polidori, compagnon de Byron, sur les bords du
Lac Genève. L’été 1816 est inhabituellement froid et ils sont forcés de passer leur temps à l’intérieur. Pour
s’égayer ils discutent ferme et se lisent des histoires de fantôme. Un soir enfin, Byron propose qu’ils écrivent
chacun leur propre histoire, pour voir qui pourra le plus effrayer les autres. Mary ne réussira pas au début,
mais un soir elle fait un cauchemar qui deviendra la base de Frankenstein.
La femme de Shelley se noie en novembre, en décembre Percy et Mary se marient. Il l’encourage à faire un
roman de son histoire de cadavre réanimé, et Frankenstein sera publié anonymement en 1818. La plupart
croira qu’il s’agit d’une œuvre de Percy. Ce n’est qu’en 1831 que le roman sera publié sous le nom de l’auteur.
Le mariage est poursuivi par la tragédie : deux de leurs enfants meurent, Mary fait une fausse couche lors de
sa cinquième grossesse et en juillet 1822, Percy se noie lors d’un orage près de Gênes. Mary se retrouve
veuve à l’âge de 24 ans.
Elle continuera d’écrire toute sa vie, faisant paraître un bon nombre de romans et de récits, mais aucun n’aura
le succès ni le pouvoir mythique de Frankenstein. Elle habita avec son fils jusqu’à sa mort en 1851, à l’âge de
53 ans.